[JMSDF] Actualités

Le groupe-école de la Force Maritime d’Autodéfense est arrivé le 29 février 2024 au matin en escale à Haiphong dans le nord du Vietnam. Il est constitué du navire-école SHIMAKAZE (TV 3521, ex-DD 172 de la classe HATAKAZE) et du destroyer SAZANAMI (DD 114, classe TAKANAMI). Avant de chenaler pour arriver à Haiphong, le groupe a exercé son droit de navigation à travers la zone des neuf pointillés revendiquée par la République Populaire de Chine.

Du 15 au 26 avril 2024, la Force Antimines de la Force Maritime d’Autodéfense participera à un exercice de guerre des mines à Guam dans les îles Mariannes. D’habitude, elle organise de tels exercices au Japon ; il s’agit là de faire profiter de son savoir-faire à sa principale marine alliée et de lui démontrer qu’elle est capable de déminer les abords d’une de ses grandes bases navales du Pacifique, utilisée par les groupes de porte-avions et par les sous-marins nucléaires.

La liste des participants n'a pas encore été pibliée mais devrait comprendre plusieurs unités dont une frégate de la classe MOGAMI.

Le navire-base de plongeurs YDT-06 passera les journées des 12, 13 et 14 avril 2024 en escale à Ishigaki dans les Ryū-Kyū méridionales. Mis en service en 2003 et basé à Okinawa, ce sixième et dernier navire de la classe YDT-01 est spécialisé dans le pétardage d’explosifs immergés. Son escale de routine sera mise à profit pour recompléter les pleins et pour aérer l’équipage. Il sera ouvert au public les 13 et 14. C’est la première fois qu’une journée « portes ouvertes » est organisée dans le « port militaire à usage spécial » d’Ishigaki où n’est basé aucun navire de la Force Maritime d’Autodéfense et qui ne sert qu’au ravitaillement de la garnison récemment implantée sur l’île.


Les opposants à la présence de militaires sur l'île ne voient pas d'un bon œil qu'un navire de guerre, aussi modeste soit-il, vienne faire du tourisme sur l'île.

L’escorteur AKEBONO (DD-108, classe MURASAME) est rentré à Sasebo le samedi 13 avril 2024, après un déploiement de quatre mois dans le Golfe d’Aden. Il en était parti le 27 septembre 2023. Sur la fin de son retour, i a participé à l’exercice conjoint que les marines philippine, américaine et japonaise ont mené en Mer de Chine Méridionale la semaine dernière.


L’amiral Saitō, commandant en chef de la Force Maritime d’Autodéfense, plusieurs autorités et les familles de l’équipage l’ont accueilli sur le quai.

L’AKEBONO a été mis en service en mars 2002.

Dans la nuit du vendredi 12 au samedi 13 avril 2024, l’escorteur ARIAKE (DD 109, classe MURASAME) et un Kawasaki P-1 de patrouille maritime ont marqué le navire collecteur de renseignements chinois BEIJIXING (791, classe DONGDIAO) qui traversait d’Ouest en Est la chaîne des Ryū-Kyū. Le navire-espion avait franchi le 10 avril le détroit de Miyako dans le sens Pacifique – Mer de Chine orientale ; le 13, il a utilisé le détroit d’Ōsumi dans le Nord de l’archipel à proximité de l’île de Tanegashima. Le détroit fait 28km de large à son endroit le plus étroit. Les activités du BEIJIXING, essentiellement passives, n'ont pas été identifiées mais ont poussé les forces japonaises à prendre des mesures préventives.

Les KASHIMA, SAWAGIRI et URAGA sont en escale à Kure du 15 avril au 4 mai 2024 avec 200 officiers élèves de la Force Maritime d’Autodéfense. Partis d’Etajima le 16 mars, les trois navires viennent de former les stagiaires à la sécurité, en particulier à la lutte contre les incendies et les voies d’eau. D’autres sujets seront enseignés pendant une partie de l’escale et à l’occasion de la sortie en mer suivante. Puis le groupe-école commencera sa circumnavigation à partir du 20 mai.

La Force Maritime d’Autodéfense va déployer du 3 mai au 15 décembre 2024 d’importants moyens pour IPD24, Déploiement Indo-Pacifique 2024, huitième édition de la série IPD inaugurée en 2017. Huit navires, leurs hélicoptères embarqués, deux avions et plusieurs sous-marins participeront à divers exercices avec pas moins treize nations de la zone indopacifique.

• 1^e unité de surface : transport de véhicules KUNISAKI (LST 4003) et deux LCAC
• 2^e unité de surface : escorteurs ARIAKE (DD 109), HAGURO (DDG 180) et IZUMO (DDH 183)
• 3^e unité de surface : frégate NOSHIRO (FFM 3)
• 4^e unité de surface : escorteur KAGA (DDH 184)
• 1^e unité aérienne : un Kawasaki P-1 de patrouille maritime
• 2^e unité aérienne : un Kawasaki P-1 de patrouille maritime
• force sous-marine : un nombre indéterminé de sous-marins qui se relaieront de théâtre en théâtre
• peloton spécial de sécurité

Les pays visités seront les États-Unis, l'Inde, l'Australie, les Kiribati, les Tonga, le Vanuatu, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, Palau, les Fidji, la France ultramarine, les Philippines, les Îles Marshall et les États Fédérés de Micronésie. Au cours du déploiement, des unités participeront à l'exercice conjoint multilatéral « RIMPAC 2024 » parrainé par la marine américaine, à la Tonga International Ship Review, à l'exercice conjoint trinational « KAKADU 2024 » (USA, Australie, Japon) et à « Malabar 2024 » (Inde, Australie).

Takagi a écrit:

La Force Maritime d’Autodéfense va déployer du 3 mai au 15 décembre 2024 d’importants moyens pour IPD24, (…)

• peloton spécial de sécurité

(…)

Je reviens un instant sur le « peloton spécial de sécurité » qui est inscrit pour la première fois (selon mes connaissances) dans les effectifs IPD. Il s’agit d’un détachement de la « Garde spéciale » de la Force Maritime d’Autodéfense. Cette unité a été créée en 2001 et fournit des détachements de taille variable (appelés « pelotons spéciaux »). Ces pelotons ont pour modèles les Special Boat Service Teams anglais et ont été créés à leur image. Ils s’entraînent avec eux et avec les US Navy SEAL (Sea, Air and land). La Garde spéciale est une force spéciale au sens ou on l’entend dans d’autres armées.

L’existence de la Garde spéciale est restée secrète jusqu’en 2007. Même aujourd’hui, cette force reste très discrète. Elle est chargée d’opérations spéciales, par exemple en lutte antiterroriste ou en actions coup-de-poing. Le fait que le « peloton spécial de sécurité » soit mentionné lui confère une visibilité internationale et marque une certaine accession à la maturité opérationnelle.

Les États-Unis ont annoncé qu’une unité des US Navy SEAL participera à IPD24.

Le lundi 3 juin 2024, l’escorteur SAMIDARE (DD 106, classe MURASAME) a appareillé de Kure pour relever le détachement de la Force Maritime d’Autodéfense engagé contre la piraterie dans le golfe d’Aden et autres activités illicites dans la région. Comme d’habitude, quelques membres des garde-côtes ont pris place à bord pour la durée de la mission. Son retour au Japon est prévu dans six mois.


Pour sa protection contre les missiles houthis, il ne dispose que de ses missiles RIM-7M Sea Sparrow, de ses deux Phalanx et de son artillerie de 76mm OTO-Melara. Dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion de la cérémonie de départ, l’amiral Saitō Satoshi, commandant en chef de la flotte, a rappelé que « la situation internationale est extrêmement mouvante et nous ne pouvons nier que des situations imprévues peuvent survenir dans les zones où nous opérons ». Le SAMIDARE est de la même classe que l’AKEBONO qu’il relève et qui est déjà rentré au Japon.

Du 17 au 29 juin 2024, la force antimines japonaise organise un exercice de guerres des mines dans le secteur des îles Ogasawara et Iwo Jima. Neuf navires de la Force Maritime d’Autodéfense (dont six chasseurs avec coques amagnétiques en bois ou en composé verre-résine) y participent, ainsi qu’un détachement de plongeurs démineurs américains.


L’exercice a commencé par la sécurisation de la zone vis-à-vis des pêcheurs et de la navigation commerciale suivie du mouillage de mines de combat avec charge réelle. L’exercice n’a été révélé à la presse que le 21, après la phase de sécurisation.

L’amiral Sakai Ryo, chef d’état-major de la Force Maritime d’Autodéfense depuis 2022, a exprimé le souhait de démissionner samedi. Sa décision fait suite à un scandale de compromission dans lequel plusieurs officiers (des trois forces) ont confié des documents secrets tels que des clés de chiffrement à du personnel insuffisamment habilité. L’affaire a commencé en avril sur le destroyer INAZUMA dont un membre d’équipage s’est vu confier du matériel de chiffrement sans avoir été l’objet de l’habituelle enquête d’habilitation. Des vérifications ont été déclenchées dans toutes les unités et ont permis d’établir que la pratique ne concernait pas que ce destroyer et s’étendait aux autres forces d’autodéfense. Devant le scandale, l’amiral Sakai a demandé sa démission pour avoir failli à une de ses responsabilités. Ni la réponse du ministère de la Défense ni les positions des autres forces ne sont encore connues ; les enquêtes ne sont pas terminées.

Pour paraphraser feu le président Chirac, les ennuis volent toujours en escadrille. En parallèle à l’affaire des compromissions, d’autres enquêtes du ministère de la Défense ont révélé une vaste fraude aux heures de plongée, des plongeurs de bord ayant enregistré des heures fictives sur leurs carnets de plongée pour arrondir leurs fins de mois. Une centaine d’entre eux (majoritairement de la Force Maritime d’Autodéfense) ont plongé et se sont vu infliger des sanctions disciplinaires.

Une centaine d’autres personnes (des trois armées) en ont reçu au terme de l’enquête sur la compromission. Non seulement certains membres d’équipage n’étaient pas officiellement habilités à détenir des documents du chiffre, mais leurs fonctions leur ont donné accès à des locaux protégés tels que les CIC des bâtiments de combat où ils ont eu accès à d’autres données sensibles (plans de fréquence, affichages tactiques, etc.). Les officiers qui les avaient nommés s’étaient affranchis des enquêtes d’habilitation, censées être obligatoires. L’affaire rejaillit sur la coopération militaire nippo-américaine.

Et ce n’est pas tout. Des trafics de denrées ont été mis à jour dans les services de restauration de toutes de les forces d’autodéfense : falsification des écritures, fournitures indues de repas ou de denrées, etc.

Les sanctions sont tombées le 12 juillet 2024 : le ministère de la Défense a imposé des sanctions disciplinaires à 117 personnes de tout grade, dans le cadre de plusieurs affaires (compromissions d’habilitations, malversements, fraudes aux écritures, et cas de harcèlement – une affaire plus ancienne que les autres). En tout, 218 personnes ont fait l’objet d’enquêtes ; c’est la punition de la plus grande ampleur jamais infligée dans les forces d’autodéfense depuis leur création. L’amiral Sakai, chef d’état-major de la Force Maritime d’Autodéfense, démissionnera des ses fonctions le 19 juillet.

Le 4 juillet 2024, le SUZUTSUKI (DD 117) naviguait au nord de Taiwan pour observer un exercice de la marine chinoise comprenant des tirs réels. Un avis aux navigateurs avait interdit une zone à toute navigation pour la sécurité des tirs. Le SUZUTSUKI a apparemment franchi la limite des eaux territoriales chinoises, malgré les mises en garde de l’Armée de Libération Populaire, et a navigué une vingtaine de minutes à moins de douze nautiques de la côte du Zhejiang avant de s’éloigner. Selon l’agence de presse Kyodo, le ministère japonais de la Défense a ouvert une enquête et un responsable nippon a évoqué une « erreur de procédure ».

Par voie diplomatique, Pékin a exprimé ses « plus vives inquiétudes » et soupçonne une « provocation intentionnelle » de la part de la Force Maritime d’Autodéfense.