[interarmées] Actualités diverses

Le gouvernement japonais a annoncé le 30 novembre 2019 qu’il avait finalisé l’achat de l’île de Mageshima (馬毛島) dans l’archipel des Ōsumi au sud de Kyūshū. Il lui en coûtera 16 milliards de Yens soit environ 133 millions d’Euros. L’île, d’une superficie de 8 km² et située à 12 000m à l’ouest de Tanegashima, est inhabitée parce qu’elle ne dispose pas de point d’eau. Pendant la guerre du Pacifique, elle avait été aménagée pour accueillir un aérodrome d’où partaient des intercepteurs contre les B-29. Depuis quelques années, elle est utilisée deux fois par an pour des manœuvres amphibies qui font chaque fois l’objet d’accords ponctuels avec les autorités locales.



Bien que l’achat de l’île ait été arrangé en janvier dernier et contractualisé le 29 novembre, son avenir n’est pas encore très clair. Son aérodrome sera réhabilité pour servir à l’entraînement des pilotes de l’aéronavale américaine basée au Japon, mais d’autres installations et missions seraient encore en discussion, notamment le transfert de l’escadrille de CV-22 Osprey de Futenma (Okinawa) et l’installation de moyens de formation aéronautique des forces japonaises d’autodéfense.

L’île dépend administrativement de la municipalité de Nishinoomote sur l’île de Tanegashima. En 2007, une première tentative de rachat avait échoué suite à l’opposition des autorités locales. Même après l’achat de l’ile, lesdites autorités gardent leur mot à dire sur la nature des installations et des activités, ce qui explique que le gouvernement central reste circonspect.

Le gouvernement japonais s’inquiète de l’achat par des entreprises chinoises de dizaines de parcelles de terrain à proximité des bases militaires du pays et pense que ce n'est « pas une coïncidence ».

Au moins 80 parcelles de terrain proches des bases militaires du pays ont été vendues à des entreprises chinoises et sud-coréennes au cours des 10 dernières années, a déclaré un membre du secrétariat du Cabinet le 9 décembre.

« Nous avons commencé à surveiller de près des transactions immobilières similaires il y a sept ans, et la situation s'est aggravée ces dernières années », a-t-il déclaré, ajoutant que le Cabinet préparait un cadre juridique obligeant les cédants et leurs autorités de tutelle (municipalité ou préfecture) à examiner de manière plus approfondie les raisons qu’ont ces entreprises d’acheter de plus en plus de terres à proximité des bases.

En 2016, un groupe chinois a tenté d’acheter 24 000 m² de terrain sur l’île de Taketomi qui n’est située qu’à 170km des Senkaku. Le conseil municipal n’a pas autorisé la vente. Ailleurs, les autorités locales ont laissé faire. C’est ainsi qu’une société chinoise a acheté 80 000 m² de terres à trois kilomètres seulement de la base aérienne de Chitose (Hokkaidō) d’où la Force Aérienne d’Autodéfense assure la surveillance et la défense du nord de l’archipel ; les autorités locales ont bien demandé à quoi allait servir ce terrain mais l’acheteur a refusé de répondre et la municipalité ne s’est pas crue fondée à bloquer la vente.

Les Chinois ne sont pas les seuls à se livrer à ce petit jeu. En 2013, une société sud-coréenne a acheté un terrain à côté de la station radar de la Force Maritime d’Autodéfense sur l’île bien connue de Tsushima. L’affaire a pris une autre tournure quand certains groupes de pression coréens ont commencé à revendiquer l’île comme faisant partie de la Corée du Sud (sous le nom de Daemado). Les autorités locales ont commencé à surveiller de près les projets d’acquisition de terres sur Tsushima par des étrangers.

Le Cabinet entend légiférer pour obliger les autorités locales à s’enquérir des intentions des acquéreurs et à contrôler que l’intention d’achat était sincère (c’est-à-dire que le terrain sert effectivement après la vente à l’emploi annoncé). Il apparaît que certains acquéreurs de ces dernières années n’étaient que des sociétés écrans et le gouvernement central ne sait pas qui se cache derrière. Seuls devraient rester autorisés que les projets immobiliers, destinés à être revendus par appartements et à ne pas rester propriété foncière des acquéreurs.

(transfert d'un article publié dans une autre rubrique)

Le 29 octobre 2020, le gouvernement central japonais a ouvert les séances de présentation et discussion avec les résidents de la municipalité de Nishino-Omote, sur la côte de l’île de Tanegashima dans la préfecture de Kagoshima, au sujet du projet de base des Forces d’Autodéfense sur l’île inhabitée de Mageshima.


La base devait initialement ne servir qu’à l’entraînement des pilotes américains à l’appontage sur porte-avions et porte-hélicoptères d’assaut, ce qui n’arrive que deux fois par an en moyenne lors de l’appareillage de ces navires. Depuis 1991, ces entraînements étaient pratiqués sur la base aérienne d’Atsugi près de Kanagawa mais les habitants se plaignaient du bruit, notamment la nuit. Ils ont été déplacés sur la base d’Iwakuni, au sud-ouest de Honshū, dans une zone moins densément peuplée, mais les Américains la trouvent trop loin de l’océan… La future base de Mageshima devrait finalement servir aussi à l’entraînement des Forces d’Autodéfense japonaises : pilotes d’avions embarqués, engins et troupes de débarquement. Deux pistes de 2450 et 1830 mètres, un port, des aménagements nécessaires aux débarquements et des infrastructures de logement et de base aérienne devraient y voir le jour à partir des restes de l’ancienne base aéronavale de la seconde guerre mondiale. Les pilotes des F-35B et les V-22 japonais devraient s’y entraîner.


L’île fait 8km² et est située à 12km de la côte. Quelque 150 à 200 militaires devraient être logés avec leurs familles sur Tanegashima, dont les municipalités devraient toucher des subsides pour faire passer les séances d’entraînement des Américains. Le gouvernement central a promis que les avions ne survoleraient pas l’île de Tanegashima. La principale inquiétude des habitants de Nishinoomote est le bruit. Les pêcheurs de la coopérative de l’île de Tanegashima ont obtenu la mise en place d’un protocole de surveillance du niveau sonore, mais la municipalité de Nshinoomote fait de la résistance. Le maire sortant, Yaita Shunsuke, a fait de son opposition au projet le cheval de bataille pour sa réélection en janvier 2021. D’autres municipalités, dont celles de Nakatane et de Minamitane, ont déclaré avoir compris l’utilité de la base. Le gouverneur de la préfecture de Kagoshima, seul habilité à promulguer le décret de construction, n’a pas encore fait connaître sa position. Le gouvernement central, quant à lui, pousse le projet qu’il juge indispensable à son projet de mise en défense des îles isolées dans l’archipel des Ryū-Kyū.

Citation :

[…] […] […]
: cascoserio:

Le plan (la carte) donne une impression différente de la photo.
La piste principale (Main runway) est inversée avec la secondaire ; et semble partir (en gros) du milieu de la base du pseudo triangle insulaire (celle qui évoque les Facilities for landing operations, à gauche) et courir jusqu'au sommet dudit pseudo triangle.

DahliaBleue a écrit:

Le plan (la carte) donne une impression différente de la photo.
La piste principale (Main runway) est inversée avec la secondaire ; et semble partir (en gros) du milieu de la base du pseudo triangle insulaire (celle qui évoque les Facilities for landing operations, à gauche) et courir jusqu'au sommet dudit pseudo triangle.

Je me suis fait la même remarque : les deux pistes en projet ne suivent pas celles existantes. Elles n'aboutissent pas aux mêmes points de la côte. Soit la carte est fausse (après tout, ce n'est qu'une illustration de presse qui semble avoir été faite à un logiciel à deux balles et qui utilise des formes bêtement rectangulaires ou elliptiques pour placer les infrastructures), soit le projet prévoit de construire deux nouvelles pistes. Les vents n'ayant pas trop changé de direction depuis 1945, j'ai tendance à croire que les anciennes pistes sont dans le sens des vents et qu'il n'y a lieu de réorienter les futures. En d'autres termes, je pense que la carte est très grossière et ne doit pas être prise pour un plan d'ensemble du projet, ce ne serait qu'un instrument de communication médiatique.
Simple avis personnel, sans plus.

Le dimanche 13 décembre 2020, la barge NARU a pris ancrage devant Taneshima Mageshima, l’île sur laquelle le gouvernement japonais veut construire un centre d’entraînement interarmées. Cette barge, dont l’arrivée a été reportée deux fois à cause du mauvais temps au large de Kyūshū, doit procéder à des sondages du fond dans la partie de l’île où un port doit être construit. Ces sondages commencent aujourd’hui, lundi 14 décembre. Ils doivent permettre de définir le tracé des jetées qui devraient délimiter la future zone portuaire.


Le 27 novembre, le gouverneur de la province préfecture de Kagoshima a approuvé une enquête sur les nuisances que la base pourrait créer auprès des habitants de Nishino-omote. L’enquête avait été demandée par le ministère de la Défense, conformément aux procédures habituelles en pareil cas.

Un comité de dix-sept pêcheurs de la coopérative de pêche Nishino-omote veut enter une action en justice pour contester au gouvernement préfectoral le droit à approuver cette enquête. Leur argument est que les syndics de pêcheurs n’ont pas été consultés avant le lancement de cette enquête, et que leurs craintes sur les atteintes aux zones de pêche au calmar et au tokobushi (une espèce locale d’ormeau) ont été ignorées dans les attentes de l’enquête. Les pêcheurs ont rendez-vous au tribunal du district de Tōkyō le vendredi 18 décembre.

Citation :

[…] sur la côte de l’île de Tanegashima dans la préfecture de Kagoshima, au sujet du projet de base des Forces d’Autodéfense sur l’île inhabitée de Mageshima.[…] La future base de Mageshima devrait finalement servir […] Quelque 150 à 200 militaires devraient être logés avec leurs familles sur Tanegashima, dont les municipalités […] avions ne survoleraient pas l’île de Tanegashima. […]. Les pêcheurs de la coopérative de l’île de Tanegashima ont obtenu […] Le gouverneur de la préfecture de Kagoshima, seul habilité à […] : cascoserio:

Citation :

[…] la barge NARU a pris ancrage devant Taneshima, l’île sur laquelle […]. La barge NARU devant Taneshima […] Le 27 novembre, le gouverneur de la province a approuvé une enquête sur […]. : study:

1.- J'aurais peut-être dû effectuer une recherche avant de poser la question, mais…
"préfecture", "province", "gouverneur", toutes ces entités sont-elles superposées ? Pour préfecture, je m'attendais à avoir un préfet (et pas un gouverneur).

Je suis toujours surprise - de la même façon - qu'une zone géographique nipponaise soit définie par son statut administratif.

Un peu comme si l'on décrivait la France comme "la République française". Par exemple : "Au mois d'octobre, une inondation s'est produite en République française"… Il est vrai qu'on utilise aussi ce type de description : "Au mois d'octobre 2020, une catastrophe s'est produite dans le département des Alpes-Maritimes" ; mais nous n'irions tout de même pas jusqu'à : "Au mois d'octobre 2020, une catastrophe s'est produite dans la préfecture des Alpes-maritimes".

2.- Finalement, Kagoshima, Mageshima, Tanegashima, Taneshima, tout ça, c'est pareil ?

DahliaBleue a écrit:

1.- J'aurais peut-être dû effectuer une recherche avant de poser la question, mais…
"préfecture", "province", "gouverneur", toutes ces entités sont-elles superposées ? Pour préfecture, je m'attendais à avoir un préfet (et pas un gouverneur).

Je suis toujours surprise - de la même façon - qu'une zone géographique nipponaise soit définie par son statut administratif.

Un peu comme si l'on décrivait la France comme "la République française". Par exemple : "Au mois d'octobre, une inondation s'est produite en République française"… Il est vrai qu'on utilise aussi ce type de description : "Au mois d'octobre 2020, une catastrophe s'est produite dans le département des Alpes-Maritimes" ; mais nous n'irions tout de même pas jusqu'à : "Au mois d'octobre 2020, une catastrophe s'est produite dans la préfecture des Alpes-maritimes".

2.- Finalement, Kagoshima, Mageshima, Tanegashima, Taneshima, tout ça, c'est pareil ?

Effectivement, j'ai été un peu confus...

• Taneshima et Mageshima sont une seule et même île
  
• en revanche, Tanegashima en est une autre, beaucoup plus grande, à côté de laquelle se trouve la première
  
• il n'y a plus de provinces au Japon, il n'y a plus que des préfectures (qui reprennent souvent les limites des anciennes provinces, bien que celles-ci aient souvent fluctué dans le temps)
  
• Je me suis trompé en écrivant "gouverneur de la province", j'aurais dû écrire "gouverneur de la préfecture"
  
• les préfectures sont gouvernées par des gouverneurs élus au suffrage censitaire
  
• Tanegashima et Mageshima relèvent de la préfecture de Kagoshima, dont Kagoshima est le chef-lieu pour reprendre la terminologie française
  

Pour simplifier, disons que les préfectures au Japon correspondent aux départements français, mais ils ont le nom de leur ville préfecture (par exemple, le Vaucluse serait la préfecture d'Avignon : si on enlève "préfecture de", on ne sait plus si on parle de la ville ou du département de la préfecture.
Pour la peine, je corrige dans le texte et tant pis pour les mécontents.

Si je précise "dans la préfecture de XXX", c'est pour situer les lieux. XXX étant une ville, préciser "préfecture" est indispensable.

Mes excuses pour les bévues dues à l'heure précoce.  
Ça prouve au moins qu'il y en a une qui suit !

Takagi a écrit:

[…] Effectivement, j'ai été un peu confus...
[…]
Pour la peine, je corrige dans le texte et tant pis pour les mécontents.

Si je précise "dans la préfecture de XXX", c'est pour situer les lieux. XXX étant une ville, préciser "préfecture" est indispensable.

Mes excuses pour les bévues dues à l'heure précoce.  : oops:
Ça prouve au moins qu'il y en a une qui suit !

On y voit déjà plus clair !

Nota : pourquoi donc une correction (de texte) provoquerait-elle des mécontents ?

Un petit schéma illustratif (en anglais)

Le 15 décembre 2020, le ministère japonais de la Défense a annoncé qu'il commencerait la reconstruction d'un réseau routier sur l'île de Mageshima dès 2021. Il peut le faire sans avoir à mener d'enquête préliminaire et sans avoir à demander l'autorisation à la préfecture.


L'aérodrome de Mageshima avait été construit vers la fin de la guerre du Pacifique dans le cadre de la mise en défense des Ryū-Kyū contre un envahisseur qui était à l’époque américain. Dans les années 1950, le gouvernement a lancé un programme de colonisation autour de la pêche et de la culture de la canne à sucre. Le programme a intéressé de nombreuses familles de la région. Au plus fort de son peuplement, l’île abritait 113 familles et 528 habitants. L’amélioration de l’économie nippone et la déprise rurale, générale dans tout le pays, ont ensuite fait chuter la population, dont la deuxième génération a préféré partir s’installer ailleurs. L’île est inhabitée depuis les années 80. Divers projets de développement (zone touristique, base radar, dépôt pétrolier, site d’enfouissement de déchets nucléaires, piste de secours pour les navettes spatiales, etc.) se sont succédé, sans jamais connaître de suites. C’est le projet de piste pour la navette spatiale qui avait amené la société chargée du développement de l’île à bétonner les deux pistes de l’ancienne base aérienne à la fin des années 1990 : une piste de 4200m et une autre de 2400m. La végétation de part et d’autre des pistes avait aussi été arasée. En 2009, il fut question d’y déménager la base américaine de Futenma (Okinawa).

Citation :

Un petit schéma illustratif (en anglais) : study:

Citation :

Le 15 décembre 2020, le ministère japonais de la Défense a annoncé qu'il commencerait la reconstruction d'un réseau routier sur l'île de Mageshima dès 2021. Il peut le faire sans avoir à mener d'enquête préliminaire et sans avoir à demander l'autorisation à la préfecture. L'aérodrome de Mageshima avait été construit vers la fin de la guerre du Pacifique […] à bétonner les deux pistes de l’ancienne base aérienne à la fin des années 1990 : une piste de 4200m et une autre de 2400m. La végétation de part et d’autre des pistes avait aussi été arasée. En 2009, il fut question d’y déménager la base américaine de Futenma (Okinawa). : mrgreen:

… et le béton des pistes n'a pas résisté aux outrages du temps… et des conditions climatiques

DahliaBleue a écrit:

Citation :

Un petit schéma illustratif (en anglais) : study:

Citation :

Le 15 décembre 2020, le ministère japonais de la Défense a annoncé qu'il commencerait la reconstruction d'un réseau routier sur l'île de Mageshima dès 2021. Il peut le faire sans avoir à mener d'enquête préliminaire et sans avoir à demander l'autorisation à la préfecture. L'aérodrome de Mageshima avait été construit vers la fin de la guerre du Pacifique […] à bétonner les deux pistes de l’ancienne base aérienne à la fin des années 1990 : une piste de 4200m et une autre de 2400m. La végétation de part et d’autre des pistes avait aussi été arasée. En 2009, il fut question d’y déménager la base américaine de Futenma (Okinawa). : mrgreen:

… et le béton des pistes n'a pas résisté aux outrages du temps… et des conditions climatiques

Certes, mais leurs tracées et "fondations", elles, existent. Dans le domaine du TP "routier", dans lequel on peut assimiler la construction de pistes d'aviation, ce n'est en rien un problème technique (juste une histoire de budget).  Cà sent l’îlot d'origine "volcanique", donc avec un sous-sol costaud et stable. En plus, le béton de 20 ans d'âge, surtout peu ou pas utilisé, comme dans ce cas, se maintient bien dans le temps. Le plus gros problème aurait pu être la présence éventuelle d'arbres "à proximité" de la piste, à cause de leurs racines, mais, vu la tronche de l'ilot, il ne doit pas y avoir bezef d'arbres.

Le béton des pistes est discret ou alors il est enterré. Ça arrive dans ces îles, les tempêtes font que les routes sont parfois recouvertes de sable, terre, etc.

Quant aux arbres, on les voit un peu mieux sur cette photo.



On voit une route côtière, quelques restes de pistes ici et là. Les champs de canne à sucre ont disparu. On devine encore plusieurs constructions éparpillées et des trucs bizarres sur la côte tout à droite de l'île (des grues ? des éoliennes ?)

Trois photos du Asahi shimbun montrant Mageshima en juin 2004, novembre 2006 et juillet 2011. Sur celles du haut, on voit que la piste de 1944 était beaucoup plus petite que celles construites pour la navette spatiale japonaise.

Cette vue de la côte est explique pourquoi les jeunes sont partis. Vous vous voyez passer votre jeunesse là ?



De toute façon, comme il n'y avait qu'une école et pas de collège ni de lycée, les jeunes étaient obligés d'aller étudier à Nishinoomote ou ailleurs. Alors autant s'installer sur la grande île.

Certes, mais sachant que les travaux de remise en état des pistes dataient de "2009", en vue d'accueillir les navettes spatiales, elles étaient d'excellentes qualités, parce qu'un "sabot" comme une navette, comparée à un "zinc", exige une piste de qualité +++. En comparaison, la précédente récupération des "capsules" (à usage unique) en mer était une aimable rigolade.

C'est le coût des navettes spatiales, de + de 70 tonnes (!), qui avait amené à concevoir leur nécessaire atterissage, dans le meilleur état possible. Avec un peu de chances, on devait pouvoir limiter leur remise en état à 2/3 de leur valeur initiale - il est probable, par exemple, que leur train d'atterrissage ne supportait pas plus d'un unique atterissage! -. Il suffit de se référer aux temps d'immobilisation desdites navettes, entre deux lancements et récupérations.

Les pistes d'aviation en béton sont très solides et, même, si l'herbe pousse entre les dalles, çà ne va péter très loin, financièrement, pour les "traiter". Du temps des beaux jours du tuning automobile, en 2000-2010, on organisait, par exemple, dans le Nord-Est de la France, d'importantes concentrations dédiées, sur des pistes d'aviation abandonnées de l'US Air Force, vieilles, souvent, de plus de 40 ans et inutilisées, depuis plus de 20, pour un usage aérien. Elles étaient "nickel" et on aurait pu, sans problème, y faire atterrir un B-17 ou un B-29. Ce sont, surtout, les prises de vitesse au décollage des réacteurs et, à l'inverse, leurs performances à l’atterrissage - d'où la nécessité de leur adjoindre un parachute de freinage pour les pistes jugées courtes, qui posaient, éventuellement, problème.

4200 mètres, dimensions de la plus longue piste de l'île de Mageshima, est plus que largement suffisante, au décollage, comme l'atterrissage, pour des appareils militaires. Les pistes de 5000/5500 mètres n'existent que sur de rares aéroports civils, pour les très gros porteurs, en prenant en compte une très importante longueur de sécurité (à la louche, plus de 2000 mètres, dans le pire des cas!). Selon l'environnement, elles permettent, aussi, à l'appareil  de grimper, "tranquillement", selon des pentes confortables pour ses passagers - elles limitent, ainsi, la consommation de "sacs à vomi", au décollage et facilitent la vente de plateaux-repas dans les charters  -.

Depuis "le temps", le béton des pistes  de Mageshima est surement recouvert de "cochonneries", mais il est, toujours là et son nettoyage est très loin de constituer une opération coûteuse ou insurmontable. Si j'avais les fonds, les moyens matériels et la nationalité japonaise, je candidaterais, sans problème, pour ce genre de marché, car il y a du pognon à se faire!

Paul-Émile a écrit:

Cette vue de la côte est explique pourquoi les jeunes sont partis. Vous vous voyez passer votre jeunesse là ?



De toute façon, comme il n'y avait qu'une école et pas de collège ni de lycée, les jeunes étaient obligés d'aller étudier à Nishinoomote ou ailleurs. Alors autant s'installer sur la grande île.

Cà marche, quand on est lycéen ou "universitaire" et que ses parents ont les moyens (éventuellement avec l'aide de l'Etat) de "transhumer" vers des territoires supposés plus propices  - en ce qui concerne les iliens, cette migration n'a jamais été simple! -.  Sinon,  quand on se retrouve affecté sur ce genre d'îlot, il convient de se rappeler qu'on n'entre pas dans la carrière militaire, marine ou autre, pour "se faire plaisir", sinon il vaut beaucoup mieux postuler comme GO "Club Med" ou animateur VVF!  D'autant que, de nos jours,  çà plait plus aux "copines"!

Loïc Charpentier a écrit:

(...)  Sinon,  quand on se retrouve affecté sur ce genre d'îlot, il convient de se rappeler qu'on n'entre pas dans la carrière militaire, marine ou autre, pour "se faire plaisir", sinon il vaut beaucoup mieux postuler comme GO "Club Med" ou animateur VVF!  D'autant que, de nos jours,  çà plait plus aux "copines"!

Certes, mais dans le cas de Mageshima, il s'agissait de civils venus s'installer là après la guerre. Et puis les choix de vie des parents ne plaisent pas forcément à leurs enfants, c'est leur droit.

Etape importante sur le calendrier du projet de création d’une base d’entraînement sur l’île ide Mageshima, l’élection du maire de Nishino-Omote aura lieu le 31 janvier 2021. Elle sera précédée le 24 janvier d’un débat public où s’affronteront les deux principaux candidats. D’un côté, le maire sortant Yaita Sunsuke, 67 ans, clame que permettre l’installation de la base sur l’île aura des conséquences sur l’environnement, notamment sur l’exploitation des ressources de la pêche, et qu’il sera trop tard pour s’en apercevoir une fois que l’autorisation de construire la base sera donnée. Face à lui, Fukui Kiyoshinobu, 71 ans, gérant d’un pressing et ancien président de la chambre de commerce et d’industrie de Nishino-Omote, se présente pour la première fois ; membre du Parti Libéral-Démocrate au pouvoir, il défend l’idée que la création de 150 à 200 emplois de militaires des Forces d’Autodéfense et les subsides versés par l’état central japonais et les forces américaines (25 milliards de Yens sur 10 ans pour ces dernières) permettraient d’enrayer l’exode des jeunes de l’île de Tanegashima qui partent vers les grandes villes métropolitaines. L’argument a déjà servi pour l’installation de bases sur les îles à l’extrême sud de la chaîne des Ryū-Kyū. Nishino-Omote avait 34 000 habitants et en 1959 et n’en compte plus que 15 000 aujourd’hui. A l’entrée de la ville, un panneau explique que la ville est depuis l’antiquité le port le plus important des îles du sud-ouest et est aujourd’hui une cité portuaire animée, mais apparemment ce panneau ne retient pas les jeunes. Ceux-ci sont obligés d’aller sur Kyūshū s’ils veulent faire des études au-delà de la scolarité de base, et ils ne trouvent pas ensuite sur Tanegashima les emplois et les infrastructures (notamment scolaires) qui leur permettrait d’y envisager un avenir. De plus, les jeunes diplômés sont très courtisés par plusieurs grandes entreprises et administrations métropolitaines, pas par les petites entreprises de Tanegashima qui ne peuvent offrir ni postes, ni salaires, ni perspectives de carrière aussi attractifs.


L’étape est importante parce que le ministre de la Défense juge important d’avoir l’adhésion des populations locales dans les créations d’infrastructures de défense. L’importance de l’élection municipale doit cependant être relativisée : qui qu’il soit, le maire n’aura aucun droit légal à s’opposer à la création d’une base sur l’île de Mageshima dont l’état détient 99% des terrains… Seule la préfecture le pourrait, à condition qu'elle respecte les choix des Nishino-Omotiens. Jusqu’ici, quelles que soient les oppositions locales (qui n’ont pas été de grande ampleur, il faut le dire), aucune n’a pu empêcher la création de bases des forces armées et des garde-côtes dans les îles isolées du sud de l’archipel nippon, régies par la préfecture d'Okinawa.

La campagne électorale est pour l’instant indécise, les deux camps se réclamant d’un nombre équivalent de supporters. Le fait qu’elle n’oppose que deux candidats, au lieu de six lors du scrutin précédent (2017), montre que la question de la base cristallise la vie politique locale et fait passer tous les autres enjeux à l’arrière-plan. La proportion des supporters de M. Yaita dépasse de loin celle des groupuscules qui s’étaient opposés à la création des bases de Yonaguni et Miyako.

27 janvier 2021 : tandis que les barges poursuivent les forages exploratoires, un F-15 survole Mageshima pour des mesures de bruit.

Le ministère de la Défense a décidé de prolonger la période de forage exploratoire des fonds marins au-dessus desquelles les jetées du port de Mageshima pourraient voir le jour. Les sondages du fond ont commencé début décembre. A ce jour, seulement onze sondages ont été réalisés sur les trente-sept prévus ; c’est la raison pour laquelle le ministère a décidé de prolonger la période jusqu’au mois de mai 2022.

Le ministère a également annoncé qu’il ne ferait aucun sondage ni forage les deux premières semaines d’août, période de pêche du Tokobushi (variété locale d’ormeau qui se vend assez cher), et qu’il restreindrait ses activités pour ne pas gêner la pêche au hareng rond à rayures argentées qu'on appelle là-bas kibinago-ryō et dont la pêche est très réglementée.

La coopérative de pêche de Nishino-Omote a réuni son conseil d’administration jeudi dernier pour présenter ces engagements du ministère. A l’issue de la réunion, Urazot Sonsaburo, président de la coopérative, a déclaré qu’il n’était plus opposé au projet « sous réserve qu’il n’y ait pas de nouveaux problèmes » et à titre personnel. Le conseil d’administration attend le résultat des enquêtes de nuisances avant de se prononcer pour ou contre. Le F-15 photographié ci-dessus contribue à ces enquêtes de nuisances (sonores, en l’occurrence).

L’annonce, le 10 juin dernier, de la signature d’un accord entre le ministère indonésien de la Défense et l’entreprise italienne Fincantieri portant sur la construction de six frégates dérivées des FREMM pour remplacer les cinq antiquités de la classe AHMAD YANI (ex-classe néerlandaise VAN SPEIJK des années 1960) a ruiné les espoirs caressés par l’industrie navale japonaise de placer quelques exemplaires de frégates dérivées des MOGAMI. Le constat est là : depuis l’instauration de la politique d’exportation de matériel de défense le 1^er avril 2014, elle n’a jamais eu les résultats escomptés. Ses seuls succès sont la participation à la construction de sous-marins taiwanais et la vente de quatre radars de surveillance aux Philippines.

Coïncidence prémonitoire ? Le 28 mai, la Société des Entreprises Aérospatiales Japonaises (en anglais : SJAC pour Society of Japanese Aerospace Companies), a tenu une conférence de presse à Tōkyō au cours de laquelle le président du JSAC, Murayama Shigeru, ci-devant conseiller spécial de Kawasaki Heavy Industries, a détaillé lors de la séance de questions / réponses deux raisons qui expliquent cet insuccès de la politique d’exportation. Selon lui, les industries nippones n’ont pas les moyens de gérer seules les aspects régaliens des contrats internationaux de défense (montants compensatoires, transferts de technologie, etc.) et ne savent pas proposer de prestations de soutien à la hauteur de celles de la concurrence.

En termes de soutien (ou de Soutien Logistique Intégré pour reprendre la terminologie consacrée des contrats d’armement), les industries japonaises ne proposent souvent que le détachement, pour une durée significative, de vétérans retraités des Forces d’Autodéfense et employés en deuxième carrière par lesdites industries. Ces spécialistes ont essentiellement pour tâche de former les utilisateurs à la mise en œuvre et à la maintenance des équipements fabriqués au Japon (ils forment également les militaires japonais). En parallèle, les industries proposent des lots initiaux de pièces détachées et des contrats de réapprovisionnement, étant entendu que ces pièces de rechange sont fabriquées au Japon ; là encore, ces prestations sont une transcription à l’international des pratiques en vigueur avec les Forces d’Autodéfense.

En termes de transferts technologiques, les industries japonaises sont incapables de rivaliser avec les concurrentes étrangères. Elles ne proposent pas de sous-traiter la fabrication des pièces détachées dans le pays acquéreur, elles n’ont pas l’habitude de proposer l’intégration d’équipements nationaux dans leurs avions, véhicules et navires, elles n’ont ni l’habitude ni les moyens de troquer certaines de leurs prestations contre des compensations d’autres natures (le gouvernement suédois aurait par exemple réussi à exporter des Saab en Thaïlande en échange d’un accord d’importation de poulet thaïlandais…). Dans le cas de l’Indonésie, Fincantieri a également proposé de remettre à niveau deux frégates de la classe MAESTRALE retirées du service dans la marine italienne et de les revendre à un prix intéressant : ce genre de prestation est actuellement impensable au Japon.

En bref, et toujours selon Murayama Shigeru, les industries japonaises ont trop l’habitude de traiter avec le ministère japonais de la Défense et manquent de soutien étatique pour les contrats compensatoires qui ne sont pas de leur ressort.

Rebondissant sur les propos de Murayama, le journaliste Takeuchi Osamu, spécialiste des affaires militaires, a expliqué que le Japon n'a pas la capacité de répondre à la fois aux demandes des secteurs public et privé, ce qui est un facteur désavantageux pour l'exportation d'équipements de défense. Il appelle à la mise en place d’un dispositif étatique d’accompagnement à l’exportation.
 
Je me permets de rajouter modestement d’autres explications. Les matériels japonais sont chers (on l’a vu lors des discussions sur la vente à l’Inde d’hydravions Shinmaywa US-2), les contraintes politiques ne sont jamais absentes des contrats d’armement (l’exemple des sous-marins taiwanais en est un bon exemple), et enfin les règles américaines sur la réexportation de matériel conçu aux Etats-Unis grèvent les possibilités japonaises de négociation commerciale.

A suivre...

Les F-35B japonais devraient commencer en 2024 à être opérationnels depuis la base aérienne de Nittahara dans la préfecture de Miyazaki. Le ministère de la Défense entend utiliser Mageshima pour entraîner les pilotes (qui relèvent de la Force Aérienne d’Autodéfense) aux manouvres et opérations aéronavales à chaque passage de ses porte-aéronefs au sud de Kyūshū. Deux à huit avions (ce qui donne une indication sur la capacité d’emport de F-35B des IZUMO en tant de paix…) devraient en partir trois fois par jour pour des vols d’environ une heure. L’activité aérienne autour de l’île devrait dépasser les cent jours par an.


Ces informations ont été communiquées dans le cadre de la campagne d’information sur les nuisances sonores engendrées par la future base d’entraînement. Pour Miyake Kimihito, président du « Comité de liaison des citoyens et du groupe contre les installations militaires américaines à Mageshima », l’affaire est entendue et il y aura bien une base sur l’île.

Les infrastructures sur l’île comprendront, sur la piste d’envol, la reproduction de la piste d’envol d’un IZUMO ou plus exactement du KAGA puisqu’il sera le premier à être mis dans sa configuration définitive de porte-aéronefs.

Le 29 juillet 2021, le gouverneur de la préfecture de Kagoshima, Shiota Koichi, a demandé le 29 juillet que l’étude d’impact environnemental de la base projetée sur l’île de Mageshima soit amendée pour intégrer des éléments qui en sont aujourd’hui absents, tels que la taille des installations portuaires et l’extension à l’île voisine de Tanegashima des études du bruit généré par les avions à réaction. Il a également demandé que l’avis des habitants et des pêcheurs de Tanegashima soit mieux pris en compte.


Le gouverneur avait jusqu’à ce 29 juillet pour se prononcer sur l’étude proposée par le gouvernement central. Une des améliorations demandée risque de ne pas pouvoir être réalisée rapidement : c’est celle qui concerne la taille des installations portuaires, qui sont conditionnées à la finalisation de la campagne de forage dans le sous-sol marin qui doit supporter ces installations. Le gouverneur a approuvé ce même 29 juillet la demande de forages complémentaires.