[JMSDF] La vie dans la marine japonaise

J'ouvre une nouvelle rubrique qui aurait pu accueillir quelques-uns de mes précédents articles, aujourd'hui noyés au milieu de divers fils de discussion.

Une enquête publiée le lundi 30 avril 2018 sur le site キャリコネニュース (Kari kone nyūsu, abréviation-transcription de Career Connection News, site d’information sur les carrières destiné essentiellement aux étudiants en recherche d’orientation) jette un éclairage rare sur les motivations qui poussent les jeunes Japonais à s’enrôler dans la Force Maritime d’Autodéfense. Cette enquête s’appuie en partie, mais pas uniquement, sur le discours tenu dans les stands de recrutement de ladite force lors des salons de l’étudiant et des forums à l’emploi. Pour s’affranchir des éléments de langage stéréotypé utilisés en ces occasions, elle exploite aussi les résultats d’enquêtes menées auprès des étudiants sur ce qu’ils attendent de leur futur métier, et des interviews d’ex-étudiants ayant répondu à ce genre de sondage dans le passé et aujourd’hui entrés dans la Force Maritime d’Autodéfense.

Précisons que, avec en moyenne 143 offres d’emploi pour 100 postulants sortant du système scolaire, le chômage des jeunes est inconnu au Japon. Ce n’est donc pas la crainte de ne pas trouver d’emploi qui pousse les jeunes Japonais à entrer dans l’armée navale.


La Force Maritime d’Autodéfense joue un peu sur l’excellence technologique de ses grands bâtiments, mais beaucoup plus sur l’attrait des missions : déploiements outre-mer, action de l’état en mer (ce qui permet d’insister discrètement sur la subordination du militaire au politique, histoire de démentir les craintes de ceux qui ont peur d’une résurgence du militarisme), missions anti-piraterie au large de la Somalie depuis 2009, missions de coopération internationale, missions humanitaires et de secours aux victimes de catastrophes. La reconnaissance internationale dont jouit la Force Maritime d’Autodéfense (escorte et lutte anti-piraterie dans le Golfe d’Aden, excellence en lutte ASM reconnue par les Américains, missions d’assistance humanitaire aux Philippines) est également mise en exergue pour valoriser les carrières navales. Quand on s’engage, on acquiert une expérience et une ouverture à l’international rares. La participation au maintien de la paix et de la stabilité autour du Japon mais aussi dans plusieurs endroits de la région Asie-Pacifique sert aussi d’argument d’appel : on n’est plus à l’ère de la conquête brutale des pays voisins pour s’approprier leurs ressources, on fait œuvre utile.

Les ex-étudiants engagés reconnaissent que la solde est attrayante : à la solde de base s’ajoutent des primes de risque, des frais d’éloignement et des primes de mission qui, pris dans leur globalité, sont plus élevés que dans les autres armées. Ils s’élèvent en moyenne à 33% de la solde de base. Un jeune de moins de vingt ans gagne ainsi 2,7 millions de Yens soit environ 20 500 € l’an en moyenne.

Un autre attrait de la marine est son système de formation professionnelle qui joue le rôle d’ascenseur social : chaque niveau de formation fait grimper dans l’échelle des soldes. Ainsi un jeune de 25 ans peut gagner 3,5 millions de Yens (26 500 €). Cet ascenseur social est plus rapide que dans bien des entreprises nippones. Les brevets et qualifications obtenus dans la marine sont sanctionnés par des examens universitaires (en plus d’une partie purement militaire et pratique), ce qui leur permet d’être homologués et reconnus par le Ministère du Travail,  de sorte que le marin en fin de contrat garde le bénéfice de tous les étages que lui a fait gravir l’ascenseur social. Et bien évidemment, cette formation professionnelle est entièrement payée par le ministère, un avantage dont ne bénéficient pas les salariés du privé. Les cours et les examens ne sont pas faciles, ils demandent beaucoup de travail personnel ce qui rend leur préparation difficilement compatible avec le quart à la mer, les travaux de maintenance ou d’entretien entre les quarts et le service à quai, mais globalement l’ascenseur social par la formation professionnelle est placé haut dans l’échelle des attraits.

Quelques arguments bien connus de tous les marins du monde jouent également : quand ils sont à la mer, les 海上自衛隊の船員 (les marins de la Force Maritime d’Autodéfense) ne dépensent pratiquement rien tant qu’ils sont célibataires, ce qui leur permet d’accumuler un petit pécule bien utile quand ils décident de sortir de l’ascenseur précité… ou de fonder une famille. Un ex-étudiant interrogé explique ainsi qu’être en mer lui permet d’échapper à plusieurs tentations de dépense qui trouent les poches des salariés d’entreprise : soirées alcoolisées, fortunes dépensées au Pachinko, achats dispendieux dans les grands magasins.

Autre argument de poids, la Force Maritime d’Autodéfense gère un parc immobilier important et loge son personnel à des loyers très avantageux. Un appartement 2LDK ou 3LDK (désignation nippone des types d’appartement : 2LDK signifie « 2 chambres + Living + Dining room + Kitchen » ce qui fait au Japon une cinquantaine de mètres carrés – surface très correcte dans une grande agglomération où l’immobilier est hors de prix) pour 20 à 30 000 Yens (150 à 225 € / mois). C’est un avantage en nature considérable. Ceux qui veulent dépenser encore moins peuvent opter pour la colocation à trois dans un 3LDK par exemple. En plus, les marins affectés dans les grandes bases navales ont accès gratuitement à des installations sportives, des salles de gym, des piscines, des bains et saunas japonais, etc. Ils peuvent en outre bénéficier des repas à prix réduit de la cafeteria, où la nourriture est très correcte et équilibrée pour un prix généralement inférieur à 1300¥ (10€). Ces avantages sont à ce point attrayants que les grandes entreprises s’efforcent de les copier…

Comme les autres armées et administrations, la Force Maritime d’Autodéfense permet aux jeunes parents, hommes ou femmes, de prendre des congés parentaux allant jusqu’à deux ou trois ans tout en gardant leur solde de base. Sur ce point, aucune entreprise du privé ne peut lutter.

Bien sûr, il y a des contreparties, notamment en termes de libertés. En mer, l’accent est mis sur la vie en collectivité et sur l’obéissance aux règles de la discipline militaire. Un marin explique que c’est comme si son corps appartenait à 50% à l’état. À quai, pas question de partir avant le dégagé, même pour traiter une affaire personnelle. L’intégration à l’équipage bannit tout repos extraordinaire pour convenance personnelle – convenance égoïste, disent certains. Quand on demande une permission, il faut dire où l’on va et par quel trajet on s’y rend, même si c’est pour rentrer dans sa famille. Et il n’est pas sûr que sa demande soit acceptée : le service et le bon fonctionnement de la marine priment. Quand le jeune s’engage, il doit comprendre qu’il abandonne à la marine la liberté d’organiser son quotidien comme bon lui semble.

Mais cette exigence d’adhésion à l’institution a ses avantages : les marins reconnaissent eux-mêmes qu’en quittant la Force Maritime d’Autodéfense ils ont une grande facilité à travailler en équipe, à ne pas compter leurs heures comme des ronds-de-cuir et qu’ils se sont faits d’excellents amis pendant leur temps sous les drapeaux.

Je recopie ici un article que j'avais publié le 5 décembre 2017 dans la rubrique [JMSDF] Actualités

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Quand les militaires partent en intervention sur une zone sinistrée ou en déploiement de longue durée outre-mer, leurs enfants ont souvent des résultats scolaires en baisse. Or au Japon, une année ratée se rattrape difficilement et peut compromettre irrémédiablement l’avenir d’un écolier. C’est un problème qui a été remonté à plusieurs reprises au sein des Forces d’Autodéfense, dans l’équivalent nippon des rapports sur le moral qui ont cours dans nos armées. Les municipalités de Yokosuka et de Tateyama, situées de part et d’autre du canal d’Uraga qui fait communiquer la baie de Tōkyō avec l’océan, ont signé des accords avec la base navale et la base aéronavale qu’elles abritent respectivement. Ces accords prévoient que les municipalités prendront à leur charge l’organisation et une partie du financement d’un soutien scolaire et périscolaire qui sera mis en place au profit des enfants de ces militaires envoyés en mission. Les unités tiendront à jour les prévisions d'absence et les départs inopinés des parents et en informeront les services éducatifs des deux municipalités, à moins que les intéressés s'y soient opposés.


Les parents en mission auront peut-être un souci de moins quand ils partent. Recevoir de bons bulletins de notes de leur progéniture leur enlèvera un motif d'inquiétude.

D'autres municipalités devraient bientôt imiter Yokosuka et Tateyama et étendre le concept aux autres forces d'autodéfense.

Le site 二コ二コニュース (NIKO NIKO NEWS) a publié ce 28 mai 2018 une interview du maître torpilleur 澤田貴郁 (Sawada Takafumi), embarqué sur l’escorteur HATAKAZE (DDG-171) et qui nous livre quelques détails de sa vie de tous les jours.

Le HATAKAZE est intégré au Premier Groupe d’Escorte, basé à Yokosuka. À son bord, le maître Sawada fait partie du service chargé de l’entretien et de la mise en œuvre des tubes lance-torpilles et de l’ASROC. Le HATAKAZE navigue au minimum cent jours par an (minimum requis pour le maintien des qualifications) ; il lui arrive d’effectuer des déploiements de plusieurs mois.


Pendant que l’escorteur est à quai, la journée type est la suivante :

• 07h00 : rentrée des permissionnaires
  
• 07h15 : poste de propreté
  
• 08h00 : cérémonie des couleurs
  
• 08h05 : assemblée
  
• 08h15 : réunion de service
  
• 08h30 – 11h30 : poste d’entretien
  
• 11h30-13h00 : pause de midi, repas
  
• 13h00 – 17h00 : poste d’entretien
  
• 17h00 : dégagé
  
• 17h30 : permissionnaires
  

Pour un gradé de son niveau, le service au mouillage tombe un jour sur huit.

À la mer, le rythme est évidemment différent. Le MT Sawada ne fait pas de quart et sa journée se décompose comme suit :

• 07h00 : fin du 朝ごはん (asagohan, petit déjeuner)
  
• 07h15 : poste de propreté
  
• 08h00 : appel par service
  
• 08h15 : réunion de service
  
• 08h30 : poste d’entretien ou mise en œuvre du matériel ou formation du personnel
  
• 12h00 : 昼ごはん (hirugohan, déjeuner)
  
• 12h40 : gymnastique pour tous
  
• 13h00 : réunion de service
  
• 13h15 : poste d’entretien ou mise en œuvre du matériel ou formation du personnel
  
• 18h00 : 夜ごはん (yorugohan, dîner)
  
• 19h00 : bain et repos
  
• 22h00 : extinction des feux
  

Le HATAKAZE effectue plusieurs lancements de torpilles d’exercice chaque année dans les secteurs d’entraînement au large de Yokosuka. Le MT Sawada est fier de les réussir tous mais avoue être un peu tendu avant chaque lancement par crainte des accidents.

Les autres exercices en mer comprennent la lutte contre l’incendie (avec fumigènes à bord pour les besoins de l’entraînement) et contre les voies d’eau (la formation pratique dans ce domaine s’effectue à terre…), le repêchage d’hommes à la mer (l’ami Oscar de Dahlia Bleu) et l’entraînement au combat.

Une des choses qui pèse le plus au MT Sawada est que le téléphone cellulaire ne marche pas en mer. Il ne peut contacter sa famille que quand il est en escale. Lors des déploiements longs tels que ceux au large de la Somalie, qui durent deux mois, c’est assez pesant.


Cela fait 11 ans que Sawada Takafumi est entré dans la Force Maritime d’Autodéfense. Au début, la vie en collectivité lui a posé quelques problèmes mais il a fini par se faire à la promiscuité, à l’absence de chez-soi et d’espace privatif. Il reconnaît aussi qu’il lui a fallu du temps pour se défaire de l’approche scolaire de ses premiers mois de marine et pour faire le lien entre ce qu’on lui avait enseigné et ce dont il avait besoin à bord, car il ne venait pas d’un milieu de marins. Avant de s’engager, il a travaillé pendant un an dans une agence immobilière après l’université où il avait suivi une formation de programmateur informatique. Mais il ne se voyait pas vivre la vie rangée et conventionnelle d’employé de bureau, alors il a radicalement changé d’orientation et s’est engagé dans la Force Maritime d’Autodéfense. Aujourd’hui, il ne sait pas pourquoi il avait voulu faire de l’informatique et il dit que taper du code sur un clavier à longueur de journée ne lui aurait pas plu. Il préfère nettement sa vie actuelle.


Être capable de travailler en équipe est plus important à ses yeux que de développer des capacités individuelles déconnectées du groupe.

Tous les membres de la Force Maritime d’Autodéfense passent des épreuves physiques chaque année : pompes, abdominaux, lancé du poids, course de 3000m, 50m crawl et 50m brasse, le tout assorti de performances minimales nécessaires à la promotion au grade supérieur. Pour lui, ces épreuves sont infaisables si on n’a pas été un minimum sportif dans sa jeunesse – un message à une certaine jeunesse actuelle, sans doute.

Le journaliste lui a alors demandé s’il avait un message à faire passer aux collégiens (principaux lecteurs de Niko Niko News). Il a répondu que les marins étaient plus souvent à l’étranger que dans des casernements à terre, qu’ils faisaient beaucoup d’économies en mer parce qu’ils ne pouvaient rien dépenser et parce que la nourriture et les habits étaient gratuits, avant de partir d’un éclat de rire et de revenir à des considérations plus sérieuses : importance de la mission, sens du service et des responsabilités, engagement à servir le plus de gens possible et du mieux possible.

Depuis 2010, la Force Maritime d’Autodéfense dote les escorteurs détachés dans le Golfe d’Aden de cabines d’où les membres d’équipage peuvent, à tour de rôle et moyennant une organisation assez stricte, échanger des e-mails par satellite avec leurs familles restées au Japon.

Une nouvelle étape va être franchie : les soixante-dix escorteurs de la flotte vont progressivement être équipés de réseaux locaux sans fil grâce auxquels les membres d’équipage pourront utiliser leurs smartphones pour communiquer avec le Japon. Des essais ont été menés cette année et se sont avérés concluants.


C’en est bientôt fini des files d’attente et du chronométrage des passages dans les petites cabines… Les marins vont pouvoir choisir le moment où ils communiqueront avec leur famille. Le ministère explique que ce sont surtout les jeunes qui ont du mal à se priver de leur smartphone et de la connexion avec leur famille. À bord, le réseau ne couvrira que les zones vie, pas les locaux opérationnels.

bonsoir
oups ! je connais des gens (dans le civil), dont les conditions de travail sont "pires" .
d'autres marines proposent-elles quelque chose d'équivalent ?
question idiote; évidemment; je suis un spécialiste du genre.

La proportion de personnel féminin allant croissant dans les armées japonaises, les trois forces d’autodéfense vont augmenter les capacités d’accueil de leurs centres de formation.


La Force Maritime d’Autodéfense prévoit ainsi de porter à 240 la capacité d’accueil en personnel féminin de son centre de formation de Kanagawa, au sud de Yokosuka. Avant 2006, ce centre ne pouvait loger que 120 femmes, nombre qui est progressivement monté à 219 l’année dernière.
À Sasebo, près de la base navale, de nouveaux bâtiments sont en construction pour accueillir 200 jeunes femmes de 19 à 21 ans pour leur formation initiale.


La Force Aérienne d’Autodéfense agrandit son centre de formation à Kumagaya dans la préfecture de Saitama, et la Force Terrestre d’Autodéfense va construire un nouveau centre féminisé, celui d’Asaka arrivant à saturation. Sur l'ensemble des forces armées, les femmes totalisent environ 15 000 personnes pour des effectifs totaux de 230 000 (soit 6,5%). Le ministère vise 9% en 2030 et 12% à plus longue échéance.

Un reportage tourné par CNN au centre de formation maritime de Yokosuka jette un éclairage (choisi) sur les motivations et le quotidien des femmes dans les Forces d’Autodéfense. Diffusé fin janvier 2019, il suit quelques-unes de ces femmes récemment engagées.

L’ensemble des Force d’Autodéfense totalise un peu plus de 300 000 personnes, ce qui en fait la huitième force militaire du monde. Un des défis à long terme auxquels ces forces doivent faire face est la décrue démographique : de 124 millions aujourd’hui, la population japonaise pourrait tomber à 88 millions à l’horizon 2065 si le taux de renouvellement actuel se maintient. Pour anticiper la diminution du nombre de candidats masculins, le ministère japonais de la Défense – ou les agences qui l’ont précédé – a mis en place une double stratégie : automatisation poussée des unités pour en réduire les équipages, d’une part, et assouplissement des critères de recrutement, d’autre part.


Auparavant, les nouveaux engagés devaient avoir entre 21 et 27 ans. Depuis que la majorité légale est passée de 21 à 18 ans au Japon, l’âge minimal est passé à 18 ans. L’âge maximal vient d’être porté à 32 ans pour plusieurs filières. Le recrutement féminin a lui aussi été promu et étendu. La part de personnel féminin dans les forces armées japonaises atteint 6,5%, ce qui fait encore relativement peu en comparaison des 16,5% de l’Australie, aux 12,2% du Royaume-Uni et aux 16% des États-Unis d’Amérique. Le ministère japonais de la Défense vise 9% en 2030.

Hirayama Akiko (photo du haut) est l’une des trente-neuf recrues du centre de formation entièrement féminisé de Yokosuka, un des premiers à avoir été ouvert dans les années 1990. Âgée de 23 ans, elle travaillait précédemment comme agent de sécurité dans un aéroport. Elle explique être restée interloquée par la quantité de systèmes et d’équipements qu’elle a découverts à bord d’un navire de la Force Maritime d’Autodéfense à l’occasion d’une journée portes ouvertes. Six mois plus tard, après que sa ville natale dans la préfecture d’Okayama a été submergée par une inondation, elle a vu les Forces d’Autodéfense venir en aide à la population – et à sa famille. C’est alors qu’elle a décidé de franchir le pas. Ses journées sont bien remplies : couleurs, matelotage et manœuvre sur les baleinières (non motorisées…), formation à la sécurité incendie, à la lutte contre les voies d’eau, à la cyber-sécurité, arts martiaux…


Isomura Kokoro, quant à elle, a décidé de s’engager après un voyage qu’elle a effectué en 2018 en Bosnie et en Herzégovine, où les traces de la guerre de 1992-95 sont encore très visibles. Elle explique qu’elle l’a fait parce qu’elle ne veut pas que quelque chose de semblable arrive à son pays, le Japon, avant d’avouer quelques faiblesses physiques à la course de fond de 3000m et aux pompes, faiblesses qu’elle s’emploie à corriger. Elle ambitionne pouvoir passer les épreuves physiques qui lui permettraient d’embarquer sur un sous-marin.

Yoshihara Moeka, ancienne infirmière et âgée de 26 ans, s’est engagée par attrait pour l’aventure. Elle rêve de naviguer sur le brise-glace SHIRASE et de découvrir l’Antarctique. Elle apprécie la politique de la direction du personnel de la Défense, politique qui permet aux femmes de concilier vie de famille et carrière (de nombreuses crèches ont été ouvertes dans les bases militaires depuis 2015). Son sens du devoir envers le pays reflète la défiance croissante des Japonais envers l’allié américain : pour elle, les mieux placés pour défendre le Japon, ce sont les Japonais eux-mêmes.


Quelles que soient les motivations des nouvelles engagées, c’en est fait du stéréotype qui cantonnait ces dames à des rôles d’infirmières ou d’agents administratifs. En 1954, à la création des Forces d’Autodéfense, elles ne pouvaient faire qu’infirmière. En 1977, d’autres spécialités leur ont été ouvertes. En 1990, elles pouvaient choisir n’importe quelle spécialité non-combattante. Depuis 2018, elles peuvent exercer pratiquement tous les métiers des forces armées, sauf dans la Force Terrestre d’Autodéfense à cause du risque d’exposition à des matières toxiques ou dangereuses. Elles peuvent même embarquer sur sous-marin – en théorie du moins, car la féminisation des équipages de sous-mariniers exige des aménagements des locaux-vie, aménagements pour lesquels aucun calendrier de réalisation n’a encore été annoncé.

 

L'ordinaire s'est bien amélioré (en quantité et en qualité) à bord des navires japonais depuis le temps de l'ancienne marine impériale, comme le montre cette photo de cadets se restaurant à bord du SHIMAYUKI pendant l'escale à Kobe de leur corvette d'instruction. Les deux plateaux que l'on voit montrent qu'il y a un choix de menus.

Citation :

L'ordinaire s'est bien amélioré […] comme le montre cette photo de cadets se restaurant à bord du SHIMAYUKI pendant l'escale à Kobe de leur corvette d'instruction. Les deux plateaux que l'on voit montrent qu'il y a un choix de menus. : marin:

Le malheureux cadet du premier plan n'est pas vraiment à son avantage… au moins n'a-t-il pas pris la pause pour la photo… et les alvéoles de son plateau débordent…

"Malheureux" n'est peut-être pas l'adjectif idoine, vu ce que l'intéressé s'enfourne et se prépare à avaler...

Citation :

"Malheureux" n'est peut-être pas l'adjectif idoine, vu ce que l'intéressé s'enfourne et se prépare à avaler... : mrgreen:

Bien sûr .

Ce n'était qu'un jugement (lapidaire) vis-à-vis de sa posture (quelque peu) défavorable.

Il semble en, effet avoir très très faim, ou alors le photographe ne l'a pas loupé  

C'est vrai que celui qui est à sa gauche a plus de retenue...
On note que la cuillère en inoxydable a remplacé les baguettes.

C'est peu être là le problème, il n'a pas l'habitude de la cuillère, d'ou une certaine gaucherie dans son usage

Pour la première fois, cinq femmes de la Force Maritime d’Autodéfense ont été brevetées sous-marinières le 29 octobre 2020, après quatre mois de formation à terre suivis de quatre mois de formation à la mer à bord du MICHISHIO. Leur ドルフィンマーク (« Dolphin mark », insigne encadrant de deux dauphins l’ancre et la fleur de cerisier de la Force) leur a été remis à Kure par le capitaine de frégate Abe Jun’ichi, chef de cours, sous les objectifs des photographes et des caméramans de la NHK, de l'agence de presse Kyodo et de la presse locale.


Les aménagements intérieurs des sous-marins japonais actuellement en service n’ayant pas été prévus pour des équipages mixtes, les contraintes de promiscuité risquent d’obliger plusieurs de ces dames à embarquer sur le même submersible, dans le même poste. Il se peut (mais je n’ai pas d’informations là-dessus) que les sous-marins actuellement en construction ou en essais soient prévus pour un équipage partiellement féminisé.

Takagi a écrit:

Pour la première fois, cinq femmes de la Force Maritime d’Autodéfense ont été brevetées sous-marinières le 29 octobre 2020, après quatre mois de formation à terre suivis de quatre mois de formation à la mer à bord du MICHISHIO. Leur ドルフィンマーク (« Dolphin mark », insigne encadrant de deux dauphins l’ancre et la fleur de cerisier de la Force) leur a été remis à Kure par le capitaine de frégate Abe Jun’ichi, chef de cours, sous les objectifs des photographes et des caméramans de la NHK, de l'agence de presse Kyodo et de la presse locale. Le 3等海曹 (Santō kaisō, officier marinier de 3^e classe, c’est-à-dire second-maître) Taguchi Yume,
l’une des cinq premières sous-marinières japonaises - et la plus jeune (20 ans)
Les aménagements intérieurs des sous-marins japonais actuellement en service n’ayant pas été prévus pour des équipages mixtes, les contraintes de promiscuité risquent d’obliger plusieurs de ces dames à embarquer sur le même submersible, dans le même poste. Il se peut (mais je n’ai pas d’informations là-dessus) que les sous-marins actuellement en construction ou en essais soient prévus pour un équipage partiellement féminisé. : cheers:

en effet !

Que la Force soit avec elles !

Dans le cadre de la commande possible de deux nouveaux destroyers Aegis, en remplacement de l’Aegis Terrestre, le ministère de la Défense planche sur un problème de taille : ajouter leurs cinq cents membres d’équipage au tableau des effectifs de la Force Maritime d’Autodéfense. Le problème n’est pas tant de trouver cinq cents candidats supplémentaires au recrutement (le taux d’attrition au recrutement reste à un niveau qui ferait pâlir d’envie les recruteurs français) mais de les inciter à rester au-delà des premiers contrats tant l’attrait du civil est fort une fois les personnalités formées et les familles fondées.


Déjà, en accompagnement du recul progressif de l’âge de la retraite dans le privé, celui des militaires recule lui aussi : de 53 ans à 56 ans (selon les grades) aujourd’hui, il va progressivement passer à 55-58 ans d’ici 2028. Le service du personnel de la Force Maritime estime que cela permettra à environ deux mille vétérans qui le souhaitent de rester en service. En occupant des postes correspondant à leur âge, ils dégageront du personnel plus jeune pour des postes embarqués. Il reste à améliorer les conditions de vie et de service à la mer pour éviter que les conditions de vie du marin (notamment vis-à-vis de sa famille) soient dissuasives.

J’ai déjà abordé dans des articles précédents quelques améliorations déjà lancées : augmentation des soldes, développement d’une offre immobilière plus qu’attractive, services de voisinage tels qu’installations sportives et de restauration bon marché (surtout prisées par les jeunes célibataires), installation d’un réseau WiFi à l’intérieur des navires pour que les membres d’équipage puissent converser avec leurs familles à l’aide de leur smartphone personnel en lieu et place d’un ou deux ordinateurs partagés qui permettaient depuis l’an 2000 d’envoyer et de recevoir quelques e-mails depuis un compte utilisateur professionnel mais à usage privé, développement du soutien scolaire et psychologique pour les enfants séparés d’un de leurs parents, adaptation des locaux vie à la féminisation des équipage. En cours d’installation sur tous les navires au fur et à mesure de leurs arrêts techniques, ce réseau WiFi dans les zones vie et leur féminisation sont désormais un standard à bord des navires neufs dès la construction. D’autres efforts que je n’ai pas abordés sous forme d’un article dédié sont patents, notamment celui de valorisation des métiers militaires dans la presse via les services des relations publiques du ministère et des forces. J’en profite, d’ailleurs, et je vous en fais souvent profiter, vu qu’il ne se passe presque pas de journée sans que la presse nippone ne parle de la marine…


Dans les bases navales, un système d’équipage tournant est mis en place : environ quatre-vingt dix militaires restent affectés à la base (à ce qu’on appellerait le dépôt des équipages dans notre Marine nationale entichée de termes aguichants…) où ils restent disponibles pour embarquer pour des missions. Ils (ou elles) remplacent des membres d’équipage devant rester à terre suite à un problème de santé ou pour raisons familiales, le temps de la mission.


Le ministère envisage d’inscrire les premières des cinq cents personnes supplémentaires aux postes budgétaires demandés l’année prochaine et de renouveler cette demande jusqu’à ce que le total de 500 soit atteint lors de l’armement des deux DDG Aegis – qui devraient être légèrement plus gros que les MAYA et déplacer 9000 tonnes standard, mais c’est une autre histoire.

Le Corps Éducatif de la Force Maritime d’Autodéfense de Maizuru organisait ce 8 jeudi avril 2021 la cérémonie d’incorporation de quelque 486 nouveaux entrants dans la marine. Pour respecter les règles de distanciation, elle a été scindée en deux : le matin pour les 228 maistranciers (182 hommes et 46 femmes) et l’après-midi pour les 258 aspirants officiers (tous masculins) sous contrat court (trois ans dont trois mois de formation). Dans cinq mois, ces 486 jeunes gens seront affectés en unités. Pour la cérémonie, chacun avait pu faire venir un proche ; l’an dernier, les visiteurs avaient été interdits pour cause de pandémie galopante.


L’amiral Ito, commandant le district naval de Maizuru, a prononcé un discours sans ambages : « La Chine a promulgué sa loi sur la police maritime, ce qui a aggravé son isolement sur le plan international parce que cette loi n’a aucun fondement en droit international. Elle continue à forcer le statu quo dans les mers proches, y compris dans les îles Senkaku, et continue à accroître son armée. Afin de défendre les vies et les biens des Japonais, nous nous efforçons d’améliorer la puissance et la réactivité de nos unités. L’environnement sécuritaire est appelé à évoluer radicalement, les crises s’aggraveront et s’intensifieront. Nous devrons réagir de manière appropriée aux situations que nous rencontrerons en mission. »

Le directeur du Corps Éducatif, le capitaine de vaisseau Oga, a ensuite rappelé qu’au-delà des missions militaires, les forces d’autodéfense devaient garder « un cœur compatissant » à l’écoute des autres pour bien s’intégrer dans la société. Pas question pour les forces armées de se couper du reste de la nation…

Est-ce que le personnel féminin de la force d'autodéfense japonais est considéré comme égal à l'homme Japonais ?

Ou est-ce qu'il est considéré comme dans l'industrie, un mal nécessaire pour palier à un manque de main d’œuvre que l'on fait semblant de ne pas voir quand elles sont là, et accessoirement un réservoir de futures épouses pour les meilleurs éléments mâles ?

kfranc01 a écrit:

Est-ce que le personnel féminin de la force d'autodéfense japonaise est considéré comme égal à l'homme japonais ?

Ou est-ce qu'il est considéré, comme dans l'industrie, comme un mal nécessaire pour palier à un manque de main d’œuvre que l'on fait semblant de ne pas voir quand elles sont là, et accessoirement un réservoir de futures épouses pour les meilleurs éléments mâles ?

Le marin et la marinette japonais ont en commun de faire du quart par tiers sur leur unité pendant que leur moitié fait les comptes à terre. Souhaitons bonne chance à leur couple si d'aventure le mâle nécessaire épouse une femme embarquée, ils ne se verront que par fractions.

Au centre de formation de Maizuru : les jeunes recrues se forment au B.A.ba

Je suis allé visité un navire de guerre japonais, à Brest. Rien à dire sur la propreté !