Cuirassés italiens

Ce genre de prestation visuelle et sonore faisait le bonheur des spectateurs, agglutinés sur le rivage.
En plus, pour effectuer ces tirs de parade, au lieu d'employer des poudres "sans fumée", on avait recours à la bonne vieille poudre noire, déjà, nettement moins chère à l'usage et aux effets visuels beaucoup plus spectaculaires.

Ce jour là Mussolini avait mis les petits plats dans les grands, tout ce qui flotte en Italie avait participé à la revue navale (la liste des navires présents est impressionnante) avec tirs à blanc bien entendu, il fallait à tout prix impressionner Hitler.

D'après Wikimachin, le roi d'Italie Victor Emmanuel III, le Duce et le Führer étaient à bord du CONTE DI CAVOUR. Le défilé des croiseurs le long du navire hôte avec tir du bord opposé a fait fureur.

Voici le roi d'Italie et le Fuhrer photographiés lors de la revue navale du 5 mai 1938.

Coquet, le "Manu", avec ses élégants petits revers au bas de son "fute" royal.

et Keitel avec son uniforme de parade modèle "marine"; devrait les faire encore plus larges les galons de manches !
quelle équipe ... à la limite c'est encore l'ex-barbouilleur de peinture le plus sobre

pascal a écrit:

et Keitel avec son uniforme de parade modèle "marine"; devrait les faire encore plus larges les galons de manches !

Plus fantaisie que sa tenue, j'ai rarement vu! On dirait une veste de personnel d'entretien d'autoroute, avec ses bandes réfléchissantes!

En comparaison, le Großadmiral Raeder est d'une sobriété exemplaire, car il ne porte que sa tenue de "service" N°1, sans les parements d'épaule de la grande tenue.

Écartons-nous un moment des appréciations vestimentaires et revenons à nos moutons. Ici, le CAIO DUILIO de la classe ANDREA DORIA en cale sèche en 1914. Le navire a été lancé le 24 avril de l’année précédente par le chantier chantier naval de Castellammare di Stabia, près de Naples, et sera admis au service le 10 mai 1915.

Le ROMA, quatrième unité de la classe VITTORIO VENETO, en train de balancer son artillerie. La photo montre tous les détails qui avaient été ajoutés à la classe depuis le début de la guerre.

on note les deux tuyaux d'évacuation des gaz d'échappement des diesels avants (on retrouve les mêmes au niveau de la teuge arrière)

Le GUILIO CESARE à Gênes en mai 1938

La plage arrière du même GUILIO CESARE

Montage des 305mm sur le GIULIO CESARE

Photo proche de celle présentée le 10 avril dernier

Citation :

Installation d'un canon de 305 mm sur le GIULIO CESARE (vers 1913 ?) : study:

Citation :

Montage des 305mm sur le GIULIO CESARE : study:

NIALA a écrit:

Photo proche de celle présentée le 10 avril dernier : D

En effet : à peine quelques courts instant après…

Lancement du ROMA le 9 juin 1940 aux Cantieri Riuniti dell'Adriatico de Trieste :

Vue de mouette sur l'ANDREA DORIA en école à feu avant sa reconstruction

Takagi a écrit:

Vue de mouette sur l'ANDREA DORIA en école à feu avant sa reconstruction : mitraille:

Une mouette pas farouche, alors… Ou prise par surprise ?

DahliaBleue a écrit:

Une mouette pas farouche, alors… Ou prise par surprise ?

Une mouette très spéciale avec des haubans entre les ailes : on les voit sur la photo.

Déjà présenté par Alain (Jeu 31 Déc 2015, 08:52), le pré-dreadnought BENEDETTO BRIN de la classe REGINA MARGHERITA porte le nom de l'ingénieur qui l'avait conçu mais qui est décédé peu avant sa mise sur cale.

Pendant la guerre de 1914-1918, il est basé à Brindisi comme navire-amiral de la 3^e division de l'Armata Navale. Le 27 septembre 1915, au moment de la cérémonie des couleurs du matin, il explose. La déflagration est telle que les habitants de Brindisi croient d'abord que c'est le vieux château de la ville qui a explosé. La tourelle arrière de 305mm est projetée dans les airs et retombe dans la mer au milieu de débris de la superstructure et de la cheminée arrière. En quelques minutes, le cuirassé s'enfonce dans l'eau jusqu'à toucher le fond. Il y a 456 morts sur un équipage de 943 hommes dont un grand nombre étaient massés sur la plage arrière pour la cérémonie. Parmi les victimes, on compte le capitaine de vaisseau Gino Fara Forni, commandant le bâtiment, et le contre-amiral Ernesto Rubin de Cervin, commandant la 3^e division.


Les conclusions de l'enquête ont longtemps attribué l'explosion à un sabotage qu'auraient mené des agents austro-hongrois que ladite enquête n'a pas identifiés. Cependant, en 2015, la Marina Militare a reconnu que la catastrophe était très probablement due à l'instabilité de la poudre noire des gargousses - cause de la perte accidentelle de bien des navires. Un an avant la catastrophe, le CV Forni avait d'ailleurs écrit à Rome pour signaler les carences du système de réfrigération des soutes à munitions où la température atteignait parfois le seuil d'alerte. Lui donnant hélas raison, la soute arrière a explosé sous ses pieds ce 27 septembre...

Voici en complément une photo de ce qu'il reste du Brenedetto Brun une fois la fumée dissipée.

Takagi a écrit:

Les conclusions de l'enquête ont longtemps attribué l'explosion à un sabotage qu'auraient mené des agents austro-hongrois que ladite enquête n'a pas identifiés. Cependant, en 2015, la Marina Militare a reconnu que la catastrophe était très probablement due à l'instabilité de la poudre noire des gargousses - cause de la perte accidentelle de bien des navires. Un an avant la catastrophe, le CV Forni avait d'ailleurs écrit à Rome pour signaler les carences du système de réfrigération des soutes à munitions où la température atteignait parfois le seuil d'alerte. Lui donnant hélas raison, la soute arrière a explosé sous ses pieds ce 27 septembre...

Bonjour,

La poudre noire est un explosif mécanique, résultat d'un mélange hétérogène de matières combustibles (charbon et soufre, associés à un comburant, le salpêtre), alors que les "poudres modernes" (poudre B française, cordite britannique, etc.), obtenues à partir de la nitrocellulose, la nitroglycérine (base de la dynamite), l'acide picrique (base de la mélinite), sont, elles, des explosifs chimiques.
Les problèmes qu'avaient rencontré les militaires, avec les poudres chimiques, étaient celui de leurs conditions stockage et de leur stabilité dans le temps. S'il existait une longue expérience sur la méthode de stockage de la poudre noire (pour faire simple) et ses conséquences sur ses qualités (avec le temps, elle se contente de perdre une partie ou la quasi-totalité de ses qualités), ce n'était pas le cas avec les poudres chimiques, de conception récente, dont l'instabilité s'aggrave dans le temps, phénomène amplifié par des températures de stockage trop élevées, des variations de température trop importantes, une ventilation insuffisante de magasins et soutes confinés, à bord, notamment, des navires de guerre, etc.
Les catastrophes, plus ou moins graves, survenues durant la période, à la louche, 1890-1915, avaient été la conséquence de cette inexpérience.

"Les catastrophes, plus ou moins graves, survenues durant la période, à la louche, 1890-1915, avaient été la conséquence de cette inexpérience." Çà a même commencé avant l'explosion du cuirassé Magenta date de 1875.

NIALA a écrit:

"Les catastrophes, plus ou moins graves, survenues durant la période, à la louche, 1890-1915, avaient été la conséquence de cette inexpérience." Çà a même commencé avant l'explosion du cuirassé Magenta date de 1875.  

Oui, mais, alors, il n'existait, encore, que l'emploi de la seule poudre noire ou de son ultime évolution, la poudre au salpêtre progressive, introduite dans la MN, en 1870. Les premières poudres chimiques, désignées, aussi, poudres colloïdales, au début du siècle dernier, n'avaient été adoptées qu'à partir de 1887.

Avec la poudre noire, qui générait des pressions modérées, on expédiait un projectile sphérique - le boulet! - à une vitesse initiale de 550-600 m/seconde.

La mise en service de l'artillerie rayée en 1858 avait fait chuter la Vo à 300-350 m/s, par suite de l'augmentation de poids des projectiles et le "freinage" généré par les rayures. Pour l'améliorer, il avait été nécessaire de mettre au point des poudres moins vives, d'où des poudres noires à gros grains, dont la grosseur était proportionnée au calibre. Les premières fournitures provenaient de la poudrerie belge de Wetteren, puis notre service des poudres avait produit la poudre A, à laquelle avaient succédé les "poudres prismatiques" ou "poudres PB", qui différaient des poudres noires précédente (y compris la poudre A), par le dosage de leurs composants : 78 parts de salpêtre, 3 de soufre, 19 de charbon, ce dosage, notamment la part de soufre, n'ayant cessé de varier au cours des siècles et d'une marine à une autre.    

La forme des grains et leur "arrimage" (homogénéité du mélange) avaient permis de renouer avec les performances initiales (+/- 600 m/s), pour des poids de poudre moindres et des pressions plus faibles.

Les premiers essais d'explosifs nitrés datent des années 1848-1850, mais les fréquents éclatements de tubes, lors des essais, avaient très vite calmé l'engouement généré par la nouveauté ! En 1886 - certaines sources évoquent 1884 -, Paul Vieille avait réglé leur combustion en gélatinisant la nitrocellulose; la matière compacte obtenue conservait la force du coton poudre (ou fulmicoton), mais, désormais, incapable de détoner, elle ne pouvait plus exploser (ou sensé le faire!) que par combustion - ce qui permettait (enfin!) de gérer l'efficacité de la charge propulsive, grâce à sa durée de combustion et, par voie de conséquence, l'allongement des tubes et tout le tintouin... avec, évidemment, la génération d'autres problèmes techniques inhérents!  Youpee!  

Au début du siècle dernier, la France (poudre B), la Russie et les États-Unis employaient des poudres à la nitrocellulose pure, l'Angleterre, l'Allemagne, l'Italie et le Japon, des poudres à la nitroglycérine (cordite et balistite).