Cuirassés US

Takagi a écrit:

Le 1^er février 1944, en pleine nuit, le cuirassé WASHINGTON (BB-56) éperonna l’INDIANA qui venait d’abattre pour aller ravitailler des destroyers qui escortaient la formation. Le WASHINGTON avait son étrave ruinée sur plus de dix-huit mètres ; six de ses hommes avaient péri et plusieurs autres étaient blessés. Le commandant de l’INDIANA admit immédiatement son entière responsabilité dans l’accident ; son équipage avait perdu quatre hommes.

Le 2 février, les deux éclopés entraient dans le lagon de Majuro. À couple du navire-atelier VESTAL, le WASHINGTON reçut des réparations de fortune qui lui permirent de partir pour Oahu le 11 février. Là, il fut mis en cale sèche le 19 et une étrave provisoire remplaça celle détruite. Le 4 mars, remis à flot, il gagna par ses propres moyens l’arsenal de Puget Sound dans l’état de Washington sur la côte ouest des USA qu’il atteignit le 13 mars pour réparations définitives. Il y reçut une nouvelle étrave et fut remis en service en moins de six semaines : le 26 avril, il sortit du bassin avec sa nouvelle étrave. Le 13 mai, il était de retour à Pearl Harbor.

Le lendemain de l'accident, le WASHINGTON fait route vers Majuro


A couple du navire-atelier VESTAL dans le lagon de Majuro


Le 19 février, le WASHINGTON entre en cale sèche à Pearl Harbor


L'étrave ruinée découpée au chalumeau à Pearl Harbor


Le 4 mars, le WASHINGTON entre au bassin à l'arsenal de Puget Sound avec l'étrave provisoire qu'il a reçue à Pearl Harbor


26 avril 1944 : le WASHINGTON ressort du bassin avec sa nouvelle étrave

Ca se finit avec un beau nez tout neuf...

Question: la partie endommagée/écrasée/perdue était celle qui comprenait les ancres du cuirassé... comment on fait sans ?

ils n'ont pas utilisé l'avant d'un autre cuirassée pour refaire celui-ci?

ironclaude a écrit:

Question: la partie endommagée/écrasée/perdue était celle qui comprenait les ancres du cuirassé... comment on fait sans ?

Le plus simple est d'être prudent quand on arrive près des côtes (ce qui ne concerne ici que la toute fin de la traversée) et de se faire assister par des remorqueurs, surtout pour entrer dans le Puget Sound.

adama a écrit:

ils n'ont pas utilisé l'avant d'un autre cuirassé pour refaire celui-ci?

Non, il n'y avait plus de cuirassé de cette classe en construction. A cette époque, il n'y avait que des IOWA et des MONTANA en chantier, et leur étrave était différente.

19 octobre 1945 : la guerre est finie, l'équipage du WASHINGTON a besoin de beaucoup téléphoner. La plage avant a été aménagée pour satisfaire le besoin.

Le cuirassé WISCONSIN entrant dans le dock flottant de Guam le 5 avril 1952. Au premier plan, l’habitué des quizz aura reconnu l’ex-cuirassé OREGON (BB-3, reclassé en IX-22 en 1941) de 1892, utilisé un temps comme dépôt de munitions flottant.

Le WISCONSIN entrant dans le dock flottant de Guam le 5 avril 1952. La photo a dû être prise par le même avion ou hélicoptère que la précédente, un peu plus tôt dans la journée.

Le MISSISSIPPI (BB-41, classe NEW MEXICO) à la parade à  New York le 24 décembre 1918

L' OKLAHOMA (BB-37) dans le canal de Panama le 16 octobre 1936

Le monitor ONONDAGA au repos sur la James River en Virginie, en 1864


L'engin n'est en service dans la marine de l'Union qu'en 1864-65. Retiré du service le 8 juin 1865, mis en réserve à l'arsenal de Philadelphie, il est revendu à son constructeur le 7 mars 1867, lequel le revend à la France dans la même année. Utilisé à des fins d'essais puis affecté comme cuirassé de défense mobile à Saint-Malo, il reste en service jusqu'en 1904. Il est ensuite démoli à Brest.

C'est un plateau à fromage, une boite de camembert à chaque extrémité

Et dire qu'il a traversé l'Atlantique Nord entre New-York et Brest...

Autre belle pièce de l’US Navy : le PURITAN de 1896.


Commandé le 23 juin 1874 pour remplacer un monitor homonyme datant de la guerre civile américaine (1861-65), le PURITAN est construit par  le chantier John Roach & Sons de Chester en Pennsylvanie puis achevé par l’arsenal de New-York. Mis sur cales en 1874, il n’entre en service que le 10 décembre 1896. Il participe à la guerre hispano-américaine à Cuba (1898). Il est ensuite utilisé comme navire école (1899-1902), brièvement désarmé (avril-juin 1903), réarmé pour servir de ponton, loué à la milice navale de Washington D.C. (1904-1909) avant d’être désarmé à Norfolk le 23 avril 1910. Il est ensuite question de l’utiliser, avec les autres monitors de la Navy, comme fortification dans l’archipel des Keys au large de la Floride. L’idée est de transformer les monitors en îles artificielles dont l’artillerie tiendrait les intrus à distance de Fort Zachary Taylor, principale installation militaire américaine dans l’archipel. L’idée ne se matérialise pas et le PURITAN est rayé des listes le 27 février 1918 puis vendu à la ferraille en 1922.


Principales caractéristiques : 6000 tonnes, 90,30m de long, 18,33m de large (rapport longueur/largeur de 4,9...), 12,4nd, 200 hommes d'équipage, quatre canons de 305mm en deux tourelles, six canons de 102mm et quelques canons de 57mm.

Magnifiques photos

Le MAHOPAC est un monitor monotourelle de la classe CANONICUS. Il tire son nom du lac homonyme dans l’état de New York, lac dont le nom était celui que lui avaient donné les Wappingers, une tribu des Algonquins. Avec un tel nom, c’est dans la marine de l’Union qu’il commence sa carrière. Mis sur cale en 1862 et lancé le 17 mai 1864, il est admis au service le 22 septembre suivant, peu avant la fin de la Guerre Civile (1861-1865). Comme tous les monitors de l’époque, il est d’abord destiné à un usage fluvial ; sa carrière le voit alterner périodes d’activité et périodes de réserve au gré des changements de situation.


Les CANONICUS bénéficient des enseignements des premiers engagements de la Guerre Civile : leur blindage est porté à 250mm (il s’agit d’un sandwich de plaques de 25mm chacune), la tourelle est protégée par un toit conique en acier de 13mm pour protéger les servant des snipers sudistes (en lieu et place du pare-soleil en toile), le chemin de roulement de la tourelle est protégé par un blindage pour éviter que des éclats ne bloquent celle-ci, et le pied de la cheminée est également blindé contre les balles et les éclats.

Pendant la fin du conflit, il sert de batterie flottante sur la James River pour canarder les forts sudistes en accompagnement de l’offensive terrestre en Virginie. Il sert également de transport blindé pour déposer des escouades de fusiliers ici et là sur les arrières des lignes adverses. Entre deux actions, c’est à la remorque qu’on le déplace d’un théâtre à l’autre ; sa machinerie ne sert que pour le combat.

À la fin de la Guerre Civile, il est transféré (en remorque…) à l’Escadre Sud de Blocus de l’Atlantique, basée à Charleston en Caroline du Sud. Il n’y reste que deux mois avant de regagner la baie de Chesapeake et d’intégrer l’Escadre Nord de Blocus de l’Atlantique. Il accompagne les équipes qui débarrassent la James River des épaves que les Sudistes ont sabordées dans le port de Richmond. En juin 1865, toutes les opérations étant terminées, il est désarmé et placé en réserve, sept mois après sa mise en service.

Réarmé un an plus tard, en juin 1866, il gagne Washington pour y être immédiatement remis en réserve. Entre 1866 et 1873, il reste presque tout le temps désarmé en réserve. En 1873, transféré à Key West en Floride, il commence sa carrière maritime - si l'on peut dire. Rebasé à Port Royal (Floride) en 1876 puis à Norfolk (Virginie) en 1877, il n’a aucune occasion de servir à quoi que ce soit. Définitivement placé en réserve en 1889, il reste à Richmond jusqu’en 1895, date à laquelle il est remorqué à Philadelphie où il reste inactif jusqu’à sa radiation des listes le 14 janvier 1902 et à sa vente à la ferraille le 25 mars suivant.

Principales caractéristiques :

• Dimensions : longueur (hors tout) 68,60m, largeur 13,20m, tirant d’eau 4,10m, déplacement 2135 tonnes à plein, équipage 100 hommes
  
• Armement : deux canons Dahlgren de 381mm à âme lisse et à chargement par la bouche capables de tirer un obus de 158,8kg à 1920m sous 7° d’élévation
  
• Machinerie : deux chaudières Stimers, une machine à vapeur à deux cylindres, 320cv, 8nd, réserve de charbon d’environ 150 tonnes
  

Le PENNSYLVANIA (BB-38) au lendemain de son torpillage par un avion japonais alors qu'il était à l'ancre dans la baie de Nakagusuku (Okinawa) le 12 août 1945. La torpille a ouvert une brèche de neuf mètres à l'arrière du cuirassé, qui a embarqué beaucoup d'eau et dont la plage arrière se retrouve à fleur d'eau. On note les tuyaux qui sortent de la bouche des canons de 356mm : ils servent à pomper l'eau qui a envahi les fonds.

Le MISSOURI (BB-63) entouré d’un  certain nombre de remorqueurs qui essayent de le remettre à flot. Le cuirassé s’est mis au sec sur le banc de sable de Timble devant Hampton Roads en Virginie le 20 janvier 1950 ; il sera remis à flot le 1^er février et en sera quitte pour retourner au bassin d’où il était sorti trois jours avant l’accident.


L'autre photo montre les dégâts infligés à la coque par un obstacle non identifié sur le Timble Shoal. Trois soutes à carburant ont été crevées.


Pour remettre le navire à flot, il a fallu l'alléger de tout ce qui pouvait être enlevé.
Pour le remettre au bassin, il a fallu en sortir la coque du WISCONSIN KENTUCKY (BB-66) inachevé.

Survenu à quelques centaines de mètres de la côte, l'accident n'est pas passé inaperçu... Il a coûté son commandement au CV Brown, qui a plaidé coupable en court martiale.

Coût des réparations ... 225 000 $ de l'époque soit 0.25% du prix d'un Iowa neuf ... il fut allégé de plus de 11 000 t tonnes pour être sorti de son lit de vase où il fit un sillon de près de 1/2 nautique en creusant une tranchée de presque 2 m au plus loin du chenal.
Il participait a des essais de bouées de détection sonores. Brown servit de fusible mais cet incident soulignait la perte des compétences au sein de la Navy dans l'immédiat après guerre parmi le corps des officiers (supérieurs et subalternes) ...

C'était le Kentucky qui fut sorti de la forme

http://www.navsource.org/archives/01/016607.jpg

Citation :

[…] Brown servit de fusible mais cet incident soulignait […]

Citation :

Le MISSOURI (BB-63) […] mis au sec sur le banc de sable de Timble […] le 20 janvier 1950 ; il sera remis à flot le 1^er février […]. […] a coûté son commandement au CV Brown, qui a plaidé coupable en court martiale. : ambulance:

Débarqué après moins de huit semaines de commandement. Mais s'en est honorablement rétabli : a fini sa carrière comme Vice-Admiral.

PS : Timble = Thimble.

Citation :

[…] fut allégé de plus de 11 000 tonnes pour être sorti de son lit de vase où il fit un sillon de près de 1/2 nautique en creusant une tranchée de presque 2 m au plus loin du chenal.[…]

Onze mille tonnes dans un premier temps (dont 8000 tonnes de mazout) puis délesté de 13500 tonnes (munitions et consommables divers) ; puis 400 tonnes d'eau introduites dans le peak avant ; puis, pour faire relâcher la succion du banc de vase, explosions de charges de 75 livres de TNT de part et d'autre de la coque et destroyers évoluant à grande vitesse le long du bord ; aspiration de la vase sous la coque par des dragues suceuses.
Neuf aussières de traction frappées sur 9 ancres disposées à l'arrière, en éventail, et treuils supplémentaires soudés sur le pont pour permettre de les virer toutes à la fois ; câbles d'acier passés sous la coque à l'arrière tournées sur les treuils de 2 releveurs de sous-marin embossés de part et d'autre ; 16 remorqueurs, dont 11 en traction. Déséchouement réussi en une heure et demi le 1^er février, quelqus minutes avant la pleine mer.[/quote]

Mon chiffre (11 000) cité de mémoire comportait les munitions (charges propulsives et obus) sachant que ces dernière devaient représenter environ 900 à 1100 t - les soutes n'étaient pas pleines.
A noter qu'à cette époque Mighty Mo est le seul cuirassé US opérationnel.

C'est au deuxième essai qu'il est sorti de la vase le premier est un échec avec de surcroît de mémoire un choc sur un épave non répertoriée qui endommage la coque (voie d'eau)

bonsoir
ce qu'il y a de bien, avec Pascal, c'est qu'on apprend toujours quelque chose au sujet de l"US Navy; enfin… moi…
ce n'est sans doute pas sa seule compétence, mais c'est celle qui "m'instructionne" le plus.

Prouesse photographique qui montre les obus de 406 mm du NEW JERSEY (BB-62) à la sortie des bouches lors d'un tir.

DahliaBleue a écrit:

Citation :

[…] Brown

Débarqué après moins de huit semaines de commandement. Mais s'en est honorablement rétabli : a fini sa carrière comme Vice-Admiral.

D'autres sources disent Rear-admiral (contre-amiral) mais peu importe. Dans l'accident, il a perdu 250 lignes dans la liste des capitaines de vaisseau de l'U.S.Navy en attente de commandement. Il a fini étoilé mais n'a plus jamais embarqué par la suite. Il a pris sa retraite le 30 juin 1955 après avoir commandé la flotte de réserve de Floride.
Pendant la Guerre du Pacifique, il s'était illustré comme commandant de l'ex-destroyer GREGORY (classe Wickes) converti en transport rapide APD-3 (commandement : 4 novembre 1940 - 13 décembre 1941), comme premier commandant du NICHOLAS (DD-449, 4 juin 1942 - 26 janvier 1943) de la classe Fletcher, puis comme commandant du DesRon62.
Il est décédé le 11 janvier 1991.

C'est effectivement une belle mise au rencart pour un officier qui selon toute vraisemblance était promis à la plus belle des carrières (commandant du seul BB ops à une époque où la Navy a perdu la plus grande partie de ses bâtiments). Il finit RAdm. comme une volonté de ne pas trop l'humilier ... ou pour prendre aussi en compte que l'accident ne fut pas exclusivement de son fait mais la résultante d'un enchaînement de causes diverses alors qu'il était responsable du bâtiment depuis peu. Il avait hérité d'une situation sans avoir pu encore y apporter sa "touche" de plus le cuirassé sortait d'une période d'entretien, équipage non rodé, affecté à une mission de calibration de bouées sonores peut-être pas si simple que çà ...

pascal a écrit:

C'est effectivement une belle mise au rencart pour un officier qui selon toute vraisemblance était promis à la plus belle des carrières (commandant du seul BB ops à une époque où la Navy a perdu la plus grande partie de ses bâtiments). Il finit RAdm. comme une volonté de ne pas trop l'humilier ... ou pour prendre aussi en compte que l'accident ne fut pas exclusivement de son fait mais la résultante d'un enchaînement de causes diverses alors qu'il était responsable du bâtiment depuis peu. Il avait hérité d'une situation sans avoir pu encore y apporter sa "touche" de plus le cuirassé sortait d'une période d'entretien, équipage non rodé, affecté à une mission de calibration de bouées sonores peut-être pas si simple que çà ...

L'enquête a montré qu'il avait ignoré et dans deux cas au moins rembarré ceux qui lui faisaient remarquer que le Mighty Mo n'était pas à l'endroit voulu et qu'il allait au sec.