[JMSDF] Actualités

Fin octobre 2018 à Yokosuka, le contre-amiral Jimmy Pitts, commandant le 7^e Groupe de Sous-Marins U.S., a embarqué à bord du SEIRYŪ (SS-509), dernier né de la classe SŌRYŪ. Il était accompagné du vice-amiral Takashima Tatsuhiko, commandant la force sous-marine japonaise.


Le CA Pitts avait précédemment visité le centre d’entraînement des sous-marins de la Force Maritime d’Autodéfense à Kure et il avait assisté au lancement de l’ORYŪ, premier SŌRYŪ équipé de batteries lithium-ion. Son Submarine Group 7 gère les opérations sous-marines des 5^e et 7^e flottes U.S.

Le SEIRYŪ et son sister-ship JINRYŪ participaient à l'exercice Keen Sword 2018 avec un SNA de la classe LOS ANGELES.

Lors d'une réunion du Conseil de la Sécurité Nationale, le gouvernement japonais a décidé de prolonger d'un an la mission de la Force Maritime d'Autodéfense contre la piraterie somalienne, mission qui était prévue s'achever le 19 novembre. Dans la conférence de presse qu'il a tenue le matin du 9 novembre, le ministre de la Défense, Iwatsui Takeshi, a expliqué que le fait qu'il n'y ait eu aucun détournement de bateau au large depuis 2015 n'était pas une raison pour interrompre la mission, mais que c'est au contraire parce qu'il y a de telles missions que les pirates sont réduits à l'impuissance.

Le 17 novembre 2018 commence l’exercice de guerre des mines 3JA de guerre des mines. Il est organisé au large d’Okinawa. La 7^e flotte américaine y participera comme d’habitude, et pour la première fois la Marine Royale Australienne. L’exercice vise à entraîner les équipages aux opérations de détection, chasse, dragage et destruction de mines. Il est censé se terminer sur l’ouverture d’un chenal à travers un champ de mines d’exercices.


Côté japonais, les 1^e, 42^e et 43^e divisions de chasseurs de mines aligneront les bâtiments base de dragueurs URAGA (MST-463) et BUNGO (MST-464, en photo), un chasseur de mines océanique MSO, cinq dragueurs côtiers MSC et trois hélicoptères antimines MCH-101.

Les Américains ont envoyé le CHIEF (MCM 14), une équipe mobile de destruction de mines et des hélicoptères. L’Australie a envoyé les chasseurs HUON (M82) et GASCOYNE (M85).

L'exercice durera jusqu'au 28 novembre.

Le samedi 17 novembre 2018, l’IKAZUCHI (DD-107, classe MURASAME), actuellement déployé au large de la Somalie, a mené un exercice de lutte contre la piraterie avec le patrouilleur indien SUNAYNA (P57, classe SARYU). L’exercice s’est limité à la constitution et à la mise en œuvre d’un dispositif de recherche avec les deux navires et l’hélicoptère SH-60K du japonais. Il s’est conclu par le sempiternel PHOTEX des deux navires à partir de l’hélicoptère.

Du 9 au 11 novembre 2018, la Force Maritime d’Autodéfense a participé à l’exercice Michinoku Alert 2018. Organisé dans la région du Tōhoku dont la façade orientale a été dévastée par le tsunami de mars 2011, il avait pour thème l’intervention après un séisme et sous de fortes précipitations. Dans ce genre de scénario, les moyens de communication terrestres sont généralement interrompus. La marine a fait participer le ŌSUMI (LST-4001), ses deux LCAC, un hélicoptère de la 21^e escadrille et un avion de la 2^e escadrille. L’avion a effectué une rapide estimation des dégâts fictifs dans la zone côtière puis les LCAC ont débarqué des équipes de santé et des engins du génie tandis que l’hélicoptère ramenait des blessés vers le ŌSUMI qui dispose d’un bloc opératoire. La Force Terrestre d’Autodéfense, la Force Aérienne d’Autodéfense, les moyens civils des six préfectures du Tōhoku et des organismes ministériels y ont également participé, un des buts de l’exercice étant de roder le déploiement rapide de moyens coordonnés en cas de besoin.

Préparatifs en cours dans la baie de Miho, à cheval sur les préfectures de Tottori et Shimane sur la mer du Japon : du 11 au 14 décembre, un exercice majeur d’évacuation des ressortissants s’y tiendra dans le but d’améliorer l’interopérabilité des diverses autorités et forces armées dans un scénario d’évacuation des ressortissants japonais à l’étranger.


En fait de pays étranger, l’exercice se tiendra sur la base aérienne de Miho (implantée sur l’aéroport de Yonago), dans les gare des Yonago et de Sakaiminato, sur la ligne de chemin de fer et la route qui relient ces deux municipalités, entre la baie et le lac de Nakaumi. Une vingtaine de véhicules et quelque deux cents personnes de la Force Terrestre d’Autodéfense assureront la sécurisation et le transport de ressortissants de Sakaimoto à Yonago. De là, deux CH-47 JA de la Force Aérienne d’Autodéfense les emmèneront du parking de la gare de Yonago jusqu’à bord du porte-hélicoptères HYŪGA. La base aérienne de Miho et le centre de formation qui s’y trouve serviront de centre d’observation et d’enregistrement des opérations en vue du débriefing, sans participer activement au déroulé de ces opérations. Des drones y ont été déployés pour filmer et cartographier les actions et les mouvements. Des représentants du corps diplomatique et du ministère des Affaires étrangères participeront à l’exercice, en plus du personnel des trois forces armées, car eux aussi doivent apprendre à coopérer avec les armées.

La menace censée peser sur les ressortissants japonais à évacuer de ce pays étranger sera jouée par un pseudo-groupe mafieux qui va chercher à s’opposer à l’opération : barrages, blocage de routes, etc. malgré lesquels l’évacuation complète à bord du HYŪGA devra être bouclée en temps limité.

L’article 84 de la loi sur les forces d’autodéfense stipule que les citoyens japonais en danger de mort à l’étranger doivent être protégés et évacués vers un endroit sûr et que les forces armées peuvent y contribuer. L’interopérabilité desdites forces armées s’est montrée largement perfectible, pour ne pas dire inexistante, après le séisme et le tsunami de mars 2011 ; depuis, elle figure en bonne place dans les objectifs d’un bon nombre d’exercices militaires.

Le 7 décembre 2018 vers 6h du matin, un P-3C a identifié à vue le destroyer chinois ZHENGZHOU (DD-151, Type 052C) qui était suivi au radar depuis quelques heures. Il était en train de s’approcher du détroit de Miyako au sud d’Okinawa, en route au sud-est. Le SENDAI (DE-332, classe ABUKUMA), en alerte à Naha, s’est porté à sa rencontre et l’a accompagné à distance pendant qu’il franchissait le détroit. Le ZHENGZHOU a ensuite gagné le large et le SENDAI s’en est retourné.


L'affaire, somme toute banale, a fait l'objet d'une importante couverture médiatique dans la presse chinoise dès le 7.

Le 22 décembre 2018, la Force Maritime d’Autodéfense enverra l’IZUMO et un avion de patrouille maritime P-1 participer à un exercice tripartite avec les marines américaine et britannique. Cette dernière enverra la frégate ARGYLL et l’U.S.Navy plusieurs navires de la 7^e Flotte et un P-8 Poseidon. L’exercice aura lieu au large de Honshū, à l’est du Japon.

C’est la première fois que la Force Maritime d’Autodéfense participe ainsi à un exercice américano-britannique. Le but de cette participation est de vérifier les compatibilités des systèmes de gestion des informations de combat et de transmission des trois marines et d’en entraîner les opérateurs aux procédures de tenue de situation, d’évaluation de la menace puis d’engagement.

Le jeudi 20 décembre 2018, un avion de patrouille maritime Kawasaki P-1 de la Force Maritime d’Autodéfense a été verrouillé par un radar de tir d’un destroyer sud-coréen. Selon le ministère japonais de la Défense, Iwaya Takeshi, l’avion était en train d’établir une situation surface dans la zone d’action des pêcheurs nord-coréens en mer du Japon. Le ministre a rappelé que cet acte était partout considéré comme un acte hostile et a regretté la détérioration des relations entre les deux pays.

Du 20 au 22 décembre 2018, le SAMIDARE (DD-106, classe MURASAME) a fait escale à Kochi en Inde. Plusieurs spécialistes indiens ont pu visiter l’escorteur. Le commandant du bâtiment, celui de la Quatrième Division d’Escorte et celui de l’Équipe Détachée d’Investigation en Somalie des Garde-Côtes du Japon ont été accompagnés par le deuxième secrétaire de l’ambassade du Japon en Inde pour leurs visites protocolaires. Le 21, une délégation de l’équipage du SAMIDARE a visité le Musée Naval Maritime et un centre de formation de la Marine Indienne. La prochaine escale du SAMIDARE est Bahrein. L’escorteur est actuellement déployé contre la piraterie dans le golfe d’Aden.

私 a écrit:

Le jeudi 20 décembre 2018, un avion de patrouille maritime Kawasaki P-1 de la Force Maritime d’Autodéfense a été verrouillé par un radar de tir d’un destroyer sud-coréen. Selon le ministère japonais de la Défense, Iwaya Takeshi, l’avion était en train d’établir une situation surface dans la zone d’action des pêcheurs nord-coréens en mer du Japon. Le ministre a rappelé que cet acte était partout considéré comme un acte hostile et a regretté la détérioration des relations entre les deux pays.

Le vendredi 28 décembre 2018, le ministère japonais de la Défense a mis en ligne une vidéo d’environ 13 minutes tournée pendant l’incident du 20 décembre au cours duquel un Kawasaki P-1 a été illuminé par le radar de tir d’un destroyer sud-coréen. Le ministère, d’habitude peu enclin à diffuser ce genre de séquence, s’est résolu à le faire après que la Corée du Sud a démenti qu’un de ses navires ait pointé un radar de tir en direction de l’appareil japonais. Le ministre de la Défense Iwaya Takeshi a expliqué dans une conférence de presse qu’il voulait que ses concitoyens sachent que les Forces d’Autodéfense n’avaient enfreint aucune règle lors de cet incident.

L’incident avait été révélé le lendemain (21 décembre), rapidement nié et démenti par le ministère sud-coréen de la Défense. Le jeudi 27 décembre, l’incident ayant été monté en épingle par la presse, les deux ministères ont organisé une téléconférence pour en discuter : les Sud-Coréens ont réitéré qu’il ne s’était rien passé. C’est probablement suite à ce déni que le ministère japonais a décidé de rendre publique la vidéo (voir ici le lien vers la page sur le site du ministère).

Celle-ci a été prise par l’équipage du P-1 à l’aide d’un caméscope portatif à travers les hublots de l’avion. Plusieurs passages de la bande son en ont été caviardés pour des raisons de confidentialité. Ceux qui ne l’ont pas été sont sous-titrés (en japonais, sauf les échanges avec la frégate qui sont en anglais).

On y voit le P-1 s’approcher du patrouilleur SAM BONG (n° de coque 5001) des garde-côtes de Corée du Sud occupé à porter secours à ce qui semble être un petit bateau de pêche nord-coréen. Près de lui se tient le destroyer  KWANGGAETO (DDH-971), en route à faible vitesse. Au bout d’environ six minutes, l’équipement ESM du P-1 détecte le radar de tir du destroyer pointé sur l’avion. À plusieurs reprises et sur trois fréquences radio différentes, l’équipage du P-1 signale en anglais (avec accent) qu’il détecte le radar de conduite de tir du destroyer pointé sur lui et demande le but de cette manœuvre. Il n’obtient aucune réponse.


L’incident a eu lieu sur le banc de Yamato, lieu d’affrontement bien connu des pêcheurs nord-coréens avec les garde-côtes japonais. Une « source autorisée » proche du ministère japonais de la Défense a avancé que la Corée du Sud aurait cherché à cacher que ses forces gouvernementales avaient porté assistance à des Nord-Coréens à l’intérieur ou à proximité d’une zone de pêche japonaise.

Réagissant à la publication de la vidéo, un officier sud-coréen a expliqué ce vendredi 28 décembre que les Japonais n’ont pas publié la fréquence du radar et que la vidéo ne saurait constituer une preuve. Il a également déclaré que l’avion avait survolé le destroyer à moins de 150 m d’altitude (altitude minimale de sécurité en survol maritime définie par la Convention de l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile), ce que la vidéo dément.

Inversement, un anonyme japonais au fait des relations nippo-coréennes a déclaré que la Corée du Sud aurait d’abord demandé au Japon d’étouffer l’incident du radar, au moment des faits. Surprise par la divulgation de l’incident le 21 décembre, Séoul aurait alors entamé une campagne de communication pour nier la réalité des faits. La campagne de presse aurait pour but de cabrer l’opinion publique contre la réaction japonaise, présentée comme excessive et biaisée.

Le tout avec les précautions d’usage vu la situation et la nature des sources…

on ne fait pas impunément table rase de 35 ans d'occupation ...

En complément à la diffusion le 28 décembre de la vidéo, le ministère de la Défense a expliqué qu'il ne donnerait aucune information sur la fréquence du radar de tir du destroyer sud-coréen pour ne pas divulguer de renseignement sur les capacités des appareils d'interception électronique.
La même raison avait été donnée pour justifier la non-divulgation d'informations précises sur le radar de tir chinois qui avait illuminé le destroyer YŪDACHI le 30 janvier 2013 dans le secteur des Ryū-Kyū.

Citation :

[…] le ministère de la Défense a expliqué qu'il ne donnerait aucune information sur la fréquence du radar de tir du destroyer sud-coréen pour ne pas divulguer de renseignement sur les capacités des appareils d'interception électronique.
La même raison avait été donnée pour justifier la non-divulgation d'informations précises sur le radar de tir chinois qui avait illuminé le destroyer YŪDACHI le 30 janvier 2013 dans le secteur des Ryū-Kyū. : shaking2:

Au niveau du grand public, on ne lui en demande peut-être pas tant, non plus.

bonjour !
un drôle d incident ?
recréation d une grande Corée , qui ferait peur au japon ?

valdechalvagne a écrit:

bonjour !
un drôle d incident ?
recréation d une grande Corée , qui ferait peur au japon ?

L'incident a été provoqué par un navire sud-coréen, pas par l'avion japonais. Ce qui est nouveau pour ceux qui ne suivent pas l'actualité de la région, c'est la décision du gouvernement japonais d'ébruiter l'affaire. Mais cette décision s'inscrit dans un contexte : depuis l'élection de Moon Jae-in à la présidence de la Corée du Sud (mai 2017), le Japon constate un durcissement de Séoul à son égard et tout un chacun peut également le constater en suivant l'actualité japonaise et coréenne. En particulier ces six derniers mois où les campagnes de presse et les déclarations nippophobes se multiplient à Séoul. La divulgation de l'incident du 20 décembre est peut-être (avis personnel) une première réponse du berger à la bergère, comme on dit, dont le but pourrait être de décrédibiliser auprès de l'opinion publique sud-coréenne certains bombages de torse gouvernementaux (autre avis personnel).
Ceci dit, rien ne dit que l'illumination du P-1 au radar de tir ait été téléguidée depuis Séoul. Elle est peut-être l’œuvre d'un opérateur désœuvré (ou peu au fait des règles internationales) au central opération du KWANGGAETO. De tels incidents se produisent dans d'autres marines.

Subtilité quand tu nous tiens : l'édition coréenne du 31 décembre du quotidien Dong-a Ilbo explique que le vol à basse altitude du Kawasaki P-1 dans les parages du KWANGGAETO le 20 décembre évoquait celui des "kamikazes qui ont attaqué les navires américains à la fin de la guerre".
Rien de moins.

Takagi a écrit:

[…] Dong-a Ilbo explique que le vol à basse altitude du Kawasaki P-1 […] évoquait celui des "kamikazes qui ont attaqué les navires américains à la fin de la guerre".
Rien de moins. : roll:

S'il avait été en radiale nulle sur le destroyer, ça aurait pu se comprendre ;

DahliaBleue a écrit:

S'il avait été en radiale nulle sur le destroyer, ça aurait pu se comprendre

Euh... C'est compliqué de rester en radiale nulle avec un P-1 autour d'un bateau en mouvement...
Par ailleurs, faire ainsi des ronds autour dudit bateau n'est guère menaçant...

L'année commence bien, tiens ! Un lendemain de réveillon difficile, sans doute...

Les infos fuitent au goutte à goutte : le radar que le KWANGGAETO a utilisé pour illuminer le P-1 le 20 décembre 2018 était un STIR-180, le radar de tir du Sea Sparrow.

Citation :

Les infos fuitent au goutte à goutte : le radar que le KWANGGAETO a utilisé pour illuminer le P-1 le 20 décembre 2018 était un STIR-180, le radar de tir du Sea Sparrow. 8 )

On aurait pu penser à une "fausse manip." d'un opérateur radar ; mais pendant près d'un quart d'heure, et après plusieurs appels en phonie, ce n'est même plus une fantaisie du chef de la défense aérienne ni de l'officier de quart opérations ; le commandant est forcément en cause.

En retour, le ministère sud-coréen de la Défense a publié une vidéo de l'incident du 20 décembre. On y voit le Kawasaki P-1 passer au-dessus de la scène.


Je glisse sur les commentaires désobligeants de part et d'autre.

Le jeudi 10 janvier 2019, l’escorteur IKAZUCHI (DD-107, classe MURASAME) est arrivé à Karachi pour une escale de deux jours. Il doit ensuite participer aux exercices AMAN organisés par la Marine Pakistanaise.

Tokyo verrait bien le Charles de Gaulle escaler au Japon ... Une première, habile gesticulation dans cette région sous tension

http://www.opex360.com/2019/01/11/tokyo-souhaite-que-le-porte-avions-charles-de-gaulle-fasse-une-escale-au-japon/

Suite à l'illumination du P-1 par un radar de tir sud-coréen (je vous ai fait grâce de bon nombre d'échanges médiatiques ^*), le gouvernement japonais renonce à envoyer l'IZUMO participer à la prochaine célébration de l'anniversaire des relations entre la République de Corée (du Sud) et l'ASEAN. La célébration doit avoir lieu en Corée du Sud.

^* sauf un : la semaine dernière, le ministère japonais de la Défense a annoncé qu'il ne communiquerait plus sur l'affaire, au vu des réactions d'outre-détroit.