[interarmées] Budgets et Programmes de la Défense

Avec 900 milliards de ¥ pour deux navires, ça double presque le prix estimé de l'Aegis terrestre (500 milliards).
C'est pour ça que l'assemblée s'appelle la Diète : les Japonais vont être mis au régime.

Historiquement, la Diète a souvent été tiède avec le financement militaire notamment pour la Marine surtout dans les années 20 et le tout début des années 30 avant que le Japon ne devienne une dictature militaire de fait

Le cabinet du premier ministre a commencé à travailler sur le correctif budgétaire portant sur la construction de deux nouveaux navires Aegis en remplacement du système antibalistique Aegis Ashore. Ce correctif devrait être intégré au budget 2022 et présenté à la Diète mi-décembre.

Ce 26 novembre 2021, le Cabinet du premier ministre Kishida Fumio a approuvé une demande de rallonge budgétaire de 773,8 milliards de Yens (soit un peu plus de 6 millions d’Euros) sur le budget 2021 de la Défense. Le budget de la Défense connaîtra donc sur cet exercice une septième année de hausse, établissant un nouveau record à environ 5 340 milliards de Yens (41 milliards d’Euros), au-dessus du 1% du PIB.

Sur cette rallonge, la Force Maritime d’Autodéfense se voit allouer :

• 65,8 milliards de Yens pour trois Kawasaki P-1 de patrouille maritime supplémentaires
  
• 1,9 milliards de Yens pour des moteurs de P-1, moteurs nécessaires au maintien de disponibilité de la flotte d’avions,
  
• 8,4 milliards de Yens pour deux systèmes VLS pour les frégates de la classe MOGAMI
  
• 21,7 milliards de Yens pour l’acquisition d’un lot de torpilles légères Type 12, de torpilles lourdes Type 18 (qui doivent remplacer les Type 89) et de missiles à lancement vertical Type 07 (remplaçant nippon de l’ASROC anti-sous-marin américain).
  

Le tout est bien entendu tributaire de l'aval de la Diète.

Le premier ministre japonais Kishida Fumio a expliqué à la presse qu’il allait officiellement demander des budgets pour développer une version navalisée du missile sol-sol Type 12 de la Force Terrestre d’Autodéfense. Il aurait une portée d’environ 1000 kilomètres et serait lancé par sous-marin, soit par les tubes lance-torpilles, soit depuis un système à lancement vertical dont les sous-marins japonais ne sont pas encore dotés. Le but serait de doter le Japon d’un moyen de frappe préventive (ce qui imposerait de faire avaliser par la Diète l’idée d’une « autodéfense préventive » qui irrite les pacifistes) des sites militaires d’un pays menaçant et d’un moyen dissuasif de seconde frappe en cas d’attaque du Japon. Le missile aura également une capacité anti-navire (le Type 12 est un missile sol-mer).


Ce missile devrait être mis en service dans la deuxième moitié de la décennie 2020-2030. Le budget qui va être demandé sur l’exercice 2021 sera de 39,3 milliards de Yens (soit environ 300 millions d’Euros) pour les premières études de développement, portant notamment sur les installations de lancement et sur l’augmentation de portée de l’actuel Type 12.

Il n’y a pas cinquante « pays menaçants » dotés de missiles balistiques à moins de 1000 km de la zone d’opérations des sous-marins japonais.  

Takagi a écrit:

Il n’y a pas cinquante « pays menaçants » dotés de missiles balistiques à moins de 1000 km de la zone d’opérations des sous-marins japonais.

Pas cinquante, bien sûr... disons... deux !
Que racontent les idéogrammes de l'illustration du Yomiuri Shinbun ?

DraniBrut a écrit:

Que racontent les idéogrammes de l'illustration du Yomiuri Shinbun ?

Je pensais que ça se passait de traduction, mais je profite de l'hibernation des marmottes pour vous faire profiter (pour la dernière fois de l'année 2021) des services de traduction du Takagi Shinbun :

Fin décembre 2021, le Cabinet a approuvé le projet de budget de la Défense qu’il va soumettre à la Diète en vue son vote avant le 31 mars. Avec environ 5400 milliards de Yens (41 milliards d’Euros), c’est le huitième budget consécutif à être demandé avec une augmentation par rapport au précédent. Comme les précédents, il couvre les besoins des marchés d’études amont, des développements, des acquisitions de matériel neuf, d’entretien du matériel existant, des rémunérations, des consommables et le coût de stationnement des forces américaines au Japon.

En ce qui concerne la Force Maritime d’Autodéfense et les moyens des autres forces utilisables en mer, on note :

• la construction de cinq navires de surface, à savoir les MOGAMI n°9 et 10, un cinquième navire antimines de la classe AWAJI, un quatrième navire de recherches acoustiques de la classe HIBIKI et un navire océanographique
• la construction d’un sixième sous-marin de la classe TAIGEI
• la construction d’un patrouilleur océanique (OPV, Offshore Patrol Vessel)
• la poursuite de la construction des MOGAMI 5 et 6
• la mise sur cale des MOGAMI 7 et 8 partiellement financées l’an dernier
• la finalisation des études d’un navire de soutien logistique et d’une barge de débarquement pour la Force Terrestre d’Autodéfense
• la commande de trois nouveaux Kawasaki P-1 de patrouille maritime, d’un hydravion US-2 et d’un hélicoptère antimines MCH-101
• la modernisation du centre d’entraînement à terre des équipages des trois UP-3D Orion de guerre électronique de la Force Maritime d’Autodéfense
• les essais en vol d’un drone de surveillance maritime
• les essais en mer et en vol d’un drone embarqué à voilure tournante
• la poursuite de la mise au point des nouveaux drones antimines destinés à la classe MOGAMI et de l’intégration de ceux déjà existants sur d’autres navires
• la commande de quatre F-35B destinés aux IZUMO modernisés, en plus des huit déjà commandés (sur un total annoncé de quarante-deux)
• la poursuite des essais de F-35B américains depuis l’IZUMO
• la commande de missiles SM-6 pour les MAYA et HAGURO
• la modification du radar SPY-6 en vue de son installation à bord des DDG AEGIS pour améliorer (ou créer) leur capacité antibalistique (on note que cette option semble avoir remplacé la construction de nouveaux navires AEGIS évoquée après l’abandon du programme AEGIS Ashore)
• le déploiement d’une garnison permanente sur l’île d’Ishigaki
• l’extension des infrastructures destinées à la maintenance des V-22 américains et japonais sur la base aérienne de Kisarazu
• le début de la construction du site d’entraînement interarmées de l’île de Mageshima

Le développement d’un canon électromagnétique Railgun fait l’objet d’une ligne budgétaire de 6500 milliards de Yens (un peu moins de 50 millions d’Euros) sur le projet de budget de la Défense 2022 récemment soumis à la Diète. Le programme a été lancé en 2016 par l’ATLA (Acquisition, Technology & Logistics Agency), l’agence qui conduit les programmes d’armement pour le ministère de la Défense. L’arme existe sous forme de prototype (photo) utilisé pour des essais ; il ne s’agit pas d’un canon à longue portée mais d’un canon à tir relativement rapide destiné à l’interception de missiles hypersoniques.


L’arme de série devrait tirer au moins un projectile par seconde à une vitesse initiale supérieure à Mach 6 et elle devrait avoir une portée de 2 km. Le prototype a déjà enregistré une vitesse initiale de 2297 m/s soit un peu plus de Mach 6,2. Le programme se donne jusqu’à 2027 pour réduire les besoins en énergie électrique et pour résoudre la question épineuse de l’usure prématurée des rails de lancement due à l’échauffement auquel ils sont soumis. Il restera aussi à tester l’efficacité de l’arme dans le scénario visé, à savoir l’interception d’un missile hypersonique par un projectile lui-même hypersonique, mais dans ce domaine les capacités des radars, des calculateurs de tir et de l’asservissement de l’arme joueront un rôle au moins aussi important que le canon électromagnétique lui-même.

La Russie, la République Populaire de Chine et depuis peu la République Démocratique Populaire de Corée septentrionale développent des missiles hypersoniques.

Le ministère japonais de la Défense va déployer un des radars mobiles de la Force Aérienne d’Autodéfense sur l’île de Kitadaitōjima, une des deux îles Daitō qui sont situées à 200 Nq plein Est de Naha, chef-lieu d’Okinawa. Un autre de ces radars sera ultérieurement déployé dans l’archipel des Ogasawara, encore plus à l’est.

Le but de ces déploiements est de combler un trou dans le réseau des radars de veille installés à terre. Les radars fixes actuels sont installés sur la longue chaîne des Ryū-Kyū mais il n’y en a encore aucun sur les îles isolées situées dans l’Océan Pacifique à l’est des Ryū-Kyū. Un plan d’équipement en ce sens a été lancé en 2018 et se déploie. En attendant qu’il soit achevé, des moyens mobiles de guet aérien (Hawkeye, AWACS) sont utilisés chaque fois que des navires chinois opèrent à l’est des Ryū-Kyū ; la multiplication des sorties chinoises, avec ou sans porte-avions, font qu’une surveillance permanente de l’espace aérien japonais devient nécessaire.


Les radars mobiles de la Force Aérienne d’Autodéfense servent normalement en secours, au cas où les 28 radars fixes de ladite force seraient attaqués.

En décembre 2021, le conseil municipal de Kitadaitō a approuvé à l’unanimité le déploiement du radar. Celui-ci sera installé quand les études de rayonnement seront terminées (l'île est assez densément peuplée). Les autorités locales des Ogasawara ne sont pas aussi enthousiastes : les discussions s’y poursuivent. Pourtant les Ogasawara sont le premier maillon de la « Deuxième chaîne d’îles » qui va des Ogasawara à la Papouasie – Nouvelle Guinée en passant par les Mariannes et Guam et que Pékin considère comme la limite à atteindre de son espace défensif.

Plusieurs articles parus ces derniers jours dans la presse japonaise annoncent que les forces d’autodéfense japonaises vont poursuivre leur équipement en drones aériens et en particulier se doter de drones aériens armés. Comme on pouvait s’y attendre, cette dernière déclaration d’intentions a soulevé éditoriaux et critiques quant à une possible violation de l’article 9 de la Constitution.
Jusqu’ici, seuls les garde-côtes se sont lancés dans un système de drones de surveillance maritime MQ-9B de General Atomics (dont le premier sera déployé à Hachinohe en octobre) et la Force Aérienne d’Autodéfense dans celui du Global Hawk de Northrop Grumman (dont le premier exemplaire est en essais de qualification depuis la mi-mars sur la base aérienne de Misawa). Ces deux types de drones aériens ne sont pas armés dans leurs versions nippones

Au cours de l’année fiscale 2022, qui vient de commencer, la Force Terrestre d’Autodéfense devrait se doter de drones aériens armés. Le prochain Livre Blanc sur la stratégie de sécurité nationale devrait en préciser le rôle et le concept d’emploi. Plus généralement, les premiers essais des drones susdits ont largement démontré aux Japonais qui en doutaient encore de l’intérêt des appareils aériens sans pilote, notamment pour le Japon qui subit des tensions sur le recrutement du personnel de la Défense.

Je vous fais grâce des réactions de la presse chinoise d’obédience…

Le 8 septembre 2022, le ministère de la Défense a annoncé qu’il allait relocaliser et reconstruire la station radio très basse fréquence (VLF) d’Ebino. Cette station VLF, utilisée par la Force d’Autodéfense Maritime pour communiquer avec ses sous-marins en plongée, est aujourd’hui située à Daimeji, village de la municipalité d’Ebino dans la préfecture de Miyazaki (Kyūshū). Les férus de géographie passionnés d’histoire navale savent que le fleuve Sendaï traverse la municipalité sise sur les derniers contreforts orientaux des monts Kirishima. En service depuis une trentaine d’années, la station doit être refaite. Pour ne pas interrompre le service, sa remplaçante sera construite sur un autre terrain dont l’emplacement ne sera connu qu’en 2025, toutes enquêtes et analyses d’impact faites.

Le 2 novembre 2022, le ministère japonais de la Défense a révélé l’existence d’un projet de budget de quelque 48 000 milliards de Yen (soit environ 331 milliards d’Euros) annuels sur les cinq prochaines années. S’il se concrétise, ce plan représentera une augmentation d’environ 70% par rapport aux budgets de ces dernières années. En y incluant le budget des Garde-Côtes du Japon et les budgets étatiques de recherche & développement, l’ensemble représentera 2% du PIB du Japon.

Les documents généraux de sécurité nationale devraient éclairer les détails de ce plan, motivé par les agissements de la République Populaire de Chine et de la République Populaire Démocratique de Corée (du Nord).

La faisabilité de ce projet est cependant très incertain ; le ministère des Finances ne semble pas disposé à donner à son collègue de la Défense tout ce qu’il compte réclamer. Les documents généraux de sécurité, dont le Livre Blanc, sont attendus dans la deuxième quinzaine de décembre.

Takagi a écrit:

[…] un projet de budget de quelque 48 000 milliards de Yen (soit environ 331 milliards d’Euros) annuels sur les cinq prochaines années. S’il se concrétise, ce plan représentera une augmentation d’environ 70% par rapport aux budgets de ces dernières années. En y incluant le budget des Garde-Côtes du Japon et les budgets étatiques de recherche & développement, l’ensemble représentera 2% du PIB du Japon.[…] : marin:

Sachant que le PIB nippon est de l'ordre de 5000 milliards d'€, un budget de ~330 G€, doit plutôt être d'environ 6,6% du PIB.
Ce qui semble effectivement exorbitant.
On peut comprendre la réaction dubitative (sinon d'effarement) du ministère des Finances.

DahliaBleue a écrit:

Sachant que le PIB nippon est de l'ordre de 5000 milliards d'€, un budget de ~330 G€, doit plutôt être d'environ 6,6% du PIB.
Ce qui semble effectivement exorbitant.
On peut comprendre la réaction dubitative (sinon d'effarement) du ministère des Finances.

Erreur de traduction : la somme envisagée sera ventilée sur cinq ans, elle ne sera pas annuelle.

Le 2 novembre 2022, pour la première fois, un ministre de la Défense a assisté au Conseil Consultatif Economique et Fiscal qui se tient régulièrement à la résidence du Premier ministre. Pour l’occasion, Hamada Seiichi était accompagné de plusieurs assistants et conseillers.

Le marché japonais de la Défense représente environ 3000 milliards de Yens (un peu plus de 20 milliards d’Euros), soit beaucoup plus que l’électronique grand public qui est environ de 2000 milliards de Yens. Ce marché est cependant dominé par une quinzaine de grandes entreprises qui, seules, ont les moyens de répondre aux appels d’offres du ministère qui exige toujours d’avoir un interlocuteur unique en face de l’agence d’acquisition de la défense. Ces quinze primo-contracteurs s’adressent ensuite aux fournisseurs de rang 2 pour se procurer bon nombre des systèmes et équipements à installer sur les navires, les avions et les véhicules. Au passage, les quinze compriment les marges de leurs sous-traitants pour maximaliser les leurs (refrain connu dans beaucoup de nations).

Bilan : faute de profitabilité, de plus en plus de fournisseurs se retirent de l’industrie de défense ou menacent de le faire, mettant en risque la chaîne d’approvisionnement des quinze grands. Une centaine d’entreprises l’ont déjà fait. Un bon exemple est l’hydravion Kawanishi US-2, dont la chaîne pourrait ne pas survivre à la fin de la série déjà commandée parce que plusieurs fournisseurs ont annoncé leur intention de se retirer d’un marché aussi restreint que celui du US-2 parce qu’ils n’en dégagent que 1% de marge alors qu’ils pourraient faire dix fois plus sur d’autres gammes de produits.

D’où l’inquiétude et la présence du ministre au CCEF. L’Agence d’Acquisition et de Logistique de la Défense annonce qu’elle va déployer dès l’année prochaine une stratégie de soutien à l’industrie sur trois axes : amélioration des marges garanties, soutien à la recherche & développement des PME, renforcement des exportations d’équipements (par opposition aux exportations de navires, avions ou véhicules complets). Il y a quelques semaines, l’agence a proposé à l’Inde le mât intégré des frégates FFM-30 pour les futures corvettes de la Marine Indienne.

Le ministère de l’industrie n’est pas insensible à la démarche : plus de 90% des sommes consacrées à la Défense profitent à l’industrie nationale.

Takagi a écrit:

(...) Un bon exemple est l’hydravion Kawanishi US-2 (...)

Je me suis laissé entraîner par mon sujet. Les spécialistes de l'ergotage auront bien sûr rectifié : il s'agit de l'hydravion Shin Maywa US-2.

Takagi a écrit:

Le premier ministre japonais Kishida Fumio a expliqué à la presse qu’il allait officiellement demander des budgets pour développer une version navalisée du missile sol-sol Type 12 de la Force Terrestre d’Autodéfense. Il aurait une portée d’environ 1000 kilomètres et serait lancé par sous-marin, soit par les tubes lance-torpilles, soit depuis un système à lancement vertical dont les sous-marins japonais ne sont pas encore dotés. Le but serait de doter le Japon d’un moyen de frappe préventive (ce qui imposerait de faire avaliser par la Diète l’idée d’une « autodéfense préventive » qui irrite les pacifistes) des sites militaires d’un pays menaçant et d’un moyen dissuasif de seconde frappe en cas d’attaque du Japon. Le missile aura également une capacité anti-navire (le Type 12 est un missile sol-mer).

Illustration du Yomiuri Shinbun du 30 décembre 2021

Ce missile devrait être mis en service dans la deuxième moitié de la décennie 2020-2030. Le budget qui va être demandé sur l’exercice 2021 sera de 39,3 milliards de Yens (soit environ 300 millions d’Euros) pour les premières études de développement, portant notamment sur les installations de lancement et sur l’augmentation de portée de l’actuel Type 12.

Il n’y a pas cinquante « pays menaçants » dotés de missiles balistiques à moins de 1000 km de la zone d’opérations des sous-marins japonais.  

Comme le missile type 12M ne devrait pas entrer en service avant 2026 au moins, le Japon envisagerait de passer commande de missiles Tomahawk.

Japan Seriously Considering Tomahawk Cruise Missiles Procurement
https://www.navalnews.com/naval-news/2022/11/japan-seriously-considering-tomahawk-cruise-missiles-procurement/

Le livre sur les Grandes Orientations des Programmes de la Défense Nationale (un des trois grands documents gouvernementaux sur la programmation militaire sur 10 ans) devrait sortir en cette fin d’année.

Selon un article paru dans Kyodo News ce dimanche 4 décembre 2022, le gouvernement envisagerait (au conditionnel) de multiplier par pratiquement trois les batteries d’intercepteurs antibalistiques basées dans le secteur des Ryū-Kyū, d’ici mars 2032. Ces unités de lance-missiles antibalistiques devraient passer de quatre à onze. Parmi les sept nouvelles, six seraient implantées dans la préfecture d’Okinawa (archipel des Ryū-Kyū) et une sur Amami-Ōshima dans le sud-ouest de la préfecture de Kagoshima.

Sept autres unités de lance-missiles antiaériens de la Force Terrestre d’Autodéfense devraient être dotées d’une capacité antibalistique. A cette fin, les missiles antiaériens à moyenne portée Type 03 seront modifiés pour acquérir cette capacité antibalistique. Les Type 03 devraient commencer à être modifiés pendant l’année fiscale 2026, être produits en 2029 et entrer en service en 2032.

Une autre grande orientation, déjà connue, prévoit de doter les forces japonaises d’une capacité de frappe en retour contre les bases de lance-missiles balistiques ennemies. Le ministère pense en effet que les seuls missiles antibalistiques ne suffiront pas à suivre suffisamment rapidement les évolutions prévisibles des missiles russes, chinois et nord-coréens. Comme il a déjà été dit, cette capacité de frapper des bases n’ayant pas encore lancé de missiles contre le Japon suppose une modification de la Constitution de 1947.

PALEZ a écrit:

Comme le missile type 12M ne devrait pas entrer en service avant 2026 au moins, le Japon envisagerait de passer commande de missiles Tomahawk. [...]

C'est confirmé : le Japon devrait commander 400 à 500 exemplaires du missile Tomahawk, livrables sous cinq ans et majoritairement destinés à la Force Maritime d'Autodéfense.
Le Japon achète des missiles américains pour ne pas devoir attendre les siens, il développe des missiles ASM parce que les USA sont incapables de leur vendre un remplaçant de l'ASROC, il développe des missiles air-surface et surface-surface parce que les USA ne peuvent pas livrer assez de Harpoon... Si on était ailleurs qu'au Japon, on insisterait sur les vertus de l'indéginisation des matériels de guerre.

Takagi a écrit:

[…]  les USA sont incapables de leur vendre un remplaçant de l'ASROC, […]  les USA ne peuvent pas livrer assez de Harpoon… […] : mrgreen:

"incapables" // "ne peuvent pas" //
Manquent de moyens industriels ?   Priorité à l'Ukraine ?
Volonté de ne pas provoquer l'Empire du Milieu ?

DahliaRose a écrit:

"incapables" // "ne peuvent pas" //
Manquent de moyens industriels ?   Priorité à l'Ukraine ?
Volonté de ne pas provoquer l'Empire du Milieu ?

L'Ukraine n'a rien à y voir. Toutes les décisions (sauf celle du Tomahawk) sur ces programmes ont été prises il y a des années et ont été motivées par les désalignements des calendriers US de production avec les besoins japonais.

Ce vendredi 16 décembre 2022, le Japon a fait un pas de plus vers une refonte en profondeur de sa politique de défense. Les deux principales mesures envisagées par les trois grands documents gouvernementaux sur la défense sont de se doter d’une capacité de frapper les bases ennemies et de quasiment doubler – excusez du peu – le budget annuel de la défense en cinq ans.

Pour la première fois depuis 1946, le Japon aurait le droit d’attaquer en 2023 un pays étranger « en cas d’urgence », c’est-à-dire en dernier recours et pour arrêter une attaque sur le Japon. Notez que le gouvernement ne parle plus de « frappe préventive » comme il le faisait depuis des mois. Pour éviter d’être qualifié de va-t-en-guerre, le gouvernement ne pourrait déclencher une telle « frappe en retour » qu’en stricte autodéfense, c’est-à-dire que si le Japon est déjà (ou a déjà été) attaqué, qu’à condition qu’il n’existe pas d’autre moyen d’arrêter l’attaque, et à condition que la réponse soit proportionnelle à l’attaque.

Les Grandes Orientations sur la Politique de Défense à Long Terme, que le premier ministre Kishida met à jour cette année pour la première fois depuis 2013, expliquent que la défense antimissile ne pourra jamais garantir la sécurité du Japon, et que le contexte sécuritaire vis-à-vis de la République Populaire de Chine, de la République Démocratique de Corée et de la Fédération de Russie, n’a jamais aussi tendu et incertain.

Alors que le budget de la défense tourne depuis des années autour de 1% du PIB, il passerait progressivement à 2% sur l’exercice 2023-2028. En 2027, le budget atteindrait les 8900 milliards de Yens, à comparer aux 5200 milliards de Yens aujourd’hui. L’effort serait compensé par des coupes budgétaires dans d’autres domaines et par une augmentation des taxes.

Je vous fais grâce des réactions pékinoises à la présentation par le premier ministre de ces changements annoncés.

Il se dit dans le monde des voilures tournantes que la dernière génération de pilotes d’hélicoptère est déjà née. Le document ministériel sur la stratégie de renforcement de la défense, publié en janvier 2023 comme support du plan d’investissement sur cinq ans, explique que les Forces Terrestres d’Autodéfense vont remplacer leurs hélicoptères d’attaque et d’observation, qualifiés d’obsolètes, par des appareils sans pilotes.

Ladite Force va voir sa flotte d’hélicoptères d’attaque constituée d’une cinquantaine de Bell AH-1 Cobra (dont le remplaçant piloté a été un temps à l’étude mais a été abandonné) et douze Boeing AH-64 Apache, ainsi que sa flotte d’hélicoptères d’observation (trente-sept Kawasaki OH-1 et une centaine de Hughes OH-6D Cayuse) par un nombre adéquat d’engins sans pilote. Ce remplacement se traduira par la disparition d’un millier de postes sur les tableaux d’effectifs, ce qui n’est pas sans intéresser le ministère de la Défense.

Les seuls hélicoptères de la Force Terrestre d’Autodéfense qui devraient rester pilotés sont ceux de transport Boeing CH-47 Chinook, Fuji UH-1 (qui vont être remplacés par d’ici 2027 par des Subaru UH-2 dérivés du Bell 412EPI) et Sikorsky UH-60.

Du côté de la Force Maritime d’Autodéfense, les neuf escorteurs restants des classes ASAGIRI, HATAKAZE et ABUKUMA ainsi que les ex-escorteurs transformés en navires écoles par douze nouvelles frégates de la classe MOGAMI, plus sobres en effectif et plus automatisées. Le nombre prévu de Kawasaki P-1 de patrouille maritime devrait être revu à la baisse, les derniers étant remplacés par des drones de surveillance maritime.

Bonjour, je vais, surement, moi-aussi, formuler une interrogation de béotien, mais en cas de conflit ouvert généralisé,  avec trois ou quatre missiles à longue portée bien ciblés, même, sans l'usage de l'arme nucléaire, les centres de commande et de pilotage de ces drones pourraient, eux-mêmes, être mis hors de combat.

Si on se réfère à l'actuel conflit russo-ukrainien, l'aviation russe semble rester prudemment "à l'abri" - côté ukrainien, il n'existe, désormais, plus grand-chose - et, en ce qui concerne les blindés, on n'engage, désormais, le plus souvent, que des vieilleries, dans le rôle d'appui-feu. A terre, actuellement, ce ne sont plus que des combats "à l'ancienne", avec de l'infanterie et de l'artillerie de campagne traditionnelle (l'armée russe ayant, là-aussi, pour le moment, l'avantage du nombre).

L'importance des stocks existants de missiles portables et autres et leur efficacité avérée ont quasiment "immobilisé" l'aviation et réduit, à minima, le déploiement de blindés sur le terrain! Il suffit de se référer au bilan moyen de la défense anti-aérienne ukrainienne, qui dézingue, allégrement, à la louche, 1 missile sur trois lancés, actuellement, par les Russes, soit 30% de pertes, un bilan beaucoup trop lourd et coûteux, pour engager des appareils avec équipage!

Ce n'est pas par hasard, non plus, que les Russes ciblent, actuellement, le réseau de distribution électrique ukrainien - hors les centrales nucléaires! - et les installations de stockage de carburant et de gaz, car toutes les installations radars et centres de calculs de tir sont tributaires de la fourniture d'énergie électrique - c'était, déjà, le cas, mais à un degré moindre durant la WW2! -.  Certes, les installations militaires névralgiques disposent d'installations de secours, groupes électrogènes, etc. mais leur autonomie reste limitée.

Dans le contexte actuel, tout en espérant que le conflit ne se généralise pas - certain(e)s représentant(e)s européen(ne)s me faisant peur avec leurs "moulinets guerriers"! -, çà risque fort de déboucher, comme aux échecs, sur un "pat"! L'Ukraine ne tenant que par le biais de l'essentielle fourniture militaire américaine, la "fin de la partie" sera très sûrement sifflée par la Maison Blanche, car, à un moment, le montant de la "facture", même étalée sur 15 ans, va s'avérer très lourd.  Jusqu'à présent, contrairement aux "Zeuropéens", les Américains se sont contentés pour l'essentiel, de "taper" dans leur monumental stock de matériels militaires, mis en réserve ou sous "cocon", depuis plus de 20 ans, sans pour autant entamer leur parc "récent" en service.  Au passage, çà leur ouvre, aussi, une porte pour passer de nouveaux contrats de fournitures et, ainsi, renouveler leurs matériels, au grand bonheur des firmes nationales contractantes.

Certains se sont "pignoler", en France, à l'occasion de la livraison de 18 canons Caesar, or, quelques puissent être leurs réelles performances, en face, les Russes alignent 3000/3500 pièces d'artillerie de campagne de tous calibres, et, entre temps, nous avons été contraints d'indemniser le Maroc, destinataire initial de 12 Caesars, et fourguer, en sus, 10% de notre maigre parc national. Dans l'hypothèse d'une éventuelle fourniture de chars Leclerc, dont la production et la mise à niveau ont été arrêtées (!) en 2008, sur un parc de 220 véhicules, nous n'avons, à ce jour, qu'un peu plus de 90 exemplaires en état plus ou moins opérationnel!