[interarmées] Budgets et Programmes de la Défense

Le vendredi 30 août 2019, le ministère japonais de la Défense a formulé sa demande budgétaire pour l’année fiscale 2020, qui commence en avril 2020. Si cette demande est satisfaite, le budget de la Défense sera le plus élevé depuis l’arrivée au pouvoir de Abe Shinzō en 2012 : 5 320 milliards de Yens (45,7 milliards d’Euros) pour commencer à traduire dans les faits les grandes Orientations des Programmes de la Défense Nationale remises à plat l’année dernière.

Selon les méthodes de classement, les forces japonaises d’autodéfense se classent entre le quatrième et le sixième rang mondial, ce qui n’empêche pas de devoir les modifier en profondeur pour faire face aux nouvelles formes de menace apparues ces dernières années, selon le ministère. Des nouveaux domaines de défense doivent être développés, notamment ceux de la cybersécurité et de l’espace.

Parmi les postes de dépense envisagés dans le projet de budget, on relève :

• 201 milliards de Yens de financement des forces américaines stationnées au Japon, dont 152 milliards pour les salaires des Japonais employés par les Américains, les approvisionnements énergétiques et les déplacements américains pour les besoins de leur entraînement
  
• 21,9 milliards de Yens pour l’entretien et la modernisation des infrastructures militaires (dont les logements des familles des militaires)
  
• 26,9 milliards de Yens pour les assurances sociales et la couverture santé des militaires.
  
• 84,6 milliards de Yens pour l’achat des six premiers F-35B, livrables en 2024 (les quarante-deux appareils prévus devant être échelonnés entre 2020 et 2030)
  
• 3,1 milliards de Yens pour l’arrêt technique de l’IZUMO ; cet arrêt technique sera mis à profit pour remplacer les feux et signalisation avia ainsi que le revêtement thermique du pont d’envol. Les essais qui seront menés avec des F-35B probablement américains ou avec les premiers F-35B japonais décideront des autres modifications à apporter.
  
• 31 milliards de Yens pour trois F-35A, dont une deuxième escadrille de dix appareils va être constitué l’an prochain à Misawa
  
• 12,2 milliards de Yens pour l’achat de systèmes antibalistiques Aegis Ashore (sans qu’aucun budget ne soit demandé pour la construction d’infrastructures, ce qui signifie que le déploiement de ces systèmes n’interviendra pas l’an prochain)
  
• 52,4 milliards de Yens pour des équipements spatiaux, la création et l’équipement d’une unité de surveillance de l’espace et l’entraînement aux USA de son personnel
  
• 23,8 milliards de Yens pour le renforcement des moyens de cybersécurité (un concours de hacking figure sur le projet du ministère)
  
• la création en 2022 d’une unité de la Force Aérienne d’Autodéfense chargée de la mise en œuvre des drones RQ-4 Global Hawk et basée à Misawa
  
• 2,8 milliards de Yens pour des moyens de défense contre les drones qui devront être installés sur toutes les bases.
  

Les coûts liés à la relocalisation sur Guam d’une partie des Marines actuellement stationnés sur Okinawa ne sont pas encore affichés ; ils devraient l’être avant la fin de l’année civile.

Rappelons que, pour l’année fiscale en cours, le ministère avait demandé environ 5 300 milliards de Yens et que la Diète n’en a accordé que 5 260.

Takagi a écrit:

[…] Rappelons que, pour l’année fiscale en cours, le ministère avait demandé environ 5 300 milliards de Yens et que la Diète n’en a accordé que 5 260.

… bof… pas si éloigné que ça de la demande (à 0,8 % près).

Le vendredi 20 décembre 2019, le gouvernement japonais a bouclé et communiqué le projet de budget de la Défense qu’il entend soumettre à l’approbation de la Diète. Pour la septième année consécutive, ce budget (encore prévisionnel) est en hausse et se monte à 5310 milliards de Yens, soit environ 43,8 milliards d’Euros. La hausse cumulée depuis 2012, date de l’arrivée au pouvoir de Shinzō Abe, est de 13%. Par rapport à 2018, elle est de 1,1%.

Les principales menaces prises en compte sont la Chine et la Corée du Nord. Ce budget est marqué par une hausse des achats aux USA en réponse aux exigences du président Trump visant à combler le déficit commercial américain vis-à-vis de son allié nippon.


Parmi les dépenses envisagées, on relève :

• 79,3 milliards de ¥ pour la commande des six premiers F-35B à décollage court ; ils seront assemblés au Japon pour réduire les coûts et assurer un transfert de savoir-faire
• 28 milliards de ¥ en recherche & développement portant sur le successeur du chasseur Mitsubishi F-2 (photo) qui devrait commencer à être retiré du service vers 2030. Il se pourrait que cet appareil soit développé conjointement avec un autre pays, au moins en partie, mais aucune décision n’a encore été prise. Seule certitude : le moteur de l’avion sera japonais.
• 3,1 milliards de ¥ pour la première tranche des travaux de conversion de l’ZUMO pour qu’il puisse mettre en œuvre les F-35B ; un ski-jump ne sera pas (ou pas encore) installé. Le KAGA suivra plus tard, après l’année fiscale 2020.

Reste à obtenir l'approbation de la Diète.

Lors d'une conférence de presse du mardi 16 juin, le ministre japonais de la Défense a annoncé que son pays renonçait au déploiement des deux systèmes antibalistiques AEGIS Ashore inscrits au budget depuis 2017. Plusieurs raisons ont été invoquées, parmi lesquelles le coût sans cesse croissant du missile SM-3 et le risque de voir retomber sur des zones habitées le propulseur largable du missile. La levée de ce dernier risque a fait l'objet de modifications logicielles qui n'ont pas abouti.

Au-delà de la légitime question des retombées d'accélérateurs de missiles sur des zones habitées, l'abandon de l'AEGIS Ashore pourrait tenir aux fréquents échecs des essais menés ces dernières années.

Le Livre Blanc de la Défense, publié cette semaine, dresse un tableau chiffré de l’année fiscale écoulée (1^er avril 2019 – 31 mars 2020) pour les forces aériennes :

• 3 V-22 Osprey ont été commandés
• Le nombre d’avions de patrouille maritime Kawasaki P-1 a augmenté de 5 unités
• parallèlement, le nombre de P-3C a diminué de 5, ramenant le nombre d’appareils en parc à 50
• 5 F-35A ont rallié la Force Aérienne d’Autodéfense, portant le total à 17
• parallèlement, 8 F-4EJ et EJ-Kai ont été retirés du service, ramenant leur nombre à 26, et 4 Phantom de reconnaissance F-4E ont été retirés du service de sorte qu’il n’en reste que 2
• l’attrition du parc d’hélicoptères vieillissants s’est aggravée : il ne reste que 52 AH-1S sur les 55 de l’année précédente, il ne reste que 14 OH-6D suite au retrait du service de la plupart des unités, le nombre d’UH-1J a diminué de 3 unités et est désormais de 124
• le UH-X, co-développé avec Bell pour remplacer les hélicoptères Bell en cours de retrait, se poursuit.

Spécialement pour les kanjicapés : le ministère japonais de la défense a publié un résumé du livre blanc de la défense 2020 en français.
Inutile de l'imprimer : c'est écrit très très petit. En revanche, sur écran, quand on zoome, c'est très lisible.

Pour ce qui est des commandes de matériels plus ou moins directement liés à la Force Maritime d'Autodéfense, le Livre Blanc prévoit :

• l'acquisition de trois Kawasaki P-1 de patrouille maritime
• la grande révision de sept P-3C
• l'achat de sept hélicoptères SH-60K
• la modernisation de deux SH-60K pour leur conférer la capacité Recherche & Sauvetage
• les grandes visites de trois SH-60K et deux SH-60J
• la grande visite d'un OP-3C
• la grande visite d'un EP-3C
• la construction des frégates FFM n°5 et 6
• les grands arrêts techniques de sept escorteurs et la commande prévisionnelle des équipements pour en faire cinq autres l'an prochain
• la construction d'un sous-marin d'un type nouveau
• les arrêts techniques de trois sous-marins et la commande des équipements pour sept autres
• la commande du quatrième bâtiment antimines de la classe AWAJI
• la mise en service des premiers drones Global Hawk
• la première modification de l'IZUMO en vue de la mise en œuvre du F-35B
• achat de drones de défense sous-marine
• modification du missile antinavires ASM-3 pour en augmenter la portée
• développement d'un nouveau véhicule amphibie

Une des dernières décisions du gouvernement de Shinzō Abe avant que celui-ci annonce sa démission pour raison de santé a été d'augmenter les effectifs budgétaires de la Force Maritime d'Autodéfense. Actuellement définis à 43 000 postes, ils vont progressivement passer à 45 000. La première augmentation sera demandée au budget 2021.

Selon plusieurs sources autorisés habilement fuitées dans la presse, le gouvernement japonais envisagerait de construire de nouveaux destroyers AEGIS pour compenser l'abandon du programme basé à terre AEGIS-ashore. Le dispositif antibalistique serait complété par l'installation de puissants radars à terre (on parle du SPY-7 de l'AEGIS-ashore) et par un meilleur maillage interconnecté des moyens existants.

Fuites organisées pour tester les réactions de l'opinion publique et des partis ? Fuites calculées en vue des élections internes au parti libéral en vue de la nomination du futur premier ministre ? Réponse à l'intention de Pékin de doubler le nombre d'ogives nucléaires de l'Armée de Libération Populaire ?

Les 3 mon général !
Le maillage par liaisons de données (L22 ?) des bâtiments avec une détection à terre est intéressant un lointain cousinage avec l'Arsenal Ship ?

Quelques détails en anglais, dans cet article de notre correspondant Japonais:

Japan’s Ruling Party Submits Proposal To Japanese Government On Future Of Missile Defense
On August 4, 2020, Japanese Prime Minister Shinzo Abe received the recommendations report of the "Missile Defense Study Team" of the Liberal Democratic Party (LDP) which is Japan's ruling party.
The recommendations can be divided into two broad categories:
-Strengthening Integrated Air and Missile Defense (IAMD)
-Improving deterrence in the U.S.-Japan alliance as a whole
...
While the deployment of Aegis Ashore has been suspended, the contract for the radar has not been cancelled. So the question remains about the use of the SPY-7 radar and it has been raised by Japanese politicians.
...
Deploying SPY-7 as an early warning radar on Pacific islands such as Iwo Jima (known in Japan as Iwo To) would effectively address these situations. In addition, in light of U.S. Indo-Pacific Command commander Adm. Phil Davidson’s comments to reporters that he hopes to deploy Aegis Ashore to Guam by 2026, the SPY-7 is expected to serve as a forward sensor for this Aegis Ashore site. In this case, if Japan decides to redeploy the Aegis Ashore, the Raytheon SPY-6 could be selected as its radar. The SPY-6 was previously defeated by the SPY-7 in the Japanese Aegis Ashore radar competition, but there is persistent criticism from Japanese politicians and experts that the SPY-6 should have been introduced in light of the cooperation with the US forces.
https://www.navalnews.com/naval-news/2020/08/japans-ruling-party-submits-proposal-to-japanese-government-on-future-of-missile-defense/

En fait de "nouveau destroyer AEGIS", le gouvernement japonais envisagerait de construire des navires spécialisés pour missiles antibalistiques. Ceux-ci ne seraient que de simples lance-missiles mobiles, sans être des destroyers polyvalents à vocation première antiaérienne. Ils seraient moins chers à construire. Un autre intérêt de ces nouveaux navires serait de supprimer le risque de voir retomber sur des zones habitées les boosters de missiles tirés depuis la terre. Enfin, un lance-missile mobile serait moins exposé à des frappes préventives qu'un site fixe. Le radar SPY-7 resterait à terre, ce qui suppose d'améliorer et de durcir les moyens d'échange de données entre le site radar et les navires en mer.

Cette option "de séparation" de 「イージス・アショア」 (AEGIS-ashore) consistant à ne plus colocaliser les radars et les lance-missiles sera présentée à la Diète fin septembre pour, en théorie, une prise de décision avant la fin de l'année portant sur une inscription au budget de la Défense 2021.

Autre possibilité, présenter les deux options : de nouveaux destroyers AEGIS dérivés des DDH actuels ou des navires lance-missiles antibalistiques. La suite quand le gouvernement dépose son projet de budget à la Diète ?

私 a écrit:

En fait de "nouveau destroyer AEGIS", le gouvernement japonais envisagerait de construire des navires spécialisés pour missiles antibalistiques. [...]

Il y a quatre ans, Ingalls avait proposé un tel type de bâtiment : radar AEGIS embarqué et cellules à lancement vertical pour les missiles antimissiles dans la section centrale, le tout sur une coque dérivée de celle d'un navire de transport.

En cherchant un peu, on trouve même plusieurs concepts de BMD Ship proposés par Ingalls, avec ou sans radar SPY :

• avec SPY embarqué (image du précédent message)
  
• sans SPY embarqué mais avec un autre radar antimissile à antenne plane orientable

Les caractéristiques de ces projets US sont dans les pages au bout des liens. Dans les deux cas, l'armement principal est constitué de 16 cellules VLS pour missiles anibalistiques... sur une coque de quelque 23 000 tonnes à pleine charge dérivée de celle d'un LPD.

Le gouvernement japonais compte demander à la Diète l'achat de missiles JSM (Joint Strike Missiles) à la firme norvégienne Kongsberg Defense Systems. Ces missiles antinavires ont une portée de 100Nq s'ils volent entièrement à basse altitude ou de 300Nq s'ils sont tirés et effectuent une partie de leur vol à moyenne altitude ; ils ont une capacité d'appui sol limitée à la bande littorale sans relief marqué. Les JSM a été conçu pour le F-35A norvégien et tient à l'intérieur de ses soutes d'armement. Les premières livraisons au Japon seraient demandées pour l'année fiscale 2021, soit au plus tard le 31 mars 2022. L'Australie (et bien sûr la Norvège) s'est déjà portée acquéreur du JSM norvégien.

Lors de sa réunion du 17 septembre 2020, le Conseil de Défense du Parti Libéral-Démocrate a proposé de renforcer les capacités d’intervention dans le secteur sud des Ryū-Kyū. Il s’agirait d’accroître les capacités de l’aérodrome de Shimojima et celles du port de Yonaguni. Jusqu’ici, la préfecture d’Okinawa dont ces îles relèvent a toujours refusé l’utilisation de l'aérodrome de Shimojima par les forces armées, qu’elles soient japonaises ou américaines. L'île de Shimojima est juste à côté de celle de Miyako.

Il s’agirait également de doter certains patrouilleurs des Garde-Côtes du Japon de radars de veille air afin qu’ils puissent détecter les drones chinois. Les garde-côtes pourraient d’ailleurs recevoir d’anciens navires de la Force Maritime d’Autodéfense reconvertis en patrouilleurs, avec leurs radars.


Divers travaux de génie maritime seraient enfin au programme pour simplifier et sécuriser la navigation des navires japonais à proximité des Senkaku : phares, radiobalises, appontements ou quai, etc.

Le susdit Conseil, qui n’est qu’une des commissions de députés du PLD, soumettra ses propositions au cabinet du nouveau premier ministre Suga Yoshihide la semaine prochaine. Certaines de ces propositions pourraient finir aux oubliettes, voire ne serviraient qu’à tester la détermination du premier ministre.

L’idée d’un navire anti-balistique dérivé d’un navire de transport semble avoir fait son temps : elle a été très critiquée par les spécialistes défense du Parti Libéral Démocrate, un tel navire n’ayant pas de capacité d’autoprotection contre les drones, les sous-marins et les unités de surface alors qu’il est appelé à œuvrer dans des eaux passablement encombrées. En lieu et place, le gouvernement s’orienterait vers la construction de nouveaux destroyers Aegis, dérivés de la classe MAYA dont le radar SPY-1 aurait été remplacé par un SPY-7.

Info à prendre avec les pincettes baguettes d’usage, et info à suivre…  

Les choses avancent. Le 27 novembre 2020, le gouvernement japonais a déclaré travailler sur la modification de son « esquisse du Plan de défense » (qui sert de support au projet de budget de la Défense demandé pour l’année fiscale 2021) et son « Plan de développement des capacités de défense à moyen terme » qui planifie les acquisitions sur cinq années glissantes. Deux nouveaux destroyers Aegis y seront inclus, en remplacement du système Aegis Ashore. Lesdits plans et la demande budgétaire seront soumis à la Diète mi-décembre.

Les deux nouveaux bâtiments devraient coûter quelque 500 milliards de Yens, soit environ quatre milliards d'Euros au cours actuel. Cela représente une augmentation de 25% par rapport aux deux de la classe MAYA.

Le 12 décembre 2020, gouvernement japonais a apporté les derniers ajustements à la demande budgétaire qu’il va déposer à la Diète pour approbation. Les principales rallonges demandées par rapport à l’année précédente, dont certaines ont déjà été annoncées, portent sur :

• Les premiers travaux de recherche et développement sur les deux nouveaux destroyers AEGIS devant suppléer à l’abandon du programme AEGIS Ashore d’intercepteurs antibalistiques terrestres
• Les travaux de recherche et développement sur le chasseur furtif F-3, héritier du démonstrateur ATD-X et futur remplaçant du F-2
• Un programme de satellite d’observation militaire devant être lancé en 2026
• Le report d'un an de la modernisation du F-15J pour qu’ils puissent tirer des missiles de croisière air-sol à longue portée, modernisation qui s’avère plus coûteuse que prévu. Le gouvernement préfère reporter les dépenses en attendant de revoir le montant total de ce programme.

Bilan : le total atteint les 5340 milliards de Yens, soit 30 milliards de plus que l’année dernière. S’il est accepté, ce projet de budget marquerait la neuvième augmentation consécutive. Le dernier point de cette liste en quatre points ne va cependant pas manquer de servir d’angle d’attaque à l’opposition : il montre que le budget de modernisation du F-15J n’avait pas été correctement chiffré ou, en termes politiques, que le gouvernement avait soumis à la Diète un budget sous-estimé.

Le Japon envisage de participer au programme américain HBTSS (Hypersonic Ballistic Tracking Space Sensor, capteur spatial de poursuite des missiles balistiques hypersoniques). Ce système qui n’existe pas encore devrait comprendre un millier de petits satellites dotés de capteurs à infrarouge ; le Japon pourrait construire et lancer une partie de la constellation. L’intérêt pour le Japon serait de ne pas être entièrement tributaire de la politique américaine sans avoir à financer un système complet.


Le système actuel, également à base de satellite à senseurs infrarouge, ne sert qu’à la détection précoce. Il envoie ses détections au sol (ou en mer) d’où les radars de poursuite et de trajectographie prennent le relais. Quand ils ont des éléments suffisamment précis, ils les passent aux stations de lance-missiles et à leurs radars de poursuite. Dans certains cas, ce séquencement est trop lent contre des missiles hypersoniques. Grâce à leurs systèmes de transmission, à la triangulation 3D que ces transmissions permettent et à la précision accrue de leurs capteurs et de leurs systèmes de positionnement, les satellites du HBTSS pourront à la fois servir à la détection et à la trajectographie, avant de transmettre directement des informations aux radars de tir, sans passer par l’étape des radars de trajectographie.

Selon l’agence de presse Kyodo, la Force Terrestre d’Autodéfense devrait se doter en 2024 d’une mini-flotte de navires de transport destinée au ravitaillement en vivres, munitions et carburant des garnisons des îles du sud des Ryū-Kyū. Il s’agirait de trois navires de transport : un de 2000 tonnes et deux de 400 tonnes. Les ŌSUMI (seuls navires de transport de la Force Maritime d'Autodéfense) sont surdimensionnés pour les missions de ravitaillement des garnisons de Miyako et Yonaguni, les ports de ces îles ne peuvent pas les accueillir et le ministère de la Défense est réticent à faire appel à des transporteurs civils (qui sont des car-ferries) pour les allées de venues des missiles, pièces détachées, et autres transports sensibles parce que ces transporteurs n’ont aucune obligation à maintenir leurs services en cas de menace de conflit.

Une demande budgétaire en ce sens a été déposée le 12 février 2021. Ce n'est pas la première fois qu'on entend parler de l'acquisition de navires par l'armée de terre ; j'en avais déjà parlé dans la rubrique sur La force amphibie japonaise (voir Dim 03 Juin 2018, 16:45). À plus long terme, et sous réserve que l’idée en soit acceptée par la Diète, la future Force de Transport Maritime de la Force Terrestre d’Autodéfense pourrait se doter d’autres unités de manière à gagner en souplesse de réaction.


 

Comme il a déjà été dit, le gouvernement japonais a décidé de construire deux nouveaux navires Aegis pour remplacer le système Aegis Ashore dont l’idée a été abandonnée fin 2020. Il ne s’agira pas de simples plateformes lance-missiles dérivées ou non de navires de transport : ces deux navires devront avoir toute la panoplie de systèmes qui leur permettront de se défendre contre les attaques de surface et sous-marines, en plus du SPY-7 et des missiles antiaériens et antibalistiques.

Les antennes du SPY-7 étant plus grandes que celles du système Aegis des destroyers existants, il semble évident que les futurs navires ne seront pas des répliques de la classe MAYA. Outre ce fait objectif, divers bruits ont couru dans la presse, appelant tantôt à un élargissement de la coque par rapport aux MAYA pour en augmenter le nombre de missiles, tantôt à son allongement pour compenser l’élargissement…

L’appel d’offres (« avis complémentaire 03-1 n°6 ») émis le 9 avril 2021 par la direction des approvisionnements du ministère de la Défense ouvre une voie alternative à cette course au gigantisme (tout relatif, hein ! on n’est pas en train de revivre la gestation des Yamato). Ledit appel d’offres sera en effet ouvert aux entreprises « ayant une expérience récente de la conception et de la fabrication de navires multicoques ».

Peut-être verrons-nous un jour un trimaran nippon, version agrandie de certains avant-projets des frégates de la classe 30FFM mais nettement plus armée.  

Un article du Yomiuri Shinbun de jeudi dernier (29 avril 2021) revient sur les raisons qui pourraient inciter le ministère de la Défense à préférer la formule du multicoques pour les futurs navires Aegis : meilleure insensibilité à la houle, pas besoin d’une vitesse élevée, grande surface du pont, possibilité de faire appel à un constructeur expérimenté dans le monde des catamarans et des trimarans (de nombreux ferries japonais ont adopté cette architecture), espoir de quelques économies par rapport à un escorteur militaire conventionnel.

Il n’y a là rien qui ne soit déjà connu, mais une confirmation que l’externalisation du design vers un chantier privé est une possibilité. Peut-être le gouvernement essaie-t-il d’échapper au monopole dans lequel se trouve Mitsubishi H.I. depuis que son bureau d’étude de navires militaires a pris le contrôle de celui de Mitsui.