[interarmées] Budgets et Programmes de la Défense

Le jeudi 1^er octobre 2015, un nouveau service a été créé au sein du ministère japonais de la Défense : le Bureau des Matériels de la Défense.

Fort de 1800 personnes (1400 civils et 400 personnes des forces d’autodéfense), ce bureau est subdivisé en départements chargés de conduire les programmes d’armement, de gérer les approvisionnements de la défense, d’effectuer une veille technologique sur les matériels étrangers et de mettre en place une stratégie de recherche & développement.

Le gouvernement attend de ce bureau qu’il optimise les activités qu’il vient de se voir transférer et qu’il permette de réduire les coûts des matériels militaires.

Parmi les 1400 civils, il y a même un service de 20 contrôleurs dont la mission est de lutter contre la corruption…

Le vendredi 18 décembre 2015, le cabinet du premier ministre japonais a approuvé une demande budgétaire supplémentaire de 39,1 milliards de Yens (soit un peu moins de 300 millions d’Euros au taux actuel).

Cette demande (qui reste à faire approuver par la Diète) est censée couvrir plusieurs dépenses.

La première concerne le déménagement de la base des US Marines d’Atsugi à Iwakuni. Ce déménagement, initialement prévu être achevé en 2014, a glissé de trois ans. Cette base sert au Carrier Air Wing 5 qui est le groupe aérien du porte-avions américain stationné au Japon et qui devra être redéployé à Iwakuni « dès 2017 ». Le budget prévu par le gouvernement japonais porte essentiellement sur l’extension de l’emprise de la base d’Iwakuni et sur la construction d’infrastructures. L’agglomération de Yokosuka ayant atteint les abords de la base d’Atsugi, le bruit des avions américains a fait l’objet de plusieurs plaintes de la part des habitants. Le déménagement de la base vers Iwakuni devrait voir la population américaine de celle-ci doubler pour atteindre les 10 000 personnes. Les Japonais habitant à proximité de la base d’Iwakuni ont déjà lancé et gagné une action en justice contre le bruit de la base (où sont déployés des F/A18 et des AV8B) : en octobre, ils ont obtenu un dédommagent collectif de 558 millions de Yens mais n’ont pas réussi à bloquer le transfert à venir du Carrier Air Wing 5.


La demande budgétaire prévoit également 900 millions de Yens (6 840 000 €) pour la remise en état d’une soixantaine d’hectares de terrains de l’ancien Camp Foster d’Okinawa, restitué à l’état japonais en mars 2015, ainsi que 300 millions de Yens (2 230 000 €) pour la remise à niveau du tarmac de la base de Kadena, elle aussi située à Okinawa.

Une autre partie enfin couvrira l’achat de matériels d’intervention en cas de catastrophe naturelle et de lutte contre le terrorisme, destinés aux forces d’autodéfense.

La demande sera présentée en janvier à la Diète pour approbation et inscription au budget 2016. Le parti du premier ministre est majoritaire à la Diète.

Takagi a écrit:

Le vendredi 18 décembre 2015, le cabinet du premier ministre japonais a approuvé une demande budgétaire supplémentaire de 39,1 milliards de Yens (soit un peu moins de 300 millions d’Euros au taux actuel).
Cette demande (qui reste à faire approuver par la Diète) est censée couvrir plusieurs dépenses.
La première concerne le déménagement de la base des US Marines d’Atsugi à Iwakuni. Ce déménagement, initialement prévu être achevé en 2014, a glissé de trois ans. Cette base sert au Carrier Air Wing 5 qui est le groupe aérien du porte-avions américain stationné au Japon […].

Le budget étasunien n'y participe donc pas ?

Citation :

[…] La demande budgétaire prévoit également […] 300 millions de Yens […] pour la remise à niveau du tarmac de la base de Kadena, elle aussi située à Okinawa. […] : cascoojos: : tele:

Même pas pour Kadena (budget étasunien ) ?

Ce n'est tout de même pas la faute des Américains s'ils ont été obligés de s'installer au Japon... Il n'ont pas à tout payer !

Takagi a écrit:

Ce n'est tout de même pas la faute des Américains s'ils ont été obligés de s'installer au Japon… Il n'ont pas à tout payer ! : DD

Et puis c'est aussi une façon pour les Nipponais de participer à leur propre défense…

DahliaBleue a écrit:

Et puis c'est aussi une façon pour les Nipponais de participer à leur propre défense…

Exactement ! Ça fait partie des accords bilatéraux de défense (et ça évite que des Américains deviennent propriétaires fonciers d'une installation militaire sur le sol japonais…)

Le 24 décembre 2015, le cabinet du premier ministre japonais a approuvé une demande budgétaire de 5 541 milliards de Yens (soit environ 42 milliards d’Euros au taux du jour) pour le ministère de la Défense, en augmentation de 1,5% par rapport à l’année dernière. C’est la quatrième année consécutive que le budget de la Défense augmente, suite aux décisions prises en 2010 et 2011 par les prédécesseurs de Shinzō Abe et visant à renforcer la surveillance et les moyens d’intervention dans les îles du sud de l’archipel.


Parmi les mesures inscrites au budget 2016, on note la commande de :

• quatre V-22 Osprey (44,7 milliards de Yens),
  
• onze blindés amphibies AAV-7 (7,8 milliards),
  
• trente-six véhicules de manœuvre et de combat MCV (25,5 milliards),
  
• l’aménagement de nouveaux sites sur l’île de Miyako (19,5 milliards),
  
• six chasseurs F-35A (108,4 milliards),
  
• dix-sept hélicoptères SH-60K,
  
• une première tranche d’acquisition de drones RQ-4 Global Hawk,
  
• une tranche du programme d’acquisition d’avions ravitailleurs KC-64A Pegasus
  

la poursuite du développement de :

• l’avion de transport Kawasaki C-2,
  
• un destroyer AEGIS (173,4 milliards),
  
• le douzième sous-marin type SŌRYU (63,6 milliards)
  

ainsi que 176,6 milliards de Yens pour le déménagement et la reconversion des bases américaines de Henoko et Futenma. Onze milliards de Yens servent à compenser la dépréciation du Yen par rapport au Dollar afin de pouvoir honorer les commandes passées aux USA.

Il reste à faire approuver cette demande par la Diète avant la fin du mois de mars.

En août 2015, le ministère de la Défense a lancé un programme visant à remplacer quarante-six SH-60J et trente-neuf SH-60K embarqués sur les escorteurs de la Force Maritime d’Autodéfense. Le but est de déployer quatre-vingt hélicoptères à partir de 2022.

L’amélioration visée porte surtout sur les capacités de lutte ASM en eaux côtières.

Compte tenu des délais, l’appareil sera vraisemblablement un dérivé modernisé du SH-60K construit sous licence par Mitsubishi H.I., avec un système de combat entièrement nouveau et de conception japonaise.

Le mardi 19 juillet 2016, les autorités américaines ont donné leur feu vert à l’exportation vers le Japon de quatre V-22 Osprey et de 246 missiles antiaériens SM-2 Block IIIB, entre autres matériels. Les quatre Osprey viennent s’ajouter aux cinq déjà commandés l’année dernière et sont prévus être livrés dans les quatre prochaines années. Les missiles RIM-66M-09 SM-2 Block IIIB doivent équiper les quatre KONGŌ et les deux ATAGO ainsi que, à terme, les deux autres DDG AEGIS en commande (dont l’exportation des systèmes VLS de lancement vertical vient également d’être autorisée).

Dans le cadre du plan de renforcement de la défense des îles méridionales décidé en 2013, le gouvernement japonais a lancé le 12 août 2016 le programme de développement d’un nouveau missile terre-navire. Une première tranche budgétaire a été inscrite au budget demandé pour 2017. Le nouveau missile devrait avoir une portée de 300km et être mis en service en 2023. En croisière, la navigation s’effectuera au GPS, le radar n’étant dévoilé qu’au dernier moment (paramétrable). Le missile doit pouvoir être mis en œuvre à partir de camions.

La portée de 300km mettra les îles Senkaku à portée de la plupart des îles des Ryūkyū méridionales.

Le samedi 20 août 2016, le ministère japonais de la Défense a inscrit un budget de 76 milliards de Yens (environ 670 millions d’Euros) pour la construction d’un sous-marin de la classe SŌRYŪ. La mise sur cales doit intervenir pendant l’année fiscale 2017 et la livraison en 2021.

Le sous-marin devrait porter le numéro de coque SS-510. Son nom n’est pas encore connu. Il sera la dixième unité de la classe SŌRYŪ qui devrait, à terme, en compter douze. Avec les dix OYASHIO (sans compter le onzième converti en navire-école), la Force Maritime d’Autodéfense disposera alors de vingt-deux sous-marins opérationnels.

Le mercredi 1^er septembre 2016, le ministère japonais de la Défense a déposé sa demande budgétaire pour l’année fiscale 2017. La somme demandée s’élève à 5 170 milliards de Yens, soit environ 44,7 milliards d’Euros. S’il est accepté par la Diète, ce budget marquera un record : il sera en augmentation pour la cinquième année consécutive, après une décennie de restrictions et de coupes en tout genre.

Les principaux programmes qui devraient être lancés l’an prochain concernent un nouveau système antimissile, la poursuite de la mise à niveau des missiles surface-air des destroyers de la Force Maritime d’Autodéfense, de leurs systèmes de gestion de combat et de communications, la mise en chantier d’un sous-marin, l’achat de chasseurs F-35 et le lancement d'un nouveau programme de missiles sol-mer à portée accrue. D’autres programmes (V-22, P-1, US-2, véhicules amphibies, montée en puissance d'unités amphibies, etc.) lancés les années précédentes devraient être maintenus au rythme prévu.

La défense des îles isolées et la protection contre les missiles nord-coréens justifient cette hausse budgétaire, selon la ministre de la Défense.

Northrop Grumman a décroché un contrat de 14 millions de dollars pour la modernisation des E-2D Hawkeye japonais. Les travaux auront lieu aux États-Unis et devront être terminés en avril 2019.

Takagi a écrit:

Le mercredi 1^er septembre 2016, le ministère japonais de la Défense a déposé sa demande budgétaire pour l’année fiscale 2017. La somme demandée s’élève à 5 170 milliards de Yens, soit environ 44,7 milliards d’Euros. S’il est accepté par la Diète, ce budget marquera un record : il sera en augmentation pour la cinquième année consécutive, après une décennie de restrictions et de coupes en tout genre.[…] : study:

Cela reste-t-il néanmoins en dessous de la fameuse limite constitutionnelle du "1%" du PNB ?

La "fameuse limite constitutionnelle de 1% du PNB" est un mythe. Elle n'a jamais été inscrite dans la constitution où elle n'a d'ailleurs rien à faire. Cherchez cette limite dans la constitution : si vous la trouvez, mentionnez où. Limiter le budget à 1% du PNB est une décision politique.
Ceci dit, 5 170 milliards de Yens pour la défense sur un PNB de 491 000 milliards de Yen, ça fait 1,05%.

@Takagi

Cet essor de la Marine japonaise et cet effort budgétaire me rappellent (toute proportion gardée entendons-nous bien) les efforts énormes consentis notamment à partir du 3e plan national de rééquipement de la Marine de 1937 puis les projets délirants des 5e et 6e face aux différents Acts votés par le Congrès en 1940 après l'armistice franco-allemand.
En 2016 le nouvel "ennemi hypothétique" serait donc la marine de l'APL ?

pascal a écrit:

Cet essor de la Marine japonaise et cet effort budgétaire me rappellent (toute proportion gardée entendons-nous bien) les efforts énormes consentis notamment à partir du 3e plan national de rééquipement de la Marine de 1937 puis les projets délirants des 5e et 6e face aux différents Acts votés par le Congrès en 1940 après l'armistice franco-allemand.
En 2016 le nouvel "ennemi hypothétique" serait donc la marine de l'APL ?

Le Japon est un des pays les plus transparents en matière d'équipement militaire. L'article 60 de la constitution de 1947 prévoit que le budget (tous postes confondus) doit être soumis au vote de la Diète avant le début de l'année fiscale. Pour accompagner ses projets de budgets (= demandes budgétaires) de la Défense lors de ce passage à la Diète, le gouvernement publie chaque année en japonais mais aussi en anglais un Livre Blanc de la Défense (Defense White Paper) que l'on peut consulter sur le site du Ministère de la Défense : http://www.mod.go.jp/e/publ/w_paper/index.html

Le Livre Blanc 2016 liste les contextes dans lesquels les forces d'autodéfense sont amenées à conduire les missions que le gouvernement attend d'elles : la protection de la métropole face à la menace nord-coréenne, le désengagement progressif (mais net dans le temps) de l'US Navy, etc. L'APL n'est pas présentée comme "l'ennemi hypothétique" mais son spectaculaire renforcement et, surtout, la politique agressive du gouvernement chinois constituent une des évolutions contextuelles pérennes depuis quelques années. C'est à cause de ça que le Japon a décidé d'implanter de petites garnisons, des stations radar ou des site lance-missiles dans les Ryū-Kyū, qui étaient restées pratiquement vides de forces armées japonaises depuis leur restitution en 1973 puisque que la menace, russe et nord-coréenne, était alors censée venir du nord. C'est également pour pouvoir intervenir en cas d'intrusion chinoise sur les îles isolées que la Force Terrestre d'Autodéfense développe son unique régiment amphibie et que la Force Maritime d'Autodéfense développe ses capacités d'opération interarmées.

Le prétendu "essor" de la marine japonaise est pour l'instant limité à l'augmentation de la flotte sous-marine (passage de 16 à 22 sous-marins sur une dizaine d'années). La flotte de surface reste constituée de huit flottilles d'escorteurs comptant chacune quatre escorteurs, remplacés nombre pour nombre quand ils arrivent en fin de vie, d'une flottille de ravitaillement et d'une flottille de transport (amphibie).

Takagi a écrit:

[…] Le prétendu "essor" de la marine japonaise est […]. La flotte de surface reste constituée de huit flottilles d'escorteurs comptant chacune quatre escorteurs, remplacés nombre pour nombre quand ils arrivent en fin de vie, […] : study:

Cette terminologie inclut-elle bien les frégates et les destroyers, y compris les DE, les DDG et les DDH ?

DahliaBleue a écrit:

Takagi a écrit:

[…] Le prétendu "essor" de la marine japonaise est […]. La flotte de surface reste constituée de huit flottilles d'escorteurs comptant chacune quatre escorteurs, remplacés nombre pour nombre quand ils arrivent en fin de vie, […] : study:

Cette terminologie inclut-elle bien les frégates et les destroyers, y compris les DE, les DDG et les DDH ?

Oui comme je l'ai expliqué dans la rubrique sur les DDH.
La marine japonaise ne s'encombre pas des typologies ineptes entre frégates et destroyers, et n'appelle plus aucun de ses navires "destroyer". DD, DDG, DE, DDH sont des escorteurs. Leur nom est éventuellement complété par une caractéristique : escorteur porte-hélicoptère.

Le ministère japonais de la Défense prévoit de faire construire huit grands escorteurs (destroyers) pour la Force Maritime d’Autodéfense dans les quatre années fiscales 2018, 2019, 2020 et 2021, ce qui revient à doubler le rythme de remplacement de ce type de navires par rapport au rythme actuel.

Pour ce faire, le ministère envisage de ne passer qu’un appel d’offres pour l’ensemble des huit destroyers. Cela suppose une entente entre les chantiers pour, d’une part, tenir les délais (aucun chantier n’a la capacité à construire seul huit destroyers en quatre ans) et d’autre part pour garantir des rentrées de trésorerie aux chantiers qui n’auront pas été retenus : ils agiront en sous-traitants de celui qui aura remporté l’appel d’offres.

Le processus de sélection des chantiers a été lancé le 15 février 2017. Les candidats pressentis pour la construction des grandes unités sont Mitsubishi Heavy Industries, le consortium IHI Japan Marine United, et Mitsui Engineering & Shipbuilding Co. Le ministère met en place un système de cotation des réponses aux appels d’offres ; ce système englobe les prix proposés, l’aptitude à tenir les délais, la robustesse des processus industriels et l’aptitude à effectuer l’entretien lourd des navires après leur mise en service. Dans le nouveau schéma industriel, les « petits » chantiers pourraient se voir attribuer la construction des bâtiments de guerre des mines et l’installation de certains équipements militaires sur les grosses unités dont le gros œuvre aurait été assuré par de plus grands chantiers. Le ministère espère réduire de 30 à 45% le prix unitaire des huit destroyers selon leur technicité.

Les grandes lignes du projet de budget 2017 de la défense japonaise concernant la Force Maritime d’Autodéfense :

• développement d’un nouveau missile surface-air à longue portée
  
• mise à niveau d’une partie de la flotte de P-3C
  
• prolongation (service life extension) de trois P-3C de manière à maintenir le nombre d’avions de patrouille maritime
  
• prolongation de 4 hélicoptères SH-60J/K
  
• prolongation d’un OP-3C
  
• acquisition de nouveaux hélicoptères embarqués (modèle en cours de sélection)
  
• prolongation de 5 destroyers
  
• achat de composants pour 6 destroyers en vue de leur prolongation
  
• construction d’un sous-marin
  
• prolongation de 3 sous-marins de la classe OYASHIO
  
• achat de composants pour 6 sous-marins en vue de leur prolongation
  
• construction d’un bâtiment anti-mines océanique (troisième unité de la classe AWAJI)
  
• construction d’un navire de surveillance océanique (troisième unité de la classe HIBIKI)
  
• acquisition de nouveaux missiles antinavires Type 12
  
• développement d’une version améliorée du missile antinavire Type 12
  
• développement d’un nouveau missile air-mer pour les avions de patrouille maritime
  
• acquisition (par la Force Aérienne d’Autodéfense) de quatre V-22
  
• acquisition (par la Force Aérienne d’Autodéfense) de six hélicoptères CH-47JA embarquables
  
• modernisation des LST classe ŌSUMI
  

Les destroyers concernés par les prolongations (effectives ou prévues) sont 5 unités de la classe ASAGIRI, 4 de la classe ABUKUMA, 1 de la classe HATAKAZE et 1 de la classe KONGŌ.

Il reste à faire voter le budget par la diète...  

Takagi a écrit:

Le ministère japonais de la Défense prévoit de faire construire huit grands escorteurs (destroyers) (...) espère réduire de 30 à 45% le prix unitaire des huit destroyers selon leur technicité.

Selon l'agence de presse Reuters, les huit destroyers concernés par ce programme seraient des navires d'environ 3000t, ce qui est moins que les classes AKIZUKI et ASAHI (~5000t). Selon moi puisque Reuters n'en parle pas, les huit nouveaux navires pourraient être les destroyers compacts annoncés par le précédent gouvernement.

Un petit résumé des mesures prévues au budget japonais de la Défense pour 2017 tel qu'il a été voté par la Diète (limité à ce qui concerne de près ou de loin la marine) :

Aéronavale :

• Mise à niveau de quinze radars montés sur P-3C
  
• Prolongation de service de trois P-3C
  
• Prolongation de service de quatre SH-60
  
• Prolongation de service d’un OP-3C
  

Marine :

• Prolongation de service de neuf escorteurs (cinq arrêts techniques pour modernisation + achat d’équipements pour quatre autres arrêts qui auront lieu l’année prochaine) : cinq DD classe ASAGIRI, deux ABUKUMA, un HATAKAZE et un KONGŌ
  
• Construction d’un sous-marin
  
• Prolongation de service pour neuf sous-marins de la classe OYASHIO (trois arrêts techniques + commandes pour six autres)
  
• Construction du troisième bâtiment antimines de la classe AWAJI
  
• Construction du troisième bâtiment de surveillance acoustique de la classe HIBIKI
  
• Poursuite du développement d’un nouveau missile surface-air à longue portée
  
• Développement d’une version améliorée du missile air-surface Type 12
  
• Poursuite de la remise à niveau des bâtiments de débarquement classe ŌSUMI
  
• Poursuite de la mise à niveau antibalistique des DDG (modernisation d’un ATAGO)
  
• Poursuite de la participation au développement du missile antibalistique américain SM-3 Block IIA et commande d’un lot de ces missiles
  
• Prolongation de service de quatre LCAC
  
• Achat d’équipements en vue de la prolongation de service de deux ravitailleurs classe TOWADA
  
• Achat d’équipements en vue de la modernisation ASM (multistatique) de trois destroyers classe AKIZUKI
  
• Achat d’équipements en vue de la modernisation du système de commandement du HYŪGA
  

Programmes des autres armées pouvant être mis en œuvre à partir des navires de la Force Maritime d’Autodéfense ou en coopération avec elle :

• Modernisation des hélicoptères CH-47JA
  
• Achat de six nouveaux CH-47JA
  
• Achat de quatre V-22
  
• Achat de onze véhicules amphibies AAV7
  
• Remplacement progressif des réseaux de transmission de chaque armée par un réseau standardisé, distribué et reconfigurable
  
• Développement pour la Force Terrestre d’Autodéfense d’une nouvelle liaison tactique interopérable avec celles des autres armées japonaises et américaines
  
• Achat de deux avions d’essais Citation 680A destinés à tester les systèmes de radionavigation et de radiocommunication des bases aériennes
  
• Achat de drones RQ-4B Global Hawk
  
• Création de la Brigade à Déploiement Rapide
  

… et pas mal d’autres postes budgétaires (personnel, formation, infrastructures, déploiements extérieurs, participation à des manœuvres internationales, programmes de coopération, etc.)

Les « prolongations de service » correspondent peu ou prou aux grandes IPER et autres arrêts techniques majeurs visant à restaurer le potentiel des unités jusqu’à l’arrêt majeur suivant.

À peine nommé, le nouveau ministre de la défense Onodera Itsunori va s’attaquer à un vaste chantier : bâtir l’argumentaire qui pourrait faire passer à la Diète l’acquisition d’une capacité de frappe préventive contre les bases à terre d’une puissance menaçante. L’affaire ne sera pas facile : depuis la fin de la Guerre du Pacifique, la Diète et le gouvernement japonais se sont abstenus de doter les Forces d’Autodéfense de matériel pouvant être perçu comme offensif, limitant l’acquisition de matériel à un strict besoin défensif en cas d’attaque du territoire. La grande revue de la politique de défense sera présentée à la Diète à l’été 2018 de manière à être conclue à temps pour l’adoption du budget de l’année fiscale 2019 (qui commence le 1^er 2019).

L’idée n’est cependant pas neuve : dès 1956 et la création des Forces d’Autodéfense, le premier ministre de l’époque, Hatoyama Ichiro, déclarait devant la Diète : « Nulle part dans la Constitution il n’est écrit que nous devions tranquillement attendre de subir des destructions si quelqu’un s’avisait de nous attaquer. » L’idée est revenue à la une de l’actualité ces derniers temps, notamment à cause des tirs de missiles balistiques nord-coréens. Depuis son arrivée au pouvoir, le premier ministre Abe Shinzō ne fait pas mystère de son intention de permettre – légalement dans un premier temps, militairement dans un second – au Japon d’effectuer des « frappes défensives préventives » au titre d’une « défense proactive » qui fait des remous dans la société et dans la presse nippones.

Pour Abe Shinzō, de telles frappes préventives tombent dans le périmètre d’une action défensive si elles sont dirigées contre quelqu’un qui affiche clairement son intention d’attaquer le Japon ou de lancer contre lui un missile balistique. En mars dernier, cinq mois avant d’être nommé ministre, Onodera Itsunori avait suggéré que le Japon devait se doter de telles armes face à la menace nord-coréenne. Jeudi dernier, lors de son premier conseil des ministres, Abe lui a demandé de travailler sur une refonte en ce sens de la politique de défense.

Une fois le parlement acquis à l’idée, en supposant qu’il le soit un jour, il restera à trouver l’équipement ad’ hoc. Certains membres de la coalition au pouvoir demandent le déploiement de missiles de croisière Tomahawk sur les grands bâtiments et les sous-marins de la Force Maritime d’Autodéfense.

Si l’idée passe à la Diète, ce qui n’est pas assuré, l’acquisition de cette nouvelle capacité d’action pourra commencer au titre du programme de Défense 2019-2023. Le gouvernement va très probablement inclure une enveloppe budgétaire en ce sens dès 2019, enveloppe qui sera discutée en même temps que le Livre Blanc proposant la fameuse refonte de la politique de défense. Rendez-vous vers septembre 2018 pour le début des discussions qui promettent d’être houleuses, dans la Diète comme dans la rue.