[interarmées] Budgets et Programmes de la Défense

Poussé par l’opposition parlementaire, le gouvernement japonais a confirmé le 27 février la quantité de missiles Tomahawk qu’il compte commander aux Etats-Unis. Une première tranche devrait porter sur 400 missiles ; elle devrait être inscrite au budget 2023 pour équiper les navires de la Force Maritime d’Autodéfense en 2026-2027.

L’année fiscale 2023 commence le 1^er avril. Le budget doit être approuvé en mars. Ces Tomahawk permettront d’attendre la mise en service du futur missile de croisière Type 12 dans la prochaine décennie.

Après les Garde-Côtes du Japon, la Force Maritime d’Autodéfense va tester des drones télépilotés MQ-9B Sea Guardian du constructeur américain General Atomics Aeronautical Systems, Inc. (GA-ASI).


Ces tests évalueront les possibilités d’intégration du MQ-9B, pilotés depuis la terre mais pouvant échanger des données avec les navires, aux systèmes de force de la marine. Le radar de recherche du MQ-9B est équipé d’un système d’imagerie ISAR (Inverse Synthetic Aperture Radar) qui permet de classifier à distance les navires détectés. En cas de doute, le drone peut s’approcher et utiliser ses caméras jour / nuit à haute définition pour préciser l’identification des navires. Toutes les pistes repérées, renseignées des données ou vidéos de la piste, seront transmises en temps réel aux unités de la Force ainsi qu’aux garde-côtes qui effectueront une corrélation entre lesdites pistes et la situation surface étendue qu’ils établissent à partir des données AIS et des données transmises par leurs patrouilleurs et leurs avions. Le drone lui-même dispose d’un capteur AIS qui sera intégré au concentrateur des garde-côtes et qui permet au système de poursuite du drone d’effectuer lui-même des corrélations de pistes sur des milliers de Nautiques carrés. Le ministère de la Défense attend une démultiplication de la capacité de tenue de situation surface sans grever les effectifs autant que le ferait une solution à base d’avions de patrouille maritime Kawasaki P-1.

Des articles récemment parus dans la presse nippone ont évoqué une possible réduction du parc objectif de P-1. Une partie des missions actuellement dévolues aux P-3C Orion pourrait être reprises par des MQ-9B, les P-1 se réservant les missions ASM, les missions incluant la mise en œuvre des armes et celles effectuées dans les zones de crise ou de guerre.

Takagi a écrit:

Poussé par l’opposition parlementaire, le gouvernement japonais a confirmé le 27 février la quantité de missiles Tomahawk qu’il compte commander aux Etats-Unis. Une première tranche devrait porter sur 400 missiles ; elle devrait être inscrite au budget 2023 pour équiper les navires de la Force Maritime d’Autodéfense en 2026-2027.[...]

Il s'agit de Tomahawk Block 5, d'une portée de 1600 km. Ils armeront les destroyers Aegis dont les VLS vont être modifiés à partir de 2024 pour permettre leur lancement.

Le développement du missile de croisière à longue portée (1000 km) dérivé du Type 12 est inscrit au budget 2023. Il devrait équiper d'abord les sous-marins, auxquels il confèrera une capacité d'action contre la terre qu'ils n'ont pas aujourd'hui. Le développement est prévu prendre fin en 2027.

Article difficilement intégrable à une rubrique existante… Je le mets ici.

Le Japon devrait prochainement étendre de manière significative la liste des pays autorisés à importer son matériel de défense. Des députés de la coalition au pouvoir viennent de remettre un rapport préconisant une redéfinition ou ne extension des trois grands principes qui régissent actuellement les exportations japonaises de matériel de défense, à savoir :

• Le Japon ne peut pas exporter de matériel de défense vers des nations engagées dans un conflit armé.
  
• Le Japon peut exporter du matériel de défense vers une nation qui a été envahie en violation des lois internationales, ou qui est menacée de l’usage de la force armée
  
• Le Japon ne peut exporter de matériel de défense que si ce transfert contribue à la paix entre les nations ou s’il renforce la coopération dans les domaines de la sécurité et de la défense avec les alliés du Japon.
  

En application de ces principes, le Japon a fourni à l’Ukraine des gilets pare-balles après avoir ajouté cette nation à la liste des pays agréés.

Les pays auxquels le Japon est lié par des contrats de développement internationaux de matériel de défense devraient être ajoutés à la liste (par exemple l’Italie et le Royaume-Uni qui développent avec le Japon leur futur chasseur furtif). Les futurs clients de cet appareil devraient également pouvoir être ajoutés à la liste, moyennant le respect de certains critères.

Les auteurs du rapport préconisent aussi de permettre l’exportation vers toute nation non susceptible d’utiliser ce matériel contre les Forces d’Autodéfense, contre les ressortissants et les biens matériels japonais. Par exemple, les réacteurs des chasseurs F-15J pourraient être revendus à l’Indonésie ou à d’autres nations.

Enfin, les catégories de matériels de défense (de matériels de guerre, dirions-nous) pourraient être étendues. Elles sont actuellement limitées :

• à la guerre des mines
  
• au matériel de transport
  
• au matériel de reconnaissance ou de patrouille
  
• au matériel de suivi de situation
  
• au matériel de sauvetage.
  

On note que les gilets pare-balles n’entrent dans aucune de ces catégories. Ils ne sont pas considérés comme du matériel de guerre, vu que la police, les garde-côtes et les convoyeurs de fonds en utilisent. Leur exportation vers l’Ukraine a demandé une autorisation de la Diète.

Le jeudi 31 août 2023, le ministère japonais de la Défense a annoncé qu’il comptait demander le budget le plus élevé de l’après-guerre : 7700 milliards de Yens (soit environ 48,87 milliards d’Euros), en nette augmentation (+12%) par rapport à l’an dernier. Parmi les principales commandes nouvelles, on compte :

• La création et la construction d’un état-major interarmées permanent fort de 240 personnes et qui sera implanté dans le quartier d’Ichigaya de Tōkyō (pù se trouve déjà le ministère)
  
• La commande des deux nouveaux DDG AEGIS devant entrer en service en 2027 et 2028
  
• L’accélération des travaux sur les missiles longue portée mer-sol actuellement en développement à partir du Type 12 mer-mer
  
• La mise au point d’un missile contre les engins hypersoniques antinavires en phase balistique, ces missiles devant armer tous les DDG AEGIS
  
• L’augmentation des stocks de munitions
  
• La commande de navires et d’hélicoptères de transport pour pouvoir évacuer rapidement les populations des îles qui se trouveraient menacées d’invasion ou de bombardement par l’Armée Populaire de Libération chioise.
  

Le mercredi 13 septembre 2023, à la suite de son remaniement ministériel, le premier ministre Kishida a confirmé que l’effort budgétaire en faveur de la Défense serait maintenu.

En termes de missiles, et outre la commande de 400 Tomahawk Block V, pas moins de huit programmes de missiles seront financés :

• JASSM-ER (Extended Range) d’une portée de 900 km dont 50 exemplaires devraient être commandés pour les F-15J
  
• JSM de fabrication norvégienne, d’une portée d’environ 500 km et destiné aux F-35A
  
• missiles Type 12 à portée accrue (1000 km) dont la première version sol-mer devrait commencer à être produite avant fin mars 2023 et dont les versions air-mer et mer-mer devraient suivre pour armer les chasseurs F2 et les frégates FMM
  
• un démonstrateur de missile supersonique, finissant sa course en plané après avoir largué son propulseur pour des raisons de furtivité thermique, préparerait une future version opérationnelle pour laquelle on annonce une portée de l’ordre de 2000 km
  
• un missile hypersonique (Mach 5) devrait être développée en deux versions, l’une lancée par sous-marin et l’autre depuis des rampes terrestres, la première devant être opérationnelle en 2027
  
• l’amélioration capacitaire des Type 12 (ajout de guidage infrarouge, amélioration des contre-mesures) devrait entrer en service dans les lanceurs terrestres vers 2030.
  

La construction de nouveaux dépôts de munitions est également prévue dans le sud et le centre de l’archipel (les dépôts datant de la Guerre Froide avaient été localisés au nord). Le Japon devrait disposer de pas moins de 130 dépôts de munitions à terme.

Il devient compliqué de suivre tous ces programmes ainsi que ceux précédemment annoncés...

Takagi a écrit:

[…] Il devient compliqué de suivre tous ces programmes ainsi que ceux précédemment annoncés… : study:

C'est le moins que l'on puisse dire.
Je me demandais si mes neurones ne commençaient pas à se raréfier…