MARINE INDONESIENNE

Le néerlandais DSNS (Damen Schelde Naval Shipbuilding) et l’indonésien PT PAL ont terminé l’installation et les essais industriels du système de combat de la frégate GUSTI NGURAH RAI (FF-332), deuxième unité de la classe SIGMA 10514 ou PERUSAK KAWAL RUDAL, PKR en abrégé.


Les frégates PKR sont construites en modules pré-équipés par les deux chantiers : quatre modules chez PT PAL à Surabaya, deux chez DSNS à Vlissingen-Oost. Livré le 30 octobre 2017 après avoir été assemblé à Surabaya, le GUSTI NGURAH RAI a été mis en service le 10 janvier 2018 avec un système de combat réduit à son artillerie de 76mm et de 20mm. Le système de combat définitif comprend désormais des lanceurs verticaux pour douze missiles antiaériens VL MICA, huit missiles antinavires Exocet, deux plateformes triples de tubes lance-torpilles, un canon téléopéré Oerlikon Millenium de 35mm à tir rapide, des contre-mesures électroniques et les modules logiciels du système de gestion des informations de combat nécessaires à la mise en œuvre de ces nouveaux moyens. Leur installation, leur intégration et leurs essais industriels à la mer se sont terminés le 21 février 2020. La frégate a alors été remise à la marine indonésienne.

Les essais ont montré que les matériels installés ont les mêmes performances et comportement que ceux du RADEN EDDY MARTADINATA, première unité de la classe PKR, marquant le succès du transfert de technologie commencé en 2013 entre les deux chantiers.

Pour l’instant, la classe PKR ne compte que ces deux unités. Aucune autre n’est en commande. Cependant, le désarmement annoncé des six frégates de la classe AHMAD YANI (ex-VAN SPEIJK de la marine néerlandaise) pourrait voir la classe s’étendre, ou être suivie par une autre classe construite sur les mêmes principes.

Anticipant une probable réduction des budgets de la défense à partir de l'année prochaine, la marine indonésienne étudie plusieurs options quant à la deuxième tranche de trois sous-marins à construire en coopération avec le sud-coréen Daewoo Shipbuilding & Marine Engineering (DSME). Parmi les options figure l'annulation pure et simple de ce contrat de 900 millions de dollars US signé en avril 2019 et portant sur trois nouveaux Type 209/1400 de la classe NAGAPASA, dérivée du sud-coréen CHANG BOGO.

Parallèlement, la flotte objectif de 12 sous-marins a été ramené à 8 unités, toujours pour des raisons budgétaires. Pour se procurer les trois qui restent à commander pour arriver à ce nombre de huit, ladite marine pourrait raviver l'offre turque, portant sur des Type 214 dérivés de la classe REIS. Cette offre s'était vu préférer celle de DSME en 2011. Il se pourrait cependant que cette rumeur vise à inciter DSME à faire un geste commercial.

Comme je me perdais un peu dans les différentes instances de la République Indonésienne chargées de l’Action de l’État en Mer, j’ai fait quelques recherches que je résume en un petit article dont je vous fais profiter.


La République Indonésienne est structurée en provinces, elles-mêmes subdivisées soit en départements (kabupaten) soit en villes (kota), puis en districts (kecamatan). Les districts ruraux sont eux-mêmes divisés en communes qui portent divers noms en fonction de la langue locale et qui correspondent peu ou prou aux villages tenant marché. Seuls l’état central et les autorités provinciales ont le pouvoir d’agir en mer au nom de l’état ; les diverses polices et autorités judiciaires locales ne peuvent intervenir qu’à terre.

Par ordre d’importance, le premier organisme d’action de l’état en mer est l’agence des garde-côtes, ou plus exactement des Gardes de la Mer et des Côtes (KPLP, Kesatuan Penjagaan Laut dan Pantai). Héritière du Zee en Kustbewaking Dienst de l’époque coloniale néerlandaise dont elle a repris et traduit le nom, cette agence est rattachée au gouvernement central et plus précisément au Directorat Général des Transports Maritimes du ministère des Transports (Kementerian Perhubungan). Elle est chargée d’édicter les règles et méthodes d’exploitation et de protection de la Zone Economique Exclusive, de les enseigner aux marins et de les faire appliquer. Elle dispose de vingt-et-un patrouilleurs (un OPV hauturier et vingt patrouilleurs côtiers) et plusieurs centaines de vedettes et embarcations pour le service local. Dépourvue de moyens aériens et peu outillée pour intervenir contre des intrusions massives loin en mer, la KPLP est cependant obligée de coopérer avec d’autres organismes.


Pour les actions d’importance au large, la KPLP coopère d’abord en certains endroits avec l’Agence de Sécurité Maritime (BAKAMLA, Badan Kemananan Laut). Cette agence, dotée d’à peine dix patrouilleurs hauturiers, a un statut hybride : créée par décret interministériel en 1972, elle était alors censée agir par délégation de la marine militaire (dont elle a repris l’organisation, les grades et les uniformes) et sous mandat d’autorités locales qui ont ensuite disparu sous le coup des restructurations de l’état indonésien. Depuis 2014, elle relève directement de la présidence de la république pour ses opérations et du Ministère de la Coordination des Affaires Légales, Policières et Sécuritaires pour ses aspects organiques. Elle a vocation à légiférer sur les questions de droit maritime, de surveiller et protéger les eaux sous juridiction indonésienne (qui, en 1972, ne comprenaient pas de ZEE puisque cette dernière a été créée en 1982). La BAKAMLA est organisée en trois commandements : Ouest (aux îles Riau face à Singapour), Central (Sulawesi septentrional, face aux Philippines) et Est (Moluques, face à la Papouasie Nouvelle-Guinée et à l’Océan Pacifique). Dépourvue de moyens aériens mais dotée d’un service de surveillance satellitaire et de radars à longue portée, elle concentre de fait ses actions sur trois secteurs : le détroit de la Sonde et la Mer de Chine Méridionale, la mer des Célèbes et la mer des Moluques, essentiellement contre les divers trafics (travail transfrontalier non déclaré, contrebande de biens et de marchandises en vrac, immigration illégale, piraterie).

Deuxième organisation avec laquelle la KPLP coopère, la Police Nationale indonésienne dispose d’une branche maritime (POLAIR, Polisi Perairan). Elle aussi héritée de la police coloniale néerlandaise, transformée en police armée sous l’occupation japonaise, la Police Nationale jouit d’une aura particulière parce qu’elle a été très active lors de la guerre d’indépendance. La POLAIR n’agit qu’en prolongement de la police nationale et dans les eaux territoriales. Ses missions sont analogues à celles de toute police nationale (maintien de l’ordre, participation aux enquêtes, etc.).

Enfin, la KPLP coopère aussi avec l’Agence de Surveillance des Pêches (PSDKP, Pengawasan Sumber Daya Kelautan dan Perikanan), rattachée au Ministère des Affaires Maritimes et des Pêches. Créée le 23 novembre 2000, cette agence a pour mission de superviser l’exploitation des ressources marines et halieutiques de la République d’Indonésie. Elle est structurée en quatorze bases disposant de vingt-sept grosses vedettes d’intervention au large et d’une centaine d’embarcations rapides plus petites, réparties dans les zones à risque vis-à-vis des pêches illégales.


Cette mosaïque d’agences ne favorise pas l’efficacité dans l’action. Prise indépendamment, aucune agence n’a les moyens de ses missions ; la pluralité des autorités de rattachement ralentit considérablement la prise de décision. C’est pour dépasser ce morcèlement que l’ancienne ministre des Pêches, Susi Pudjiastuti, avait créé une Task Force spéciale unifiée. Aucune des agences n’a de moyen de patrouille aérienne. L’immense majorité des patrouilleurs n’ont que les armes portatives de leurs équipages pour agir, à l’exception des grands patrouilleurs des KPLP et MANKALA. Fait significatif, aucune de ces quatre agences ne coopère avec les autorités communales : les délits constatés par les pêcheurs ne sont donc pas traités. Les agences n’agissent que sur ordre de Jakarta ou, quand un protocole d'accord existe avec un gouvernorat provincial, que dans les limites dudit accord.

Pour achever de corser le tableau, pour pallier le manque de moyens de ces agences, la République Indonésienne a confié temporairement aux armées la mise en œuvre des moyens aériens et navals nécessaires à la lutte contre les intrusions chinoises dans le secteur des Natuna, au risque de voir Beijing accuser Jakarta de pratiquer l’escalade en envoyant l’armée contrer ses milices de la mer et ses propres garde-côtes qui sont rattachés, faut-il le rappeler, à l’Armée Populaire de Libération. A terme, cette mission devrait être rendue à la BAKAMLA quand celle-ci sera suffisamment montée en puissance.

Le samedi 18 juillet 2020, la frégate YOS SUDARSO (F-383, classe AHMAD YANI, ancienne classe VAN SPEIJK néerlandaise) a arraisonné deux chalutiers vietnamiens en train de pêcher sans autorisation dans le nord des îles Natuna. Ils ont été pris chalut à l’eau et ont été ramenés à Lanal Ranai où leurs dix membres d’équipage ont été testés pour le COVID-19. L’intérieur des deux chalutiers a été désinfecté préventivement par pulvérisation, ce qui a dû donner un drôle de goût aux poissons dans les cales. Une enquête a été diligentée mais les Vietnamiens risquent d'avoir du mal à plaider le transit innocent.

Du samedi 18 juillet au dimanche 2 août 2020, la marine indonésienne a organisé de grandes manœuvres en mer de Java et en mer de Chine méridionale. Pas moins de 26 bâtiments de combat et 19 avions y participent. Le clou de l’exercice consistait à effectuer un débarquement sur l’île de Pulau Singkep, au sud de Lingga et de Singapour, tandis qu’une force navale constitué de deux frégates lance-missiles et quatre corvettes appuyées par des avions de patrouille et de combat était censée interdire toute interférence depuis la mer de Chine. Cette force de couverture se trouvait dans le secteur des îles Natuna, dont une bonne partie des zones de pêche sont revendiquées par la Chine qui les a englobées dans sa « ligne des neuf pointillés ». Cette présence militaire renforcée autour des Natuna a coïncidé avec le passage du groupe de combat d’un porte-avions américain, titillé épisodiquement par des avions de l’Armée Populaire de Libération chinoise, mais les manœuvres indonésiennes avaient été planifiées depuis plusieurs mois et n’ont rien à voir avec ces présences étrangères dans le secteur. En mer de Java, les exercices ont porté sur la lutte anti-sous-marine, sur la sécurité et le contrôle des avaries de combat


En juin, Jakarta a répondu par une fin de non-recevoir à la demande de Pékin de « discuter » des zones « revendiquées par les deux parties » autour des îles Natuna. Pour Jakarta comme pour les Nations-Unies, les revendications unilatérales de Pékin ne reposent sur aucun fondement légal.

Selon le Japan Times, le premier ministre japonais Suga Yoshihide aurait rencontré « il y a quelque temps » le président indonésien Joko Widodo à Bogor (Java). Il aurait été question, entre autres, d’améliorer la coopération bilatérale dans le domaine militaire. Le 2 novembre 2020, le ministère japonais de la défense a fait état d’un téléconférence vidéo entre le ministre Kishi Nobuo et son homologue indonésien Prabowo Subianto pour « échanger des vues sur l'approfondissement continu de la coopération bilatérale en matière de défense […]. » Selon le Japan Times et plusieurs titres de la presse indonésienne qui s'en sont fait l'écho, l’approfondissement en question comprendrait la cession de matériels de guerre et des transferts de technologie.
Parmi les matériels de guerre, des destroyers de la Force Maritime d’Autodéfense ont été explicitement cités par la presse. Compte tenu des restrictions légales à l’exportation de matériel de guerre japonais, il ne pourrait s’agir que de matériel de soutien, de service public (recherche et sauvetage) ou de guerre des mines. Les spéculations vont bon train de part et d’autre. Une possibilité évoquée par le Japan Times du 5 novembre serait que le Japon cèderait à la TNI-AL (Tentara Nasional Indonesia-Angkatan Laut, force navale l’armée nationale indonésienne) des destroyers retirés du service qui viendraient remplacer d’autres unités encore plus vieilles, acquises par l’Indonésie il y a longtemps après un premier service dans d’autres marines. Ce n’est qu’une interprétation du journal nippon, le ministère de la Défense n’ayant rien précisé de tel.

Le premier ministre japonais Suga Yoshihide a effectué une tournée au Vietnam et en Indonésie en octobre. C’était son premier voyage à l’étranger en tant que premier ministre.

Les escorteurs que le Japon envisagerait de vendre à l'Indonésie ne seraient pas des navires retirés du service actif de la Force Maritime d'Autodéfense mais des frégates 30FFM. Quatre seraient construites au Japon et quatre autres en Indonésie.

Takagi a écrit:

Les escorteurs que le Japon envisagerait de vendre à l'Indonésie ne seraient pas des navires retirés du service actif de la Force Maritime d'Autodéfense mais des frégates 30FFM. Quatre seraient construites au Japon et quatre autres en Indonésie.

Avec la montée en puissance de la marine indonésienne cela serait effectivement plus logique.

La marine indonésienne a pris livraison de deux navires de débarquement de chars le jeudi 26 novembre 2020. Construits par les chantiers PT Dok et Shipping Kodja Bahari (PT DKB), ils ont accosté à la base navale de Tanjung Priok près de Djakarta.


Il s’agit des LST TELUK KENDARI (n° de coque 518) et TELUK KUPANG (519). Ils sont identiques au TELUK BINTUNI (520) déjà en service. Longs de 120m, ils peuvent embarquer onze blindés BMP 3F et 361 soldats. Ils sont équipés d’un pont d’envol et d’un hangar pouvant accueillir deux hélicoptères. Leur vitesse est de 16nd. Leur armement comprendra un 40mm Bofors à l’étrave, un canon de 20mm et deux mitrailleuses de 12,7mm.

Les 26 et 27 novembre, les deux nouveaux LST TELUK KENDARI (518) et TELUK KUPANG (519) ont effectué des essais de mise à l'eau d'un blindé amphibie PT-76 et de mise à terre de dix blindés d'infanterie BMP-3.


Les essais ont eu lieu à proximité de Tanjung Priok. Ils ont été concluants (d'après la presse).

Le jeudi 26 novembre 2020, la première tôle du futur navire antimines de la marine indonésienne a été découpée au chantier naval Abeking & Rasmussen de Lemwerder près de Brême en Allemagne. Signé le 29 janvier 2019, le contrat porte sur l’acquisition de deux MCMV (Mine Counter-Measure Vessel) de la classe MHV-60 de Lürssen Defense. MHV-60 est l’abréviation de Mine Hunting Vessel 60 m.

Le dimanche 13 décembre 2020, la corvette SUTEDI SENOPUTRA (SS1-378, classe KAPITAN PATTIMURA qui est l’ancienne classe PARCHIM de la République Démocratique d’Allemagne) a arraisonné deux pêcheurs vietnamiens en train de se livrer à des activités non déclarées dans le nord des îles Natuna, à l’intérieur de la Zone Économique Exclusive de la République Indonésienne.


Les deux intrus ont été repérés au radar par la corvette qui effectuait une patrouille de routine. Le commandant a immédiatement ordonné de s’en rapprocher pour investigation. En la voyant s’approcher, les deux pêcheurs ont tenté de fuir séparément vers le nord, ignorant les appels radio de la corvette. Le commandant du SUTEDI SENOPUTRA a alors rappelé aux postes de combat. Quelques manœuvres plus tard, les deux pêcheurs ont compris que tout espoir de fuite était vain et ont mis en panne. Une équipe de visite de la marine indonésienne s’est rendue à bord pour dresser les procès-verbaux. Les deux navires ont été ramenés à couple de la corvette à la base navale de Ranai et internés. Leurs équipages sont accusés de deux infractions à la loi : pêche sans autorisation dans la ZEE indonésienne et utilisation d’engins de pêche prohibés.

Une formation de trois navires de la marine indonésienne a profité de la présence d’une escadre russe pour effectuer un exercice de passage (PASSEX) baptisé Rusindo-20 le 22 décembre 2020. Ces trois navires étaient les KAREL SATSUIT TUBUN (n° 356, ex-frégate ISAAC SWEERS de la classe néerlandaise VAN SPEIJK), DIPONEGORO (365, corvette de la classe SIGMA 9113) et TAMBOK (629, patrouilleur lance-missiles de la classe SAMPARI I). L’escadre russe comptait aussi trois unités : le croiseur lance-missile VARYAG (classe SLAVA), le destroyer ADMIRAL PANTELEYEV (classe UDALOY) et le ravitailleur PECHENGA.


Les exercices ont consisté en manœuvres tactiques en formation, en entraînement aux signaux flottants, au morse par projecteur et en présentations de ravitaillement.

Au cours de sa corvette d’instruction, le voilier-école BIMA SUCI est arrivé le 26 décembre 2020 à la base navale de Kupang (Timor-Ouest). Il a emmené les cadets de la soixante-septième promotion dans neuf autres ports indonésiens : Surabaya, Lampung, Sabang, Belawan, Tanjung Pinang, Ranai, Tarakan, Miangas, Sorong et Tual. Kupang est sa dernière escale avant son retour à Surbaya. La sortie et les escales auront été placées sous le signe du protocole anti-COVID-19.

Une trouvaille faite par des pêcheurs indonésiens crée du rififi dans les instances gouvernementales. Le 20 décembre 2020, à moins de douze nautiques de l’île de Selayar dans la province de Sulawesi Sud, un pêcheur a remonté dans son filet un engin à l’évidence militaire en forme de torpille, long de 2,25m, d’un diamètre de 18cm, peint en vert, doté d’une caméra dans le nez et d’une abondante électronique, et prolongé à l’arrière par une antenne de 93cm. L’intéressé a mis six jours à contacter les autorités : le temps pour lui de finir sa pêche, de rentrer chez lui puis d’en repartir pour confier sa trouvaille au poste de police le plus proche. Il a expliqué que, lorsqu’il l’a repêché, l’engin était encore en fonction avec des petites lumières qui clignotaient sur ses cartes électroniques. Six jours après, il s’était éteint.


L’engin a été confié à la base navale n°6 de la marine à Makassar. Là, des experts lui ont trouvé une forte ressemblance avec le planeur sous-marin autonome chinois « Aile de Mer » (Sea Wing, Haiyi en chinois). Il faut dire que les autorités indonésiennes savent de quoi elles parlent : elles ont déjà découvert trois Ailes de Mer dans leurs eaux. Ces engins sans moteur ont été construits en nombre depuis décembre 2019 par les Chinois et déployées à la dérive en Océan Indien et dans d’autres eaux intéressantes pour la République Populaire de Chine. Ils sont assez semblables à ceux utilisés par l’US Navy dont un exemplaire avait été relevé et saisi par la marine chinoise en 2016 « pour éviter qu’il heurte un navire ».

La découverte du 20 décembre a fait du bruit jusqu’à la chambre des députés, selon laquelle la présence de drones dérivants étrangers à l’intérieur des eaux territoriales devrait interpeller le ministre de la Défense et l’inciter à se pencher sur l’amélioration nécessaire des moyens de protection du vaste environnement sous-marin de la République Indonésienne. La chambre conseille également au ministère des Affaires étrangères d’introduire une protestation officielle auprès des autorités chinoises.

Un expert indonésien a expliqué qu’un des engins précédemment repêchés avait dérivé pendant trois mois au cours desquels il avait envoyé par radio quelque 3400 photographies des fonds marins qu’il avait survolés (parfois sans les voir, du fait de la distance) au gré des courants marins.

Il se confirme que le planeur sous-marin est d'origine chinoise : la marine indonésienne a communiqué qu'il porte une plaque signalétique apposée par le Shenyang Institute of Automation Chinese Academy of Sciences. Gageons que Pékin dira que c'est un appareil d'océanographie, pas un appareil espion militaire. Il n'empêche : océanographique ou pas, aucune recherche ne peut être faite dans la ZEE d'un pays sans son autorisation - un cas intéressant pour un appareil non guidé mais laissé à la dérive.

En prime, la photo de l'engin sans surcharge :

Amusant : quelques heures après avoir annoncé la découverte d'une plaque signalétique et en avoir précisé l'inscription, la marine indonésienne a démenti par la voix de son commandant en chef avoir découvert la moindre plaque et précise que l'engin n'a pas été ouvert et qu'il est exactement dans l'état dans lequel le pêcheur l'a trouvé.

Le 7 janvier 2021, le chantier indonésien PT PAL a procédé au lancement du navire-hôpital WAHIDIN SOEDIROHUSODO (n° de coque 991), dérivé des transports de chalands de débarquement de la classe MAKASSAR. Plus exactement, c’est une amélioration des SSV construits par PT PAL pour les Philippines, eux-mêmes dérivés des MAKASSAR mais plus petits. Long de 124m et large de 21,80m, il déplacera 7290 tonnes et filera 18nd quand il sera achevé. Son endurance sera de 10 000 Nq à vitesse économique de 12nd, son autonomie de 30 jours. Il sera équipé d’un bloc opératoire, d’une salle des urgences permettant de placer des personnes à l’isolement, de lits pour 163 malades, d’un scanner par tomodensitométrie et d’un autre à rayons X. Il peut emporter 280 réfugiés ambulants pour des traversées courtes. Doté d’un radier et d’un pont d’envol, il pourra mettre en œuvre des hélicoptères et deux chalands de transport pour intervenir depuis la mer sur une côte sinistrée. Des conteneurs spécialisés pourront être embarqués pour compléter ses capacités : maternité, dentiste, générateur électrique projetable, dessalement d’eau de mer. Il rejoindra pour cette mission les deux autres navires hôpitaux de la marine indonésienne, les SOEHARSO (990) et SEMARANG (594).
En dehors des missions humanitaires, le WAHIDIN SOEDIROHUSODO pourra effectuer des missions militaires : patrouilles de souveraineté, transport logistique, porte-hélicoptères d’appoint, commandement d’une force.


Il porte le nom du docteur Wahidin Soedirohoesodo (7 janvier 1852 – 26 mai 1917), médecin de l’époque coloniale connu pour avoir promu auprès des chefs communautaires de Java la création d’un fonds destiné à aider les jeunes Indonésiens à faire des études ; il n’a pas eu de succès dans cette démarche. Il s’est ensuite adressé aux quelques étudiants indonésiens de l’université de Djakarta et les a persuadés de fonder une société savante dont le but était de promouvoir l’éducation et la dignité des Indonésiens. Le 20 mai 1908, cette société savante a donné naissance à l’organisation de jeunesse Budi Utomo qui sera un des vecteurs de l’émancipation des Indonésiens.

Le navire-hôpital SOEHARSO (n° de coque 990) a été déployé avec deux hélicoptères AS-565 dans le port de Rangas sur la côte occidentale de Sulawesi, face au détroit de Makassar. Le vendredi 15, la zone avait été frappée par un séisme qui a détruit plus de mille maisons dans le district de Mamuju. Des fortes pluies ont suivi, coupant les routes par lesquelles les secours auraient pu être acheminés. Le SOEHARSO a été chargé avec du ravitaillement (riz, conserves de viande et de poisson, lait en poudre, fruits en boîtes, sucre, huile, thé, café), des médicaments, du matériel médical, des couchages, trente-trois groupes électrogènes, des cartons entiers de piles électriques, des outils de terrassement, des habits et des tentes. Les hélicoptères ont pu distribuer une part de cette cargaison aux sinistrés des villages isolés et les équipes médicales du SOEHARSO ont pu épauler celles de l’hôpital de Mamuju, endommagé.

La marine indonésienne a également déployé les LST TELUK ENDE (471, classe TAKOMA) et TELUK CIREBON (543, classe FROSCH) ainsi que le patrouilleur TONGKOL (n° de coque 813, type FPB-57), en plus de plusieurs hélicoptères.

La marine indonésienne a procédé le jeudi 11 février 2021 au dernier essai d’intégration d’une tourelle OTO-Melara de 76mm dans le centre d’entraînement au combat de Paiton dans la province de Java Occidental. L’essai a consisté en une séance de tir de munitions réelles et visait (sans jeu de mots) à valider la précision de la conduite de tir contre but flottant. La tourelle est celle de l’ancienne frégate SLAMET RIYADI (FF 352), ex-VAN SPEIJK de la Marine Néerlandaise transférée en 1987 et retirée de la marine indonésienne en août 2019. La tourelle a été entièrement révisée.


Fruit d’un programme lancé en 2010, le centre de Paiton dispose de plusieurs systèmes de veille et de direction de tir en service dans la marine indonésienne. Il a vocation à former les équipes d’artilleurs, à valider les manuels de mise en œuvre et à faire évoluer les doctrines de la marine en matière de lutte antisurface. Sa première pierre a été posée en 2018 et il a été mis en service en 2020. La tourelle de 76mm est sa seule artillerie mais, à terme, il devrait également recevoir des canons de 40 et de 57mm pour pouvoir former tous les équipages indonésiens, et étendre ses capacités à la lutte antiaérienne. Ce centre d’entraînement est unique en Indonésie et plus largement dans tous les pays de l’ASEAN.

La marine indonésienne a procédé au lancement de deux nouveaux bâtiments de débarquement de chars le 27 février 2021. Il s’agit des TELUK WEDA (n° de coque 526) et TELUK WONDAMA (527).


Ces deux bâtiments, identiques et de la classe TELUK KENDARI modifiée, font partie du plan de montée en puissance qui doit s’étaler jusqu’en 2024. Longs de 117m et larges de 16,40m, ils peuvent transporter 15 blindés BMP 3 et 367 soldats. Ils peuvent embarquer un hélicoptère mais n’ont pas de hangar. Leur équipage est de 111 personnes, leur autonomie de 20 jours et leur vitesse maximale de 16nd. Ils déplacent 4000 tonnes. Ils doivent remplacer les deux LST américains TELUK RATAI et TELUK BONE, construits en 1944 et transférés en 1961 et 1970 respectivement.

Le golfe de Weda (Teluk Weda) est sur la côte est de Halmahera dans les Moluques septentrionales. La baie de Wondama est sur la côte nord du Vogelkip, la partie indonésienne de la Nouvelle-Guinée. Ces deux étendues marines abritent des parcs naturels prisés des plongeurs amateurs de faune et flore sous-marines.

Takagi a écrit:

La marine indonésienne a procédé au lancement de deux nouveaux bâtiments de débarquement de chars le 27 février 2021. […] TELUK WONDAMA […] : salut:

Ah ! pour le coup, c'est vraiment un amphibie ! Il a même des roues (boudin) pour aller à terre !

D'ailleurs il aurait dû s'appeler Teluk Puding Hitam.

DahliaRose a écrit:

Ah ! pour le coup, c'est vraiment un amphibie ! Il a même des roues (boudin) pour aller à terre !

https://www.youtube.com/watch?v=C7cX1OeLLQQ

Le vendredi 5 mars 2021, la corvette SULTAN ISKANDAR MUDA (classe DIPONEGRO, n° de coque 367) a quitté la base navale de Batam pour participer à la mission des Nations-Unies de surveillance au large du Liban. C’est la troisième fois que la marine indonésienne participe à cette mission.


Pour cette mission, le SULTAN ISKANDAR MUDA embarque un hélicoptère AS565 MBe Panther.