[JCG] Garde-Côtes du Japon

Le mardi 12 décembre 2017, trois cadavres de marins nord-coréens ont encore été retrouvés sur une plage près de Fukaura dans la préfecture d’Aomori, au nord de Honshū. Sur les deux derniers mois, les autorités locales de Fukaura ont sorti de l’eau cinq épaves de barques en bois.


Sur le mois de novembre, les Garde-Côtes du Japon ont trouvé 28 de ces barques en bois parties de Corée du Nord et retrouvées à la dérive ici et là en Mer du Japon. Depuis le début du mois de décembre, 20 autres barques ont déjà été retrouvées par les garde-côtes.

Les autorités japonaises constatent que, si le nombre d’épaves et de cadavres découverts en mer ou sur le littoral est en augmentation, celui des survivants aussi : cette année, pas moins de 42 marins nord-coréens ont été retrouvés vivants, un nombre à comparer au total de cinq survivants retrouvés entre 2013 et 2016.

Selon Takesada Hideshi, professeur à l’université Takushoku et expert en affaires nord-coréennes, cette augmentation du nombre de survivants serait dû à la vente par la Corée du Nord de droits de pêche à la Chine. Les pêcheurs nord-coréens s’en seraient trouvé obligés d’aller plus au large sur des barques en bois non prévues pour ça. D’une part, cela expliquerait l’augmentation du nombre de naufrages, notamment pas mauvais temps. D’autre part, cela pourrait expliquer également l’augmentation du nombre de survivants : sachant qu’ils vont rester plus longtemps en mer, les pêcheurs partiraient avec plus de vivres et d’eau que les années précédentes, augmentant leurs chances de survie en cas de problème.

Toujours affamé de devises étrangères, Pyongyang aurait vendu à la Chine une bonne part de ses droits de pêche. Un article publié en août 2016 par l’agence de presse sud-coréenne Yonhap expliquait que Kim Jong-eun aurait gagné 75 millions de dollars chaque année en vendant ainsi des droits de pêche en Mer du Japon et en Mer Jaune.

Le 15 décembre 2017, les Garde-Côtes du Japon ont publié quelques photos d'interventions qu'ils ont menées contre des pêcheurs nord-coréens surpris en train de taquiner illégalement le calmar sur le banc de Yamato, dans la Zone Économique Exclusive japonaise.

Les deux premières ont été prises en septembre, les deux dernières en octobre.


Depuis le début des intrusions en juillet, pas moins de 1923 intrus ont été repérés et rappelés à l'ordre par radio ou par signaux visuels. Parmi eux, 314 ont attendu que les patrouilleurs japonais mettent leurs canons à eau en fonction avant d'obtempérer et de sortir de la ZEE.

Selon les garde-côtes, plus aucun intrus n'a été trouvé sur le banc de Yamato depuis la fin du mois de novembre.

Les Garde-Côtes du Japon et plusieurs administrations nippones de la région de Yokosuka ont coopéré avec l’US Navy le 15 décembre 2017 pour simuler les réactions à avoir en cas de fuite nucléaire sur le porte-avions RONALD REAGAN pendant qu’il est dans le port.

Le porte-avions venait juste de rentrer de ses trois mois de déploiement en mer. Les techniciens en radioprotection de la base navale américaine ont rejoint leurs homologues de l’Autorité de Régulation Nucléaire japonaise à bord d’une vedette des garde-côtes pour effectuer des prélèvements d’eau, d’air et de sédiments en divers points de la rade tout autour du porte-avions. Le but était double : s’entraîner à cartographier une possible émanation contaminante, et roder les procédures d’échange d’informations entre les deux nations en pareil cas.

La partie pratique de l’exercice a duré une heure. Le RONALD REAGAN était censé avoir laissé échapper accidentellement 300 litres d’eau de refroidissement, légèrement radioactive, dans la baie. Les autorités ont tenu à minimiser l’impact d’un tel accident, s’il venait à arriver : selon l’US Navy, la quantité d’éléments radioactifs contenus dans ces effluents est inférieure à celle contenue dans deux détecteurs de fumée comme ceux qu’on trouve dans toutes les habitations japonaises et ne présente pas de danger.


La rapidité de réaction (sans jeu de mots) étant primordiale en pareille situation, l’US Navy est censée prévenir immédiatement le gouvernement japonais et les autorités municipales de Yokosuka puis envoyer des officiers de liaison auprès du PC de gestion de crise que les Japonais auront mis en place. Le rôle de ces officiers est double : partager les informations pertinentes avec les autorités japonaises et contribuer à répondre aux questions de la presse.

Pendant ce temps, l’US Navy doit également informer les bases navales (l’une américaine, l’autre japonaise) de Yokosuka pour leur dire s’ils doivent évacuer ou s’ils peuvent continuer à travailler.

L’ambassade américaine à Tōkyō a insisté sur le fait que cet incident est hautement improbable, grâce aux mesures de sécurité prises à bord des navires de l’US Navy. Pendant qu’ils sont à quai, les réacteurs des porte-avions à propulsion nucléaire sont en arrêt chaud ou froid selon la durée de l’escale, et sont protégés par quatre enceintes de confinement neutronique. À la mer, les réacteurs ne sont utilisés – toujours selon l’ambassade – qu’à 15% de leur puissance maximale et ils ne sont pas soumis à des régimes qui les feraient vieillir prématurément ou qui aggraveraient la contamination de l’eau de leurs circuits primaires. Preuve en est que l’US Navy utilise des réacteurs depuis plus de 50 ans et qu’ils ont parcouru plus de 134 millions de nautiques sans accident, selon le Département d’État.

La presse et les diverses autorités et entreprises japonaises travaillant dans le secteur avaient été prévenues de l'exercice afin d'éviter tout emballement médiatique de mauvais aloi si quelque quidam était venu à s'alarmer des allées et venues d'une vedette autour du porte-avions...

C'est rigolo parce qu'après Fukushima c'est "the Gipper" (le "truand") lui-même qu'il avait fallu dépolluer quasiment de fond en comble suite à son positionnement dans une zone maritime elle même polluée par les retombées

pascal a écrit:

C'est rigolo parce qu'après Fukushima c'est "the Gipper" (le "truand") lui-même qu'il avait fallu dépolluer quasiment de fond en comble suite à son positionnement dans une zone maritime elle même polluée par les retombées

Non ce n'est pas très rigolo, mais passons...
Je ne sais pas ce que les Japonais pensent des déclarations lénifiantes de l'ambassade US qui ressemblent comme deux gouttes d'eau (non contaminée) à celles de TEPCO avant, pendant et après l'accident de la centrale de Fukushima.

Disons que entre TEPCO et les atomiciens de la Navy il y a un monde et si la Marine américaine gérait ses réacteurs (au bas mot une bonne centaine ...) comme l'agence japonaise gère ses centrales on aurait vraiment du soucis à se faire ...
Il est certain que le coup des 15 % c'est de la communication à destination des écoles maternelles surtout quand il s'agit de catapulter un appareil toutes les 20 secondes en navigant à 25 nœuds. Mais force est de constater que depuis janvier 1955 les incidents (connus) ont été rares et qu'effectivement les réacteurs actuels des porte-avions sont des matériels matures qui ont des durées de vie > ou égales à celles de nos centrales nucléaires.

C'est assez drôle oui, disons que c'est décalé ou que c'est de l'humour involontaire de la part des uns et des autres, les Japonais ont peut-être le sens de l'humour en tout cas on leur souhaite.

Takagi a écrit:

[…] Je ne sais pas ce que les Japonais pensent des déclarations lénifiantes de l'ambassade US […] : scratch:

Il doit cependant y avoir moyen de le savoir (ou au moins d'en savoir un peu) à la lecture de la presse ou des réseaux sociaux desdits Nipponais…

Je disais que la décontamination d'un moyen d'intervention en milieu nucléaire n'avait rien de rigolo parce que c'est la routine en pareil cas. Qui laisserait sans traitement un appareil qui a été au contact dans une zone de retombées ? C'est aussi rigolo que mettre des bottes pour aller dans la boue et de les nettoyer ensuite avant de les remettre au placard...
Pour ce qui est de l'avis des Japonais sur les déclarations de l'ambassade US, je constate que la presse japonaise n'a repris ces déclarations dans aucun des six ou sept articles japonais que j'ai lus sur cet exercice, je ne les ai trouvées que sur un site américain.
J'en resterai là sur ce hors-sujet.

Le 24 décembre 2017 vers 09h30, avec un peu d’avance sur leur horaire usuel, trois patrouilleurs chinois ont effectué une intrusion dans les eaux territoriales japonaises autour des Senkaku. Accompagnés par le patrouilleur japonais qui assurait la permanence et qui leur faisait les rappels à la loi, ils en sont ressortis au bout des 90mn habituelles.

Ils avaient été repérés la veille dans la Zone Contiguë par les Garde-Côtes du Japon.

C’était la 28^e et probablement la dernière intrusion de l’année 2017. La précédente remontait au 29 novembre.

Le TSUGARU (PLH-02), avec à son bord un hélicoptère Sikorsky S-76D, appareillera de Hakodate le 28 décembre 2017 pour une tournée en Asie du Sud-Est qui le mènera en Inde et en Malaisie dans le cadre du ReCAAP (Regional Cooperation Agreement on Combating Piracy and Armed Robbery against Ships in Asia).


Il sera à Chennai en Inde du 12 au 19 janvier 2018, puis à Kuantan en Malaisie du 25 au 31 janvier, avant de rentrer à Hakodate le 12 février. Lors des escales, il participera à des exercices de coopération multinationale ; à Chennai, les garde-côtes des îles Maldives et ceux du Sri Lanka seront présents en qualité d'observateurs.

Le 26 décembre à midi, les garde-Côtes du Japon ont annoncé avoir retrouvé une 99^e épave de barque nord-coréenne en Mer du Japon. Le record de 2013 (80 épaves) sera largement battu sur l’année 2017, qui n’est pas finie. Sur ces 99 épaves, 28 ont été découvertes en novembre et 40 en décembre, période de l’année où ces barques sont incapables d’affronter les vagues de 5 à 10m qui agitent le banc de Yamato, zone privilégiée de braconnage des Nord-Coréens.

Le mercredi 27 décembre 2017, les garde-côtes ont investigué une épave en bois à la dérive près du port de Sado. Ils ont confirmé que son immatriculation était écrite en Hangul, la graphie utilisée par la Corée du Nord. C’est la 100^e embarcation nord-coréenne retrouvée dans les eaux japonaises cette année. Les 31 cadavres et 42 survivants retrouvés à bord ou à proximité de ces embarcations ou épaves ne représentent qu’une petite partie de leurs équipages.


Ces derniers jours, les atterrages de Sado ont été balayés par une assez forte tempête.

Où se situe le banc de Yamato ?

pascal a écrit:

Où se situe le banc de Yamato ?

Je l'ai si souvent situé sur des cartes que j'ai arrêté de le faire, craignant que mes lecteurs ne s'irritent de ces fréquents rappels...
Les aimables, censés être insensibles à l'irritation, voudront bien se reporter à une des contributions suivantes :

• Sam 08 Juil 2017, 03:00
  
• Jeu 20 Juil 2017, 16:43
• Mer 20 Sep 2017, 04:49
  

ah la la il ne faut pas partir en congés ...

Le samedi 30 décembre 2017, trois patrouilleurs des garde-côtes chinois ont effectué une intrusion dans les eaux territoriales japonaises autour des Senkaku. Accompagnés par le patrouilleur japonais de permanence, ils y sont entrés en file indienne vers 9h du matin et en sont ressortis une heure et demie plus tard. Ils se sont ensuite éloignés et ont quitté la Zone Contiguë peu après midi.

Le « Bureau de contremesures de la résidence officielle » (nom de la cellule de suivi installée dans la résidence du premier ministre à Tōkyō) et le 11^e QG des Garde-Côtes du Japon à Okinawa ont suivi l’affaire en quasi-direct grâce aux moyens de télécommunication et de transfert de données mis en place au sein des garde-côtes.

Ces trois patrouilleurs errent dans les parages depuis le 24 décembre.

Chaque pays a ses spécialités littorales. Au Japon, les garde-côtes ont décidé d’intégrer une nouvelle menace à leur système de diffusion automatique d’avis urgent aux navigateurs : les missiles nord-coréens. Jusqu’à présent, les alertes missiles étaient initialisées par la cellule de crise du Cabinet du premier ministre, puis injectées dans le circuit normal des avis urgents, de sorte qu’il s’écoulait une à trois minutes entre l’alerte initiale et la réception de l’avis en mer. Désormais, les alertes missiles seront diffusées automatiquement dans la chaîne des avis urgents aux navigateurs, sans intervention humaine, au même titre que d’autres informations déjà intégrées à ce système (alerte tsunami, panne de phare, alerte pour recherche et sauvetage en mer, alerte de nature militaire). Les fausses alertes ou les alertes non confirmées seront ensuite annulées dans les trois minutes qui suivent si nécessaire. Bien sûr, un navire recevant ce message en mer ne pourra pas se mettre à l’abri, vu le faible préavis dont il disposera, mais son équipage pourra prendre les précautions d’usage comme par exemple enfiler les brassières et fermer les hublots.
Cette intégration va coûter annuellement 200 millions de Yens (1,5M€) en coûts récurrents.

Le 4 janvier, les Garde-Côtes du Japon ont publié que le nombre de barques nord-coréennes retrouvées dans leur juridiction en 2017 s'élève à 104.
Dix d'entre elles recelaient un total de 35 cadavres, cinq autres transportaient un total de 42 survivants, et les quatre-vingt-neuf dernières étaient vides à la dérive, quand elles n'étaient pas des épaves plus ou moins fracassées.

Le 7 janvier 2018, un policier qui effectuait une ronde a découvert une barque retournée sur une plage enrochée de Kyōtango dans la préfecture de Kyōto. L’engin, long d’environ 10m et large d’environ 3m, était en bois. Personne n’a répondu quand le policier a toqué sur la coque retournée. Appelés à la rescousse, les Garde-Côtes du Japon ont procédé aux constatations d’usage. Près de l’épave, ils ont trouvé de nombreux débris dans les rochers, dont un écriteau en hangul, signe de l’origine nord-coréenne de la barque.


L'année commence...

Pour faire face aux nouveaux besoins en effectifs générés par la multiplication des intrusions dans la Zone Économique Exclusive, les Garde-Côtes du Japon ont mis en place une filière de recrutement de cadres seniors, âgés de plus de 50 ans. Cela leur permet de pyramider rapidement les nouvelles structures mises en place, sans attendre que les promotions internes donnent des cadres du bon niveau et en nombre suffisant, d’une part, et de bénéficier de l’expérience en gestion des crises de personnes déjà formées et compétentes, d’autre part. Les candidats sont en général issus des pompiers, des forces d’autodéfense et de la marine marchande. Leur nombre est évidemment modeste : dans les dix dernières années, seuls 16 de ces cadres seniors sont passés par le Centre de Formation à la Sécurité Maritime de Moji (près de Kitakyūshū), qui forme les cadres intermédiaires des Garde-Côtes du Japon. Ils représentent un peu moins de 10% des admissions à ces postes. Le 10 janvier, lors de la cérémonie d’admission à la 78^e promotion du centre, Murata Hidenori (photo) était parmi les 17 admis. Âgé de 54 ans, il a quitté le corps des pompiers en octobre 2017 et se lance dans cette deuxième carrière.

Comme dirait ma maman: "il fait sérieux"

Les Chinois essaient toujours de contenir les hydrocarbures qui s’échappent du pétrolier iranien SANCHI, entré en collision le 6 janvier dernier avec un cargo chinois à 140 Nq à l’est de Shanghai. L’équipage du navire chinois a été entièrement évacué, mais celui du tanker (30 Iraniens et deux Bangladais) est porté disparu, sauf un homme qui a été retrouvé mort.

Le tanker est en flammes et l’incendie des 136 000 tonnes de condensats qu’il contenait pourrait durer plusieurs semaines, sauf si le bateau coule. Dans ce cas, une marée noire est à craindre. Des nappes d'hydrocarbure ont déjà été signalées pas les Chinois qui essaient de les contenir.


Le pétrolier en flammes dérive lentement au nord-ouest vers les eaux japonaises. Le 11 janvier à 16h locales, il se trouvait à 162 Nq de l’île d’Amami-Ōshima. Les Garde-Côtes du Japon ont dépêché un patrouilleur sur place pour suivre l’évolution de la situation.

 

Le 11 janvier 2018 après-midi, le patrouilleur des Garde-Côtes du Japon qui assure la permanence devant les îles Senkaku a repéré et identifié à vue un bâtiment de la marine de guerre chinoise dans la Zone Contiguë autour de l’archipel. Il essaie périodiquement d’entrer en contact radio avec lui et en suit les mouvements. Il s'agit d'une frégate Type 054A.

Le 11^e QG des garde-côtes n’en a pas dit plus pour le moment. Les sites chinois sont plus bavards.

À peu près au même moment, un P-3C de patrouille maritime a signalé un sous-marin chinois en opérations dans la Zone Économique Exclusive du Japon. La situation (qui n’est certainement pas fortuite) est suivie à Tōkyō par la cellule de crise du Cabinet. Des échanges intergouvernementaux ont eu lieu sur le mode habituel.

Le 17 janvier 2018, le 11^e district des Garde-Côtes du Japon a communiqué que trois patrouilleurs chinois sont à nouveau présents dans les parages des Senkaku. Les précédents avaient quitté la zone après leur intrusion du 30 décembre.

Les Garde-Côtes du Japon étudient l’agrandissement d’une de leurs bases pour pouvoir y accueillir un nouveau grand patrouilleur. Quatre sites sont évoqués : Kagoshima, Ishigakijima, Miyakojima et Tsuruga. Les trois premiers visent à baser le futur patrouilleur près des zones revendiquées par la Chine ou épisodiquement envahies par des flottilles de pêcheurs chinois ; les deux îles d’Ishikawa et de Miyako sont proches des Senkaku mais le soutien d’un patrouilleur de plus de 1000t y serait moins facile qu’à Kagoshima où quatre grands patrouilleurs sont déjà basés. Tsuruga, dans la préfecture de Fukui, est sur la Mer du Japon donc en face du banc de Yamato visité par les pêcheurs nord-coréens.