Le ministère japonais de la Défense a confirmé son intention d’acquérir une vingtaine d’hélicoptères sans pilote et de les déployer dans les Ryū-Kyū pour des missions de quadrillage maritime. La sélection d’un type d’appareil devrait intervenir pendant l’année fiscale 2022 et les premières commandes en 2023 ; les cinq premiers exemplaires sont inscrits au Programme de Défense à Moyen Terme de 2019-2023.
Les patrouilles dans les Ryū-Kyū sont actuellement menées par des navires de la Force Maritime d’Autodéfense, leurs hélicoptères embarqués, des P-3C de patrouille maritime et dans certains secteurs par les Garde-Côtes du Japon. Les appareils sans pilote permettraient de faire face à l’augmentation régulière des activités chinoises sans pour autant augmenter les effectifs des forces armées. Comme dans d’autres pays, les effectifs budgétaires sont strictement contingentés. Un autre avantage des drones est leur coût d’exploitation réduit comparés à ceux d’un SH-60 pour des missions de tenue de situation surface au radar. Au Japon, on insiste aussi sur leur capacité à opérer au-dessus d’une centrale nucléaire accidentée ou d’un volcan sans faire prendre de risque à leur équipage.
Compte tenu des capacités industrielles du Japon en matière d’hélicoptères, il est pratiquement acquis que l’appareil sera acheté sur étagère à l’étranger. Le Northrop-Grumman MQ-8C Fire Scout américain (photo) semble être le mieux placé pour diverses raisons. Long de 12,60m mais large seulement de 2,70m quand il est replié, cet peut tenir l’air pendant huit heures et effectuer des missions de cinq heures à deux cents kilomètres de son navire-base.
Un MQ-8C américain Depuis plusieurs années, tous les grands escorteurs de la Force Maritime d’Autodéfense ont des installations aviation capables de mettre en œuvre indistinctement un hélicoptère ou des drones de taille réduite. Cependant, vu la taille du MQ-8C (dérivé du Bell-407), celui-ci prendra la place d’un hélicoptère, pas d’un petit drone.
Depuis plusieurs années aussi, et notamment depuis l’apparition des grands escorteurs porte-hélicoptère, il est patent que la Force Maritime d’Autodéfense n’a pas assez d’hélicoptères pour doter tous ses navires simultanément, ce qui d’après la presse nippone expliquerait le faible parc aérien des HYŪGA et des IZUMO ; l’argument a même été utilisé pour critiquer la construction de ces bâtiments. Les drones de la taille d’un MQ-8C pourraient équiper les bâtiments de chasse aux mines pour de la surveillance de zone ou de la chasse aux engins dérivants. Les grands escorteurs porte-hélicoptères pourraient également mettre en œuvre des drones en piquet radar, en reconnaissance ou en identification à distance.
Un des aspects typiquement japonais de ce programme d’armement est qu’il demande une modification de la règlementation aérienne, laquelle n’autorise encore que la mise en œuvre de drones télé-opérés en permanence, pas la mise en œuvre d’appareils entièrement automatiques – même temporairement. Or les MQ-8C peuvent effectuer leur station radar ou leur
pattern de recherche en mode entièrement automatique. Cette modification règlementaire est déjà à l’étude pour la mise en œuvre des Global Hawk dont trois exemplaires sont en commande.