Cuirassés japonais

Le KIRISHIMA de la classe KONGŌ au mouillage à Kure le 10 mars 1930. Le bâtiment est en situation de réserve spéciale avec un équipage réduit. Il sort de sa première grande reconstruction et a encore besoin d'un bon coup de peinture. Il sera remis en service le 16 avril suivant.

Le NAGATO quittant Hong-Kong le 14 avril 1928 :

Le HIEI (classe KONGŌ) effectuant ses essais à pleine puissance le 5 décembre 1939 après son ultime reconstruction

Yokosuka, le 9 mai 1917 : l'équipage du YAMASHIRO essaie les filets pare-torpilles.

Citation :

Yokosuka, le 9 mai 1917 : l'équipage du YAMASHIRO essaie les filets pare-torpilles. : marin:

Les repères de tirant d'eau sont à "haute visibilité"… Sont-ce des caractères romains, ou bien de la calligraphie nipponaise ?

DahliaBleue a écrit:

Les repères de tirant d'eau sont à "haute visibilité"… Sont-ce des caractères romains, ou bien de la calligraphie nipponaise ?

En chiffres romains à cette époque. En caractères nippons, ils auraient été nettement moins lisibles. Ne me demandez pas pourquoi ils étaient en chiffres romains (très peu connus au Japon) et pas en chiffres arabes (occidentaux), pourtant connus de tous les Japonais, je n'en sais rien. Cette habitude a disparu dans les années 1930 (on voit encore de telles marques sur la photo du KIRISHIMA un peu plus haut).

Citation :

[…] En chiffres romains à cette époque. […] pourquoi ils étaient en chiffres romains (très peu connus au Japon) et pas en chiffres arabes (occidentaux), pourtant connus de tous les Japonais, je n'en sais rien. Cette habitude a disparu dans les années 1930. : scratch:

Peut-être en raison de l'influence britannique, fortement présente au Japon à l'époque ?

C'est possible, même si je me dis que ce ne devait pas être pratique...

Peut-être aussi une "obligation" internationale, une convention ... ?

Victoria Harbour, Hong Kong, du 9 au 14 avril 1928 : concentration de navires de guerre. On reconnaît à gauche le cuirassé MUTSU et le croiseur léger TENRYŪ et, à droite, le cuirassé FUSŌ. Au centre, le porte-avions est le britannique HERMES.

Le NAGATO en 1922. Les piquets clairs que l'on voit tout autour de la plage avant ne sont pas ceux du bastingage, ils sont beaucoup trop hauts. Les hommes visibles à l'étrave donnent une idée de la hauteur du bastingage, qu'on distingue par endroits. Les piquets hauts sont ceux qui supportent le velum tendu sur la plage avant au mouillage.


Le cuirassé est encore doté de ses filets pare-torpilles.

Takagi a écrit:

Le NAGATO en 1922. […]. Les piquets hauts sont ceux qui supportent le velum tendu sur la plage avant au mouillage. […]

Bien vu !

Et, mieux que "piquets de velum", ce sont tout simplement des piquets de tente.

DahliaBleue a écrit:

Takagi a écrit:

Le NAGATO en 1922. […]. Les piquets hauts sont ceux qui supportent le velum tendu sur la plage avant au mouillage. […]

Bien vu !

Et, mieux que "piquets de velum", ce sont tout simplement des piquets de tente.

Sauf que piquets de tente, cela fait un peu camping au bord de l'eau

petit baigneur va

Le même NAGATO en 1927 se préparant à faire décoller un hydravion depuis la plateforme installée sur sa tourelle n°2. Par rapport à la photo précédente, on note que la tour avant a été modifiée, plusieurs plateformes ouvertes ayant été transformées pour que leur personnel de quart soit à l'abri des intempéries.


Les assidus de la rubrique photo sur l'aéronavale nippone auront aisément reconnu un hydravion Yokosho Ro-gō Kō-gata sur la plateforme.  

Le cuirassé est mouillé sur coffre. Et les piquets sont encore là en attente du velum.

Le FUSŌ juste après son lancement le 28 mars 1914 à l'arsenal naval de Kure

Le pré-dreadnought AKI (安芸) de la classe SATSUMA.

Mis sur cales le 15 mars 1906 et lancé le 14 avril 1907, il est le deuxième cuirassé construit au Japon et le premier à disposer de turbines à vapeur, fournies par Curtiss. Ses quinze chaudières Miyabara chauffent au charbon. On distingue l’AKI du SATSUMA (qui a des machines alternatives) à ses trois cheminées.


Mis en service le 11 mars 1911, il ne participe à aucun des combats de la première guerre mondiale, restant basé au Japon. Désarmé en 1922, il finit coulé comme cible sous les coups du KONGŌ et du HYŪGA en baie de Tōkyō le 2 septembre 1924. Deux de ses canons de 254mm serviront de batterie côtière sur l’île de  Jōgashima à l’entrée de la baie.

La plage arrière du YAMASHIRO en 1935.


L’homme que l’on voit est l’amiral Takahachi Sankichi (高橋 三吉, Takahachi étant son nom de famille), commandant en chef de la Flotte Combinée de 1934 à 1936. Promoteur convaincu du porte-avions, il avait commandé la Première Division de Porte-avions en 1928-29. Cette photo à bord d’un cuirassé donne une fausse image de ses convictions.

Jusqu'en 1939 et les travaux de doctrine d'Ozawa suite aux manoeuvres de la Flotte Combinée, les divisions de cuirassés sont directement soutenues par une CarDiv et les amiraux commandant d'escadre envoient encore par tradition et aussi de manière plus prosaïque pour des raisons d'espace leur marque sur les cuirassés. Cela changera, assez rapidement avec l'autonomisation des porte-avions concrétisée en avril 41 avec la création de la 1ere Flotte aérienne mais il est certain qu'au milieu des années 30 des visionnaires tels Takahashi Sankishi sont loin d'être majoritaires dans une institution où environ 80% des officiers supérieurs et généraux viennent de filière cuirassés/croiseurs.

Une vue de la plage avant du YAMASHIRO probablement prise dans les derniers mois avant l'attaque sur Pearl Harbor. Une bonne part de l'équipage est sur le pont en tenue d'été.

La 2^ème division de cuirassés vue depuis le NAGATO quittant le mouillage de Hashirajima près de Kure pour une école à feu, le 5 mai 1942. Dans l’ordre depuis le NAGATO, on reconnaît les FUSŌ, YAMASHIRO, ISE et HYŪGA.

Le croiseur de bataille KONGŌ (金剛巡洋戦艦, Kongō junyōsenkan) lors de ses essais à pleine puissance. Le bâtiment, construit par Vickers à Barrow-in-Furness, a commencé à recevoir son équipage japonais. Tsushima n'a eu lieu que huit ans avant.

Il faut dire que les anglais les ont bien aidés; le Kongo est directement inspiré du croiseur de bataille HMS Tiger.

NIALA a écrit:

Il faut dire que les anglais les ont bien aidés;

C'est certain !

Citation :

le Kongo est directement inspiré du croiseur de bataille HMS Tiger.

Et ce qui est amusant, c'est que le Tiger a été mis sur cales, lancé, achevé et mis en service un an après le Kongō.

En fait à la base le Kongo est une évolution du Lion

En 1910, Vickers réalise à la demande d'un client étranger dont le nom n’est pas révélé (en fait c'est le Japon), les plans d’un croiseur de bataille baptisé « Cruiser X » : 30 000 t, 30 nœuds, armé de huit tubes de 13.5". Ce projet s’inspire de la future classe Lion, dont Vickers a décroché la construction du second exemplaire, le Princess Royal.
Dans le même temps, au Japon l’équipe dirigée par le Commodore Kondo Motoki au sein de la 3e Section du Département Technique de la Marine (Kaïgun kanseï honbu – Kampon) finalise le projet B-46, un croiseur de bataille de plus de 32 000 t en charge, filant 27.5 nœuds, doté d’une artillerie de 305 mm destiné à supplanter le Lion. Un contrat est finalement signé, le 17 octobre 1910, avec Vickers et peu de temps après les Britanniques proposent un nouveau projet, le Design 472. Le projet B-46 est soumis à Sir George Owens Thurston architecte en chef des chantiers Vickers. Une collaboration étroite se met en place entre les équipes britanniques et japonaises. Des modifications, très innovantes pour l’époque, sont introduites à la demande des Japonais : conception de la protection interne, subdivisions et compartimentage anti-torpilles.

Le projet devient le Design 472 C, une évolution de la classe Lion et sera le futur Kongo.

Après de longues discussions le 305 mm est finalement retenu de préférence au 343 mm jugé moins mature. La construction du Kongo débute en janvier 1911 en parallèle de celle du Princess Royal. Elle est assortie d’importants transferts de technologies dans tous les domaines en vue de la réalisation des trois autres au Japon. 200 spécialistes et observateurs venus du Japon assistent à la construction du Princess Royal et du Kongo, durant 18 mois.
Dans le même temps, l’attaché naval à Londres, le Capitaine de Frégate Kato Kanji (futur faucon de la Faction de la Flotte) obtient l’information selon laquelle des essais comparatifs menés par les Britanniques ont abouti à la conclusion que le calibre 343 mm offre des performances supérieures au 305 mm en matière de précision et de dispersion. Il est alors question d’en équiper les Kongo. Dans le même temps, les premières informations filtrent sur les projets américains de cuirassés dotés de tubes de 14" (356) mm. Toujours en quête du navire le plus puissant qui soit, les Japonais obtiennent de Vickers, en mars 1911, une étude sur l’installation de tubes de 14’’ en quatre tourelles doubles alors que cet armement est pourtant seulement en cours de développement pour un projet de futur cuirassé turc, le Reshadieh, qui deviendra le HMS Erin en 1914.
L’adoption d’une artillerie de 8 tubes de 356 mm en tourelles doubles est finalisée le 29 novembre 1911 alors que le Kongo est en chantier depuis janvier. Les modifications nécessaires sont rapidement apportées.

Le Tiger reprendra certains éléments de la conception du Kongo dont notamment la disposition de l’artillerie principale.