| | Le souvenir de la Marine Impériale | |
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Takagi Vice-amiral


 Nombre de messages : 7461 Age : 42 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Oui Date d'inscription : 03/09/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Ven 05 Fév 2021, 17:20 | |
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|  | | Takagi Vice-amiral


 Nombre de messages : 7461 Age : 42 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Oui Date d'inscription : 03/09/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Ven 19 Mar 2021, 03:23 | |
| Le Japon compte environ 7000 îles, dont seules les plus peuplées sont dotées d’un système de distribution d’eau. Les habitants des autres doivent encore compter sur leurs puits et sur des réservoirs alimentés par les pluies. C’était évidemment encore plus vrai dans le passé, quand les infrastructures étaient plus rudimentaires. Ces îles sont parfois soumises à des épisodes de sécheresse qui mettent les réserves à sec. Contrairement à ce qu’on observe en Europe continentale, ces pénuries d’eau surviennent parfois l’hiver.  C’est ainsi qu’en janvier 1957 une grave pénurie d’eau avait menacé tout l’archipel d’Izu, qui s’étire au sud de la baie de Sagami et de la péninsule d’Izu. Les unes après les autres, les îles de l’archipel avaient émis des alertes de pénurie d’eau potable. La situation de la petite île de Toshima en particulier était préoccupante après plusieurs semaines sans pluie. Le 20 janvier 1957, les quatre-vingt-trois familles totalisant trois cent soixante-trois habitants n’avaient plus que dix jours d’eau devant elles. L’île n’étant dotée que d’un port très médiocre et d’aucune route, il n’était pas question d’y débarquer un camion-citerne comme on le ferait aujourd’hui. Le NASHI utilisé comme porte-kaiten et le WAKABA qu'il deviendra après la guerre Le WAKABA à cette époqueC’est là que le WAKABA est entré en scène. Comme les augustes lecteurs de ce forum le savent déjà, il s’agissait de l’ancien NASHI, dixième destroyer d’escorte de la classe TACHIBANA de la Marine Impériale, construit en urgence en 1944 et coulé en eau peu profonde en juillet 1945 dans la préfecture de Yamaguchi. L’épave aurait dû être ferraillée après relevage mais son relatif bon état a fait qu’elle a été réparée et remise en service sous le nom de WAKABA en mai 1956. A cette époque, le navire n’avait ni l’armement ni les radars de veille aérienne dont il a été doté plus tard : c’était un navire-école de navigation, sans armement, affecté à la base navale de Yokosuka de la Force Maritime d’Autodéfense (laquelle avait été créée en juillet 1954). En janvier 1957, cela ne faisait que six mois qu’il avait été remis en service. C’est à lui à qui la mission a été confiée de ravitailler Toshima. La raison de ce choix était que l’ex-destroyer était capable d’affronter les mauvaises mers de cette période de l’année, ce que ne pouvaient pas faire les barques de pêche de l’île si on les avait surchargées. L’absence de port et en particulier de quai ou de rampe de mise à l’eau interdisait en outre d’utiliser un ferry ou un navire de débarquement. Se souvenant peut-être de l’Express de Tōkyō mis en place dans les Salomon en 1942 pour ravitailler Guadalcanal, la Force Maritime d’Autodéfense a envoyé le WAKABA le 25 janvier 1957 vers le port de Tateyama pour y récupérer cent soixante-dix shito, barils de 72 litres ordinairement utilisés pour le transport et le commerce du saké mais qui avaient été remplis d’eau. L’idée était de les transborder sur des bateaux de pêche venus de l’île, exactement comme l’Express de Tōkyō transbordait des bidons d’eau et d’essence sur des barges et des chaloupes venues de Guadalcanal en 1942. Le transbordement devait être effectué à l’aide de la grue qui avait été prévue en 1944 pour embarquer les munitions et qui ne servait plus qu’à mettre à l’eau le youyou du bord.  Le WAKABA a quitté Tateyama le 26 janvier et est arrivé vers 6 heures du matin au point de rendez-vous près de Toshima. La mer était calme, Une centaine d’iliens rassemblés sur la plage ont applaudi quand ils l’ont vu arriver. Un bateau de pêche remorquant une plate non motorisée s’est approché et le transbordement des shito a commencé. Un baril a été donné à chaque famille, et le reste a été déversé dans le réservoir de l’île, qui a ainsi pu attendre le retour des précipitations. Le WAKABA a plus tard été converti en banc de test pour des armes et des radars. En 1962, il s’est encore illustré en évacuant les habitants de Miyakejima dont le volcan était entré en éruption. Il n’a été désarmé qu’en 1971. Quant à Toshima, elle est aujourd’hui dotée d’une centrale de dessalement de l’eau de mer pour alimenter son réservoir et elle ne compte plus sur les seules pluies. Elle a aussi un port où accostent les excursionnistes qui veulent profiter de sa flore exceptionnelle. Et tous les navires de la Force Maritime d’Autodéfense sont conçus pour intervenir, en mission secondaire, sur des zones de crise humanitaire. L'île de Toshima dans l'archipel d'Izu
Dernière édition par Takagi le Ven 19 Mar 2021, 18:43, édité 1 fois (Raison : NASHI, pas NACHI...) |
|  | | pascal Vice-amiral


 Nombre de messages : 6564 Age : 58 Ville : marseille Emploi : fonctionnaire Date d'inscription : 08/02/2009
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Ven 19 Mar 2021, 08:53 | |
|  beau volcan
Dernière édition par pascal le Ven 19 Mar 2021, 10:41, édité 1 fois |
|  | | DahliaBleue Amiral


 Nombre de messages : 12640 Age : 41 Ville : Au septième Ciel… sous la dunette Emploi : Passagère du Vent Date d'inscription : 21/06/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Ven 19 Mar 2021, 10:02 | |
| - Takagi a écrit:
- Le Japon compte environ 7000 îles, dont seules les plus peuplées sont dotées d’un système de distribution d’eau. Les habitants des autres doivent encore compter sur leurs puits et sur des réservoirs alimentés par les pluies. […]
Le NACHI utilisé comme porte-kaiten et le WAKABA qu'il deviendra après la guerre […] C’est là que le WAKABA est entré en scène. […] a été réparée et remise en service sous le nom de WAKABA en mai 1956. […] Le transbordement devait être effectué à l’aide de la grue qui avait été prévue en 1944 pour embarquer les munitions et qui ne servait plus qu’à mettre à l’eau le youyou du bord. .[…] : marinpilote: < J'aime > Jolis croquis ! De qui sont-ils l’œuvre ? |
|  | | NIALA Amiral


 Nombre de messages : 20194 Age : 79 Ville : MENTON Emploi : RETRAITE Date d'inscription : 12/07/2012
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Ven 19 Mar 2021, 14:25 | |
| Voici deux photos du renflouement du Nashi futur Wakaba:  Le Nashi le 21 septembre 1954  Le Nashi en bassin en octobre 1954 |
|  | | Takagi Vice-amiral


 Nombre de messages : 7461 Age : 42 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Oui Date d'inscription : 03/09/2010
 | |  | | DahliaBleue Amiral


 Nombre de messages : 12640 Age : 41 Ville : Au septième Ciel… sous la dunette Emploi : Passagère du Vent Date d'inscription : 21/06/2010
 | |  | | Takagi Vice-amiral


 Nombre de messages : 7461 Age : 42 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Oui Date d'inscription : 03/09/2010
 | Sujet: La station de TSF de Takao Mar 23 Mar 2021, 20:13 | |
| L'ancienne station de TSF du mont Hozan à Takao (aujourd'hui Kaohsiung)Pendant l’occupation japonaise de Taiwan, la ville de Kaohsiung s’appelait Takao. Bien qu’elle ait beaucoup changé depuis 1945, il y reste encore quelques vestiges de cette époque coloniale. Entre autres curiosités, le quartier de Fenshang abrite encore l’ancienne station de TSF de la Marine Impériale connue jadis sous le nom de « station du mont Hozan ». Commencée en 1917 et achevée en 1919, cette station était alors située à la périphérie de la ville, dans une zone qui était encore agricole : on y cultivait du riz et des légumes grâce à l’eau de la rivière Chienchen, toute proche. Sur l’autre berge de ladite Chienchen se trouvait (et se trouve encore) le siège du gouvernement provincial du Fengshan, instauré par les Qing en 1684 et dissout en 1909. Cette station était une des trois plus grandes du Japon avec celles de Chiba (près de Tōkyō) et de Sasebo. A la fin des années 1930, elle disposait de cinq pylônes radio hauts de plus de 100 m. La station telle qu'elle a été photographiée par les Américains à la fin des années 1930. Les cercles blancs indiquent les pylônes radio. Plan de la station telle qu'elle était à la fin de la Guerre du PacifiqueBien qu’altéré par l’urbanisation, le plan du site reste très singulier. Il s’inscrit dans un cercle de trois cents mètres de diamètre, avec une extension rectangulaire en direction du sud-est qui lui donne un air de dévidoir de ruban adhésif géant. Plusieurs bâtiments servant à loger le personnel s’y partagent l’intérieur du cercle avec des espaces verts au milieu desquels se trouvent encore une partie des mâts-pylônes portant les antennes HF. La station radio elle-même était un vaste bâtiment cruciforme en béton armé abritant les émetteurs de puissance, les télétransmetteurs et les groupes électrogènes. Il était situé dans l’excroissance rectangulaire. Le toit de cette station est couvert d’une couche de terre gazonnée dont le but était de protéger l’intérieur des mitraillages. Le sous-sol de ce bâtiment recèle plusieurs souterrains dont l’accès est aujourd’hui interdit pour des raisons de sécurité. On peut tout de même s’y aventurer à ses risques et périls, l’interdiction n’étant matérialisée que par un panneau. Le bâtiment cruciforme qui abritait la station TSF proprement diteLe reste du site est librement accessible : abris antiaériens, bâtiments à deux niveaux ajoutés par la marine taiwanaise à ceux à un seul niveau qui datent de l’époque coloniale, château d’eau, miradors, salle de bains japonais. Le château d'eau à côté des anciennes cuisines (aujourd'hui ruinées) Deux bâtiments de l'époque japonaise, l'un restauré et l'autre en cours de restauration Un des neuf abris antiaériens du centreCe qui attire le plus les touristes équipés d’appareils photo ou de smartphones est le bâtiment appelé le Grand Bunker, à peu près au centre du cercle : ses deux façades se présentent comme celles d'un bâtiment en briques à trois niveaux qui abritaient des bureaux et qui ne sont en fait que l’interface entre le monde extérieur et un vaste blockhaus en béton armé enterré sous une colline artificielle et qui servait de soute à munitions. Des remblais en terre encadrent le bâtiment en briques de manière à contenir les effets d’une éventuelle explosion. Ci-dessus et ci-dessous : trois vues de la façade sud du Grand Bunker L'intérieur du Grand Bunker La façade nord du Grand BunkerTout autour du site, les rizières et les parcelles maraîchères avaient été organisées selon un plan radial de manière à éviter que diguettes et clôtures ne puissent masquer un intrus. Aujourd’hui, la partie sud-ouest de ces parcelles en étoile ont disparu au profit d’un quartier résidentiel, et une bonne part de celles au nord ont été réaménagées en parc de promenade. A l’origine, les deux chemins circulaires qui délimitaient la périphérie de ce disque de champs desservaient les cinquante-deux émetteurs de fumée qui masquaient le site en cas d’attaque aérienne. La station dans son état actuel, vue sur Google EarthAu début, bien qu’étant mise en œuvre par la Marine Impériale, la station ne relayait que des communications civiles et commerciales, essentiellement au profit de la marine marchande japonaise et des succursales outre-mer de ses compagnies maritimes. Ce n’est que lors de la deuxième guerre contre la Chine, en 1937, qu’elle a été intégrée au système de communications militaires de la Marine, qui disposait déjà d’un autre PC radio au cap Sankai à la pointe sud de l’île. Au début de la guerre du Pacifique, elle a aussi servi à intercepter les communications britanniques et à brouiller celles des forces armées américaines des Philippines. Tout au long de la guerre, elle a été un maillon essentiel de la ligne de radiocommunication entre la métropole et les forces armées déployées dans tout le sud-est asiatique (Palaos abritait un centre analogue qui desservait toute la zone au nord de la Nouvelle-Guinée). Bien qu’attaqué par l’aéronavale américaine en 1944, le site n’a jamais été sérieusement endommagé pendant la guerre. Fin 1945, après le rapatriement de la garnison japonaise, le site a été occupé par la marine chinoise. Après le repli des nationalistes de Tchang Kaï-Chek sur Taiwan en 1949, l’ancienne station radio de la Marine Impériale est devenue la « maison d’hôtes de Fengshan », appellation ironique qui masquait la reconversion du bunker en lieu de détention et parfois d’exécution pour les contestataires du régime, la station radio attenante restant opérationnelle. De 1976 à 1995, le site a été utilisé comme centre de rétention disciplinaire pour quelque 1169 militaires rétifs après avoir vu fermer sa station radio. Pour ce faire, l’intérieur du bunker avait été subdivisé en cellules. Les sanctionnés ne pouvaient sortir que dans la cour entre les remblais en terre. En 1993, le site a été classé monument historique ; en 1995, il a définitivement fermé avant d’être déclaré monument national en 1999. Gratuite, la visite est autorisée de 9h à 17h tous les jours sauf le mardi, jour de fermeture. Des dépliants explicatifs sont disponibles en chinois et en japonais pour le plus grand bonheur des touristes.  |
|  | | Takagi Vice-amiral


 Nombre de messages : 7461 Age : 42 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Oui Date d'inscription : 03/09/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Jeu 01 Avr 2021, 20:26 | |
| A défaut d’œufs de Pâques, quelques plaques d'égout émaillées de la ville de Kure évoquant le cuirassé Yamato : Et toujours à défaut d’œufs de Pâques, la perle de mon fils François en voyant les photos : « J’suis d’égouté, elle m’a plaqué ». Parfois je me demande comment fonctionne son cerveau...  |
|  | | DahliaBleue Amiral


 Nombre de messages : 12640 Age : 41 Ville : Au septième Ciel… sous la dunette Emploi : Passagère du Vent Date d'inscription : 21/06/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Sam 03 Avr 2021, 16:32 | |
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|  | | Takagi Vice-amiral


 Nombre de messages : 7461 Age : 42 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Oui Date d'inscription : 03/09/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Dim 04 Avr 2021, 09:33 | |
| - DahliaBleue a écrit:
- Est-ce lui qui a pris ces photos "tapeku**" ?
Non, il n'est jamais allé au Japon. |
|  | | Takagi Vice-amiral


 Nombre de messages : 7461 Age : 42 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Oui Date d'inscription : 03/09/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Jeu 08 Avr 2021, 05:00 | |
| Date du 7 avril oblige, la mémoire du cuirassé YAMATO disparu soixante-seize ans jour pour jour, a été honorée. Deux cérémonies ont été tenues simultanément, l’une devant le monument du parc Nagasako à Kure, l’autre devant la stèle commémorative de Tokunoshima au large de laquelle le cuirassé a fait naufrage. La cérémonie à KureC’était la première fois que ces cérémonies étaient organisées sans la participation d’anciens membres d’équipage du YAMATO : le dernier, Hiro Kazushi, s’est éteint l’an dernier. Il avait servi à bord de 1941 à 1943. En nombre réduit à cause du COVID, les personnes qui ont assisté aux cérémonies comptaient des nièces, neveux, petits-neveux et petits-enfants des 3056 membres d'équipage qui ont péri dans le naufrage le 7 avril 1945.  |
|  | | Takagi Vice-amiral


 Nombre de messages : 7461 Age : 42 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Oui Date d'inscription : 03/09/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Dim 11 Avr 2021, 07:35 | |
| L’ancienne Marine Impériale Japonaise a laissé de nombreux vestiges historiques dans les alentours de Yokosuka. J’en ai déjà abordé quelques-uns dans cette rubrique, comme par exemple l’île fortifiée de Sarushima que la municipalité s’efforce de mettre en valeur. Un autre de ces vestiges est la batterie du cap Chiyoga (en japonais : 千代ケ崎砲台 Chiyogasaki hōdai), installée sur une hauteur dominant le détroit d’Uraga à l’entrée de la baie de Tōkyō, sur la municipalité de Nishiuraga. Comme l’île de Sarushima, la batterie a été déclarée « site historique national » le 10 mars 2015. Le nom complet du site ainsi classé est « Ruines de la forteresse de la baie de Tokyo, Ruines de la batterie de Sarushima Gun, Ruines de la batterie de Chiyogasaki » (東京湾要 塞跡 猿島砲台跡 千代ヶ崎砲台跡) comme s’il s’agissait d’un ensemble cohérent. Contrairement à l’île de Sarushima, qui est restée tout le temps dans le domaine public (militaire ou civil), la batterie du cap Chiyoga a été vendue à un particulier après la dissolution de la Marine Impériale en 1945. Ses terrains, totalement défrichés en glacis pour dégager le tir des canons, avaient été reclassés terrain agricole. A la fin des années 1950 cependant, la toute nouvelle Force Maritime d’Autodéfense a racheté la partie haute du site pour y établir une station radio. Elle a servi jusqu’en 2008, date à laquelle la numérisation complète des communications a rendu inutiles ses installations analogiques. En 2013, le site est cédé à la métropole de Yokosuka, qui fédère plusieurs communes. Et aujourd’hui, la municipalité s’emploie à remettre le site en valeur, espérant faire de ce terrain de 15 000 m² à la vue imprenable un lieu de promenade et d’excursion. Deux vues générales du site, entre la baie d'Uraga et le port de Kurihama  La batterie de Chiyogasaki complétait celle du cap Kannon, plus au nord, pour barrer l’accès à Uraga (dont Chiyogasaki domine l’entrée de la baie au sud, Kannonsaki la dominant au nord) et au port de Kurihama, où l’on craignait un débarquement « à la Perry » pour barrer l’accès maritime à la capitale. Plan du site tel qu'il figure sur le dépliant touristique préparé par la municipalité de Yokosuka. Sur la droite de la batterie la plus au sud, on voit la petite plateforme où se trouvait le télépointeur.Les vestiges de l’ancienne batterie comprennent trois batteries de deux canons chacune (les pièces ne sont plus là, elles ont été ferraillées…). Les canons de 280 mm étaient au fond des fosses et leurs servants ne pouvaient pas voir la mer ; le tir était réglé depuis un poste de réglage équipé d’un télémètre Braccalini qui communiquait avec les batteries par tubes porte-voix. Ruines d'une des batteries où se trouvaient deux canons de 280 mm L'assise du télépointeur BraccaliniBien qu’achevée le 5 février 1895, après trois ans de travaux et onze ans à peine après celle de Sarushima, la batterie du cap Chiyoga était nettement plus moderne et avait suivi l’évolution rapide de l’artillerie : aux murs en briques rouges de Sarushima, les ingénieurs y avaient préféré les parements en pierres de taille adossés à d’imposants merlons protégeant les maçonneries. Les pierres et les voûtes en briques des souterrains y avaient été jointoyées au mortier, certaines voûtes souterraines étaient en béton armé, un procédé révolutionnaire à la fin du XIX e siècle. Car autour et sous les sellettes d’artillerie se trouve un complexe de tunnels, poudreries, soutes à munitions et casernements auxquels on accède par une voie dallée en tranchée, les dalles recouvrant le vaste système de drainage qui asséchait la fortification et en alimentait les citernes. Détail piquant, les briques de Sarushima avaient été fabriquées par d’anciens samouraïs ruinés par la restauration Meiji, et les pierres de Chiyogasaki avaient été taillées par les occupants de la prison de Tōkyō – le seul de ces vestiges de l’époque Meiji à être encore en service. En onze années, la main d’œuvre bon marché avait évolué… De même, les briques utilisées à Chiyogasaki, cuites à plus haute température que celles de Sarushima pour mieux résister à la pluie, portent en creux la fleur de cerisier qui est la marque de la prison. La voie dallée en tranchée Une des soutes à munitions qui débouchaient directement au fond des fosses des batteriesToujours en cours de consolidation et de mise aux normes applicables aux lieux accueillant du public (rambardes, éclairage, signalétique, planéité des sols, mise en sécurité des endroits dangereux, etc.), la batterie n’est pas encore ouverte. Seules quelques délégations ont pu en visiter des parties. La municipalité espère l’ouvrir au public avant la fin du premier trimestre 2022. La petite vidéo ci-après permet de s’y rendre avant l’ouverture : https://www.youtube.com/watch?v=vMrncGT9l4A , et celle-ci permet d’accompagner une des délégations ayant pu visiter le site, de bénéficier d’explications historiques, et de se rendre compte qu’il reste pas mal de jardinage à faire : https://www.youtube.com/watch?v=TeLEGlronUE . Seule la partie haute du site a été dégagée à ce jour. Dans la pente qui descend au nord du cap, il y a d’autres ouvrages de moindre importance et d’autres substructions qui restent à dégager entre les petites parcelles encore en culture. Ailleurs, il reste également d’autres fortifications construites à l’époque Meiji pour défendre Yokosuka et la baie de Tōkyō. Les plus connues sont les batteries du cap Kannonzaki, de Daiichi et Daisan Kaito (Kaito n°1 et n°3), de Natsushima et de Yonagawa qui défendaient Yokosuka, auxquelles il faut ajouter celle de Sankenya qui surveillait la baie de Tōkyō sans être intégré au système défensif d’un site terrestre. La ligne de défense ainsi constituée a ensuite été complétée par d’autres batteries côtières bâties dans les premières années de l’ère Shōwa qui correspond au règne de Hiro-Hito. J'aurai sans doute d'autres occasions de vous bourrer le mou informer sur la remise en valeur de ce patrimoine militaire. 
Dernière édition par Takagi le Dim 02 Mai 2021, 07:52, édité 3 fois |
|  | | DahliaBleue Amiral


 Nombre de messages : 12640 Age : 41 Ville : Au septième Ciel… sous la dunette Emploi : Passagère du Vent Date d'inscription : 21/06/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Lun 12 Avr 2021, 22:47 | |
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|  | | david Enseigne de vaisseau 1ère classe


 Nombre de messages : 2118 Age : 47 Ville : Eaubonne Emploi : éducation nat Date d'inscription : 08/11/2005
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Mar 13 Avr 2021, 22:32 | |
| °Continue de faire tes articles, c'est un régal à lire _________________ je ne suis pas fou, juste un peu cinglé
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|  | | pascal Vice-amiral


 Nombre de messages : 6564 Age : 58 Ville : marseille Emploi : fonctionnaire Date d'inscription : 08/02/2009
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Mer 14 Avr 2021, 08:48 | |
| Cuvelage très exposé, batteries en plein air ... Les canons auraient été une cible privilégiée des Helldivers |
|  | | Paul-Émile Second maître


 Nombre de messages : 525 Age : 20 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Fils de Date d'inscription : 21/05/2020
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Ven 14 Mai 2021, 09:54 | |
| N'est-il pas dommage que cette maquette du Fusō ait été détruite ? Elle était à Etajima pour l'instruction des cadets dans les années 30.  |
|  | | NIALA Amiral


 Nombre de messages : 20194 Age : 79 Ville : MENTON Emploi : RETRAITE Date d'inscription : 12/07/2012
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Ven 14 Mai 2021, 11:29 | |
| Magnifique maquette en effet. |
|  | | DahliaBleue Amiral


 Nombre de messages : 12640 Age : 41 Ville : Au septième Ciel… sous la dunette Emploi : Passagère du Vent Date d'inscription : 21/06/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Ven 14 Mai 2021, 12:01 | |
| - Citation :
- N'est-il pas dommage que cette maquette du Fusō ait été détruite ? Elle était à Etajima pour l'instruction des cadets dans les années 30
 Il est… en effet. Mais détruite par quoi, par qui ? Bombardements étasuniens ? Vu son échelle (mais quelle échelle ?) elle rappelle celle du Yamato (au 1:10, me semble-t-il) dans un musée ouvert au public. |
|  | | pascal Vice-amiral


 Nombre de messages : 6564 Age : 58 Ville : marseille Emploi : fonctionnaire Date d'inscription : 08/02/2009
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Ven 14 Mai 2021, 14:04 | |
| Je ne distingue pas bien mais vu le positionnement au repos de la TIII je dirais plutôt le Yamashiro, car sur le Fuso après la refonte de 1930/33 la tourelle III fut inversée en raison de l'installation des plate-formes projecteur sur le devant de la cheminée ... (de mémoire et sous réserve de confirmation je n'ai pas mes notes sous la main). |
|  | | Takagi Vice-amiral


 Nombre de messages : 7461 Age : 42 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Oui Date d'inscription : 03/09/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Sam 13 Nov 2021, 07:53 | |
| Le 11 novembre 2021, le HOJU MARU n°78, un bateau de 152 tonnes spécialisé dans la pêche au crabe qui opérait au large de Shakotan (Hokkaidō), a remonté un canon dans son kanikago (casier métallique à crabes). Il a prévenu les garde-côtes. Le 12, quand il est rentré à Esashi, les agents ont récupéré l’arme. Il s’agit d’un canon de 76,2 mm fabriqué à Kure en 1906. Sa plaque signalétique précise : « Arsenal naval de Kure, 40 calibres, canon de 3 pouces, Meiji 39 ». Les garde-côtes le remettront lundi à la Force Maritime d’Autodéfense dont le service historique va essayer de savoir comment il s’est retrouvé à 1300m de fond à 16 Nq au large du cap Kamui.  Ce canon de 76,2mm / L40 Type 3 était une copie du canon à tir rapide de 12 livres d’Armstrong Whitworth. Il a été construit en des centaines d’exemplaires et a armé pratiquement tous les navires japonais de l’après-guerre russo-japonaise, puis bon nombre d’auxiliaires et de cargos pendant la guerre du Pacifique. Il a également servi de batterie côtière et de canon antiaérien. Peut-être son numéro de série permettra-t-il de savoir comment il a coulé. |
|  | | NIALA Amiral


 Nombre de messages : 20194 Age : 79 Ville : MENTON Emploi : RETRAITE Date d'inscription : 12/07/2012
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Sam 13 Nov 2021, 08:45 | |
| Affaire à suivre donc  |
|  | | DraniBrut Maître


 Nombre de messages : 674 Age : 51 Ville : Dunkerque Emploi : Chauffagiste Date d'inscription : 04/01/2013
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Sam 13 Nov 2021, 09:37 | |
| - Takagi a écrit:
- le service historique va essayer de savoir comment il s’est retrouvé à 1300m de fond à 16 Nq au large du cap Kamui.
1300 mètres ? Ce caseyeur est parvenu à remonter cette prise depuis une telle profondeur ? |
|  | | Takagi Vice-amiral


 Nombre de messages : 7461 Age : 42 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Oui Date d'inscription : 03/09/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Sam 13 Nov 2021, 18:54 | |
| - DraniBrut a écrit:
- 1300 mètres ? Ce caseyeur est parvenu à remonter cette prise depuis une telle profondeur ?
Ça m’a moi aussi un peu surpris, mais deux médias nippons ayant cité cette profondeur, je l’ai copiée.  |
|  | | Takagi Vice-amiral


 Nombre de messages : 7461 Age : 42 Ville : Saint-Cannat (13) Emploi : Oui Date d'inscription : 03/09/2010
 | Sujet: Re: Le souvenir de la Marine Impériale Mer 01 Déc 2021, 19:36 | |
| Le 8 décembre marquera le quatre-vingtième anniversaire de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor. Pour le centenaire qu’est aujourd’hui Haraguchi Shizuhiko, c’est l’occasion de se remémorer le jeune officier de marine qu’il était alors. Il tenait un journal dans lequel il écrivait ses exaltations et ses pensées, journal qu’il a précieusement conservé bien qu’il ait largement relativisé depuis ses idéaux et son exaltation d’alors. M. Haraguchi et une partie de son journalA la date du 15 novembre 1941, il y avait inscrit : « L’entrée en guerre est inévitable. En tant qu’homme japonais et en tant que soldat, c’est la chance de ma vie. » Âgé de 19 ans et frais émoulu de l’académie navale d’Etajima, il servait alors à bord du croiseur CHIKUMA. Le 18 novembre, le croiseur avait quitté la baie de Saiki dans la préfecture d’Oita où il avait été déconcentré, pour faire route vers la baie d’Hitokappu pour y rallier la force de raid de Nagumo. Le 24, il notait : « Tout l’équipage a écouté le briefing d’opération avec un extraordinaire sentiment de tension et de détermination. » Quand le commandant du bâtiment a annoncé les grandes lignes du plan d’attaque, l’équipage s’est lancé dans un vibrant « Tennohaika Banzai ! » (Longue vie à l’Empereur !) répété trois fois. Deux jours plus tard, la force de raid appareillait. Haraguchi, qui faisait partie du service des transmissions, était chargé de tenir à jour la planchette de messages destinée au commandant. A ce titre, il a eu accès au message codé envoyé par Yamamoto le 1 erdécembre et confirmant la cible et la date de l’attaque. Le 8 décembre, il a également transcrit le Tora ! Tora ! Tora ! marquant la réussite de l’attaque-surprise. Dans son journal, il nota : « J’ai vu de mes yeux et entendu de mes oreilles quelque chose d’extraordinaire, j’en ai été transporté. » et il se souvient encore très bien de l’emportement qu’il avait alors ressenti. Quelques jours plus tard, voyant l’élan de solidarité qu’avait soulevé l’attaque dans l’opinion américaine, il commença à déchanter. L’attaque n’avait pas fait s’effondrer le moral américain, bien au contraire. Midway (à laquelle l’enseigne de vaisseau Haraguchi a participé toujours à bord du CHIKUMA) lui confirma que le Japon n’était pas de taille à lutter contre les Etats-Unis. Affecté ensuite à bord du MUSASHI puis d’autres unités, il a survécu à la guerre. Après la capitulation, il s’est reconverti comme médecin dans la région de Nagasaki. En 1976, il a été élu maire de sa ville de Kita-Arima (aujourd’hui Minami-Shimabara dans la préfecture de Nagasaki), mandat qu’il a tenu pendant quatre ans. En 2021, malgré quelques problèmes de santé, il s’est confié au quotidien de tendance conservatrice Yomiuri Shinbun et a regretté que la course à la guerre ait embrigadé les Japonais et leur ai fait perdre leur indépendance d’esprit, leur faisant considérer la guerre comme une bonne chose qui rendrait justice à la communauté nationale.  |
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