CARRIERE OPERATIONNELLELe USS Enterprise (CVAN-65) lors de ses essais à la mer. Les C-1 Trader ont débarqué sur le porte-avions les membres de la commission chargée de valider sa mise en servicePrésentationTrois photos de la construction de l'Enterprise-Le
USS Enterprise (CVAN/CVN-65) est mis sur cale aux chantiers navals
Newport News Shipbuilding & DryDock Company de Newport News (Virginie) le 4 février 1958 mis à flot le 24 septembre 1960, baptisé le même jour et
commissioned le 25 novembre 1961.
Le premier porte-avions nucléaire du monde est le huitième navire à porter ce nom au sein de la marine américaine même si les deux premiers n'étaient pas stricto sensu des navires de la marine américaine (un sloop de 70 tonnes de 1775 brûlé le 7 juillet 1777 pour éviter la capturer et un schooner de 25 tonnes de 1776).
Le premier vrai USS Enterprise est un brick-schooner de 135 tonnes en service de 1799 à 1809 et de 1811 à 1823. Il est suivit par un schooner de 197 tonnes de 1831 à 1844, une barque-sloop à hélice de 615 tonnes en service de 1877 à 1880, de 1882 à 1886 et de 1887 à 1909 et un patrouilleur, le SP-790 du 6 décembre 1917 au 2 août 1919.
Le USS Enterprise (CV-6)Le septième navire est une véritable légende de la marine américaine, la deuxième unité de classe Yorktown, le CV-6.
Le USS Enterprise (CV-6) à été mis sur cale aux chantiers navals Newport News Shipbuilding le 16 juillet 1934, lancé le 3 octobre 1936 et commissioned le 12 mai 1938. Il participe à tous les grands affrontements de la guerre du Pacifique, échappant de peu au sort funeste de ses deux sister-ship. Il est désarmé le 17 février 1947. Après une tentative de préservation, Big E est démantelé entre juillet 1958 et mai 1960.
Vision numérique du USS Enterprise (CVN-80)Bientôt un neuvième navire va porter ce nom, le troisième porte-avions de classe Gerald R. Ford, le CVN-80. La mise sur cale est prévue pour février 2022, une mise à flot programmée en novembre 2025 pour une mise en service prévue en 2028. Ce navire aura deux marraines, Katie Ledecky et Simone Biles, respectivement championnes olympiques de natation et de gymnastique.
Une longue carrière opérationnelleLe USS Enterprise (CVAN-65)Jeunes années : le blocus de Cuba et Opération Sea OrbitDeux photos de l'Enterprise naviguant en compagnie d'un pétrolierLe USS Entrerprise (CVAN-65) effectue son premier déploiement opérationnel en Méditerranée sous l'autorité de la 6ème flotte (août-octobre 1962), ce déploiement faisant suite à une période de travaux d'avril à juin 1962.
Il va ensuite participer au blocus de l'île de Cuba, une décision du président Kennedy pour forcer les soviétiques à retirer bombardiers et missiles nucléaires de la grande île. Si la crise s'achève le 29 octobre après treize jours de tension au cours desquels le monde fût au bord de la guerre nucléaire, le blocus ne sera levé par les américains que le 20 novembre 1962.
Le USS Enterprise (CVAN-65) à la mer. Notez les Crusader et les Phantom II à l'avant.De février à septembre 1963, le premier porte-avions nucléaire du monde retourne en Méditerranée, une zone stratégique pour les américains, son contrôle étant capital pour couvrir le flanc méridional de l'OTAN. Il retourne dans la Mare Nostrum de février à juillet 1964.
A l'époque la confiance dans la science est à son paroxysme. Parmi les technologies en vogue le nucléaire que ce soit dans le domaine civil ou militaire. Si le volet offensif est le plus connu, le volet concernant la propulsion est moins connu notamment du grand public.
Parmi l'utilisation du nucléaire figure la propulsion. Pour les sous-marins cela est rapidement acté mais pour les navires de surface cela semble moins évident. Pour vanter les mérites de la propulsion nucléaire les américains décident d'organiser un tour du monde. C'est l'opération Sea Orbit.
Un porte-avions nucléaire au mouillagePour cela l'US Navy met sur pied un groupe occasionnel, une Task Force, la Task Force One (TF-1) sous le commandement du contre-amiral Bernard M. Strean. Elle comprend le porte-avions USS Enterprise (CVAN-65) avec à son bord le Carrier Air Wing Six (CVW-6) et comme escorteurs le croiseur lance-missiles USS Long Beach (CGN-9) et la
frigate USS Bainbridge (DLGN-25).
Ce groupe occasionnel va parcourir 30565 miles nautiques en soixante-six jours naturellement sans ravitaillement à la mer. Pour les promoteurs de cette opération c'est l'équivalent à l'ère de l'atome de la Grande Flotte Blanche (
Great White Fleet) qui entre 1907 et 1909 avait montré au monde que l'US Navy était désormais une marine avec laquelle il fallait compter.
Le porte-avions Enterprise accompagné du Long Beach et du BainbridgeLe 28 avril 1964 le Long Beach et le Bainbridge appareille de Norfolk en escorte du USS Franklin D. Roosevelt (CVA-42) pour la traversée de l'Atlantique direction la Méditerranée où le porte-avions lourd de classe Midway doit relever l'Enterprise. La TF-1 est officiellement activée dans la baie de Pollensa sur l'île de Majorque le 13 mai 1964.
Après une série d'essais et d'exercices pour permettre aux trois navires à propulsion nucléaire d'opérer ensemble, la Task Force entame sa croisière le 31 juillet 1964. Elle met cap à l'ouest, faisant escale à Rabat, Dakar, Freetown, Monrovia et Abidjan avant de traverser l'Equateur.
Le 10 août la Task Force franchit le cap de Bonne Espérance, l'occasion de manœuvre avec deux navires de la marine sud-africaine. Elle traverse ensuite le canal du Mozambique direction Monbasa pour une escale qui précède une traversée de l'Océan Indien.
Après des exercices avec la marine pakistanaise et une escale (ou plutôt un mouillage au large) à Karachi, l'escadre longe la côte occidentale de l'Inde avant de mettre cap sur l'Australie, le transit étant l'occasion d'un Passex (
Passage Exercise) avec le groupe de combat du porte-avions HMS Victorious. Les trois navires américains se séparent alors pour des escale à Fremantle (Bainbridge), Melbourne (Long Beach) et Sydney (Enterprise). Les trois navires se regroupent alors direction la Nouvelle-Zélande mais seuls les CGN-9 et DLGN-25 font escale à Wellington.
L'escadre de l'opération Sea Orbit fait ensuite route à travers le Pacifique, franchissant le Cap Horn pour repasser dans l'Atlantique. Les navires américains visitent Buenos Aires, Montevideo et Rio de Janeiro.
Le 30 septembre 1964 le Bainbridge est détaché pour retourner à Charleston alors que les deux autres navires rallient directement Norfolk où les trois navires se retrouvent le 3 octobre 1964.
Le bilan est éloquent : 65 jours de déploiement dont 57 à la mer, 30216 ou 30565 miles nautiques parcourus. Cette croisière à certes montré les capacités d'une escadre 100% nucléaire mais très vite les américains tout comme les autres grandes marines se rendront compte qu'une flotte
all nuclear aussi séduisante soit-elle relève du domaine de l'utopie et génère davantage d'inconvénients que d'avantage.
De novembre 1964 à août 1965 le porte-avions est immobilisé au bassin pour un grand carénage et un rechargement de ses huit réacteurs nucléaires.
Le temps de la croisière d'agrément est fini, la guerre est là.
L'Enterprise et la guerre du VietnamEn novembre 1965 le porte-avions quitte la côte est et Norfolk direction la côte ouest et la base navale d'Alameda en Californie. Ce redéploiement s'explique en grande partie par les besoins engendrés par la guerre du Vietnam. Avant de parler des déploiements du CVAN-65 dans ce conflit il me semble important de rappeler brièvement les grandes lignes du conflit.
C'est la France de Napoléon III qui entame la conquête de l'Indochine française avec tout d'abord la Cochinchine en 1862, le Cambodge en 1863, l'Annam et le Tonkin en 1884, ces territoires étant regroupés dans une Union indochinoise en 1887.
Si l'Algérie à marqué les consciences par son statut de colonie de peuplement, l'Indochine avait une place particulière dans l'Empire français. Colonie la plus peuplée avec 25 millions d'habitants, elle fascinait les métropolitains attirés par l'Asie et les mystères.
La défaite française de 1940 met le pouvoir colonial au péril. Le Japon transforme l'Indochine en véritable protectorat et favorise la défaite venant les nationalistes du Viet Minh. Le 9 mars 1945, une attaque surprise des troupes japonaise décapite l'administration coloniale française et provoque la mort de plusieurs milliers de civils et de militaires français.
Suite à la défaite japonaise, l'Indochine est divisée en deux zones : chinoise au nord et britannique au sud, la mission de ses troupes étant de désarmer les unités japonaises et de maintenir l'ordre en attendant le retour de la France.
Si la France accorde l'indépendance au Laos et au Cambodge, il est hors de question de lâcher le Vietnam dont les enjeux économiques sont bien plus importants que les deux pays précités. La France reprend pied en 1946 en janvier dans le sud et en mars dans le nord.
De 1946 à 1949, la guerre semble être une guerre du faible au fort, une guerre de guérilla qui voit une armée française équipée à l'Européenne affronter une guérilla mal équipée mais connaissant parfaitement le terrain.
L'arrivée au pouvoir de Mao-Tse-Toung en octobre 1949 change la donne. Le Viet Minh bénéficie maintenant d'une puissante base arrière en Chine et se transforme en une véritable armée capable d'infliger des sévères défaites au corps expéditionnaire française comme à Cao Bang sur la RC4 en octobre 1950.
Après une période de redressement sous la houlette du général de Lattre de Tassigny, le haut commandement français souhaite écraser les forces viet-minh en les attirant dans une bataille rangée où la puissance de feu de l'artillerie et de l'aviation française doit faire la différence.
C'est l'opération Castor lancée le 20 novembre 1953 avec la mise en place d'un camp retranché à Dien Bien Phu qui va devenir le tombeau des meilleurs unités françaises, l'Azincourt du Corps Expéditionnaire Français qui se termine par une bataille de 54 jours du 13 mars au 7 mai 1954, date de la chute du camp retranché, un projet de raid aérien américain (opération Vulture) ayant été comme nous l'avons vu abandonné.
Le Vietnam est divisé en deux entités : Vietnam du Nord communiste et Sud-Vietnam nationaliste, théoriquement une démocratie pro-occidentale. La France qui à bien d'autres préoccupations en tête (notamment en Algérie) quitte le Vietnam en 1956, remplacée au pied levé par les américains au nom de la théorie des dominos. Un engrenage se met en place…. .
Officiellement les américains sur place sont des conseillers militaires destinés à réorganiser et réentrainer l'ARVN pour qu'elle puisse faire au Front National de Libération (FNL) créé en 1960 et plus connu sous le nom de Viet-Cong, un faux-nez pour Hanoï, les soldats nord-vietnamiens se mêlant allégrement aux guérilleros.
Peu à peu, les américains mettent un doigt, une main, un bras dans une machine infernale jusqu'à l'incident du Golfe du Tonkin du 2 août 1964 qui précipite l'Amérique dans la guerre, une guerre qui prend la forme d'un immonde bourbier dans lequel l'armée américaine va s'enliser pendant plus de huit ans.
Le conflit vietnamien peut se diviser en trois ou quatre grandes phases, une vision schématique de la guerre :
-première phase du 2 août 1964 à août 1965 : l'action américaine se limite essentiellement à un effort aérien notamment au travers de Rolling Thunder. L'engagement de forces terrestres se limite à la sécurisation des bases aériennes établis dans le pays.
-seconde phase d'août 1965 à janvier 1968 : l'opération Starlight le 17 août 1965 voit le premier affrontement au sol entre Viet Cong et américains.
S'en suivent une série de grandes opérations aux résultats contrastés voir médiocres, «Charlie» se dérobant souvent au lourd dispositif américain qui finit par marquer des points alors que la contestation aux Etats-Unis du conflit ne cesse grandir.
-troisième phase : l'offensive du Tet le 31 janvier 1968 et son prolongement à Hué jusqu'au mois de mars 1968 est le tournant majeur du conflit. Les pertes américaines et surtout l'intrusion du Viet Cong dans l'enceinte de l'ambassade des Etats Unis à Saïgon stupéfie l'opinion publique américaine qui réclame la fin de la guerre du Vietnam.
-quatrième phase : 1969-73. Le nouveau président américain, Richard Nixon surnommé Tricky Dick (Richard le rusé ou le magouilleur selon que l'on soit partisan ou adversaire du 37ème président des Etats Unis) lance la politique de vietnamisation avec un retrait progressif des forces américaines du Vietnam, le Sud-Vietnam devant se défendre seul comme lors de l'offensive de Pâques 1972...…..avec l'aide d'un puissant soutien aérien américain.
Parallèlement, des négociations s'ouvrent entre Hanoï et Washington, des négociations heurtées et chaotiques entre Leu-Duc-Tho et Henry Kissinger, les phases de négociation alternant avec des bombardements de B-52 sur Hanoï et Haïphong.
Finalement les accords de Paris sont signés le 27 janvier 1973, les derniers soldats américains étant partis au mois de mars. A peine deux ans plus tard, le 30 avril 1975, les chars nord-vietnamiens pénétraient à Saïgon réunifiant par la force le Vietnam sous la férule communiste sans que les américains ne bougent.
Salut Nounou pour moi pas de mazout mais du carbu, des mun et de la bouffe pour mes petits ! Le USS Enterprise (CVAN-65) effectue son premier déploiement au Vietnam de décembre 1965 à juin 1966 avec à son bord le CVW-9.
Ce groupe aérien se composait de deux flottilles de chasse, les VF-102 et VF-96 équipés de McDonnell F-4B Phantom II, trois flottilles d'attaque équipées de Douglas A-4C Skyhawk (VA-36 VA-93 VA-94), un détachement de Douglas A-3B Skywarrior (VAH-4 Det.M), une flottille de reconnaissance équipée de North American RA-5C Vigilante (RVAH-7), un détachement d'alerte aérienne avancée (VAW-11 Det.M) équipé de Grumman E-1B Tracer et un détachement d'hélicoptères équipé de Kaman UH-2A/B (HC-1 Det.1 Unit M).
Le 2 décembre pour son premier jour d'engagement son groupe aérien effectue 125 sorties larguant 151 tonnes de bombes et de roquettes sur les lignes de communication ennemies. Le lendemain son groupe aérien effectue 165 sorties. Ce déploiement se termine par 16 appareils perdus au combat et 4 par accident.
Le USS Enterprise (CVAN-65) quittant Hunters Point en septembre 1966.Après une période d'entretien (juin à septembre 1966), de repos de l'équipage et de remise en condition opérationnelle, le porte-avions retourne au Vietnam pour son deuxième déploiement qui à cette fois lieu de novembre 1966 à juillet 1967.
Il embarque à nouveau le CVW-9 avec deux flottilles de chasse (VF-102 et VF-96) équipées de McDonnell F-4B Phantom II, quatre flottilles d'attaque, trois équipées de Douglas A-4C (VA-56 VA-113 VA-93) et une équipée de Grumman A-6A Intruder (VA-35), un détachement de servitude équipé de Douglas A-3B Skywarrior (VAH-2 Det.M), une flottille de reconnaissance volant sur North American RA-5C Vigilante (RVAH-7), un détachement d'alerte aérienne avancée, le VAW-11 Det.M/VAW-12 volant sur Grumman E-1B Tracer et un détachement d'hélicoptères (HC-1 Det.1 Unit M) volant sur Kaman UH-2A/B Seasprite.
Le premier tour d'opération commence le 15 décembre 1966 quand le porte-avions rallie Yankee Station dans le Golfe du Tonkin.
En quittant la zone le 20 juin 1967, le porte-avions et son groupe aérien ont réalisé 13400 missions en 132 jours de combat, parcourant 67630 miles nautiques. Le porte-avions fait une dernière escale à Subic Bay du 22 au 25 juin avant de rentrer à Alameda le 6 juillet 1967. Il est en petit carénage jusqu'au 7 septembre 1967 quand il entame ses essais, essais réalisés entre San Diego et San Francisco. Il réalise ensuite sa mise en condition opérationnelle.
Le USS Enterprise (CVAN-65) et son ilot au look si particulierLe USS Enterprise (CVAN-65) effectue son troisième déploiement au Vietnam de janvier à juin 1968, un déploiement marqué l'affaire du USS Puebo (AGER-2), un navire de renseignement capturé par les nord-coréens alors qu'il surveillait la dictature communiste.
Pour ce déploiement, le CVW-9 comprend deux flottilles de chasse (VF-102 et VF-96) équipées de McDonnell F-4B Phantom II, trois flottilles d'attaque, deux équipées de Douglas A-4 Skyhawk (des Echo pour la VA-56 et des Fox-Trot pour la VA-113) et une équipée de Grumman A-6A Intruder (VA-35), un détachement de servitude équipé de Douglas KA-3B Skywarrior (VAH-2 Det.65), une flottille de reconnaissance volant sur North American RA-5C Vigilante (RVAH-1), un détachement de guerre électronique (VAW-13 Det.65) disposant de Douglas EKA-3B Skywarrior, une flottille d'alerte aérienne avancée, la VAW-112 volant sur Grumman E-2A Hawkeye et un détachement d'hélicoptères (HC-1 Det.65) volant sur Kaman UH-2C Seasprite.
Le porte-avions est donc dérouté dans les eaux entourant la péninsule coréenne suite à la capture d'un navire de renseignement américain par les nord-coréens. Ce navire c'est donc le USS Pueblo (AGER-2) capturé le 23 janvier 1968 par des vedettes rapides nord-coréennes car selon Pyongyang le navire avait pénétré dans les eaux internationales (ce que les américains ont toujours réfuté).
Une Task Force 71 est déployée pour faire pression mais il ne semble qu'il y avait une véritable volonté d'intervenir militairement, les américains sur le point d'être attaqués au Vietnam (Offensive du Têt) ayant déjà fort à faire dans la péninsule indochinoise. L'équipage du navire allait lui passer près d'un an en détention puisqu'il ne fût libéré que le 23 décembre 1968.
Dès le 16 février 1968 l'Enterprise et ses escorteurs ont mis cap sur Yankee Station pour ce déploiement qui s'est achevé le 12 juillet, le porte-avions mettant alors cap à l'est direction Alameda où il est arrivé le 18 juillet. Ces avions ont réalisé 12839 catapultages, 12246 sorties dont 9182 au combat, le tout pour une victoire mais surtout onze pertes au combat et quatre par accident.
Le porte-avions effectue un petit carénage au Puget Sound Naval Shipyard à Bremerton du 29 juillet au 26 septembre 1968 avant de préparer un nouveau déploiement opérationnel au Vietnam.
Le 6 janvier 1969 le USS Enterprise (CVAN-65) appareille pour son quatrième déploiement au Vietnam. Il rallie les eaux hawaïennes pour fignoler sa préparation avant de mettre cap sur les eaux vietnamiennes.
L'Enterprise en feu et les dégâts causés par le sinistreLe 14 janvier 1969 vers 8.18 du matin, le porte-avions se prépare à lancer ses avions pour des exercices.
A la poupe, un Phantom II chargé de roquettes Zuni (utilisées notamment pour neutraliser la DCA) est victime d'un malencontreux accident : les échappements du moteur d'un tracteur d'avion allume une roquette qui explose provoquant une fuite de kérosène, un incendie et l'explosion de quatre roquettes supplémentaires. Le pont d'envol est perforé et le carburant enflammé pénètre à l'intérieur du navire.
A 08.21 une bombe explose sur le Phantom II en feu créant un nouveau trou de 2.4 par 2.1m créant de nouveaux foyers qui s'entendaient désormais deux ponts en dessous. Deux autres bombes de 227kg explosent ensuite rendant inopérant le système anti-incendie du secteur. Trois autres bombes de 227kg explosent encore créant un trou de 5.5 par 6.7m, provoquant la rupture d'un réservoir de 23000l dont le contenu allait alimenter l'incendie. Au total il y eut 18 explosions provoquant huit trous.
Il fallu quatre heures aux marins du porte-avions et de son escorte (croiseur Bainbridge et destroyer Rodgers) pour éteindre l'incendie. Le porte-avions rallie Pearl Harbor, restant immobilisé pour réparations pendant 51 jours. Le bilan est lourd avec 28 morts, 314 blessés, 15 appareils détruits et 216 millions de dollars de réparations.
L'enquête à montré qu'un marin avait demandé à déplacer l'engin mais qu'au final la situation était déjà hors de contrôle. Elle à également montré que les équipes de pont tout comme celles du Forrestal en 1967 n'étaient pas très au courant de la durée de résistance au feu des munitions.
Les leçons de l'incendie du CVA-59 avaient été tirées mais elles n'avaient pas encore été toutes impliquées.
Par exemple en dehors des pompiers du bord peu de marins et d'aviateurs de l'Enterprise avaient été formés à la lutte contre l'incendie au sein de la
Farrier Fire Fighting School Learning Site (du nom de Gerarld W. Farrier, le chef des pompiers du Forrestal tué dans l'incendie de 1967). A cela s'ajoutait des problèmes de communications.
Le USS Enterprise (CVAN-65) sous le Golden Gate BridgeUne fois réparé (janvier à mars 1969) le porte-avions va reprendre son activité opérationnelle et rallier le Vietnam pour ce déploiement qui va durer du 17 mars au 26 juin 1969 avec à son bord le CVW-9 composé des unités suivantes :
-Deux flottilles de chasse, les VF-92 et VF-96 volant sur McDonnell-Douglas F-4J Phantom II
-Trois flottilles d'attaque, les VA-146 VA-215 VA-145, les deux premières volant sur Light-Temco-Vougt A-7B Corsair II et la troisième volant sur Grumman A-6A/B Intruder
-Une flottille de reconnaissance, la RVAH-6 volant sur North American RA-5C Vigilante
-Une flottille de servitude volant sur Douglas KA-3B (ravitaillement en vol) et EKA-3B (guerre électronique) (VAQ-132)
-Un détachement d'hélicoptères, le HC-1 Det.65 volant sur Kaman Seasprite.
Ce déploiement est marqué par des pertes limitées (un appareil au combat un appareil par accident).
Le 14 avril 1969 un avion de renseignement Lockheed EC-121 Warning Star en mission de reconnaissance au dessus de la mer de Japon est abattu par la chasse nord-coréenne, les 31 membres d'équipage étant tués. La TF-71 est réactivée avec des navires détachés du dispositif vietnamien et comprennent notamment les porte-avions Enterprise Ticonderoga Ranger et Hornet.
A l'issue de ce déploiement (où le groupe aérien à perdu deux appareils par accident) il ne rentre pas en Californie mais passe par le cap Horn pour rallier Newports News avant de subir un grand carénage doublé d'un rechargement de ses huit réacteurs nucléaires. Les travaux entamés en août 1969 s'achèvent en février 1971 et le porte-avions rentre au mois de mars en Californie.
Le USS Enterprise (CVAN-65) effectue son cinquième déploiement opérationnel au Vietnam du 27 juin 1971 au 2 février 1972. Cette fois il embarque le Carrier Air Wing Fourteen (CVW-14). Ce groupe aérien se compose des unités suivantes :
-Deux flottilles de chasse équipées de McDonnell-Douglas F-4J Phantom II (VF-142 et VF-143)
-Trois flottilles d'attaque, les VA-27 et VA-97 volant sur Light-Temco-Vougt A-7E et la VA-196 volant sur Grumman A-6A/B et KA-6D.
-Une flottille de reconnaissance, la RVAH-5 volant sur North American RA-5C Vigilante
-Un détachement de guerre électronique, le VAQ-130 Det.4 volant sur Douglas EKA-3B Skywarrior
-Une flottille d'alerte aérienne avancée la VAW-113 volant sur Grumman E-2B Hawkeye
-Un détachement d'hélicoptères, le HC-1 Det.4 disposant de Sikorsky SH-3G Sea King
Durant ce déploiement le premier porte-avions nucléaire au monde va opérer avec le USS Oriskany (CVA-34) avec lequel il partage le douteux privilège d'avoir été victime d'un grave incendie (44 morts le 26 octobre 1966) et le USS Midway (CVA-41). Ces porte-avions vont réaliser 2001 sorties le 30 juin 1971. Ce déploiement est marqué également par le passages typhons Harriet, Kim et Jean.
Toujours au mois de juillet, les porte-avions doivent à nouveau s'employer au dessus du Sud-Vietnam alors que depuis quelques années, les ponts plats opéraient quasi-exclusivement depuis Yankee Station. En revanche d'août à novembre 1971 le CVAN-65 opéraient depuis le Golfe du Tonkin.
En décembre 1971 il est déployé dans le Golfe du Bengale alors que les indiens et les pakistanais s'affrontaient pour la troisième fois (3-16 décembre 1971) après le conflit de 1947/48 et de 1965. Il s'agissait de montrer à l'Inde de ne pas aller trop loin. Au cours de ce déploiement le groupe aérien à perdu deux appareils par accident.
Le USS Enterprise (CVAN-65) est immobilisé pour travaux entre mars et mai 1972.
Du 19 septembre 1972 au 3 juin 1973 le USS Enterprise (CVAN-65) effectue son sixième et dernier déploiement opérationnel au Vietnam avec toujours le CVW-14 embarqué à bord. Il comprend les unités suivantes :
-Deux flottilles de chasse équipées de McDonnell-Douglas F-4J Phantom II (VF-142 et VF-143)
-Trois flottilles d'attaque, les VA-27 et VA-97 volant sur Light-Temco-Vougt A-7E et la VA-196 volant sur Grumman A-6A/B et KA-6D.
-Une flottille de reconnaissance, la RVAH-13 volant sur North American RA-5C Vigilante
-Une flottille de guerre électronique, la VAQ-131 volant sur Douglas EA-3B Skywarrior
-Une flottille d'alerte aérienne avancée la VAW-113 volant sur Grumman E-2B Hawkeye
-Un détachement d'hélicoptères, le HC-2 Det.1 disposant de Sikorsky SH-3G Sea King
Ce déploiement se termine par une victoire aérienne et surtout par la perte de trois appareils au combat et un par accident.
Ce déploiement est marqué par la reprise des frappes aériennes au delà du 20ème parallèle pour accélérer le tempo des négociations qui trainaient en longueur. C'est l'opération Linebacker II (18 au 29 décembre 1972) qui faisait suite à Linebacker I (9 mai au 23 octobre 1972).
Au cours de cette opération les groupes aériens vont mener des frappes aériennes mais aussi mouiller des mines dans le port de Haïphong pour bloquer le ravitaillement en armes du Nord-Vietnam.
En ce qui concerne les frappes aériennes elles visaient principalement les batteries de missiles sol-air, les batteries de canons antiaériens, les casernements, les dépôts pétroliers, les bases et les arsenaux de la marine nord-vietnamienne, les voies ferrées et les gares. 705 sorties ont été réalisées par l'aviation embarquée en 119 missions.
Cette opération est une réussite politique puisque les nord-vietnamiens retournent à la table des négociations aboutissant le 27 janvier 1973 à la signature des accords de Paris qui mettent fin aux opérations actives de la guerre du Vietnam, les américains entamant peu après le retrait de leurs derniers moyens encore déployés dans la région.
Cela ne signifie pas totalement la fin des opérations, les avions du Ranger et de l'Enterprise opérant encore au dessus du Laos.
Comme nous le savons tous ici Hanoï n'à aucunement l'intention de respecter les accords de Paris et va tout faire pour aboutir à la réunification du Vietnam. On connait la suite : une offensive au printemps 1975, la désintégration de l'armée sud-vietnamienne, le refus des américains d'intervenir et enfin les chars communistes défonçant les grilles du palais présidentiel de Saïgon le 30 avril 1975.
Pour ceux qui ont tout à redouter d'une réunification sous la férule communiste c'est la fuite éperdue, un prodrome au phénomène des boat people.
Entre-temps le USS Enterprise (CVAN-65) à rallier le Puget Sound Naval Shipyard pour un grand carénage (juillet 1973 à février 1974).
Outre la remise en état nécessaire après toute période d'utilisation un peu prolongée, le porte-avions devait être adapté au nouveau chasseur de l'US Navy le pas encore mythique Grumman F-14 Tomcat le remplaçant du F-4 Phantom II. L'hélice n°4 est notamment remplacée.
Le USS Enterprise (CVAN-65) à la mer avec des Sea Sparrow qui offrent une défense plus crédible au premier porte-avions nucléaire de l'histoireLe 18 mars 1974 les premiers Tomcat des flottilles VF-1 Wolfpack et VF-2 Bounty Hunters effectuent leurs premiers pas sur le porte-avions.
En septembre 1974 le porte-avions est le premier navire à déployer le matou pour son septième déploiement en Extrême Orient, un déploiement qui s'est achevé en juin 1975 après avoir participé à l'opération Frequent Wind, l'évacuation des américains et de certains de leurs alliés sud-vietnamiens depuis l'ambassade des Etats-Unis à Saigon. Le porte-avions à également participé en février 1975 à une opération humanitaire à l'île Maurice après le passage du typhon Gervaise.
Durant l'opération Frequent Wind, les américains déploient pas moins de quatre porte-avions (Enterprise Midway Coral Sea Hancock) et un porte-hélicoptères (Okinawa) en compagnie d'autres navires amphibies, de navires d'escorte et de soutien.
L'évacuation avait commencé depuis l'aéroport de Than-Son-Nhut mais ce dernier est très vite hors d'usage en raison des bombardements de l'artillerie nord-vietnamienne. Il faut donc utiliser les hélicoptères en direction des navires déployés au large.
Durant cette opération si le Midway et le Hancock servent de porte-hélicoptères après avoir laissé une partie de leur groupe aérien à Cubi Point, l'Enterprise et le Coral Sea assurent la couverture aérienne de l'opération mais les Tomcat du Big E n'auront pas l'occasion de se frotter aux Mig nord-vietnamiens. Durant cette opérations les avions du CVAN-65 ont effectué 95 sorties.
Un porte-avions dans l'ère post-VietnamLe USS Enterprise (CVN-65) en décembre 1978Le 30 juin 1975 suite au désarmement des Essex et la recomposition des groupes aériens embarqués, tous les porte-avions américains sont reclassés de porte-avions d'attaque (CVA) à porte-avions polyvalent (CV). Feu l'unique porte-avions nucléaire rejoint par le Nimitz devient donc CVN-65. De juillet à novembre 1975, il est immobilisé pour une période d'entretien.
De juillet 1976 à mars 1977 le USS Enterprise (CVN-65) effectue son huitième déploiement en Extrême-Orient (Westpac Deployment) sous l'autorité de la 7ème flotte. Il participe à l'exercice KANGAROO II avec les marines australiennes et néo-zélandaises, visitant le port d'Hobart en Tasmanie au mois de novembre. De mai à juillet 1977 le porte-avions nucléaire subit un petit carénage.
En février 1977 le dictateur ougandais Idi Amin Dada prononce en public des remarques désobligeantes vis à vis des américains et plus grave prend des américains en otage.
Cela fait suite au raid israélien sur Entebbe (3-4 juillet 1976) _probablement l'opération commando la plus audacieuse de tous les temps_ et surtout la dérive sanglante d'un régime jadis bien accueillit par les occidentaux («Oui c'est un salaud mais c'est notre salaud»).
Le USS Enterprise (CVN-65) sans avions en mer et sous le Golden Gate BridgeLe groupe de combat de l'Enterprise était sur le point de rentrer à la maison après une escale à Monbasa (Kenya) mais doit rester sur place pendant une semaine, les Marines du porte-avions se tenant prêt à évacuer les ressortissants américains mais ces derniers sont libérés par celui qui aimait s'affubler de titres ronflants comme celui de «dernier roi d'Ecosse». Le porte-avions et son escorte mettent alors cap à l'est, font escale à Subic avant de rentrer à Alameda.
D'avril à octobre 1978 le porte-avions est à nouveau déployé en Extrême-Orient et dans l'Océan Indien. Il participe d'abord à l'exercice RIMPAC 78 avant d'alterner missions de présence, exercices et escales dans les ports de la région, le CVN-65 relâchant à Hong-Kong, Perth et Singapour.
De janvier 1979 à janvier 1982 le porte-avions est immobilisé au Puget Sound Naval Shipyard pour une refonte qui voit l'électronique mise à jour et l'armement renforcé avec notamment l'embarquement de trois CIWS.
Un porte-avions dans les Eighties[img]
Le USS Enterprise (CVN-65) en 1983Une fois sorti de sa refonte, le USS Enterprise (CVN-65) effectue essais et remise en condition avant de préparer un nouveau déploiement outre-mer sous l'autorité de la 7ème flotte. Ce déploiement à lieu de en Extrême-Orient et dans l'Océan Indien de septembre 1982 à avril 1983.
A son retour à Alameda, il s'échoue à l'entrée du port, restant immobilisé plusieurs heures avant d'être dégagé. Cela n'empêchera le pacha du porte-avions, le capitaine Kelly devenir amiral et même commandant en chef de la flotte du Pacifique.
Le USS Enterprise (CVN-65) arrivant à Pearl HarborCela signifie que soit l'échouage n'était pas de son fait ou que ses capacités étaient suffisamment prometteuses pour pousser l'US Navy à passer l'éponge sur un fait qui peut briser une carrière encore qu'un certain Chester Nimitz avait échoué le destroyer sur lequel il servait comme enseigne… . Il est immobilisé pour réparations de mai à septembre 1983.
Le 2 novembre 1985 alors qu'il entamait son entrainement en vue d'un nouveau déploiement, le porte-avions heurte le Bishop Rock sur le banc de Cortes durant des exercices de son groupe aérien, endommageant sa coque sur 100 pieds (30.48m), mettant hors service une hélice. Les réparations vont coûter 17 millions de dollars et cette fois le commandant, le Capitaine Robert L. Leuschner Jr est relevé de son commandement le 27 janvier 1986. Il est immobilisé pour réparations jusqu'en janvier 1986.
Sur l'Enterprise des Intruder parés au catapultageLe porte-avions nucléaire appareille le 15 janvier 1986 pour un nouveau déploiement. Il prend la tête du Groupe de combat FOX-TROT qui comprend les croiseurs lance-missiles Truxtun et Arkansas, les destroyers O'Brien, Reasoner, Lewis B. Puller, McClusky David R. Ray ainsi que le pétrolier Wabash.
Le USS Enterprise (CVN-65) quand il n'est pas au mouillage peut être accompagné par le New Jersey qui avait déjà connu le CV-6 et qui comme musée devrait voir le CVN-80Ce puissant groupe de combat met directement cap sur l'Océan Indien, faisant escale à Pearl Harbor, Subic et Singapour. Le 28 avril 1986 il est le premier porte-avions nucléaire à franchit le canal de Suez pour rallier la Méditerranée.
Le USS Enterprise (CVN-65) va relever le USS Coral Sea (CV-43) en position au large de la Libye. Il arrive cependant trop tard pour participer à l'opération EL DORADO CANYON (15 avril 1986), des frappes aériennes menées par l'USAF et l'USN pour riposter à un attentat commis à Berlin Ouest par la Libye de Khadafi. Il rentre aux Etats-Unis au mois d'août 1986.
Après quelques mois aux Etats-Unis consacrés à une période d'entretien (septembre 1986 à mars 1987), le USS Enterprise (CVN-65) reprend la mer pour un nouveau déploiement opérationnel.
Il appareille en février 1988 et rallier le Moyen-Orient pour participer à l'opération EARNEST WILL (24 juillet 1987 au 26 Septembre 1988), la protection des pétroliers koweïtiens qui passent sous pavillon américain.
Le 14 avril 1988 la frégate USS Samuel B. Roberts (FFG-58) (Classe Oliver Hazard Perry type FFG-7) est victime d'une mine iranienne alors qu'il naviguait dans les eaux internationales.
En riposte les américains déclenchent l'opération PRAYING MANTIS (Mante Religieuse), attaquant deux plateformes pétrolières utilisées par les pasdarans (gardiens de la Révolution, la garde prétorienne du régime des mollahs) pour harceler les pétroliers allant et venant en Irak.
Les avions de l'Enterprise ont attaqué les plateformes avant de laisser les SEAL les prendre d'assaut et ont également neutralisé deux frégates iraniennes un peu trop agressives, une étant coulée et la seconde sérieusement endommagée. Le USS Enterprise (CVN-65) est de retour aux Etats-Unis en juin 1988. Il est en période d'entretien d'octobre 1988 à avril 1989.
En septembre 1989 il appareille pour son quatorzième déploiement, un véritable tour du monde car le porte-avions allait changer de base de stationnement, Alameda cédant la place à Norfolk où il arrive en mars 1990.
Durant ce déploiement il participe à l'opération CLASSIC RESOLVE, un soutien indirect du président George H. W. Bush à la président philippine Corazon Aquino victime d'un coup d'état (1-9 décembre 1989), l'Enterprise opérant aux côtés du Midway et des F-4 Phantom II stationnés sur la base aérienne de Clark. Les avions américains ne sont pas engagés mais vont dissuader les rebelles d'employer leurs avions.
Un porte-avions dans les Nineties De mars 1990 à septembre 1994 l'Enterprise est immobilisé à Newport News pour une refonte et un rechargement du cœur des réacteurs appelé
Refueling Complex Overhaul (RCOH).
Après essais (au cours desquels il à atteint la même vitesse qu'à sa mise en service) et sa remise en condition, le USS Enterprise (CVN-65) va effectuer un nouveau déploiement outre-mer. Il appareille le 28 juin 1996 pour son quinzième déploiement.
Il est déployé en Adriatique pour participer à l'opération JOINT ENDEAVOR (renforcement des missions de contrôle de l'espace aérien au dessus de la Bosnie) puis à l'opération SOUTHERN WATCH au dessus de l'Irak. Ce déploiement qui se termine en décembre 1996 est aussi marqué par la fin de la carrière du Grumman A-6 Intruder qui est officiellement retiré du service en février 1997.
Après un petit carénage de février à mai 1997, le porte-avions entame son seizième déploiement outre-mer en novembre 1998 avec à bord le CVW-3.
Dans la nuit du 8 novembre, un Northrop-Grumman EA-6B Prowler en appontage heurte l'aile d'un Lockheed S-3 Viking mal garé. Le Prowler finit à l'eau ne laissant aucune chance à ses quatre membres d'équipage alors que les pilotes du Viking peuvent s'éjecter. Un feu se déclenche sur le pont d'envol mais il est rapidement maitrisé. Si le corps d'un membre d'équipage du Prowler est récupéré, les trois autres ne le seront jamais. Les pilotes du Viking ne sont que légèrement blessés.
Le 23 novembre 1998 le USS Enterprise (CVN-65) relève le USS Dwight D. Eisenhower (CVN-69) dans le Golfe Persique. Il participe à l'opération DESERT FOX, une série de frappes aériennes (313 tonnes de bombes et de missiles air-sol) et de tirs de missiles Tomahawk (300 exemplaires) contre les cibles irakiennes (postes de commandement, batteries de DCA…).
Ayant rallié l'Adriatique pour faire pression sur la Serbie alors que le Kosovo s'agitait, le porte-avions nucléaire retourne dans le Golfe Persique en mars 1999 pour relever le USS Carl Vinson (CVN-70) dans le cadre de l'opération SOUTHERN WATCH. Le CVN-65 est de retour à Norfolk en mai 1999. Il à parcouru 58000 miles nautiques en 151 jours à la mer. Il est immobilisé en petit carénage de juin à décembre 1999.
Nouveau siècle pour un porte-avionsAlors toi aussi petit t'es à propulsion nucléaire ? Oui Msieur ! Fichtre on arrête pas le progrèsEn mars 2001 le USS Enterprise (CVN-65) participe à l'exercice JTFEX 01-2 en mer des Caraïbes, exercice au cours de laquelle le sous-marin allemand U-24 (type 206) est parvenu à portée de tir du porte-avions.
Le 25 avril 2001 le porte-avions nucléaire et son escorte appareillent pour son dix-septième déploiement opérationnel avec à bord le CVW-8. Du 18 au 28 juin, le groupe de combat de l'Enterprise participe à un exercice en mer du Nord au large des Hébrides avec la marine britannique.
Il rallie ensuite le Golfe Persique et s'y trouvait quand il apprend les attentats du 11 septembre 2001 qui vont entrainer le déclenchement de l'opération ENDURING FREEDOM (Liberté Immuable) aka «Guerre mondiale contre le terrorisme».
Le USS Enterprise (CVN-65) en compagnie d'un pétrolier-ravitailleurEn octobre 2001, les avions de l'Enterprise lancent des frappes contre l'Afghanistan des Talibans, véritable base aérienne d'Al Qaida. En trois semaines près de 700 missions sont réalisées, 360 tonnes de charges air-sol larguées. Il rentre à Norfolk le 10 novembre 2001, seize jours après la date prévue.
De janvier 2002 à mai 2003 le porte-avions est immobilisé pour refonte au Norfolk Naval Shipyard.
Après essais et remise en condition le porte-avions reprend la mer pour un nouveau déploiement opérationnel exécuté de septembre 2003 à février 2004 toujours au Moyen-Orient, l'Enterprise relevant les porte-avions ayant participer à la deuxième guerre du Golfe.
Les avions embarqués sur le CVN-65 assurent des missions de couverture aérienne, d'appui-feu et de reconnaissance. A cette occasion il est escorté par le USS Cole (DDG-67) réparé après avoir été victime d'un attentat à Aden le 12 octobre 2000 (17 marins américains tués).
Réunion de famille chez les ponts-platsDurant ce déploiement le porte-avions fait relâche à Jebel Ali, à Bahrein, à Naples, à Carthagène avant de rentrer à Norfolk.
De septembre 2004 à mars 2005 le porte-avions est à nouveau immobilisé pour grand carénage avec également la modernisation de leurs systèmes d'armes avec notamment le remplacement des Phalanx par des RAM.
En appareillant après ces travaux le porte-avions s'échoue sur un banc de sable. Les huit réacteurs se mettent en sécurité laissant le navire sans énergie pendant près de trois heures. Il est remorqué à Norfolk. Les «bouchons gras» de l'Enterprise vont passer trois jours à nettoyer les condenseurs de la boue de Virginie.
De mai à novembre 2006 le porte-avions effectue un nouveau déploiement dans les zones de responsabilité de la 6ème flotte (Méditerranée), de la 5ème flotte (Moyen-Orient) et de la 7ème flotte (Extrême-Orient). Son groupe aérien participe à ENDURING FREEDOM et OPERATION IRAQI FREEDOM, le pont-plat faisant escale à Dubai et Hong-Kong. Il est de retour à Norfolk le 18 novembre 2006.
Le USS Enterprise (CVN-65) en 2010De juin à décembre 2007 il effectue un nouveau déploiement outre-mer plus précisément dans le Golfe Persique. D'avril 2008 à mai 2010 le porte-avions est immobilisé dans son chantier constructeur pour une refonte censée s'achever en septembre 2009 mais en raison de travaux non prévus la durée à été augmentée de huit mois. Le coût à explosé avec une augmentation de 46% par rapport au budget prévu. L'US Navy prévoit deux derniers déploiements avant son désarmement prévu pour 2013.
Ravitaillement à la mer pour l'EnterpriseLe 13 janvier 2011 le USS Enterprise (CVN-65) appareille pour un nouveau déploiement avec à bord le CVW-1. Il est pour cela accompagné par le croiseur lance-missiles USS Leyte Gulf et les destroyers lance-missiles USS Barry Bulkeley et Mason.
Pour un quinqua, l'Enterprise à de beaux restes !En février 2011 le porte-avions est impliqué dans un incident avec des pirates somaliens, cet incident ayant provoqué la mort de quatre américains et de deux pirates somaliens.
Après six mois de déploiement dans l'Océan Indien, le Golfe Persique et la Méditerranée le premier porte-avions nucléaire du monde rentre à Norfolk le 15 juillet 2011.
Durant ce déploiement le groupe de l'Enterprise à capturé 75 pirates somaliens et à réalisé des tirs de missiles contre la Libye lors de l'intervention occidentale qui à renversé Khadafi et durablement déstabilisé la région.
Le 11 mars 2012 est une date historique pour l'Enterprise puisqu'il appareille pour son dernier déploiement. Il quitte Norfolk en compagnie du croiseur lance-missiles USS Vicksburg et les destroyers Porter Nitze et James E. William. Ce groupe occasionnel le Carrier Strike Group Twelve va rallier l'Océan Indien pour retrouver le USS Abraham Lincoln (CVN-72).
En octobre 2012 il franchit le canal de Suez pour la dernière fois, effectuant sa dernière escale étrangère à Naples du 16 au 21 octobre. C'est tout sauf un hasard puisque cinquante ans plus tôt il avait réalisé dans la cité campanienne sa première escale à l'étranger.
Le 4 novembre 2012 le USS Enterprise (CVN-65) rentre à Norfolk pour la dernière fois après avoir parcouru 81000 miles nautiques en 238 jours, son groupe aérien ayant effectué 2000 sorties en soutien des troupes américaines déployées en Afghanistan (opération ENDURING FREEDOM).
CrépusculeCérémonie de désarmement pour un porte-avionsLe USS Enterprise (CVN-65) est désactivé le 1er décembre 2012 à Norfolk, le début de longs et coûteux travaux (857 millions de dollars pour la seule année fiscale 2013 !).
Certains espèrent le voir être préservé mais si il est facile d'aménager un porte-avions classique en musée, un porte-avions nucléaire c'est une autre paire de manche et très vite la marine américaine met fin à tout suspense : tout comme son prédécesseur le CVN-65 sera dénucléarisé puis démantelé.
De guerre lasse les partisans de la préservation de l'Enterprise demande à ce que le CVN-80, troisième unité de classe Gerard R. Ford soit baptisé Enterprise ce qu'annoncera le secrétaire à la Marine Ray Mabus lors de la cérémonie de désactivation.
Depuis "Big E" à perdu un peu de sa superbeEn juin 2013 le contrat de dénucléarisation est attribué à Huntington Ingalls Industries. En octobre 2014 l'un des ancres du porte-avions est installée sur l'Abraham Lincoln alors immobilisé pour sa refonte à mi-vie (avec notamment l'opération toujours délicate du rechargement des réacteurs). En 2017 il est annoncé que de l'acier du CVN-65 sera refondu et réutilisé pour le CVN-80 une façon de transmettre l'héritage.
En décembre 2016 le dernier réacteur est enfin vidé de son combustible nucléaire. Le USS Enterprise (CVN-65) est finalement
décommissioned le 3 février 2017 et rayé du Naval Vessel Register le même jour.
Le processus d'inactivation est déclaré achevé le 10 avril 2018 mais le porte-avions est stocké à Hampton Roads en attendant qu'un processus de démantèlement soit décidé. A ma connaissance en 2021 il est toujours au mouillage.
Selon un rapport du GAO (Gouvernemental Accountability Office équivalent toutes proportions gardées de la Cour des Comptes) d'août 2018, le processus de démantèlement pourrait commencer au mieux en 2024 et ne s'achever qu'en 2034 et c'est l'hypothèse optimiste !
Nul doute que le Big E n'est pas prêt de disparaître du paysage américain et pourra accueillir son successeur.