LPD ou LSD ?Le premier TCD français baptisé Foudre était un ancien LSD de la marine britannique de classe Casa Grande, un navire de fabrication américaineLPD ou LSD En France les bâtiments de débarquement équipés d'un radier sont appelés Transports de Chalands de Débarquement (TCD) mais aux Etats-Unis on préfère utiliser deux acronymes différents : les LSD (Landing Ship Dock) et LPD (Landing Platform Dock).
Comment faire pour les différencier ?
Disons que les LPD transportent nettement plus d'hommes que les LSD ainsi que plus de véhicules et de matériel, la plate-forme hélicoptères est plus grande au détriment du radier qui est plus grand sur les LSD.
Avec le temps les deux catégories vont probablement fusionner puisque les remplaçant des derniers LSD mis en service par la marine américaine (classe Whidbey Island et Harpers Ferry) vont être complétés puis remplacés par les San Antonio Block II, le USS Harrisburg (LPD-30) était une version austere des LPD-17.
En ce qui concerne la marine britannique, on trouve d'abord des LSD en attendant des LPD. En clair après avoir utilisé des LSD de construction américaine pendant le second conflit mondial, les britanniques vont construire des LPD «100% british», les deux unités de classe Fearless.
Ce ne seront pas les seuls navires amphibies puisque comme nous le verrons, à la même époque, les britanniques vont utiliser une évolution du LST appelé LSL pour Landing Ship Logistic (LSL).
Classe Casa Grande : des LSD pour la Royal Navy Le USS Casa Grande (LSD-13)Les LSD de classe Casa Grande ont été initialement commandés par la Royal Navy qui cherchait un moyen de transporter sur une longue distance les chalands de débarquement qui ne pouvaient traverser les océans.
C'est d'ailleurs pour cela que sur le plan industriel, les américains se sont en théorie chargés des navires amphibies capables de traverser les océans (LS = Landing Ship/Navire Amphibie) alors que les britanniques se sont surtout concentrés sur les embarcations (LC = Landing Craft/Embarcation Amphibie).
La marine britannique commande initialement sept navires immatriculés LSD-9 à 15 mais renonce aux trois derniers qui sont récupérés par l'US Navy qui passe commande de douze autres navires même si au final comme nous le verrons seulement dix seront achevés.
Le USS Casa Grande (LSD-13) est en service du 5 juin 1944 au 6 octobre 1969 (vendu à la démolition le 6 avril 1992), le USS Rushmore (LSD-14) est en service du 3 juillet 1944 au 30 septembre 1970 (coulé comme cible le 16 avril 1993), le USS Shadwell (LSD-15) est en service de juillet 1944 à mars 1970 (démoli en.....2017), le USS Cabildo (LSD-16) est en service de mars 1945 à mars 1970 (coulé comme cible en septembre 1985).
Le USS Catamount (LSD-17) est en service d'avril 1945 à mars 1970 (démoli en 1975), le USS Colonial (LSD-18) est en service de mai 1945 à 1970 (vendu à la démolition septembre 1993), le USS Comstock (LSD-19) est en service de juillet 1945 à avril 1970 (transféré à Taiwan le 17 octobre 1984 coulé comme récif artificiel le 30 juillet 2015).
Le USS Donner (LSD-20) est en service de juillet 1945 à décembre 1970 (vendu à la démolition en mars 2005), le USS Fort Mandan (LSD-21) est lui en service d'octobre 1945 à janvier 1971 (transferré à la Grèce le 23 janvier 1971, vendu à la démolition en novembre 2001), le USS Fort Marion (LSD-22) est en service du 29 janvier 1946 au 13 février 1970 (transféré à Taiwan le 15 avril 1977 coulé comme récif artificiel le 9 décembre 2000),
Le USS San Marcos (LSD-25) est en service d'avril 1945 à juillet 1971 (transféré à l'Espagne le 1er juillet 1971, vendu à la démolition en 1989), le USS Tortuga (LSD-26) est en service du 8 juin 1945 au 26 janvier 1970 (s'échoue dans une tempête en décembre 1987, démoli en 1988) et le USS Whetstone (LSD-27) est en service du 12 février 1946 au 2 avril 1970 (vendu à la démolition le 17 février 1983).
Les quatre Casa Grande utilisés par la marine britannique ont été baptisés Eastway, Highway,Northway et Oceanway
-Le HMS Eastway (F-130) à été mis sur cale aux chantiers navals Newport News Shipbuilding le 23 novembre 1942 lancé le 21 mai 1943 et mis en service le 14 novembre 1943. Sa carrière au sein de la Royal Navy est courte puisqu'il est désarmé dès le 23 avril 1946 et transféré à la Grèce en 1953 (démoli en 1972)
-Le HMS Highway (F-141) à été mis sur cale aux chantiers navals Newport News Shipbuilding le 23 novembre 1942 lancé le 19 juillet 1943 et mis en service le 19 octobre 1943. Désarmé le 23 avril 1946, il est vendu à la démolition le 17 décembre 1948.
-Le HMS Northway (F-142) à été mis sur cale aux chantiers navals Newport News Shipbuilding le 24 mai 1943 lancé le 18 novembre 1943 et mis en service le 15 février 1944. Désarmé en 1946, il est vendu à une compagnie marchande qui l'envoie à la démolition en 1975.
Le HMS Oceanway (F-143)-Le HMS Oceanway (F-143) à été mis sur cale aux chantiers navals Newport News Shipbuilding le 23 juillet 1943 lancé le 29 décembre 1943 et mis en service le 29 mars 1944.
Désarmé en 1947, il est aussitôt transféré à la Grèce en mars mais dès 1952 il est transféré à la France où il devient le Foudre, ce premier TCD français participant aux dernières opérations de la guerre d'Indochine. Il est ensuite engagé dans la guerre d'Algérie, l'expédition de Suez et le soutien au Centre d'Expérimentations du Pacifique (CEP), opérant avec ses successeurs Orage et Ouragan.
Rendu aux américains après son désarmement le 1er janvier 1969, elle est coulée comme cible par la 6ème flotte le 10 février 1970.
Ce sont des navires de 4032 tonnes (7930 tonnes pleine charge), mesurant 139.52m de long sur 22m de charge, une vitesse maximale de 15.6 nœuds, un armement composé d'un canon de 127mm, de douze canons de 40mm (deux affûts quadruples et deux affûts doubles) et de seize canons de 20mm, un radier pouvant accueillir trois LCT Mk V ou deux MCT Mk III (ou IV) ou 14 LCM Mk III ou 41 LVT ou encore 47 DUKW. 240 hommes peuvent être embarqués en plus des 1500 tonnes de charge.
Classe Round TableLe RFA Sir Bidevere (R-3004)Aux côtés des deux transport de chalands de débarquement de classe Fearless, on trouve également une évolution des LST du second conflit mondial, des navires classés Landing Ship Logistic (LSL).
Il s'agit de navires destinés moins à des opérations de vive-force qu'à des transports notamment en cas de guerre majeure en Europe pour par exemple traverser les estuaires des fleuves allemands et se rendre moins dépendants des routes et des voies ferrées.
C'est l'acte de naissance de la Round Table Class ou en français «Classe Chevalier de la Table Ronde» puisque les navires portent les noms de chevaliers de la légende arthurienne. La commande du premier navire est passée en décembre 1961 pour remplacer les Landing Craft Tank (LCT) Mark 8 datant du second conflit mondial. Deux autres navires sont commandés en mars 1963 et les trois derniers en avril 1965.
Un LCT Mk 8, le HMAV AbbevilleCes navires possèdent une porte à la poupe et une porte d'étrave ce qui leur permet d'être utilisés comme des rouliers (roll-on/roll-off), avec rampes intérieures. Des installations aéronautiques furent également installées.
Ces navires sont d'abord utilisés par le Royal Army Service Corps jusqu'en janvier 1970 avant d'être transférés à la Royal Fleet Auxiliary (RFA). Un navire sera perdu durant la guerre des Malouines et remplacé par un navire du même nom, un autre navire gravement endommagé. L'Australie allait également faire construire un navire dérivé, le HMAS Tobruk.
Le RFA Sir Bedivere (L-3304) en feu après avoir été attaqué par l'aviation argentineLe RFA Sir Bedivere (L-3004) est en service du 18 mai 1967 au 18 février 2008 (vendu au Brésil devenant l'Almirante Saboia), le RFA Sir Galahad (L-3005) mis en service le 17 décembre 1966 est gravement endommagé le 8 juin 1982 à Fitzroy lors de la guerre des Malouines et coulé comme cible par un sous-marin le 21 juin 1982.
Le RFA Sir Geraint (L-3027) est en service du 12 juillet 1967 au 1er mai 2003 (vendu à la démolition en décembre 2005), le RFA Sir Lancelot (L-3029) est en service du 16 janvier au 1964 au 31 mars 1989 (carrière commerciale puis RSS Perseverance de la marine singapourienne du 5 mai 1994 à décembre 2003, démoli en 2008), le RFA Sir Percivale (L-3036) est en service du 23 mars 1968 au 17 août 2004 (démoli en 2010), le RFA Sir Tristram (L-3505) est en service du 14 septembre 1967 au 17 décembre 2005 (sert actuellement de base d'entrainement pour les forces spéciales britanniques) et donc un deuxième RFA Sir Galahad (L-3005) en service de 1987 à 2006 (vendu au Brésil en service du 4 décembre 2007 au 29 octobre 1919).
Le RFA Largs Bay (L-3006) survolé par un Westland LynxIls ont été remplacés dans la RFA par les navires de classe Bay.
Les navires de classe Sir sont des navires de 6390 GRT, mesurant 126m de long sur 18m de large avec un tirant d'eau de 4m, une vitesse maximale de 17.25 nœuds, un armement limité à deux canons de 20mm, une simple plate-forme pour hélicoptères et une capacité de transport permettant l'embarquement de 12 chars Challenger, 31 grands véhicules, 56 Land Rover ou vingt-cargos conteneurs (pont des chars) alors que le pont véhicule peut embarquer 19 grands véhicules, cinquante Land Rover ou vingt conteneurs mais aussi de 402 hommes, l'équipage se composant de 65 hommes.
Genèse des FearlessLa genèse des Fearless va être longue et chaotique en raison de difficultés à cerner correctement les besoins mais aussi en raison des traditionnelles querelles entre service, la Royal Air Force (RAF) s'estimant capable de tout alors que la Royal Navy (RN) rechignait à investir dans l'amphibie en jugeant que ce n'était ni prioritaire ni profitable.
Seulement voilà au début des années cinquante, l'hypothèse d'un conflit ouvert en Europe devient très hypothétique en raison de l'équilibre mutuel de la terreur, les deux blocs possédant la bombe atomique.
En revanche rien ne dit que le bloc communiste ne pourrait pas déstabiliser le monde et nécessiter une intervention outre-mer. Cette menace se confond avec le processus de décolonisation entamé par les britanniques depuis 1947 et l'indépendance puis la participation de l'Inde britannique.
Ce n'est pas un hasard si c'est sous la mandature du président Eisenhower (1952-1960) qu'émerge la théorie des dominos. Pour faire simple si un pays tombe sous l'emprise communiste, ses voisins ne tarderont pas à suivre. Cette théorie des dominos allait conduire au soutien américain aux troupes françaises en Indochine puis à la guerre du Vietnam avec le succès que l'on sait.
De porte-avions, le Bulwark allait devenir porte-hélicoptèresPour remplacer la flotte décrépie héritée du second conflit mondial, la Royal Navy va combiner conversions (les porte-avions de classe Centaur Bulwark et Albion) et les constructions neuves (les deux LSD classe Fearless et les six LST/LST de classe Round Table).
Cependant pour en arriver là le chemin à été compliqué et long. Dès le début des années cinquante, la marine britannique réclame un renforcement de ses moyens amphibies pour pouvoir intervenir à l'est de Suez où Londres possède encore des possessions importantes.
En 1945, la flotte amphibie était importante mais très vite elle à connu une énorme déflation entre le désarmement des navires usés, la restitution des navires loués aux américains et la dé-réquisition des navires marchands pour permettre la reprise du trafic commercial.
On aurait pu s'attendre à quelques constructions neuves pour renouveler la flotte et ne pas dilapider l'expérience précieusement et chèrement accumulée durant le second conflit mondial mais rien ne se produit en dépit du fait que tout le monde est conscient qu'il faut soit remplacer les navires amphibies en service ou renoncer à toute capacité amphibie.
Photographie de l'opération MUSKEETER/MOUSQUETAIRELe résultat ne se fait pas attendre, les LST et les LCT britanniques ne brillent pas à Suez lors de l'opération MUSKEETER/MOUSQUETAIRE. Tout le monde s'accord pour des navires plus rapides, tenant mieux la mer et bénéficiant de meilleures conditions de vie pour l'équipage et les troupes embarquées. De plus il faut prendre en compte que les nouveaux chars et les nouveaux véhicules sont plus lourds.
Dès juillet 1956 soit quatre mois avant la désastreuse expédition de Suez, la Royal Navy publie un document appelé
Future Role of the Navy.
Sans renoncer à combattre dans l'Atlantique Nord les sous-marins soviétiques (la flotte de surface soviétique est encore réduite même si les Sverdlov font passer des nuits blanches aux amiraux de l'OTAN), la Marine de sa Majesté souhaite pouvoir opérer outre-mer.
Elle souhaite pouvoir déployer à Singapour une Task Force composée d'un porte-avions, d'un porte-hélicoptères ou
Commando Carrier (transport de commandos c'est-à-dire d'infanterie légère et leur mise en œuvre par des hélicoptères), un croiseur et quatre destroyers. Les ambitions sont plutôt modestes mais cela ne se fera pas. Personne ne le sait encore que dans à peine dix ans, le pays qui à inventé le porte-avions allait y renoncer.
Un nouveau document est publié en 1957. Appelé
Autumn Naval Rethink («réflexion automnale sur les questions navales»), il tire les leçons de l'opération de Suez qui montre sans aucun doute possible que l'héliportage est un concept prometteur, les Royal Marines du N°45 Commando ayant été mis à terre depuis les porte-avions légers Theseus et Ocean.
Cela va permettre à la marine britannique de pouvoir convertir deux navires plus gros, deux porte-avions de classe Centaur, les HMS Bulwark et Albion mis en service sous leur nouvelle forme respectivement en 1960 et 1962.
Initialement, l'idée était d'envoyer le premier échelon par les porte-hélicoptères et de transporter renforts, ipédimentias et véhicules par des LST et des LCT mais ce concept se heurte à une profonde difficulté : la lenteur des LST et LCT par rapport aux porte-hélicoptères (25 nœuds maximum pour les PH, moins de dix nœuds pour les autres) et leur vulnérabilité face aux mines, aux batteries côtières et autres douceurs.
Le USS Newport (LST-1179) et ses sister-ship se distinguent des LST du second conflit mondial par la présence d'une rampe amovibleTrès vite on étudie le LSD tout en continuant à réfléchir sur le LST qui n'est pas obsolète, les américains continuant d'en construire, d'abord de simples évolutions des LST du second conflit mondial (deux unités de classe Talbot County, quinze unités de classe Terrebone County et huit unités de classe De Soto) puis un LST nouvelle génération avec à la place de la porte à la proue, une rampe pour mettre les véhicules à terre, vingt navires de classe Newport étant mis en service et si plus aucun n'est en service dans la marine américaine, certains continuent leur carrière sous d'autres pavillons.
Comme toujours dans un programme militaire, il faut trouver le meilleur équilibre entre la meilleure solution et la solution la moins coûteuse. Hélas pour les marins britanniques, le temps de «La Navy voulait six cuirassés, le Chancelier de l'Echiquier quatre, Finalement nous nous sommes accordés sur le chiffre de huit» selon un bon mot attribué à Winston Churchill est révolue.
On cherche le compromis entre les porte-hélicoptères, les navires amphibies à radier mais aussi les LST ainsi que les transports militaires. Cette force destinée à opérer outre-mer devrait être stationnée à Aden, la Grande-Bretagne continuant de regarder vers l'est.
Plusieurs projets sont étudiés qu'il s'agisse d'une nouvelle classe de LCT, le LCT(9) évolution du LCT(8) du second conflit mondial (60 hommes et 6 chars ou 13 camions, 12 nœuds) mais qui avait l'inconvénient de ne pas posséder de capacité océanique, un LST avec une porte à la proue (bow loading) qui aurait pu embarquer un demi-bataillon soit 465 hommes, huit chars, quatre canons automoteurs et 27 véhicules avec une vitesse de 14 à 16 nœuds, ce navire étant aussi décliné en variante avec une porte de poupe (stern-loading) mais le LST est jugé trop vulnérable aux coups de l'ennemi.
Très vite c'est un navire de type LSD (Landing Ship Dock hein pas la drogue) qui tient la C.O.R.D.E, un navire baptisé Amphibious Transport Dock (ATD), un navire décliné en petit format (DL/B) et en grand format (DL/A), le premier ayant la préférence des amiraux britanniques qui trouvaient le DL/A trop vulnérable et dont la perte aurait été dommageable pour la capacité de projection britannique.
Plus précisément le DL/A aurait déplacé 11500 tons, aurait affiché une vitesse de 21 nœuds, une longueur de 152.4 m pour une largeur de 24.99 m et un tirant d'eau de 5.49 m, un équipage de 385 hommes et des capacités importantes avec 1080 hommes, dix-huit chars, huit canons automoteurs et soixante camions.
Le DL/B affichait un déplacement de 8000 tons, une vitesse de 23 nœuds, une longueur de 137.16 m sur 21.33 m de large, un tirant d'eau de 4.87m, un équipage de 289 hommes, 700 soldats équipés, douze chars, six canons automoteurs et quarante camions de 3 tons.
On étudie aussi la possibilité de commander des navires aux américains mais on y renonce rapidement car jugés trop gros pour les besoins britanniques et surtout pour éviter des problèmes diplomatiques si jamais les intérêts américains étaient en contradiction avec les intérêts de l'ancienne puissance coloniale.
Se pose outre les caractéristiques techniques des futurs navires amphibies, la question du format de la force amphibie britannique. Pour résumer voici les principaux scénarios :
-Cas A : Le porte-hélicoptères Bulwark, trois petits ou deux grands ATD
-Cas B : deux porte-hélicoptères dont le Bulwark et deux petits ATD
-Cas C : Un porte-hélicoptères, trois petits ou deux grands ATD, neuf LST du War Department
-Cas D : deux porte-hélicoptères ou Commando Carrier, deux petits ATD
-Cas E : Un Commando Carrier, cinq LST de l'Armée et neuf LST du War Department
-Cas F : Deux Commando Carrier, quatre LST(A) et neuf LST(WD)
-Cas G : Un Commando Carrier, deux petits ATD et neuf LST (WD)
-Cas H : Deux Commando Carrier, un ATD et neuf LST (WD)
En décembre 1959, on ne retient plus que quatre hypothèses de travail :
-Cas C : Deux Commando Carrier, quatre ATD, neuf LST (WD)
-Cas C+ : Un Commando Carrier, trois ATD et neuf LST (WD)
-Cas D : Trois Commando Carrier, trois ATD et neuf LST (WD)
-Cas D+ : deux Commando Carrier, deux ATD et neuf LST (WD)
Au cours des discussions, l'ATD devient le
Seaborne Support Ship (Assault Ship). Le travail sur les plans commence grâce à des fonds débloqués par le budget 1961, les plans sont approuvés dès mars 1961.
En dépit des craintes de la RN, les futurs Fearless et Intrepid sont des gros navires amphibies de 10179 tonnes, 21 nœuds, une propulsion par turbines à engrenages, l'embarquement de 700 hommes, quinze chars, six SPG et cinquante camions de 3 tonnes chargés ainsi que 90 tonnes de provision.
Westland Wessex Le radier peut embarquer quatre chalands de débarquement auxquels il faut ajouter quatre LCVP sous bossoirs. Une large plate-forme hélicoptère permet la mise en œuvre de cinq hélicoptères Westland Wessex, évolution à turbine du Sikorsky S-58. D'importants moyens de contrôle et de communications sont prévus pour permettre au navire de pouvoir embarquer un état-major.
Lancement d'un missile Sea CatL'armement est limité à l'autodéfense avec quatre lance-missiles à très courte portée Sea Cat avec huit missiles chacun ainsi que deux canons de 40mm Bofors. A noter que le Board recommande que pour la prochaine génération de navires amphibies, un canon de 114mm pardon de 4.5 pouces soit embarqué pour permettre au navire de se défendre en cas de mauvaise rencontre contre une frégate ou un destroyer.
Nul doute que si un tel navire avait été disponible en baie de San Carlos en mai 1982, son canon de 114mm aurait été utilisé pour l'appui-feu des troupes au sol même si l’opposition argentine au débarquement est faible pour ne pas dire inexistante (les argentins attendaient un débarquement du côté de Port Stanley rebaptisé par leurs soins Puerto Argentino).
Le premier navire financé au budget 1961 est baptisé Fearless (sans peur), sa construction attribuée aux célébrissimes chantiers navals nord-irlandais Harland & Wolff sis à Belfast alors que celle de son sister-ship financé au budget 1962 et baptisé Intrepid (Intrépide) est attribuée à un autre vénérable chantier, John Brown Shipbuilding sis à Clydebank en Ecosse.
Les chantiers constructeursHarland & Wolff,BelfastVue aérienne des chantiers "H&W"Les chantiers navals Harland & Wolff situés à Belfast n'existent plus aujourd'hui, la compagnie actuelle Harland & Wolff Heavy Industries s'étant spécialisée dans la réparation navale, les conversions et la construction offshore.
Ce chantier naval est surtout connu pour ses constructions civiles, le chantier nord-irlandais étant le chantier attitré de la compagnie White Star Line. C'est donc à Belfast qu'ont vu le jour le célébre trio Olympic/Titanic/Britannic.
Des navires militaires ont également été construits comme le croiseur HMS Belfast ou encore les porte-avions Formidable Glory Warrior Magnificent Powerful.
Les chantiers navals Harland & Wolff sont créés en 1861 avec Edward James Harland et Gustav Wilhelm Wolff venu de Hambourg. Trois ans auparavant, Harland avait acheté un petit chantier naval sur Queen'sIsland. Wolff fût d'abord assistant de Harland avant de devenir son partenaire.
En 1912, la compagnie à acquis un chantier naval à Govan en Ecosse en raison de l'instabilité croissante de l'Irlande. Si les paquebots sont construits à Belfast, les pétroliers et les cargos étaient produits en Ecosse. D'autres chantiers sont acquis ou créés à Bootle près de Liverpool, à North Woolwich à Londres et Southampton. Néanmoins au début des années soixante tous ces chantiers ferment, la compagnie se recentrant sur son berceau historique.
Durant le premier conflit mondial, Harland & Wolff construit des monitors, des croiseurs et même le croiseur de bataille léger HMS Glorious bientôt transformé en porte-avions. A la même époque, un nouveau chantier est créé sur la rive orientale de la Musgrave.
Comme beaucoup de chantiers navals, H&W se lança dans la construction aéronautique en créant une joint-venture avec la firme Short Brothers, une compagnie Short & Harland Ltd qui voit le jour en 1936.
La première commande était de 189 Handley-Page Hereford et durant le second conflit mondial, la compagnie produisit des Short Stirling.
A la même époque, le chantier naval construisit six porte-avions, deux croiseurs dont le HMS Belfast et 131 autres navires. 22000 navires sont également réparés et ce n'est pas terminé puisqu'elle va produit des chars et d'artillerie. Pas étonnant que 35000 salairés y travaillaient.
De 1939 à 1942, le chantier naval se concentra sur la réparations ce qui explique l'achèvement tardif de nombre de navires, le site étant bombardé en avril et en mai 1941 par la Luftwaffe. Les chantiers navals et l'usine aéronautique sont détruits.
Dans les années cinquante, le déclassement des paquebots et l'ascension de l'aviation commerciale fût un coup dur pour le chantier nord-irlandais. Le dernier liner, le MV Arlanza est construit en 1960 et le dernier complété est le SS Canberra pour P&O en 1961.
En 1977, le chantier est nationalisé au sein de British Shipbuilders. En 1989, la compagnie est privatisée vendue à ses employés soutenus par le magnat norvégien de la construction navale Fred Olsen, la compagnie étant connue sous le nom de Harland & Wolff Holding Plc. Il ne reste plus que 3000 employés.
Les principaux navires qui sont alors construits sont des pétroliers et des navires travaillant dans l'industrie pétrolière et gazière. Le chantier naval se porte candidat pour la construction du Queen Mary 2 mais la Cunard préféra les Chantiers de l'Atlantique essentiellement parce que le gouvernement britannique refusa d'accorder sa garantie bancaire.
A la fin des années quatre-vingt, le chantier naval fût intégré dans le programme de porte-avions (Carrier Vessel Future CVF) qui donna naissance aux porte-avions HMS Queen Elizabeth et Prince of Wales. On envisagea même l'assemblage en Irlande du Nord mais suite à la concentration d'autres chantiers navals britanniques, H&W fût mis de côté.
La compagnie délaissa la construction au profit de la recherche et de la mise au point de nouveaux navires. Elle travailla également sur des ponts et des éoliennes offshore. Le dernier grand programme de construction navale fût la construction de six cargos rouliers de classe Point destinés au Ministère de la Défense. Le MV Anvil Point est ainsi lancé en 2003.
En 2011, le chantier naval fût chargé de remotoriser le SS Nomadic, le transbordeur utilisé pour notamment le Titanic. Les travaux se sont achevés en 2012.
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Le chantier naval néerlandais est surtout connu pour ses deux grues géantes, Samson et Goliath assemblées respectivement en 1974 et 1969. La grue Goliath mise sous cocon en 2003 est remise en service en 2007. Cette grue est ainsi utilisée pour soulever les colis lourds des éoliennes offshores.
L'ancien chantier naval à connu sa dernière année bénéficiaire en 2015 et en 2016, les pertes se montèrent à six millions de livres britanniques. En 2018, la compagnie est mise en vente mais en août 2019 aucun candidat ne s'est présenté le processus est stoppé avant d'être relancé en octobre 2019.
John Brown Shipbuilding,ClydebankLe paquebot Queen Elizabeth 2 en construction sur les rives de la ClydeJohn Brown and Company est un chantier naval écossais. Je devrais dire était puisqu'il à disparu et n'existe plus que dans les mémoires de ceux qui on travaillé et qui ont bien travaille puisque sur les rives de la Clyde, sur les rives de la Clyde Rouge des légendes ont vu le jour qu'il s'agisse des paquebots Queen Mary Queen Elizabeth Queen Elizabeth 2 Lusitania, des croiseurs de bataille Hood et Repulse.
A son apogée durant la première moitié du siècle, il était l'un des chantiers les plus célèbres du monde mais comme nombre de chantiers européens, il connu un déclin irrémédiable. En 1968, les chantiers de la Clyde fusionne au sein d'un consortium baptisé Upper Clyde Shipbuilders mais ce n'est pas suffisant pour empêcher la faillite en 1971.
La compagnie se retire de la construction navale mais préserve le savoir faire des bureaux études en se reconvertissant dans la production du turbines industrielles fonctionnant au gaz. En 1986, elle devient une subdivision de Trafalgar House avant d'être racheté par le groupe norvégien Kvaerner en 1996 qui ferme les bureaux d'ingéniérie en 2000.
Marathon Manufacturing Company rachète le site à UCS et l'utilise pour produire des plate-formes pétroliers et gazières à destination de la mer du Nord. Racheté par l'Union Industrielle d'Entreprise (UIE groupe Bouygues) en 1980, le site ferme définitivement en 2001 après 150 ans d'activité puisque le premier navire fût lancé en 1852.
Fondée par les frères Thomson (qui ne tardèrent pas à se disputer), le chantier connu plusieurs site avant de se fixe à la confluence entre la rivière Cart et la rivière Clyde, le site permettant la construction de grands navires. En 1899, le chantier est racheté par la compagnie John Brown de Sheffield et prend le nom qui allait le faire entrer dans la légende.
Plutôt que de suivre son père dans le drap, John Brown décida de se lancer dans la métallurgie, se taillant rapidement une place enviable, devenant par exemple le principal fournisseur en acier à blindage de la Royal Navy. En 1867, sa compagnie avait plus de 4000 employés. Il quitte sa compagnie en 1871, se lance dans d'autres affaires et meurt pauvre et oublié en 1896 à l'âge de 80 ans.
La compagnie John Brown lui survit et se lance à partir de 1899 dans la construction navale. Le chantier adopte très vite la turbine, les turbines Brown-Curtiss propulsant ainsi les croiseurs de bataille Inflexible, Australia,Tiger ainsi que le cuirassé Barham.
Il devint également le chantier de la firme Cunard qui y fit construire notamemnt le Lusitania et l'Aquitania. Le lancement du premier nommé imposa une complète réorganisation du chantier puisqu'il mesurait 240m de long alors que la largeur de la Clyde n'était ici que de 190m.... .
En 1905, la compagnie John Brown s'associa avec Yarrow pour former la Coventry Ordnance Works et en 1909 acheta une participation au sein de la Sociedad Española de Construcción Naval.
Quand début le vingtième siècle, le chantier naval occupe un espace de plus de 32 hectares le long de Dumbarton Road, le site se subdivisant en deux entités _East et West Yards_ séparées par le bassin d'armement où les coques lancées étaient achevées avec deux grues de 150 tons.
La partie est comporte cinq cales dont une pouvant construire des navires d'une longueur supérieure à 270m. La partie ouest est utilisée pour construire des des navires plus petits comme les destroyers.
Le site comprend également une usine de production de turbines et de chaudières pour les navires construits sur place mais aussi pour d'autres compagnies.
Durant le premier conflit mondial, la pénurie de main d'oeuvre imposa l'embauche de femmes avec l'accord des syndicats qui imposèrent ce choix uniquement pour durant la guerre. Durant le conflit, les installations sont modernisées pour construire plus vite les navires commandés.
A l'exception des croiseurs de bataille Repulse et Hood, le chantier se concentra sur la construction des destroyers, le chantier écossais produisant plus de destroyers que n'importe quel autre chantier britannique, le record étant un destroyer produit en cinq mois et demi.
L'immédiat après guerre est difficiles avec peu de commandes et sans la construction des paquebots Empress of Britain, Queen Mary et Queen Elizabeth, le chantier aurait probablement disparu.
Dans l'immédiat après second conflit mondial, la situation est meilleure car il faut remplacer le tonnage perdu durant la guerre. Le dernier yacht royal, le HMY Britannia étant le dernier construit.
Cela ne dure pas, à la fin des années cinquante, la concurrence coréenne et japonaise commence se faire sentir, ces chantiers étant neufs ou reconstruits avec des méthodes modernes alors que les chantiers européens n'ont pas su ou n'ont pas pu voir n'ont pas voulu moderniser leurs infrastructures pour si cela était possible suivre ces chantiers qui pratiquaient un véritable dumping.
Le dernier navire militaire construit est d'ailleurs le HMS Intrepid, le sister-ship de classe Fearless lancé en 1964 et mis en service en 1967 et le dernier liner n'est autre que le RMS Queen Elizabeth 2.
En 1968 donc le chantier intègre le consortium des chantiers navals de la Clyde supérieure (Upper Clyde Shipbuilders consortium) mais le consortium fait faillite en 1971. Le dernier navire, un transport de grain le MV Alisa est achevé en 1972.
En 1972, le liquidateur de l'UCS vendu les chantiers navals à Marathon Manufacturing Company qui revend le site à UIE en 1980, UIE fermant le site en 2001. La branche ingéniérie à elle cessé ses activités en 2000, le site étant démoli en 2002. La compagnie existe toujours si l'on peut dire mais sous un autre nom.
L'ancien site des chantiers est devenu un Campus universitaire pour le Clydebank College inauguré en août 2008. On espéra un temps y rapatrier le Queen Elizabeth 2 mais «QE-2» allait finir sa carrière à Dubai comme hôtel flottant.