Porte-avions français

Lever de soleil sur le BÉARN en train de récupérer un avion à la sortie de la rade de Toulon :

Takagi a eu la bonne idée d'ouvrir le post sur les porte-avions français par le premier d'entre eux, le Béarn, si il fut loin d’être une réussite à cause notamment de sa faible vitesse et de la faible dimension et de la complexité de ses ascenseurs, il reste néanmoins un précurseur, voici donc son histoire en images.


Le Béarn en 1920; la coque du cuirassé de la classe Normandie a simplement été revêtue d'un plancher de bois en guise de pont d'envol.

Le lancement du Béarn a lieu à La Seyne-sur-Mer le 15 avril 1920 et, du 20 octobre 1920 au printemps 1921, est effectuée une série de décollages, tout d'abord celui du lieutenant de vaisseau Paul Teste aux commandes d'un Hanriot, puis de Sopwith 1A2, Hanriot HD.2 et Hanriot HD.3. La loi-programme du 18 avril 1922 décide sa transformation en « bâtiment porte-avions d'escadre » en application du traité naval de Washington.


Le Béarn à son entrée en service en 1927.

Le pont d'envol est droit; l'armement en casemates n'est pas encore installé; les brins d’arrêt sont retenus par des sacs de sable.


Le Béarn en 1932; depuis 1929 le pont d'envol a été courbé à l'avant; l'armement a été installé et comprend 8 canons de 155 mm; 6 x 75 mm; 8 x 37 mm; 4 TLT; il transporte 40 avions.
Remarquez l'avion qui apponte par l'avant!


Le Béarn en 1937; depuis sa refonte de 1935, le pont d'envol a été renforcé; des portes antennes ont été installés à l'arrière de la cheminée.


Le Béarn en août 1945
Le 8 septembre 1943 le Béarn part à la Nouvelle Orléans aux Etats Unis pour être refondu, il est transformé en transport d'avions, le pont d envol est découpé à l'avant et à l'arrière, l'armement est remplacé par le matériel américain suivant:
4 canons de 127 mm; 24 x 28 mm AA; 26 x 20 mm AA; les travaux sont menés sans empressement à Norfolk, en mars 1945, les travaux sont enfin achevés; d'octobre 1945 à juin 1946, le Béarn est utilisé pour le transport du Corps Expéditionnaire Français en Extrême Orient. Il est ensuite renvoyé en métropole et arrive à Toulon  le 23 juillet 1946.


Le Béarn en 1964 ; en réserve depuis décembre 1948, il est affecté comme caserne pour les équipages des sous-marins de la 1er ESM, il restera ainsi jusqu'en 1966 ou il est condamné; le Béarn est vendu le 31 mars 1967 à un chantier de démolition de Savone en Italie.

Les porte-avions ex US du type Independence: La Fayette et Bois Belleau


-La Fayette ex CVL27 Langley
Le CVL27 Langley entre en service le 31 août 1943 affecté dans le Pacifique il participe aux opérations sur les iles Marshall; Mariannes; bataille de Leyte; l'attaque du 12 janvier 1945 sur l'Indochine française; Iwi Jima; il rapatrie des troupes après la capitulation du Japon et est mis en réserve en 1947.


Le La Fayette arrive à Toulon le 11 septembre 1951

Le Langley est transféré à la France le 2 juin 1951 et prend le nom de La Fayette; d'avril à juin 1953 il est en Indochine; modernisé en 1954 il retourne ensuite en extrême-orient de février à mai 1956; il participe à l'affaire de Suez en novembre 1956; il subit un grand carénage à Toulon de juillet 1958 à septembre 1959; il sert de base de secours lors de la catastrophe du barrage de Malpasset en décembre 1959; puis lors du séisme d'Agadir en mars 1960; une croisière en Afrique en 1961; des rotations entre la métropole et l'Algérie à la mi-1962; il est restitué à la Marine américaine le 20 mars 1963; il est démoli en 1964 à Baltimore.


Le La Fayette en 1957; depuis sa modernisation de 1954 il a de nouveaux radars et un mat porte radars entre les deux groupes de cheminées

A suivre...

Les porte-avions ex US du type Independence: La Fayette et Bois Belleau; suite...

-Bois Belleau ex CVL24 Belleau Wood

Le CVL24 Belleau Wood entre en service le 31 mars 1943 affecté dans le Pacifique il participe aux opérations des ils Gilbert; en 1944 il fait partie de la TF58 à Truk; Hollandia; les Mariannes; Saipan; bataille de Leyte; il est endommagé par un kamikaze il est réparé à San Francisco et retourne au combat en février 1945; Okinawa; le 4 juin il est endommagé par le Typhon Viper; le 15 août 1945 lors de la capitulation du Japon il est dans la baie de Sagami; il est mis en réserve de 1947 à 1953.


Le Bois Belleau le 24 mars 1954

Le Belleau Wood est transféré à la France le 5 septembre 1953, il prend le nom de Bois Belleau  (1); il part pour l'Indochine le 7 avril 1954 et rentre à Toulon le 16 décembre 1954; il est modernisé à son retour et participe aux opérations de l'escadre en Méditerranée; en mai 1957 il participe a la revue navale à Hampton Road pour célébrer le bicentenaire de la Marine des Etats Unis; en février et mars 1958 il effectue des mission d'appui aérien lors de la guerre d'Algérie; il effectue des missions de transport d'avions entre Norfolk et la France; il est rendu à la Marine américaine le 12 septembre 1960; il est démoli en 1962 à Chester.


Le Bois Belleau après modernisation; comme le La Fayette, il a de nouveaux radars et un mat porte radars a été installé entre les deux groupes de cheminées

(1)La bataille du bois de Belleau est une bataille de la Première Guerre mondiale. Elle fut d'une grande importance psychologique, car elle marqua le premier engagement des troupes américaines de l'American Expeditionary Force, placé sous le commandement en chef du général John Pershing, ainsi que le début de la grande contre-offensive alliée de 1918.

Elle se déroula dans le bois situé au sud-ouest de Belleau (Aisne), tout près de la Marne, entre le 1er juin et le 26 juin 1918 et opposa une unité de la Second Indianhead Infantry division US, composée du 23rd Infantry Regiment et d'une brigade de Marines placée sous le commandement du général James G. Harbord, aux forces allemandes retranchées dans le secteur de Château-Thierry.

Elle détient le triste record du nombre de soldats américains tués dans une seule bataille jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

L'ARROMANCHES à Toulon en juin 1971. L'ex-COLOSSUS britannique est devenu l'ARROMANCHES en 1946 quand la France l'a loué à Grande-Bretagne pour une durée de cinq ans. La France l'achètera en 1951 à l'échéance du bail.

Le BÉARN et le cuirassé LORRAINE à Toulon après la guerre de 1939-45.

ne pas oublier aussi pour cette époque le DIXMUDE :

Le BÉARN à La Martinique en 1941, panneaux d'ascenseur arrière ouverts

HMS DEFENDER (D-36) escortant le CHARLES DE GAULLE devant la Syrie en Méditerranée Orientale, le 18 novembre 2015.


Très moqué lors de sa mise en service, le CDG remplit ses missions depuis 17 années. La critique est aisée, parfois trop...

Le CHARLES DE GAULLE passant Suez le 7 décembre 2014

Le BAPAUME, aviso de la classe ARRAS issu des programmes de la guerre de 1914-18, est lancé à Lorient en août 1918, un peu tard pour participer à la chasse aux U-Boote. De fait, il n’est mis en service qu’en 1920. Le lieutenant de vaisseau Teste, pionnier bien connu de l’aviation navale en France, a persuadé la marine de le convertir en porte-avion expérimental.


Une plateforme en bois, large de 8,70m et longue d’une vingtaine de mètres, a été construite sur l’avant de l’aviso. Elle sert à transporter un unique avion et de le lancer. À partir de mars 1920 et jusqu’en juin 1924, les pilotes de l’escadrille AC1 de l’Aviation Navale s’y forment au décollage avec des Hanriot HD2, des Nieuport 21 et 23, des Nieuport-Delage 323.


En 1924, la conversion du cuirassé BÉARN en porte-avions ayant été décidée, le BAPAUME cesse ses activités aéronautiques. Il sert ensuite de navire hydrographique à l'Office Scientifique et Technique des Pêches Maritimes, puis de navire-école de 1930 à 1936, date à laquelle il est retiré du service. Le premier porte-avion français (avion au singulier) finit à la ferraille en 1937.

Le BÉARN derrière un cuirassé

Le CHARLES DE GAULLE vu depuis un Hawkeye en présentation pour appontage

Après la guerre de 1939-45 : le BEARN en Indochine avec un hydravion Aichi E13A1 saisi aux Japonais lors de la capitulation

Une photo (probablement colorisée récemment) du BÉARN à La Martinique en décembre 1941, fosse de l'ascenseur arrière ouverte :

Le navire à coté du Bearn et le croiseur auxiliaire Barfleur X19 ex Bananier réquisitionné.

L'intérêt de cette photo n'est pas le biplan de reconnaissance Levasseur PL-101 de l'escadrille 7S1 mais la double plateforme de l'ascenseur du BÉARN.


Le PL.101, version améliorée du PL.10, a remplacé ce dernier à partir de 1935, ce qui permet de dater à peu près la photo.

Magnifiques photos!

Le Béarn, a une histoire singulière, et pas uniquement parce qu'il est le premier porte-avions d'escadre. En effet, il a été en contact avec tout un siècle d'Histoire navale française et a eu plusieurs carrières.

- Mis en chantier en tant que cuirassé à l'époque du tout canon, chaudières à charbon.
- Achevé en porte-avions d'escadre, propulsion au fuel.
- En 1939, retiré de son rôle en attendant une hypothétique refonte lui permettant d'embarquer des appareils modernes, il sert de transport d'avion pour l'armée de l'air, ses escadrilles embarquées étant sacrifiées à Sedan.
- Immobilisé alors qu'il était sous contrôle de Vichy, Roosevelt ayant peur, qu'escorté par l'Emile Bertin, il fasse un raid sous la côte Est (je trolle un peu).
- En 1943, quand il est décidé de le remettre en service, on retrouve un bâtiment dont les fonds son en partie noyés, et infestés de moustiques.
- En refonte aux E-U, la MN aimerait qu'il soit transformé en porte-avions d'escorte. Demande retoquée car les travaux à réaliser sont trop importants. Il servira de transport.
- Comme indiqué plus haut, les travaux sont lents car non prioritaires, les ouvriers travaillant dessus étant souvent temporairement affecté sur le chantier, entre deux missions.
- Enfin en service, alors qu'il navigue en convoi, une coupure de courant générale entraîne la perte de la barre. Le navire part en giration et éperonne un transport de soldats américains, faisant de nombreuses victimes. L'enquête révèlera que l'équipage a parfaitement et rapidement
réagi, ne pouvant faire mieux.
- Le pif enfoncé, son étrave subit un peu de chirurgie esthétique. A présent, sa proue n'a plus deux écubiers à tribord, mais plus qu'un, prélevé, comme l'ancre, sur ... le cuirassé Océan ex Jean-Bart, qui agonise à Toulon.
- Le Béarn sert alors en Indochine comme transport, dans un monde complètement différent de celui qui avait vu sa mise en chantier une trentaine d'années plus tôt.
- Enfin, il fini à Toulon comme bâtiment base pour les sous-marins, amarré dans la darse de ces derniers, comme veillant sur eux. Lors de ses derniers mois dans ce rôle, c'est sur ce bâtiment que des préposés rassembleront les affaires des malheureux disparus avec la Minerve.
- Alors que le bâtiment est inspecté, il est considéré comme étant en bon état, seules ses chaudières nécessiteraient un retubage. Le vieux P-A aurait pu encore rendre quelques services    .

Des F6F Hellcat sur un des deux CVL de la classe INDEPENDENCE.


BOIS BELLEAU ou LAFAYETTE ? Je n'ai pas trouvé d'indice permettant de l'identifier.

Tout ce que je peux dire c'est que la photo est antérieure à 1955; puisque il a encore l'antenne radar circulaire d'origine qui sera remplacée lors d'une modernisation par un mat porte radars entre les deux groupes de cheminées sur les deux PA entre 1954/55.

Le BÉARN utilisé comme transport d'avions avec une cargaison de Vought V-156F (le Vindicator des Américains)


La marine française avait acquis deux lots de vingt appareils chacun en février et mai 1939.

Non Takagi,  ces appareils sont des Vindicators,  les TBD de triste performance étaient de chez Douglas  et retirés du service après Midway .
Beaucoup de héros disparus ce 4 juin 1942 ...
Par ailleurs, 21 Vindicators SB2U des Marines du VMSB-241 étaient basés à terre à Midway...
Merci pour tous ces documents !

Je profite des nombreuses publications commémorant le centenaire de l’aéronavale pour raviver la flamme de cette rubrique inconnue.

La première photo montre l’appontage de l’avion Amiot du lieutenant de vaisseau Paul Teste sur le porte-avions Béarn inachevé en rade de Toulon le 20 octobre 1920 :


Intrigué par la proximité du pont d’envol avec la coque et par la forme de celle-ci, tous deux assez éloignés des formes connues du Béarn, j’ai cherché une photo dudit porte-avions inachevé. Pour compléter la photo postée par Niala le 29 juillet 2016, j’ai trouvé cette autre photo montrant la simple plateforme montée sur la coque du cuirassé inachevé :


Une page d'histoire.

D'après l'ouvrage de Moulin, Morareau et Picard le 20 octobre 1920 c'est à bord d'un Hanriot HD2 que Paul Teste (qui a décollé du Palyvestre qui n'est encore qu'une prairie) opère 4 appontages sur la plate forme du Béarn (longue de 43 m) il redécolle par ses propres moyens à chaque fois.
Le lendemain il réitère avec 3 autres pilotes et le 24 il apponte avec un Sopwith 1 1/2 strutter accompagné d'un passager le LV Levesque.

Punaise la photo avec les "copains" qui "regardent" de près elle fait peur (mais est très belle). En tant qu'homme de mon époque, je ne peux m'empêcher d'être sans arrêt surpris par les conditions de sécurité (sic) d'alors.

Je ne connaissais pas cette photo, elle permet de voir en perspective. Lorsque la construction du cuirassé fut interrompue, il me semble que c'était au niveau du pont blindé inférieur. Intéressant de voir les travaux temporaires réalisés pour rendre la coque flottable, et notamment ses formes, avec ce plan incliné sur les côtés.