DDH classe Izumo

Citation :

Le premier ministre s'est paraît-il énervé quand il a appris que les spécifications des DDH-183 et 184 ne prévoyaient pas d'interopérabilité avec les autres armées...

J'avoue qu'il y a de quoi, n'est pas BPC qui veut, c'est d'ailleurs la quête d'une telle capacité (tant aux niveau des systèmes que de l'organisation interne) qui a un peu poussé les russes à faire leur choix.

Peut-on y voir une réminiscence des relations tendues entre Armée et Marine durant la première partie du XXe siècle ?

pascal a écrit:

J'avoue qu'il y a de quoi, n'est pas BPC qui veut, c'est d'ailleurs la quête d'une telle capacité (tant aux niveau des systèmes que de l'organisation interne) qui a un peu poussé les russes à faire leur choix.

Peut-on y voir une réminiscence des relations tendues entre Armée et Marine durant la première partie du XXe siècle ?

Peut-être pas de manière aussi tranchée et hostile, mais l'interopérabilité n'a été que récemment mise en avant. La catastrophe de 2011 a servi de révélateur (on a vu quelques cas pathologiques...), les agissements des Chinois ont poussé le gouvernement à décider la mise en place d'une force projetable nécessairement interarmées. La conjonction des deux fait bouger les choses.
Exemple de cas pathologique vu (et dénoncé dans la presse japonaise) en mars 2011: un navire de la Force Maritime d'Autodéfense se trouvait au large des zones sinistrées au nord du Japon mais ne pouvait rien faire parce qu'il n'avait pas d'hélicoptère embarqué sur sa plateforme. A terre, il y avait deux hélicoptères de la Force Aérienne d'Autodéfense disponibles, mais trop loin de la zone sinistrée. Le bon sens aurait voulu qu'un de ces hélicos embarque sur le bateau et se rapproche de la zone. Mais non, pas possible. Motif ? La plateforme du bateau n'était pas qualifiée pour ces hélicos (alors qu'elle était qualifiée pour des hélicos plus lourds, mais de la Marine). Des histoires comme ça, il y en a eu des tas, et pas uniquement entre armées ! Il y en a eu entre ministères, entre préfectures, etc. La bureaucratie tatillonne en a pris un coup et les partis politiques en place aussi.

Takagi a écrit:

en mars 2011: un navire de la Force Maritime d'Autodéfense /// n'avait pas d'hélicoptère embarqué sur sa plateforme. A terre, il y avait deux hélicoptères de la Force Aérienne d'Autodéfense disponibles, mais/// La plateforme du bateau n'était pas qualifiée pour ces hélicos

Les qualifications aéro ne sont pas qu'une question "tatillonne" (ou pathologique...).
Elles répondent à des critères (de sécurité, notamment, voire surtout) avec lesquels les responsables aéro ne sont pas vraiment libres de jouer à leur guise... en temps de paix...
Maintenant, il est exact qu'en cas de besoin opérationnel impératif et urgent, le bon sens autorise (devrait autoriser...) les décideurs à en passer outre, et à prendre quelques risques... en tout cas dans un contexte culturel moins rigide que le cas cité...

DraniBrut a écrit:

Les qualifications aéro ne sont pas qu'une question "tatillonne" (ou pathologique...).
Elles répondent à des critères (de sécurité, notamment, voire surtout) avec lesquels les responsables aéro ne sont pas vraiment libres de jouer à leur guise... en temps de paix...
Maintenant, il est exact qu'en cas de besoin opérationnel impératif et urgent, le bon sens autorise (devrait autoriser...) les décideurs à en passer outre, et à prendre quelques risques... en tout cas dans un contexte culturel moins rigide que le cas cité...

Oui, je sais tout cela. C'est le genre de réponse qui a été daubé à longueur d'article dans la presse japonaise après la catastrophe. Motif : tous les navires de la Force Maritime d'Autodéfense ont pour mission secondaire l'assistance et l'intervention en cas de catastrophe naturelle. Pourquoi donc attendre que la catastrophe se produise et qu'on ait besoin d'embarquer des hélicos sur des bateaux pour se poser la question et dire que c'est compliqué ? Qu'est-ce qui empêchait de le faire avant, quand personne n'était pris par le temps ?
Depuis 2011, ces qualifications se généralisent et tous les pilotes d'hélico du Japon (civils et militaires) doivent être formés à l'intervention sur sinistre et au lâcher d'eau sur incendie. Sans attendre qu'il y ait le feu. Cela évitera de se poser des questions et de se retrancher derrière des règlementations qu'on n'aura pas anticipées quand il y aura le feu.

Une petite vidéo de 49s montre quelque détails de l'IZUMO. Les sept hélicoptères et leurs mécaniciens vont être à l'aise dans ce hangar...

ils vont pouvoir jouer au volley ball en attendant le F 35 B ...

Petite question le CIWS semble le fruit des amours inavouables entre un Phalanx et un RAM ???

pascal a écrit:

ils vont pouvoir jouer au volley ball en attendant le F 35 B ...

La "conversion" hypothétique de ces DDH en porte-avions fait couler beaucoup d'encre aux USA, en Chine et en Corée, mais ce navire s'appelle  いずも (IZUMO), pas アルルの女 (l'Arlésienne)... Et avec des F-35, l'engin serait un porte-avions à un seul ascenseur utilisable, on se croirait revenu au temps du RYŪJYŌ.
Simple hypothèse de ma part, mais les diverses variantes du V-22 (SAR, NavOps, HV-22, etc.) à l'étude aux USA et des hélicoptères de combat me paraissent plus plausibles à moyen terme. Elles auraient l'avantage de pouvoir être déployées à bord des quatre DDH et de pouvoir utiliser tous leurs ascenseurs. Encore faudrait-il qu'un évènement extérieur important donne au gouvernement des arguments pour franchir ce pas.

Citation :

Petite question le CIWS semble le fruit des amours inavouables entre un Phalanx et un RAM ???

Pourquoi inavouables ? Ces amours sont de notoriété publique. Le SeaRAM est constitué du système radar/électro-optique de détection/poursuite d'un Phalanx CIWS Mk-15 Block 1B (CRDC) et d'un lanceur à 11 tubes de missiles RIM-116 Rolling Airframe Missile (RAM). L'intérêt est d'avoir un affût RAM autonome, qui peut fonctionner sans être intégré à un système plus vaste pour recevoir des infos de détection et poursuite. Il équipe aussi les LCS classe INDEPENDANCE aux USA.

Une journée « porte ouvertes » était organisée le samedi 11 avril 2015 à bord de l’IZUMO, amarré dans la base navale de Yokosuka.


Pas moins de 40 000 personnes s’étaient inscrites pour la visite. Il a fallu organiser un tirage au sort pour désigner les 9 000 heureux élus qui se sont vu attribuer des créneaux horaires précis.

Le circuit de visite s’est limité au hangar (qui était vide), à une montée par l’ascenseur avant, au pont d’envol et retour à quai par une des portes latérales du hangar. La prise de photos était autorisée.

Takagi a écrit:

Le circuit de visite s’est limité /// à une montée par l’ascenseur avant, au pont d’envol et redescente par l’ascenseur latéral

L'ascenseur est d'une taille impressionnante ! Presque égale à la largeur du pont ! De quoi embarquer des F-35 B !

DraniBrut a écrit:

L'ascenseur est d'une taille impressionnante ! Presque égale à la largeur du pont !

N'exagérons rien. L'angle de prise de la photo est trompeur. En fait, la largeur de l'ascenseur est inférieure au tiers de celle du pont d'envol comme on le voit sur le plan ci-dessous.

J'ai vainement cherché sur Internet et dans la littérature que j'ai les dimensions de cet ascenseur avant.
À défaut d'information écrite, je me suis livré à un bête calcul à partir des photos publiques et des caractéristiques connues de l'IZUMO (largeur du pont d'envol, notamment) : l'ascenseur avant doit faire environ 12m de large et 18m de long (avec l'imprécision inhérente à ma méthode).

Le F-35B fait 11m d'envergure et 17m de long : donc si mon calcul est correct, je reviens sur ce que j'écrivais le 12 avril. Les deux ascenseurs devraient pouvoir faire passer un F-35B en termes de dimensions. L'ascenseur latéral arrière a moins de contraintes puisqu'on peut laisser dépasser une partie de l'aéronef à l'extérieur.
Le poids de l'avion ne serait pas un problème, vu que les installations aéro de l'IZUMO lui permettent d'accueillir un CH-53 de 25 tonnes, poids maximum au décollage comparable à celui du F-35B.
Resterait à recouvrir le pont d'un revêtement réfractaire pour protéger le bateau des jets des tuyères : ce ne doit pas être bien compliqué.
Et à avoir des F-35B, évidemment.

Une vidéo de sept minutes montre la journée "portes ouvertes" du 11 avril :

L'effet de l'objectif grand angle est parfois trompeur, mais la vidéo donne une bonne idée de la taille de ce destroyer.

Et là, la vidéo sur la même journée "portes ouvertes" du 11 avril 2015 dure un peu plus d'une heure : on y voit évidemment beaucoup plus de choses, depuis le système de lutte anti-torpilles jusqu'au pont d'envol et à l'armement, en passant par la vente d'eau minérale dans le hangar et les inévitables bousculades des visiteurs aux endroits intéressants.


La vidéo n'a pas été prise par un professionnel.
Une pensée émue pour les membres d'équipage qui ont encadré la foule toute la journée... et qui ont fourni quelques explications de base dont seuls les nippophones pourront profiter.

Une petite vidéo montrant le DDH-184 en achèvement au bassin. Prise le 25 juillet 2015, elle montre que le mât principal a été installé (il ne l'était pas il y a dix jours) et que les peintres s'affairent, d'où de nombreux échafaudages.


Le nom du bâtiment n'est toujours pas visible sur le tableau arrière...

Le 4 août 2015, le ministère japonais de la défense a communiqué les modalités de lancement officiel du DDH-24 :

   La cérémonie de lancement du destroyer de l’année fiscale 2014 est organisée comme suit :

   1 Jour et date :
   Le jeudi 27 août 2015 de 14h15 à 14h26.

   2 Lieu :
   Chantier de Marine United Corporation Yokohama Isogo, Japon

  3 Responsable de l’organisation :
   Inoue Chikara, commandant du District Maritime de Yokosuka

   4 Principaux participants :
   - représentants du ministère de la Défense
   - vice-amiral Takei Tomohisa, directeur du personnel de la Marine
   - Yamauchi Shoichi, représentant la direction du chantier naval.

   5 Nom du navire :
   Sera rendu public un peu avant la cérémonie de baptême.

   6 Divers :
   La liste des principaux participants est susceptible d'être modifiée.



Il va falloir attendre encore un peu pour connaître le nom de la bête...
Ref = http://www.mod.go.jp/msdf/formal/info/news/201508/20150804-01.pdf

Connait on son nom finalement ?

edit

C'est fait et il s'appel "Kaga"

Japan Named and Launched its 2nd Izumo Class Helicopter Destroyer DDH-184 "Kaga"

Citation :

Today, around 14:30 of August 27, 2015 (Thursday), Japan's Maritime Self-Defense Force (JMSDF) launched its second Izumo-class Helicopter Destroyer. The vessel was officially name "Kaga" (hull number DDH-184) during the ceremony at the JMU Japan Marine United Corporation shipyard in Yokohama Isogo.

Kaga was an aircraft carrier of the Imperial Japanese Navy, the third to enter service, named after the former Kaga Province in present-day Ishikawa Prefecture.

http://www.navyrecognition.com/index.php?option=com_content&task=view&id=3048

J'ai un peut galéré au début... car "かが" traduit ça donne "Or not" en anglais (ou pas)... Donc en traduisant les quelques meda japonais que j'ai trouvé en ligne je comprenais rien (en gros c'était écrit "Le 2eme Izumo a été nommé ou pas") ... bref pendant un bon 1/4 d'heure j’étais:

Oui, il s'appelle bien KAGA, c'est-à-dire 加賀 en kanji, transcrit phonétiquement en かが en syllabaire hiragana.  
か =ka
が = ga
Les piètres traducteurs en ligne traduisent かが par "ou pas ?" parce qu'ils confondent la transcription phonétique (en syllabaire) avec une suite de deux additifs grammaticaux (か et が) d'une tournure interro-négative...

Une petite vidéo (prise par quelqu'un qui n'était pas invité à la cérémonie) de la sortie de bassin du KAGA.
La structure que l'on voit sur le pont à l'avant est une tribune.


Le KAGA doit être admis au service actif avant la fin de l'année fiscale 2016, c'est-à-dire avant le 31 mars 2017.

Merci Takagi.

Tu confirmes l'orthographe correcte c'est KAGA et non pas Kaga ?

bonsoir
joli nom; il me semble qu'un autre destroyer l'a porté pendant la seconde guerre mondiale…

xav a écrit:

Tu confirmes l'orthographe correcte c'est KAGA et non pas Kaga ?

La calligraphie correcte est 加賀, la transcription phonétique en hiragana est かが , la transcription en romaji (écriture dite romaine au Japon) est Kaga.
Qu'on écrive cette dernière transcription en majuscules ou en minuscules n'est guère important. J'écris souvent les noms de bateaux en majuscules parce que ça permet de les repérer dans un texte, mais cet usage n'est absolument pas une règle ! En kanji, katakana ou hiragana, la notion de majuscule / minuscule n'existe pas. Alors KAGA, Kaga, kaga, c'est comme on le veut. Du moment qu'on n'oublie pas le " sur le deuxième kana (かが -> かか)...

Heye a écrit:

bonsoir
joli nom; il me semble qu'un autre destroyer l'a porté pendant la seconde guerre mondiale…

Oui, c'était déjà le nom d'un destroyer cuirassé de la classe TOSA du programme 8x8 de 1918, converti en destroyer porte-avions à partir de 1923 et utilisé jusqu'en juin 1942, date à laquelle il a été destroyed.

Une photo du KAGA prise peu après sa sortie du bassin :


Il ne faisait pas beau ce jour-là...

Takagi a écrit:

xav a écrit:

Tu confirmes l'orthographe correcte c'est KAGA et non pas Kaga ?

La calligraphie correcte est 加賀, la transcription phonétique en hiragana est かが , la transcription en romaji (écriture dite romaine au Japon) est Kaga.
Qu'on écrive cette dernière transcription en majuscules ou en minuscules n'est guère important. J'écris souvent les noms de bateaux en majuscules parce que ça permet de les repérer dans un texte, mais cet usage n'est absolument pas une règle ! En kanji, katakana ou hiragana, la notion de majuscule / minuscule n'existe pas. Alors KAGA, Kaga, kaga, c'est comme on le veut. Du moment qu'on n'oublie pas le " sur le deuxième kana (かが -> かか)... : vendredi13:

Si la notion de majuscule / minuscule n'existe pas en kanji, katakana ou hiragana, et si l'usage des capitales « n'est absolument pas une règle », profitons-en pour appliquer en français notre règle typographique : les noms de bateau, navire, bâtiment, individuellement, sont mis en italique (autre façon « de les repérer dans un texte ») ; mais les noms de classe/groupe (éventuellement série) sont écrits en capitales
e.g. : le Duquesne de la classe SUFFREN.  

Donc ici, on ne doit avoir aucune retenue à écrire : "le Kaga de la classe IZUMO".

Les diverses sources de bon aloi ou de notoriété publique s'accordent sur la capacité d'emport de ces DDH : ils sont prévus embarquer 14 hélicoptères en temps de paix (temps pendant lequel tous les hélicoptères sont stockés dans le hangar).
Cependant, ces mêmes sources ont des avis différents sur le type de ces hélicoptères :

• 14 SH-60 J/K de lutte ASM d'après Flottes de Combat
  
• 7 SH-60 J/K et 7 AgustaWestland MCH-101 de guerre des mines d'après l'US Naval Institute's Combat Fleets of the World
  
• 7 hélicoptères ASM et 2 hélicoptères SAR (Search and Rescue) d'après la version anglophone de Wikipédia
  
• 14 hélicoptères d'un type non précisé d'après la version francophone du même Wikipédia
  
• 7 SH-60K et 2 MCH-101 d'après la version nippophone de Wikipédia
  
• au choix : 6 SH-60 J et 2 MCH-101, ou 5 MH-53E, ou 15 CH-47J (de la Force Terrestre d'Autodéfense) d'après GlobalSecurity
  
• etc. etc.

Le débat sur le type des hélicoptères est un peu creux, vu que les appareils ne sont pas attachés organiquement à un navire mais à des flottilles basées à terre et déployés sur les divers bâtiments porte-hélicoptères en fonction des besoins et des missions. Rien n'exclut par exemple que des hélicoptères légers, non mentionnés dans les listes ci-dessus, ou (à l'avenir) des V-22 de la Force Terrestre d'Autodéfense soient embarqués sur les IZUMO.

La capacité d'emport en temps de paix correspond à la capacité du hangar, prévu pour 14 hélicoptères moyens/lourds, parce qu'en temps de paix il n'est pas prévu d'utiliser le pont d'envol comme parking permanent (les consignes de mise en œuvre des hélicoptères en temps de paix stipulent qu'il ne faut pas parquer les appareils en les laissant exposés au brouillard salin des embruns).
En temps de non-paix, la capacité de ces DDH peut être portée à 23 hélicoptères moyens/lourds (14 dans le hangar et 9 sur le pont sans encombrer les 5 spots d'appontage), voire 28 hélicoptères moyens/lourds pour des missions de transport (en utilisant les 5 spots comme parking temporaire). La capacité d'emport maximale en hélicoptères légers pourrait être encore supérieure ; seul le nombre de 5 spots d'appontage reste fixe quelle que soit la mission, dicté qu'il est par le nombre et la disposition des installations incendie sur le pont.