Marine nationale : cher patrimoine...
Propriété de la Marine, le château de Brest nécessite des travaux réguliers. Le démarrage du chantier de restauration des tours Paradis est annoncé pour 2007. Il coûtera 800 000 €.
Ses infrastructures ont souvent une longue histoire. Une chance, mais aussi une charge.
La Marine nationale dispose d'un important patrimoine historique. Même à Brest, lourdement bombardé pendant la Seconde Guerre mondiale, il subsiste des témoins intéressants du passé, parfois très visibles. Exemple, le château. « Il est occupé militairement pratiquement sans interruption depuis le IIIe siècle », rappelle Hervé Bédri, secrétaire de la commission du patrimoine de la Marine nationale pour la région Atlantique. Le château est devenu le siège de la préfecture maritime en 1953. Il abritait auparavant une caserne de l'armée de Terre.
La Marine conserve ce patrimoine historique dans la mesure où elle en a l'utilité. Cas typiques, les bassins de Pontaniou. « Ils ont été agrandis une première fois par Choquet de Lindu au début du XVIIIe siècle », rappelle Hervé Bédri. Deux siècles plus tard, ces formes de radoub subissent à nouveau d'importants travaux afin de les préparer à accueillir les futures frégates multimissions. Certains quais, au pied du château, sont également très anciens. Des dates gravées dans la pierre montrent qu'ils remontent à l'année 1700.
Le bâtiment des subsistances est aujourd'hui occupé par le commissariat de la Marine. C'est quasiment l'unique immeuble qui reste de l'arsenal du XVIIIe siècle. Construit par l'ingénieur Blaise Ollivier vers 1700, il a ensuite été réaménagé par Choquet de Lindu. C'est là que l'on cuisait le fameux « biscuit de mer » qui servait de nourriture aux équipages de la Royale.
Le bâtiment aux Lions date de Napoléon Ier. Il tire son nom de gargouilles en forme de têtes de lion. Il servait d'entrepôt pour la marine à voile. Des citernes stockaient le brai, le goudron et le soufre utilisés pour l'entretien des voiles entreposées dans les salles supérieures. Dès l'origine, la construction a été conçue pour supporter une route sur son toit. « C'est l'un des seuls exemples connus en France », souligne Hervé Bédri. La restauration du bâtiment aux Lions, actuellement inoccupé, est à l'étude.
Le plateau des Capucins témoigne d'une évolution technologique majeure. Ces bâtiments ont été construits en 1848 afin de servir à l'entretien des premières machines à vapeur. Une grue permettait de les déposer dans les cales des navires amarrés en Penfeld.
Situé à côté des bassins de Pontaniou, l'atelier des forges fonctionne toujours. Propriété de la Marine, il est attribué à DCN. On y redresse les maillons des chaînes d'amarrage à l'aide d'un marteau-pilon qui date de 1867.
Du côté de Crozon
Voilà pour Brest. Mais il y a aussi la presqu'île de Crozon. La Marine est propriétaire d'un certain nombre d'ouvrages dont le plus ancien, la batterie de Pourjoint, remonte à la fin du XVIe siècle. « La Marine a récupéré ces ouvrages en 1927 sans l'avoir vraiment demandé », indique Hervé Bédri. Aujourd'hui, elle souhaite les céder à des partenaires publics, Conservatoire du littoral ou collectivités territoriales. Mais, elle doit auparavant financer la dépollution de ces sites militaires visés par des bombardements pendant la Seconde Guerre mondiale. « Céder nous coûte, c'est extraordinaire ! »
Conserver son patrimoine en état, ça coûte aussi. En ce qui concerne les édifices classés, le ministère de la Défense partage la dépense avec celui de la Culture. Chacun finance la moitié des travaux nécessaires. Le déblocage des crédits n'est pas toujours exempt d'aléas. « Le ministère de la Culture vient de connaître deux années de disette budgétaire, note Hervé Bédri. Il a fallu trouver des fonds propres localement pour prendre la relève. »
Le château absorbe des crédits importants. En 2004, la restauration de la tour Fançaise a coûté 390 000 €. En 2006, 160 000 € ont été investis dans la réfection de la courtine sud. Le démarrage du chantier de restauration des tours Paradis est annoncé pour 2007. Il coûtera 800 000 €. Entretenir coûte cher. Mais c'est une question de bon sens. « Si on n'entretient pas un patrimoine, il se dégrade. S'il se dégrade, il coûtera plus cher encore... »