Marine des Philippines

Le premier missile surface-air de la Marine des Philippines est français : le vendredi 8 octobre 2021, le ministère de la Défense a réceptionné sur la base aérienne de Subic le premier lot de missiles Mistral 3 destinés aux frégates JOSE RIZAL et ANTONIO LUNA dont ils constituent le principal armement antiaérien. Un deuxième lot devrait être livré en mars 2022.


En termes de missiles antinavires, les deux frégates devraient recevoir des C-Star du fabricant sud-coréen LIG Nex 1 (anciennement NEX1 Future and LG Innotek).

Pour la quatrième fois depuis 2019, le ministère philippin de la Défense a publié le 30 septembre 2021 un appel d’offres portant sur l’acquisition de deux nouveaux bâtiments amphibies, en complément aux deux de la classe TARLAC déjà en service.

Le document de 137 pages porte sur deix navires de 7200 tonnes et 120 m de long. Quatre barges de débarquement enradiables, quatre embarcations gonflables à coque rigide et deux années de soutien logistique initial font également partie de l’appel d’offres.

Info issue de Marines et Forces Navales n°195

-Lancement du cotre garde-côtes 9701, premier du type MRRV 94 construit au Japon par Mitsubishi, une seconde unité est prévue.

Le GREGORIO DEL PILAR a commencé une série d'essais à quai, suite à la réparation de sa ligne d'arbres. Il sortira ensuite à la mer pour des essais complémentaires ; ceux-ci devraient s'achever fin novembre, soit trois ans et trois mois après son échouement en Mer de Chine.

L’équipage du JOSE RIZAL et des maintenanciers du Centre des Systèmes de Combat Navals ont terminé leur formation à la mise en œuvre et la maintenance du Mistral 3. La formation leur a été dispensée par du personnel de MBDA, fabricant du missile. Au terme des deux semaines de formation, les Philippins sont censés être autonomes en termes de maintenance de niveaux 1 et 2 (niveaux « opérationnel » et « intermédiaire » respectivement).


Le deuxième lot de missiles Mistral 3 est prévu être livré en mars 2022.

Le 28 octobre 2021, la Marine des Philippines a testé un missile pour la première fois. Le huitième MPAC (multipurpose attack craft, bateau d’attaque polyvalent), portant le numéro BA489, a tiré un missile surface-surface Spike-ER sur une cible flottante à l’occasion de l’exercice Pagsisikap 2021, à dix-huit milles marins au sud-ouest de l’île de Salkulakit dans la province de Basilan.


Le missile a été tiré à environ 4000 m de la cible et l’a atteinte. Le Spike ER est à l'origine un missile antichar.

La Marine Philippine a décidé de désarmer sept unités du fait de leur coût prohibitif de maintien en service et de leur indisponibilité chronique. Les noms des trois premiers ont été annoncés : il s’agit des patrouilleurs MIGUEL MALVAR (PS 19) et MAGAT SALAMAT (PS 20) ainsi que du ravitailleur MANGYAN (AS 71), tous trois d’origine américaine et construits dans les années 1943 et 1944. Les quatre autres devraient être d’autres pièces de musée datant de la fin de la Guerre du Pacifique ou de l’immédiat après-guerre. Cette annonce s'inscrit dans un plus vaste plan de désarmement de vingt-deux unités annoncé en février 2021. La Marine des Philippines entend réaffecter leurs équipages sur des navires plus récents.


Un groupe d’officiels se sont récemment rendus en Corée du Sud pour inspecter du matériel anti-sous-marin et des missiles qui devraient être livrés aux forces armées philippines dans les semaines ou les mois à venir. Ils ont profité du déplacement pour se rendre à Jinhae où ils sont montés à bord de l’ex-corvette ANDONG (PCC 771, classe POHANG, 1220 tonnes, qui ne date que de 1988) désarmée en 2020 et qui pourrait être cédée à la Marine des Philippines.

Ces jours derniers, la presse philippine a fait état de visites de représentants israéliens et français liés à la défense. Pour la France, c'est l'ambassadrice récemment nommée Michèle Boccoz qui s'est rendue au QG de la marine à Manille et à la base navale Jose Andrada pour y discuter liberté de navigation en Mer de Chine et coopération bilatérale.

Le samedi 13 novembre, la frégate ANTONIO LUNA (FF 151) et le transport multi-mission TARLAC (LD 601) ont appareillé de Manille pour participer à l’exercice DAGIT-PA dans les Visayas occidentales. Je ne vous fais pas l’affront de vous expliquer que l’acronyme DAGIT-PA compacte les adjectifs DAGal (maritime), langIT (aérien) et luPA (terrestre). Car l’exercice est un AJEX, abréviation d’AFP Joint Exercise où l’AFP, loin d’être une agence de presse bien connue, est elle-même l’abréviation d’Armed Forces of the Philippines (forces armées des Philippines). Les trois composantes des forces armées doivent y améliorer leurs capacités d’interopérabilité. Pour l’occasion, un détachement de véhicules des troupes amphibies philippines ont embarqué dans le TARLAC. L’exercice devrait culminer le 18 avec leur mise à terre.


Qui aurait dit il y a seulement cinq ans que les FAP pourraient monter un tel exercice ?

Le mardi 16 novembre 2021 a vu in nouvel incident dans les Spratley : des bateaux qui allaient ravitailler les fusiliers qui tiennent garnison sur le SIERRA MADRE, ex-LST échoué sur le banc du Second Thomas en 1999 en guise d’avant-poste philippin dans les Spratley au large de Palawan, ont été pris à partie par des patrouilleurs de Garde-Côtes Chinois.


L’épave du SIERRA MADRE (qui n’est pas retiré des listes de la Marine Philippine, de manière à rester territoire philippin) se trouve à une vingtaine de milles marins du récif de Mischief qui est devenu une des îles artificielles occupée et militarisée par la République Populaire de Chine. Le SIERRA MADRE est couvert par le Traité Américano-Philippin
de Défense Mutuelle, ce qui le protège dans une certaine mesure des conséquences de la politique pékinoise dont les exécuteurs en sont réduits à s’en prendre aux ravitailleurs.

Les barques transportant le ravitaillement des fusiliers se sont vu barrer la route par des patrouilleurs chinois qui les ont copieusement arrosées au canon à eau, les forçant à faire demi-tour. Les autorités philippines précisent que personne n’a été blessé dans l’accrochage.

Manille considère tout le secteur comme partie de sa Zone Economique Exclusive et ne reconnaît aucun droit à Pékin d’y imposer son droit. Pour le ministère philippin des Affaires étrangères, « Les agissements des vaisseaux des Garde-Côtes Chinois sont illégaux. La Chine n’a aucun droit à imposer sa loi dans ce secteur. Ces vaisseaux doivent en prendre acte et se retirer. » Il annonce que le ravitaillement du SIERRA MADRE continuera et que Manille n’a pas demander à Pékin l’autorisation de le faire, faisant sans doute allusion à un échange qu’il a eu avec son homologue pékinois.

Citation :

[…] les fusiliers qui tiennent garnison sur le SIERRA MADRE, ex-LST échoué sur le banc du Second Thomas en 1999 […] Le SIERRA MADRE
L’épave du SIERRA MADRE (qui n’est pas retiré des listes de la Marine Philippine, de manière à rester territoire philippin) […] : marinsimspon:

Y pourraient quand même le repeindre un peu, tant qu'yz y sont, les fusiliers

D'autant que si il continue de rouiller ainsi, il va finir par prendre l'eau le territoire philippin.

S'il y a occupation éventuelle par des fusiliers-marins philippins, vu la tronche du bâtiment, elle doit se résumer à une malheureuse section, relevée très régulièrement. Si çà se trouve, à bord du Sierra Madre, il n'y a plus guère que quatre ou cinq compartiments régulièrement entretenus, deux chambrées, une cuisine, un salle à manger et, éventuellement, selon son grade, une cabine pour le chef de section. L'emploi généreux de la peinture est une très vieille tradition navale.

Dans la nuit du 22 au 23 novembre, 2021, les Philippins ont ravitaillé les fusiliers marins en poste sur le SIERRA MADRE. L’aller-retour a été effectué nuitamment par du personnel de la Marine philippine à bord de barques en bois louées à des civils. Les Chinois avaient promis de ne pas s’y opposer « pourvu qu’il n’y ait pas d’escorte », mais les Philippins ont tout de même déployé un avion de patrouille pour surveiller la zone au radar. Manille a rappelé par voie de presse que la République Populaire de Chine n’a pas à autoriser ni interdire les mouvements philippins dans la Zone Economique Exclusive de l’archipel.

NIALA a écrit:

D'autant que si il continue de rouiller ainsi, il va finir par prendre l'eau le territoire philippin.

Loïc Charpentier a écrit:

S'il y a occupation éventuelle par des fusiliers-marins philippins, vu la tronche du bâtiment, elle doit se résumer à une malheureuse section, relevée très régulièrement. Si çà se trouve, à bord du Sierra Madre, il n'y a plus guère que quatre ou cinq compartiments régulièrement entretenus, deux chambrées, une cuisine, un salle à manger et, éventuellement, selon son grade, une cabine pour le chef de section. L'emploi généreux de la peinture est une très vieille tradition navale.

Six fusiliers marins (gradé compris) qui logent dans le préfabriqué ajouté sur le pont et qui utilisent les commodités sous la passerelle. L'ancien abri de navigation sert de tour de guet. L'équipe est relevée tous les deux mois. Vue de côté, la coque ressemble fortement à une crêpe bretonne ou à une dentelle de Bruges, on voit le jour à travers, notamment à l'avant.


Un reportage ici : https://news.abs-cbn.com/specials/sierra-madre


Et une photo :

J'étais très en retard, il y a longtemps qu'il prend l'eau, heureusement qu'il repose sur le fond sinon il aurait coulé depuis longtemps.

Takagi a écrit:

Dans la nuit du 22 au 23 novembre, 2021, les Philippins ont ravitaillé les fusiliers marins en poste sur le SIERRA MADRE. L’aller-retour a été effectué nuitamment par du personnel de la Marine philippine à bord de barques en bois louées à des civils. Les Chinois avaient promis de ne pas s’y opposer « pourvu qu’il n’y ait pas d’escorte », mais les Philippins ont tout de même déployé un avion de patrouille pour surveiller la zone au radar. Manille a rappelé par voie de presse que la République Populaire de Chine n’a pas à autoriser ni interdire les mouvements philippins dans la Zone Economique Exclusive de l’archipel.

Le 24 novembre, le ministère philippin de la Défense a tout de même révélé qu'un patrouilleur des garde-côtes chinois avait marqué les bateaux de ravitaillement philippins, sans s'opposer à leurs mouvements, et qu'il avait envoyé un zodiac avec trois hommes filmer et photographier le transbordement des colis sur le SIERRA MADRE.

Pensée personnelle : peut-être les Chinois voulaient-ils s'assurer que le transbordement ne comprenait que du ravitaillement.

Par la voix de son porte-parole Zhao Lijian, le ministère chinois des Affaires étrangères a clarifié la position officielle de la République Populaire de Chine quant à l’épave du SIERRA MADRE, le mercredi 24 novembre 2021. La Chine attend des Philippines qu’elles enlèvent l’épave de ce qu’elle considère comme un récif chinois que Pékin appelle Ren’ai Jiao, Manille Ayungin Shoal et les cartes Second Thomas Shoal. Quant au ravitaillement de la garnison en poste sur l’épave, il s’agit d’un « arrangement spécial, temporaire, motivé par des raisons humanitaires ». Selon Zhao Lijian, les garde-côtes chinois ont rempli leur devoir comme il se doit en surveillant de bout en bout la livraison du ravitaillement à la garnison lors de la deuxième mission, après s'y être opposé au canon à eau le 16 novembre.

Cela fait plusieurs années que ce jeu du chat et de la souris dure. Chacun reste sur sa position. L’épave ne peut probablement plus être remorquée compte tenu de son état, elle pourrait être découpée sur place mais les Philippines ne veulent pas le faire, profitent du parapluie américain et clament que le récif appartient aux Philippines, en désaccord avec Pékin. Manille ravitaille l'épave toutes les deux à quatre semaines, Pékin ne bouge généralement pas - jusqu'au 16 novembre.

Le fait que Pékin ait durci sa position en novembre n’est pas sans lien avec l’actualité : en octobre, le président Roberto Duterte (qui ne peut pas briguer un second mandat selon la constitution philippine) a annoncé qu’il se renonçait à se présenter comme vice-président, préférant un mandat de sénateur. Les prises de position sinophiles dudit président ont plusieurs fois été critiquées dans son propre pays ; le récent énervement calculé de Pékin contre la présence du SIERRA MADRE relève plus de l’avertissement au successeur de Duterte que de l’arrangement humanitaire, à mon humble avis.

Citation :

[…] La Chine attend des Philippines qu’elles enlèvent l’épave de ce qu’elle considère comme un récif chinois que Pékin appelle Ren’ai Jiao, Manille Ayungin Shoal et les cartes Second Thomas Shoal.[…]
[…] le récent énervement calculé de Pékin contre la présence du SIERRA MADRE relève plus de l’avertissement au successeur de Duterte que de l’arrangement humanitaire, à mon humble avis. 8 )

… humble, mais qui ne manque pas de pertinence

En fait, vu l'état de l'épave, les Tinois n'ont qu'à attendre, patiemment - vertu asiatique bien connue - qu'elle se décompose naturellement. Et qu'elle finisse en poussière d'oxyde de fer.

Les philippiens n'ont peut être pas prévu le rapatriement de la garnison, auquel cas ils vont finir par rentrer à la nage.

Sans grande surprise, la marine des Philippines a opposé une fin de non-recevoir à la demande pékinoise d'enlever l'épave du SIERRA MADRE du récif où elle est échouée.

Confirmant une fois de plus son changement d’échelle, la Marine des Philippines a mené un exercice avec sa consoeur pakistanaise le 28 novembre 2021. La frégate JOSE RIZAL a effectué divers exercices élémentaires avec la frégate TUGHRIL (Type 054A) au large de Palawan.

Le 15 décembre 2021, le MAMANWA (LC294) a été admis au service dans la Marine Philippine. Ce Landing Craft Utility, auparavant en service dans la marine sud-coréenne, a été intégré à la Sealift Amphibious Force. Sa donation aux Philippines avait été annoncée en 2014 mais il a dû bénéficier d’une remise en état avant d’être transféré.


Le nom Mamanwa est celui d’une peuplade indigène de la province d’Agusan del Norte.

Le ministère philippin du budget a annoncé le 10 décembre 2021 qu’une enveloppe spéciale de 3,75 milliards de Pesos (un peu plus de 66 millions d’Euros) qui va permettre au ministère de la Défense de commander deux nouvelles corvettes auprès de Hyundai Heavy Industries (HHI). Les deux bâtiments devraient être livrés dans deux ou trois ans pour un total de 16 milliards de Pesos (282 millions d’Euros), système d’armes compris. Elles seront plus petites que les JOSE RIZAL. Cette réduction de taille est essentiellement due aux restrictions budgétaires dans lesquelles se débattent les Forces Armées Philippines de manière endémique.

Le 10 décembre 2021, la Marine des Philippines a retiré du service les deux vieux patrouilleurs MIGUEL MALVAR (PS-19) et MAGAT SALAMAT (PS-20). La cérémonie était organisée au coucher du soleil, au moment où les couleurs ont été abaissées pour la dernière fois. Les deux navires accusaient 77 années de service au compteur, dont 44 ans et 10 mois dans la Marine Philippine après un temps dans la marine américaine et un autre dans la marine sud-vietnamienne. Ils devraient être remplacés dans leurs fonctions de patrouilleurs par les neuf premiers patrouilleurs rapides attendus d’Israël début 2022.


Le ravitailleur MANGYAN (AS-71), qui devait lui aussi être désarmé, bénéficie finalement d’un sursis : sorti d’une remise en état il y a à peine six mois, il est encore utilisable. Son désarmement pourrait intervenir l’an prochain.

Dans les années à venir, la Marine des Philippines devrait recevoir deux corvettes sud-coréennes, six OPV australiens et deux transports de chalands de débarquement indonésiens. Dans le domaine aéronaval, des hélicoptères de transport UH-60 et SH-60 sont attendus des USA.

Takagi a écrit:

Le 10 décembre 2021, la Marine des Philippines a retiré du service les deux vieux patrouilleurs […] […] : salut:

Ces deux bateaux semblent avoir bénéficié d'une (ultime) couche de peinture de coque
Ça fait soigné !