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 Appareillage d'un paquebot 1890

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ARMEN56
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MessageSujet: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptyMer 23 Sep 2020, 15:04

Appareillage d'un paquebot 1890  Appare10

extrait , la poésie dans la mécanique

MISE EN TRAIN DE LA MACHINE 9 AOUT  1890

- Oui, monsieur, dit enfin exaspéré l'officier mécanicien de garde à l'obstiné visiteur sans cesse sur ses talons, et qui jusqu'au dernier moment l'accablait de questions oiseuses, oui, c'est aujourd'hui la veille du départ, je viens de jeter un coup d'œil sur la machine : tout est en ordre; demain matin, à huit heures très précises, nous serons sous pression, et prêts à mettre en route au commandement.
— Ah! fit l'autre, ah! vraiment !
— Oui, monsieur, sous pression, même s'il pleut, ajouta-t-il en souriant.

Et, laissant l'homme songeur, il disparut brusquement dans sa cabine de la batterie devant laquelle ils passaient en ce moment.
Un léger bruit de couvertures qu'on froissa dans la cabine, le choc d'un corps mon sur un lit et le pas pesant du visiteur sur le pont, assourdi déjà par la distance... puis plus rien. A bord du courrier de Chine tout dort maintenant.
Depuis huit jours cependant, en bas, on s'est préparé au départ, et du matin au soir sans relâche, la nuit même, on a travaillé.
Huit cents tonnes de charbon(*) déjà remplissent les soutes. Complètement démontées, visitées pièce à pièce, puis remontées avec le même soin, les machines sont à présent parées à fonctionner. La veille on a fait le plein des huit chaudières dans lesquelles quatre-vingt mille kilos d'eau douce ont été versées; puis les quatre fourneaux correspondant aux chaudières ont été soigneusement garnis. Sur les grilles nettoyées à fond une première mise de bois blanc supporte une couche de houille de quinze centimètres d'épaisseur, aux morceaux choisis, gros comme la moitié du poing, entremêlés d'étoupes grasses et de copeaux qui faciliteront l'allumage et la combustion. Une inspection rapide encore, un coup de balai pour la propreté, et c'est fini. Le dernier chauffeur vient de quitter la machine, tout est bien paré maintenant.
Hier, pleine et sonore de mille bruits, vibrant du choc des marteaux, retentissant des cris d'hommes, claquant du fracas des portes de fer frappées, la cage de la machine, grise dans sa claire-voie vitrée, vivait et respirait; aujourd'hui elle semble comme engloutie dans une obscurité grasse, noire et spacieuse, au fond de laquelle, se révélant à l'odeur particulière d'acier fraîchement poli et de suif qui en émane, on devine à travers une légère buée le monstre de métal immobile et froid, écrasé par les deux cent mille kilos de son propre poids, accroupi dans les ténèbres et le silence de la nuit. Hommes et machine dorment do ce lourd sommeil qui précède les gros efforts. Seuls, les petits cris stridents des rats de cale s’entendent par intervalles, là-bas, tout au fond, rit joyeusement ils s'ébattent dans leur domaine le fer, sous l'œil dédaigneux et paternel du chat des soutiers gras et dodu, qui, le derrière dans le rond le cuir crevé du fauteuil du mécanicien, parmi les crins ébouriffés, les laisse baguenauder en ronronnant paresseusement. Mais voilà, que l'aube luit au dehors, estompée par la brume. Dans l'épaisse obscurité d'en bas, un cercle gris a paru découpé en l'air. C'est le ciel du matin entrevu à travers la section ronde du capot de descente dans la chaufferie de bâbord. Pareil à celui qui filtre par la rosace supérieure d'une crypte, un faisceau lumineux descend, empli de poussière grise, terne et flou, frappant à faux reflets les cannelures du parquet de fer. En même temps, un léger bruit a retenti. Comme une étoile attardée dans 'aurore, une lueur court maintenant le long de la rampe de l’échelle ; une forme noire bouche le trou frôlant les tôles, une rangée de dents blanches sous deux yeux étincelants apparaît, et des frottements allongés et mous de pieds nus font sourdement vibrer le parquet supérieur. Un saut encore, l'homme est en bas. Maintenant il court parmi les rats en débandade, noir comme la vision du diable, la respiration haute par l'effort, balançant à bout de bras la lumière papillotante de la vérine qui l'éclaire, véritable feu-follet des ténèbres, esprit macabre de la nuit de fer. Il traverse la chaufferie, puis la machine. Sa silhouette danse démesurément, elle ondule : tantôt elle grandit, tantôt elle se rapetisse, aux hasards de la course et du clair-obscur, puis disparaît. Les rayons de la lampe zigzaguent sur la paroi, s'épatent sur les massifs, s'enfoncent dans les fentes, s'accrochent aux saillies des aciers, des cuivres et des fers, qui les renvoient réfléchis en gerbes étincelantes, éclaboussant l'œil, et des milliers d'éclairs éclatent dans l'obscurité, aussitôt disparus; et pendant que, brusquement tiré de son rêve grassouillet, le chat s'étire, baille à fond, et se rendort, l'homme a remonté l'échelle de tribord, la respiration  plus haute maintenant, mêlant au silence un petit bruit strident ; dans la batterie, il a frappé à  une porte sur la plaquette de laquelle on lit en lettres d'or : « deuxième mécanicien » et prononce ces mots cabalistiques : « Ça mossié, toi lever, il y en a sept heures piqués ». Le premier acte de l'appareillage, le réveil de l'officier de garde, est accompli. Mais déjà celui-ci est prêt, il sort en tenue de travail, pantalon et bourgeron bleus, le foulard au cou, la casquette de service enfoncée sur la tête huileuse et grasse, reconnaissable seulement à son fragment de galon d'argent défraîchi et fruste que l'usure a oublié. Pâle de quelques heures seulement de sommeil, un peu pesant encore, il va descendre dans la machine. Déjà aussi, celle-ci s'est peuplée. au silence a succédé le bruit. Le trou d'en haut a vomi des flots d'hommes. Bâbordais  et tribordais de la chauffe tout le monde est en bas : premiers chauffeurs européens et noirs , accompagnés de leur suran (sorte de maitre d'équipage) et de leurs caporaux, sont massés dans les chambres de chauffe. Tous sont là.. çomalis de la Medjourtine , aux crânes dolichocéphales, aux cheveux laineux, rougis à la chaux, aux dents blanches, aux yeux brillants, à la taille longue, idéalement maigres ; Arabes de l'Yemen ou de l’Irack, plus petits et comme trapus, aux mains de femme grasse, aux cheveux plats et bouclés;  tous enfin, coutumiers des hautes températures de chauffe qui anémient l'Européen et le tuent. Tous sont là : les yeux vides ils regardent les foyers éteints, debout, agités de ce grelottement particulier du corps, de cet entre claquement simien des cuisses qui leur est propre, ou accroupis immobiles, contemplant leur nombril avec la gravité sereine du rêve et de l'oubli, le derrière aux talons, la plante de leurs pieds longs et plats. semblant adhérer au sol. La chaufferie est leur fief à bord, ils y vivent tranquilles et calmes, sans presque suer, à des températures de 63° centigrades, et jusqu'à 120°, devant les feux qu'ils supportent peut-être grâce à l'huile dont ils sont couverts, à coup sûr par accoutumance et parce qu'elle leur rappelle le chaud soleil, les sables brûlants de Moka et de Gardafui. C'est à Aden que, devant le consul, on les a engagés, c'est à Aden que le voyage les reconduira ; ils y reverront les leurs au passage, ou y débarqueront si leur temps est fini, et, joyeux à l'idée de la patrie revue, le cerveau hanté de sable et de soleil, extasiés, ils chantent sur trois notes nazillardes mineures une mélopée. A les regarder un instant, une vision rapide de coin de Medjourtine passe en l'esprit, leur présence illumine et réchauffe déjà l'enfer de la machine obscur et froid. Massés les uns rires des autres, leurs grands corps nus se touchent, réunis ; ils se pressent comme font dans l'étable les moutons noirs, pendant que la lumière fumeuse des lampes de mine accrochées aux anneaux de la paroi miroite sur leur peau huileuse et fraîche au toucher, d'où s'exhale un relent âcre de « suin humain ». Soudain tout se tait, l'officier a paru. Sa main presse un bouton, et voilà que l'électricité jaillit, éclairant les profondeurs où la machine se montre à présent , baignée de lumière dans toute sa grandeur et sa beauté. Pareille aux rayons de l'aurore boréale à travers la nuit du pôle, chaque pièce apparaît, découpée nettement, projetant son ombre en silhouette énorme, immobile sur la paroi opposée. Cylindres et pistons, excentriques et bielles, balanciers et pompes, tout scintille et, tandis que les godets graisseurs, les lécheurs, les robinets à lubrification avec leurs couleurs rouges et jaunes de cuivre, tranchent comme des marguerites de métal sur une prairie blanche d'acier, là-bas, tout à l'arrière, l'arbre de couche en une coulée lumineuse s'enfonce dans un trou noir, béant, le tunnel à demi caché par le palier de butée, sphinx énorme accroupi devant lui. Admirable ensemble enchevêtré, véritable rosace gothique d'une force incommensurable et brutale de deux mille quatre cents chevaux effectifs, et que la main débile d'un enfant peut maitriser et conduire. Telle apparaît la machine, Galathée de métal admirablement belle, mais froide et morte encore, à laquelle le feu va donner la chaleur, l'animation et la vie.
— Allumez les feux! crie l'officier. A ce commandement, une flamme a brillé dans la chambre de chauffe, flamme bien modeste, petite et bleuâtre, car elle provient d'une simple allumette en bois « à un sou le cent », et pourtant, comme par un singulier et saisissant contraste, c'est elle qui va animer le monstre de fer, c'est elle qui échauffera la vapeur d'eau à 140°; c'est grâce a elle enfin que cette vapeur déploiera une force de 8 kilogs de pression par centimètre carré de surface sur l'appareil moteur qui déplacera contre vents et marées la masse du bâtiment de huit millions de kilogrammes, avec une vitesse de 17 nœuds  à  l'heure, pendant quatre mois entiers sans presque s'arrêter ! Par un contraste saisissant aussi, le premier chauffeur chargé de l'allumage et de la conduite des feux, que l'on aimerait k se figurer, dans un tel milieu, gros, énorme et musclé, la face rubiconde devant les foyers, véritable hybride de Silène et de Vulcain, est au contraire petit, quoique bien pris dans ses formes nerveuses; la figure est fine et frise la distinction, les mains sont blanches, l'œil est bleu et pensif. Il y a eu là, on le sent, toute une sélection. Ce qui a été vrai pour l'ordre mécanique l'a été aussi pour l'ordre social. Grossier et mal formé comme sa machine à leurs débuts communs, l'homme s'est affiné avec le métal : le temps, le progrès et la civilisation ont passé par là, la grosse masse de fer des premiers âges a laissé la place à la fine dentelle d'acier du siècle, de 'même que chez l'homme l'intelligence a remplacé la forcé brutale. Homme et métal sont devenus plus modernes, plus fins, plus puissants à coup sûr et plus actifs  peut-être plus dangereux aussi! Maintenant l'allumette a accompli son œuvre. A demi consumée, elle gît par terre en crépitant légèrement dans un dernier éclat, et là-haut sur le pont un mince filet de fumée transparent et bleuâtre s'échappe dans l'air par le gros tuyau de la cheminée. Le feu a pris dans les foyers. Déjà le bois pétille, le charbon craque, la flamme se dégage, un violent courant d'air traverse la chaufferie. Par une porte de fourneau brusquement ouverte, un coup de chaleur rouge intense coule sur les tôles, faisant paraître plus livide encore la lumière blanche de l'électricité, et, parmi ces lueurs de sang plaquant sur les corps noirs des chauffeurs nus, les manœuvres commencent pour la conduite des feux et la surveillance des chaudières. Dès lors, l'aspect de la chaufferie va changer. La flambée se fait, un murmure confus, profond et sourd, parti des chaudières, annonce le commencement de l'ébullition. Les noirs vont et viennent de tous côtés. Une équipe pousse le charbon allumé dans toute l'étendue des grilles, une autre armée de crochets dégage par le cendrier l'entredeux des barreaux, le fer choque le fer, la porte des soutes s'ouvre, et des morceaux de houille tombent avec fracas sur le parquet. Tout s'échauffe, tout bruit. Cependant l'officier n'est pas resté inactif. Son œil exercé suit la manœuvre; l'étoupe à la main, il parcourt tous les recoins de la machine. Il va, sa tête émerge alternativement entre les pièces immobiles, puis disparaît, il s'assure que les œuvres vives sont en bon état, les écrous bien serrés, le vireur déclenché, les pièces de rechange et les outil bien saisis au roulis, il fait passer partout des mèches de graissage, puis il essaie la sonnette de la passerelle et crie dans le porte-voix. Tout va bien. Dans la chaufferie le dessous des grilles vu par le cendrier donne une lueur caractéristique qui indique une bonne combustion dans les fourneaux Mais le bouillonnement de l'eau continue. Maintenant un ronflement rêche roule, la vapeur monte, et l'aiguille du manomètre, jusque-là immobile à 0°, commence à se déplacer. La poussée des feux devient plus active, les bruits éclatent plus violents, une vibration passe dans l'air plus étouffé et plus chaud. Là-haut, aussi, de grosses volutes de fumée molles semblent déborder de la cheminée comme des balles de coton noir, remplissant le pont d'escarbilles.

— Nous sommes à 5°, vient dire le chauffeur à
— C'est bien, lui répond celui-ci, graissez et prévenez le chef.

L'appareillage va entrer dans sa phase la plus intéressante. Un pas résonne sur le palier supérieur et le chef descend à son tour. Le double galon argent et or de sa casquette brille à travers les barreaux. A son arrivée dans la machine le mouvement s'arrête, et les fronts se découvrent respectueusement.
— Bonjour, messieurs.

Il n'est pourtant ni beau, ni d'aspect imposant. L'ouvrier d'hier ressort presque encore sous le chef d'aujourd'hui.
La paupière est lourde et plissée, le cheveu rare et blanchi. Sorti des rangs, des ateliers, il a passé par la chauffe, et comme les camarades il est arrivé à la force du poignet. Son galon représente pour ses subordonnés toute une vie de travail, d'intelligence et d’énergie ;  luttant en bas avec la machine , il a dû lutter en haut avec les préjugés , il synthétise toute une génération manœuvrière , lentement arrivée et durement à une place longtemps disputée , légitimement conquise , faite de travail d’honneur et de probité.

Aujourd’hui c est, le chef .

Il descend ; le regard grandit et perce, la taille se redresse, l'homme d'autrefois reparaît. D'un seul coup d'œil de maître il a tout embrassé, tout vu.
— Nous sommes prêts, lui dit l'officier.
— Bien, monsieur, répond-il.
Envoyez demander au commandant si l'on peut balancer, et prévenez les officiers. Pendant ce temps, les graisseurs ont achevé leur besogne, partout l'huile coule et dégouline goutte à goutte, puis les officiers sont descendus, enfin un chauffeur vient dire : « Le commandant fait dire que l'arrière est libre, les aussières hautes, et que l'on peut balancer. » Attention, c'est le moment psychologique.
— Chacun à son poste d'appareillage, dit le chef, paré à balancer. Et lui-même monte sur le palier de manœuvre. A ce commandement, un officier va devant les feux, un autre monte sur le parquet supérieur; le troisième enfin, à côté du chef, la main sur la mise en train. Les hommes se sont groupés chacun à son poste. Un dernier coup d'œil au manomètre.

— Nous sommes à 7°, crie l'officier devant les feux!
Et de fait la pression a continué à monter; maintenant c'est un bruit énorme, un ronflement profond et continu d'un timbre chantant; la chaufferie, la machine tout entière, le bâtiment lui-même, vibrent à l'unisson secouant les parquets de petits tressautements secs, comme des frémissements de vitre sous un grésil fin; partout de petits sifflements aigus éclatent, mêlant leur note aigre aux grondements sourds. Puis un cri retentit, dominant le tumulte :

— Ouvrez la valve ! L'ordre est exécuté.
Un soufflement rauque se produit pareil à un prodigieux soupir, la vapeur sortie des chaudières se précipite et circule autour des pistons dans les cylindres pour les réchauffer. Au contact du métal froid, elle se condense brusquement.

— Purgez !
Un homme ouvre les robinets et l'eau s'échappe avec un reniflement sonore, suivie bientôt d'un flocon de vapeur de  jets d'eau sont projetés au dehors du bâtiment par l'ouverture du condenseur. Tout va bien en ce qui concerne les accessoires. A la machine elle-même maintenant à balancer. — En avant! crie le chef. Le moment est solennel. Rapidement la mise en train s'ébranle sous la main de l'officier qui la manœuvre. Regardez, là, en l'air, devant vous, voilà les excentriques qui s'abaissent comme deux pattes de sauterelle prête à. s'élancer, les tiroirs se meuvent; un bruit sec suivi d'une détente, la vapeur vient de pénétrer sous le premier piston. Va-t-il se mettre en marche? Une seconde d'hésitation, dans un profond silence, puis lentement et comme à regret, avec un grand gémissement paresseux, la tige descend. Le piston commence sa descente pendant que l'autre monte. Enfin le point mort est franchi. L'arbre d'hélice actionné à son tour tourne, une fois  deux fois  puis un peu plus vite, le bâtiment subit une légère oscillation. Tout va bien. On a balancé en avant.

— Stop! en arrière! Encore un grincement; c'est la mise en train qui manœuvre. Les pièces colossales s'arrêtent un instant dans leur mouvement en avant et retombent en arrière, l'arbre de couche tourne en sens inverse pesamment dans le palier de butée. Deux tours encore, puis : stop! Le balancement est fini, la machine est parée. Un pares remous à l'arrière, une nouvelle oscillation du navire, quelques craquements, puis plus rien. La vapeur, là-haut, sort en ronflant à gros jets du tuyau d'échappement. Le Yang-Tse est sous pression. En route quand on voudra. Bon pour 125 jours.

Et pendant que le chat des soutiers gros et dodu , réveillé de son rêve grassouillet par ces manœuvres , s’étire,  bâille à fond et se rendort , le bâtiment évolue majestueusement , et sort par un temps superbe , suivi des yeux par la foule qui admire.


(*)

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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptyJeu 24 Sep 2020, 14:33

Magnifique cette ambiance de mise en chauffe merci !  Appareillage d'un paquebot 1890  Ta_clap
Ca me rappelle les allumages sur le Forbin puis le De Grasse chaufferie AV à 4 heures du mat', pas bien réveillé, toutes les manœuvres de vannes à faire et les petites fuites d'eau brûlante des presse-étoupes fuyards au parquet supérieur à la montée en température !
Et cette odeur de fuel sur le bout d'étoupe pour allumer une lanterne puis la vapeur, inoubliable !! thumright
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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptyJeu 24 Sep 2020, 16:00

Voui, mais sur ce coup-là, Daniel (Armen 56) a raison d'insister sur l'aspect "poétique" de la relation! lol!
C'est, d'ailleurs, très "amusant", car, en une grosse décennie, le travail à très haut risque des gabiers "premier brin" avait été mis au rencart, pour laisser place aux personnels des machines, cantonnés dans les "soutes". On y retrouve l'approche humaine sociale, dont des auteurs, comme Zola, avec "La Bête Humaine", en 1890, s'étaient faits les "chantres".
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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptyJeu 24 Sep 2020, 16:16

Oui c'est vrai Loïc, j'aurais pu insister là dessus ! Merci de me rappeler à l'ordre !! Rolling Eyes
Mais c'est en tout cas une très belle évocation, même si c'est la "Marmar" dont il est question ici, encore merci à Armen56 ...
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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptyJeu 24 Sep 2020, 20:06

JJMM a écrit:
Oui c'est vrai Loïc, j'aurais pu insister là dessus ! Merci de me rappeler à l'ordre !! Rolling Eyes
Mais c'est en tout cas une très belle évocation, même si c'est la "Marmar" dont il est question ici, encore merci à Armen56 ...

Je ne me permettrais pas de te "rappeler à l'ordre" lol! Wink

Dans le texte que nous propose Armen 56, on plonge "direct" dans la vision romantique (ou pleurnicharde) des professions manuelles, vues par des "scribouillards", totalement ignorants de ce genre de contingences, à une époque où il était de bon ton de faire semblant de s'intéresser au sort quotidien de "l'ouvrier".  La Machinerie, technologie récente, "mystérieuse", complexe et enfouie dans les tréfonds des cales, constituait, également, une référence parfaite. L'image en tête de chapitre, intitulée "Appareillage d'un Paquebot" avait été dessinée dans le même esprit. On y retrouve, à peu de choses  & quelques décennies près, des images très similaires à celles d'esclaves en train de couper des cannes à sucre! A chaque époque, ses "esclaves" et, en 1890, le "social" était désormais  la règle!

De nos jours, avec nos "machineries" étincelantes de propreté et nos mécanos proprets,  on ne risquerait de faire pleurer les chaumières!  lol!
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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptyVen 25 Sep 2020, 08:25

C'est vrai Loïc, les temps ont changé et surtout la vision "littéraire" également, on ne trouverait plus de textes identiques de nos jours, sur des métiers devenus ... banals avec la technologie, bien éloignés des souhaits de la jeunesse de toute manière ! study
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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptyVen 25 Sep 2020, 11:11

Merci à vous thumright , un beau texte vibrant c’est sûr . J’ai particulièrement apprécié l’ascenseur social sur le tas, l’ouvrier passant chef respecté ….
C’est une extraction de cet ouvrage et signé H
https://www.abebooks.fr/GRANDS-DOSSIERS-LILLUSTRATION-PAQUEBOTS-HISTOIRE-DUN/13105759582/bd

Ceci dit je me suis lamentablement planté car j’aurais dû poster cette histoire dans la case paquebots et tankers ….pff c’est mon « pentium » qui déconne , vivement la 5G Appareillage d'un paquebot 1890  Coscorro Appareillage d'un paquebot 1890  Panneau-
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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptyVen 25 Sep 2020, 12:51

Merci pour ces informations et aussi pour le diagramme des rendements
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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptyVen 25 Sep 2020, 17:04

Personnellement, je raffole de ces vieux grimoires, qui font référence, certes, à une époque passée, mais sont, aussi, des témoignages - même, souvent, montés (exagérement) en exergue -, de la réalité quotidienne de l'époque. Du jour au lendemain, ou presque, le soutier avait pris le pas sur le gabier!

On retrouve, dans les années 1870-1880, une évolution très similaire chez les canonniers navals, où émerge, après l'apparition définitive, dans la "Royale", du chargement par culasse, une technique d'emploi, quasiment, poussée à l'excès, alors, même, que les élèves de l’École Polytechnique - la référence en Artillerie -, hormis les "derniers de la classe", s'en allaient, déjà,  tous, vaquer vers des carrières plus lucratives! Appareillage d'un paquebot 1890  Coscorro
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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptySam 26 Sep 2020, 13:11

Citation :
[…] après l'apparition définitive, dans la "Royale", du […]
Pourquoi donc utiliser l'expression la "Royale" (plus ou moins péjorative ?) pour désigner la marine ? Pour la distinguer de la MarMar ? Voir ici ce…

… petit hors sujet:

Citation :
[…] alors même que les élèves de l’École Polytechnique […] hormis les "derniers de la classe", s'en allaient déjà, tous, vaquer vers des carrières plus lucratives ! : mur:
C'est ce qu'on appelle pantoufler
Ainsi donc, les Ingénieurs de l'Artillerie navale auraient été recrutés parmi les derniers de la classe des promotions de l'X ? C'est vérifié, ça ? scratch
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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptySam 26 Sep 2020, 15:18

DahliaBleue a écrit:
Citation :
[…] après l'apparition définitive, dans la "Royale", du […]
Pourquoi donc utiliser l'expression la "Royale" (plus ou moins péjorative ?) pour désigner la marine ? Pour la distinguer de la MarMar ? Voir ici ce…

… petit hors sujet:

Citation :
[…] alors même que les élèves de l’École Polytechnique […] hormis les "derniers de la classe", s'en allaient déjà, tous, vaquer vers des carrières plus lucratives ! : mur:
C'est ce qu'on appelle pantoufler
Ainsi donc, les Ingénieurs de l'Artillerie navale auraient été recrutés parmi les derniers de la classe des promotions de l'X ? C'est vérifié, ça ? scratch

Bonjour, DB,

L'appellation familière "La Royale" n'est, nullement, péjorative, bien au contraire et, de mon temps, quand j'en faisait partie, elle était, toujours, d'usage courant, en se référant, entre autres, à son ancienneté et ses spécificités - cf. l'intervention de Denis Roussel, le 26 janvier 2013! -  

Si certains esprits chagrins minoritaires (!) souhaitent la remettre en question, c'est une peu l'équivalent du pendant actuel  de la discussion sur le "sexe" du ou de la Covid 19!  lol!

Ouvrez le ban! Juste une petite question toute personnelle, au passage,  j'ai cru comprendre que vous avez, vous-même,  eu ou avez, encore, une activité au sein de la MN... n'avez-vous jamais entendu qui que ce soit parler de "La Royale" ? ... Fermez le ban!  Wink

En ce qui concerne l'Ecole Polytechnique (l'X), je dispose, personnellement, de sources proches très fiables, mon paternel en étant, lui-même issu  - Promotion 1944 A, si ma mémoire est bonne, le suffixe distinguant, en "A", les élèves qui avaient passé, avec succès, le concours à l'été 1943, mais ayant refusé de répondre à l'appel du STO, avaient rejoint (quand ils le pouvaient !) la Résistance  ou les maquis -  Particularité, ils avaient été intégrés à l'Ecole, en tant qu'officier-élève - ce qui impactait, directement, leurs frais de cours! - et non comme élève-officier!

Le suffixe "B", ceux qui avaient du servir dans le STO et qui en avaient été libéré à la "rentrée de 1944".

Le suffixe "C", ceux qui étaient trop jeunes (au moment du concours), pour avoir été soumis au STO et, donc, n'avaient pas rallié les maquis ou la Résistance -.

On y distinguait, à l'époque, à la sortie de l'Ecole, avec des promotions de 200 élèves, trois catégories "principales"...

Les 50 premiers, dits de "La Botte", pour qui s'ouvraient et étaient proposées les plus belles voies de la carrière au sein de l’administration nationale (notamment "Les Finances", mais pas que!),  les X allant, par exemple, fournir une bonne part des  toutes premières promotions de l'ENA.

Le  "ventre mou" - la  formule est, bien évidemment, très exagérée - entre la 51 et 149ème place, en sortie de l'école, qui avait le choix entre  l'administration, l'armée ou le privé ( mais à condition d'y trouver une entreprise qui rembourserait les frais de cours! Nota : Cette contrainte financière était, tout aussi, valable, pour les "sortis" de "La Botte", qui  souhaitaient s'orienter vers le privé.

Les 50 derniers de la promotion, qui, d'office, eux, étaient "reversés", dans l'armée d'active, avec un contrat minimum de 10 ans à la clef!

Dès les années 1890 - et, même, probablement, avant ! - les "X" ayant "découvert" les bienfaits du capitalisme, s'étaient rapidement dirigés vers les carrières plus "juteuses" du privé, même quand il s'agissait d'entreprises qui fournissaient l'Etat - chantiers navals, fabricants d'armement -.  

Bien entendu, il ne s'agit, là, que d'une tendance générale, néanmoins, bien avant 1914, cette migration des "X" vers le "privé" était, déjà, généralement constatée (textes à l'appui!) .

En principe, en sortie d'école, ils devaient, tous, un certain de présence (l'équivalent du service militaire obligatoire, plus ou moins calculé, vu qu'ils sortaient d'une école militaire). Ceux qui souhaitaient entrer dans la Marine se "cognaient", apparemment, d'office, la dernière année de l'Ecole Navale, même en ayant le statut et grade d'officier "plein". Vu leur spécialisation initiale et celle de l'école d'Artillerie, d'où ils sortaient, ils étaient, bien évidemment, accueillis, les bras ouverts, dans la spécialité d'officiers-canonniers! ... Sauf  que, dans la Marine, seules, les fonctions "prestigieuses" de navigation et, donc, de commandement, ouvraient la voie au pinacle de la hiérarchie navale, alors que, dans le même temps et à l'inverse, au sein de l'Armée de Terre, la "voie royale" leur était largement ouverte!

DB a écrit:

C'est ce qu'on appelle pantoufler…
Ainsi donc, les Ingénieurs de l'Artillerie navale auraient été recrutés parmi les derniers de la classe des promotions de l'X ? C'est vérifié, ça ?

Le pantouflage, après quelques années d'études très intensives et sélectives, est une attitude quasi-normale... y compris dans le privé! Il convient d'arrêter de rêver sur les notions de dynamisme "supposé" des grandes firmes privées! lol! A l'instar de la "Haute Administration", la qualité des diplômes d'embauche et la position hiérarchique de départ ont toujours constitué l'essentiel... et, largement, sauvé les fesses des incompétents!  Il y aurait long à raconter sur le sujet! Very Happy

Voui, à quelques exceptions près, les officiers-canonniers de la Marine avaient été "sélectionnés" dans le bas du classement de l'Ecole Navale, comme je l'ai expliqué, plus haut. Cà ne veut pas dire, pour autant, qu'on pouvaient les taxés d'être incompétents, loin de là, mais leur rôle et leurs fonctions les avaient "bâché", entre 1890 et 1914, pour espérer une promotion rapide!
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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptyDim 27 Sep 2020, 12:25

Loïc Charpentier a écrit:
[…] L'appellation familière "La Royale" n'est, nullement, péjorative, bien au contraire et […]
En soi, non, pas péjorative (quoique, parfois ironique…) ; mais ce sont les guillemets qui l'encadrent qui lui donnent cette connotation critique.
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MessageSujet: Re: Appareillage d'un paquebot 1890    Appareillage d'un paquebot 1890  EmptyDim 27 Sep 2020, 13:16

DahliaBleue a écrit:
Loïc Charpentier a écrit:
[…] L'appellation familière "La Royale" n'est, nullement, péjorative, bien au contraire et […]
En soi, non, pas péjorative (quoique, parfois ironique…) ; mais ce sont les guillemets qui l'encadrent qui lui donnent cette connotation critique.

Ironique, de la part d'un ancien mataf, surement pas! Very Happy ... Mais c'est, très probablement, une histoire de perception générationnelle. Wink
Dans mon cas, les guillemets sont juste là pour rappeler qu'il ne s'agit pas de la désignation officielle, mais uniquement d'un surnom affectueux.
Sinon, je pense qu'il serait bon de couper court à cette chasse (futile) aux diptères! lol!
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