HISTORIQUELe Queen Elizabeth quittant New YorkUne début de carrière retardé par le second conflit mondialDifférentes photos de construction du Queen ElizabethLe Queen Elizabeth paré au lancement (ci-dessous)Le futur paquebot est commandé le 6 octobre 1936. C'est sous la désignation technique de Hull n°552 (coque n°552) que les chantiers navals John Brown de Clydebank (Ecosse) entame sa construction, la mise sur cale (cale n°4) ayant lieu le 4 décembre 1936.
Le Queen Elizabeth paré au lancement et ci-dessous la reine consort et ses filles, les princesses Elizabeth et MargarethIl est lancé le 27 septembre 1938 après un peu moins de deux années de chantier. La reine consort est la marraine du bâtiment qui pressé de rallier son élément commence à glisser avant même qu'Elizabeth ne brise la bouteille de vin australien. Heureusement pour les plus superstitieux, in extremis la bouteille se brisera sur la coque, baptisa officiellement le navire qui devient le RMS
Queen Elizabeth.
27 septembre 1938 : le Queen Elizabeth prend contact avec son élémentLe navire n'est cependant qu'une coque vide et les travaux se poursuivent au quai d'armement pour lui permettre d'effectuer un voyage inaugural prévu pour le 24 avril 1940.
Le 2 novembre 1939 le
Queen Elizabeth reçoit du ministère de la marine marchande la licence lui permettant de prendre la mer. Le 29 décembre, ses moteurs sont testés pour la première fois mais sans connexion des hélices pour tester la consommation d'huile et de vapeur.
Deux mois plus tard, en février 1940, le premier lord de l'Amirauté Winston Churchill ordonne au navire de quitter l'estuaire de la Clyde dès que possible et de se mettre à l'abri des bombardements allemands.
Outre la nécessité de mettre à l'abri un navire important pour l'effort de guerre allié, il fallait libérer de la place et de la main d'oeuvre pour achever le cuirassé HMS Duke of York (classe King George V).
Pour masquer ce voyage aux espions allemands, les britanniques inventèrent une ruse pour masquer son départ et éviter par exemple une embuscade sous-marine ou un bombardement de la Luftwafe.
Le Queen Elizabeth tout de gris paré à appareiller pour les Etats UnisPrêt à partir début mars, le paquebot avait troqué l'élégante livrée de la Cunard pour un gris moins seyant mais plus discret. Il appareille le 3 mars 1940, longeant la côte en attendant de recevoir les ordres, l'attente étant l'occasion de ravitailler le navire et de procéder à différents tests et ajustements.
Le commandant du paquebot
Queen Elizabeth, le capitaine Townley décachette les ordres qui lui enjoint de rallier New York sans s'arrêter, se mettant à l'abri dans un port neutre. Quelques heures plus tard, à l'heure où il devait arriver à Southampton, la ville fût bombardée par l'aviation allemande.
Le «QE» traverse l'Atlantique en zigzaguant à 26 nœuds, atteignant la Big Apple en six jours. Il s'amarre à proximité du
Queen Mary et du Normandie. Le capitaine reçoit les félicitations de la reine Elizabeth.
Dans le port New York sont rassemblés les paquebots Queen Elizabeth, Queen Mary et NormandieIl passe plusieurs mois à New-York, attendant la suite des événements. Finalement le 13 novembre 1940 il appareille pour Singapour pour être transformer en transport de troupes. Il fait escale à Trinidad et au Cap pour se ravitailler. Sa coque est repeinte en gris, des canons antiaériens sont installés.
Les travaux terminés, il quitte Singapour le 11 février et douze jours plus tard arrive à Esquimalt (Colombie Britannique) le 23 février 1942 pour des travaux complémentaires. A la mi-mars, il transporte 8000 soldats américains entre San Francisco et Sydney puis des troupes australiennes en direction de l'Asie et de l'Afrique. Il est ensuite redéployé sur l'Atlantique pour participer à l'opération BOLERO, le transfert en Europe des troupes américaines appelées à reprendre pied en Europe continentale.
Durant tout le conflit, le paquebot transportant 750000 hommes (soit grosso modo l'équivalent de 50 divisions !) et parcouru 500000 miles nautiques. Pas étonnant que certains considèrent que la présence de ces énormes transports de troupes à raccourcit le conflit d'un an.
Tout comme le
Queen Mary, le
Queen Elizabeth opérait seul pour profiter de sa vitesse bien supérieure aux cargos de l'époque. Il était escorte uniquement dans les eaux britanniques à proximité des côtes.
Les différents convois recevaient un code. Les transports de troupes étaient codés AT dans le sens ouest-est et TA dans le sens est-ouest. Ces deux lettres étaient suivis d'un nombre.
Au final le
Queen Elizabeth effectua trente-sept traversées entre les Etats-Unis et les îles britanniques et trente-cinq dans le sens inverse.
Le Queen Elizabeth tout de gris vêtu va jouer un rôle considérable dans l'effort de guerre alliéLe RMS
Queen Elizabeth effectue six traversées ouest-est en 1942. Elles sont codées AT-15Z (4 au 9 juin 1942, escorte par le croiseur léger HMS Delhi du 8 au 9 juin, 10000 hommes embarqués), AT-21 (Halifax-Clyde 30 août au 5 septembre 1942, escorte assurée par le Blyskawica, le Castleton, le Curacoa et le Wells), AT-25 (New York-Clyde 5 au 11 octobre 1942, escorte par le croiseur léger HMS Delhi les 10 et 11 octobre),AT-28 (Halifax-Clyde 30 octobre au 3 novembre 1942, 11000 hommes), AT-29 (New York-Clyde 24 au 29 novembre 1942 11000 hommes) et AT-31 (New York-Clyde 13 au 17 décembre 1942).
L'année 1943 est chargée avec treize traversées ouest-est soit entre New York et l'estuaire de la Clyde ou entre Halifax et ce même estuaire. La traversée inaugurale codée AT-34 relie New York à la Clyde du 6 au 11 janvier 1943 avec 10500 hommes à bord, le destroyer USS Decatur (DD-341) le protégeant le 6.
Elle est suivit de douze autres traversées transatlantiques avec successivement l'AT-38 (New York-Clyde 10 au 16 mars 1943), AT-40 (Halifax-Clyde 29 mars au 3 avril), AT-42 (New York-Clyde 5 au 11 mai 1943 avec 14900 hommes à bord), AT-46 (New York-Clyde 27 mai au 2 juin 15000 hommes), AT-54 (New York-Clyde 1er au 6 juillet 1943), AT-56 (Halifax-Clyde 23 au 27 juillet 1943 avec 14994 hommes à bord), AT-62 (New York-Clyde 20 au 25 août 1943), AT-64 (Halifax-Clyde 14 au 19 septembre 1943 avec 14998 hommes à bord), AT-69 (New York-Clyde 13 au 18 octobre 1943 avec 13000 hommes à bord), AT-71 (New York-Clyde 3 au 11 novembre 1943 avec 12000 hommes), l'AT-75 (23 au 28 novembre 1943 avec 12981 hommes à bord) et AT-80 (14 au 19 décembre 1943 avec 13000 hommes à bord).
L'activité pour l'année 1944 est semblable avec treize traversées entre New York et l'estuaire de la Clyde. On trouve successivement le convoi AT-84 (2 au 8 janvier 1944 12922 hommes), le AT-91 (2 au 8 février 1944 13065 hommes), l'AT-104 (31 mars au 6 avril 1944 13042 hommes), l'AT-108 (20 au 26 avril 1944 13021 hommes), l'AT-120 (30 mai au 5 juin 1944 13125 hommes), l'AT-125 (22 au 27 juin 1944), l'AT-132 (15 au 21 juillet 1944 12931 hommes), l'AT-140 (6 au 11 août 1944 14311 hommes), l'AT-146 (28 août au 3 septembre 1944 12908 hommes), l'AT-152 (24 au 30 septembre 1944 avec 12883 hommes), l'AT-159 (17 au 22 octobre 1944 avec 12983 hommes), l'AT-169 (21 au 27 novembre 1944 avec 12906 hommes) et l'AT-174 (16 au 21 décembre 1944 avec 13057 hommes, escorte les 20 et 21 décembre par le Faulknor et l'Offa).
L'année 1945 est marquée par seulement cinq traversées est-ouest, la première codée AT-180 à lieu entre New York et l'estuaire de la Clyde du 8 au 14 janvier 1945 avec 12664 hommes, le paquebot étant escorté les 13 et 14 par les destroyers Caesar et Cambrian.
La seconde codée AT-187 à lieu du 31 janvier au 6 février 1945 avec 12295 hommes à bord, les destroyers Cambrian et Carron escortant le paquebot le 5 février. Elle est suivie par l'AT-193 du 28 février au 6 mars 1945 avec 12285 hommes, les destroyers Cavalier et Cavendish offrant un comité d'accueil puis par l'AT-200 du 25 au 31 mars 1945 avec à son bord 11407 hommes et 72 anciens prisonniers de guerre, les destroyers Caprice et Cavalier assurant la protection du paquebot le 30.
La dernière traversée à lieu du 26 au 31 juillet 1945 (AT-223).
Le paquebot Queen Elizabeth chargé de troupesQui dit traversée ouest-est dit logiquement traversées est-ouest. Les traversées sont codées TA avec un nombre.
L'année 1942 est marquée par cinq traversées entre l'estuaire de la Clyde et le port de New York avec une première traversée codée TA-21 du 8 au 14 septembre 1942, traversée qui commence par une escorte composée du croiseur Curacoa et des destroyers Castleton Sabre Saladin Sardonyx et Wells, cette escorte abandonnant le paquebot une fois la haute mer atteinte.
Les convois suivant sont le TA-25 (17 au 22 octobre 1942 avec pour navires d'escorte le croiseur léger HMS Delhi à l'appareillage et des destroyers canadiens et américains à l'arrivée les 21 et 22 en l'occurence les Annapolis, Columbia, Corvichan et Ungawan), le TA-28 (8 au 13 novembre 1942 avec 7000 hommes), le TA-29 (3 au 9 décembre 1942 avec pour escorte le destroyer Hamilton et la corvette Hepatica) et le TA-31 (20 au 26 décembre 1942 avec pour escorte finale le Decatur).
L'année 1943 est marquée par treize traversées, dix entre l'estuaire de la Clyde et New York et trois entre la Clyde et Halifax.
Les trois traversées en direction du grand port canadien de la côte est sont les TA-38 (20 au 25 mars 1943), TA-54 (10 au 15 juillet 1943 avec 1245 hommes) et TA-62 (29 août au 3 septembre 1943 avec 649 hommes).
A New York le paquebot subit entre deux traversées des périodes d'entretien et des réparations, la mer n'épargnant pas le liner. C'est ainsi qu'après la traversée TA-34 (19 au 25 janvier 1943 3000 hommes, escorte assurée par le Decatur les 24 et 25 janvier) le paquebot subit 44 jours d'entretien visiblement sans passage au bassin.
Même topo après la traversée TA-40 du 7 au 13 avril 1943 qui est suivie par une période d'entretien de 22 jours. En revanche aucune période d'entretien après les convois TA-42 du 15 au 21 mai 1943 et TA-46 du 6 au 12 juin 1943.
La traversée TA-56 à lieu du 30 juillet au 5 août 1943 avec en bonus quinze jours d'entretien à New York. Elle est suivie par cinq traversées jusqu'à la fin de l'année, les TA-64 (23 au 28 septembre 1943 suivie de 15 jours de réparations), TA-69 (22 au 28 octobre 1943), TA-71 (13 au 19 novembre 1943), TA-75 (2 au 8 décembre 1943) et TA-80 (23 au 29 décembre 1943).
L'année 1944 est chargée avec une douzaine de traversée, la première codée TA-84 à lieu du 13 au 19 janvier 1944. Elle est suivie par la TA-84 (13 au 19 janvier 1944), la TA-91 (12 au 18 février 1944) est suivie par 44 jours de réparations.
La TA-104 à lieu du 10 au 16 avril 1944 suivie de la TA-108 du 30 avril au 6 mai 1944 avec seulement 1000 hommes à bord et de la TA-120 du 9 au 15 juin 1944 avec 870 hommes à bord.
La traversée TA-125 à lieu du 1er au 7 juillet 1944 suivie de la TA-132 du 25 au 31 juillet 1944 avec 3300 hommes et de la TA-140 (16 au 22 août 1944 avec 1550 hommes).
Si la TA-146 à lieu du 11 au 17 septembre 1944 avec 4400 hommes et 3400 prisonniers de guerre (avec l'escorte assurée par les Zambesi et Zest le 11 septembre), la TA-152 à lieu du 4 au 10 octobre 1944 avec 4300 hommes à bord et la TA-159 entre l'estuaire de la Clyde et Boston du 28 octobre au 3 novembre 1944 avec 2500 hommes à son bord. La dernière traversée de l'année (TA-169) à lieu du 2 au 8 décembre 1944 avec 3000 hommes à bord, les destroyers Eskimo et Nubian assurant la protection rapprochée à son appareillage.
La traversée TA-174 se distingue en commençant en 1944 le 28 décembre avec 3575 hommes à bord, le paquebot arrivant à destination le 3 janvier 1945, les destroyers Offa et Oribi le protégeant les 28 et 29 décembre au moment de l'appareillage.
L'année 1945 est marquée par quatre traversées est-ouest. La TA-180 à lieu du 20 au 26 janvier 1945 avec 3500 hommes et une escorte des destroyers Caprice et Carron suivit de la TA-187 du 13 au 19 février 1945 _escorté les 13 et 14 février par les Impulsive et Oribi_, de la TA-193 du 13 au 19 mars (escorté les 13 et 14 par les HMCS Restigouche et St Laurent) et de la TA-200 du 7 au 13 avril 1945 avec l'escorte des destroyers HMS Caprice et Cavalier, la traversée étant suivit de soixante jours d'entretien dans le port de la Big Apple.
Outre ces traversées transatlantiques, le paquebot effectue d'autres transports sur d'autres théâtres d'opérations comme son ainée
Queen Mary.
Il participe ainsi au convoi US-10 qui quitte Wellington (Nouvelle-Zélande) pour Colombo le 7 avril 1941. Ce convoi est particulièrement impressionnant puisqu'il regroupe le paquebot
Queen Mary (5724 hommes), le futur «Saint Bernard des Mers» l'Ile de France (3269 hommes pour Fremantle), le Mauretania (3891 hommes), le Nieuw Amsterdam (2642 hommes) et le
Queen Elisabeth (5633 hommes) soit un total de 21159 hommes. Ce convoi US-10 arrive à destination le 26 avril 1941.
Il participe ensuite au convoi US-11A entre Fremantle et Suez du 9 au 31 juillet 1941, ce convoi se composant du
Queen Mary (5723 hommes), du
Queen Elisabeth (5807 hommes) et de l'Aquitania (4012 hommes) soit un total de 15542 hommes.
Le convoi suivant US-12A relie à nouveau Fremantle à Suez du 9 au 25 septembre 1941 avec 11421 hommes répartis entre le
Queen Mary (5718 hommes) et le
Queen Elizabeth (5703 hommes)
Le 8 novembre 1941, le
Queen Elizabeth et le
Queen Mary qui forment le convoi US-13 quittent Fremantle avec à leur bord respectivement 5186 et 5020 hommes soit un total de 10206 hommes, le convoi se dispersant à la position 14°30'N.
Du 17 juin au 18 juillet 1942, il relie la Clyde et Suez, escorté au moment de l'appareillage par le croiseur Delhi, les destroyers Boadicea Keppel Leanington Salisbury et St Albans.
Le transport de passagers enfin !Le second conflit mondial terminé, le
Queen Elizabeth va progressivement retrouver son rôle original de transport translatlantique de passagers. Pour cela il voit ses cheminées peintes aux couleurs de la compagnie mais conserve encore pour un an la couleur grise pour sa coque et ses superstructures.
Il transporte alors les soldats et autres militaires démobilisés ainsi que celles que l'on à appelé les «fiancées de la liberté» ou G.I Bride, les femmes ayant épousé un militaire américain et commençant une nouvelle vie loin d'une Europe dévastée.
Il rallie ensuite son chantier constructeur pour remise en état complète et plus étonnant la réalisation des essais à la mer !
Le Queen Elizabeth prêt à appareiller pour ses essais à la mer en compagnie du Queen MaryCes essais ont lieu entre l'embouchure de la Clyde et l'île d'Arran avec à son bord trois personnalités prestigieuses : la reine consort de Grande-Bretagne qui à donné son nom au navire et ses deux filles, Elizabeth et Margareth. On imagine que les essais ont été menés dans des strictes conditions de sécurité.
Le commodore Bisset, commandant du paquebot avait reçut comme instruction du président de la compagnie, Sir Percy Bates de ne pas dépasser la vitesse maximale atteinte par le
Queen Mary (navire détenteur du Blue Ribbon/Ruban Bleu).
Il semble donc admis que si le
Queen Elizabeth n'à jamais obtenu la prestigieuse décoration c'est uniquement par la volonté du président de la Cunard.
Deux photos du voyage inaugural du paquebot Queen ElizabethLe voyage inaugural du QE à lieu le 16 octobre 1946. Le 17 avril 1947, il s'échoue sur un banc de sable (Brambles Bank) à l'entrée du port de Southampton mais il est remis à flot le lendemain après débarquement des passagers et allègement du navire par pompage d'une partie de carburant emporté. L'année suivante en 1948 il est bloqué deux semaines à New York en raison de grèves au Royaume Uni.
Photo montrant l'arrivée du paquebot Queen Elizabeth lors de son voyage inauguralLe paquebot arrivait généralement à New York le mardi débarquant immédiatement ses nombreux passagers (2283 au maximum même si lors d'une traversée seulement 200 personnes étaient montés à bord soit un passagers pour six membres d'équipage !) et leurs bagages.
Le lendemain mercredi les nouveaux passagers embarquaient en compagnie de leurs bagages. On s'occupait également du ravitaillement en carburant, vivres et fournitures diverses.
En septembre 1951, le paquebot réalise sa centième traversée. Avec deux navires amortis, la Cunard-White Star Line domine le marché bien que durement concurrencée par les paquebots américains America et United States qui en 1952 s'empare définitivement du Ruban Bleu.
Le 29 juillet 1959 il entre en collision avec le cargo américain American Hunter en plein brouillard au large de New-York. Les dégâts sont cependant assez limités même si dangereusement situés sous la ligne de flottaison.
En apparence tout va bien mais en réalité de sombres nuages s'accumulent à l'horizon. Ces nuages s'appelaient aviation et transport aérien.
L'aviation ne cesse en effet de progresser. En 1947 le Lockheed Constellation permettait la traversée transatlantique via des escales à Halifax au Canada et à Shannon en Irlande. Onze ans plus tard, en 1958, le Boeing 707 pouvait traverser sans escale l'Atlantique, reliant d'un trait New York et Paris en quelques heures.
En 1954 si un million de personnes traverse l'Atlantique par la mer, 600000 le font déjà par avion. Trois ans plus tard les deux modes de transport sont à égalité et en 1961 l'avion remporte le combat par K.O avec 750000 passagers annuels par mer et deux millions par les airs. Le monde s'accélère et il devient inutile de passer cinq jours pour traverser l'Atlantique quand on peut le faire en quelques heures.
En février 1963 signe des temps, le grand et prestigieux liner des lignes transatlantiques effectue une croisière entre New-York et Nassau aux Bahamas.
affiche représentant les croisières réalisées par le paquebot Queen ElizabethC'est ainsi que le
Queen Elizabeth fût modifié à Greenock entre décembre 1965 et avril 1966 pour pouvoir opérer entre New York et Nassau quand il ne réalisait pas ses traversées atlantiques (à savoir en dehors de la période avril-octobre). Ses ponts arrières sont allongés, un pont-lido est aménagé tout comme une piscine extérieure, un nouveau système d'air conditionné installé.
Le paquebot Queen Elizabeth en 1966La Cunard espère ainsi le conserver jusqu'au milieu des années soixante-dix mais cette stratégie se révélera être un échec en raison de la consommation trop élevée de carburant d'un tirant d'eau qui l'empêchait d'accéder à certains ports insulaires et d'une largeur qui lui interdisait le canal de Panama.
En 1965 décision est prise de remplacer les deux
Queen par un seul navire. Initialement le futur
Queen Elizabeth II devait être un liner classique mais heureusement la Cunard prend la sage décision de s'équiper d'un paquebot monoclasse avec des installations adaptées à la réalisation de croisières.
Le Queen Elizabeth en 1967Chaque année le paquebot subissait une période de travaux qui est l'occasion d'apporter des améliorations.
C'est ainsi qu'en janvier 1952 il subit des travaux pour augmenter ses capacités en carburant et pour recevoir un premier système d'air conditionné pour améliorer le confort des passagers.
C'est ainsi qu'en 1955 le paquebot reçoit des ailerons stabilisateurs pour améliorer la stabilité du navire par mer formée.
On trouvait deux stabilisateurs à tribord et deux à bâbord, le tout fonctionnant par paire. Ces ailerons étaient rétractables pour économiser le carburant quand la tenue de la mer ne le justifiait mais aussi pour faciliter l'entrée au bassin.
Une fin peu glorieuseAlors que le paquebot
Queen Elizabeth 2 est en construction, la Cunard décide de tailler dans les coûts d'exploitation en se séparant de ses unités les plus anciennes comme le
Queen Mary désarmé en 1967 et le
Queen Elizabeth en 1969.
Va-t-il finir sous les chalumeaux des démolisseurs ? Que nini Neptune lui offre un sursis sous la forme d'une retraite dorée.
En effet en 1968, le
Queen Elizabeth est vendu pour 7.7 millions de dollards à un groupe d'hommes d'affaires américains qui avaient monté une société baptisée The
Queen Corporation, une compagnie détenue majoritairement par la......Cunard (85%).
Le Queen Elizabeth à Port Everglades en 1969La nouvelle compagnie prévoit d'utiliser le paquebot comme hôtel et attraction touristiques à Port Everglades en Floride soit un destin similaire à celui que va connaître le
Queen Mary à plusieurs milliers de kilomètres à l'ouest à Long Beach sur un quai de Californie.
Le paquebot quitte New-York pour la dernière fois en octobre 1968 et rallie la Floride mais ce projet tombe à l'eau. En effet, le climat floridien chaud et humide est nettement plus agressif que celui de la Californie.
Le paquebot est finalement revendu en 1970 à un homme d'affaires chinois de Hong Kong, Tung Chao Yung qui avait l'intention de le transformer en université flottante sous le nom de Seawise University.
Se posait alors le problème du transfert entre la Floride et la Chine, la propulsion n'avait pas tourné depuis 1968 et surtout n'était plus entretenue correctement. Finalement après plusieurs mois d'efforts, le paquebot est ramené à Hong Kong pour les travaux de conversion.
Le Seawise University ex-Queen Elizabeth arrivé à Hong KongLe Seawise University en travaux de modificationAlors que ces travaux allaient se terminer, un incendie se déclare à bord le 9 janvier 1972, un incendie particulièrement suspect puisqu'on à relevé plusieurs départs de feu sans compter que Chao Yung qui avait acheté le navire 3.5 millions de dollars l'avait assuré pour huit millions. On à également parlé d'un conflit entre Tung un nationaliste chinois et les syndicats sous influence communiste.
Triste fin pour un magnifique paquebotCe qui est sur c'est que le navire est totalement détruit. L'eau envoyée par les bateaux de lutte contre l'incendie à provoqué le chavirage du navire comme jadis le Normandie dans le port de New York.
L'épave du Queen ElizabethL'épave est démantelée partiellement en 1974 et 1975, 40 à 50% de l'épave étant laissée sur place, ces éléments ayant été noyés par la poldérisation des espaces nécessaires à l'aménagement du Terminal containers n°9.
Le paquebot est immortalisé au cinema dans le film «La Panthère Rose» avec Peter Sellers en 1959, trois ans après avoir été au cœur de l'intrigue du roman de Ian Fleming «les diamants sont éternels», une des aventures de James Bond, le célèbre 007. Le roman est adapté au cinéma en 1971 avec Sean Connery dans le rôle titre mais le Canberra comme navire destiné à représenter le
Queen Elizabeth. A noter qu'en 1974, le James Bond «L'Homme au pistolet d'or» fait de l'épave le QG secret du MI-6.