- NIALA a écrit:
A Toulon dans les années 1890,au premier un bel exemple de mat militaire avec des hunes superposées, la hune inférieure comporte quatre pièces de 47 mm dont deux visibles sur la photo dirigées de façon à battre dans toutes les directions; sur la hune supérieure on distingue un projecteur; le tout relié par un fut épais contenant un escalier ou une échelle intérieurs.
Au départ, en France, l'armement des hunes était constitué de canons-revolvers de 37 mm L/23 Modèle 1884 (à manivelle, licence Gatling), qui seront remplacés par des canons de 47 mm L/40 à tir rapide Hotchkiss Modèle 1885. Le remplacement sera effectué, en priorité, sur les cuirassés, dès le tout début de la décénnie 1890, alors que les 37 mm continueront à être installés, par exemple, dans les hunes des croiseurs-cuirassés, jusqu'à la classe Gloire incluse, mise en chantier entre 1900 et 1902, la classe Léon Gambetta, mise en chantier en 1902, sera, elle, équipée, dès sa conception, de 47 mm L/40 Modèle 1902.
Dans l'affaire, il n'y avait pas qu'une vulgaire question d'économie, mais, surtout, d'emploi et de cadence de tir; le canon-revolver de 37 mm, avec rampe de chargement, bénéficiait d'une cadence de tir de 60 coups/mn, celui de 47 mm, chargé au coup par coup, 40 coups/mn, or, lors de la mise en place des mâts militaires, les cibles possibles étaient, essentiellement, constituées, par des "
embarcations indigènes", comme l'évoquait Dahlia Bleu, dans un post parallèle, et des torpilleurs de petit gabarit, faiblement protégés, dont la France s'était fait une spécialité, selon les préceptes de la "Jeune École". Les cuirassés, naviguant que très rarement en solitaire et peu enclin à s'aventurer dans des "zones à risques", disposaient d'une puissance de feu amplement suffisante, avec leur escorte, pour décourager ces petites unités - accessoirement, au mouillage, ils étaient protégés contre les torpilles, par leurs filets Bullivan -, ce qui n'était pas le cas des croiseurs, qui naviguaient, souvent, seuls, dans des eaux risquées, comme, par exemple, la Mer de Chine ou le Golfe du Tonkin ; de plus, la dotation de 47 mm ne cessera de s'accroitre, au fil des années, le croiseur-cuirassé Dupuy de Lôme était armé de 4 x 37 mm & 10 x 47 mm, la classe Gloire, dix ans plus tard, embarquera, toujours, 4 x 37 mm mais comptera, désormais, 19 pièces de 47 mm, tandis que la classe Léon Gambetta, en embarquera 24, après la suppression des 37 mm. Entre temps, la menace avait évolué, de même que les caractéristiques de l'artillerie du bord, avec la mise en service des 100 mm L/50 Modèle 1893/96, en réduit - la Gloire en comptait 6 -, puis des 65 mm à tir rapide L/50 Modèle 1902; l'Ernest Renan en comptera 16, l'Edgard Quinet et le Waldeck-Rousseau, 20! L'évolution des performances de l'artillerie avait déplacé la menace, d'où la disparition des petits calibres, avec la mise en service des Dreadnought et super-Dreadnought, mais la toute nouvelle menace des aéronefs, à dater de 1914 débouchera sur la mise en place, à bord des bâtiments, des premières pièces de DCA, souvent, à usage multiple (mer-air, mer-mer, mer-terre) - telles que les pièces légères de 2 cm & moyennes de 3,7 cm Flak, installées dans les années 30, sur les bâtiments allemands ou les 40 mm Bofors britanniques -.
Le "nid de pie" de hune, qui, de par sa hauteur, était, également, depuis toujours, le meilleur endroit pour observer l'horizon et signaler toute présence de bâtiments, grosso merdo, visibles, par beau temps, avec une lunette, à 20 bornes, deviendra l'emplacement idéal pour les télémètres, dont les premiers exemplaires, de petite envergure, feront leur apparition peu après la défaite cuisante que le Japon infligera à la flotte russe, en 1905. Les premiers exemplaires seront installés sur la passerelle de commandement, avant de grimper, les années suivantes, dans les hunes, après la mise en service des premières direction de tir, centralisées chez les britanniques ou "associées" chez les allemands. Les télémètres de "complément", dans les hunes, resteront longtemps en place dans les mâts militaires, même après la généralisation du poste de télémétrie principale, doté d'un appareil de grande envergure, installé, pour des raisons de communication, au-dessus du blockhaus (la
conning tower britannique), sa hauteur moyenne "au-dessus de l'horizon" s'étant avérée amplement satisfaisante pour les portées de tirs pratiques, 15 000-20 000 mètres, des batteries principales.
Les progrès de l'électronique et la mise en service du radar de surveillance sonneront le glas des postes de télémétrie dans les hunes ; les allemands, maitrisaient, parfaitement, la technique du radar, mais la
Kriegsmarine, trop confiante dans la qualité avérée de ses optiques Zeiß, ne finira par systématiser son emploi, pour le repérage longue distance, sur ses grosses unités, qu'en 1944, se contentant, jusque là, de l'utiliser pour la conduite de tir!
L'installation des mâts tripodes, innovation britannique, ne se généralisera, dans les marines européennes, et plus particulièrement dans la
Kaiserliche Marine, qu'après la bataille du Jutland, essentiellement, parce que cette disposition était sensée diminuer les risques de démolition, au combat, et qu'elle "améliorait", également, la répartition des masses, dans les hauts.