17 janvier 1941 Koh-Chang Une victoire navale française.
La bataille navale de Koh-Chang bien que peu connue du grand public,et me semblet'il, la seule bataille navale remportée par une escadre française au cours du XX éme siècle.
Depuis la défaite de la France face à l'Allemagne en juin 1940,l'Indochine française très isolée,est soumise à une politique de pression et d'intimidation de la part du Japon.
Les forces japonaises, engagées dans la conquête des provinces chinoises du Yunan et du Kouang-Si bordent la frontière nord de l'Indochine,le Japon tente d'obtenir des facilités pour ses troupes au Tonkin,un accord est en vue mais une attaque japonaise retarde sa conclusion à la fin septembre 1940;la Thaïlande profite de ces difficultés politico-militaires, pour revendiquer des territoires sur la rive gauche du Mekong,avec le soutien du Japon.
La France demande le soutien des américains qui se fait attendre,les Etats Unis ménageant encore les japonais,les incidents avec les thaïlandais se multiplient provoquant un état de guerre larvée.
Le 15 janvier 1941,devant l'aggravation de la situation et afin d'anticiper une intervention de la marine thaïlandaise qui ne saurait tarder,une opération navale contre celle ci est approuvée par l'amiral Decoux,Gouverneur Général de l'Indochine,l'amiral Terraux,commandant de la marine en Indochine en confie l'exécution au capitaine de vaisseau Bérenger,commandant le croiseur Lamotte-Picquet.
Le Lamotte Picquet à la bataille de Koh- Chang
La France entretient une force navale en Indochine composée:
-du croiseur Lamotte-Picquet de 8 000 tonnes du type Duguay Trouin,entré en service en 1929,armé de 8 canons de 155mm,4x75mm,12x13,2mm et 12 tubes lance torpilles.
-Deux avisos coloniaux de 2 000 tonnes du type Bougainville: les Dumont d'Urville et Amiral Charner,entrés en service en 1932 et 1934;armés chacun de 3 canons de 138mm et 4x37mm.
Ainsi que deux avisos anciens:
-Le Tahure du type Amiens de 650 tonnes,entré en service en 1920,armé de 2 canons de 138mm et 1x 75mm.
-La Marne du type Marne de 600 tonnes,entré en service en 1917,armé de 4 canons de 100mm et 2x 65mm.
La marine siamoise était loin d'être négligeable et a été renforcée d'unités récentes construites au Japon et en Italie entre 1935 et 1938.
Le Dhombury le coriace adversaire du Lamotte-Picquet
-Deux gardes cotes cuirassés de 2 265 tonnes:Ahidea et Dombhuri de 2 265 tonnes,entrés en service en 1938,armés de 4 canons de 203 mm et deux tourelles doubles,4x80 mm et 4x20mm.
-Deux gardes cotes cuirassés plus anciens de 1 000 tonnes:Ratanakosindra et Sukhodaya entrés en service en 1925 et 1930,armés de 2 canons de 152mm et 4x76 mm.
-Deux avisos récents:Makron et Tachkin de 1400 tonnes,entrés en service en 1937,armés de 4 canons de 120mm,2x 20mm et 4 tubes lance torpilles.
-9 torpilleurs récents type Trat construits en Italie,entrés en service de 1935 à 1937,les deux premiers de 340 tonnes et les sept autres de 430 tonnes,tous armés de 3 canons de 76 mm,2x20mm et 4 tubes lance torpilles.
-1 torpilleurs anciens acheté en Angleterre en 1920,le Pra Ruang ex Radiant britannique de 1917,armé de 3 canons de 102mm,1x 76mm,2x20mm et 4 tubes lance torpilles.
-3 petits torpilleurs de 110 tonnes construits au Japon en 1937,armés d'un canon de 75mm,2x20 mm et 2 tubes lance torpilles.
-4 sous marins de 370 tonnes en surface,entrés en service en 1937 et 1938,armés d'un 76mm et 4 tubes lance torpilles.
-2 mouilleurs de mines de construction italienne de 400 tonnes,entrés en service en 1937,armés de 2 canons de 76mm et 2x 20 mm.
sans compter des vedettes lance torpilles et navires auxiliaires.
Déroulement des opérations:
Le capitaine de vaisseau Bérenger dirige le groupe occasionnel formé par le croiseur Lamotte-Picquet et les quatre avisos:Dumont d'Urville,Amiral Charner,Tahure et Marne.
Les ordres donnés au capitaine de vaisseau Bérenger sont" Recherche et destruction des forces siamoises à partir de Satahib, jusqu'à la frontière du Cambodge".
Le 15 janvier le Lamotte-Picquet parti faire le plein de carburant rejoint les avisos à Poulo Condore,le groupe appareille à 21H et se dirige vers le Golfe de Siam à 13,5 nœuds vitesse maximum de route des avisos.
Le 16 janvier nos bâtiments font route dans le Golfe de Siam sans être aperçus.
Dans l'après midi une reconnaissance aérienne signale que la flotte thaïlandaise se réparti entre Satahib ou se trouvent:une canonnière cuirassée,4 torpilleurs,2 sous marins,2 bâtiments légers,3 vedettes rapides;au mouillage de Koh Chang se trouve 1garde cotes cuirassé,3 torpilleurs;compte tenu de la difficulté d'atteindre Satahib avant l'aube,le groupe de Koh Chang paraissant comprendre les unités les meilleures,le capitaine de vaisseau Bérenger décide de concentrer ses bâtiments dans l'attaque de la force siamoise de Koh Chang.
Le 17 janvier les navires français se séparent en trois groupes Tahure et Marne entre koh chang et koh kra;Dumont d'Urville et Amiral Charner entre koh kra et koh klum et le Lamotte-Picquet entre koh klum et ilots de koh chan; chaque groupe rejoint un poste de tir déterminé.Un hydravion Loire 130 de reconnaissance survole le mouillage de Koh Chang,repère les deux garde cotes du type Dombhuri,il essuie des tirs de DCA et rentre à sa base.Les siamois tirent sur les bâtiments français qui répondent en visant le départ des coups,Le Lamotte-Picquet attaque à 22 nœudset tire une salve de 155mm qui atteint le torpilleur portant le numéro 11,et lance une gerbe de torpilles à 6h30 une des trois torpilles atteint un but sur le garde cotes Ahidea,les avisos tirent à 5 000 mètres sur les torpilleurs portant les numéros 32 et 33,à 6h48 les équipages évacuent les torpilleurs qui chavirent à 7 heures.
Un deuxième phase du combat met aux prises le Dombhuri et les navires français ,le navire siamois se cache derrière les nombreux ile et ilots et évolue dans les hauts fonds,ou il a l'avantage d'un faible tirant d'eau,le garde cote siamois évolue à 10 000 mètres à grande vitesse pour dérégler le tir du Lamotte-Picquet, celuici le poursuit maintenant à 27 nœuds entre les ilots,la partie de cache cache continue;le Lamotte-Picquet revient sur les avisos,ils concentrent tous leur tir sur le Dombhuri,celuici a maintenant sa passerelle incendiée et sa tourelle arrière ne peut plus tirer;le Lamotte-Picquet est à la limite des hauts fonds,ses hélices remuent la vase,il ne peut approcher sans risquer de s'échouer, à 8 h05 les navires français se retirent;les attaques aériennes siamoises de représailles attendues ont lieu entre 8 h 58 et 9 h 28,une bombe tombe à 5 mètres du Lamotte Picquet qui navigue à 25 nœudss alors que les avisos plus lents se retirent à 13 nœuds la vigueur de la défense anti aérienne décourage les aviateurs siamois qui abandonnent la partie; les navires français regagnent Saigon sans autres incidents.
Bilan:au cours de la première phase du combat,
trois torpilleurs récent du type Trat ont été coulés;le N°11 Trat,N°32 Cholburi et 33 Songhkla,le garde cote Ahidea a reçu une des torpilles du Lamotte-Picquet,il s'est échoué pour ne pas chavirer,il sera renfloué et réparé par les japonais;parmi les torpilleurs coulés,seul le Trat pourra être renfloué par la suite et remis en service.
Voici le Trat l'un des trois torpilleurs coulés lors de la bataille de Koh-Chang et le seul qui pourra être renfloué
Dans la 2éme phase le Dombhuri a été abandonné partiellement en feu,il a fini par chavirer,il sera également renfloué mais sera inutilisable.
Nombre de coups tirés:
du coté français 454 de 155mm
509 de 138mm
54 de 100
280 de 75
6 torpilles lancées
le tir à été efficace
lors de la seconde phase le tir à été très gêné par les nombreux changements de route,les suspensions de feu imposés par la topographie d'iles et ilots qui coupaient la vue et derrière lesquels le Dombhuri se dérobait et les grandes variations de vitesse nécessaires pour garder l'ennemi dans le champ de tir.
C'est l'unique fois ou un de nos grands bâtiments a eu l'occasion de se servir de ses torpilles et mieux de mettre un coup au but.
du coté siamois
environ 100 de 203mm
les torpilleurs ont tirés des 76mm jusqu'à leur évacuation
le tir du Dombhuri était bon en direction mais ou trop court ou trop long ce qui explique que les navires français n'ont reçu aucun coup au but.
Cette victoire incontestable est à mettre à l'actif du capitaine de vaisseau Bérenger qui s'est révélé un excellent stratège qui à choisi de concentrer son action sur Koh Chang et non de la disperser sur les deux sites possibles; la qualité et l'entrainement des équipages ,mais aussi la chance,un poste de guet siamois ayant été détruit des les premiers tirs du Lamotte-Picquet ce qui à retardé l'intervention de l'aviation siamoise.
Toutefois des le 21 janvier 1941,le Japon imposait un cessez le feu sous la menace d'un ultimatum auquel la faiblesse des forces françaises en Indochine laisse peu d'alternative.
Après de longues discussions les diplomates français devaient accepter le 11mars un compromis peu avantageux pour la France.
Alain