DESTROYERS LANCE-MISSILES CLASSE IMPAVIDO
(ITALIE)L'Impavido à la mer. La tourelle de 127mm, deux tourelles de 76mm, le lanceur Tartar et la plate-forme hélicoptère est particulièrement visible sur cette photo Avant propos La marine italienne (Regia Marina marine royale) est née officiellement le 17 mars 1861 lors de la proclamation du royaume d'Italie même si dans les faits l'unification des marines sardes, napolitaines, toscanes et pontificales _auxquels s'étaient adjoints les navires ayant transporté et soutenu Giuseppe Garibaldi dans son expedition des Mille qui allait intégrer le Royaume de Naples dans l'Italie unifiée_ datait du 17 novembre 1860.
L'origine variée des personnels et des navires provoqua de nombreux caffouillages qui furent en partie à l'origine de la sévère défaite de Lissa (20 juillet 1866) contre la marine autrichienne. Cette défaite est toujours présente à l'esprit des marins italiens qui portent sur leur uniforme un mouchoir noir avec un double noeud en signe de deuil.
Peu à peu pourtant, la marine italienne malgré une industrie inférieure aux autres grandes nations européennes se dota de navires modernes. Elle peut par exemple s'enorgueillir d'être la patrie d'origine du théoricien de ce qui n'était pas encore le dreadnougth, Vittorio Cuniberti, même si ce dernier ne trouva pas tout de suite un echo favorable dans son pays d'origine.
La première guerre mondiale vit la marine italienne surveiller de prêt la marine austro-hongroise même si aucune grande bataille de cuirassés n'eut lieu, les pertes de navires de ligne étant le fait du sabotage (explosion du Benedetto Brin à Brindisi le 27 septembre 1915 et du Leonardo da Vinci à Tarente le 2 août 1916) ou par des vedettes rapides (destruction du Svent Istvan le 10 juin 1918 par des vedettes MAS et du Viribus Unitis le 1er novembre 1918 par l'ancètre des mini-submersibles que la Decima MAS allait mettre en oeuvre avec succès durant la seconde guerre mondiale)
Le Viribus Unitis entrain de couler La crise économique des années vingt et le traité de Washington bride les ambitions navales italiennes qui doit stopper la construction de quatre super-dreadnougth de classe Francesco Caracciolo. Avec 175000 tonnes de cuirassés, elle obtient la parité avec la France.
Ces ambitions navales sont cependant relancées par le régime fasciste de Mussolini qui rêve de reconstituer l'empire romain, considérant la Méditerranée comme une Mare nostrum italienne.
Dans l'immédiat ses ambitions sont plus modestes, le dictateur italien réclamant la Corse, la Savoie, Nice, la Tunisie et Djibouti, tous des territoires français ou sous domination française. Bien entendu, Paris fait la sourde oreille à ses revendications et l'Italie comme la France se prépare à la guerre.
Une rivalité navale implacable oppose les deux pays (bien que les autorités politiques notament françaises cherchèrent jusqu'en 1936 l'alliance italienne, se montrant fort accomodant vis à vis des ambitions transalpines en Ethiopie alors que la Grande Bretagne faillit entrer en guerre) et chaque réalisation d'un pays entrainerait la riposte de l'autre.
Résultat, la marine italienne en 1939 avait fière allure en dépit d'une industrie bien inférieur à ses voisins et si les Littorio n'étaient pas encore en service, les Andrea Doria et les Conte di Cavour totalement reconstruits n'avaient rien à envier aux cuirassés français et anglais. Dans le domaine des croiseurs, les croiseurs lourds de classe Trento et de classe Zara vallaient facillement les Duquesne et les Suffren.
Le croiseur Zara à la mer Malheureusement pour les marins italiens, la Regia Marina traversa la guerre sans gloire, quelques rares exploits de ses avions torpilleurs et de ses plongeurs de combat ne jetèrent qu'une lumière plus crue sur la relative inactivité d'une flotte de surface bridée par la pusilanimité des amiraux italiens souvent paralysés par des règles d'engagement trop restrictives qui détonaient par rapport aux discours martiaux d'un Mussolini qui s'y connaissait autant qu'Hitler en stratégie navale.
Le 8 septembre 1943, l'Italie signa un armistice avec les puissances alliées et ce qui restait de la flotte italienne (qui comprenait à ce moment deux porte-avions inachevés, cinq cuirassés dont trois Littorio, 9 croiseurs, 11 destroyers 22 frégates 19 corvettes) se rendit à Malte pour y être internée perdant le cuirassé Roma au passage, coulé par deux bombes planantes FX1400 «Fritz X».
Jouant un rôle négligeable jusqu'en 1945 (en dépit de la volonté du gouvernement italien qui proposa même l'envoi d'un Littorio dans le Pacifique ce qui était politiquement et militairement difficilement acceptable), la Regia Marina perdit ses meilleurs navires, partagés entre les vainqueurs.
Suite à l'abolition de la monarchie, la Regia Marina devint la Marina Militare Italiana le 2 juin 1946 et connue quelques heures sombres mais bien vite la guerre froide permis aux marins italiens de retrouver tout leur lustre.
La position stratégique de l'Italie qui contrôlait le détroit de Sicile et le détroit de Messine poussa les américains à favoriser la reconstitution d'une puissante marine qui ne pût cependant acquérir de porte-avions (la loi de l'époque fasciste ne fût abrogée qu'en 1989) et rangea les cuirassés aux rayons de ses souvenirs, ne conservant que de vieux croiseurs et destroyers d'avant guerre avant de construire de nouveaux navires et de battir une flotte autour de nombreux destroyers, frégates, corvettes et sous marins chargés de lutter contre l'Eskadra (les forces soviétiques en Méditeranée).
Les destroyers italiens : quelques faits L'histoire des destroyers italiens m'étant étrangère et n'étant pas le sujet de cet article, je vais me contenter que d'esquisser cette histoire, sachant que les Impavido n'ont pas surgis du néant. Les premiers destroyers italiens étaient de petits bâtiments, comparables aux torpilleurs de l'entre-deux guerre comme la classe Generale qui mesurait 73m, déplaçait 890 tonnes à pleine charge avec pour armement trois canons de 102mm, deux de 76mm AA et deux affûts doubles lance-torpilles de 450mm.
Ces six destroyers étaient la dernière classe de ce type de navires après les huit Pilo qui étaient armés de 5 canons de 102mm avec pour corrolaire une surcharge dans les hauts) les six Sirtori, les huit La Masa (armement réduit à 4 canons de 102mm) les quatre Palestro (allongés à 82m) et avant la classe Curtatone.
Comme dans toutes les autres marines, les destroyers italiens furent de plus en plus gros avec par exemple les trois Leone de 2283 tonnes de 1924 ou les 12 Navigatori de 1945 tonnes construits entre 1928 et 1930 avec un armement composé de 6 canons de 120mm en trois affûts doubles, 3 canons de 37mm antiaériens et deux affûts doubles ou triples lance-torpilles.
Le Nicola Zeno de classe Navigatori Les principaux destroyers italiens de la guerre furent les Oriani (4 navires de 1950 tonnes) et leurs dérivés, les 12 Soldati de 1830 tonnes standard qui étaient armés de 4 ou 5 canons de 120mm, un canon de 37mm antiaérien, deux affûts triples lance-torpilles de 450mm.
Un destroyer de classe Soldato à la mer Censés se battent contre les super-destroyers français, les navires italiens avaient sacrifié la protection et le rayon d'action à la vitesse qui atteignait 39 noeuds pour les Soldati.
Dans une mer aussi fermée que la Méditeranée, les combats étaient extrêmement violents et les possibilités d'esquive rares sans parler que les anglais avaient la supériorité aérienne sur une bonne partie de la Méditeranée.
Nombre de destroyers italiens furent donc coulés et la reconstitution de la marine italienne se fit à l'aide de navires d'avant guerre (à la différence de nombre de marines, la marine italienne ne reçut par de destroyers américains du moins pas dans l'immédiat après guerre, trois Fletcher furent bien transferés mais à la fin des années soixante à une période où la Marina Militare avait retrouvé toutes ses forces) en particulier les deux destroyers de classe Soldato, les Carabiniere et Granatiere, type de navires bien connu en France puisque trois de cette classe furent transferés à titre de dommage de guerre mais servant peu de temps (Le Legionario devenant le Du Chaffault, le Mitragliere devenant le Julien de La Graviere et le Velite devenu le Duperré, le quatrième destroyer étant un destroyer de classe Oriani,une version dérivée des Maestrale, le Alfredo Oriani devenu D'Estaing).
La Marina Militare mit également en oeuvre le Grecale de classe Maestrale, classe de 4 destroyers mis en service en 1931/34 et dont il fût le seul survivant. La reconstitution ne tarda cependant pas et dès le milieu des années cinquante, la marine Militare mit en service deux destroyers fidèles à la meilleure tradition maritime italienne.