J'aimerais les avis de mes co-listiers sur cette tragédie . N'y a-t'il pas quelque chose de pourri au rouyaume de Suez ( pardon de Martine et nicolas!)?
Que faire ?
Il est à mon avis trop tard pour réfléchir .
Article de mer et Marine/
La situation de la compagnie calaisienne, confrontée à de graves
difficultés financières, semble de plus en plus précaire. Début août,
la presse économique annonçait que la SNCF, unique actionnaire de
SeaFrance, était prête à recapitaliser sa filiale pour lui éviter le
naufrage. On évoquait, alors, une enveloppe de 70 millions d'euros.
Mais, pour lancer la recapitalisation de la société, le plan de
redressement de l'armement doit être mis en oeuvre. Sur 1580 salariés,
dont environ 1300 navigants, la direction proposait, en février, de
supprimer 650 postes. Après négociations, en mai, le nombre d'emplois
devant disparaître est tombé à 543, la SNCF s'engageant à reclasser 413
personnels. Comptant jusqu'à six navires entre 2005 et 2008, la flotte
serait réduite aux trois ferries les plus récents (Rodin, Berlioz et
Molière), auxquels s'ajouterait le fréteur Nord-Pas-de-Calais, si tant
est qu'un accord soit trouvé pour l'armement de ce dernier. C'est, en
effet, sur le « NPC » que la CFDT, très majoritaire dans l'entreprise,
fait blocage. Le navire, qui ne réaliserait plus que deux ou trois
rotations au lieu de cinq, verrait son effectif hôtelier passer de 14 à
8 personnels. Impensable pour le syndicat, qui a refusé lundi de signer
l'accord sur les personnels d'exécution, accord qui aurait permis de
lancer le processus du plan de redressement (pour lequel une série
d'accords doivent être conclus).
Jeudi 27 août : Nouvel échec des négociations
Hier matin, la direction a, au cours d'un Comité d'Entreprise, tenté
une nouvelle négociation. Elle a accepté la proposition du secrétaire
du CE de porter à 9 l'effectif du service général du NPC (pour trois
rotations), validant en outre le maintien dans son état actuel de
l'exploitation du fréteur, jusqu'à l'arrêt technique du Rodin. En
contrepartie, un engagement a été demandé pour qu'au 30 septembre, les
accords concernant le Plan de Sauvegarde de l'Emploi et le plan de
redressement soient conclus. Mais, à l'occasion d'une réunion paritaire
se tenant dans l'après-midi, la CFDT a refusé ces nouvelles
propositions, estimant que le calendrier était irréaliste. Le syndicat
réclame que les effectifs du NPC (ADSG) soient de 10 à 11 personnes
pour trois allers-retours, et exige un accord de méthode sur la
totalité du projet de réorganisation de la compagnie. Selon le
président du directoire de SeaFrance, cette exigence aurait pour
conséquence de reporter la mise en oeuvre de la réorganisation et du
PSE à fin 2010. « Cette demande est totalement incompréhensible compte
tenu de l'échéance du 30 septembre, qui est le préalable à la
recapitalisation de la compagnie. Je l'ai donc refusée. Je me désespère
de cette obstruction permanente qui met en péril tous les emplois de
l'entreprise », explique Pierre Fa.
« Blocages systématiques »
Chez les officiers, où l'intersyndicale CGT/CGC est ultra majoritaire,
on dénonce la position de refus de la CFDT. « Nous avons pris nos
responsabilités en signant les accords sur les officiers et les
équipages, et en acceptant que, momentanément, le Nord-Pas-de-Calais
soit armé à minima. Jeudi, la direction a de nouveau tenté de négocier
mais nous sommes face à des blocages systématiques, alors que la
situation de la compagnie est très grave. S'il n'y a pas de
recapitalisation, ce sera dramatique. Il y a quelques années, on a
connu la fermeture de Dieppe. Là, clairement, l'entreprise est menacée
de disparition et nous allons droit dans le mur. Si ça tourne mal, il
faudra que la CFDT s'explique devant les salariés, qu'ils soient marins
ou sédentaires », affirme un responsable de la CGT.
Du côté de la
direction et de l'actionnaire de la compagnie, l'exaspération ne semble
pas moindre. La SNCF avait fixé au 24 août la date limite pour trouver
un compromis, le groupe public souhaitant faire examiner la
recapitalisation de sa filiale lors du Conseil d'administration prévu
le lendemain. Mais, faute d'accord sur le « NPC », le projet a été
retiré de l'ordre du jour du CA. Le lancement du plan de redressement
et le renflouement de la compagnie sont donc une nouvelle fois
retardés. Face à cette situation, le président du directoire de
SeaFrance s'est adressé à plusieurs reprises aux personnels. Pierre Fa
prévient que « le processus de recapitalisation est stoppé » et que «
sans recapitalisation, SeaFrance est condamné à court terme de façon
mécanique ». Un Conseil de surveillance exceptionnel, prévu le 3
septembre, devra « examiner les modalités de la continuité de
l'exploitation de (la) compagnie ».
« Au bord du dépôt de bilan »
A Calais, nombre de salariés semblent convaincus que SeaFrance sera,
quoiqu'il arrive, sauvée du naufrage. Le réveil pourrait être très
douloureux. Car, vu de Paris, les certitudes locales semblent assez
surréalistes. « Nous continuons à perdre beaucoup d'argent, nous
accumulons les déficits de trésorerie. La situation est désormais grave
et SeaFrance est au bord du dépôt de bilan », a averti le 11 août, dans
une lettre aux salariés, le directeur financier de la SNCF et président
du Conseil de surveillance de SeaFrance. Selon David Azéma, le plan de
redressement doit être engagé « dans les plus brefs délais », faute de
quoi l'entreprise sombrera. Pour certains observateurs, le risque est
également grand que la SNCF, exaspérée, finisse par lâcher sa filiale,
d'autant qu'elle a, actuellement, d'autres « chats à fouetter ». A
quatre mois de l'ouverture à la concurrence du transport de voyageurs,
le groupe public a vu ses résultats passer dans le rouge, une première
depuis 2003. Ainsi, au premier semestre, la SNCF a accusé 496 millions
d'euros de pertes.
Parallèlement, alors que la direction de
SeaFrance et l'actionnaire tentent, pour le moment en vain, de
redresser la barre, la question d'un éventuel repreneur se pose
toujours. Après une première tentative, Louis Dreyfus Armateurs s'est
retiré du jeu au printemps, préférant pour l'heure se développer
indépendamment, dans le détroit, à partir de Boulogne. Quant à Brittany
Ferries ou encore Veolia, la plus grande discrétion est de rigueur. Y
a-t-il des manoeuvres en coulisses ? Mystère.
Enfin, une dernière
question, et non des moindres, se pose toujours, sur fond d'omerta
locale et de rumeurs persistantes : Comment en est-on arrivé là ? Il
faudra sans doute, un jour, que la lumière soit faite sur les
responsabilités et les conditions qui ont abouti à ce qui est en passe
de devenir l'une des plus grandes déroutes de l'industrie maritime
française.