Historique En 1912, une loi-programme fixait la composition de la flotte française à 28 cuirassés d'escadre. En comptant les 11 cuirassés de 15000 et de 18000 tonnes en service ainsi que les Courbet en construction, il fallait construire 13 nouvelles unités dont trois en 1912, 2 en 1913, 2 en 1914..... .
Compte-tenu de la taille réduite des bassins français, les ingénieurs n'eurent d'autre choix que de reprendre la coque des Courbet, l'armement était cependant plus puissant, 10 canons de 340 à la place des 12 canons de 305mm.
-Le cuirassé Bretagne est mis sur cale à l'Arsenal de Brest le 1er juillet 1912, lancé le 21 avril 1913 et admis au service actif en septembre 1915. Affecté à l'Armée Navale en Méditerranée, il participe au blocus de la flotte austro-hongroise depuis la base de Corfou, occupée par les français sans l'autorisation du gouvernement grec le 8 janvier 1916. les cuirassés austro-hongrois restant dans leurs ports, le Bretagne se contente de patrouilles en Adriatique et de trajets vers Salonique ou les ports français de Brest et de Toulon.
Le 1er septembre 1916; le Bretagne participe avec 22 autres navires à une démonstration de force devant Le Pirée pour impressioner le roi de Grèce considéré comme pro-allemand. Comme cela ne suffit pas, le 1er décembre, le Bretagne et ses sister-ship couvrent le débarquement de 2500 hommes qui s'emparent de la capitale à l'issue de combats de rue ayant fait 60 morts et 150 blessés. Les cuirassés ouvrent même le feu avec leur artillerie lourde.
Il subit une première refonte en 1921 pour augmenter la portée de ses canons avant d'être modernisé en profondeur entre 1927 et 1930 où une partie des chaudières à charbon sont remplacées par des chaudières à mazout. La refonte majeure à cependant lieu entre 1932 et 1935, les superstructures sont modifiées, la conduite de tir modernisée, la protection du casemate et du réduit central est grandement renforcé, les canons de 340mm d'origine sont remplacés par des pièces neuves et l'armement antiaérien considérablement renforcé, 8 canons de 75mm remplaçant une partie des canons de 138mm en casemate , 12 mitrailleuses de 13mm antiaériennes sont également embarquées tandis que les tubes lance-torpilles submersibles sont supprimés.
Affecté à l'Escadre de l'Atlantique après sa refonte, le Bretagne rejoignit en juin 1940 la base de Mers el Kebir. Il s'y trouvait encore le 3 juillet 1940 quand les anglais déclenchèrent l'opération Catapult pour neutraliser la flotte française et eviter qu'elle ne tombe entre les mains des allemands.
Après un ultimatum rejeté par l'Amiral Gensoul, la flotte britannique ouvre le feu peu avant 17h. Les navires français bloqués dans la rade doivent appareiller en catastrophe mais si le Strasbourg parvient à filer vers Toulon les autres cuirassés ne le peuvent : le Dunkerque est touché par quatre obus de 380mm, le Provence qui avait appareillé en premier est touché sous la flottaison et doit s'échouer. Le cas le plus dramatique est celui du Bretagne qui touchée à 16h59 s'embrase avant de chavirer à 17h07 entrainant 977 hommes d'équipage dans la mort. Le cuirassé est demantelé sur place en 1952.
16h59 : le cuirassé Bretagne est touché. Huit minutes plus tard, il va chavirer entrainant 977 marins dans la mort -Le Provence est mis sur cale à l'Arsenal de Lorient le 1er mai 1912, lancé le 20 avril 1913 et admis au service actif en juin 1915. Comme ses deux autres sister-ship, il est affecté à la Méditerranée où il assure le blocus de la flotte austro-hongroise et des démonstrations de force au large de la Grèce.
En juin 1919, des mutineries ont lieu à son bord alors qu'il est à Toulon, mutineries influencées par ce qui s'est passé en Mer Noire et la révolution bolchévique.
En 1919-1920, le navire subit une première remise à niveau avec en particulier l'augmentation de la portée des canons qui passe de 18-20000 mètres à 25000 mètres avant de troquer une partie des chaudières à charbon par des chaudières chauffant au mazout à la fin des années vingt.
La vraie remise à niveau à cependant lieu à l'Arsenal de Brest de 1932 à 1935 : les superstructures sont modifiées, la conduite de tir modernisée, la protection du casemate et du réduit central est grandement renforcé, les canons de 340mm d'origine sont remplacés par des pièces neuves et l'armement antiaérien considérablement renforcé, 8 canons de 75mm remplaçant une partie des canons de 138mm en casemate , 12 mitrailleuses de 13mm antiaériennes sont également embarquées tandis que les tubes lance-torpilles submersibles sont supprimés.
Le cuirassé Provence à la mer. La photo date d'après 1935 car quatre casemates latéraux ont été obturés pour permettre l'installation de canons de 75mm antiaériens Integrée à l'Escadre de l'Atlantique au déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale, il gagna Mers El Kebir à l'armistice et s'y trouvait encore quand les anglais déclenchèrent l'opération Catapult le 3 juillet 1940. Ouvrant le feu peu avant 17h, ils subirent une riposte des navires français, le Provence fut apparement le premier navire français à ouvrir le feu, à peine une minute trente après le premier tir anglais.
L'Amiral Gensoul ordonna aussitôt l'appareillage mais si les contre-torpilleurs pouvaient sortir comme ils le souhaitaient, les cuirassés devaient suivre un ordre précis : Strasbourg, Dunkerque, Provence et le Bretagne. C'est cet ordre qui provoqua la perte de la Provence car si le cuirassé avait appareillé en premier, il devait attendre le passage du Dunkerque. Touché en dessous de la flottaison sur la plage arrière puis un deuxième obus sur la tourelle de télépointage au pied du mât tripode, il embarqua des tonnes d'eau et pour éviter des pertes humaines, son commandant le fait diriger vers des fonds de dix mètres où le navire coule sans grand dommages car les superstructures reste hors de l'eau.
Ramené à Toulon par deux remorqueurs pour être remis en état, le Provence s'y trouve encore le 27 novembre 1942 quand la flotte française se saborde. Son artillerie principale est récupérée par les allemands le 11 juillet 1943 avant que sa coque ne soit sabordée pour bloquer le port en août 1944. Renflouée 1949, la coque est demantelée.
Le Cuirassé Lorraine Le Lorraine est mis sur cale aux Ateliers et Chantiers de la Loire à St Nazaire le 1er août 1912, lancé le 30 septembre 1913 et admis au service actif le 27 juillet 1916. Affecté à la Méditerranée, il participe au blocus de la flotte austro-hongroise depuis Corfou et aux démonstrations de force qui poussent la Grèce à entrer en guerre aux côtés des alliés (1916). Le 15 avril 1917, il transporte le maréchal Joffre aux Etats Unis peu après la déclaration de guerre des Etats Unis à l'Allemagne.
Le Lorraine est le premier cuirassé de cette classe à voir la portée de ses canons améliorée puisqu'en 1917, la portée des canons des deux tourelles arrières est augmentée à 18000 m (14500m à l'origine) en augmentant l'élévation de 12 à 18 dégrés. Cette modification ne sera réalisée qu'après l'armistice sur le Bretagne et le Provence.
Comme ses sister-ship, le Lorraine est refondu à plusieurs reprises : 1921/1922, 1926 et 1927 et surtout de 1934 à 1936. Comme ses sister-ship, les superstructures sont modifiées, la conduite de tir modernisée, la protection du casemate et du réduit central est grandement renforcé, les canons de 340mm d'origine sont remplacés par des pièces neuves et l'armement antiaérien considérablement renforcé, (8 canons de 100 mm _qui seront débarquées en 1939 pour équiper le Richelieu qui connait de nombreuses difficultés avec ses canons polyvalents de 152mm_ remplaçant une partie des canons de 138mm en casemate , 12 mitrailleuses de 13mm antiaériennes) tandis que les tubes lance-torpilles submersibles sont supprimés. Le Lorraine perd également sa tourelle centrale de 340mm au profit d'un hangar pour quatre hydravions ainsi qu'une grue et une catapulte.
En novembre 1939, le Lorraine transporte les réserves d'or de la Banque de France aux Etats Unis avant de bombarder le port lybien de Bardia le 12 juin 1940 avant de rallier Alexandrie où il se trouve le 3 juillet 1940 lors du déclenchement de l'opération Catapult. Contrairement à ce qui se passe à Oran, les navires français de la Force X dont le cuirassé Lorraine sont simplement internés et ce jusqu'au mois de mai 1943 quand il rallie les alliés. Après un long transit par le cap de Bonne Esperance, il arrive à Dakar le 12 octobre 1943 après un arrêt pour avarie à Durban et est aussitôt désarmé , après avoir été jugé trop vieux et trop lent pour reprendre du service. Devenu navire-école à Mers El Kebir, on envisage même d'utiliser ses canons de 340mm pour achever le Jean Bart mais finalement il reprend du service en avril 1944, réarmement partiel en raison d'une pénurie de personnel, seules 4 pièces de 340mm, 8 de 138mm et une DCA renforcée (14 Bofors de 40mm et 25 piècees de 25mm) sont utilisables.
Après deux mois d'entrainement, il gagne en juin 1944 le port de Tarente avant d'assurer l'appui-feu des forces débarquant en Provence le 15 août 1944. Les 19 et 20 août, il participe avec d'autres navires français et alliés au bombardement de la presqu'ile de St Mandier pour venir à bout de la batterie du Cepet qui succombera après une semaine de bombardement intensif (800 tonnes de bombes et 8700 obus de marine dont ceux de 381mm du HMS Ramilies).
Le 13 septembre 1944, il rentre à Toulon avant de participer à la prise des poches allemandes de l'Atlantique dans le cadre de la French Naval Task Force qui se compose du cuirassé Lorraine, du croiseur lourd Duquesne, du croiseur léger Gloire, de deux torpilleurs, de deux destroyers d'escorte et de huits dragueurs. Le cuirassé participe notament à l'opération Venerable contre la poche de Royan. Entre le 15 avril 7.50 et 16 avril 12.00, il tire 236 coups de 340mm, 192 coups de 138mm et 538 coups de 75mm. La poche ne capitule cependant que le 17 avril à 10h, la dernière position allemande se rendant le 18 avril à 7h
Transformé en ponton-école à la fin de la guerre, le Lorraine est désarmé le 17 février 1953 après 36 ans de service avant d'être vendu à la démolition.
A noter que la Grèce à commandé avant la première guerre mondiale un cuirassé de ce type. Baptisé Vasilefs Konstantinos (le Roi Constantin) il à été mis sur cale en juin 1914 mais les travaux furent stoppés par la déclaration de guerre. La construction ne repris jamais et le contrat annulé en 1925.