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| Recherches témoignages pour thèse en Histoire | |
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+5Bleu Marine JollyRogers Loïc Charpentier JJMM thésard26 9 participants | |
Auteur | Message |
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Bleu Marine Elève officier
Nombre de messages : 1154 Age : 72 Ville : Clermont-Ferrand Emploi : Retraité Date d'inscription : 29/01/2014
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Mar 15 Oct 2024, 08:30 | |
| Bonjour, Pour thésard26, en essayant de revenir à la question d'origine. Je lis entre les lignes une fierté - légitime - d'avoir gagné ses galons "à la régulière", avec une défiance envers des grades accordés un peu trop libéralement dans la Réserve. " Vas trouver ça dans le civil !" disait, en ne plaisantant qu'à moitié, un maître blanchi sous le harnois le jour où il était passé premier-maître. Avec une fierté de l'ancienneté (" Quand tu auras autant de tours d'hélice au c... que moi"), trouvant ses limites dans une forme de commisération amusée envers ceux oubliés par l'avancement tels le "chouf mexicain" (quartier-maître-chef de plus de dix ans d'ancienneté, espèce devenue rare). Je lis également un attachement à la Marine, une forme de sentiment d'abandon, même en cas de départ volontaire de l'institution. Dans mon modeste cas d'appelé, j'avais été déçu de me voir déclaré, quelque temps après la fin de mon service, "en excédent aux besoins de la Marine" et reversé à l'Armée de terre. Montesquieu écrivait dans ses Lettres Persanes (XLVIII) à propos d'un vieux guerrier : " Mais pourquoi, dis-je, a-t-il quitté le service? Il ne l'a point quitté, me répondit-il; mais le service l'a quitté;" Il y a un peu de ça. J'avais enfin perçu dans l'image que le mataf se donnait de lui-même une forme d'homme libre, prêt à toutes les aventures notamment avec la gent féminine attirée par son pompon rouge Avec des expressions significatives comme : " Machin, il s'est fait avoir par une Bretonne." : il s'est fiancé, ou pire marié (auquel cas il devient un "pigeon bagué" !) |
| | | ironclaude Aspirant
Nombre de messages : 1436 Age : 75 Ville : BAYONNE Emploi : Ingénieur retraité Date d'inscription : 24/01/2012
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Mar 15 Oct 2024, 10:40 | |
| - Bleu Marine a écrit:
- Bonjour,
... il s'est fiancé, ou pire marié (auquel cas il devient un "pigeon bagué" !) ...
Ah la la on en apprend des bonnes sur ce site |
| | | JJMM Elève officier
Nombre de messages : 1034 Age : 75 Ville : Lotharingie Emploi : Casquette à carreaux Date d'inscription : 07/06/2017
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Mar 15 Oct 2024, 17:21 | |
| Je viens d'envoyer mes impressions à Thésard26 avec de la documentation, photos et d'autres choses... Sur le Forbin en 1968, et sur le De Grasse en 1971 nous avions avec nous des appelés du contingent qui faisaient les mêmes travaux que nous, certains n'ont pas souhaité faire la campagne avec nous. D'autres au contraire ont accepté de prolonger leur service de 2 ou 3 mois pour partir dans le Pacifique, une opportunité incroyable malgré les contraintes d'éloignement. Nous étions très proches d'eux et ils étaient des camarades comme les autres; ils partageaient notre poste d'équipage, nos sorties, c'étaient des chic types, je suis d'ailleurs toujours en contact avec 2 d'entre eux, 56 ans après c'est dire ! |
| | | Loïc Charpentier Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4905 Age : 78 Ville : Oberbronn Emploi : retraité "actif" Date d'inscription : 24/01/2013
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Mer 16 Oct 2024, 13:44 | |
| - Bleu Marine a écrit:
... oubliés par l'avancement tels le "chouf mexicain" (quartier-maître-chef de plus de dix ans d'ancienneté, espèce devenue rare).
Bonjour, Dans l'Aéronavale, dans les années 1960-1970, il n'y avait pas de "chouf mexicain" - en tous cas, je n'en avais pas connu -; par contre, nous avions un bon paquet de vieux second-maitres de 1ère classe, notamment dans la spécialité de "Mecae", mécaniciens d'aéronautique, généralement "bloqués" par un manque d'instruction générale (maths, etc.) pour pouvoir "postuler" aux cours du Brevet Supérieur de la spécialité. Il y avait, également, les quartier-maitres-chefs CS (du Cadre Spécial); je n'ai connu que des fusiliers-marins qui avaient bénéficié de cette promotion "particulière". Ils étaient autorisés à porter l'uniforme des officiers-mariniers, avec un galon doré de second-maitre de 2ème classe, barré de deux "sabords" rouges, et à loger dans les postes d'officiers-mariniers. Ces QM CS étaient de "vrais arbres de Noël", car ils arboraient, à une époque où les décorations étaient chichement attribuées, de monumentaux placards de médailles, dont, bien souvent, la Légion d'Honneur - ce qui impliquait le salut réglementaire de la part des officiers - la Médaille Militaire, la Croix-de-Guerre 39-45, la TOE, etc... A leur sujet, Wiki commet une erreur, car le grade de QM CS n'était pas " un grade d’attente avant la promotion à celui de second maître", mais plutôt une compensation honorifique, faute de pouvoir accéder au cours de "chouf" de la spécialité, encore une fois, en raison d'une "instruction générale" jugée insuffisante. Il y avait un cas particulier, essentiellement, dans le Service Général. Après la sortie du "Cours de Chouf" - qui était l'étape indispensable (sauf pour les Maistranciers, le personnel volant et les électroniciens non volants, ayant suivi le BE cours long exclusivement), pour passer de l’Équipage (Breveté Elementaire) dans les rangs des officiers-mariniers, avec, pour ces derniers, l'épreuve du BS (Brevet Supérieur), avec 8 à 9 mois de cours à la clé -, tombait, dans les 6 à 9 mois qui suivaient, la promotion officielle au grade de second-maitre de 2ème classe; mais le réglement exigeait que le nouveau promu ait perçu son "sac" (ses nouvelles tenues) avant de pouvoir accéder au Bar, à la table et au poste des OM. Pour çà, il fallait disposer d'un service local de "Tailleurs", ce qui n'était pas toujours le cas pour les missions lointaines, à bord de petites unités et dans certaines stations. Dans ce cas, sur décision du "Pacha", le promu, tout en portant le bachi et le col bleu, était autorisé à coudre ou à faire coudre provisoirement sur sa vareuse d'équipage, sur chaque manche, le galon doré du grade de SM2, ce qui lui permettait de bénéficier du régime des "Bœufs". - Citation :
- J'avais enfin perçu dans l'image que le mataf se donnait de lui-même une forme d'homme libre, prêt à toutes les aventures notamment avec la gent féminine attirée par son pompon rouge Poster une réponse Marinos Avec des expressions significatives comme : "Machin, il s'est fait avoir par une Bretonne." : il s'est fiancé, ou pire marié (auquel cas il devient un "pigeon bagué" !)
Il existait, en Corse, la BAN Aspretto; durant les décennies 1950-1960, la fréquentation amoureuse avec les jeunes iliennes constituait assez souvent un exercice à "haut risque", car leur parentèle (père, frère, cousin) était légendairement sourcilleuse sur la "pureté" et le "sérieux" de leurs relations. Le mataf avait fréquemment la réputation d'être "volage" et, si, quand la relation aboutissait au mariage, il n'y avait pas trop de problèmes, ce n'était pas le cas pour des "liaisons" plus occasionnelles, voire "furtives". Quand la vindicte familiale s'abattait un peu trop sur le mataf "coupable", on collait le "fautif" dans un appareil de transport, qui le déchargeait sur un terrain métropolitain de l'Aéronavale, en attente d'une nouvelle affectation moins "risquée". En parlant de relations amoureuses passagères ou durables, ceux d'entre nous qui avaient servi dans nos territoires d'Outre-Mer du Pacifique, ont, fréquemment, des souvenirs émus avec, à Papeete, des rencontres avec la jeune gente masculine locale, bien souvent de "beaux bébés" naturels de 100 kg et plus, presque entièrement élevés à la bière locale, et à l'humeur bagarreuse réputée, qui, alors qu'ils se promenaient gentiment "la main dans la main", même avec "une jeune blonde aux yeux bleus", manifestement pas originaire de la population autochtone polynésienne, se faisait interpeller par un petit groupe de "tahitiens" (trois quintaux ou plus!)... Qu'est-ce que tu fais avec "ma sœur" ? Ah, encore quelques souvenirs"persos" à propos du "pain de fesses"! A Rochefort-sur-Mer, où il y avait, à l'époque, une grande base-école interarmes Armée de l'Air (très majoritaire) et Marine (Aéronavale), cette dernière, relativement peu nombreuse (y compris, la deux-centaines de matafs, tous grades confondus, que nous étions à occuper la vieille Caserne Martrou colbertienne)... il y avait, en ville, un "dancing" réputé, le célèbre Casino des Fleurs, qui faisait le plein (800 à 1000 personnes!) chaque samedi-soir et dimanche après-midi (entre 17H00 et 20h30). Un gros "machin", avec trois bars, un wagon de tables et chaises, une immense piste de danse, un orchestre avec chanteurs et chœurs, installé au-dessus de la piste, avec, en dessous, un "tunnel" d'une bonne douzaine de mètres de long. Je ne vous apprends rien, alors que, réglées comme du "papier à musique", s'y succédaient les périodes de "jerk", de rock, de paso-doble, de tango et de Slows! Durant les deux dernières citées, quand on avait pu se dénicher une "danseuse", l'objectif était de les "tester" en les entrainant (sans forcer!), tout en dansant, dans le "tunnel"! On pigeait très vite lesquelles de nos "invitées" refusaient ou jouaient le jeu.; de toute manière, en invitant la même "danseuse", pour une nouvelle série de slows, on constatait très vite sa "réaction"! Dans la gente féminine qui fréquentait l'établissement, alors, le principal lieu de distraction locale (avec les cinémas et les bistrots!), il y avait de la petite "bourgeoise" urbaine et de très nombreuses jeunes femmes, dont, un bon paquet d'entre-elles, durant la semaine, travaillaient dans la firme Zodiac - ont identifiaient certaines à leur paumes de main "râpeuses", résultat du ponçage des "caoutchoucs" et de la fibre de verre! -. Pour ces dernières, le "Casino des Fleurs" était une opportunité pour se "dénicher" un futur époux; dans ce domaine particulier de recherche, elles avaient le "pif", car elles "ciblaient", en priorité, les "Gonfleurs d'Hélice", dont la profession était jugée plus stable et, "accessoirement", mieux rémunérée, car, en tant qu'engagés et en sortie d'école, ils étaient, quasiment tous, promus sergents, avec la solde du grade à la clé! C'est ainsi, que "huit ans" plus tard, à Nancy, j'avais croisé dans la rue, l'une d'elles, au demeurant ravissante (dans sa prime jeunesse), au bras d'un sergent-chef de l'Armée de l'Air, basé à Toul, avec qui, déjà, elle "s'affichait" à Rochefort! Le "Mataf" avait souvent "mauvaise réputation"; quand il avait un peu de "bouteille" et les moyens de les fréquenter, les "boites de nuits" ou "night-clubs", y compris ceux des plus huppés et réputés, installés sur la Côte d'Azur, constituaient un terrain de "chasse" beaucoup plus propice. J'ai, ainsi, moi-même, profité de l'amitié qui me liait, entre autres, à un camarade quartier-maitre, un vrai "play-boy", "égaré" dans la Royale, qui avait eu une longue liaison, faisant office de "gigolo", avec la propriétaire ("vieille trentenaire"), de, alors, l'un des plus gros salons de coiffure cannois! C'était un truc de "fou"! Appartement luxueux en bord de mer, à sa disposition, Rolls-Royce blanche cabriolet, avec sellerie en cuir rouge et chauffeur, pour circuler durant le Festival, chris-craft flambant neuf offert pour ses "25 ans", piscine remplie de champagne (si, si!)! ... Pour finir, je me m'étais retrouvé, quelques temps plus tard, alors que nos "métiers" nous avaient séparé - lui, dans le "civil", moi, dans la Marine - avec des lettres de sa "compagne", qu'il avait entre temps éconduite, pour tenter d'intercéder sur son "retour"! ... mais, comme ses lettres m'étaient parvenues au domicile parental, ma "Môman" - qui surveillait mon "courrier"! - s'était, alors, fermement opposée à toute intervention de ma part! A l'époque, nous avions "deux vies", l'une "navale, dans la journée et durant les tours de service, l'autre "civile", la nuit et les WE "libres", avec, bien souvent, pour résultat, que dans la journée, nous étions souvent amenés à "travailler au radar", après de (trop) longues nuits sans sommeil! C'était une époque "folle", même si le "révolution sexuelle" soixante-huitarde n'avait pas encore produit ses "effets". Il y avait, alors, un véritable contingent de jeunes "parisiennes", plus ravissantes les unes que les autres et très "prout-prout", qui venaient s'égarer sur la "Côte" et y "chasser le portefeuille au bout de la b...". Je sais, çà n'a plus grand-chose à voir avec la "chose navale", mais, pour certains d'entre nous, même si nous n'étions pas très nombreux, çà avait aussi constitué une partie non négligeable de notre "quotidien" et c'était, surtout, dans "l'air du temps". J'avais, à nouveau, connu une ambiance assez proche, mais, par contre, beaucoup plus discrète, quand j'avais été affecté à Nimes-Garons. Sinon, le "boulot" et la discipline navale étaient une chose, tandis que notre "vie" privée était, elle, un tout autre domaine! C'était, aussi, une époque, où, en conjuguant nos soldes, nous pouvions, sans problème, louer un appartement (mieux que) sympa, avec autant de chambres individuelles nécessaires, voire une villa, mis en location par un officier, parti en mission dans le Pacifique (!), acquérir une voiture d'occasion commune, en se partageant l'achat, la carte grise, tandis qu'un autre réglait l'assurance. Dans tous les cas, nous étions, tous, des intervenants spécialisés en "Aéronautique", alors que les voitures en circulation à l'époque n'étaient guère compliquées à entretenir et, au besoin, à réparer! |
| | | Bleu Marine Elève officier
Nombre de messages : 1154 Age : 72 Ville : Clermont-Ferrand Emploi : Retraité Date d'inscription : 29/01/2014
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Mer 16 Oct 2024, 13:59 | |
| Bonjour, - Loïc Charpentier a écrit:
- Il y avait, également, les quartier-maitres-chefs CS (du Cadre Spécial); je n'ai connu que des fusiliers-marins qui avaient bénéficié de cette promotion "particulière". Ils étaient autorisés à porter l'uniforme des officiers-mariniers, avec un galon doré de second-maitre de 2ème classe, barré de deux "sabords" rouges, et à loger dans les postes d'officiers-mariniers. [...]
A leur sujet, Wiki commet une erreur, car le grade de QM CS n'était pas "un grade d’attente avant la promotion à celui de second maître", mais plutôt une compensation honorifique, faute de pouvoir accéder au cours de "chouf" de la spécialité, encore une fois, en raison d'une "instruction générale" jugée insuffisante. J'en ai connu un certain nombre, effectivement de la spécialité fusilier-marin. Je peux me tromper mais ils me semblaient jeunes et pleins d'avenir, brevetés commando, et dotés d'un uniforme d'officier-marinier pour asseoir leur crédibilité en tant que "fils du bidel", ou pour parler plus "officiellement" de sergents d'armes adjoints du capitaine d'armes, pour faire respecter la discipline à bord. |
| | | Loïc Charpentier Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4905 Age : 78 Ville : Oberbronn Emploi : retraité "actif" Date d'inscription : 24/01/2013
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Mer 16 Oct 2024, 18:32 | |
| - Bleu Marine a écrit:
- Bonjour,
- Loïc Charpentier a écrit:
- Il y avait, également, les quartier-maitres-chefs CS (du Cadre Spécial); je n'ai connu que des fusiliers-marins qui avaient bénéficié de cette promotion "particulière". Ils étaient autorisés à porter l'uniforme des officiers-mariniers, avec un galon doré de second-maitre de 2ème classe, barré de deux "sabords" rouges, et à loger dans les postes d'officiers-mariniers. [...]
A leur sujet, Wiki commet une erreur, car le grade de QM CS n'était pas "un grade d’attente avant la promotion à celui de second maître", mais plutôt une compensation honorifique, faute de pouvoir accéder au cours de "chouf" de la spécialité, encore une fois, en raison d'une "instruction générale" jugée insuffisante. J'en ai connu un certain nombre, effectivement de la spécialité fusilier-marin. Je peux me tromper mais ils me semblaient jeunes et pleins d'avenir, brevetés commando, et dotés d'un uniforme d'officier-marinier pour asseoir leur crédibilité en tant que "fils du bidel", ou pour parler plus "officiellement" de sergents d'armes adjoints du capitaine d'armes, pour faire respecter la discipline à bord. De mon côté, je n'ai connu, durant mon "bref séjour" au CFM Hourtin, que de "vieilles rampouilles" (en toute politesse!) très largement décorées, qui nous inspiraient d'office le respect. Fin 1964, il n'y avait, dans ce cas, que ces QM CS, chargés de notre instruction "militaire" et l’Aumônier Principal, une vieille figure respectable, à l'expérience et l'humanité ravageuse au premier coup d’œil, qui nous inspiraient d'office le respect... même, si l'époque était largement moins "iconoclaste". Envers les officiers, c'était la stricte application de la discipline militaire; envers eux, c'était plus complexe, car, en ce qui concerne l'Aumonier, il y avait un tel rayonnement naturel de bonté et de connaissances humaines - malgré mon éducation catholique, je ne suis très loin d'être un "converti" borné - qu'il faisait, parmi nous, l'unanamité! Quant à ces "quartier-maitres CS", même s'ils avaient tendance à "aboyer" - mais, sans pour autant, jouer les"infligeurs de punitions" - leurs compétences et expériences imposaient le respect aux aimables jeunes "trouducs" que nous étions. C'est assez compliqué à comprendre, mais, durant notre bref séjour de "quatre semaines" au CFM Hourtin, on s'y efforçait à nous inculquer les "bases" de la discipline militaire et navale. Pour le reste, çà s'apprenait durant nos cours de spécialité puis de nos affectations, sans pression particulière, si ce n'était le respect quotidien, non forcé, de la discipline hiérarchique et professionnelle. Durant mes années de marine, je n'ai jamais rencontré le moindre sous-officier "aboyeur", tel qu'on peut le voir, à l'occasion de certains reportages de l'US Army ou de l'USMC! Une fois embarqué, en base ou sur un PA, çà se réglait, en tête à tête, "une fois par an", lors de l'évaluation personnelle, avec l'officier chef de service. C'était relativement simple, soit on se retrouvait classé "bon sujet", soit "personnage irrécupérable", soit "récupérable"; ce qui avait été mon cas, faute de toute expérience pratique technique - j'avais, à peine, 18 balais, sortais de "Terminale" classique de lycée et n'avais jusque-là jamais vu la moindre "clé à pipe", encore moins une à l'échelle impériale britannique! J'avais eu l'extrême chance de tomber sur un Officier des Equipages, de très grande qualité, qui m'avait "offert" six mois supplémentaires, pour parvenir à démontrer un minimum de compétences techniques dans mon activité. J'avais, alors, fait le forcing en m'efforçant de répondre aux attentes - ce qu'il y a bien avec l'Electricité et la Mécanique, c'est que, "à l'usage", on finit assez vite à en repérer les contraintes! - Finalement, après cette période d'épreuve, sans pression particulière, il m'avait sélectionné - pas folle, "la Guèpe" -, compte-tenu de mes compétences en rédaction en français et aussi de mes rares (à l'époque) connaissances, chez les "Rampants" de la langue anglo-saxonne, alors que plus des trois-quarts de notre doc technique (HSS, Neptune P2V6/P2V7, TBM, Crusader) étaient rédigés dans cette langue! Je vais très surement dater, mais j'ai de très bons souvenirs de cette époque, qui était, encore, bien souvent, dans la Marine, le règne de la "démer...", de la "b... et du couteau" et où on pouvait encore faire sa place, avec ses maigres compétences, à condition de les "démontrer"! Il semble, malheureusement, que cette époque n'est plus de mise! De ce que j'ai cru comprendre, les responsabilités confiées par grade et "compétences"se sont, toutes, cassées la gueule; le Maitre, certifié BS, effectue désormais les taches qui, de mon temps,étaient confiées aux quartier-maitres! Il y a, tout à la fois, la réduction drastique du personnel de l'Aéronaval, passé, désormais, à moins de 10 000 hommes, au sein d'une Marine Nationale, qui ne compte plus, elle-même, que 38 000 hommes... qu'elle est contrainte, chaque année, à devoir renouveler de plus de 10%! Le supposé niveau général d'instruction scolaire n'a pas, non plus, arrangé la situation! Avec, depuis les années 1981 et plus, des "réussites" de l'ordre de 90% "au BAC", toute "branche confondue" sont désormais choses courantes. Au sein de l'Armée Française, toutes Armes confondues, çà l'avait amené à réviser et renforcer ses "critères de choix", d'autant que, après la suppression du "service militaire obligatoire", elle avait, découvert, au tournant des années 1990-2000, qu'elle faisait souvent office de "refuge d'emploi" pour une population de supposés "engagés volontaires", en "errance" et dépourvue de toute motivation militaire! Au sein-même de la Marine, alors que, de "notre temps" les contrats d'engagements volontaires de cinq ansétaient choses courantes et, ceux de "trois ans", très minoritaires, de nos jours, ces "contrats courts" sont devenus la "règle"... avec, à la règle, depuis peu, une période "transitoire" d'adaptation de +/- "4 mois", destinée à la "recrue" pour "savoir", si elle se satisfaisait (c'est un grand mot!) du contexte militaire! C'est du grand "portenawak", mais, dorénavant, c'est la règle! Sans aucune connotation "raciste" particulière de ma part, l’Aéronavale s'était retrouvée à devoir recruter pour ses équipes de câbleurs, sur les ponts d'envol de ses PA, depuis, lors, réduit au seul CDG, à un personnel français d'origine maghrébine, dont le niveau d'instruction correspondait grosso-modo à celui du matelot "sans spécialité", engagé (mais pour 5 ans!) au début du siècle précédent! Dans cette "spécialité" - qui n'en était pas une! -, c'était, au mieux, un boulot de m..., sans pratiquement, aucun avenir! Donc, fort logiquement, des "contrats" non renouvelés, tandis que "l'épidémie" s'était propagée dans les les spécialités techniques! Je ne sais pas trop ce qu'il en est des "primes d'engagement", mais, de ce que j'ai cru lire, elles sont des plus miséreuses, de l'ordre de 1200 €, au prorata d'un engagement de plus de trois ans, avec le complément d'une tripotée de "conditions particulières " pour parvenir à en toucher un chouïa plus! De mon temps, c'était très "simple", parvenus à l'âge révolu de 18 ans, nous pouvions intégrer les Armée de l'Air ou de Terre, nous touchions une prime de 15 000 "francs lourds" (l’équivalant de 4000 euros, ) -une véritable fortune à l'époque où le salaire ouvrier était de 7000 francs /mois et que tu "pétais", déjà, largement dans "la soie", avec 15 000 francs mensuels! : Sinon, dans la Marine, pour un engagement de "5 ans", nous percevions une royale "prime de 2 000 francs" - plus de sept fois moins -, soigneusement répartie sur notre temps de "service obligatoire", ce qui fait que nous n'en voyons pas ou presque "la couleur"! Mises à part nos compétences physiques personnelles, dans nos propres spécialités aéronautiques techniques, au sein des Armées de Terre et de l'Air, nous rejoignions d'office les pelotons de sous-officiers, avec, à la clé, à la fin de la "PDL" (période du durée légale), des soldes très largement doublées, par rapport à nos grades navals (sauf, peut-être, pour le personnel opérant en mer!... mais, pour eux, çà se limitait à leur période de mission ou de campagne!). Bref, "pépêtes ou non", nous nous posions, alors, aucune question "métaphysique" particulière. Notre devenir "naval" ne dépendait que des opportunités, qui nous étaient offertes (sur sélection!), pour accéder aux cours de Chouf, puis de BS. Nous étions, tous, largement conditionnés au "service intensif" par quart et à nos mutations, qui survenaient, généralement, après deux ans d'affectation. Cette situation "quasi-permanente" de changement d'affectation finissait pas poser problème au sein des couples mariés, les épouses, surtout avec des "lardons", souhaitant, bien souvent et très légitimement, une situation "géographique" plus "stable". En rappelant, au passage, que les officiers de marine et leurs familles étaient, eux-mêmes, astreints aux mêmes contraintes! |
| | | JJMM Elève officier
Nombre de messages : 1034 Age : 75 Ville : Lotharingie Emploi : Casquette à carreaux Date d'inscription : 07/06/2017
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Jeu 17 Oct 2024, 09:35 | |
| Houla Loïc, tu réveilles des vieux souvenirs de ''Popaa'' avec tes ''Rere'' protégés ou tolérés !!! Je confirme que les QM CS étaient uniquement des ''saccos'', ça faisait plus ''gradé'' ne serait-que pour encadrer les bleus que nous étions. Nos soldes une fois passée la durée légale et le grade de QM surtout dans le Pacifique faisait tilter mon père qui ne gagnait guère au même moment ! Dur a été le retour dans le civil ensuite... |
| | | DahliaRose Premier Maître
Nombre de messages : 705 Age : 13 Ville : Sous la dunette (avec maman…) Emploi : À la grande école !! Date d'inscription : 29/08/2011
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Jeu 17 Oct 2024, 09:41 | |
| - Loïc Charpentier a écrit:
- […] Mises à part nos compétences physiques personnelles […] nous rejoignions d'office les pelotons de sous-officiers, avec, à la clé, à la fin de la "PDL" (période du durée légale), […]
Pas plutôt « Pendant Durée Légale » ? (par différence avec ADL = Après Durée Légale - Citation :
- […] De mon temps […] parvenus à l'âge révolu de 18 ans, nous pouvions intégrer les Armée de l'Air ou de Terre, nous touchions une prime de 15 000 "francs lourds" (l’équivalent de 4000 euros, ) -une véritable fortune à l'époque où le salaire ouvrier était de 7000 francs /mois et que tu "pétais", déjà, largement dans "la soie", avec 15 000 francs mensuels ! :
Sinon, dans la Marine, pour un engagement de "5 ans", nous percevions une royale "prime de 2 000 francs" - plus de sept fois moins -, soigneusement répartie sur notre temps de "service obligatoire", […] Véritables fortunes en effet. En 1965 : 15 000 F =~25 000 € de 2024 (donc six fois l'équivalent évalué de 4000) Salaire ouvrier mensuel affiché pour 1965 (7000) serait donc de ~12 000 € de 2024 !!! Y a effectivement largement de quoi "péter dans la soie" ! Le salaire ouvrier en question (7000) devait plutôt être annuel. |
| | | JJMM Elève officier
Nombre de messages : 1034 Age : 75 Ville : Lotharingie Emploi : Casquette à carreaux Date d'inscription : 07/06/2017
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Jeu 17 Oct 2024, 10:46 | |
| Ah oui j'ai pas fait attention ! 7000 F par mois ? Beaucoup trop, mais par an, non un peu plus quand même ! Il me semble que je gagnais 1200 F environ par mois comme OHQ 3 en 1972... Ni CFA ni CFP il va de soi, franc '' lourd '' comme dit Pépé Lolo ! |
| | | DahliaRose Premier Maître
Nombre de messages : 705 Age : 13 Ville : Sous la dunette (avec maman…) Emploi : À la grande école !! Date d'inscription : 29/08/2011
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Jeu 17 Oct 2024, 12:17 | |
| - JJMM a écrit:
- Ah oui j'ai pas fait attention ! : wink:
7000 F par mois ? Beaucoup trop, mais par an, non un peu plus quand même ! Il me semble que je gagnais 1200 F environ par mois comme OHQ 3 en 1972 […] En 1972 ? oui, ça paraît cohérent. Mais entre 1965, et 1972, quelques événements sont survenus (ou même advenus), et qui ont un peu modifié l'échelle des salaires. Au fait : - Citation :
- Houla Loïc, tu réveilles des vieux souvenirs de ''Popaa'' avec tes ''Rere'' protégés ou tolérés !!! […]
… où donc est-il question de Rere ( Raerae ?) dans l'exposé précité ? |
| | | Loïc Charpentier Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4905 Age : 78 Ville : Oberbronn Emploi : retraité "actif" Date d'inscription : 24/01/2013
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Jeu 17 Oct 2024, 14:49 | |
| - Citation :
En 1972 ? oui, ça paraît cohérent. Mais entre 1965, et 1972, quelques événements sont survenus (ou même advenus), et qui ont un peu modifié l'échelle des salaires.
Promu SM2 le 1er octobre 1968, j'avais touché, d'après mon livret de solde, pour le dernier trimestre 1968, 3610 Francs, soit une moyenne de 1203 francs mensuels - sans prime particulière -, "nourri, logé, blanchi". En réalité, nous étions nombreux à louer un appartement "en ville", en le partageant en autant de chambres individuelles disponibles, le séjour, la cuisine et la salle-de-bain étant "communs". Personnellement, quand je n'étais pas de service, "accompagné" ou non, j'allais souvent diner le soir et le WE, au resto, car il y avait, alors, de "bonnes tables" à prix très modiques. - Citation :
- Au fait :
- Citation :
- Houla Loïc, tu réveilles des vieux souvenirs de ''Popaa'' avec tes ''Rere'' protégés ou tolérés !!! […]
… où donc est-il question de Rere (Raerae ?) dans l'exposé précité ? " Tahiti, tamouré" Il y avait effectivement des " rérés", mais, plus haut, j'évoquais, plus particulièrement, les "aimables" quintaux et plus de mâles locaux dotés, bien souvent, d'un tempérament un gros poil bagarreur. |
| | | JJMM Elève officier
Nombre de messages : 1034 Age : 75 Ville : Lotharingie Emploi : Casquette à carreaux Date d'inscription : 07/06/2017
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Jeu 17 Oct 2024, 17:16 | |
| - DahliaRose a écrit:
- JJMM a écrit:
- Ah oui j'ai pas fait attention ! : wink:
7000 F par mois ? Beaucoup trop, mais par an, non un peu plus quand même ! Il me semble que je gagnais 1200 F environ par mois comme OHQ 3 en 1972 […] En 1972 ? oui, ça paraît cohérent. Mais entre 1965, et 1972, quelques événements sont survenus (ou même advenus), et qui ont un peu modifié l'échelle des salaires. Au fait : - Citation :
- Houla Loïc, tu réveilles des vieux souvenirs de ''Popaa'' avec tes ''Rere'' protégés ou tolérés !!! […]
… où donc est-il question de Rere (Raerae ?) dans l'exposé précité ? C'est vrai, mai 1968 a fait bouger les choses et les feuilles de paye/solde/traitement/pension etc... Oui Raerae est le bon mot en Polynésie, j'ai fait une " fôte", et c'était pas toujours des malabars !! Un RaeRae est un homme se comportant et se considérant comme une femme pour ceux qui ne savent pas... |
| | | thésard26 Matelot de 2ème classe
Nombre de messages : 6 Age : 24 Ville : Paris Emploi : Doctorant Date d'inscription : 02/10/2024
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Ven 18 Oct 2024, 11:36 | |
| Bonjour à tous les participants de cette discussion,
Je suis extrêmement ravi que le débat se soit installé entre vous et que cette page soit dynamique.
Je reçois par mails de nombreux messages tournant autour de ce débat et cela me fait rudement plaisir.
Je ne peux que vous encourager à continuer vos discussions que je lis avec la plus grande attention.
Je me permets seulement de l'alimenter : il y avait-il pour vous une vraie différence de statut/place sociale/grade/expérience entre les fusiliers marins et les purs marins de bord ? Que cela changeait-il (ou non) pour vous et quelle image aviez vous d'eux ? Et mieux, si vous en étiez un, comment viviez vous cette condition ?
Merci beaucoup !!!! |
| | | Loïc Charpentier Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4905 Age : 78 Ville : Oberbronn Emploi : retraité "actif" Date d'inscription : 24/01/2013
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Ven 18 Oct 2024, 14:57 | |
| Bonjour, Je vais tenter de résumer mon ressenti personnel, mais il n'engage que moi. Le corps des fusiliers-marins appartient certes à la Marine Nationale et à son "Service Général", comme le prouvent d'ailleurs les uniformes et les grades, mais, néanmoins, ils constituent une catégorie "à part". A l'origine, cette spécialité avait été mise sur pied durant la seconde moitié du XIXème siècle, pour au moins deux raisons; d'une part, l'expansion de notre "Empire Coloniale" monopolisait l'essentiel des troupes de l'Infanterie de la Marine - qui, jusqu'en 1893 ou 1895 - j'ai un doute sur la date précise -, étaient, elle-mêmes, comme les équipages de la Marine, placées sous l'autorité du Ministère de la Marine et des Colonies. En gros, jusqu'aux années 1850-1860, il avait, également, existé un corps d'Artillerie de la Marine, dont le personnel associé aux équipages assurait le service des batteries au combat. L'évolution de la technologie des pièces de marine embarquées avait entrainé une spécialisation du personnel de "canonnage", au sein des équipages et officiers de marine, et progressivement, celui de "l'Artillerie de la Marine" s'était "retrouvé" affecté dans les batteries côtières et les formations "coloniales". Aux dates précitées, 1893 ou 1895, il avait été décidé d'intégrer les "Troupes de l'Infanterie et l'Artillerie de la Marine" au Ministère de la Guerre, celui de l'Armée de Terre - Tandis que "les Colonies" avaient constitué un Ministère distinct -, où, "progressivement", elles avaient été renommées Infanterie et Artillerie Coloniale, tout en étant autorisées à conserver sur leurs parements l'ancre de marine de leur ancienne appartenance. A bord des bâtiments et des installations à terre, les fusiliers-marins avaient, dès lors, "hérité" des "corvées de police", qui, précédemment, relevaient de l'Infanterie de la Marine, durant leurs "séjours" à bord - leur affectation (sauf pour une partie des membres de l'Artillerie de la Marine) à bord des bâtiments se résumait généralement à la durée de leur acheminement ou de leur retour vers ou depuis une affectation terrestre "coloniale". Cette "mission de police" qui leur avait été confiée et qui est, sauf erreur, toujours d'actualité, avait généré une distanciation notoire entre eux, les équipages, y compris le personnel de l'Aéronavale. D'autant que leur tenue de service n'était, elle-même, bien souvent qu'un treillis "kaki" de la Biffe, si ce n'était la coiffure et les insignes de grades. La discipline du bord ou dans les bases à terre était assumé par le "Bidel", le "capitaine d'armes", un officier-marinier supérieur issu du corps des "Fuscos" (fusilier-commando); dans certaines grandes bases et grands arsenaux, il y avait, de mon temps, une unité plus ou moins importante de la Gendarmerie Maritime, mais dont les fonctions premières étaient le contrôle de la circulation automobile routière, les délits menés hors de l'enceinte militaire, ainsi que les lourds délits (vols, agressions, meurtres, etc.) menés aussi bien au sein de ces mêmes enceintes, qu'à l'extérieur. Depuis lors, la loi a changé, et désormais tous les méfaits menés à l'extérieur de l'enceinte militaire relèvent de la Police Nationale et de la Justice "civile"! Il convient, aussi, de distinguer le gros du corps des fusiliers-marins de son "élite", les "Fusiliers-Marins-Commandos", qui arborent un béret vert, porté "à l'anglaise" et orné d'un gros insigne en "bronze". Cette "élite", sélectionnée après de très nombreux mois d'épreuve particulièrement compliquée; en gros, il faut un certain temps de service et plus d'un an pour sélectionner les "bons candidats" (tout grades confondus!), en "12 semaines", à partir d'épreuves particulièrement difficiles, et, à la louche, 9 à 10 mois d'instruction très-très pointue pour en faire des "commandos" correctement formés. De nos jours, il existe plusieurs (petites) formations Commandos, dont les missions sont bien spécifiques; par exemple, dans l'une, on va trouver des "chuteurs à haute altitude", des parachutistes de très haut niveau, dans une autre, des "nageurs de combat", tous, aussi performants. Leurs interventions, classées "Secret Défense", selon la situation, peu amener à engager, au besoin, un ou deux Commandos. Cette "image" des "fusiliers-marins commandos", qui a désormais fait l'objet de plusieurs reportages télévisuels "très soigneusement contrôlés", a très largement glissé "sous le boisseau", le rôle "ingrat" de police assuré au quotidien par les fusiliers-marins! Il y a également une distinction à faire, avec notamment la Brigade de "fusiliers-marins", commandée par l'Amiral Ronarc'h et ses exploits au combat de 1914-1915, dont, au passage, une bonne partie de l'unité était constituée de "matafs en dépot", qui, eux, n'étaient nullement préparés pour ces engagements terrestres! Dans les BAN (bases aéronavales), leur effectif se limitait bien souvent au mieux à une "malheureuse section", où, hormis le "Bidel" au statut officiellement et réglementairement avéré, leur "rôle" était des plus discrets, voire "imperceptible" au quotidien. Leur rôle principal était d'assurer la défense de la base, avant de devoir rameuter, si nécessaire, le personnel "spécialisé" de ladite base! En résumé, sans aucune connation péjorative à leur égard, les fusiliers-marins étaient, de mon temps, aimablement considérés comme des "Biffins " égarés" dans la Marine", car ils n'intervenaient pas dans les missions quotidiennes du Service Général ou de l'Aéronavale. Il fut un temps passé, où ils participaient à certaines manœuvres, comme le "levage des ancres", mais la mise en service des cabestans motorisés avait dispensé de leur "aide"! Mon propos n'a aucune intention supposée ostracise, mais se contente de "résumer" la situation existante et je laisse le soin à mes vieux camarades de confirmer ou infirmer mes dires. |
| | | Bleu Marine Elève officier
Nombre de messages : 1154 Age : 72 Ville : Clermont-Ferrand Emploi : Retraité Date d'inscription : 29/01/2014
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Ven 18 Oct 2024, 15:51 | |
| Bonjour, - thésard26 a écrit:
Je me permets seulement de l'alimenter : il y avait-il pour vous une vraie différence de statut/place sociale/grade/expérience entre les fusiliers marins et les purs marins de bord ? Que cela changeait-il (ou non) pour vous et quelle image aviez vous d'eux ? Et mieux, si vous en étiez un, comment viviez vous cette condition ? Dans mon vécu à bord, je ferais la distinction entre le "bidel" et "ses fils" et les autres fusiliers-marins, généralement officiers-mariniers affectés à un des services généraux. S'agissant de la "bidellerie", le premier réflexe de survie était de s'en méfier, pour ne pas se retrouver "sur la peau" (de bouc) (cahier des punitions). A l'usage, on pouvait voir qui était là pour gérer une indispensable discipline avec humanité et bon sens, et éventuellement ceux qui n'étaient pas dans cet état d'esprit. Les officiers-mariniers de la spécialité, généralement "d'un certain âge" affectés à d'autres missions (ex. : moniteurs de sport) ou services (service "Détail", entre autres) étaient le plus souvent de commerce agréable et proches de leur équipe, et avaient passé l'âge de vouloir jouer les "guerriers". Des marins comme les autres, à mes yeux. Les gendarmes maritimes, évoqués par Loïc, sont un autre monde. Sans nier le caractère indispensable de leurs missions, ils étaient aussi peu appréciés que les douaniers par les équipages. Avec des expressions comme " Sympa comme un flic maritime" ou " Ça un copain ? Un flic maritime, ouais."
Dernière édition par Bleu Marine le Ven 18 Oct 2024, 16:34, édité 3 fois |
| | | Bleu Marine Elève officier
Nombre de messages : 1154 Age : 72 Ville : Clermont-Ferrand Emploi : Retraité Date d'inscription : 29/01/2014
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Ven 18 Oct 2024, 16:20 | |
| Pour notre thésard, je vais essayer de balayer les motifs d’engagement, au-delà de la perception de la prime du même nom. En espérant ne pas trop schématiser.
Sans hiérarchisation :
- Effectivement percevoir la solde, la prime d’engagement, le pécule… - Vivre la mer, l’aventure, les voyages - Apprendre un métier technique - S’élever dans l’échelle sociale - Suivre une tradition familiale des régions côtières, échapper à un service militaire de deux à trois ans dans l'Armée de terre - Éviter le chômage, échapper à des ennuis judiciaires (« marché » souvent passé par les commissaires de police avant-guerre, ai-je lu) - S’écarter de l’emprise familiale - Pour l’École des Mousses, parfois (souvent ?) être rejeté par un foyer désuni ou « être mis en pension » pour diverses motivations parentales.
Je n'ai pas écrit "se battre, faire la guerre", les vocations de "warrior" me semblant assez rares, sauf probablement chez les fusiliers-marins-commandos.
Avec plusieurs types d’engagement :
- Un engagement de 5 ans, non renouvelé, pour ensuite s’installer comme cultivateur ou inscrit maritime, fonder un foyer avec un peu d'argent devant soi : cas fréquent fin 19e-début 20e siècle dans le Nord-Finistère (avec parfois un rengagement, dans la Marine ou dans l’Infanterie coloniale). Et plus récemment avec le départ vers une carrière civile pour un personnel considéré à juste titre par les employeurs comme qualifié et discipliné.
- Un engagement renouvelé dans le but d’atteindre 15 ans de service et toucher la « retraite proportionnelle à jouissance immédiate » ou « retraite à 15 ans », certes relativement modeste mais assurée. Une cible notamment pour nombre de jeunes engagées féminines de nos jours. De plus en plus difficile à atteindre, la durée ayant augmenté et la Marine veillant à se séparer de l’intéressé avant qu’il n’atteigne ce Graal.
- Une carrière complète « sous l’État », avec la sécurité d’emploi du fonctionnaire après accès au « Cadre de Maistrance ». Une retraite relativement précoce permettant le cumul avec un emploi civil pendant une dizaine d’années. |
| | | Loïc Charpentier Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4905 Age : 78 Ville : Oberbronn Emploi : retraité "actif" Date d'inscription : 24/01/2013
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Sam 19 Oct 2024, 19:35 | |
| Situation générale très bien résumée, dans le post précédent, par notre camarade. C'était, avant tout, un travail ou une "activité professionnelle", soumise, certes, à des contraintes particulières, mais qui n'avaient rien de particulièrement "rédhibitoires" ou excessivement contraignantes, à partir du moment où on les acceptaient. J'aurais même tendance à dire que, dans les années 60, la "situation" était bien souvent meilleure dans la Marine, que dans le "civil" ou, même le "privé"... mais, çà date! - Citation :
- Un engagement de 5 ans, non renouvelé, pour ensuite s’installer comme cultivateur ou inscrit maritime, fonder un foyer avec un peu d'argent devant soi :
Dans les années 1950-1960 et le début de 1970 (avant la "Réforme Giscard"), les engagés "courts" de 3 ans se cassaient vite fait à l'échéance de leur contrat, mais la Marine avait pris en compte leur "volatilité". Par contre, au sein des "engagés de 5 ans", le prolongement (ou "rempilage") était quasiment de règle. Au bout, il y avait, pour l'essentiel des spécialités de l’Équipage, l'admission au "cours de chouf" (de la spécialité), d'une durée de 6 à 9 mois, puis, en gros, 6 à 9 mois plus tard (selon la date de sortie), l'attribution du grade d'officier-marinier - à l'époque second-maitre de 2ème classe -. La suite logique était d'être sélectionné, pour +/- 3 ans (selon la spécialité), après avoir été promu OM, sur recommandation de l'E.M. de la formation, intégré le cours du Brevet Supérieur de la spécialité, qui permettait, à l'époque, d'accéder aux grades d'officiers-mariniers supérieurs (Premier-Maitre, Maitre Principal) ainsi que de quandidater au concours des "Officiers des Équipages" (qui n'existe plus de nos jours). Là, je vais m'amuser à citer mon cas personnel. Promu second-maitre en moins de 4 ans de service, pas trop demeuré intellectuellement et techniquement, j'offrais, après avoir rempilé de "deux ans" pour suivre le cours de chouf et, ainsi, "couvrir à minima" les frais engagés par la Marine pour me faire suivre ce cours, le "profil idéal" pour être proposé à terme, pour le BS! Mal m'en avait pris en déclinant la seconde proposition de réengagement, six mois avant la fin de la reconduction de mon contrat légal! Du jour au lendemain, j'étais devenu un "pestiféré", une très probable "faignasse", censée "croupir" lamentablement dans un emploi "civil" sans aucun avenir! Et, dans la foulée, à tous les niveaux hiérarchiques, on avait pris soin de transformer mes dernières semaines d'activité militaire en "enquiquinement maximal". A quelques semaines de "la quille", je m'étais ainsi retrouvé, à l'occasion de deux retards successifs de moins de 5 minutes, à l'Aubette (l'entrée de la base), résultats d'encombrements et accidents routiers - qui valaient, au mieux, une 'remontrance" -, condamné, d'abord, à 8 jours d'arrêt simple, puis 15 jours du même tabac... ce qui fait que j'avais achevé mes années de service, l'ultime dernier jour, en tant que chef d'aubette de 16 à 20H00, puis de 04H00 à 08H00, dans la nuit d'une vendredi à samedi, bien évidemment, nuit durant laquelle, j'étais, en même temps, censé me "garder", vu que j'étais aux arrêts! Durant, cette même nuit, je m'étais fais le plaisir de "déserter" entre minuit et 04H00 du mat, ma "copine" étant venu m'attendre avec sa voiture sur le parking! Revenu à l'heure, pour assurer la relève, mon "escapade" était totalement passée inaperçue, et, après m'être cogné le "p'tit dej", j'avais définitivement quitté la Marine, avec, malheureusement, un très sérieux ressentiment à l'égard du comportement d'une partie de son encadrement! Cela dit, les jours de congés, que j'avais alors posés, m'ayant bien évidemment été refusés, m'avaient été payés "rubis sur ongles" avec mon "solde de tout compte"! Ah, si, un "truc bizarre" que je n'ai jamais réussi à "élucider", mais qui ne m'avait pas posé de problème particulier, la Marine m'avait réclamé la "restitution" d'une somme de 2000 francs, réglée lors de mon réengagement, mais, pour laquelle, selon elle, ne correspondait pas à la durée du réengagement... qu'elle m'avait, elle-même, établie et proposée! Il ne faut surtout pas chercher à comprendre! |
| | | DahliaBleue Amiral
Nombre de messages : 12881 Age : 43 Ville : Au septième Ciel… sous la dunette Emploi : Passagère du Vent Date d'inscription : 21/06/2010
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Dim 20 Oct 2024, 15:55 | |
| - Bleu Marine a écrit:
- […]
- Suivre une tradition familiale des régions côtières, […] Démarche pas réservée aux régions côtières. Les Alsaciens et les Lorrains ont été (et sont) nombreux dans la marine. - Citation :
- […] Je n'ai pas écrit "se battre, faire la guerre", les vocations de "warrior" me semblant assez rares, sauf probablement chez les fusiliers-marins-commandos. […]
… ainsi que quelques autres spécialités du même acabit : canonniers, missiliers. Moins vrai, en effet, pour les "bras cassés" ( administratifs). Une donnée plus surprenante, remarquée au cours des processus de sélection-orientation : les profils psychologiques très similaires des infirmiers et des fusiliers ! Cela s'expliquerait par leurs préférences et aptitudes (communes) d'agir sur l' humain, davantage que sur le "technique". |
| | | Bleu Marine Elève officier
Nombre de messages : 1154 Age : 72 Ville : Clermont-Ferrand Emploi : Retraité Date d'inscription : 29/01/2014
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Dim 20 Oct 2024, 20:50 | |
| Bonsoir - DahliaBleue a écrit:
… ainsi que quelques autres spécialités du même acabit : canonniers, missiliers.
"L'acabit" me semble un peu différent entre charger un obus dans un canon dont le pointage est fait par quelqu'un d'autre et tirer soi-même sur un gars entre les deux yeux ou planter un couteau dans une sentinelle... - Citation :
Moins vrai, en effet, pour les "bras cassés" (administratifs).
Un grand merci de votre serviteur, BE Secrétaire militaire pour cette marque de considération qui lui va droit au cœur. (et qui a quand même eu l'occasion de participer à une embuscade - à blanc - tendue à une colonne de la Légion étrangère ) - Citation :
Une donnée plus surprenante, remarquée au cours des processus de sélection-orientation : les profils psychologiques très similaires des infirmiers et des fusiliers ! Cela s'expliquerait par leurs préférences et aptitudes (communes) d'agir sur l'humain, davantage que sur le "technique". Il y a des "actions" sur "l'humain" qui relèvent de catégories quelque peu différentes... |
| | | JJMM Elève officier
Nombre de messages : 1034 Age : 75 Ville : Lotharingie Emploi : Casquette à carreaux Date d'inscription : 07/06/2017
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Lun 21 Oct 2024, 09:21 | |
| Les fusiliers pour moi étaient surtout présents au GEM pour l'encadrement et la formation militaire des apprentis, ensuite à bord, ils étaient moins nombreux et s'occupaient de la ''police'' et du respect de la discipline, je n'ai pas souvenir de les avoir vu en tenue kaki comme maintenant, Ils étaient bien acceptés et faisaient leur travail sans nous casser les pieds...
Suite supprimée par l'auteur...
Dernière édition par JJMM le Sam 26 Oct 2024, 10:58, édité 1 fois |
| | | JJMM Elève officier
Nombre de messages : 1034 Age : 75 Ville : Lotharingie Emploi : Casquette à carreaux Date d'inscription : 07/06/2017
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Sam 26 Oct 2024, 10:57 | |
| Bonjour Quelqu'un a t'il contacté le demandeur et reçu une réponse ? Dans mon cas, 3 mails et 2 retours, j'attends encore des nouvelles après le 3ème envoi de mes impressions il y plus de 10 jours... |
| | | Loïc Charpentier Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4905 Age : 78 Ville : Oberbronn Emploi : retraité "actif" Date d'inscription : 24/01/2013
| | | | JJMM Elève officier
Nombre de messages : 1034 Age : 75 Ville : Lotharingie Emploi : Casquette à carreaux Date d'inscription : 07/06/2017
| Sujet: Re: Recherches témoignages pour thèse en Histoire Mar 12 Nov 2024, 21:24 | |
| J'ai reçu une réponse en début d'après midi, impatience quand tu nous tiens ! |
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