Recherches témoignages pour thèse en Histoire

Bonjour,

Je me présente je suis Loan Peuch, doctorant à l'université Paris 1 Panthéon Sorbonne. Je prépare actuellement une thèse sur l'image et la représentation qu'on se fait du marin dans les arts et dans l'imaginaire culturel.

Je suis donc en recherche de témoignages d'anciens marins de la Marine nationale ayant servi entre 1940 et jusqu'au début des années 60, et souhaitant me raconter leur vision du métier, la façon dont ils étaient perçus par des tiers, leurs relations au sein du navire...

Je m'intéresse surtout à la manière dont vous viviez votre engagement, dont vous en parliez, que impact cela avait-il sur votre vie sociale, quels étaient vos sentiments sur les navires, de quelle manière souhaitiez vous qu'on parle de vous, qu'on vous représente ? quels étaient vos modèles, vos aspirations et/ou vos rêves ? quels effets votre engagement avait-il sur la l'image qu'on avait de vous ?

Je suis également en recherches de témoignages de descendants de ces marins, pouvant me raconter le vécu de leurs aïeuls !

Merci pour vos réponses et à très vite

Bon vent

L.P.

thésard26 a écrit:

Je suis donc en recherche de témoignages d'anciens marins de la Marine nationale ayant servi entre ?? jusqu'au début des années 60, et souhaitant me raconter leur vision du métier, la façon dont ils étaient perçus par des tiers, leurs relations au sein du navire...
Je m'intéresse surtout à la manière dont vous viviez votre engagement, dont vous en parliez, que impact cela avait-il sur votre vie sociale, quels étaient vos sentiments sur les navires, de quelle manière souhaitiez vous qu'on parle de vous, qu'on vous représente ? quels étaient vos modèles, vos aspirations et/ou vos rêves ? quels effets votre engagement avait-il sur la l'image qu'on avait de vous ?

Bonsoir
Il manque une période dans la demande "jusqu'au début des années 60", donc je présume fin de la seconde guerre mondiale ?
Cela suppose de notre part un travail de réflexions, de recherche et d'écriture assez dense selon la période passée !
Pour ma part en activité de 1965 à 1972, donc je n'ai pas de documents de ce genre et hors périmètre de toute façon de votre périmètre souhaité...

Bonjour,

Merci de m'avoir répondu. Si vous avez des souvenirs de vos premières années dans la Marine vers 1965 je serais tout de même curieux de les entendre et cela pourrait néanmoins enrichir mon propos !

Je reste à votre écoute,

LP

OK quel est votre délai idéal ?

Si vous pensez en terme de délai pour livrer votre témoignage vous avez le temps, une thèse prend plusieurs années. Prenez le temps de retrouver vos souvenirs etc, rien ne presse. Vous pouvez m'en parler en message privé dès aujourd'hui ou plus tard, c'est comme vous voulez.

Si vous parlez en terme de délai comme bornes chronologiques, ce serait maximum 1970. Sinon, mes bornes s'étirent trop.

Bien à vous,

On fait comme cela d'accord !

Bonjour, de mon côté, j'ai usé mes fonds de culotte dans la Royale de 1964 à 1970, donc, à peu près durant la même période que JJMM, lui, ayant servi dans le "Service Général" - alias les "Chient-dans-l'eau", qualificatif gentiment "péjoratif", moi-même, dans "l'Aéronavale", les "Pingouins", dénommés ainsi à cause, entre autres, de notre insigne de bras, une ancre ornée de deux ailes. C'est la même "Maison", la Marine Nationale, mais notre "quotidien" différait.

thésard26 a écrit:

Je m'intéresse surtout à la manière dont vous viviez votre engagement, dont vous en parliez, que impact cela avait-il sur votre vie sociale, quels étaient vos sentiments sur les navires, de quelle manière souhaitiez vous qu'on parle de vous, qu'on vous représente ? quels étaient vos modèles, vos aspirations et/ou vos rêves ? quels effets votre engagement avait-il sur la l'image qu'on avait de vous ?

Là, çà se complique un "gros poil". J'explique...

La plupart d'entre nous s'étaient bien souvent engagés volontairement à 17 ans révolus, la Marine étant (alors?) la seule Arme a pouvoir recruter à moins de 18 ans. A l'époque, la majorité légale était fixée à 21 ans; à ce sujet,  j'ai une anecdote familiale; parvenu à l'âge de 18, j'avais souhaité passer mon permis de conduire dans le "civil", car, seuls, les "chauffeurs" avaient droit à leur instruction de conduite "gratuite" dans le cadre de la Marine. Mon Paternel s'y était opposé, car il était convaincu que, vu mon âge, il était responsable de mes faits et actes; ce qui était erroné, notre engagement pour l'Etat nous dispensant de la tutelle parentale, mais, à l'époque, je n'y connaissais que "pouic", et, après quelques cours de code et de conduite, je m'étais "conformé" au diktat familial et n'avais passé mon permis de conduire qu'à 21 ans révolus.

Cà résume assez bien notre "situation", nous étions bons pour aller, en tant que militaires "professionnels", si nécessaire, au casse-pipe, mais dans les familles "bourgeoises", on se considérait souvent toujours responsable de ses lardons!    A vingt et ans, après moins de quatre ans de service, j'étais, déjà, officier-marinier! Mais, à l'époque, il n'était pas de bon ton de s'opposer à une autorité paternelle un peu trop directive.

Nous étions, chez les "Pingouins", un aimable mélange de cadres, officiers-mariniers, officiers des équipages et officiers sortis de l’École Navale, dont certains, durant la seconde moitié de la décennie 1960, s'étaient cognés la Seconde Guerre Mondiale, notamment chez les officiers supérieurs et officiers généraux. Chez les officiers-mariniers, au sein de l'équipe visite V3 Allouette II, que j'avais intégrée en mai 65, à ma sortie de cours de Martrou-Rochefort, le "patron", maitre, s'était engagé à l'automne 1944, son adjoint, second-maitre de 1ère classe (ce grade n'existe plus!), début 1945, et tous deux avaient opéré en Indochine, en Algérie et avaient participé, en 1956, lors de l'opération franco-britannique en Égypte. C'étaient ce qu'on appelait gentiment de "vieilles rampouilles", bourrées d'expériences, que la Marine avait pris soin, en regard de leur temps de services et de leurs théâtres d'opérations, d'accepter dans le "Cadre Maistrance";  dès lors, ils n'avaient plus besoin de réengager à chaque fin de contrat, leur avenir "professionnel" étant désormais assuré jusqu'à l'âge légal de la retraite. Si j'ai le temps, j'y reviendrais!    

En gros, à 17 balais, nous n'étions que d'aimables "trouducs", sachant que à l'époque, les sujets politiques et les éventuels "états d'âmes" personnels ne faisaient pas partie de nos distractions de poste ou de carré. Sortis de notre travail quotidien et de nos très nombreux tours de services, après le repas du soir, on jouait essentiellement au tarot, à quatre ou cinq, et un peu à la belote.

Je peux me tromper, mais nous n'avions aucun "état d'âme" particulier.  Ceux, qui en avaient été victimes dans les premiers temps de leurs engagements, alors qu'ils étaient en école de spécialité, avaient très rapidement été écartés, expédiés dans le service psychiatrique d'un hôpital militaire de la marine, puis discrètement réformés. En 1967, en tant que quartier-maitre chef, chef de l'Aubette, la porte d'entrée de l'Ecole de Rochefort, où j'avais posé mon sac pour le "Cours de Chouffe", indispensable pour coiffer la casquette de "bœuf" (officier-marinier), je m'étais retrouvé  à devoir surveiller en cellule, deux "homosexuels", plus ou moins patentés, eux-aussi, engagés volontaires, qui avaient décidé de pousser au maximum leur relation "contre-nature" pour se faire "dispenser". C'était une véritable "horreur", car il ne fallait surtout pas les laisser ensemble "cinq minutes", avant de devoir les"séparer". Je n'ai jamais su ce qu'il était advenu d'eux, mais il est  plus que probable qu'après un petit séjour "de forteresse", ils avaient, tous deux, été réformés et déclarés inaptes au service.

De nos jours, il semble qu'il existe une période de "4 mois", durant laquelle, le nouvel "engagé volontaire" peut demander à résilier son contrat. Dans l'Aéronavale, les candidats qui, désormais, échouent, dans les premiers temps de leur instruction, aux examens réguliers pour les postes de volants, auraient le choix entre quitter définitivement la Marine ou accepter une spécialité "non volante". Rien de tel, à l'époque,  car, ou on réussissait les épreuves de nos spécialités, ou on "fermait nos gueules" et on se pliait aux décisions hiérarchiques.

De notre temps (JJMM et moi), il n'y avait que  trois catégories de matafs, les engagés volontaires de "5 ans", ceux de "trois ans" (souvent un poil plus "turbulents"); la troisième, celle des appelés, était essentiellement constituée, d'une part, d'appelés "retardataires", en raison de leurs cursus "universitaires" supérieurs", qui préféraient, vu leurs rémunérations dans l'activité civile, servir brièvement, à l'époque, 18 puis 15 mois, dans l’Équipage, plutôt de devoir se farcir les 20 mois imposés aux EOR... et nos "inscrits maritimes" d'Outre-mer. A l'égard de ces derniers, la motivation première de l’Armée et de la Marine en particulier, tout à fait honorable dans son idée, était de les "immerger" dans  notre environnement "métropolitain". En général, hélas, ils finissaient par échouer et "s'étioler", à bord ou a terre, au mieux, en tant que maitres d'hôtel et serveurs au carré des officiers!    Par contre ces "braves" garçons, dotés d'un naturel aimable et très sociable (j'oublie volontairement les tahitiens! ), faisaient le bonheur de nos chambrées avec les bouteilles de rhum que leurs familles leur faisaient parvenir.  

Bref, nous nous posions pas trop, voire pas du tout, de questions "métaphysiques" sur la gouvernance française et sa politique, de surcroit, alors dirigé par le "Grand Charles", ni son devenir national. La discipline militaire, même si elle était largement moins "bornée", voire moins "imbécile", que celle qui avait cours alors dans l'Armée de Terre, y veillait. Dans l'Aéronavale, avec quelques règles  militaires en plus, notre quotidien n'était guère différent de celui des ouvriers et de la maitrise dans l'industrie aéronautique civile... où, d'ailleurs, par le biais du "Service de Recrutement" de la Marine, installé dans la caserne parisienne de La Pépinière, elle s'empressait de recruter sa maitrise et ses cadres!

Les soldes avaient été "miséreuses" durant la période "PDL", pendant durée légale, qui était passée durant mon engagement de 18 mois à 15 mois, "tristounettes" à terre (sans prime de "mer") jusqu'à l'été 1968. Mais, en quittant la Marine, à l'été 1970, et en postulant pour des postes spécialisés dans le "Privé", j'avais été contraint de constater que ma solde de jeune second-maitre de 2ème classe, qui, bien entendu, n'évoquait pas les "charges sociales" payées par les entreprises, était alors légèrement supérieure aux salaires consenties à la "maitrise"!

J'ai bossé  dix-huit mois à l'UTAC Monthléry, un "organisme" de qualité,  poste d'ailleurs obtenu par le  biais du Service de Recrutement Marine, puis j'ai opté pour le domaine commercial itinérant, certes, mal considéré en France, déjugée par mon Paternel, par ma future première "belle-famille", mais qui, même avec ses risques inhérents, payait grassement  et classait d'office ses commerciaux-terrains en tant que cadre!  Je m'étais ainsi retrouvé brièvement répertorié  "cadre catégorie B", car j'étais trop jeune pour prétendre à la catégorie A!

Cà n'existe plus de nos jours, car, seuls, les "élèves" sortis d'école supérieure reconnue peuvent prétendre à un statut de cadre. Au fil du temps, le statut du boulot de commercial, en France, beaucoup trop souvent méprisé, s'est aimablement cassé la gueule, au point d'être, de nos jours, un emploi d'employé soumis aux "35 heures".. il faudra m'expliquer comment on y parvient!  

La Marine a été, à tout le moins, pour moi, une école de  grande qualité, alors que je sortais de terminale de lycée, après avoir "échoué" de très peu, au début de l'été, au Bac "Math Elem", à 17 ans (!),  avant de l'intégrer à l'automne suivant. Après la séquence de rigueur "Fermez vos gueules, ouvrez vos valises!", à l'entrée du CFM Hourtin, au petit matin, descendu du train, çà  m'avait fait tout drôle, alors que j'avais ma propre chambre, au domicile familiale, de me retrouver dans une chambrée de plus de 60 lits disposés sur "trois étages".

Si tu n'as jamais vécu, toi-même, ce genre de situation, tu ne peux pas la comprendre... sans parler du reste.     Si tu souhaites des infos sur la période "post-WW2", il n'y a aucun problème (les témoins plus anciens sont désormais, hélas, enterrés), mais, sans expérience personnelle particulière du domaine militaire et de l'époque (!) et sans pour autant mettre en doute tes compétences, tu risques fort, sans aucune intention dévalorisante. ,
de ne pas appréhender correctement les "tenants et aboutissants".

Cela dit, comme JJMM, je reste, moi-aussi, très modestement à ta disposition pour évoquer notre propre expérience navale, elle-même, très éloignée des pratiques et usages actuels.  Si tu le souhaites, au besoin, je peux également raviver les souvenirs d'un mien ami, qui s'était engagé comme apprenti-matelot, en 1969, et avait fini capitaine de vaisseau, quand la Marine lui avait promis une grosse indemnité, pour qu'il fasse valoir ses droits à la retraite et, ainsi, "libérer" de la place pour les "D'jeuns".

De nos jours, la Marine Nationale en est rendue, quasiment tout les ans, à devoir recruter plus de 10% de son effectif pour parvenir à compléter ses rangs; les contraintes de service en mer ou même à terre en rebutent plus d'un, tandis que la sélection nécessaire et le peu de postes d'encadrement à pourvoir limitent drastiquement la progression en grades. Nous sommes parvenu à un "gag", tout est relatif (!), car il y a, actuellement, dans la Marine Nationale, plus d'officiers-mariniers que de membres de l’Équipage (matelots et quartiers-maitres), ce qui lui coûte, en termes de soldes versées, la peau des fesses! De surcroit, même parmi les officiers-mariniers, il n'y a plus aucune "fidélité" au service, leur formation et expérience leur permettant de postuler sur des emplois dans le "Civil".

Pour ma part, j'ai signé mon engagement à 16 ans et demie sous entendu que mes parents avaient accepté cela puisqu'ils étaient les premiers demandeurs, je me suis retrouvé à 16 ans et presque 3 mois en formation, encadrée par des officiers mariniers armuriers puis mécaniciens pour la partie professionnelle et la vie courante, la formation militaire et sportive était assurée par des fusiliers ayant servi en Indochine et ou en Algérie.
Une vie un peu dure mais nous l'acceptions, on recevait une ''solde'' de 8 F, avec 8 timbres et 2 bons de colis (très appréciés !) mais aussi 8 paquets de cigarettes, qui passeront à 16 lors de notre durée légale, ainsi que le vin ou la bière aux repas, des hommes quoi ! On était en 1965, ce ne serait plus vrai maintenant.
Avantage non négligeable, lors de ma première campagne en Polynésie, j'ai pu passer mon permis de conduire à 19 ans à Tahiti et m'acheter une voiture dès mes 21ans...
Loïc ne parle pas de bateau, mais pour ceux de l'équipage, c'était le lieu de résidence, de travail et d'expériences de la vie en collectivité et en mer. Une campagne autour du monde sur un escorteur de 128 mètres de long avec 350 hommes à bord suppose un esprit de camaraderie sans équivalent et de concessions, dans un espace où l'intimité est très limitée !
C'était notre choix, nous avons appris tellement de choses qui nous ont été utiles, nous en avions accepté les conditions, mais nous en avons reçu un bénéfice certain...
Ajout 10h40 : pour moi comme pour beaucoup d'amis, cela a été aussi l'école de la seconde chance, on n'oublie pas cela depuis bientôt 60 ans !

Un grand merci à @JJM et @LoïcCharpentier pour vos récits très intéressants. Je suis agréablement surpris de la qualité de vos souvenirs et vos histoires et je suis ravi de pouvoir vous lire de manière aussi précise.

j'aimerais si c'est possible que vous développiez cette notion de l'intimité à bord : comment viviez-vous cette vie à plusieurs, en groupe, sans forcément d'espace personnel ? Comment ressentiez vous cette proximité cette vie en groupe ?


Quels étaient vos moments de détente ? JJMM en a déjà parlé avec les plaisirs de la nourriture, des colis etc, et j'aimerais également développer ça si cela ne vous dérange pas.

Comment développiez vous votre imaginaire ? comment vous évadiez vous sur votre bateau ?

MERCI BEAUCOUP !

Lp

Bonjour,

Nous sommes, certes, âgés, mais, heureusement, nous ne sommes  pas encore gâteux ... enfin pour le moment!  
Nous avons servi plusieurs années dans la Marine, la plupart du temps, cinq ans, plus nos éventuels réengagements, ce qui nous fait pas mal de "souvenirs".   Je vais laisser Jacques évoquer, s'il le souhaite, la vie à bord en mer.

Jacques a servi dans le "Service Général", moi, dans l'Aéronautique Navale ou "'Aéronavale".  La différence visuelle pour l’Équipage et les Officiers-Mariniers, était le "Pingouin" (l'ancre avec deux ailes et une étoile brodées en fil d'or), porté en haut de la manche, sur la vareuse ou la veste bleu-marine, arborer par l'ensemble du personnel de l'Aéronavale; à l'inverse, au Service Général,  à la même place, il y avait un insigne de spécialité, généralement en laine rouge (sauf pour la spécialité de secrétaire militaire, qui elle arborait un large galon doré - qui posait bien des problèmes de "reconnaissance de grade" par la Biffe et même la Prévôté (la Gendarmerie Nationale) -.  Sinon, les tenues, les grades, l'avancement, les soldes étaient strictement les mêmes.

Dans l'Aéronavale, il n'y avait pas assez de postes disponibles à bord de nos deux PA (Foch, Clémenceau) - trois, si  on compte l'Arromanche, encore en service, dans les années 60 -, le porte-hélicoptère Jeanne d'Arc et les quelques bâtiments qui embarquaient un hélico. De toute manière, nous avions "à terre" des flottilles de Neptune P2V6/P2V7, remplacés progressivement par l'Atlantic 1, dont les dimensions ne permettaient pas de les "embarquer", plus plusieurs escadrilles, qui, elles, n'avaient pas vocation à "embarquer".

En sortie des cours de spécialités, des "cours de chouffe", destinés à passer officier-marinier, après trois et demi- quatre ans de service, et du cours de "Brevet Supérieur", réservé aux Officiers-Mariniers de +/- 7 ans de service ou plus, nous avions droit autant de postes à pouvoir (affichés à la craie sur le "tableau noir" de la salle d'études) que le nombre de participants au cours.  Le choix se faisait selon notre classement final; par exemple, sur une promo de 15, le premier avait 15 affectations possibles, le dernier, ce qui restait!  Après, il y avait, aussi, particulièrement dans l'Aéronavale, des choix personnels, certains souhaitant "naviguer", d'autres, non, préférant, également, selon leurs affinités, une "affectation" bretonne - Lann-Bihoué, Lanvéoc-Poulmic -  ou "provençale" - Nimes-Garons, Hyères, Saint-Raphaël -, plus quelques affectations particulières comme le SAMAN, service central de gestion et d'approvisionnement des pièces détachés pour les "navions", etc.

Du temps de Jacques et moi-même, après avoir signé notre engagement volontaire avec "l'accord préalable du chef de famille", la majorité étant, alors, fixée à 21 ans, nous débarquions, quelques mois ou semaines plus tard, au petit matin, après souvent un long trajet en train de nuit, au CFM d'Hourtin. Où nous nous retrouvions à 60, voire plus, dans des chambrées, avec des lits superposés sur trois niveaux; les plus costauds, bien souvent, les plus "effrontés" s'accaparaient les bannettes du bas, le reste se démerdavait avec les autres plumards et "petits casiers"!

C'était une période relativement "compliquée" - tout est relatif! -, qui durait un mois, durant lequel, entre deux cessions quotidiennes de sélection (impitoyable!), on nous inculquait les bases de la discipline navale. A la fin, nous rejoignions nos écoles de spécialité; là, c'était quelque peu différent, car nous nous retrouvions dans un "univers"  plus "harmonisé", le choix de la Marine s'étant effectué à partir de nos compétences physiques et scolaires. ce qui n'empêchait pas que nous étions allègrement une trentaine - une promotion d'élèves complète! -  dans les chambrées de la Caserne Martrou, à Rochefort, qui datait de Colbert!

En fait, nous nous habituions très vite à cette promiscuité imposée, les "réfractaires", pour raisons mentales, difficultés d'adaptation ou autres, étant très vite "repérés" et "remerciés".  J'ai connu un cas dans ma "promo". En sortie de cours de BE, nous nous dispersions au gré de nos affectations. Arrivés en BAN, nous nous retrouvions dans des chambrées d'autant de lits, mais l'ambiance générale était "bon enfant". Je ne me souviens pas de "pugilat" particulier, nous nous regroupions par affinité et, bien souvent, dans le cadre de notre équipe de "travail". Il y avait une règle tacite, si ce n'était pour participer à une belote ou une interminable partie de tarot, on se foutait, entre nous, une "paix royale". A l'époque, aussi, les courriers à la famille ou à la "chérie du moment" constituaient une part très importante de notre activité "au repos" et, de toute manière, les très nombreuses astreintes du Service, par quart ou par tiers, calmaient vite le jeu. En-dehors de nos horaires de "travail technique", nous étions assujettis à, au minimum, 24 heures de service par semaine, quelque était le jour!

Voili, voilou... Je n'est jamais été un grand "adepte" de la promiscuité - peut-être par réaction à postériori! - , mais çà passait très globalement sans aucun problème et on s'y faisait surtout de nombreuses amitiés solides. Une fois que nous percevions une solde "décente", après avoir effectué la durée légale du "service militaire obligatoire", qui, de mon temps, était passée de 18 mois à 15 mois, nous nous organisions soit pour louer, individuellement une chambre meublée en ville, soit, en commun, un appartement, voire une villa "avec jardin et piscine" (si, si, j'ai donné!); les annonces de logements à louer s'empilaient sur le tableau du "Foyer"!  De surcroit, nous nous mettions à plusieurs pour acheter une voiture "sympa" d'occase, payer sa "carte grise", son assurance et partager les frais d'essence et d'entretien.

En gros, nous avions vingt balais, pétants de santé, correctement payés, pour l'époque, à partir du grade de quartier-maitre, sachant que nous étions blanchis et nourris par la Marine, et que l'ambiance générale dans les chambrées et postes était plus que satisfaisante. En plus, dans la Marine, le "rata" était de qualité.

Il y aurait long à dire sur la "baisse de qualité" générale de l'instruction technique professée, de nos jours, par la Marine Nationale... afin de l'aligner sur le niveau des cours de l'Armée de Terre et de l'Air, sans parler de l'absence majoritaire "d'engouement" de ses "générations d'engagés "volontaires". On en est rendu, dans l'ensemble de l'Armée Française, à devoir "offrir" aux nouveaux engagés, une période d'essai de quatre mois, afin qu'ils puissent "tâter du système" et résilier leur contrat!

Loïc Charpentier a écrit:

Il y aurait long à dire sur la "baisse de qualité" générale de l'instruction technique professée, de nos jours, par la Marine Nationale...

Je ne sais pas si c'est généralisé chez vous (dans toutes les armes) mais actuellement en Belgique c'est une Catastrophe... des formations que j'ai suivit en son temps qui duraient 1 mois sont réduite a 3 jours... les cursus pour certaines armes se font pour moitier-civil, moitier-défense (sans qu'il n'y ait une plus-value finale)... sans compter le tout laisser aux firmes civiles pour ne plus s'embêter avec des techniciens a former

Loïc est en train de dérouler son passage dans la Royale, avec son style inimitable (!!), je suis en train de coucher ma petite expérience et mon ressenti de mes 7 ans dans la Marine et de répondre en détail à tes requêtes, ce sera un peu long car je suis un peu "chargé" ces temps-ci, mais je pense que pour la fin du mois et envoyé par mail, ça devrait le faire...

Bonjour,

Trop jeune de quelques années pour participer.   La Marine n'avait toutefois pas beaucoup changé entretemps.

Juste une précision au témoignage de Loïc :

Loïc Charpentier a écrit:

il y avait un insigne de spécialité, généralement en laine rouge (sauf pour la spécialité de secrétaire militaire, qui elle arborait un large galon doré - qui posait bien des problèmes de "reconnaissance de grade" par la Biffe et même la Prévôté (la Gendarmerie Nationale) -.  

Le galon doré était en fait celui de la spécialité de fourrier, autrement dit comptable, spécialité supprimée en 2010.

Ce galon avait perduré dans la Marine, mais avait été porté dans l'Armée de terre à des époques plus anciennes. Ici une tenue de brigadier-chef fourrier d'un régiment de dragons :

Oups!
Effectivement le "macaron" des secrétaires militaires était SM.

Bonjour

J ai parcourus les réponses pour voir que les matafs des années 60 était plus attirés par les beuveries les gonzesses et la belote que par le témoignage

Bon .. j ai été matafs en 1994.... Mais sur un rafiot de 1960 , avec les conditions de vie 1960 dégradés car le bateau était antique

Je pense que le témoignage pourrait être viable

Trouver mon livre "matelot sur le Rhône" marine édition, 2010.
Le Rhône étant le nom du navire basé aux Antilles pas du fleuve .
Le bouquin a été plébiscité par les matelots, quartier maître et officiers marinier .... Pas trop par les officiers

Je pense que même si la période ne correspond pas trop, le témoignage de vie a bord est adéquat

Bonjour,

En fait, il me semble que l'ambiance des années 60 dans la Marine a perduré jusqu'à la fin du service militaire et à la professionnalisation des armées.

Mai 1968 n'avait pas eu beaucoup d'impact, hormis une certaine hostilité durable envers les étudiants de la part des engagés qui avaient été consignés pendant le durée des évènements. J'ai entendu au CFM Brest "Debout, z'êtes pas à Woodstock ! " quand nous nous étions assis dans l'herbe pendant un moment de détente après le déjeuner...

Sont venus ensuite un déplacement de la pyramide des grades vers le haut, la (pseudo-)suppression du grade de maître, l'arrivée des filles à bord, la sortie du bord en civil, l'automatisation conduisant à des effectifs plus réduits et à des espaces de vie moins entassés. Sans parler de l'arrivée d'Internet, du portable, etc. Ce qui a forcément fait changer les choses.

Et Bill, en 1971, les escales ne pouvaient, aux yeux de la plupart, qu'appartenir à deux catégories : les "escales à cuite" et "les escales à c..."

J'avais bien aimé ton bouquin, comme je te l'avais dit. Et "Carnet d'un matelot" de Christophe Blain (Albin Michel), à la même époque que toi.

Penser aussi à la différence d'ambiance entre les gros et les petits bateaux.

Bleu Marine a écrit:

Bonjour,

En fait, il me semble que l'ambiance des années 60 dans la Marine a perduré jusqu'à la fin du service militaire et à la professionnalisation des armées.

Mai 1968 n'avait pas eu beaucoup d'impact, hormis une certaine hostilité durable envers les étudiants de la part des engagés qui avaient été consignés pendant le durée des évènements. J'ai entendu au CFM Brest "Debout, z'êtes pas à Woodstock ! " quand nous nous étions assis dans l'herbe pendant un moment de détente après le déjeuner...

En 1968, "la Royale" était essentiellement constituée de personnel engagé volontaire; de mémoire, l’Équipage intégrait à peine 35 % d'appelés, pour l'essentiel, des inscrits maritimes, dont beaucoup étaient issus de nos départements et territoires d'Outre-Mer, le reste, constitué de "sursitaires universitaires", qui n'avaient qu'une idée, accomplir au plus vite leur service militaire obligatoire. Le Corps des Officiers-Mariniers était, à 99% formé par ces mêmes engagés, après trois à quatre ans de service et en fonction des possibilités de promotions qu'offraient les écoles de spécialités et lesdites spécialités. Il y avait, bien, les EOR, au sein du corps des officiers de marine, mais pour y accéder, du temps, où, en 1965-1966, la durée du temps du service obligatoire était passée de 18 à 15 mois, il leur fallait, au préalable, signer un contrat de "deux ans"!

Donc, quand était arrivé "Mai 1968", çà c'était déroulé en fin de semaine, un vendredi après-midi, alors que, quand nous n'étions pas de service, nous étions sur les quais de gare ou déjà à bord des trains pour nos permissions de 48 ou 72 heures!

Perso, çà m'était arrivé sur le quai de la gare de Nîmes, alors que je m’apprêtais à prendre le train pour Strasbourg; "bêtement", ce jour-là, j'étais remonté dans le bus de la Marine pour rentrer à la base. Bien d'autres camarades, eux, avaient connu des parcours beaucoup plus "sportifs". Les Cheminots, au fur et à mesure que leur parvenait le mot d'ordre de "Grève Générale" arrêtaient leurs trains, durant le trajet, dans la gare la plus proche. Un grand nombre de matafs avoir, alors, eu recours au "stop" - çà marchait bien à l'époque, en uniforme -, les voitures ayant aussi encore suffisamment d'essence, pour rejoindre leur destination de permission, généralement la famille.

Là, s'était écoulée une grosse quinzaine de jours, durant lesquels, ceux qui avaient pu rejoindre leur destination de "permissionnaire" en avaient largement profité.

Dans les BAN et Dépôts, nous nous étions retrouvés confinés dans nos "casernements", sans autorisation de sortie. La dernière semaine, qui correspondait +/- au retour du Grand Charles de Baden-Baden, la chanson avait changé! Dans l'entrée de nos salles à mangers et de nos carrées, il avait été affiché des dispositions de compagnies d'interventions; en tant que quartier-maitre chef, je m'étais retrouvé "bombardé" chef de section. Là, même, si nous nous posions pas trop de questions, ni n'éprouvions aucun état d'âme particulier, ce n'était plus la "même chanson", car cette organisation n'avait qu'un but, réprimer au besoin un soulèvement populaire; or, nous étions, essentiellement, que des techniciens aéronautiques et notre "instruction militaire" était, elle-même, très-très limitée. Mais, bon, il ne faut pas rêver, les ordres étaient les ordres!

En gros, on lisait, chacun, les listes, on y "identifiait" nos postes, puis on n'en pipait pas mot, même entre nous. A posteriori, ce "silence général" librement consenti m'avait frappé. Fort heureusement, l'évolution de la situation nationale avait finalement écarté tout risque de l'intervention de l'Armée.

Pendant ce temps-là, nos heureux "permissionnaires" s'étaient très souvent cognés des retours aventureux. Ils s'étaient présentés et mis à disposition des autorités militaires locales. Du matelot breveté au quartier-maitre-chef, ils s'étaient tous retrouvés "bombardés" "chef de convoi", le gros desdits convois, en camions ou autobus, étant constitué d'appelés de l'Armée de Terre ou de l'Air, jugés "peu fiables". Certains de ces convois avaient mis "trois semaines", après des parcours épiques, avant que les "susdits" chefs de convois ne rejoignent leurs affectations, soit une semaine après que les "Événements de Mai 1968" ne se soient achevés!

En dehors de çà, "Mai 1968" avait surtout été marqué par une revalorisation conséquente et générale de nos soldes, sans rien changer, pour autant, à notre ambiance de vie et à la discipline en vigueur. Amen!

Pour ma part et beaucoup de ceux dans le Pacifique en mai 68 , les nouvelles étaient verrouillées comme le courrier qui était absent, l'urgence était le secret autour des essais de la première bombe H française, suivie d'une seconde ensuite...
Nous étions loin d'imaginer ce qui s'était passé, les radios entendaient les communications, mais pas question de les diffuser et sur les bateaux pas de TV ni de radio !
Lors du choix de mon affectation de fin de cours, les 5 BSL type Loire étaient tous neufs, et ils étaient bien convoités !
Au fait Bill, quand nous sortions de l'arsenal comme Loïc, tu ne vas pas nous accuser de boire une orangeade pour accompagner notre ''sandviche'' Aux cinq parties du monde, puis ensuite un diabolo menthe (ou 2) au ''Marsouin'' quand même ? 🤭

Bonjour à tous les participants de ce forum,

Je tiens d'abord à vous souhaiter une bonne journée et un bon week-end. Je tiens également à vous remercier pour vos nombreux messages qui rythment mes journées et inspirent mon travail. Je ne réponds pas à tous, de peur déjà de dire des âneries mais également afin de vous laisser discuter entre vous, car c'est le meilleur moyen de faire remonter, souvenirs, anecdotes...etc, un grand merci pour votre amicalité et vos bons mots toujours plaisants. Votre histoire sur la modernisation de la marine post-1960 est très intéressante et m'ouvre des pistes auxquelles je n'avais pas forcément pensé.

Si vous le voulez, j'aimerais que vous décriviez tous un moment, un détail très marquant de votre engagement, quelque chose dont vous vous souvenez de manière assez forte et dont bien sûr vous souhaitez parler.

Bien à vous,

lp

Bonjour
Je travaille sur un dossier complet qui te sera envoyé par mail avec une documentation adéquate sur ma reltivement courte période de 7 ans, à moins que tu (on se dit "tu" OK ?) préfères un envoi au fur et à mesure de la rédaction ?
Un fait marquant justement en 1968 : nous devions être rentrés à Toulon le 1er ou 2 décembre, mais nous avions été retardés pour "montrer" nos muscles au large du Gabon, lors de la sécession du Biafra, après notre escale de Dakar. En plus nous avons essuyé une forte tempête mer 7 ou 8 juste avant de rentrer. Le 10, on me demande au PC radio par la diffusion et je ne sais pas ce qui m'attend, accident, décès, etc... car ce n'est pas courant; le radio me tend un télex et là c'est la surprise ! Ma mère m'a envoyé un télégramme envoyé via St-Lys radio pour me souhaiter mon anniversaire, 20 ans et une fin de tour du monde par les 3 caps inoubliable !!

https://i.servimg.com/u/f77/16/68/44/33/3caps10.jpg

thésard26 a écrit:

Bonjour à tous les participants de ce forum,

Je tiens d'abord à vous souhaiter une bonne journée et un bon week-end. Je tiens  également à vous remercier pour vos nombreux messages qui rythment mes journées et inspirent mon travail. Je ne réponds pas à tous, de peur déjà de dire des âneries mais également afin de vous laisser discuter entre vous, car c'est le meilleur moyen de faire remonter, souvenirs, anecdotes...etc, un grand merci pour votre amicalité et vos bons mots toujours plaisants. Votre histoire sur la modernisation de la marine post-1960 est très intéressante et m'ouvre des pistes auxquelles je n'avais pas forcément pensé.

Si vous le voulez, j'aimerais que vous décriviez tous un moment, un détail très marquant de votre engagement, quelque chose dont vous vous souvenez de manière assez forte et dont bien sûr vous souhaitez parler.

Bien à vous,

lp

Bonjour

Quand Marine Editions a choisis d'éditer mon bouquin, j'ai ete content... et surpris !
cet éditeur fais des livre sur le mythique Jeanne d'Arc, le Puissant Richelieu, le grand Charles de Gaulle etc etc etc ... ecrit par l'Amiral gloire, l'Amiral chose, au pire le CV Plein !

Alors un bouquin ecrit par un matelot d'un BSM antique et obscures ???
j'ai posés la question a mon editeur qui me dit "
- pas beaucoup de matelot ecrivent de bouquin
- Oui, mais bon, j'étais soudeur sur ce vieux bateau
- il y a encore moins de soudeur qui ecrivent des bouquins que des matelots !
- c'est vrai, mais mon rafiot ...
- ecoutez m Sommer, soyons franc. Marine Editions passe son temps a editer des livres écrit par des officiers sur des navires qui ne tombent jamais en panne. Mais vous et moi savons comment est la Marine... votre bouquin, il pue la Sueur , c'est pour ca que je l'ai pris. Pour ré equilibrer la balance



J'ai fait lire mon bouquin a mon patron, quand j'étais chez Bourbon. Le gars est le Père de l'Abeille Bourbon . c'est le capitaine Haddock !
il a lu mon bouquin et m'a dit " M Sommer, j'ai été aux Abeilles et chargés de la discussion des contrats avec la Marine National. je sais comment elle est. Votre bouquin est la Marine comme je l'ai toujours vu, toujours vécus, mais comme je ne l'ai Jamais lu !
Comment as t'on pu vous laisser editer un truc pareil !


il avait pas tord ! mon bouquin avait ete boycotter par les libraires de Brest, Toulon et Cherbourg ! pas assez bien pensant !


Ca fait 15 ans que mon bouquin est sortis, je suis toujours en relation amicale avec mes officiers, cipaux, premier maitre et second maitre de 1994 .



Mon livre "matelot sur le Rhone" est vendu, mais tu dois pouvoir le trouver a 5 euros sur leboncoin

Laurent (Bill),

Toi et moi, nous nous connaissons et fréquentons régulièrement, par pure amitié sincère, depuis une bonne décennie; mais tu m'as, quand même, fait doucement rigoler à la lecture de ton bouquin durant ton temps de service à bord du "Rhône".

En "simplifiant", quand tu avais achevé ton temps de service, de mémoire "12 mois", tu en étais sorti matelot breveté "mécanicien Général" et, mentalement, "à deux doigts" de virer "antimilitariste". Or, trente ans plus tard, on retrouve le même, Enseigne de Vaisseau de Réserve! Il faudra qu'on m'explique, car, ayant quitté la Marine, en tant que second-maitre spécialisé, je n'ai jamais, moi-même, reçu la moindre convocation pour participer à une quelconque période de "Réserve"! Il est vrai que, entre temps, il s'était écoulé, au bas mot, "25 ans"(!), ce qui ne correspond pas au créneau proposé par thésard26

Ben oui Loïc, pendant que Bill nettoyait les bols des centrifugeuses Alfa Laval, je regardais le feu dans mes marmites, et toi tu chassais les électrons; résultat il a fini EV et nous SM1 !!
Frédéric Dard aurait dit : manque de bol !!!!

Loïc Charpentier a écrit:

Laurent (Bill),

Toi et moi, nous nous connaissons et fréquentons régulièrement, par pure amitié sincère, depuis une bonne décennie; mais tu m'as, quand même,  fait doucement rigoler à la lecture de ton bouquin durant ton temps de service à bord du "Rhône".

En "simplifiant", quand tu avais achevé ton temps de service, de mémoire "12 mois", tu en étais sorti matelot breveté "mécanicien Général" et, mentalement, "à deux doigts" de virer "antimilitariste". Or, trente ans plus tard, on retrouve le même, Enseigne de Vaisseau de Réserve!  Il faudra qu'on m'explique, car, ayant quitté la Marine, en tant que second-maitre spécialisé, je n'ai jamais, moi-même, reçu la moindre convocation pour participer à une quelconque période de "Réserve"! Il est vrai que, entre temps, il s'était écoulé, au bas mot, "25 ans"(!), ce qui ne correspond pas au créneau proposé par thésard26

Mossieu,  vous êtes infâmes

Je n ai oas fais 12 mois sur le Rhone, mais 18
Je ne suis arrivé au bout à Matelot de première classe,  et je n ai oas pu m engager car je n avais oas les compétences pour faire Quartier Maitre...
J ai quand même reçu un post it m indiquant mon passage ...2 ans après avoir quitté le bord

Comme j'avais pas le niveau pour etre nettoyeur de fond de cale, j ai du me recycler à un truc plus à ma portée

J ai fait architecte naval et officier
Et je récure toujours des fonds de cales dans des pays rigolos


Plus tu es gentil, mais tu devrais avoir plus de respect pour mes galons, mécréant

Tu sais, toi-même, depuis un long bail, où tu peux te mettre tes "galons de réserve" !?

Entre 1970, l'année où j'avais quitté la Marine, et les années 90, l'Aéronavale, de même que la Marine Nationale, avait déjà maigri de 70 %. A l'époque, nous n'étions pas loin de 60 000 dans la seule Aéronavale, tous grades et spécialités confondus. De nos jours, la Marine Nationale aligne péniblement 38 000 hommes, dont un petit "10 000" dans l'Aéronavale.

Après les "réformes Giscard" et la réduction déjà programmée des effectifs, dans les années 1970-1980, puis accélérées après la chute du "Mur de Berlin", nous, les anciens "gradés professionnels", étions trop nombreux et trop coûteux pour effectuer la moindre période de réserve, à moins de devoir faire "des pieds et des mains" pour y participer. Personnellement, je n'y aurais pas été opposé, sauf qu'aucune convocation pour y participer ne m'était jamais parvenue!  L'Aéronavale et la Marine Nationale étaient, alors, en plein dégraissage de leurs effectifs. Amen!

Quand tu avais accomplis ton temps de service ou à peu de choses près, La Royale, toutes branches confondues, avait également déjà entrepris, depuis 1995, d'élaguer son corps des officiers, en leur accordant généralement de généreuses indemnités de "licenciement" et en "calculant" leurs retraites sur l'ultime grade intentionnellement attribué.

De nos jours, parmi les officiers-mariniers, le niveau de responsabilités "sur le terrain" d'un second-maitre, correspond, au mieux, à celui d'un matelot breveté ou celui d'un quartier-maitre, de mon temps... l'alignement sur le rapport compétences techniques-grade s'étant "aligné" sur les deux autres Armes (les Armées de Terre et de l'Air). Ça avait, déjà, commencé dès 1969, dans l'Aéronavale, avec la mise en place d'un "cours court" et d'un "cours long", pour les électroniciens non volants, où, seuls, ceux jugés les plus performants sur le plan scolaire, durant leur séjour de sélection au CFM Hourtin, avaient été sélectionnés pour participer au cours "long". Précédemment,  tous ceux qui avaient réussi les épreuves soumises durant leur sélection à Hourtin, intégraient une cession unique de plus de 18 mois - à la louche, deux cessions scolaires-, à la Caserne Martrou de Rochefort. Durant mes deux séjours, dans cette même caserne, en 1964-65, puis en 1967-1968,  ces "promotions" d’électroniciens, au cours long, comptaient, au mieux, une petite douzaine d'élèves, tandis que, pour notre spécialité d'électricien d'équipement aéronautique, nous n'étions, au mieux, une petite vingtaine, à chaque cession de "neuf mois"!
O tempora, o mores!

De nos jours, on en arrive presque à un "gag", même si tout est relatif! Car çà a viré à "l'armée mexicaine", avec un contingent d'officiers-mariniers largement plus important que celui de l'effectif de l’Équipage (matelots brevetés et quartier-maitres), avec, à la clé, une chute magistrale du niveau de compétences  professé!