Le Traité de Washington de 1922 avait intentionnellement limité le tonnage des croiseurs lourds à 10 00 tons Washington et un calibre maximal de 8 pouces ou 203 mm de leur artillerie principale.
Derrière cette décision, on faisait, alors, référence à un grand "absent", l'Allemagne et ses Großkreuzer, qui, lors de la Bataille du Jutland, en mai 1916, durant ce qu'on avait appelé la "Bataille des Croiseurs", avaient envoyé par le fond plusieurs "
Battlecruisers" britanniques, leur toute première génération, à dater de 1905, n'étant de fait que des "armoured cruisers", qui, déjà, affichaient, tous, allègrement, un tonnage de 15 000 tonnes, même en le convertissant en tonnes impériales.
En 1922, c'était "tordu" à souhait, car les grands croiseurs lourds "type allemand" et les
batte-cruisers britanniques s'étaient, alors, retrouvés classés dans les "
capital-ships", autrement dit, les cuirassés. A l'époque, la vitesse d'un cuirassé, dit "de ligne", ne dépassait guère 22 noeuds (avec le vent dans le dos). La décision internationale de 1922, limitait intentionnellement le tonnage et, par voie de conséquence, les dimensions des susdits croiseurs lourds, afin de contrôler, de fait, celle des "capital ships", les navires de ligne, sachant que les anglais et les américains étaient, alors, eux-mêmes, en possession, depuis la fin du conflit, d'une flotte pléthorique, elle-même, plus moins âgées.
Durant les décennies 1920-1930, alors que les marines anglaises et américaines roupillaient, aimablement, sur leurs vieux effectifs de 1922, la marine allemands renaissante, avait lancé ses Panzerschiffe classe "Lützow/Deutschland", qui n'affichaient que 12 000 tonnes "standards", mais portaient du 28 cm et marchaient à 28 nœuds! La marine nationale française avait, alors, répliqué, profitant d'une opportunité de remplacement, avec la mise en construction de deux unités de classe Dunkerque (35 000 tonnes)... dès lors, des cuirassés ou des capital-ships!
Jusqu'en 1918, la notion de "croiseurs lourds", établie, plus ou moins, sur la base des
Großkreuzer allemands et des
Battlecruisers britanniques, exigeait des bâtiments de très grandes dimensions et d'un grand déplacement, ne serait-ce que pour adapter leur tonnage et leur profil, à leur machinerie.
Les progrès techniques , dans l'entre-deux-guerre, avaient, dans une certaine mesure "bouleversifier" les références passées, la technologie des turbines à vapeur permettant, désormais, de plus ou moins, se débarrasser des contraintes dimensionnelles , qui avait généré, essentiellement, avant l'entrée de 1914, une génération de "croiseurs lourds", en réalité, ce qui deviendra, dans l'entre-deux-guerres, à la mise en service des cuirassés "rapides".
Dès lors, le devenir et l'emploi des croiseurs, dits lourds, était devenu problématique, car ni leur puissance de feu, ni leur blindage n'étaient en mesure de résister à un ou des cuirassés! C'est compliqué à souhait, mais les différentes marines de guerre avaient, toutes, conçu, leur engagement sur la base de flottes de cuirassés.
Les Brits avaient, plus ou moins, "vérolé" la situation, en instaurant le concept du "
battlecruiser", officialisé en 1911 et, ce, jusqu'en 1917-1918. Dur-dur, la situation, en ce qui les concerne, après la Bataille du Jutland, où les croiseurs lourds allemands, d'une construction très proche de celle de leurs propres cuirassés, avaient "envoyé en l'air" près d'une demi-douzaine des battlecruisers britanniques ou croiseurs cuirassés (armoured cruisers) de dernière génération, assimilés en tant que tels à des battlecruisers.