Le gouvernement taïwanais, qui s’était refusé jusqu’ici à développer les défenses de l’île de Taiping (la plus grande île de l'archipel des Spratleys en mer de Chine méridionale), a changé d’avis : la piste d’envol va être allongée, passant de 1150 à 1500 m afin que les F-16 et les P-3C puissent l’utiliser. Parallèlement, plusieurs installations à terre vont être rénovées et d’autres vont être créées.
Photo aérienne de Taiping en 2018 Revendiquée par les Philippines et par le Vietnam, l’île est administrée de fait par Taïwan depuis 1947. Ce qui était alors le régime de Tchang Kaï-Check y a récupéré l’ancienne base sous-marine que la Marine Impériale Japonaise y avait installée en vue de la guerre du Pacifique ; cette base modeste était réduite à un quai et à quelques infrastructures à terre, en plus d’une petite hydrobase. Pour ne pas gâcher ses relations avec Manille, Saïgon et Hanoï, Taipei s’était longtemps abstenu de militariser Taiping, qui n’était occupée que par quelques pêcheurs occasionnels et une garnison symbolique qui a finalement été retirée en 2000.
C’était sans compter sans les prétentions de la République Populaire de Chine sur la Mer de Chine. Peu de temps après avoir évacué la garnison, Taipei a décidé d’en réinstaller une afin d’éviter que l’Armée Populaire de Libération ne l’occupât en douce. La piste actuelle a été construite en 2008 pour désenclaver l’île et permettre son ravitaillement et son renforcement en cas de blocus maritime pékinois. Une partie des infrastructures de l’île ont été rénovées pendant la période 2008-1012. L’île compte actuellement 220 membres des troupes de marine et des garde-côtes, ainsi qu’une famille de quatre personnes qui y exploitent une ferme aquacole. La base navale n'est utilisée que par une vedette des garde-côtes.
Suite à la plainte déposée par les Philippines contre la République Populaire de Chine en 2016, les Nations-Unies ont déclaré qu’elles ne considéraient Taiping que comme un récif au sens de la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer, sans prétention à une Zone Économique Exclusive. Pékin et Taipei ont rejeté l’une et l’autre cette déclaration. Taipei n’a toutefois pas vraiment les moyens d’assurer les actions de l’état en mer autour de Taiping (qui est à mi-chemin entre Palawan et le Vietnam…) et la marine chinoise y manifeste régulièrement son droit à la liberté de navigation. Récemment, des avions chinois ont été aperçus dans le voisinage de l’île.
La République Populaire de Chine entend bien récupérer Taïping en même temps que Taiwan et constitue donc le quatrième prétendant à la souveraineté sur cette île. En attendant que cela soit fait, Taiping pourrait bien conférer un rôle aux LPD de la classe YU SHAN.