Au cours d’une virée sur la côte Est des USA (départ Miami, arrivée New York), j’ai pu faire quelques visites intéressantes.
Pour commencer, à « Patriot’s Point » à côté de Charleston, le porte-avions USS Yorktown (CV 10), entré en service en 1943, reprenant le nom du premier Yorktown coulé à Midway. Après la guerre il a été modifié avec un pont oblique, il a fait le Vietnam et a aussi récupéré des astronautes de retour de missions spatiales. Il est navire musée à Charleston depuis 1975.
Plus petit que les super porte-avions qui ont suivi, il déplaçait 41.000 t dans son état final, donc c’est à peu près l’équivalent du CdG. Le pont est recouvert d’avions contemporains ou récents de la Navy, essentiellement des jets, et le hangar abrite une belle collection d’avions de la deuxième guerre, qui sont ainsi mieux à l’abri. Le hangar est très vaste, il y a très peu de place perdue. D’autres locaux sont visitables dans les ponts inférieurs. Il y a beaucoup de visiteurs dont pas mal de groupes d’écoliers, c’est un musée vivant et animé.
Juste à côté du Yorktown, un de ses contemporains, le destroyer USS Laffey, célèbre pour avoir survécu, en Avril 1945, alors qu’il était détaché comme piquet radar pour la flotte US, à une attaque aérienne massive de 22 avions Japonais. Après avoir mangé 5 kamikazes et 3 bombes, il a survécu quand même et a pu être remorqué et réparé ensuite. On construisait solide à l’époque !
Plus au nord, à Norfolk, j’ai commencé par faire le tour de la plus grande base navale du monde, à bord d’un « promène-couillons » local. La flotte est en fait ancrée assez loin dans l’estuaire. Il y avait ce jour là « seulement » un Supercarrier, mais 2 porte hélicoptères, 3 grands LPD classe San Antonio, des dizaines de Ticonderoga et d’Arleigh Burke, et divers autres bâtiments.
De retour à Norfolk, à quelques pas se trouve un musée naval qui ne manque pas d’intérêt. Le site est chargé d’histoire, en particulier le fameux combat entre les deux premiers cuirassés Monitor et Merrimac, pendant la guerre de Sécession, a eu lieu à Hampton Roads, le plan d’eau juste à côté, et le musée y fait honneur.
Léger défaut des musées maritimes, on y trouve rarement des navires complets, car trop encombrants... Mais ici, pas de problème, c’est amarré au quai le long du musée qu’on en trouve un, et pas le moindre, puisqu’il s’agit du cuirassé USS Wisconsin, un des 4 grands cuirassés de la classe Iowa. Avec ses 270m de long, il dépasse largement du musée… Le navire, qui date quand même de plus de 70 ans maintenant, est en remarquable état, grâce en particulier à sa rénovation et remise en service à l’époque Reagan, qui en fait un bâtiment « pas si ancien que ça », finalement retiré du service il y a seulement 20 ans. Il a été depuis restauré et entretenu et ne fait pas son âge. Là encore on ne visite pas tout mais le pont, les superstructures, le bloc passerelle, une partie de l’intérieur… et la aussi les visiteurs sont nombreux !
Enfin, à New York, impossible de manquer l’ USS Intrepid (CV 11), amarré à un des quais de Manhattan, apparemment là où venaient accoster les grands paquebots il y a quelques dizaines d’années. Il appartient à la même classe que le Yorktown au départ, mais a évolué différemment au cours des modifications.
J’ai été un peu déçu par cette visite : comparé au Yorktown, l’Intrepid a été aménagé beaucoup moins authentique et beaucoup plus « grand public ». Le hangar est encombré d’animations tape-a –l’œil, mais assez pauvre en avions anciens. Les avions exposés sur le pont ne sont pas tous de la Navy, pourquoi pas, un SR 71 vaut toujours le coup d’œil, mais certains d’entre eux, en particulier les MiGs, ont reçu des décorations vraiment trop fantaisistes… A noter que les Frenchies sont représentés par un Etendard. L’orientation « grand public » marche bien, il y a beaucoup de monde, avec comme ailleurs des classes entières d’écoliers… avec T shirt coloré pour ne pas les perdre !
Juste à côté, il y a aussi un curieux bâtiment : l’USS Growler, sous marin classique modifié en lanceur de missiles à la fin des années 50 : il emportait deux missiles Regulus, dans deux conteneurs semblables à des autoclaves, disposés à l’avant. Les missiles devaient être sortis de leur conteneurs, en surface, puis disposés sur un unique lanceur et tirés l’un après l’autre… en espérant qu’aucun sous marin, navire ou avion Russe ou Chinois n’ait la mauvaise idée de passer par là pendant tout ce temps… Bref ce n’était pas un sport de masse, et on mesure le progrès qu’ont apporté quelques années plus tard les sous marins classe Polaris !
Enfin, sur le quai à côté de l’Intrepid, on peut admirer un superbe Concorde de British Airways. En souvenir des vols de Concorde vers New York ? Apparemment les Américains aiment bien le Concorde… maintenant qu’il n’est plus en service.