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Le 4 juillet 2023 au matin j'ai  pris le train en Gare de Nantes direction Rochefort pour neuf jours de vacances. Comme à chaque fois je vais visiter trois villes avec des musées mais aussi des monuments comme les châteaux et les églises. Pour le logement l'Auberge de Jeunesse était tout indiquée. C'est parti !

Jour 1 : 4 juillet 2023 Voyage + Rochefort

Arrivée dans la ville des demoiselles




Je suis arrivé en fin de matinée à Rochefort sur Mer, une ville née de la volonté de Colbert et de Louis XIV. Les travaux ont commencé en 1666 d'abord par les installations de l'Arsenal (dont la célébrissime Corderie Royale) puis par la ville même si il faudra pour cela attendre l'action de l'intendant Michel Begon (en poste de 1688 à 1710) pour faire d'une ville de bois sur pilotis une agréable ville de pierre même si nombre de projets ne verront jamais le jour en raison de leur coût et de la mort de Louis XIV.

Après avoir déposé mes affaires  à l'Auberge de Jeunesse située à l'écart de la ville en bord de Charente (un bonheur surtout quand tu es seul dans le dortoir) j'ai cherché un endroit pour manger en attendant une première visite en direction du Musée de l'Aéronautique Navale.


Un Bréguet Alizé trône sur un rond point devant l'entrée du Musée de l'Aéronautique Navale


Rochefort et l'Aéronavale c'est une grande et ancienne histoire d'amour. Comme expliquer cela ? Eh bien par les difficultés rencontrées par l'Arsenal victime de l'envasement de la Charente. Alors qu'on annonce la fermeture depuis la fin du 19ème siècle, Rochefort cherche à l'éviter et surtout à anticiper un impact économique dévastateur.


Un Etendard IVM vous accueille avant que ne lui succède Super Etendard


Cela passe par l'aviation qui apparaît dans le ciel charentais dès 1911. En 1916 un Centre d'Aviation Maritime ouvre à l'ouest de la ville sur la rive nord de la Charente. Il va servir à lutter contre les sous-marins allemands dans une répétition de la future Bataille de l'Atlantique.

Après le premier conflit mondial, le sort de l'Arsenal est définitivement scellé (il sera fermé en 1926) mais la marine reste là en formant pilotes et navigants de son aviation navale.


Nord 262

En 1933 l'Armée de l'Air voit le jour et s'installe également à Rochefort. En 1937 le centre d'aérostation  ferme (c'était le dernier en activité en France).


Monument à la mémoire du contre-amiral Lartigue

En 1939/40, le site continue à servir pour l'entrainement des pilotes et durant la débacle, les avions se repliant vers le sud faisant escale. Le 22 juin, le contre-amiral Lartigue est tué par un bombardement allemand.

L'Aéronavale revient en 1944 (NdA j'ignore si les allemands ont utilisé le site mais c'est probable) et Rochefort va servir notamment pour les combats contre la poche de La Rochelle.

L'Armée de l'Air revenue en 1950 quitte le site en 1980 mais uniquement pour franchir la Charente et s'installer à St Aignan sur la rive sud (BA 721).

La marine quitte le site en 2002 laissant derrière elle un musée de traditions inauguré en 1988 et progressivement ouvert au public. Juste à côté on trouve l'Ecole de Gendarmerie.

Cette première visite à été merveilleuse. Bon le musée est un peu à l'étroit, les avions et les hélicoptères ont clairement été rangés au chausse-pied comme hélas dans beaucoup de musées en France (confere le Musée des Blindés de Saumur).


Etendard IVM cette fois à l'abri....

Dewoitine D-520

En arrivant à l'entrée nous sommes accueillis par un Bréguet Alizé situé au milieu d'un rond point, il était donc impossible de louper l'entrée du musée.


Le SNCASE Aquilon est la version produite sous licence du De Havilland Sea Venom et ci-dessous le prototype du Jaguar M


Un long chemin nous mène jusqu'au bâtiment. On peut d'abord admirer un Etendard IVM puis un Super Etendard en attendant un Nord 262, un Piper Navajo et deux monuments comémoratifs dont un dédié au contre-amiral Lartigue.

Entré dans le musée j'ai commencé à mitrailler les nombreux avions exposés comme je l'ai dit installés tant bien que mal. Les photos qui vont suivre sont donc parfois un peu acrobatiques pour tenter de tout cadrer malgré le manque de recul.


Super Etendard Modernisé (SEM), une vraie tronche !

Alouette II et Alouette III


De bas en haut : un WG-13 Lynx, trois photos d'un Super Frelon et un Sikorsky HSS version guerre d'Algérie






On trouve des avions de combat et de soutien  (Crusader pardon «Crouze», Etendard IV, Dewoitine D-520, SNCASE Aquilon _version produite sous licence du DH Sea Venom_ , Jaguar M, Super Etendard Modernisé, Nord 262, Lockheed Neptune, Rallye 100S, Beech SNB-5 et Bréguet Alizé), un planeur (Caudron 8000), des hélicoptères (Bell 47, Alouette III, WG-13 Lynx, Sikorsky HSS, Super Frelon, Alouette II) ainsi que de nombreuses maquettes d'avions et de bateaux notamment les porte-avions utilisés par la marine nationale.

Jour 2 : 5 juillet 2023 Rochefort

Plan relief de Rochefort. Pas mal non ? c'est français !

Mercredi 5 juillet premier vrai jour de mon voyage. Comme souvent je prévois deux visites _une le matin et une l'après midi _ et je me laisse guider par le hasard pour d'autres visites.

Bon je vais être honnête malgré Google Maps j'ai pas le sens d'orientation d'un pisteur amérindien et souvent je découvre des choses en me perdant plus ou moins volontairement.


On savait faire du beau à cette époque non ? (Bon je rejette pas totalement l'architecture moderne attention mais à choisir....)


Au programme ce matin, le Musée de la Marine implanté dans l'Arsenal fermé en 1926. Je m'y rends à pied, il fait chaud mais pas encore suffoquant. Ce n'est que partie remise..... .

Etant arrivé tôt je me suis baladé sur le site avant de rentrer dans le musée. Un pot-pourri de photos avec la forme double, et la Corderie Royale




Le musée ne traite naturellement mas de l'histoire de la marine mais l'histoire de la marine à Rochefort, l'histoire de l'Arsenal, la volonté de Louis XIV et Colbert, les travaux titanesques à mener dans un milieu aussi ingra (vase et marais) pour construire une Corderie, différents magasins, des installations de construction et d'entretien.


Carte de la Charente et du dispositif de défense de Rochefort



Buste en bois du marquis de La Galissonnière

En raison d'un site contraint, les navires n'étaient pas armés sur le site même de Rochefort mais en rade d'Aix sous la protection de différents forts. Les navires étaient remorqués par les bagnards du bagne de Rochefort.

On trouve de nombreuses peintures, de nombreuses maquettes de navires ayant existé ou des navires symboliques notamment pour l'instruction. On trouve également des maquettes de machines (machine à corder, machine à mater, moulins alimentant un système de dragage.....).

C'est parti pour les photos oh oh oh Drink oh my jolly oh oh

Projet de frégate de 54 canons

Le Comte d'Artois

Le Dauphin Royal n'est pas un vrai navire. Il à été construit à Rochefort pour servir à l'instruction du Dauphin, fils de Louis XV qui comme nous le savons ne régnera jamais mais donnera avec son épouse Marie Joséphe de Sexe trois rois à la France : Louis XVI, Louis XVIII et Charles X

Tableau du port de Rochefort (1837) de Louis-Auguste Auguin

Machine à mâter et système de dragage


Le Plongeur, premier sous-marin français



L'immeuble abritant le Musée Hèbre

Je me lasse pas de ce plan-relief


Après une balade et un repas, je me suis rendu au Musée Hèbre, un musée de peinture et d'anthropologie.

Cela commence par une brève histoire de Rochefort avec notamment un splendide plan relief à 360° qui me laissait moi  le maquettiste frustré pantois.


Statue de Pierre Loti

Les voyages de Pierre Loti

Après cette partie historique place à la partie plus artistiques avec de beaux tableaux dont une reproduction du Radeau de la Méduse de Géricault. La partie sur Pierre Loti m'à beaucoup plu (je reviendrai visiter la maison quand elle sera de nouveau ouverte à la visite). En revanche la partie sur les arts premiers m'à laissé sans réaction.


Reconstitution de la cabine de Pierre Loti à bord de la Flore


Tableaux représentant la soeur et le père de Julien Viaud alias Pierre Loti


Je crois que j'ai pas besoin de présenter ce tableau


Le lieutenant de vaisseau Pierre Loti et ses katana ramenés de voyages en Asie

Je reconnais un certain talent artistique mais je reste fort circonspect face au processus qui consiste à en faire nos égaux. Non, non et non. Nos arts, nos sciences et nos techniques sont infiniment supérieures.

Ce n'est pas pour rien si nous avons dominé le monde du 15ème au 20ème siècle avant de décliner. Respecter les arts premiers oui passer du mode «ce sont des moins que rien» à «Ce sont nos égaux» non mille fois non !

Cette visite m'à donné envie de découvrir l'oeuvre de Pierre Loti et c'est ainsi que je suis rentré à Nantes avec dans le sac un exemple de Pécheur d'Islande probablement son œuvre la plus connue.


Eglise Saint Louis



A 16h00 je devais visiter le Musée installée dans l'Ancienne Ecole de Médecine. Sur le chemin j'ai visite l'Eglise Saint Louis, l'église paroissiale de Rochefort construite en 1768 (rénovée en 1835), église abritant la tombe de Michel Begon, intendant de la marine de 1688 à 1710 qui transforma une ville de bois sur pilotis en une élégante ville classique même si les grands projets urbains ont été abandonnés à la mort de Louis XIV car trop coûteux. La Place Colbert est la grande place de Rochefort ce qui laisse songeur.


Ancienne Ecole de Médecine Navale

Potager utilisé jadis par l'hôpital et encore en action aujourd'hui mais pour une fonction plus touristique et muséale

Place Colbert

Je suis arrivé largement en avance à l'Ancienne Ecole de Médecine Navale qui abrite un musée maintenant le souvenir de l'ancien hôpital de Rochefort.

Le premier avait été implanté à Tonnay-Charente en 1666. En 1683 il est transféré sur le quai aux vivres de Rochefort avant de trouver son site définitif en 1788. C'est le premier hôpital de France de conception pavillonnaire, un système inspiré visiblement d'un modèle britannique.  

Entre-temps en 1722 une Ecole est ouverte pour former du personnel médical nécessaire à la marine. Il s'installe dans le pavillon sud-ouest, les étudiants travaillant aussi sur les patients installés dans les autres pavillons.

En 1890, l'Ecole devient une annexe de l'école de Bordeaux où les étudiants préparent le concours d'entrée. Elle ferme en 1964 (pour la pharmacie et 1963 pour la médecine) alors que l'hôpital à fermé en 1983. Le site est acheté par une société immobilière en 1989 qui à transformé certains bâtiments en logements tandis que d'autres étaient laissés à l'abandon.

Le Musée à été ouvert en 1998 et raconte l'histoire de la médécine navale. Mention spéciale sur les immenses biblbiothèques où sont rassemblés des ouvrages particulièrement anciens sur la médecin mais également sur de nombreux autres sujets selon le modèle des Lumières imposant une volonté de tout connaître.

La guide à été ouverte et sympathique, de nombreux échanges avec d'autres visiteurs. Le plus intéressant ce qu'il ne fallait pas oublier qu'à l'époque on ignorait tout de l'infiniment petit ce qui explique certains comportements qui nous paraissent abérrants à nos yeux modernes.

Très fatigué par cette journée, je suis rentré à l'Auberge de Jeunesse : repas, douche et film, Indiana Jones et le Temple Maudit pour ceux que ça intéresse vraiment.

Jour 3 : 6 juillet Rochefort

Deuxième jour sur Rochefort, dernier jour puisque le lendemain je dois mettre cap sur Poitiers où il sera nettement moins question de marine, géographie oblige.

Il fait très chaud mais heureusement de temps en temps une bonne brise rafraichit l'atmosphère et évite que je prenne feu.

Corderie ! ô ma belle Corderie ! (La dernière photo représente la fontaine de la Corderie)







Pour la première visite du jour, un incontournable, la Corderie Royale, un élégant bâtiment de style classique construit entre février 1666 et juin 1669. La construction à été un tour de force en raison d'un terrain marécageux. Un coffret en bois sert de fondations et la construction des murs se faisait de manière parallèle pour éviter que le bâtiment bascule. Malgré ces précautions il faudra rapidement renforcer les façades pour éviter une mauvaise surprise.

Ce bâtiment va produire les cordages nécessaires aux navires construits à l'Arsenal de Rochefort jusqu'en 1862 quand les mutations technologiques rendent inutile une corderie.

Le bâtiment va être réutilisé pour de nouveaux rôles : artillerie, travaux maritimes, archives secrètes de la marine, le musée des petits modèles, l'Ecole de Maistrance et des Apprentis armuriers.

Avec la fermeture de l'Arsenal en 1926, la Corderie est peu à peu abandonnée. Elle est incendiée par les allemands en 1944 quand ils évacuent la ville pour se replier sur La Rochelle.

Les ruines disparaissent sous la végétation et on parle de démolir ce qui ne semble être que des ruines sans intérêt à une époque où la notion de patrimoine est inexistante ou peu s'en faut.... .

En 1964 le contre-amiral Dupont nouveau préfet de l'arrondissement maritime de Rochefort décide de restaurer la Corderie. Sans budget, il défriche le site et élimine toutes les modifications de l'ère industrielle.

Classée monument historique en 1967, la ville rachète le site à la Marine en 1973 et aussitôt les travaux de reconstruction sont lancés, aboutissant en 1984.

Aujourd'hui elle abrite le Conservatoire du Littoral, la CI et le Centre International de la Mer (CIM) que je visite ce jour là.

On y découvre l'histoire de Rochefort avec notamment une vidéo de docu-fiction fort divertissante puis le rôle de la Corderie, comment fabrique-t-on les cordages..... . On peut s'initier aux nœuds de marine (NdA où j'ai fait preuve d'une totale incapacité) et on peut découvrir le rôle capital des poulies. Bref une visite fort divertissante et fort intéressante.


Façade du musée (photo wikipedia et pas de votre serviteur)

Après un repas, je me suis rendu dans le Musée des métiers d'autrefois. Petit musée vieux de trente ans, œuvre de deux passionnés, il est fort sympathique avec la reconstitution en sous-sol d'une salle de cours (ah les cartes Vidal de La Blache) et aux étages différentes boutiques époque 1900 (chapelier, cordonnier, maréchal ferrant, cafetier, bazzar.....).


J'ai envie de croire que cet alambic à appartenu à Joe le Trembleur

Quelques photos d'une école vers 1900




On passe ensuite dans différents commerces du début du 20ème siècle avec pour terminer une Balance pour Jockey













Cette visite terminée, je me suis rendu au Pont Transbordeur du Martrou, le dernier exemple de pont transbordeur en France. Œuvre de Ferdinand Arnodin, il me fit penser à celui de Nantes démonté en 1958 et qu'un passionné Paul Poirier rêve de voir renaitre.





Inauguré le 29 juillet 1900 il résout le problème du franchissement de la Charente, la marine ayant refusé plusieurs projets de ponts et un projet de tunnel pour ne pas bloquer les mouvements de navires depuis l'Arsenal même si celui-ci était pour ainsi dire condamné à terme avec l'envasement de la Charente.



Il à servit jusqu'en 1967 quand il est remplacé par un pont à travée levante, pont lui-même démoli dès 1991 après avoir été remplacé par un Viaduc.


Pont à Travée Levante et Viaduc


Sans la mobilisation de la ville et de passionnés, le pont transbordeur aurait été lui aussi démoli. Au contraire il classé monument historique le 30 avril 1976, restauré entre 1980 et 1994 puis à nouveau entre 2016 et 2020.



C'est un moment agréable avec une traversée lente et paisible. J'ai ensuite visité la Maison du Transbordeur, j'ai flané sur la rive avant de retraverser la Charente pour rentrer l'Auberge de Jeunesse. Comme de coutume, repas, douche et un nouvel Indiana Jones en l'occurence Les Aventuriers de l'Arche Perdue, le premier du nom.

Jour 4 : 7 juillet Rochefort-Poitiers

Pour terminer un pot pourri de photos diverses et variées : 1) Hôtel de la Marine (trois photos) 2) Le Potager du Roi 3) Tour des Signaux 4) Les demoiselles de Rochefort 5) Magasin aux Vivres








Ce quatrième jour est un jour de transit entre Rochefort et Poitiers. Devant quitter l'Auberge de Jeunesse avant 10h mais ne devant prendre le train que vers 13h j'ai donc du tuer le temps d'abord Place Colbert puis à la terrasse d'un café avant un repas et le retour vers la Gare de Rochefort.



Arrivé en fin d'après midi, je me suis installé à l'Auberge de Jeunesse seul dans une chambre un poil vieillotte mais bon c'est l'AUJ pas un hôtel quatre étoiles.

Après des petites courses sous une chaleur à crever, je suis revenu à l'auberge pour manger, me doucher et profiter de la soirée pour regarder un autre Indiana Jones.