CARRIERE OPERATIONNELLELe croiseur Colbert survolé par un hélicoptère type Piasecki HUP RetrieverPrésentationLe croiseur C-53 nait le 15 janvier 1954 avec le lancement du processus d'usinage dans les ateliers de l'Arsenal de Brest implantés sur le plateau des Capucins.
Le processus de préfabrication qui alors généralisé est lancé le 17 mai 1954. Le montage dans le bassin n°4 du Salou au fond de la Penfeld commence le 9 juin.
Près de 1300 personnes, ingénieurs, techniciens et ouvriers vont s'occuper de la construction du dernier croiseur de la Royale.
24 mars 1956 : le Colbert est mis à flot dans la Penfeld. Un spectacle qui appartient au passé pour les brestoisLa mise à flot à lieu le 24 mars 1956 en présence du secrétaire d'Etat à la marine M. Paul Anxionnaz et de l'amiral Nomy, chef d'état-major général de la marine.
Une fois sortie d'un bassin où avaient été construits le Dunkerque et le Richelieu notamment, la coque est remorquée au quai d'armement du Laninon pour l'achèvement à flot.
A l'époque l'Arsenal de Brest ne manque pas de travail entre le Colbert, les essais du De Grasse, les étapes préliminaires de la construction du porte-avions Clemenceau ainsi que l'achèvement des escorteurs d'escadre La Bourdonnais et Forbin de classe Surcouf.
Le Croiseur Anti-Aérien (CAA) Colbert est armé pour essais le 26 octobre 1957. L'essai au point fixe à lieu le 5 décembre, la première sortie à la mer à lieu peu après.
La présentation en recette prévue le 1er décembre 1957 n'à finalement lieu qu'entre le 8 et le 13 décembre. Les essais occupent le croiseur en 1958 et au début de 1959. Sa première escale à lieu les 14 et 15 février 1959 à Bordeaux.
Il reste au croiseur à effectuer la TLD (Traversée de Longue Durée) (appelée aujourd'hui «Vérification des capacités militaires») avant d'être admis au service actif.
Le vice-amiral Querville, président de la Commission Permanente des Essais embarque à bord du croiseur qui appareille de Brest le 7 mars 1959, fait escale à Göteborg, Copenhague et Oslo avant de remonter la côte norvégienne jusqu'au Cap Nord, mouillant devant Honningvaag au cap Nord les 23 et 24 mars, repassant à Brest avant de mettre cap au sud direction Dakar et Abidjan.
Il arrive à Toulon le 4 mai 1959. Le Croiseur Anti-Aérien Colbert est admis au service actif le 5 mai 1959.
Jean-Baptiste ColbertBuste de Jean Baptiste Colbert au musée de la Marine de Brest (photographié par votre serviteur)Le dernier croiseur français est le sixième navire à rendre hommage à Jean Baptiste Colbert (Reims 29 août 1619 Paris 6 septembre 1683) l'un des grands ministres de Louis XIV avec son «rival» Louvois. Fils d'un fabriquant de draps, il est clerc de notaire avant de travailler dans un bureau de finances.
Il intègre les bureaux du secrétaire d'Etat à la guerre en 1640, devenant le premier commis de Michel Le Tellier en 1642. Il devient ensuite secrétaire et conseiller d'Etat. En 1651, il devient l'intendant de la maison de Mazarin dont il gère l'immense fortune personnelle.
Dès 1660 il s'intéresse à la Marine. En 1661 peu avant son décès Mazarin le recommande à son filleul Louis XIV comme intendant des Finances. En 1663 il devient intendant de la Marine.
En 1669, il devient secrétaire d'Etat, chargé des Finances, Beaux-arts, Travaux publics et de la Marine. Il reprend les idées de Richelieu et réalise une véritable marine de guerre, la flotte passant de 18 bâtiments en 1661, à 70 en 1666, 196 en 1671 et 276 en 1683.
Outre la construction de navires les infrastructures sont agrandies (Brest et Toulon), créées (Rochefort), Dunkerque étant racheté à l'Angleterre et transformé. Un système des classes remplace le système de la presse tout comme les gardes marine (1670) et la caisse des Invalides de la Marine (1674). Il sépare l'administration, puissante, du commandement militaire, en privilégiant les gens de plume par rapport aux officiers de vaisseau, ce qui va cependant handicaper les opérations.
Il crée aussi une garde-côtes pour la défense du littoral, l'Observatoire et le Service hydrographique. Il fait publier une ordonnance du commerce en 1673 et l'Ordonnance de la Marine en 1681. Le code des Armées Navales qu'il avait préparé, ne paraîtra qu'en 1689 soit six ans après sa mort.
Le futur croiseur lance-missiles succède à une corvette à roues construite à l'Arsenal de Cherbourg (1848-1867), une frégate cuirassée construite à l'Arsenal de Brest (1877-1900), un patrouilleur auxiliaire en service du 14 novembre 1915 au 30 avril 1917 (torpillé par le UC-37 en Méditerranée) un navire auxiliaire (voilier de pêche) réquisitionné à Boulogne du 3 avril au 26 octobre 1917 et un croiseur lourd de classe Suffren.
Le croiseur lourd ColbertDeuxième unité de cette classe, il est mis sur cale à l'Arsenal de Brest le 12 juin 1927 lancé le 20 avril 1928 et mis en service le 1er avril 1931. Il est sabordé à Toulon le 27 novembre 1942 en compagnie de ses sister-ship Foch et Dupleix.
HistoriqueJeunes AnnéesLe Colbert à la merA sa mise en service, l'Escadre de la Méditerranée est organisé en plusieurs sous-ensembles, le groupe des porte-avions (Arromanches, La Fayette et Bois-Belleau), la 1ère FEE (Flottille d'Escorteurs d'Escadre), le Groupe d'Action Sous-Marine regroupant des escorteurs rapides et des sous-marins, le navire-amiral étant le De Grasse, le «demi-frère» du Colbert.
Tout comme le De Grasse, le Colbert possède un armement entièrement tourné vers la Défense Aérienne à la Mer (DAM) en l’occurrence des canons de 127 et de 57mm ce qui semble être adapté aux menaces aériennes de la fin des années cinquante.
Le 11 mai 1959, le Colbert sort avec l'Escadre. Le 10 juin, les bâtiment basés à Toulon retrouvent dans le port oranais les bâtiment de l'Escadre Légère basée à Brest.
Quatre jours plus tard, le 14 juin 1959, est organisée une revue navale pardon une inspection générale à la mer. Le Colbert mouillé devant les passes de Mers-El-Kebir entre les sous-marins Arethuse et Argonaute.
A bord du croiseur on trouve l'amiral Nomy (toujours chef d'état-major général de la Marine), le ministre des Armées M. Guillaumat, M. Le Bigot délégué ministériel pour la Marine, M. Délouvrier, délégué général du gouvernement, les généraux Challe, Lavaud,Gambiez,Martin et Ezzanno sans oublier les amiraux Auboyneau, Ortoli et Géli.
Les navires passent devant le Colbert en saluant au canon. Successivement on trouve le De Grasse,le porte-avions Bois Belleau, la 1ère FEE (navire-amiral Chateaurenault, escorteurs d'escadre Kersaint Tartu Vauquelin Duperré Cassard), le GASM (escorteurs rapides Le Basque Le Breton L'Agenais Le Béarnais Le Lorrain Le Savoyard et Le Bourguignon) et l'Escadre légère avec le navire-amiral Guichen (qui comme le Chateaurenault est un croiseur éclaireur de classe Capitani Romani reconstruit) et les escorteurs d'escadre Forbin, Guépratte,Surcouf,Jauréguiberry et Casabianca).
On trouve ensuite les navires engagés dans les opérations de surveillance maritime (SURMAR) des côtes algériennes. On trouve les anciens destroyers d'escorte Kabyle et Bambara ainsi que les escorteurs légers L'Alerte,L'Ardent,Le Fantassin le Coutelas), les navires du CIOA (Centre d'Instruction aux Opérations Amphibies avec le Malgache, les BDC Foudre Golo et Orne ainsi que trois EDIC. Des LCM du CIOA et des LVT (crabes) de la Légion Étrangère manœuvre entre la côte et le croiseur.
Ce défilé naval comprend un volet aérien avec des SNCASE Aquilon (De Havilland Sea Venom produit sous licence), des Grumman TBM Avenger, des Avro Lancaster, des Lockheed Neptune, des Grumman Goose de l'Aéronautique Navale accompagnés par des SNCASE Mistral (De Havilland Vampire produit sous licence) et des Martin B-26 Marauder.
Le Colbert revient à Brest le 22 juin pour les démontages après les essais d'endurance. De nouveau disponible fin octobre, il rentre à Toulon le 2 novembre 1959 où il devient le navire-amiral de l'Escadre de la Méditerranée en remplacement du De Grasse.
Outre les missions classiques du bâtiment en escadre, le Colbert va participer à des missions plus politiques et plus diplomatiques.
A la fin du mois d'avril 1961, il rapatrie le corps du maréchal Lyautey de Casablanca à Toulon.
Décédé en Lorraine en 1934, il avait choisit de reposer au Maroc dont il avait été le résident général de 1912 à 1925, étant évincé par le maréchal Pétain lors de l'opération commune franco-espagnole menée contre le chef rifain Ab-El-Krim.
En 1961, le sultan Mohamed V s'inquiète du sort du mausolée abritant la dépouille du maréchal Lyautey.
Celui-ci situé dans le parc de la Résidence à Rabat était jusqu'ici l'ambassade de France mais une partie du site était en cours de rétrocession au Maroc indépendant.
Pour éviter une profanation, il propose à la France et au général de Gaulle de déplacer son tombeau aux Invalides, haut lieu des gloires militaires de la France. L'homme du 18 juin accepte et c'est le fleuron de la Royale qui est chargée du rapatriement.
Entrée du canal menant au lac de BizerteIl va ensuite être engagé dans l'affaire de Bizerte, de violents combats entre français et tunisiens à propos du sort de la base navale de Bizerte. Plutôt qu'une base unitaire qui pourrait se replier sur elle même comme un hérisson, il faut plutôt parler d'installations dispersées autour du lac notamment l'Arsenal de Sidi-Abdallah.
Plan du lac de BizerteLa Tunisie indépendante depuis le 20 mars 1956 avait autorisé la France à conserver la base ce que les tunisiens supportent de moins en moins. En réalité Bizerte est plus un problème politique que purement militaire.
Le président tunisien se radicalise car sa position médiane (soutien au FLN et bonnes relations avec l'ancienne puissance coloniale) est de moins en moins bien comprise par les tunisiens et par le monde arabe, notamment son rival Nasser. Il lui faut son «affaire de Suez» et ce sera Bizerte.
De son côté, le général de Gaulle estime que Bizerte est une œuvre française et c'est à Paris de décider du moment de l'évacuation.
Bourguiba demande aux français un calendrier pour l'évacuation d'une base dont l'intérêt stratégique à l'air nucléaire ne semblait plus aussi évident, l'OTAN ayant abandonné en mars 1961 le projet de la moderniser pour s'en servir contre les Rouges. La base est d'ailleurs davantage utilisée pour la guerre d'Algérie que dans le cadre otanien.
Soldats français au combat à BizerteLe
casus belli ce sont les travaux concernant l'agrandissement de la piste de la base aéronavale de Sidi-Ahmed pour permettre l'utilisation de Mystère IV.
Des barrages sont établis le 17 juillet 1961, les combats éclatant deux jours plus tard après qu'une Alouette puis des Corsair eurent été touché par des tirs.
Les parachutistes du 2ème RPIMa sont largués sur Bizerte par quatorze Noratlas appuyés par les Chance-Vought F4U Corsair de la 17F. Le 3ème RPIMa est ensuite aérotransporté à Sidi-Ahmed bientôt renforcés par les chars M-24 Chaffee du 8ème Régiment InterArmes (8ème RIA). Le 3ème REI (3ème Régiment d'Etranger d'Infanterie) et le 8ème Régiment de Hussards sont également engagés.
Le 20 juillet 1961, l'escorteur côtier L'Effronté et l'escorteur d'escadre La Bourdonnais ouvrent le feu pour appuyer les troupes au sol.
La flotte se prépare à intervenir, le Colbert accompagné des escorteurs d'escadre Chevalier Paul et Bouvet forcent l'entrée du goulet (qui commande l'accès au lac) et pénètrent dans le lac le 21 juillet au soir.
Un cessez-le-feu est ordonné à 20h mais n'est définitivement appliqué que le 23. Le croiseur évacue 518 femmes et enfants de militaires français présents en Tunisie pour les ramener à Toulon deux jours plus tard le 25.
Le bilan est lourd avec 639 tués et plus de 1000 blessés côté tunisien, 27 tués et 128 blessés côté français. Un accord de principe sur le retrait français de Bizerte est signé en janvier 1962 suivit en juin de la rétrocession de l'Arsenal de Sidi-Abdallah, le retrait définitif ayant lieu en octobre 1963.
Le Colbert est immobilisé pour grand carénage à l'Arsenal de Brest d'octobre 1962 à août 1963.
Le croiseur du généralLes croiseurs Colbert et De Grasse en octobre 1963A l'automne 1964, le général de Gaulle qui s'était rendu au Mexique au mois de mars (
«Marchando la mano en la mano») effectue un immense périple en Amérique du Sud, visitant dix pays, parcourant 32000km.
Le 21 septembre 1964, une Caravelle décolle d'Orly direction l'Amérique du Sud. Le général De Gaulle va visiter le Vénézuela, la Colombie, l'Equateur, le Pérou, la Bolivie, le Chili, l'Argentine, le Paraguay, l'Uruguay et le Brésil.
Le croiseur Colbert quitte Toulon le 2 septembre 1964, franchit les Colonnes d'Hercules le 4, traversant l'Atlantique direction Fort de France où il fait relâche du 14 au 17. Il franchit le canal de Panama, faisant escale à Balboa du 21 au 23, arrivant à Callao le 27.
Le 29 septembre 1964, il embarque à Arica sur le Colbert pour se rendre ensuite à Valparaiso le 1er octobre. Il signe à bord plusieurs documents publiés au Journal Officiel (
«Fait à bord du Colbert C. De Gaulle») comme il le fera trois ans plus tard pour un voyage nettement plus mouvementé au Canada.
Le croiseur Colbert repart sans le général pour franchir le détroit de Magellan, arrivant à Montevideo le 9, l'homme du 18 juin revenant à bord le 10 pour rallier Rio de Janeiro le 13. Charles De Gaulle débarque pour rentrer en France par avion.
Le Colbert lui ne va repartir que le 19, faisant escale à Banado de Una, à Salvador de Bahia, Abidjan,Dakar et Gibraltar, rentrant à Toulon le 14 novembre 1964.
Le 15 septembre 1965, les forces navales françaises sont réorganisées avec deux escadres, l'Escadre de la Méditerranée et l'Escadre de l'Atlantique qui remplace l'Escadre légère.
Cette organisation va perdurer jusqu'en 1992 quand les deux Escadres fusionnent pour donner naissance à la Force d'Action Navale (FAN).
Le Croiseur Anti-Aérien (CAA) ColbertLe 15 juillet 1967, le général de Gaulle et «tante Yvonne» embarquent à bord du croiseur Colbert pour un voyage officiel au Canada. Comme pour le précédent voyage, le général et madame occupent les appartements de l'amiral, appartements décorés grâce au Mobilier National. Il est rallié dans l'Atlantique par l'escorteur d'escadre Bouvet.
Après une brève escale à Saint Pierre et Miquelon le 20 juillet, le croiseur et l'escorteur d'escadre remontent le Saint Laurent direction Québec où ils arrivent le 23. Amarré au quai de l'Anse aux Foulons, le croiseur sert de résidence au président de la république mais aussi de lieu de réception.
Seulement voilà le 24 juillet 1967, le général de Gaulle au balcon de l'hôtel de ville de Montréal prononce la célèbre formule «Vive le Québec libre» qui déclenche une grave crise diplomatique entre Paris et Ottawa au point que le général de Gaulle décide de rentrer directement en avion sans passer par la capitale fédérale.
Le 24 juillet 1967, le Colbert et le Bouvet quittent Québec comme prévu. Il rallie Montréal en fin d'après midi où ils retrouvent les EE Chevalier Paul et Du Chayla.
La petite escadre est représentative de l'évolution de l'armement des navires de la marine nationale avec des navires classiques armés de canons (Colbert Chevalier Paul _ce dernier servant de conducteur de flottille_) et des navires armés de missiles en l'occurence le Tartar (Du Chayla Bouvet).
Du canon au missileLe Colbert immobilisé lors de sa refonte lance-missilesC'est à cette époque qu'on commence à plancher sur la modernisation du croiseur. La coque est l'appareil propulsif sont en bon état mais l'armement est totalement périmé tout comme la conduite de tir et les organes de commandement.
L'idée de transformer le CAA en CLM (Croiseur Lance-Missiles) devient une nécessité au risque que la valeur militaire du navire-amiral de l'Escadre de la Méditerranée soit symbolique. La décision de moderniser le Colbert est officiellement prise en 1969. Reste à savoir l'étendue de la modernisation.
Les premiers projets sont ambitieux avec le remplacement de l'artillerie d'origine (canons de 127 et de 57mm) par six canons de 100mm modèle 1964 automatiques installés sur l'avant (deux tourelles) et sur les côtés (deux tourelles à tribord, deux tourelles à bâbord), un système lance-missiles Masurca (commandé pour le croiseur porte-hélicoptères Jeanne d'Arc mais non installé sur le croiseur-école), quatre missiles surface-surface MM-38, un sonar de coque à dôme hissable, un système de traitement de l'information (Senit à trois calculateurs, la généralisation de l'air conditionné, l'amélioration de la protection NBC et de l'habitabilité, l'aménagement d'une passerelle amiral.
Les travaux devaient commencer le 1er janvier 1970 à l'Arsenal de Brest, le croiseur s'y trouvant depuis le 7 novembre mais un ordre arrive de suspendre les travaux en raison d'une polémique entre le ministre de la défense Michel Debré _qui cherche à faire des économies_ et l'amiral Patou qui comme nombre de marins tient à ce projet qui doit compenser l'abandon de la troisième frégate lance-engins type FLE-60 qui aurait du assister les Suffren et Duquesne mais dont la construction à été abandonnée au profit de la commande de quarante-deux Vought F-8 Crusader.
Le 23 mars 1970 c'est Michel Debré qui obtient satisfaction entraînant la démission de l'amiral Patou (qui était en poste depuis le 1er janvier 1968), démission qui à lieu le 1er avril 1970, jour du début des travaux.
C'est ainsi que les six tourelles de 127mm sont remplacées par deux canons de 100mm installés à l'avant et par le système Masurca implanté sur la plage arrière, que les groupes latéraux de 100mm sont abandonnés, trois affûts doubles de 57mm restant présents sur chaque bord. Les MM-38 Exocet seront mis en place ultérieurement, le Senit aura deux calculateurs au lieu de trois, la modernisation de l'électronique et de l'habitabilité limitée, le sonar abandonné.
Au final au lieu de coûter 430 millions de francs, la refonte ne va coûter que 350. Tout ça pour ça serait-on obligé de dire.
Le Colbert est désormais CLM (Croiseur Lance-Missiles)Après plus de deux années de travaux, le croiseur est réarmé pour essais le 5 août 1972, retrouvant son élément naturel le 2 octobre 1972. Les essais terminés, il est remis en service le 5 juillet 1973 au sein de l'Escadre de l'Atlantique. En novembre 1976 tout comme les porte-avions Clemenceau et Foch, le Colbert retourne en Méditerranée après avoir participé aux célébrations du bicentenaire de l'indépendance des Etats-Unis.
L'année 1980 voit l'installation de quatre missiles MM-38 Exocet sur le rouf avant derrière les tourelles de 100mm. Modernisé a minima de septembre 1981 à début 1983, il est le premier bâtiment militaire français à recevoir le système de transmissions par satellite Syracuse
Le 6 août 1988 il appareille de Toulon pour Djibouti où il arrive le 16. Il reprend la mer le 19 en compagnie de l'aviso-escorteur Commandant Bory qui va l'accompagner jusqu'au détroit de Malacca.
Le Colbert fait escale à Singapour avec le Balny _sister-ship du précédent_ du 31 août au 4 septembre, ralliant ensuite Nouméa où il arrive le 16. Le vice-amiral Bergot, commandant des forces maritimes du Pacifique y appose sa marque et quitte le caillou le 22 septembre en compagnie du Commandant Bory et de l'Amiral Charner pour participer au bicentenaire de la naissance de l'Australie (1788-1988).
Le groupe occasionnel français est présent à Sydney du 26 septembre au 4 octobre, participant le 1er octobre à une grande revue navale.Pour 73cm, le croiseur ne peut passer le célèbre Sydney Bridge et comme les infortunés New Jersey et Ark Royal doit rester au mouillage à proximité.
Le vice-amiral Bergot quitte le bord à la fin de l'escale à Sydney, laissant le croiseur faire escale à Melbourne du 12 au 17 en compagnie du Commandant Bory. Les deux navires français sont ensuite à Adelaïde jusqu'au 23 et à Fremantle du 28 octobre au 2 novembre. Le croiseur effectue seul une visite à la Reunion du 13 au 21, faisant relâche à Mayotte le 22, à Djibouti du 28 au 30 avant de rentrer à Toulon le 10 décembre 1988.
Le 16 mai 1990, le croiseur quitte Toulon pour une mission de représentation en Union Soviétique, faisant escale à Sébastopol du 22 au 26 mai.
Opération SalamandreOpération Salamandre : le Colbert en compagnie du Var et du porte-avions Clemenceau (utilisé en porte-hélicoptères)Le 2 août 1990, l'Irak envahit le Koweit. C'est le début de la première guerre du Golfe. Les saoudiens demandent l'aide des américains qui déclenchent l'opération DESERT SHIELD (bouclier du Désert), bientôt suivis par leurs alliés voir des pays cherchant une nouvelle respectabilité comme la Syrie de Hafez el-Assad.
La France hésite (le ministre de la défense JP Chevenement finira par démissionner car opposé à la guerre) mais finit par déclencher le 13 août l'opération SALAMANDRE.
Le même jour, le croiseur lance-missiles quitte Toulon en compagnie du porte-avions Clemenceau et du pétrolier Var. Le «Clem'» n'est pas engagé comme porte-avions mais comme porte-hélicoptères et transport. A part quatre Bréguet Alizé de la 4F destiné à l'éclairage, les appareils embarqués sont des hélicoptères en l'occurence 42 hélicoptères venant notamment du 5ème RHC (12 Puma et 30 Gazelle antichars).
La petite escadre franchit le canal de Suez du 17 au 18 août pour rallier Djibouti le 22. Elle repart six jours plus tard pour le golfe d'Oman où elle va manœuvrer en compagnie des forces omanaises et des émiraties, ralliant ensuite le port de Yanbou les 23 et 24 septembre pour permettre au porte-avions de débarquer hélicoptères et matériel.
Le Colbert reste à la mer pour protéger la navigation et pour mener des escortes en mer Rouge. Il rentre à Toulon avec le porte-avions le 5 octobre 1990, le pétrolier Var suivant le lendemain. Le croiseur lance-missiles est resté 39 jours consécutifs à la mer, un record pour lui.
Désarmement, Musée et démolitionLa retraite du Colbert à Bordeaux se révélera plus courte que prévueLe croiseur est un navire gourmand en personnel et coûteux en entretien alors qu'à l'époque les budgets commencent à être réduits. Son désarmement devient inévitable après 22 ans de service ce qui n'est pas ridicule.
Le Colbert effectue une dernière escale à Venise du 12 au 19 avril 1991. Il est désarmé le 24 mai 1991, condamné le 14 mai 1992, devenant officiellement le Q-683 même si depuis aucun navire militaire français n'à reçu ce nom en espérant que cela change un jour (peut être pour le successeur du Charles de Gaulle dont les études ont été récemment lancées).
Rien ne s'empêchait pas à ce que l'ex-croiseur soit démoli ou coulé comme cible mais finalement le dernier croiseur français va prendre une retraite bien méritée en devenant navire-musée à Bordeaux au niveau des Chartrons (là où on débarquait les fûts de vin).
C'est le deuxième navire de surface à devenir navire-musée de France après le Maillé-Brézé _MBZ pour les intimes et sur lequel votre serviteur à l'honneur d'être guide_ , l'escorteur d'escadre coulant une retraite paisible quai de l'Aiguillon depuis juin 1988.
Pour cela une association «Les Amis du Colbert à Bordeaux» à été créée pour gérer le musée même si le désarmement prématuré prend l'association de cours.
Le croiseur reste propriété de la marine, l'association en étant la gestionnaire. Le Colbert quitte Toulon à la remorque de l'Abeille Bretagne, arrivant à Bordeaux le 12 mai. Il est remis à l'association le lendemain et ouvert au public le 12 juin 1993.
Les premières années sont un succès avec près de 100000 visiteurs par an mais très vite la situation se dégrade. Cela me pousse à faire une comparaison avec le Maillé-Brézé.
L'escorteur d'escadre appartient à l'association Nantes Marine Tradition (NMT) qui est seule maîtresse à bord alors que le croiseur appartient toujours à la marine national. Le Colbert est beaucoup plus gros que le «MBZ» ce qui impose de sérieuses servitudes en matière d'entretien.
Enfin contrairement à Nantes où nous faisons partie des meubles (les personnes hostiles à notre présence sont peu nombreuses et ne peuvent pas faire grande chose, notre ponton se trouvant sur l'emprise du port autonome de Nantes-Saint Nazaire et non sur la ville de Nantes), le Colbert n'à jamais été accepté par nombre de bordelais qui voyaient le croiseur comme une verrue défigurant leurs quais pourtant pas de première fraîcheur à l'époque.
L'association connait de sérieux problèmes financiers ce qui pousse le maire de Bordeaux, Hughes Martin à demander le départ du croiseur officiellement pour des raisons de sécurité. Le ministère de la Défense accepte le 14 septembre 2006 et trois jours plus tard le navire fermé aux visites.
Le 31 mai 2007, le croiseur Colbert quitte Bordeaux remorqué par l'Argonaute, le Buffle, le Rari et l'Abeille Bourbon. Il arrive à Brest le 4 juin avant d'être transférée au cimetière marin de Landévennec le 25 juin 2007. Des éléments sont récupérés pour le croiseur porte-hélicoptères Jeanne d'Arc qui partage la même propulsion.
Le Colbert à LandevennecPendant des années, les navires désarmés servaient de cible lors d'exercice de tir mais cette pratique appelée «océanisation» n'est plus autorisée pour des raisons écologiques (
NdA faudra que quelqu'un m'explique un jour comment garder des coques pleines de rouille et de peinture au plomb pendant des années est plus écologique).
Désormais quand un navire est désarmé par la Royale, il est préparé dans la Penfeld puis remorqué à Landevennec en attendant sa vente à un chantier de démolition. Parfois le navire sert de brise-lames pendant quelques années avant de rallier l'Aulne et y attendre son sort final. Le Colbert n'à pas servit de brise-lames (trop gros ?) et à donc rejoint directement Landevennec en attendant qu'un chantier remporte le marché de déconstruction.
Le 12 juin 2014, la Marine Nationale annonce que le marché de déconstruction du Colbert à été attribué aux sociétés Bartin Recycling (groupe Veolia) et Petrofer Société Nouvelle qui vont démanteler le navire à Bassens, un des avant-ports de.....Bordeaux.
Triste fin pour le Colbert. Il revient à Bordeaux pour être démoliLe 2 février 2016, l'ex-Colbert est ramené dans le port de Brest pour être dépollué et préparé pour le remorquage en direction de Bassen. Le remorquage à lieu le 3 juin 2016, le navire arrivant à destination le 5 juin.
Les travaux ont lieu dans la forme de Bassens, le Colbert succédant à la Jeanne d'Arc. Les travaux qui devaient durer initialement dix-huit mois jusqu'au décembre 2017 ce sont finalement achevés en mai 2018. Le Colbert n'existe plus qu'en souvenirs et qu'en photos.