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 CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé)

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clausewitz
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CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Empty
MessageSujet: CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé)   CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) EmptyJeu 14 Nov 2019, 14:34

CROISEUR LEGER COLBERT
(FRANCE)

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Colber17
Le Croiseur Anti-Aérien (CAA) Colbert

AVANT-PROPOS

Les croiseurs français en 1945 : une flotte hétérogène

Prélude

En septembre 1939, la Royale est la quatrième marine du monde derrière l'US Navy, la Royal Navy et la Nihon Kaigun, la marine impériale japonaise.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) George14
Georges Leygues

Dans l'ensemble sa flotte est plutôt moderne, un effort constant mené notamment par deux hommes (l'amiral Darlan et Georges Leygues) ont permis à notre pays de posséder l'une des plus belles flottes de son histoire.

Corsetée par le traité de Washington (1922) et par une rivalité franco-italienne, la marine nationale sortie usée du premier conflit mondial se redresse en construisant notamment de nombreuses unités légères, des contre-torpilleurs (dont le tonnage ne sera atteint par les anglo-saxons qu'à la fin de la guerre) mais aussi des croiseurs.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Ct_tig13
L'évolution des contre-torpilleurs français en deux photos : le Tigre (classe Jaguar) et le Volta (classe Mogador)
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Ct_vol11

Si les contre-torpilleurs forment une flotte plutôt homogène avec des progrès apportés par chaque classe, la flotte des croiseurs se caractérise par une très grande hétérogénéité avec des navires aux capacités différentes notamment parce que certains ont des missions bien particulières.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Ca_duq29
Le croiseur lourd Duquesne en 1937

Quand la France entre dans le second conflit mondial, la marine nationale aligne sept croiseurs lourds (deux de classe Duquesne, quatre de classe Suffren et l'unique mais splendide Algérie) et douze croiseurs légers (trois Duguay-Trouin, la Jeanne d'Arc, le Pluton, l'Emile Bertin et les six La Galissonnière)

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Cl_mon12
Le croiseur léger Montcalm en Norvège en 1940

Le renouvellement est cependant prévu dans un contexte où Paris après avoir pensé uniquement à un conflit franco-italien commence à penser également à un conflit avec une marine allemande en pleine renaissance.

Outre l'accroissement des moyens, la Royale commence à anticiper le renouvellement des navires construits à partir de 1922 par des navires plus modernes mais surtout plus puissant. C'est ainsi que les Duguay-Trouin, des croiseurs légers peu protégés doivent être remplacés vers 1945/46 par trois croiseurs lourds de 14000 tonnes armés de neuf canons de 203mm et dont la protection dérivée de l'Algérie pouvait être considérée comme sérieuse.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Classe19
Schéma des croiseurs morts-nés de classe Saint Louis

Malheureusement comme nous le savons, la France subit en juin 1940 la pire défaite militaire de son histoire et doit signer l'Armistice, provoquant un séisme dont les répliques se font sentir jusqu'à nos jours tant Vichy représente un passé qui ne passe pas.

La marine qui possède le statut envié «d'arme invaincue» se divise entre les partisans de la fidélité au maréchal Pétain et ceux qui décident de suivre à un obscur général de brigade à titre provisoire qui décide de continuer la lutte.

La marine d'Armistice ou de Vichy reste quasiment l'arme au pied, subissant l'attaque des britanniques parfois aidés par les gaullistes. De leur côté les FNFL tentent péniblement de continuer la lutte.

Ces deux marines antagonistes sont forcés de cohabiter après l'opération TORCH. Officiellement l'unité est faite, il n'y à plus qu'une marine mais en pratique les relations resteront difficiles entre ceux avant servit Vichy jusqu'au débarquement allié en Afrique du Nord et ceux ayant choisit les FNFL.

En septembre 1939, on comptait dix-neuf croiseurs en service plus un en construction (le De Grasse) mais en septembre 1939 on ne comptait plus que trois croiseurs lourds (Duquesne, Tourville,Suffren) et dix croiseurs légers soit un total de treize croiseurs.

Si la Jeanne d'Arc, l'Emile Bertin et le Duguay-Trouin sont toujours là, le Pluton, le Primauguet, le Lamotte-Picquet, le La Galissonnière, le Jeanne de Vienne et La Marseillaise ont disparu. Quatre ex-contre-torpilleurs ont cependant fait leur apparition comme nous l'avons voir maintenant.

«J'avais deux frères»
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Cl_dug24
Le croiseur léger Duguay Trouin le 22 octobre 1951 à Toulon. Il rentrait alors d'Indochine pour être désarmé

L'une des carences de la Royale en août 1914 est l'absence de croiseurs légers modernes pour l'éclairage et l'appui des unités légères. Cette carence était connue, un projet est bien avancé mais le déclenchement du premier conflit mondial oblige la marine française à abandonner les constructions de grands navires au profit de navires légers («poussière navale»).

Le projet renaît après guerre et aboutit à la construction de trois croiseurs légers de 8000 tonnes, fortement armés (huit canons de 155mm en quatre tourelles doubles, douze tubes lance-torpilles de 533mm avec vingt-quatre torpilles) mais à la protection symbolique. Ces navires sont financés par la loi-programme du 18 avril 1922 et baptisés Duguay-Trouin, Lamotte-Picquet et Primauguet.

Le Duguay-Trouin construit à l'Arsenal de Brest est mis en service le 15 février 1927. A la différence de ces deux sister-ship, il survit au second conflit mondial, terminant sa carrière par un long déploiement en Indochine. Il est désarmé le 15 décembre 1951 puis vendu à la démolition et démantelé. Le Lamotte-Picquet à été coulé le 12 janvier 1945 par les avions embarqués de la TF-38 et le Primauguet à été irrémédiablement endommagé lors de l'opération TORCH le 8 novembre 1942.

Sur le plan technique, le Duguay-Trouin était un navire de 8000 tonnes, mesurant 181m de long sur 17.2m, filait à une vitesse maximale de 34 nœuds avec pour armement principal huit canons de 155mm en quatre tourelles doubles. Il embarquait également une catapulte avec un ou deux hydravions.

«La pucelle d'Orléans»
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Croise25
Le croiseur-école Jeanne d'Arc en 1964 peu avant son désarmement

Si les officiers de marine  peuvent être formés à terre dans des bâtiments, cette formation théorique doit se doubler d'une formation pratique à la mer pour mettre en application les notions apprises. En 1912 le croiseur cuirassé Jeanne d'Arc devient croiseur-école. Ce choix s'explique par la charge symbolique que représente la «Pucelle d'Orléans» dans un contexte de patriotisme exacerbé par la volonté de Revanche.

Désarmé en 1928, il est remplacé temporairement par l'Edgar Quinet en attendant qu'un nouveau croiseur-école Jeanne d'Arc soit construit.

Ce navire construit aux Ateliers et Chantiers de Penhoët à Saint Nazaire est mis en service le 6 octobre 1931 à été conçu spécifiquement pour cette mission et ne manque pas d'élégance avec un bloc-passerelle ramassé, quatre tourelles doubles de 155mm et de longs passavants qui lui donne un faux-air de paquebot.

Après plusieurs croisières d'instruction, le croiseur participe à la seconde guerre mondiale, étant bloqué aux Antilles (plus précisément à Fort de France) de juin 1940 à août 1943 en compagnie du porte-avions Béarn et du croiseur léger mouilleur de mines Emile Bertin.

Il participe à la libération de la Corse, au débarquement de Provence. La paix revenue, le croiseur reprend sa mission d'instruction jusqu'à son désarmement en juin 1964, le croiseur-école étant démoli en 1966.

Sur le plan technique le croiseur-école déplaçait 6500 tonnes, mesurait 170m de long sur 17.70m de large, atteignait une vitesse maximale de 25 nœuds avec pour armement principal toujours quatre tourelles doubles de 155mm.

L'Emile Bertin
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Cl_emi13
La Rolls des croiseurs français, l'Emile Bertin en août 1939

Le croiseur Emile Bertin à été imaginé à une époque où on s'inquiétait des capacités réelles des Duguay-Trouin et sur l'intérêt de construire un mouilleur de mines spécialisé comme le Pluton.

Le croiseur financé à la tranche 1930 est un vrai croiseur léger ayant une capacité secondaire de mouillage de mines (mission d'ailleurs qu'il ne mènera jamais). Baptisé Emile Bertin, construit aux Ateliers et Chantiers de Penhoët, il est mis en service le 17 mai 1935.

Il participe à la campagne de Norvège au cours de laquelle il est légèrement endommagé. Réparé, il est envoyé aux Antilles chargé d'or. Bloqué outre-mer jusqu'en août 1943, le croiseur léger reprend alors la lutte en Méditerranée participant notamment à l'opération SHINGLE (débarquement à Anzio), à la neutralisation des moyens navals allemands en Ligurie au sein de la Flank Force.

Après avoir participé aux premières opérations de la guerre d'Indochine, le navire rentre à Toulon en juillet 1946, servant de navire-école jusqu'à son désarmement le 15 août 1951. Condamné en 1959, il est démoli en 1961.

Sur le plan technique, cette véritable «Rolls-Royce des mers» déplaçait 6530 tonnes, mesurait 177m de long sur 15.84m de large, atteignait la vitesse maximale de 33 nœuds avec pour armement principal neuf canons de 152mm en trois tourelles triples. Il disposait également d'une catapulte et de deux hydravions de reconnaissance.

Les croiseurs de 7600 tonnes classe La Galissonnière
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Cl_geo11
Le Georges Leygues en 1945

Les six unités de classe La Galissonnière ont été conçus dans le contexte du traité de Londres de 1931 qui clarifiait la catégorie croiseur. Sur le plan technique, ils sont les héritier de l'Emile Bertin qui à servit de base de travail pour les nouveaux croiseurs.

Deux navires sont financés au budget 1931 (La Galissonnière, Jean de Vienne) et quatre au budget 1932 (La Marseillaise, Chateaurenault,Gloire,Montcalm). Ultérieurement, le Chateaurenault sera rebaptisé Georges Leygues pour rendre hommage au ministre de la Marine récemment décédé.

Sur ces six navires seulement trois survivent au second conflit mondial. En effet La Galissonnière mise en service le 29 octobre 1936 disparaît dans le sabordage de la flotte le 27 novembre 1942 tout comme le Jean de Vienne mis en service le 7 avril 1937 et La Marseillaise mise en service le 26 octobre 1937. Il ne reste donc plus que les trois derniers, des navires baptisés Gloire,Montcalm et George Leygues.

Le croiseur léger La Gloire mis en service le 4 décembre 1937 participe ainsi aux opérations SHINGLE et DRAGOON, noms de code des débarquements à Anzio et en Provence. Il opère en Indochine durant la guerre du même nom.  Définitivement désarmé le 1er novembre 1955, il est démoli en 1959.

Le croiseur léger Montcalm mis en service lui aussi le 4 décembre 1937, participe à la lutte contre les forceurs de blocus dans l'Atlantique avant de participer aux opérations OVERLORD (débarquement de Normandie) et DRAGOON.

Il est envoyé en Indochine alors que le conflit est terminé mais participe à la guerre d'Algérie ainsi qu'à l'expédition de Suez en novembre 1956 (opérations MOUSQUETAIRE/MUSKEETER). Mis en réserve le 4 mars 1957, il sert de ponton-école avant d'être démoli en 1970.

Le Georges Leygues mis en service lui aussi le 4 décembre 1937 participe aux débarquements de Normandie et de Provence puis à la guerre d'Algérie et à l'expédition de Suez. En réserve le 1er avril 1957, il est utilisé comme cible lors d'essais de missiles air-surface avant d'être vendu à la démolition le 17 mars 1961 en compagnie de l'Emile Bertin et démantelé.

Sur le plan technique, ces rutilants croiseurs déplaçaient 7600 tonnes, mesuraient 179.5m de long sur 17.48m de large, une vitesse maximale de 31 nœuds et un armement principal composé de neuf canons de 152mm en trois tourelles triples, la tourelle triple arrière étant très inhabituellement surmontée d'une catapulte pour la mise en œuvre de deux hydravions de reconnaissance.

«Promotion»
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Ct_le_14
Le contre-torpilleur Le Fantasque en 1937

En septembre 1939, trente-deux contre-torpilleurs sont en service, les deux derniers baptisés Mogador et Volta sont de véritables petits croiseurs avec huit canons de 138mm en quatre pseudo-tourelles doubles.

Pourquoi diable parlez de contre-torpilleur ? Tout simplement parce que quatre des six contre-torpilleurs de classe Le Fantasque vont être reclassés croiseurs légers durant le second conflit mondial.

Les six Le Fantasque financés à la tranche 1930 sont une évolution des Vauquelin (considérés comme les meilleurs contre-torpilleurs construits par la France). Ils se distinguent par seulement deux cheminées, par un nouveau modèle de canon de 138mm et par une augmentation de la batterie lance-torpilles à neuf tubes. Ces navires sont baptisés Le Fantasque L'Audacieux Le Malin Le Terrible Le Triomphant et L'Indomptable.

Sur ces six navires, deux sont perdus durant la guerre l'Audacieux (mis en service le 7 décembre 1935 détruit à Bizerte en 1943) et l'Indomptable (mis en service le 15 avril 1936 sabordé à Toulon le 27 novembre 1942) et quatre y survivent après avoir été reclassés croiseurs légers pour des raisons de prestige et pour faciliter le ravitaillement.

-Le Fantasque est mis sur cale à l'Arsenal de Lorient le 16 novembre 1931 lancé le 15 mars 1934 et admis au service actif le 1er mai 1936. Après avoir survécu au conflit, le contre-torpilleur devenu croiseur léger est désarmé le 5 octobre 1950, condamné le 2 mai 1957 (Q-89) et démoli.

-Le Malin est mis sur cale aux Forges et Chantiers de la Méditerranée de La Seyne sur Mer le 16 novembre 1931 lancé le 17 août 1933 et admis au service actif le 8 juin 1936. Après avoir survécu au conflit le croiseur léger est désarmé le 1er août 1952, condamné le 3 février 1964 (Q-359) et démoli.

-Le Terrible est mis sur cale aux Chantiers Navals Français (CNF) de Caen (sous-traitants des ACL) le 8 décembre 1931 lancé le 30 novembre 1933 et admis au service actif le 5 février 1936. Reclassé croiseur léger au cours du conflit pour faciliter son ravitaillement, le plus rapide de nos contre-torpilleurs (45.37 nœuds aux essais !) survit au conflit, étant désarmé le 20 février 1955, condamné le 29 juin 1962 (Q-324) et démoli.

-Le Triomphant est mis sur cale aux Ateliers et Chantiers de France (ACF) de Dunkerque le 28 août 1931 lancé le 6 avril 1934 et admis au service actif le 24 juillet 1936. Reclassé croiseur léger au cours du conflit, survivant à ce dernier, l'ex-contre-torpilleur est désarmé le 8 octobre 1949, condamné le 6 décembre 1954 (Q-36) et démoli.

Sur le plan technique, ces navires déplaçaient 2840 tonnes, mesuraient 132.40m de long sur 12m de large, une vitesse maximale de 37 nœuds et un armement composé de cinq canons de 138mm en affûts simples sous masque, une DCA légère (canons de 37mm et mitrailleuses de 13.2mm) et neuf tubes lance-torpilles de 550mm en trois affûts triples (deux latéraux et un axial).

«Eh oh nous sommes là nous aussi»
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Ca_duq30
Le croiseur lourd Duquesne

En septembre 1939, les marines françaises et italiennes disposent de sept croiseurs lourds ou croiseurs type Washington. Pour citer la France on compte les deux unités de classe Duquesne (Duquesne Tourville), les quatre unités de classe Suffren (Suffren Colbert Foch Dupleix) et l'unique Algérie considéré comme le prototype des Saint Louis qui comme nous le savons ne seront jamais construits.

Six ans plus tard, seuls les trois premiers sont encore en service, les quatre derniers ayant finit leur carrière dans les eaux de la rade de Toulon.

Le Duquesne et le Tourville sont financés à la tranche 1924. Evolution des Duguay-Trouin, ils sont donc peu protégés tout comme la première génération de croiseur type Washington.

Le Duquesne est construit par l'Arsenal de Brest et mis en service le 25 janvier 1939. Il participe à la seconde guerre mondiale mais survit grâce à son immobilisation à Alexandrie de juin 1940 à juin 1943.

Faute de modernisation, il est condamné à des missions secondaire, participant ensuite à la guerre d'Indochine. Mis en réserve le 1er septembre 1947, il sert de bâtiment-base à Oran au profit du Centre d'Instruction aux Opérations Amphibies (CIOA) d'Arzew près d'Oran de 1948 à 1955. Il est vendu à la démolition le 27 juillet 1956 et démantelé.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Ca_tou22
Le croiseur lourd Tourville

Son sister-ship Tourville est le seul croiseur lourd construit ailleurs qu'à Brest en l’occurrence à Lorient. Il est mis en service le 12 mars 1929, participe au second conflit mondial mais échappe à la destruction grâce à son immobilisation à Alexandrie de juin 1940 à mai 1943.

Il mène ensuite que des missions secondaires avant d'être engagé en Indochine davantage comme transport que comme croiseur. Mis en réserve le 1er janvier 1948, il sert de ponton-école jusqu'au 28 avril 1961 quand il est mis en réserve. Il est vendu à la démolition en 1963 et démantelé à La Seyne sur Mer.

Sur le plan technique, les Tourville déplaçaient 10000 tonnes, mesuraient 191m de long sur 19m de large, pouvaient filer à 34 nœuds avec un armement principal composé de huit canons de 203mm en quatre tourelles doubles. Ils embarquaient également une catapulte avec deux hydravions.

Aux deux Duquesne succèdent quatre Suffren, des navires baptisés baptisés Suffren, Colbert,Foch (ex-Louvois) et Dupleix, navires commandés respectivement aux tranches 1925,1926,1927 et 1929.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Ca_suf20
Le croiseur lourd Suffren le 24 juin 1945 avec la livrée bicolore typique de cette période

Le Suffren est mis en service le 8 mars 1930, passant la guerre soit en Indochine ou à Alexandrie (autant dire une guerre plutôt tranquille). Faute de modernisation, le croiseur lourd est utilisé pour des missions secondaires et ce jusqu'à la fin du second conflit mondial.

Il participe à la guerre d'Indochine. Mis en réserve le 1er octobre 1947, le croiseur lourd est amarré à l'angle Robert pour servir de ponton-école. Rebaptisé Ocean le 1er janvier 1963, il est vendu à la démolition le 5 novembre 1975 et démantelé à Valence.

Sur le plan technique, le Suffren déplaçait 10160 tonnes, mesurait 194m de long sur 19.26m de large, filait à 32 nœuds et avait un armement principal composé également de huit canons de 203mm en quatre tourelles doubles. Il embarquait également deux catapultes pour trois hydravions.
A SUIVRE

_________________
"Nul officier de marine n'abdique l'honneur d'être une cible (François Athanase Charette de la Contrie alias "Le roi de la Vendée")


Dernière édition par clausewitz le Mer 20 Nov 2019, 11:45, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé)   CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) EmptySam 16 Nov 2019, 16:55

Genèse du Colbert

Quels croiseurs pour la Royale ?
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) De_gra26
Le croiseur De Grasse (C-610)

Comme nous venons de le voir, la force de croiseur de la marine nationale affiche en septembre 1945 un visage hétérogène. Si l'Emile Bertin et les trois La Galissonnière peuvent faire illusion aux côtés des quatre Le Fantasque, les autres navires ont une très faible valeur militaire.

Globalement la Royale sort du second conflit mondial dans une situation pire qu'en 1918 car en 1945 il faut effacer les divisions provoquées par le conflit, reconstruire les infrastructures, rattraper six ans de retard tout en gérant le processus inévitable de décolonisation.

Comme souvent les marins français ont de grandes ambitions pour reconstituer leur outil et comme à chaque fois il va falloir revoir les ambitions à la baisse et se contenter de peu.
C'est ainsi qu'en novembre 1947, la marine nationale envisage de disposer à terme de six croiseurs légers à canons de 152mm (les trois 7600 tonnes encore en service plus trois unités neuves) et six croiseurs légers antiaériens, le second conflit mondial ayant montré l'utilité de navires possédant un armement entièrement tourné vers la Défense Aérienne à la Mer (DAM).

Selon ce plan ambitieux, l'achèvement du De Grasse aurait été autorisé en 1950 selon des plans d'avant-guerre mis à jour, les deux croiseurs devant le compléter devant eux être autorisés (financés) en 1954 et 1956. Les cinq premiers croiseurs légers antiaériens devaient être autorisés respectivement  en 1949, 1950,1952 et 1954 et 1956.

Un nouveau plan adopté le 9 avril 1948 («Plan 50») prévoyait l'achèvement du De Grasse en croiseur antiaérien pou 1952 selon un design neuf avec six tourelles doubles de 127mm et six tourelles doubles de 57mm.

Le projet de Statut Naval du 29 août 1949 prévoyait encore six croiseurs antiaériens de 7000 tonnes et cinq croiseurs classiques de 8000 tonnes.

On ne peut être que frappé devant l'irréalisme des projets alors que la France sort de cinq ans d'occupation, que ses installations sont ravagées et que la guerre d'Indochine impose à la Royale d'importantes servitudes.

La suite est connue : ces grandioses projets resteront lettre morte. Aux nombreux croiseurs prévus, la marine nationale n'en possédera finalement que deux, le De Grasse et un nouveau venu dont on ignore à l'époque qu'il sera le dernier de sa classe, le Colbert financé au budget 1953 d'où le nom initial de croiseur C-53.

Comme toutes les constructions majeures, elle va être assurée par l'Arsenal de Brest, l'ordre de mise en chantier datant du 14 octobre 1953.

Le De Grasse
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Profil16

Le croiseur léger De Grasse financé à la tranche 1937 marque le début d'une période où la France se préoccupe à la fois de remplacer les navires construits en 1922 mais aussi de posséder une marine capable de combattre à la fois les italiens mais aussi les allemands.

Comme le temps est compté, les ingénieurs du STCN partent des croiseurs de 7600 tonnes pour dessiner un croiseur léger moderne avec le même armement principal (trois tourelles triples de 152mm) mais un armement secondaire plus puissant (six canons de 100mm en trois affûts doubles), des installations d'hydraviation plus orthodoxes et d'autres modifications plus secondaires.

Initialement premier d'une série de trois, il sera finalement unique, la construction de ses sister-ship Chateaurenault et Guichen étant annulée suite à l'entrée en guerre.

-Le De Grasse est mis sur cale dans la Forme de Lanester à l'Arsenal de Lorient le 28 août 1939. Il n'est achevé qu'à 28% quand la France signe l'armistice.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Profil17

Les allemands décident d'achever le navire au moins pour libérer la forme mais les ouvriers français font preuve d'un zèle tel que le croiseur était toujours sur cale au moment de la libération de Lorient en mai 1945 et ne fût donc pas achevé comme porte-avions comme l'avait envisagé les allemands.

Mis à flot le 11 septembre 1946, elle va rester là pendant près de cinq ans le temps que l'on  se décide quoi en France. La décision ayant été prise de l'achever en Croiseur Anti-Aérien (CAA), la coque est remorquée à l'Arsenal de Brest pour achèvement. Il est mis en service le 10 septembre 1956.

Après avoir servit essentiellement en Méditerranée, le croiseur est transformé en croiseur de commandement pour le Centre d'Expérimentations du Pacifique (CEP). Il va ainsi participer à six campagnes d'essais atmosphériques de 1966 à 1972.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) De_gra27
Le croiseur De Grasse (C-610) modifié en navire de commandement pour le CEP

En septembre 1972, le croiseur De Grasse est placé en réserve spéciale B même si le croiseur ne rentre à Brest que le 9 décembre 1972. La mise en réserve spéciale B n'est effective que le 20 mars 1973. A noter que durant le transit retour, le commandant Jaouen pousse les machines à son maximum, atteignant les 33 nœuds ! (d'autres sources donnent "seulement" 29 noeuds

Le croiseur est placé en gardiennage sous l'autorité de Direction du Port (DP) de Brest. Il est condamné le 25 janvier 1974, devenant le Q-521. Il est remis aux Domaines pour vente à la démolition. La démolition est exécutée à La Spezia en 1974.

Caractéristiques Techniques

Déplacement : standard 9380 tonnes aux essais 11350 tonnes pleine charge 12520 tonnes

Dimensions : longueur hors tout 188m longueur entre perpendiculaires 180.4m largeur 18.6m tirant d'eau 5.5 à 6.3m

Propulsion : deux groupes de turbines à engrenages Rateau-Bretagne alimentées en vapeur par quatre chaudières à vapeur Indret (35 kg/cm² 385°) développant 105000ch et entraînant deux hélices. 1850 tonnes de mazout

Performances : vitesse maximale 33 nœuds distance franchissable 6000 miles nautiques à 18 nœuds 2000 miles nautiques à 31 nœuds

Protection : ceinture 76 à 100mm, ponts blindés 38-68mm

Electronique : Un radar de veille aérienne DRBV-22A, un radar de veille combinée (veille air et veille surface à basse altitude) DRBV-11, un radar d'altimètrie DRBI-10B, un radar de navigation DRBN-31, quatre radars de conduite de tir DRBC-11, quatre radars de conduite de tir DRBC-30, un détecteur de radars ARBR-10 et un détecteur de radars ARBR-20, un sonar DSBV-1.

Armement : Seize canons de 127mm modèle 1948 en huit tourelles doubles, Vingt canons de 57mm Bofors modèle 1951 en dix tourelles doubles installées

Aviation : aucune

Equipage : 950 officiers, officiers mariniers et marins en croiseur, 980 en navire-amiral


Arsenal de Brest
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Brest_13

Les bases navales en particulier et les ports en général ne sont pas installés n'importe où mais généralement dans des lieux accessibles et aisément défendables. Dans ce cas, le site de Brest est remarquable.

C'est comme si la nature avait tout fait que pour l'homme y implante une base ou un port important avec un vaste plan d'eau protégé des vents, un fleuve côtier pénétrant assez loin dans les terres ce qui facilite les communications avec son hinterland et surtout un accès très facile à défendre car le Goulet est non seulement étroit mais en plus, un haut fond oblige l'assaillant à serrer au nord ou au sud ce qui facilite l'action des batteries côtières.

Les premiers travaux commencent au milieu du 17ème siècle sous l'impulsion de Richelieu dont l'oeuvre pour la marine est souvent éclipsée par celle de Colbert et ne cesseront jamais jusqu'au 20ème siècle.

Un temps le grand ministre de Louis XIV privilégie le site de Rochefort sur Mer en Charente Maritime mais si ce site loin à l'intérieur des terres le met à l'abri d'une descente de la marine anglaise, l'envasement continuel de la Charente rend les manœuvres compliquées.

C'était donc écrit que Brest allait devenir la principale base navale française sur la côte Atlantique ou du Ponnant comme on disait à l'époque.

Le site de Brest est à la fois une base opérationnelle, un site d'entretien avec deux zones (le site de Laninon et la Penfeld) et une lieu de construction où sont généralement construites les plus grosses unités de la Royale comme les porte-avions, les cuirassés et les croiseurs (les unités plus légères étant généralement construites par les chantiers privées ou par l'Arsenal de Lorient).

On compte ainsi jusqu'à huit bassins ou formes de radoub, un seul sur la rive gauche de la Penfeld (bassin Tourville ou n°1), cinq sur la Penfeld et deux au Laninon (n°8 et 9).

Si vous comptez bien cela ne donne que huit tout simplement parce que le bassin n°5 n'à jamais existé (il aurait probablement été situé entre les bassins n°4 et n°7 dans la zone dite du Salou)

En 1938 des travaux pour une forme n°10 sont entamés au nord du bassin n°8 mais sont interrompus par l'armistice tout comme celui d'un nouveau bassin (le futur n°11) au sud du bassin n°9. Ces travaux ne sont pas repris après guerre.

Il était également prévu deux cales (une de 220m et une de 175m) pour permettre la construction de croiseurs et de contre-torpilleurs normalement construits pour les premiers à cale du Point du et pour les seconds à Lorient. Es-ce que cela voulait signifier une désaffectation de la cale du Point du Jour ou une volonté d'augmenter les capacités de construction ?

Personnellement je pencherai pour la seconde hypothèse. En effet durant la période 1939/40 les commandes sont nombreuses, les fonds ne manquent pas à la différence des goulets d'étranglement que constituent les faibles capacités des chantiers navals français qui n'ont su ou pu investir pour augmenter leurs capacités et réduire le délai entre la commande et la mise en service.

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Le BPC (auj. PHA) Tonnerre (L-9014)

Si le BPC Tonnerre à été le dernier navire construit à Brest (et encore avec la partie avant construite à Saint Nazaire), de nombreux navires l'ont précédé.

Pour ne prendre que les croiseurs, on trouve au XIXème siècle les Isly, Chasseloup Laubat, Dupuy de Lôme, La Marseillaise, Leon Gambetta et Edgar Quinet (ces quatre derniers étant des croiseurs cuirassés). Ils sont suivis par les croiseurs légers dit de 8000 tonnes Duguay-Trouin et Primauguet, les croiseurs lourds Duquesne,Suffren,Colbert,Foch,Dupleix et Algérie avant de boucler la boucle avec les croiseurs légers La Galissonnière et Colbert, le dernier croiseur de la marine française.

A SUIVRE

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MessageSujet: Re: CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé)   CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) EmptyLun 18 Nov 2019, 17:19

CARRIERE OPERATIONNELLE
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Colber18
Le croiseur Colbert survolé par un hélicoptère type Piasecki HUP Retriever

Présentation

Le croiseur C-53 nait le 15 janvier 1954 avec le lancement du processus d'usinage dans les ateliers de l'Arsenal de Brest implantés sur le plateau des Capucins.

Le processus de préfabrication qui alors généralisé est lancé le 17 mai 1954. Le montage dans le bassin n°4 du Salou au fond de la Penfeld commence le 9 juin.

Près de 1300 personnes, ingénieurs, techniciens et ouvriers vont s'occuper de la construction du dernier croiseur de la Royale.

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24 mars 1956 : le Colbert est mis à flot dans la Penfeld. Un spectacle qui appartient au passé pour les brestois

La mise à flot à lieu le 24 mars 1956 en présence du secrétaire d'Etat à la marine M. Paul Anxionnaz et de l'amiral Nomy, chef d'état-major général de la marine.

Une fois sortie d'un bassin où avaient été construits le Dunkerque et le Richelieu notamment, la coque est remorquée au quai d'armement du Laninon pour l'achèvement à flot.

A l'époque l'Arsenal de Brest ne manque pas de travail entre le Colbert, les essais du De Grasse, les étapes préliminaires de la construction du porte-avions Clemenceau ainsi que l'achèvement des escorteurs d'escadre La Bourdonnais et Forbin de classe Surcouf.

Le Croiseur Anti-Aérien (CAA) Colbert est armé pour essais le 26 octobre 1957. L'essai au point fixe à lieu le 5 décembre, la première sortie à la mer à lieu peu après.

La présentation en recette prévue le 1er décembre 1957 n'à finalement lieu qu'entre le 8 et le 13 décembre. Les essais occupent le croiseur en 1958 et au début de 1959. Sa première escale à lieu les 14 et 15 février 1959 à Bordeaux.

Il reste au croiseur à effectuer la TLD (Traversée de Longue Durée) (appelée aujourd'hui «Vérification des capacités militaires») avant d'être admis au service actif.

Le vice-amiral Querville, président de la Commission Permanente des Essais embarque à bord du croiseur qui appareille de Brest le 7 mars 1959, fait escale à Göteborg, Copenhague et Oslo avant de remonter la côte norvégienne jusqu'au Cap Nord, mouillant devant Honningvaag au cap Nord les 23 et 24 mars, repassant à Brest avant de mettre cap au sud direction Dakar et Abidjan.

Il arrive à Toulon le 4 mai 1959. Le Croiseur Anti-Aérien Colbert est admis au service actif le 5 mai 1959.

Jean-Baptiste Colbert
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Buste de Jean Baptiste Colbert au musée de la Marine de Brest (photographié par votre serviteur)

Le dernier croiseur français est le sixième navire à rendre hommage à Jean Baptiste Colbert (Reims 29 août 1619 Paris 6 septembre 1683) l'un des grands ministres de Louis XIV avec son «rival» Louvois. Fils d'un fabriquant de draps, il est clerc de notaire avant de travailler dans un bureau de finances.

Il intègre les bureaux du secrétaire d'Etat à la guerre en 1640, devenant le premier commis de Michel Le Tellier en 1642. Il devient ensuite secrétaire et conseiller d'Etat. En 1651, il devient l'intendant de la maison de Mazarin dont il gère l'immense fortune personnelle.

Dès 1660 il s'intéresse à la Marine. En 1661 peu avant son décès Mazarin le recommande à son filleul Louis XIV comme intendant des Finances. En 1663 il devient intendant de la Marine.

En 1669, il devient secrétaire d'Etat, chargé des Finances, Beaux-arts, Travaux publics et de la Marine. Il reprend les idées de Richelieu et réalise une véritable marine de guerre, la flotte passant de 18 bâtiments en 1661, à 70 en 1666, 196 en 1671 et 276 en 1683.

Outre la construction de navires les infrastructures sont agrandies (Brest et Toulon), créées (Rochefort), Dunkerque étant racheté à l'Angleterre et transformé. Un système des classes remplace le système de la  presse tout comme les gardes marine (1670) et la caisse des Invalides de la Marine (1674). Il sépare l'administration, puissante, du commandement militaire, en privilégiant les gens de plume par rapport aux officiers de vaisseau, ce qui va cependant handicaper les opérations.

Il crée aussi une garde-côtes pour la défense du littoral, l'Observatoire et le Service hydrographique. Il fait publier une ordonnance du commerce en 1673 et l'Ordonnance de la Marine en 1681. Le code des Armées Navales qu'il avait préparé, ne paraîtra qu'en 1689 soit six ans après sa mort.

Le futur croiseur lance-missiles succède à une corvette à roues construite à l'Arsenal de Cherbourg (1848-1867), une frégate cuirassée construite à l'Arsenal de Brest (1877-1900), un patrouilleur auxiliaire en service du 14 novembre 1915 au 30 avril 1917 (torpillé par le UC-37 en Méditerranée) un navire auxiliaire (voilier de pêche) réquisitionné à Boulogne du 3 avril au 26 octobre 1917 et un croiseur lourd de classe Suffren.

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Le croiseur lourd Colbert

Deuxième unité de cette classe, il est mis sur cale à l'Arsenal de Brest le 12 juin 1927 lancé le 20 avril 1928 et mis en service le 1er avril 1931. Il est sabordé à Toulon le 27 novembre 1942 en compagnie de ses sister-ship Foch et Dupleix.

Historique

Jeunes Années
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Le Colbert à la mer

A sa mise en service, l'Escadre de la Méditerranée est organisé en plusieurs sous-ensembles, le groupe des porte-avions (Arromanches, La Fayette et Bois-Belleau), la 1ère FEE (Flottille d'Escorteurs d'Escadre), le Groupe d'Action Sous-Marine regroupant des escorteurs rapides et des sous-marins, le navire-amiral étant le De Grasse, le «demi-frère» du Colbert.

Tout comme le De Grasse, le Colbert possède un armement entièrement tourné vers la Défense Aérienne à la Mer (DAM) en l’occurrence des canons de 127 et de 57mm ce qui semble être adapté aux menaces aériennes de la fin des années cinquante.

Le 11 mai 1959, le Colbert sort avec l'Escadre.  Le 10 juin, les bâtiment basés à Toulon retrouvent dans le port oranais les bâtiment de l'Escadre Légère basée à Brest.

Quatre jours plus tard, le 14 juin 1959, est organisée une revue navale pardon une inspection générale à la mer. Le Colbert mouillé devant les passes de Mers-El-Kebir entre les sous-marins Arethuse et Argonaute.

A bord du croiseur on trouve l'amiral Nomy (toujours chef d'état-major général de la Marine), le ministre des Armées M. Guillaumat, M. Le Bigot délégué ministériel pour la Marine, M. Délouvrier, délégué général du gouvernement, les généraux Challe, Lavaud,Gambiez,Martin et Ezzanno sans oublier les amiraux Auboyneau, Ortoli et Géli.

Les navires passent devant le Colbert en saluant au canon. Successivement on trouve le De Grasse,le porte-avions Bois Belleau, la 1ère FEE (navire-amiral Chateaurenault, escorteurs d'escadre Kersaint Tartu Vauquelin Duperré Cassard), le GASM (escorteurs rapides Le Basque Le Breton L'Agenais Le Béarnais Le Lorrain Le Savoyard et Le Bourguignon) et l'Escadre légère avec le navire-amiral Guichen (qui comme le Chateaurenault est un croiseur éclaireur de classe Capitani Romani reconstruit) et les escorteurs d'escadre Forbin, Guépratte,Surcouf,Jauréguiberry et Casabianca).

On trouve ensuite les navires engagés dans les opérations de surveillance maritime (SURMAR) des côtes algériennes. On trouve les anciens destroyers d'escorte Kabyle et Bambara ainsi que les escorteurs légers L'Alerte,L'Ardent,Le Fantassin le Coutelas), les navires du CIOA (Centre d'Instruction aux Opérations Amphibies avec le Malgache, les BDC Foudre Golo et Orne ainsi que trois EDIC. Des LCM du CIOA et des LVT (crabes) de la Légion Étrangère manœuvre entre la côte et le croiseur.

Ce défilé naval comprend un volet aérien avec des SNCASE Aquilon (De Havilland Sea Venom produit sous licence), des Grumman TBM Avenger, des Avro Lancaster, des Lockheed Neptune, des Grumman Goose de l'Aéronautique Navale accompagnés par des SNCASE Mistral (De Havilland Vampire produit sous licence) et des Martin B-26 Marauder.

Le Colbert revient à Brest le 22 juin pour les démontages après les essais d'endurance. De nouveau disponible fin octobre, il rentre à Toulon le 2 novembre 1959 où il devient  le navire-amiral de l'Escadre de la Méditerranée en remplacement du De Grasse.

Outre les missions classiques du bâtiment en escadre, le Colbert va participer à des missions plus politiques et plus diplomatiques.

A la fin du mois d'avril 1961, il rapatrie le corps du maréchal Lyautey de Casablanca à Toulon.

Décédé en Lorraine en 1934, il avait choisit de reposer au Maroc dont il avait été le résident général de 1912 à 1925, étant évincé par le maréchal Pétain lors de l'opération commune franco-espagnole menée contre le chef rifain Ab-El-Krim.  

En 1961, le sultan Mohamed V s'inquiète du sort du mausolée abritant la dépouille du maréchal Lyautey.

Celui-ci situé dans le parc de la Résidence à Rabat était jusqu'ici l'ambassade de France mais une partie du site était en cours de rétrocession au Maroc indépendant.

Pour éviter une profanation, il propose à la France et au général de Gaulle de déplacer son tombeau aux Invalides, haut lieu des gloires militaires de la France. L'homme du 18 juin accepte et c'est le fleuron de la Royale qui est chargée du rapatriement.

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Entrée du canal menant au lac de Bizerte

Il va ensuite être engagé dans l'affaire de Bizerte, de violents combats entre français et tunisiens à propos du sort de la base navale de Bizerte. Plutôt qu'une base unitaire qui pourrait se replier sur elle même comme un hérisson, il faut plutôt parler d'installations dispersées autour du lac notamment l'Arsenal de Sidi-Abdallah.

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Plan du lac de Bizerte

La Tunisie indépendante depuis le 20 mars 1956 avait autorisé la France à conserver la base ce que les tunisiens supportent de moins en moins. En réalité Bizerte est plus un problème politique que purement militaire.

Le président tunisien se radicalise car sa position médiane (soutien au FLN et bonnes relations avec l'ancienne puissance coloniale) est de moins en moins bien comprise par les tunisiens et par le monde arabe, notamment son rival Nasser. Il lui faut son «affaire de Suez» et ce sera Bizerte.

De son côté, le général de Gaulle estime que Bizerte est une œuvre française et c'est à Paris de décider du moment de l'évacuation.

Bourguiba demande aux français un calendrier pour l'évacuation d'une base dont l'intérêt stratégique à l'air nucléaire ne semblait plus aussi évident, l'OTAN ayant abandonné en mars 1961 le projet de la moderniser pour s'en servir contre les Rouges. La base est d'ailleurs davantage utilisée pour la guerre d'Algérie que dans le cadre otanien.

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Soldats français au combat à Bizerte

Le casus belli ce sont les travaux concernant l'agrandissement de la piste de la base aéronavale de Sidi-Ahmed pour permettre l'utilisation de Mystère IV.

Des barrages sont établis le 17 juillet 1961, les combats éclatant deux jours plus tard après qu'une Alouette puis des Corsair eurent été touché par des tirs.

Les parachutistes du 2ème RPIMa sont largués sur Bizerte par quatorze Noratlas appuyés par les Chance-Vought F4U Corsair de la 17F. Le 3ème RPIMa est ensuite aérotransporté à Sidi-Ahmed bientôt renforcés par les chars M-24 Chaffee du 8ème Régiment InterArmes (8ème RIA).  Le 3ème REI (3ème Régiment d'Etranger d'Infanterie) et le 8ème Régiment de Hussards sont également engagés.

Le 20 juillet 1961, l'escorteur côtier L'Effronté et l'escorteur d'escadre La Bourdonnais ouvrent le feu pour appuyer les troupes au sol.

La flotte se prépare à intervenir, le Colbert accompagné des escorteurs d'escadre Chevalier Paul et Bouvet forcent l'entrée du goulet (qui commande l'accès au lac) et pénètrent dans le lac le 21 juillet au soir.

Un cessez-le-feu est ordonné à 20h mais n'est définitivement appliqué que le 23. Le croiseur évacue 518 femmes et enfants de militaires français présents en Tunisie pour les ramener à Toulon deux jours plus tard le 25.

Le bilan est lourd avec 639 tués et plus de 1000 blessés côté tunisien, 27 tués et 128 blessés côté français. Un accord de principe sur le retrait français de Bizerte est signé en janvier 1962 suivit en juin de la rétrocession de l'Arsenal de Sidi-Abdallah, le retrait définitif ayant lieu en octobre 1963.

Le Colbert est immobilisé pour grand carénage à l'Arsenal de Brest d'octobre 1962 à août 1963.

Le croiseur du général
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Les croiseurs Colbert et De Grasse en octobre 1963

A l'automne 1964, le général de Gaulle qui s'était rendu au Mexique au mois de mars («Marchando la mano en la mano») effectue un immense périple en Amérique du Sud, visitant dix pays, parcourant 32000km.

Le 21 septembre 1964, une Caravelle décolle d'Orly direction l'Amérique du Sud. Le général De Gaulle va visiter le Vénézuela, la Colombie, l'Equateur, le Pérou, la Bolivie, le Chili, l'Argentine, le Paraguay, l'Uruguay et le Brésil.

Le croiseur Colbert quitte Toulon le 2 septembre 1964, franchit les Colonnes d'Hercules le 4, traversant l'Atlantique direction Fort de France où il fait relâche du 14 au 17. Il franchit le canal de Panama, faisant escale à Balboa du 21 au 23, arrivant à Callao le 27.

Le 29 septembre 1964, il embarque à Arica sur le Colbert pour se rendre ensuite à Valparaiso le 1er octobre. Il signe à bord plusieurs documents publiés au Journal Officiel («Fait à bord du Colbert C. De Gaulle») comme il le fera trois ans plus tard pour un voyage nettement plus mouvementé au Canada.

Le croiseur Colbert repart sans le général pour franchir le détroit de Magellan, arrivant à Montevideo le 9, l'homme du 18 juin revenant à bord le 10 pour rallier Rio de Janeiro le 13. Charles De Gaulle débarque pour rentrer en France par avion.

Le Colbert lui ne va repartir que le 19, faisant escale à Banado de Una, à Salvador de Bahia, Abidjan,Dakar et Gibraltar, rentrant à Toulon le 14 novembre 1964.  

Le 15 septembre 1965, les forces navales françaises sont réorganisées avec deux escadres, l'Escadre de la Méditerranée et l'Escadre de l'Atlantique qui remplace l'Escadre légère.

Cette organisation va perdurer jusqu'en 1992 quand les deux Escadres fusionnent pour donner naissance à la Force d'Action Navale (FAN).

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Le Croiseur Anti-Aérien (CAA) Colbert

Le 15 juillet 1967, le général de Gaulle et «tante Yvonne» embarquent à bord du croiseur Colbert pour un voyage officiel au Canada. Comme pour le précédent voyage, le général et madame occupent les appartements de l'amiral, appartements décorés grâce au Mobilier National. Il est rallié dans l'Atlantique par l'escorteur d'escadre Bouvet.

Après une brève escale à Saint Pierre et Miquelon le 20 juillet, le croiseur et l'escorteur d'escadre remontent le Saint Laurent direction Québec où ils arrivent le 23. Amarré au quai de l'Anse aux Foulons, le croiseur sert de résidence au président de la république mais aussi de lieu de réception.

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Seulement voilà le 24 juillet 1967, le général de Gaulle au balcon de l'hôtel de ville de Montréal prononce la célèbre formule «Vive le Québec libre» qui déclenche une grave crise diplomatique entre Paris et Ottawa au point que le général de Gaulle décide de rentrer directement en avion sans passer par la capitale fédérale.

Le 24 juillet 1967, le Colbert et le Bouvet quittent Québec comme prévu. Il rallie Montréal en fin d'après midi où ils retrouvent les EE Chevalier Paul et Du Chayla.

La petite escadre est représentative de l'évolution de l'armement des navires de la marine nationale avec des navires classiques armés de canons (Colbert Chevalier Paul _ce dernier servant de conducteur de flottille_) et des navires armés de missiles en l'occurence le Tartar (Du Chayla Bouvet).

Du canon au missile
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Le Colbert immobilisé lors de sa refonte lance-missiles

C'est à cette époque qu'on commence à plancher sur la modernisation du croiseur. La coque est l'appareil propulsif sont en bon état mais l'armement est totalement périmé tout comme la conduite de tir et les organes de commandement.

L'idée de transformer le CAA en CLM (Croiseur Lance-Missiles) devient une nécessité au risque que la valeur militaire du navire-amiral de l'Escadre de la Méditerranée soit symbolique. La décision de moderniser le Colbert est officiellement prise en 1969. Reste à savoir l'étendue de la modernisation.

Les premiers projets sont ambitieux avec le remplacement de l'artillerie d'origine (canons de 127 et de 57mm) par six canons de 100mm modèle 1964 automatiques installés sur l'avant (deux tourelles) et sur les côtés (deux tourelles à tribord, deux tourelles à bâbord), un système lance-missiles Masurca (commandé pour le croiseur porte-hélicoptères Jeanne d'Arc mais non installé sur le croiseur-école), quatre missiles surface-surface MM-38, un sonar de coque à dôme hissable, un système de traitement de l'information (Senit à trois calculateurs, la généralisation de l'air conditionné, l'amélioration de la protection NBC et de l'habitabilité, l'aménagement d'une passerelle amiral.

Les travaux devaient commencer le 1er janvier 1970 à l'Arsenal de Brest, le croiseur s'y trouvant depuis le 7 novembre mais un ordre arrive de suspendre les travaux en raison d'une polémique entre le ministre de la défense Michel Debré _qui cherche à faire des économies_ et l'amiral Patou qui comme nombre de marins tient à ce projet qui doit compenser l'abandon de la troisième frégate lance-engins type FLE-60 qui aurait du assister les Suffren et Duquesne mais dont la construction à été abandonnée au profit de la commande de quarante-deux Vought F-8 Crusader.

Le 23 mars 1970 c'est Michel Debré qui obtient satisfaction entraînant la démission de l'amiral Patou (qui était en poste depuis le 1er janvier 1968), démission qui à lieu le 1er avril 1970, jour du début des travaux.

C'est ainsi que les six tourelles de 127mm sont remplacées par deux canons de 100mm installés à l'avant et par le système Masurca implanté sur la plage arrière, que les groupes latéraux de 100mm sont abandonnés, trois affûts doubles de 57mm restant présents sur chaque bord. Les MM-38 Exocet seront mis en place ultérieurement, le Senit aura deux calculateurs au lieu de trois, la modernisation de l'électronique et de l'habitabilité limitée, le sonar abandonné.

Au final au lieu de coûter 430 millions de francs, la refonte ne va coûter que 350. Tout ça pour ça serait-on obligé de dire.

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Le Colbert est désormais CLM (Croiseur Lance-Missiles)

Après plus de deux années de travaux, le croiseur est réarmé pour essais le 5 août 1972, retrouvant son élément naturel le 2 octobre 1972. Les essais terminés, il est remis en service le 5 juillet 1973 au sein de l'Escadre de l'Atlantique. En novembre 1976 tout comme les porte-avions Clemenceau et Foch, le Colbert retourne en Méditerranée après avoir participé aux célébrations du bicentenaire de l'indépendance des Etats-Unis.

L'année 1980 voit l'installation de quatre missiles MM-38 Exocet sur le rouf avant derrière les tourelles de 100mm. Modernisé a minima de septembre 1981 à début 1983, il est le premier bâtiment militaire français à recevoir le système de transmissions par satellite Syracuse

Le 6 août 1988 il appareille de Toulon pour Djibouti où il arrive le 16. Il reprend la mer le 19 en compagnie de l'aviso-escorteur Commandant Bory qui va l'accompagner jusqu'au détroit de Malacca.

Le Colbert fait escale à Singapour avec le Balny _sister-ship du précédent_ du 31 août au 4 septembre, ralliant ensuite Nouméa où il arrive le 16. Le vice-amiral Bergot, commandant des forces maritimes du Pacifique y appose sa marque et quitte le caillou le 22 septembre en compagnie du Commandant Bory et de l'Amiral Charner pour participer au bicentenaire de la naissance de l'Australie (1788-1988).

Le groupe occasionnel français est présent à Sydney du 26 septembre au 4 octobre, participant le 1er octobre à une grande revue navale.Pour 73cm, le croiseur ne peut passer le célèbre Sydney Bridge et comme les infortunés New Jersey et Ark Royal doit rester au mouillage à proximité.

Le vice-amiral Bergot quitte le bord à la fin de l'escale à Sydney, laissant le croiseur faire escale à Melbourne du 12 au 17 en compagnie du Commandant Bory. Les deux navires français sont ensuite à Adelaïde jusqu'au 23 et à Fremantle du 28 octobre au 2 novembre. Le croiseur effectue seul une visite à la Reunion du 13 au 21, faisant relâche à Mayotte le 22, à Djibouti du 28 au 30 avant de rentrer à Toulon le 10 décembre 1988.

Le 16 mai 1990, le croiseur quitte Toulon pour une mission de représentation en Union Soviétique, faisant escale à Sébastopol du 22 au 26 mai.

Opération Salamandre
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Opération Salamandre : le Colbert en compagnie du Var et du porte-avions Clemenceau (utilisé en porte-hélicoptères)

Le 2 août 1990, l'Irak envahit le Koweit. C'est le début de la première guerre du Golfe. Les saoudiens demandent l'aide des américains qui déclenchent l'opération DESERT SHIELD (bouclier du Désert), bientôt suivis par leurs alliés voir des pays cherchant une nouvelle respectabilité comme la Syrie de Hafez el-Assad.

La France hésite (le ministre de la défense JP Chevenement finira par démissionner car opposé à la guerre) mais finit par déclencher le 13 août l'opération SALAMANDRE.

Le même jour, le croiseur lance-missiles quitte Toulon en compagnie du porte-avions Clemenceau et du pétrolier Var. Le «Clem'» n'est pas engagé comme porte-avions mais comme porte-hélicoptères et transport. A part quatre Bréguet Alizé de la 4F destiné à l'éclairage, les appareils embarqués sont des hélicoptères en l'occurence 42 hélicoptères venant notamment du 5ème RHC (12 Puma et 30 Gazelle antichars).

La petite escadre franchit le canal de Suez du 17 au 18 août pour rallier Djibouti le 22. Elle repart six jours plus tard pour le golfe d'Oman où elle va manœuvrer en compagnie des forces omanaises et des émiraties, ralliant ensuite le port de Yanbou les 23 et 24 septembre pour permettre au porte-avions de débarquer hélicoptères et matériel.

Le Colbert reste à la mer pour protéger la navigation et pour mener des escortes en mer Rouge. Il rentre à Toulon avec le porte-avions le 5 octobre 1990, le pétrolier Var suivant le lendemain. Le croiseur lance-missiles est resté 39 jours consécutifs à la mer, un record pour lui.

Désarmement, Musée et démolition
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Colber26
La retraite du Colbert à Bordeaux se révélera plus courte que prévue

Le croiseur est un navire gourmand en personnel et coûteux en entretien alors qu'à l'époque les budgets commencent à être réduits. Son désarmement devient inévitable après 22 ans de service ce qui n'est pas ridicule.

Le Colbert effectue une dernière escale à Venise du 12 au 19 avril 1991. Il est désarmé le 24 mai 1991, condamné le 14 mai 1992, devenant officiellement le Q-683 même si depuis aucun navire militaire français n'à reçu ce nom en espérant que cela change un jour (peut être pour le successeur du Charles de Gaulle dont les études ont été récemment lancées).

Rien ne s'empêchait pas à ce que l'ex-croiseur soit démoli ou coulé comme cible mais finalement le dernier croiseur français va prendre une retraite bien méritée en devenant navire-musée à Bordeaux au niveau des Chartrons (là où on débarquait les fûts de vin).

C'est le deuxième navire de surface à devenir navire-musée de France après le Maillé-Brézé _MBZ pour les intimes et sur lequel votre serviteur à l'honneur d'être guide_ , l'escorteur d'escadre coulant une retraite paisible quai de l'Aiguillon depuis juin 1988.

Pour cela une association «Les Amis du Colbert à Bordeaux» à été créée pour gérer le musée même si le désarmement prématuré prend l'association de cours.

Le croiseur reste propriété de la marine, l'association en étant la gestionnaire. Le Colbert quitte Toulon à la remorque de l'Abeille Bretagne, arrivant à Bordeaux le 12 mai. Il est remis à l'association le lendemain et ouvert au public le 12 juin 1993.

Les premières années sont un succès avec près de 100000 visiteurs par an mais très vite la situation se dégrade. Cela me pousse à faire une comparaison avec le Maillé-Brézé.

L'escorteur d'escadre appartient à l'association Nantes Marine Tradition (NMT) qui est seule maîtresse à bord alors que le croiseur appartient toujours à la marine national. Le Colbert est beaucoup plus gros que le «MBZ» ce qui impose de sérieuses servitudes en matière d'entretien.

Enfin contrairement à Nantes où nous faisons partie des meubles (les personnes hostiles à notre présence sont peu nombreuses et ne peuvent pas faire grande chose, notre ponton se trouvant sur l'emprise du port autonome de Nantes-Saint Nazaire et non sur la ville de Nantes), le Colbert n'à jamais été accepté par nombre de bordelais qui voyaient le croiseur comme une verrue défigurant leurs quais pourtant pas de première fraîcheur à l'époque.

L'association connait de sérieux problèmes financiers ce qui pousse le maire de Bordeaux, Hughes Martin à demander le départ du croiseur officiellement pour des raisons de sécurité. Le ministère de la Défense accepte le 14 septembre 2006 et trois jours plus tard le navire fermé aux visites.

Le 31 mai 2007, le croiseur Colbert quitte Bordeaux remorqué par l'Argonaute, le Buffle, le Rari et l'Abeille Bourbon. Il arrive à Brest le 4 juin avant d'être transférée au cimetière marin de Landévennec le 25 juin 2007. Des éléments sont récupérés pour le croiseur porte-hélicoptères Jeanne d'Arc qui partage la même propulsion.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Colber27
Le Colbert à Landevennec

Pendant des années, les navires désarmés servaient de cible lors d'exercice de tir mais cette pratique appelée «océanisation» n'est plus autorisée pour des raisons écologiques (NdA faudra que quelqu'un m'explique un jour comment garder des coques pleines de rouille et de peinture au plomb pendant des années est plus écologique).

Désormais quand un navire est désarmé par la Royale, il est préparé dans la Penfeld puis remorqué à Landevennec en attendant sa vente à un chantier de démolition. Parfois le navire sert de brise-lames pendant quelques années avant de rallier l'Aulne et y attendre son sort final. Le Colbert n'à pas servit de brise-lames (trop gros ?) et à donc rejoint directement Landevennec en attendant qu'un chantier remporte le marché de déconstruction.

Le 12 juin 2014, la Marine Nationale annonce que le marché de déconstruction du Colbert à été attribué aux sociétés Bartin Recycling (groupe Veolia) et Petrofer Société Nouvelle qui vont démanteler le navire à Bassens, un des avant-ports de.....Bordeaux.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Colber30
Triste fin pour le Colbert. Il revient à Bordeaux pour être démoli
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Colber31

Le 2 février 2016, l'ex-Colbert est ramené dans le port de Brest pour être dépollué et préparé pour le remorquage en direction de Bassen. Le remorquage à lieu le 3 juin 2016, le navire arrivant à destination le 5 juin.

Les travaux ont lieu dans la forme de Bassens, le Colbert succédant à la Jeanne d'Arc. Les travaux qui devaient durer initialement dix-huit mois jusqu'au décembre 2017 ce sont finalement achevés en mai 2018. Le Colbert n'existe plus qu'en souvenirs et qu'en photos.

A SUIVRE

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MessageSujet: Re: CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé)   CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) EmptyLun 18 Nov 2019, 19:41

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Dahlia42
Le Colbert, le 14 juin 1959.
Les hautes Autorités (ministres, CEMGM, autres officiers généraux) sont dans le convoi routier escorté.


Dernière édition par DahliaBleue le Jeu 21 Nov 2019, 09:38, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé)   CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) EmptyMer 20 Nov 2019, 11:45

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Colber32

Déplacement : standard 9084 tW (CAA) 9562 tonnes lège avec munitions (CLM) pleine charge 11093 tonnes (CAA) 11368 tonnes (CLM)

Dimensions : longueur 180.47m (hors tout) 175m (entre perpendiculaires) largeur 20.31m (hors tout) 19.724m (flottaison) tirant d'eau 7.63m à pleine charge (8.07m au niveau des hélices)

Propulsion : Deux groupes de turbines à engrenages CEM Parsons alimentées en vapeur par quatre chaudières Indret (45 kg/cm² 450°C) développant 86000ch et entraînant deux hélices. 1623 tonnes de mazout, production électrique de 4920 kW.

Performances : vitesse maximale 33.7 nœuds (essais CAA) 31.9 nœuds (1987 configuration CLM) distance franchissable 9100 miles nautiques à 12 nœuds 5400 miles nautiques à 25 nœuds, 2100 miles nautiques à 33 nœuds.

Protection : ceinture de 50 à 80mm pont blindé 50mm

Electronique :

CAA : Un radar de veille combinée DRBV-20A puis DRBV-20C, un radar de veille aérienne DRBV-22A puis DRBV-23, un radar de veille aérienne DRBV-31, un radar d'altimètrie DRBI-10B, quatre radars de conduite de tir DRBC-31B (canons de 127mm), quatre radars de conduite DRBC-31A (canons de 57mm), un radar de navigation DRBN-31, un TACAN NRBP-20, un détecteur ARBA-10B, un détecteur de radar ARBR-10B, systèmes de guerre électronique RRBM-1, RRBM-2 et AN/SPR-1, un sonar DSBV-1.

CLM : un radar de veille combinée DRBV-50, un radar de veille aérienne DRBV-23C, un radar de veille air DRBV-20C, un radar d'altimètrie DRBI-10E, un radar de conduite de tir DRBC-32C (canons de 100mm), deux radars de conduite DRBC-31C (canons de 57mm), deux radars de conduite de tir DRBC-51B (missiles Masurca), un radar de navigation DECCA 1226

Guerre électronique : un ARBB-12 Racal, un ARBR-11B, un SR-212B, un AEBR-15, un détecteur de radars ARBR-10F, deux ARBB-30/31, un ARBR-32, deux lance-leurres Syllex, un SENIT 1, système Syracuse de communication par satellite

Armement :

Armement d'origine
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Canon_54
Tourelles doubles arrière de 127mm de l'Escorteur d'Escadre Cassard (D-623).
A titre expérimental, le navire construit à Nantes à reçut une plate-forme hélicoptère pour une Alouette II


-Seize canons de 127mm modèle 1948 en huit tourelles doubles

Elles sont installées pour quatre d'entre-elles dans l'axe du navire (deux avant et deux arrières), les quatre dernières sont installées sur les côtés (deux à l'avant et deux à l'arrière).

Le canon de 127mm modèle 1948 est un canon de 54 calibres (longueur du tube : 6.858m) tirant des obus de 32kg (OEA) à une distance maximale théorique de 21800m en tir antisurface avec un plafond tir antiaérien de 13000m (en pratique la portée est réduite à 15000m en tir antisurface et à 10000m en tir antiaérien) à raison de 14 coups par minute et par tube.

La tourelle double CAD (Contre-Avions Double) modèle 1948 pèse 48 tonnes avec une masse oscillante de 14 tonnes, permettant aux canons de pointer en site de -10° à +80° et en azimut sur 150° de par et d'autre d'autre. La dotation globale en munitions est de 4800 coups (300 coups par canon).

-Vingt canons de 57mm Bofors modèle 1951 en dix tourelles doubles.
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Canon_55
Tourelles doubles de 57mm à bord de l'Escorteur Rapide Le Picard (F-766)

Cinq sont installées à l'avant (trois devant le bloc-passerelle et deux latérales) et les cinq autres sont installées à l'arrière (quatre latérales au niveau de la cheminée et une dans l'axe)

Ce canon de 60 calibres tire des obus de 3kg à une distance maximale de 14500m en tir antisurface et de 5500m en tir antiaérien à raison de 120 coups par minute.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Canon_56
Affût double de 57mm sans sa tourelle

L'affût double contre-avions (ACAD) modèle 1951 pèse 18 tonnes et peut pointer en site de -8° à +90° et en azimut sur 360° . La dotation en munitions est de 30000 obus.

Armement après refonte

-Deux canons de 100mm Creusot-Loire modèle 1968 à l'avant.
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Canon_57
Tourelle de 100mm modèle 1968

Ce canon de 55 calibres tire des obus de 23.5kg à une distance maximale de 17260m (12000m en pratique) en tir antisurface et de 6000m en  tir antiaérien à raison de 60 coups par minute.

La tourelle pèse 22 tonnes et permet aux canons de pointer en site de -15° à +80°  à raison de 40° par seconde et en azimut sur 150° à tribord et à babord. La dotation en munitions est inconnue.

-Douze canons de 57mm modèle 1957 en six tourelles doubles installées latéralement

-Un système lance-missiles surface-air Masurca.
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Lanceu10
Lance-missiles Masurca.

Le système Masurca (MArine SURface Contre-Avions) est le premier missile surface-air de conception et de construction française suite à une collaboration entre la DCN et Matra et bénéficiant de l'échec du programme Maruca.

Appartenant à la même génération que le Terrier ou le Sea Slug, le Masurca est un missile moyenne portée à guidage radar semi-actif, régulièrement modernisé pour s'adapter aux progrès de l'électronique et des menaces.

C'est ainsi que le missile Mark 1 était une version de base utilisée surtout pour la mise au point, le Mark 2 mod 2 téléguidé suivant une trajectoire d'alignement, version assez primitive et enfin le Mark 2 mod 3, autoguidé.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Missil10
Missile Masurca en vol

Le missile mesure 8.70m de long (5.38m pour le missile propre et 3.32m pour l'accélérateur), un diamètre de 0.40m (0.57m pour l'accélérateur) pèse 2098kg (980kg pour le missile et 1148kg pour l'accélérateur) avec une charge militaire de 100kg. Il peut atteindre la vitesse maximale de Mach 3 et une portée maximale de 55km avec un plafond variant de 30 à 22860 m.

La séquence de tir se passe ainsi : la cible est repérée par le DRBI-10E puis suivie par le radar de conduite de tir DRBR-51B qui transmet la vitesse et les coordonnées de la cible au Senit 1 qui se charge du lancement missile.

Le missile suit la trajectoire calculée et au dernier moment l'illuminateur du navire illumine la cible, illumination reçue par l'autodirecteur du missile jusqu'à explosion (j'ignore si le Masurca dispose d'une fusée de proximité mais cela me semble probable).

Le lanceur double du système Masurca pèse 40 tonnes, mesurant 4.45m de large et 4m de haut, pouvant pointer de -6° à +70° et peut embarquer un total de 36 missiles en deux barillets (2 missiles de manœuvre pour le calibrage et 34 missiles de guerre). Une soute auxiliaire peut abriter 10 missiles démontés. L'ensemble du système pèse 450 tonnes.

-Missiles MM-38 Exocet
CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Mbda_e12
Lance-missiles MM-38 à bord d'une frégate type F-67

La France peut être considéré comme une des nations pionnières du missile antinavire puisqu'elle lança en 1951 le programme Malaface mais après le tir de quinze exemplaires, le programme fût abandonné en 1960.

Les leçons de cet échec sont retenues pour le développement de l'Exocet qui commence en 1967 après la destruction de l'Eilat par des missiles Styx egyptiens. Le missile entra en service au milieu des années soixante-dix.

La séquence de tir se déroule ainsi : la cible est repérée par le radar de veille surface qui transmet les coordonnées et la vitesse au calculateur du missile qui lancé suit une une altitude entre 3 et 15m et la dernière partie du vol est assurée par l'autodirecteur actif du missile  jusqu'à la cible, l'explosion ayant lieu soit à l'impact ou à proximité en fonction de l'état de la mer. Le missile est transformé dans un contenuer lanceur étanche en alliage léger.

C'est en 1980 que le Colbert reçut quatre missiles MM38 installés à l'avant derrière les tourelles de 100mm.

CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Mbda_e13
Missile MM-38

Masse maximale : 735kg (165kg pour la charge militaire) Longueur : 5.20m Diamètre 0.35m Envergure : 1m Vitesse maximale : Mach 1 Portée : 42km

Equipage :

CAA : 70 officiers, 159 officiers-mariniers et 748 quartiers-maitres et matelots

CLM : 25 officiers, 208 officiers-mariniers et 329 quartiers-maitres et matelots


FIN



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MessageSujet: Re: CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé)   CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) EmptyJeu 21 Nov 2019, 09:38

clausewitz a écrit:
CARRIERE OPERATIONNELLE […]
Historique
Jeunes Années CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Colber20 Le Colbert à la mer
[…] Quatre jours plus tard, le 14 juin 1959, est organisée une revue navale pardon une inspection générale à la mer. Le Colbert mouillé devant les passes de Mers el-Kebir entre les sous-marins Aréthuse et Argonaute.

A bord du croiseur on trouve l'amiral Nomy (toujours chef d'état-major général de la Marine), le ministre des Armées M. Guillaumat, M. Le Bigot délégué ministériel pour la Marine, M. Délouvrier, délégué général du gouvernement, les généraux Challe, Lavaud,Gambiez,Martin et Ezzanno sans oublier les amiraux Auboyneau, Ortoli et Géli.

Les navires passent devant le Colbert en saluant au canon. Successivement on trouve le De Grasse, le porte-avions Bois Belleau, […].

On trouve ensuite les navires engagés dans les opérations de surveillance maritime […], les navires du CIOA (Centre d'Instruction aux Opérations Amphibies avec le Malgache, les BDC Foudre Golo et Orne […]
La Foudre n'était pas un BDC, mais un LSD ; Golo et Orne n'étaient pas des BDC, mais des LST (pour ceux-là, je sais que c'est presque pareil. Donc je tinoise - il y avait longtemps !)…
Citation :
[…] CROISEUR COLBERT (1953) (Terminé) Colber27 Le Colbert à Landevennec Pendant des années, les navires désarmés servaient de cible lors d'exercice de tir mais cette pratique appelée «océanisation» n'est plus autorisée pour des raisons écologiques (NdA faudra que quelqu'un m'explique un jour comment garder des coques pleines de rouille et de peinture au plomb pendant des années est plus écologique). […]
Il y a très longtemps (bien avant l'abandon de l'amiante) que la marine n'utilise plus de peinture au plomb ; et a remplacé (par exemple) le minium de plomb par du chromate de zinc, comme antirouille. Même sur le Maillé-Brézé, il ne doit plus y avoir la moindre trace de peinture au plomb.
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