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| De la super torpille Status-6 | |
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Invité Invité
| Sujet: De la super torpille Status-6 Sam 03 Fév 2018, 11:48 | |
| Bonjour On voit ces derniers temps toute une logorrhée sur la possession actuelle ou future par la Russie d’une « super-torpille » à propulsion nucléaire, la dénommée Status-6. Son existence a été « fortuitement » dévoilée par la télévision russe en novembre 2015. Et les amateurs de schémas n’ont pas été en reste. Mais je n’ai trouvé nulle part de questionnements sur les défis que suppose la mise au point et l’emploi d’une telle arme. Quelles sont les caractéristiques de l’engin ? Diamètre 1600 mm Vitesse 56 nds Autonomie 5600 n, soit 100 heures Rapprochons les de celles des torpilles 65-76A de 650mm de la marine soviétique (oui, du type de celle qui a causé la catastrophe du Koursk) Diamètre 650 mm Vmax : 50 nds Autonomie 28,5 N à 50 nds Pour obtenir ces caractéristiques, la 65-76A fait appel à une turbine 2DT donnée pour une puissance de 1070 kW. Ce qui est déjà conséquent.
Si l’on prend pour base la 65-76A, on aurait donc une puissance nécessaire de 2,6 MW à la même vitesse pour la Status, par une simple règle de 3. Mais à la vitesse de cette dernière, il faudrait donc une puissance d’environ 3,7 MW, compte-tenu de la viscosité du milieu ambiant. (la puissance nécessaire est un facteur 3 de la vitesse). Les schémas de la Status-6 montrent un réacteur avec turbine et condenseur. On peut en déduire qu’il s’agit d’un réacteur à caloporteur liquide. L’usage d’un caloporteur à métal solide (plomb Bismuth Sodium) supposerait une trop lourde logistique pour maintenir ce caloporteur à bonne température. Cette option écarte aussi l’emploi de réacteurs isotopiques, dont la puissance est bien trop faible pour parvenir à de tels niveaux d’énergie. Quid alors du réacteur ? Utiliser des matières fissiles classiques (uranium enrichi, plutonium…) impliquerait une protection radiologique importante à mettre en place dès lors que le réacteur a divergé . Protection impossible à mettre en place sur l’engin, compte tenu de son poids . La manipulation suppose donc soit que le réacteur est chargé inerte avant le lancement. On court alors le risque d’un raté lors du lancement, la divergence du réacteur restant une opération complexe. S’il ne l’est pas, et que le réacteur a déjà divergé, le stockage à bord est quasiment impossible. L’engin serait alors placé à l’extérieur de la coque épaisse, avec un réacteur en fonctionnement au ralenti. Se pose alors la question de son refroidissement lors du stockage à terre. Il existe néanmoins une autre solution, celle d’un combustible comme celui des réacteurs de recherche TRIGA (https://en.wikipedia.org/wiki/TRIGA). Par ailleurs, pour des questions d’encombrement, la filière adoptée serait plutôt celle d’un réacteur à eau bouillante (BWR), plutôt que celle d’un réacteur à eau pressurisée (PWR). Ceci pour réduire le nombre de circuits nécessaires. Une autre point qui n’est pas abordé est celui de la disposition du réacteur à l’horizontale. Je ne connais que des générateurs de vapeur fonctionnant à la verticale, du fait des lois de la gravité. Reste alors la question de la dimension. On a vu que l’engin est donné pour un diamètre de 1600 mm. Sur les schémas dévoilés par « inadvertance », on peut remarquer que le réacteur occupe une longueur d’environ 3,7m. Le premier grand défi est donc d’arriver à mettre au point un réacteur fiable, présentant peu de risque d’irradiation lors de la manipulation de l’engin, pouvant fonctionner à l’horizontale , et entrant dans un volume de 1,6 m sur 3,7… avec son générateur de vapeur pour une puissance de l'ordre de 4MW. Le second défi est celui de la navigation. La dérive communément admise aujourd’hui pour les centrales inertielles est de l’ordre de 1 N/h. Admettons que la Russie ait été capable de mettre une centrale capable d’une performance double, et ramenons cette valeur à 0,5 N/h. Ce qui nous fait tout de même 50 N d’écart probable à l’arrivée. J’écarte l’idée d’une hybridation du système de navigation parce que rien ne prouve que les systèmes de positionnement satellitaires soient encore exploitables en période de tension majeure. Une telle option impliquerait aussi que la Status-6 revienne périodiquement à une immersion moindre pour pouvoir capter les signaux correspondants. Ce qui nuirait à sa discrétion. Le troisième défi est celui du bruit. Une torpille n’est pas connue pour la discrétion de sa propulsion. La puissance du réacteur et du générateur associé pourrait permettre d’installer un système actif de masquage de bruit.
Il s'agit là d'interrogation de ma part, interrogations pour lesquelles je n'ai PAS de réponse. A+ |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: De la super torpille Status-6 Sam 03 Mar 2018, 11:26 | |
| Bonjour De nouveaux éléments concernant cet engin, avec de nouvelles réflexions sur le sujet
Entre 1957 et 1964, les USA ont étudié un missile dénommé Super Low Altitude Missile (SLAM), connu aussi sous le nom de Pluto. On en trouvera une description complète ici http://jpcolliat.free.fr/x6/x6-10.htm Les éléments intéressants que l'on peut rattacher à la torpille Status-6 sont les caractéristiques du réacteur: 1,45 m de diamètre sur 1,6 m de long. Le coeur faisait lui 1,2 m de diamètre pour 1,28 m de long. Il développait une puissance de 600 MW avec une température de 2330°C. Le combustible était composé d'oxyde de beryllium, mélangé avec du bioxyde d'uranium et du bioxyde de zirconium. La masse critique était de 60 kg. Le réacteur nucléaire était sensé être mis en service une fois la vitesse nécessaire à la mise en route du stato-réacteur nucléaire atteinte (vers M 3,0). Il est donc possible de doter une torpille de 1,6 m de diamètre d'une propulsion nucléaire.
Mais trois aspects ont sonné le glas d'un tel missile: - techniquement, le réacteur qui ne disposait pas de protection, dégageait une très forte chaleur (c'était le but recherché ici) mais aussi un très fort rayonnement. Il a donc fallu concevoir une électronique adaptée et la placer le plus loin possible du réacteur. Ce qui interroge lorsque l'on observe que toute l'électronique de guidage de la Status-6 est placée juste devant le réacteur. Ce rayonnement était tel, une fois le réacteur divergé, que les manipulations devaient se faire dans une enceinte spéciale à l'aide de télémanipulateurs. - les essais en vraie grandeur n'ont pu être réalisé, d'une part à cause de toutes les radiations produites par l'engin qui auraient tout pollué sur le transit. Et d'autre part à cause des risque induits par une éventuelle défaillance du système de guidage qui aurait mis en danger les populations avoisinantes. Il était prévu de faire écraser les missiles de test dans la fosse des Mariannes. Encore fallait-il avoir la certitude absolue qu'ils l'atteignent. - enfin, il était à craindre que la dotation des forces américaines avec un missile aussi dévastateur n'entraîne les soviétiques à se doter du même type d'engin. Le jeu n'en valait pas la chandelle, d'autant que les missiles balistiques à propulsion classique se montraient d'un emploi plus souple et plus sûr. Si l'aspect technique paraît donc "maîtrisable", les aspects stratégiques et d'essai posent encore question.
A+ |
| | | DahliaBleue Amiral
Nombre de messages : 12881 Age : 43 Ville : Au septième Ciel… sous la dunette Emploi : Passagère du Vent Date d'inscription : 21/06/2010
| Sujet: Re: De la super torpille Status-6 Sam 03 Mar 2018, 11:33 | |
| Je me demande aussi quel peut bien être l'intérêt du nucléaire pour la propulsion d'une torpille. Sachant que l'atout essentiel du nucléaire, c'est l'autonomie ; alors qu'une torpille n'a a priori pas vocation à naviguer (nager, croiser) pendant plusieurs mois avant d'exécuter sa cible. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: De la super torpille Status-6 Sam 03 Mar 2018, 11:37 | |
| - DahliaBleue a écrit:
- Je me demande aussi quel peut bien être l'intérêt du nucléaire pour la propulsion d'une torpille.
Sachant que l'atout essentiel du nucléaire, c'est l'autonomie ; alors qu'une torpille n'a a priori pas vocation à naviguer (nager, croiser) pendant plusieurs mois avant d'exécuter sa cible. Relisez l'article sur le Pluto. L'idée était qu'il reste en l'air pendant des jours, avant de plonger vers ses cibles une fois l'ordre d'attaque donné. On a la même approche pour la Status-6: on l'envoie dès que la crise monte, elle se met en attente en patrouille et au signal Banzaî ! A+ |
| | | Loïc Charpentier Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4907 Age : 78 Ville : Oberbronn Emploi : retraité "actif" Date d'inscription : 24/01/2013
| | | | Invité Invité
| | | | DahliaBleue Amiral
Nombre de messages : 12881 Age : 43 Ville : Au septième Ciel… sous la dunette Emploi : Passagère du Vent Date d'inscription : 21/06/2010
| Sujet: Pluto Lun 26 Mar 2018, 21:56 | |
| - Starshiy a écrit:
- Loïc Charpentier a écrit:
- : got an idea: : merci:
L'idée qui sous-tend cela est simple : remplaçons les sous-marins nucléaires stratégiques par des torpilles nucléaires. Avec l'avantage du nombre… - Starshiy a écrit:
- […] Relisez l'article sur le Pluto. L'idée était qu'il reste en l'air pendant des jours, avant de plonger vers ses cibles une fois l'ordre d'attaque donné. On a la même approche pour la Status-6 : on l'envoie dès que la crise monte, elle se met en attente en patrouille et au signal Banzaî ![…]
Ça se comprend, en effet. Une sorte de drone à endurance in(dé)finie ? Mais extrêmement contaminant, puisque dépourvu de bouclier antiradiations. Pareil sous la mer, pour les torpilles comme celle-là ? PS : Il y a longtemps que je connais l'excellent site de Colliat, Prototypes.com.
Dommage qu'il ne soit plus mis à jour. D'autant qu'il y a encore certains articles à l'état d'ébauches, mais toujours inachevés. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: De la super torpille Status-6 Lun 26 Mar 2018, 22:00 | |
| Le lien de celle-là renvoie à Submarine matters de l'ami Peter Coates... qui me cite souvent. Tout cela se mord la queue. Pluto, couché ! |
| | | Loïc Charpentier Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4907 Age : 78 Ville : Oberbronn Emploi : retraité "actif" Date d'inscription : 24/01/2013
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| Sujet: Re: De la super torpille Status-6 | |
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