Bill Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4487 Age : 52 Ville : ca vat, ca vient.... j'ai un metier ! Emploi : glorieux et beau Date d'inscription : 26/06/2006
| Sujet: Port et bases, flotte actuelle et futur du Canada Lun 25 Mai 2015, 16:38 | |
| J'ai noter je ne sais plus ou que DCNS s'implante au Canada. Bon, j'imagine un bureau dans une tour, mais encore ?
Aussi pourquoi faire ?
Quelqu'un a une idée s'il y a des ports de construction navale au Canada ? ou ca ? Et du fait que le Canada est quand meme un pays fort riches, quel sont leurs projet de construction navale ? |
|
Bill Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4487 Age : 52 Ville : ca vat, ca vient.... j'ai un metier ! Emploi : glorieux et beau Date d'inscription : 26/06/2006
| Sujet: Re: Port et bases, flotte actuelle et futur du Canada Lun 25 Mai 2015, 17:06 | |
| Des partenariats industriels, des frégates multi-missions (FREMM) ainsi que des bâtiments de projection et de commandement (BPC) proposés à la marine... DCNS a de grandes ambitions au Canada. Le groupe français vient, d'ailleurs, d'ouvrir un bureau de représentation à Ottawa, la capitale fédérale, où il a pu présenter ses produits à l'occasion du salon CANSEC, qui s'est déroulé les 30 et 31 mai. DCNS estime que les FREMM et BPC, notamment, répondent parfaitement aux besoins de la marine canadienne, qui va bénéficier d'un vaste plan d'investissement de 35 milliards de dollars canadiens (près de 27 milliards d'euros) afin de remplacer sa flotte actuelle. Le groupe français cherche donc à s'implanter sur place, afin de vendre ses designs pour les futurs bâtiments canadiens, qui seront réalisés localement. Dans cette perspective, DCNS doit s'allier à des industriels nationaux.
La FREMM Aquitaine (© : DCNS)
Des frégates avec le chantier d'Halifax
Pour les frégates, des discussions ont débuté avec Halifax Shipyard, filiale du groupe Irving Shipbuilding. En effet, dans le cadre de la Stratégie Nationale d'Approvisionnement en matière de Construction Navale (SNACN), le gouvernement canadien a décidé de confier à ce chantier la réalisation d'une vingtaine de bâtiments de combat, dont une série de frégates (Canadian Surface Combatant - CSC) destinée à remplacer les 12 unités de la classe City et les 3 destroyers du type Iroquois. L'ensemble des contrats que doit signer Halifax Shipyard s'élève à 25 milliards de dollars canadiens (17.8 milliards d'euros). Dans cette perspective, DCNS cherche à placer son design de frégate multi-missions, déjà retenu par la France (11 exemplaires) et le Maroc (1 unité) et dont la tête de série, l'Aquitaine, sera livrée cette année à la Marine nationale. Longue de 142 mètres pour un déplacement de 6000 tonnes en charge, la FREMM a été conçue comme un bâtiment très automatisé (équipage d'une centaine d'hommes seulement), à la maintenance réduite (un grand carénage de six mois que tous les 10 ans) et aux capacités très polyvalentes. Le bâtiment peut, ainsi, mener à bien des missions de lutte anti-sous-marine grâce à un sonar de coque, un sonar remorqué, des torpilles MU90 et un hélicoptère. Dans le domaine de la lutte antinavire, il est doté du MM40 Block3, le dernier-né de la famille Exocet, alors que la FREMM sera le seul bâtiment de surface européen à mettre en oeuvre des missiles de croisière (Scalp Naval), d'une portée de plus de 1000 kilomètres (une capacité que la France devrait pouvoir proposer au canada). En matière de défense aérienne, la frégate française est également solidement pourvue, puisqu'elle peut embarquer des missiles Aster 30, Aster 15 et VL Mica. Enfin, les FREMM peuvent embarquer un hélicoptère de 10 tonnes, des drones à voilure tournante ainsi que des forces spéciales, avec leurs embarcations commando. Côté électronique, la FREMM dispose notamment du radar multifonctions Herakles de Thales, ce dernier étant déjà présent au Canada, où il participe à la modernisation des frégates du type City. Si un accord est conclu entre Français et Canadiens autour des FREMM, les frégates seraient construites à Halifax, en transfert de technologie.
Le BPC Dixmude (© : MARINE NATIONALE)
Les BPC et les besoins de soutien logistique
Dans le même temps, DCNS propose au Canada de se doter de BPC, dont trois exemplaires sont en service dans la marine française et deux autres ont été commandés par la Russie pour une livraison en 2014 et 2015 (deux autres pourraient être construits ultérieurement à Saint-Pétersbourg). Longs de 199 mètres et affichant un déplacement de 21.000 tonnes en charge, ces bâtiments, extrêmement polyvalents, sont à la fois des porte-hélicoptères d'assaut, des transports d'engins de débarquement, des hôpitaux flottants et des bases de commandement pouvant diriger une opération interarmées et interalliés d'envergure. Depuis 2006 et la première mission du Mistral au Liban, avec l'évacuation de milliers de ressortissants, jusqu'à l'intervention en Libye l'an dernier avec la mise en oeuvre d'hélicoptères de combat contre les forces pro-Kadhafi, en passant par des missions humanitaires, les BPC ont démontré leur énorme potentiel. De quoi séduire de nombreuses marines, notamment celle du Canada, qui ne dispose pas encore de ce genre d'outil. La commande de deux à trois BPC pourrait être décidée alors qu'un précédent projet de bâtiments de projection a avorté. Il s'agissait des Joint Support Ships (JSS) étudiés avec les Néerlandais de Damen, qui proposaient des navires hydrides, à la fois pétrolier-ravitailleurs et transporteurs de troupes (concept qui a finalement donné naissance au Karel Doorman, actuellement en construction aux Pays-Bas). Si les Canadiens choisissent finalement de se doter de BPC, il conviendra néanmoins, pour leur marine, de solutionner la problématique du soutien logistique des bâtiments de combat, une capacité indispensable à tout déploiement lointain d'une force navale. En effet, les deux pétroliers-ravitailleurs canadiens, les HMCS Protecteur et HMCS Preserver, qui ont été admis au service actif en 1969 et 1970, doivent être remplacés rapidement. Or, DCNS, pour répondre à ce besoin, peut proposer ses nouveaux bâtiments logistiques du type Brave, qu'elle présente à la Marine nationale pour le remplacement des Durance.
Le concept de bâtiment logistique Brave (© : DCNS)
Enjeux stratégiques et industriels
La SNACN a une double vocation. D'abord redonner au Canada une puissance navale cohérente avec ses ambitions maritimes, notamment protéger et faire respecter sa souveraineté dans les territoires arctiques, dont les richesses seront probablement de plus en plus disputées à l'avenir, mais aussi sa capacité à déployer partout dans le monde des moyens puissants, à même de participer à des opérations internationales. La marine canadienne est, en effet, souvent impliquée dans des déploiements outre-mer, notamment dans le cadre de l'OTAN. Elle a d'ailleurs participé à l'opération Unified Protector en Libye l'an dernier. En dehors de ces aspects stratégiques, il s'agit, également, de relancer la construction navale nationale, avec de grands programmes structurants permettant de moderniser les chantiers canadiens et de développer, autour d'eux, les capacités d'ingénierie et de production les plus modernes, sans oublier les milliers d'emplois générés par la construction de la nouvelle flotte. Dans cette perspective, trois chantiers doivent être impliqués dans le SNACN. Halifax, on l'a vu, a été retenu pour les bâtiments de combat. Vancouver Shipyards, qui appartient au groupe Seaspan Marine, a quant à lui été choisi pour réaliser 8 grands bâtiments destinés à la garde-côtière, ce qui représente un investissement de 8 milliards de dollars (5.7 milliards d'euros). Alors que le plan de renouvellement de la marine canadienne prévoit également la commande de 116 petits navires (pour 2 milliards de dollars, soit 1.5 milliard d'euros), il reste le cas du chantier Davie, situé à Lévis, au Québec.
Le chantier de Lévis (© : CHANTIER DAVIE)
Davie à la recherche d'un investisseur
En difficulté ces dernières années, le constructeur québécois avait été repris, en juillet 2011, par SNC-Lavalin et Upper Lakes. Mais, ces derniers jours, les choses se sont précipitées et les repreneurs, qui avaient pris la barre de Davie dans l'espoir de remporter l'un des deux gros contrats finalement attribués à Halifax et Vancouver, ont, d'après la presse canadienne, décidé de jeter l'éponge. Davie, qui a dans son carnet de commandes trois navires offshores inachevés pour la compagnie norvégienne Cecon et deux ferries pour la société des traversiers du Québec, est donc à la recherche d'un nouvel investisseur. Pourquoi pas DCNS, via la création d'une filiale canadienne ? L'an dernier, son concurrent Fincantieri, déjà implanté aux Etats-Unis où il possède plusieurs chantiers (dont Marinette Marine où sont réalisés les LCS du type Freedom), avait fait part de son intérêt pour Davie. Certes, le groupe italien visait alors, lui-aussi, les gros contrats de la SNACN. Mais le constructeur québécois, s'il n'a pas été retenu, a peut-être encore des cartes à jouer, notamment au niveau de ses infrastructures. Car il dispose de vastes cales sèches suffisamment grandes pour assembler des BPC et pétroliers-ravitailleurs. Par conséquent, il y a peut-être là une opportunité d'implantation pour DCNS, qui pourrait ainsi s'installer au Canada, tout en réalisant un beau coup politique, en solutionnant le « casse-tête » que constitue Davie pour le gouvernement québécois. Pour l'heure, rien n'a été annoncé en ce sens, mais la question peut logiquement se poser.
Le Brésil va construire des Scorpène (© : DCNS)
L'Amérique du sud au nord
Le groupe français joue, en tous cas, une partie très intéressante au Canada, un pays auquel l'industrie tricolore (DCNS mais aussi ses partenaires Thales et MBDA), et derrière elle la France, peut proposer un véritable partenariat stratégique, avec d'importants transferts de technologie, ainsi qu'une autonomie stratégique par rapport aux Américains, tout en conservant des matériels interopérables. C'est d'ailleurs cette aspect qui avait convaincu les Brésiliens, en 2009, de choisir l'offre de DCNS pour développer à Itaguai, en partenariat avec Odebrecht, un chantier de construction et une base navale pour quatre sous-marins conventionnels de type Scorpène et le premier sous-marin nucléaire d'attaque brésilien (conçu avec l'assistance des ingénieurs français sur les parties non nucléaires). Ayant déjà réalisé avec succès plusieurs programmes complexes en transfert de technologie, comme celui des frégates Formidable (classe La Fayette) à Singapour ou des sous-marins Agosta 90B au Pakistan, DCNS peut, clairement, apparaître comme un partenaire crédible aux yeux de l'industrie et du gouvernement canadiens. Après le contrat au Brésil, couronnant une série de succès en Amérique latine (Chili, Colombie, Venezuela...), le leader européen de la navale militaire se verrait bien poser un pied en Amérique du nord, où il pourrait s'installer durablement en proposant non seulement ses services pour la construction de futurs bâtiments, mais aussi pour d'autres prestations, comme le maintien en condition opérationnelle. Sans compter que la marine canadienne devra aussi, d'ici la fin de la décennie, commencer à penser au renouvellement de ses quatre sous-marins du type Upholder, construits en Grande-Bretagne entre 1990 et 1993. D'ailleurs, pour la petite histoire, si le Canada n'est pas jusqu'ici un client de DCNS, c'est avec lui que l'industriel français, du temps de la Direction des Constructions Navales, a failli remporter le plus gros contrat export de l'histoire occidentale. En effet, dans les années 80, avant l'effondrement du bloc soviétique, il avait été sérieusement question que le Canada fasse l'acquisition de 12 sous-marins nucléaires d'attaque du type Rubis... Trente ans plus tard, les Français semblent avoir une nouvelle chance de conclure une coopération historique avec les Canadiens.
La FREMM Aquitaine et le BPC Dixmude (© : DCNS) |
|