CUIRASSE HMS NEPTUNE
(GRANDE BRETAGNE)Le HMS Neptune INTRODUCTION Celui qui ne craint rien Alors que le vingtième siècle vit ses premières années, les architectes navals de tous les pays s'intéressent aux cuirassés du futur. Les systèmes de conduite de tir naissant promettent d'atteindre des portées jamais atteintes mais se heurte au problème de l'hétérogénéité des calibres qui devient un obstacle pour la conduite de tir et gêne la manutention et le stockage des obus.
Le projet de Cuniberti Aux Etats Unis en 1901, le capitaine de corvette H.C Poundstone de l'US Navy attire l'attention de Théodore Roosevelt sur l'utilité du «All big gun ship», l'amiral Fisher futur premier lord de l'amirauté affirma plus tard qu'il y pensait depuis 1900 tandis qu'en 1903, Vittorio Cuniberti décrit le cuirassé idéal : 15000 tonnes, 12 canons de 300mm, une ceinture blindée de 300mm (rapidement s'imposera l'idée qu'un cuirassé doit être protégé contre le calibre de sa propre artillerie) et une vitesse de 24 noeuds.
Le choix de cette vitesse élevée s'expliqua par la volonté du théoricien italien de permettre au navire de choisir ou non d'engager le combat, utilisant une métaphore taurine pour expliquer ce choix («Le taureau dans la vaste arène s'abuse en pensant que, plus puissant que l'agile torero, il à la maïtrise complète de la scène du combat»).
S'impose alors l'idée d'un navire bien protégé avec une artillerie principale à calibre unique et une artillerie légère suffisante pour repousser les torpilleurs. Reste à savoir quel pays va être le premier à mettre en oeuvre ce navire.
Le USS Michigan Les américains semblaient devoir être les premiers, le congrès ayant autorisé la construction le 3 mars 1905 de deux navires de 16000 tonnes filant à 18.5 noeuds avec pour armement 8 canons de 305mm en 4 tourelles doubles et 22 pièces de 76mm en casemates pour lutter contre les torpilleurs, bientôt baptisés Michigan et South Carolina.
Inacceptable pour le bouillant John Arbutnot Fisher, premier lord de l'amirauté depuis le 21 octobre 1904 et qui avait commencé à reveiller la Royal Navy de la léthargie de la «Pax britannica» avec notament le désarmement de 154 navires obsolètes, 90 étant envoyés à la casse et 64 étant mis en réserve, le chef de la marine britannique justifiant cette décision par un aphorisme so british «too weak to fight and too slow to run away» («Trop faible pour combattre et trop lent pour s'enfuir»).
Il accélère également le choix de la turbine pour la propulsion des futurs navires alors les américains resteront longtemps fidèles à la machine à triple expansion fiable peu gourmande en combustible mais au potentiel d'évolution limité.
Ce navire est issu du comité des plans mis en place au début de 1905 par Jacky Fisher pour dessiner la marine britannique du futur. Cette commision était composée aussi bien de militaires que d'ingénieurs avec des gens à la future carrière brillante comme le capitaine de vaisseau John Jellicoe et le prince Louis de Battenberg, directeur des service de renseignement de la marine.
La commission ne partait pas dans l'inconnu car Fisher y pensait depuis 1900 à ce navire qu'il avait baptisé «The Unteakable» (L'Imprénable) et dont il avait étudié la faisabilité avec l'aide du directeur de l'Arsenal de Malte W.H Hard mais personne ne sait pourquoi il à été au final baptisé Dreadnought pour «Who Dread Nothing» (qui ne craint rien), un nom déjà employé par le passé.
Fisher brûla les étapes. Prévoyant, il avait fait amassé des plaques d'acier et de blindage en attendant qu'une cale se libère. C'était l'acte de naissance du HMS Dreadnought (de who dread nought «qui ne craint rien». Outre une pression phénoménale sur les ouvriers et les ingénieurs, Fisher multiplia les innnovations pour accélerer la production, standardisant par exemple les plaques de métal et pour accélerer la construction, récupéra 8 canons de 305mm destinés aux deux Lord Nelson alors en construction.
Le HMS Dreadnought -Le HMS Dreadnought fût mis sur cale à l'Arsenal de Porsmouth le 2 octobre 1905 lancé le 10 avril 1906 et admis au service actif le 2 décembre 1906 et affecté à la Home Fleet en janvier 1907 après une croisière de mise en condition aux Antilles. Il participa à la première guerre mondiale sans s'illustrer avant d'être placé en indisponibilité en juillet 1918 puis en réserve à Rosyth en février 1919. Vendu à la démolition le 9 mai 1921 et démantelé à partir du 2 janvier 1923 à Inverkeithing en Ecosse.
Caractéristiques Techniques du HMS Dreadnought
Déplacement : standard 16420 tonnes pleine charge 19817 tonnes
Dimensions : longueur : (hors tout) 160.60m (perpendiculaires) 149.44m largeur : 25m tirant d'eau : 9m
Propulsion : 4 turbines à engrenage Parson alimentées par 18 chaudières Babcock & Wilcox dévellopant une puissance totale de 23000ch et entrainant 4 hélices
Performances : vitesse maximale : 21 noeuds distance franchissable : 6620 miles nautiques à 10 noeuds
Protection : ceinture blindée 102 à 279mm barbettes face avant de la tourelle et tour de commandement 279mm ponts blindés 38 ou 79mm
Armement : 10 canons de 305mm (12 inch) Mark X en 5 tourelles doubles (une avant une arrière une centrale et deux latérales); 24 canons de 76.2mm (3 pouces) Ordnance QF-12 anti-torpilleurs installés pour 14 d'entre eux sur le pont et 10 d'entre eux répartis en cinq affûts doubles installés sur les tourelles de l'artillerie principale; 5 puis 4 (1916) tubes lance-torpilles de 457mm pour torpilles Mark VII et Mark VIII
Equipage : 695 à 773 officiers et marins Sa construction entraina bien vite une course au dreadnought, toutes les marines abandonnant les désormais prédreadnought au profit de navires avec calibre d'artillerie principale unique.
Les américains ont été pris de vitesse par les britanniques. Les South Carolina et Michigan sont mis sur cale en décembre 1906 après la mise en service du Dreadnought, lancés en 1908 et admis au service en 1910. Plus lent que le Dreadnought (18.5 noeuds contre 21 noeuds), son armement était mieux disposé avec 8 canons de 305mm en quatre tourelles doubles ce qui permettait de tirer une bordée complète à tribord comme à babord mais comme le cuirassé anglais, les canons de 76mm se révélèrent bien vite trop faibles pour contrer efficacement une attaque de torpilleurs.
Le SMS Rheinland de classe Nassau Les allemands ne tardent pas à suivre l'exemple anglais avec les quatre cuirassés de classe Nassau mis sur cale à partir de 1907 et mis en service en 1909/19101 avec un armement composé de 12 canons de 280mm en six tourelles doubles et 12 canons de 150mm en casemates, un armement sûrement mieux adapté que leurs homologues anglo-saxon.
Le Dante Alighieri L'Italie se dôta rapidement de cuirassés de type dreadnought. Vittorio Cuniberti qui précha longtemps dans le désert (comme quoi nul n'est prophète en son pays) parvient enfin à imposer ses idées et dessine les plans du premier dreadnought italien. Baptisé Dante Alighieri (l'auteur de la Divine Comédie et «inventeur» de la langue italienne inspirée du toscan), ce navire mis en service en janvier 1913 fût le premier cuirassé à être dôté de tourelles triples en l'occurence quatre répartissant ainsi de manière harmonieuse les 12 canons de 305mm dont il était dôté. Egalement armé de 20 canons de 120mm, il était bien protégé et rapide (23 noeuds) ce qui le rapprochait des croiseurs de bataille.
Le Kawachi Le Japon, inspiré de son expérience dans la guerre russo-japonaise mis sur cale les deux navires de classe Kawachi (Kawachi et Setssu), des navires de 21000 tonnes filant à 18.5 noeuds et armés de 12 canons de 305mm en six tourelles doubles et 12 canons de 152mm.
Le Gangut La Russie soucieuse de moderniser sa flotte s'adressa à différents bureaux d'étude étrangers pour se dôter de sa première classe de cuirassés de type dreadnought. C'est la classe Gangut composée de quatre navires (Gangut Petropavlovsk Sevastopol et Poltava) entrés en service en 1914 avec un déplacement de 26000 tonnes à pleine charge avec 12 canons de 305mm en quatre tourelles triples et 16 canons de 120mm en casemates.
Le Tegetthoff L'Autriche-Hongrie modernisa sa marine de guerre (Königliche und Kaiserliche Marine) en construisant une classe de quatre dreadnought, la classe Tegetthoff (Tegetthoff, Szent Istvan, Prinz Eugen et Viribus Unitis) mis en service entre 1912 et 1915 et qui affichaient un armement des plus respectable (12 canons de 305mm en quatre tourelles triples et 12 canons de 150mm en casemates) qui aurait donné du fil à retordre aux marines italiennes françaises et britanniques en cas de bataille navale en Adriatique.
Le Courbet Enfin la France comme souvent arriva dans les derniers dans la course au dreadnought. Handicapée par les idées fumeuses de la Jeune Ecole, elle ne lança l'étude de la future classe Courbet qu'en 1909/10 mais rattrapa rapidement son retard puisque les quatre navires de cette classe (Courbet, Jean Bart, Paris et France) furent mis en service en 1913 pour les deux premiers et en 1914 pour les deux derniers. Armés de 12 canons de 305mm en six tourelles doubles et de 22 canons de 138mm en casemates, ces navires se révélèrent inférieurs à leurs homologues étrangers notament en terme de portée de leur artillerie principale.