|
| La bataille de Coronel, le 1er novembre 1914 | |
| | Auteur | Message |
---|
NIALA Amiral
Nombre de messages : 21228 Age : 81 Ville : MENTON Emploi : RETRAITE Date d'inscription : 12/07/2012
| Sujet: La bataille de Coronel, le 1er novembre 1914 Sam 30 Oct 2021, 22:05 | |
| La Bataille de Coronel La bataille de Coronel est une bataille navale qui eut lieu le 1er novembre 1914 le long de la côte centrale du Chili. Une escadre de croiseurs de la marine du Kaiser opérait dans l’océan Pacifique. Elle était basée à Tsingtao en Chine. À la déclaration de guerre, le 4 aout 1914, elle se composait des deux croiseurs cuirassés très modernes de la classe Scharnhorst, épaulés par trois croiseurs légers. Les équipages étaient expérimentés et commandés par le vice-amiral Maximilian von Spee. Cette force importante, menant une guerre de course sur le théâtre du Pacifique, constituait une préoccupation majeure pour l'amirauté britannique. Parmi les forces déployées pour l'intercepter se trouve le contre-amiral Christopher Cradock qui, à la tête de son escadre des Indes occidentales, a ordre de patrouiller au large du Chili. le Britannique n'est pas dupe, ses deux croiseurs cuirassés, le HMS Good Hope et le HMS Monmouth, sont de type plus ancien, beaucoup moins puissants et armés par des équipages de réserve, peu entraînés. De plus, il ne possède qu'un croiseur léger moderne, le HMS Glasgow. Le quatrième navire de l'escadre est un paquebot armé, le HMS Otranto, sans réelle valeur au combat.le 31 octobre, Cradock pense pouvoir piéger le Leipzig, apparemment isolé. Il se porte donc au nord et rencontre Spee, sorti avec son escadre le 18 octobre . Le Britannique pouvait encore éviter cette bataille fortuite et désavantageuse, en se repliant sur le vieux cuirassé Canopus à 300 milles au sud : il décide d'engager le combat malgré tout, peut-être pour éviter une accusation de lâcheté pour avoir laissé échapper une flotte ennemie sans l'engager..L'amiral allemand, bon tacticien, ne lui en laisse pas la chance. Bien que les deux flottes soient en vue dès 16 h 20, Spee profite de l'avantage de vitesse qu'ont ses navires dans la mer très agitée pour refuser le combat jusqu'à environ 19 heures, où il laisse la distance tomber à 11 000 mètres. Ce faisant, il annule l'avantage des navires qui, positionnés à l'ouest des siens, avaient le soleil dans leur dos, ce qui risquait d'éblouir ses directions de tir. Quand enfin il consent à se laisser approcher à distance de tir, la situation est inversée, le soleil couchant fait se découper les silhouettes des navires britanniques très nettement sur l'horizon, alors que ses croiseurs sont déjà dans la pénombre.Autre désavantage pour Cradock, son artillerie secondaire disposée sur deux niveaux sur les flancs de ses deux navires principaux ne peut être utilisée complètement, les pièces les plus basses étant constamment inondées par les paquets de mer. L'issue de la bataille est rapidement décidée : le tir allemand est précis et dévastateur, la riposte décousue. La troisième salve du Scharnhorst détruit la tourelle avant du Good Hope, celle du Gneisenau met l'arrière du Monmouth en feu, une trentaine d'obus vont les toucher par la suite, le Good Hope et le Monmouth sont très rapidement mis en feu et leurs canons se taisent l'un après l'autre.Cradock, tente de réduire la distance, en infléchissant sa course en direction des Allemands, pour utiliser ses nombreux canons de 152 mm à une meilleure portée. Mais, là encore, Spee ne laisse rien au hasard et se déroute pour se maintenir plus loin et profiter de la meilleure allonge de ses pièces modernes à tir rapide. À 19 h 50, sur le Good Hope, une explosion se produit entre la cheminée et le mât arrière et, quelques minutes plus tard, il sombre, avec tout son équipage et son amiral. Le Monmouth n'est lui plus qu'une épave flottante, Le Glasgow n'ayant reçu que cinq impacts à la suite de son duel avec le Leipzig, se propose pour prendre le Monmouth désemparé en remorque. Sans réponse du bâtiment, il décide de fuir, ce qu'il fait après avoir retrouvé l’Otranto, qui, lui, a fui dès le début de la bataille, surclassé par le Dresden. Les deux navires survivants partent, cap au sud, rejoindre le Canopus, puis vers les iles Malouines.Spee a fait cesser le tir à 19 h 26, l'obscurité ayant rendu le tir trop imprécis, et il envoie ses croiseurs légers, dont le Nürnberg qui vient de se joindre à la curée. Dans le noir, à 20 h 58, celui-ci finit par localiser le Monmouth, qu'il achève de soixante-quinze obus de 105 mm tirés à bout portant. Le Monmouth coule à son tour à 21 h 18, sans aucun survivant.L'escadre de Spee retourne à Valparaiso, où elle reçoit un accueil triomphal de la population allemande. Au Royaume-Uni, l'annonce de cette défaite provoque l'indignation de la presse et de la population. L'amirauté, pour venger l'affront, décide de rassembler et envoyer une force sous le commandement de l'amiral Sturdee en urgence, comprenant entre autres deux croiseurs de bataille. Cette force finira par surprendre et anéantir la flotte de Spee, lors de l'affrontement des Falklands, un mois plus tard, rétablissant l'honneur de la Royal Navy. Les vainqueurs de la bataille de Coronel Le croiseur cuirassé Scharnhorst à Tsingtao Le croiseur cuirassé Gneisenau, semblable au Scharnhorst Les victimes Le croiseur cuirassé Good Hope Le croiseur cuirassé Monmouth |
| | | Loïc Charpentier Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4905 Age : 78 Ville : Oberbronn Emploi : retraité "actif" Date d'inscription : 24/01/2013
| Sujet: Re: La bataille de Coronel, le 1er novembre 1914 Dim 31 Oct 2021, 13:13 | |
| , A 16H00, l'escadre britannique (moins le HMS Good Hope, à la traine) avait effectivement repéré le SMS Leipzig "isolé", car les bâtiments de l'escadre allemande naviguaient sur des routes parallèles et décalées "en profondeur". A cette heure-là, seul, le Leipzig était visible difficilement. Les SMS Scharnhorst, Dresden et Nürnberg étaient au-delà de l'horizon visible, au nord, et le Gneisenau, qui marchait sur le flanc droit, un peu sur l'avant du Leipzig, était, lui-aussi, au-delà de l'horizon. Entre 16H00 et 16H30, le navire de tête de l'escadre britannique, HMS Glasgow, avait constaté l'erreur , en découvrant une partie de la formation allemande ; les SMS Scharnhorst et Nürnberg n'étaient probablement pas encore visibles, car au-delà de 20 nautiques (36 bornes!), alors que, dans le meilleur des cas, la veille aux jumelles et télémètres, perchée dans les hauts, ne devait guère excéder plus de 18 000 m de visibilité, dans une mer sérieusement formée. D'où le changement de route du HMS Glasgow, à 16H47, puis celle du croiseur auxiliaire HMS Otranto, à 16H50. Une carte allemande (désolé!) sur les évolutions des deux escadres, le 1er novembre 1914, extraite d'un vieux bouquin allemand de 1980, lui-même, traduction d'un ouvrage britannique " Coronel and the Falklands", rédigé par Geoffrey Bennett et publié la même année. |
| | | Loïc Charpentier Capitaine de vaisseau
Nombre de messages : 4905 Age : 78 Ville : Oberbronn Emploi : retraité "actif" Date d'inscription : 24/01/2013
| Sujet: Re: La bataille de Coronel, le 1er novembre 1914 Dim 31 Oct 2021, 14:45 | |
| - Niala a écrit:
- L'amiral allemand, bon tacticien, ne lui en laisse pas la chance. Bien que les deux flottes soient en vue dès 16 h 20, Spee profite de l'avantage de vitesse qu'ont ses navires dans la mer très agitée pour refuser le combat jusqu'à environ 19 heures, où il laisse la distance tomber à 11 000 mètres. Ce faisant, il annule l'avantage des navires qui, positionnés à l'ouest des siens, avaient le soleil dans leur dos, ce qui risquait d'éblouir ses directions de tir. Quand enfin il consent à se laisser approcher à distance de tir, la situation est inversée, le soleil couchant fait se découper les silhouettes des navires britanniques très nettement sur l'horizon, alors que ses croiseurs sont déjà dans la pénombre.
Autre désavantage pour Cradock, son artillerie secondaire disposée sur deux niveaux sur les flancs de ses deux navires principaux ne peut être utilisée complètement, les pièces les plus basses étant constamment inondées par les paquets de mer. En fait, les croiseurs cuirassés allemands et anglais affichaient quasiment les mêmes performances de vitesse, 21 à 22 noeuds dans le meilleur des cas, avec leur machinerie alternative, mais les bâtiments allemands étaient mieux conçus pour marcher dans une mer formée, et leur artillerie principale comportait 8 pièces de 21 cm et 40 calibres, dont 4 en tourelle double et les autres en réduits. Côté britannique, l'armement principal du HMS Good Hope était de deux 9,2 inches L/45 (233 mm), en tourelle simple, et 16, 6 inches (152 mm) en réduits, celui du du HMS Monmouth, 14 pièces de 6 in. L/45, dont 4 en tourelle double, le reste en réduits, mais 4 d'entre eux superposés en proue, ce qui fait, effectivement, que les pièces basses étaient submergées par grosse houle. En plus, on oublie souvent d'en tenir compte, mais la télémétrie stéréoscopique allemande, conçue par Zeiß Iéna, était bien supérieure à la technique "à coïncidence" Barr & Stroud britannique, par temps médiocre, "entre chien et loup" ou dans la fumée des tirs. Ce que les Brits n'arriveront jamais à admettre, contrairement aux Français, durant l'entre-deux-guerres. Accessoirement, la Kaiserliche Marine entrainait très régulièrement, depuis un bail, ses canonniers et télémétreurs aux tirs à plus de 10 000 m, car elle bénéficiait, dans la Baltique, de pas de tir navals de grande dimensions. A l'inverse, à son entrée en guerre, en août 1914, la Navy commençait juste à instruire les siens, pour les tirs à 10 000 m max, vu qu'elle ne disposait pas de plans d'eau suffisants; ce n'est que fin 1915-début 1916, qu'elle avait commencé à constituer des stages de perfectionnement pour son personnel sur les tirs à plus de 10 000 m, même si ses lunettes de visée étaient "généreusement" graduées jusqu'à 15 000 yards! En 1914, les canonniers et télémétreurs de l'escadre britannique d'Extrême-Orient n'étaient probablement pas formés pour exécuter des tirs à 10 000 m ou plus! En novembre 1914, l'affrontement au large de la côte de la Coronel avait été, globalement, équilibré, mais, avec, en faveur de l'allemand, une tactique d'engagement plus performante, grâce à son "Pacha", et un avantage technique de son artillerie. La bataille navale ultérieure, celle des Falklands/Malouines, c'est une toute autre histoire, car dans l'escadre britannique mandatée pour venger l'affront, les deux Battlecruisers, HMS Invincible & Inflexible, marchaient, eux, à la turbine à vapeur, flirtouillaient avec les 27/28 noeuds "à fond la caisse" et étaient armés, sauf erreur, de 8 canons de 12 pouces (305 mm) en tourelles doubles! Cette bataille avait été, en quelque sorte, un démonstration de tir "aux pigeons d'argile", sauf que les Brits s'étaient, dès lors, reposés sur leurs lauriers, n'avaient pas tenu compte de l'avertissement de "l'échauffourée" de Dogger Bank, en janvier 1915,et s'en prendront une sévère, avec leurs "Battlecruisers", face aux croiseurs lourds allemands ( Großkreuser), durant l'après-midi du 31 mai 1916, lors de la Bataille du Jutland! |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: La bataille de Coronel, le 1er novembre 1914 | |
| |
| | | | La bataille de Coronel, le 1er novembre 1914 | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |