Historique Ci-dessus le Ranger sur cale et ci-dessous le Ranger qui prend contact avec son élément le 25 février 1933Le USS Ranger (CV-4) est mis sur cale aux Newport News Shipbuilding and Drydock Co de Newport News en Virginie le 26 septembre 1931. Il est lancé le 25 février 1933 ayant pour marraine Lou Henry Hoover, la femme du président des états unis et admis au service actif le 4 juin 1934 au Norfolk Navy Yard.
Les premières opérations aérienne eurent lieu au large du Cap Henry le 6 août 1934, juste au début de sa croisière de mise en condition opérationnel qui le vit appareiller de Norfolk le 17 pour Rio de Janeiro, Buenos Aires et Montevideo.
De retour à Norfolk le 4 octobre pour des entrainements en baie de Chesapeake jusqu'au 28 mars 1935, date à laquelle il appareilla pour le Pacifique via le canal de Panama franchit le 7 avril arrivant à San Diego le 15 avril 1935.
Durant les quatre années qui suivirent, le Ranger tout comme les Lexington particpa aux différents «Fleet problem», faisant de nombreuses escales à Hawaï mais naviguant également jusqu'à Callao au Perou et Seattle dans l'Etat de Washington.
Le 4 janvier 1939, il quitta San Diego et l'Océan Pacifique pour des opérations dans les Caraïbes depuis la baie de Guantanamo à Cuba, notament «Fleet Problem XX» du 20 au 24 février avant de revenir à Norfolk le 18 avril 1939.
Fleet Problem XIX : les "gros" Lexington et Saratoga photographiés par le "petit" RangerLe 30 avril, le président Roosevelt inaugure l'exposition universelle de New York. C'est l'occasion pour la marine américaine de présenter une partie de la flotte. C'est ainsi que du 29 avril au 3 mai, le Ranger y fait escale en compagnie des cuirassés New York et Texas, de cinq croiseurs légers, d'une dizaine de destroyers et d'une demi-douzaine de sous marins. D'autres bâtiments comme le cuirassé Tennessee et le croiseur Wichita font des apparitions.
A la déclaration de guerre, les américains réaffirment leur neutralité suivant une loi du 1er mai 1937 qui introduit une clause «Cash and Carry» (Payez et transportez). Les américains commencent cependant à préparer une éventuelle entrée en guerre même si l'opinion reste isolationniste avec l'accroissement des effectifs.
A partir du 12 septembre 1939, l'US Navy organise des patrouilles pour garantir la neutralité américaine. Ces patrouilles sont généralement assurées par des destroyers et des croiseurs. Le Ranger quand à lui est en réserve à Hampton Roads en compagnie des cuirassés New York, Arkansas et Wyoming. Le 2 octobre 1939, les Etats Unis proclament une zone de neutralité panaméricaine allant de la frontière canadienne à la Terre de Feu.
La marine américaine participe également à l'escorte des convois à destination de l'Europe et du Moyen Orient au moins jusqu'au milieu de l'Atlantique. Le Ranger y joue son rôle comme le 10 novembre 1941. Ce jour là le convoi WS12 qui transporte 20000 soldats britanniques pour le Proche Orient via le cap de Bonne Esperance appareille du port d'Halifax. Il est escorté par le TG14.4 du contre-amiral Cook composé du porte-avions Ranger, des croiseurs lourds Quincy et Vincennes et de 8 destroyers. Le 17, le porte-avions et les destroyers Rhind et Trippe laissent le convoi à 17°S dans les environs de Trinidad, le reste de l'escorte américaine laissant le convoi au Cap le 9 décembre.
Le convoi WS-12 gagnant Le Cap en Afrique du Sud en Novembre 1941. le croiseur lourd USS Quincy (CA-39) mène la colonne au premier plan, suivi par les transports USS Wakefield (AP-21), USS Mount Vernon (AP-22), USS West Point (AP-23) et le pétrolier USS Cimarron (AO-22).
La deuxième est menée par le USS Ranger (CV-4), suivie par les transports USS Orizaba (AP-24), USS Leonard Wood (AP-25), USS Joseph T. Dickman (AP-26) et le croiseur lourd USS Vincennes (CA-44). les autres navires sont des destroyers.Bien que la guerre à éclaté dans le Pacifique, le Ranger reste dans l'Atlantique, ses performances étant jugées insuffisantes pour opérer sur ce théâtre d'opérations. Il patrouille dans l'Atlantique sud du 21 décembre 1941 au 22 mars 1942. A l'issue de cette patrouille, il regagne le Norfolk Navy Yard pour entretien qui est mis à profit pour installer un radar de veille aérienne CXAM-1, le porte-avions Ranger étant l'un des quatorze navires à avoir été choisit pour être équipé en premier lieu.
Le renforcement de l'aviation sur le front indien étant urgent, le Ranger va servir de transport d'aviation. C'est ainsi qu'il appareille le 22 avril de la base navale de Quonset Point (Rhode Island) avec 68 chasseurs Curtiss P40 dy 33rd Pursuit Squadron de l'USAAF escorté par le croiseur lourd Augusta. Les chasseurs décollent devant Accra le 10 mai et le porte-avions est de retour à la base le 28 mai.
Après une patrouille devant Argentia (Terre-Neuve), il repart pour l'Afrique avec 72 Curtiss P40 du 57th Fighter Group escorté par le croiseur lourd Augusta et le croiseur antiaérien Juneau et six destroyers au sein d'une Task Force 22. Les chasseurs décollent du bord, se posent à Accra le 19 juillet puis rallie l'Egypte.
Après une patrouille au large de Trinidad, , il regagne Norfolk pour participer à un exercice de combat jusqu'au 1er octobre 1942 puis un entrainement au large des Bermudes avec quatre nouveaux porte-avions d'escorte de classe Sangamon en vue de l'opération Torch.
Les alliés pressés par les soviétiques d'ouvrir un second front en Europe décide une politique des petits pas bien compréhensible quand on sait qu'au moment de la planification de l'opération Torch, les seules expériences amphibies sont les Dardanelles en 1915 et la Norvège en 1940 ce qui n'incite guère à l'optimisme.
La traversée Bermudes-Maroc est mise à profit pour régler les mitrailleuses des WildcatLe plan approuvé le 25 juillet prévoit le débarquement à Oran de la 1ère DI et de la moitié de la 1ère DB américaine (Mers el Kebir est encore dans tous les esprits et il est hors de question d'y débarquer des «Anglois»), à Alger des troupes américaines et britanniques et au Maroc des troupes exclusivement américaines. Ce débarquement est d'abord prévu le 30 octobre puis repoussé au 8 novembre et doit être lié à l'offensive britannique lancée le 23 octobre.
Les moyens navals américains de l'opération Torch sont placés sous le commandement du contre-amiral H. Kent Hewitt qui pose sa marque sur le croiseur lourd Augusta (CA-31). Cette TF34 (appelée également Western Task Force) se compose des cuirassés Massachussets (BB59) Texas (BB35) et New York (BB34), de cinq porte-avions (le Ranger et 4 porte-avions d'escorte), de trois croiseurs lourds (Augusta Wichita Tuscaloosa) quatre croiseurs légers (Savannah, Brooklyn Cleveland et Philadelphia), 36 destroyers, 29 transporters et 19 bâtiments auxiliaires qui appareillent des Etats Unis le 24 octobre en trois convois sauf les porte-avions qui quittent les Bermudes le 26, la jonction se faisant le 28.
Les forces navales américains divisent ses moyens en quatre forces :
-Le groupe nord (TG 34.8 contre-amiral Kelly) devant Port Lyautey comprend ainsi le cuirassé Texas, le croiseur léger Savannah, les porte-avions d'escorte Sangamon et Chenango, 9 destroyers et huit transports
-Le groupe central (TG 34.9 capitaine de vaisseau Emmet) devant Fedala se compose du croiseur lourd Augusta (navire-amiral de l'opération) les croiseur légers Brooklyn et Cleveland, les porte-avions Ranger et Suwannee, quinze destroyers et quinze transports.
-Le groupe sud (TG 34.10 contre-amiral Davidson) devant Safi se compose du cuirassé New York, du croiseur léger Philadelphia, du porte-avions d'escorte Santee, de dix destroyers et 7 transports.
-La force de couverture (TG 34.1) du contre-amiral Giffen se compose du cuirassé Massachussets , des croiseurs lourds Wichita et Tuscaloosa et de quatre destroyers.
Le Ranger embarque pour cette opération un total de 76 appareils : 54 chasseurs F4F Wildcat des VF-9 et VF-41, 18 bombardiers en piqué SBD-3 Dauntless et 4 avions torpilleurs Grumman Avenger de la VS-41.
Les Wildcat du Ranger décollent pour bombarder et mitrailler les aérodromes françaisAu déclenchement de l'opération, le Ranger est en place à 30 miles au nord-ouest de Casablanca et lance une première vague de 17 Wildcat à 6h10 pour attaquer les aérodromes français. 9 F4F attaquent les aérodromes de Rabat et de Rabat-Sale (QG des forces aériennes françaises au Maroc) et sans pertes pour eux, ils détruisent 7 avions sur le premier terrain et 14 sur le second. Un autre raid détruit 7 appareils sur l'aérodrome de Port Lyautey.
Les appareils du Ranger sont aussi engagées contre la 2ème escadre légère qui appareille à 7h25 de Casablanca pour un combat sans espoir qui ressemble plus un sacrifice, sacrifice qui impressionera tellement les américains qu'ils baptiseront un porte-avions d'escorte Casablanca et qu'ils citent toujours cet exemple à l'Académie Navale d'Annapolis comme l'exemple admirable de courage et de sacrifice. Les Wildcat et les Dauntless sont également engagés contre les batteries côtières.
En trois jours, le groupe aérien du Ranger effectue 496 sorties, ses bombardiers en piqué touchant par deux fois le contre-torpilleurs Albatros qui perd son étrave et doit s'échouer à 11h55. Les Dauntless attaquent également le Primauguet (une bombe au moins) qui doit s'échouer après avoir réussi quand même à toucher le Massachussets tandis que les Avenger écartent deux sous marins par un largage de grenades ASM. Le 10 novembre après que le Jean Bart eut repris son tir en visant le croiseur Augusta, huit Avenger du Ranger attaquent le cuirassé qui touché par deux bombes de 500kg s'échoue par l'arrière.
Au total, les avions du Ranger on détruit 70 avions au sol, 15 en combat aérien pour la perte de 16 appareils (détruits ou si endommagés qu'ils seront feraillés) et 107 véhicules. Casablanca capitule le 11 novembre 1942 et le Ranger quitte le Maroc dès le 12 pour rentrer à Norfolk le 23 novembre.
Après un entrainement en baie de Chesapeake, le Ranger entra au Norfolk Navy Yard pour un grand carénage qui l'immobilisa du 16 décembre 1942 au 7 février 1943. Il renforce ensuite l'aviation alliée en Afrique en transportant à Casablanca le 23 février, 75 Curtiss P40L. Il reprit ensuite sa mission de patrouille au large de la Nouvelle Angleterre et de Terre Neuve tout en formant de nouveaux pilotes. Le 11 août 1943, il appareilla d'Halifax pour rejoindre la Home Fleet à Scapa Flow (Ecosse) où il arriva le 19 août pour patrouiller au large des îles britanniques et pour des opérations plus offensives.
C'est ainsi que le 2 octobre 1943, le Ranger appareille de Scapa Flow en compagnie des cuirassés britanniques Duke of York et Anson, du croiseur lourd Tuscaloosa, de trois croiseurs britanniques et de dix destroyers. C'est l'opération «Leander» qui voit le Ranger lancer les Avenger de la VT-4, les Dauntless de la VB-4 et les Wildcat de la VF-4 pour attaquer la navigation allemande au large de la Norvège et plus précisement le port de Bodo. Les 20 Dauntless escortés par 9 Wildcat endommagent gravement deux grands cargos, un petit transport de troupes et coulent deux petits cargos. Le second groupe d'attaque composé de 10 Avenger et de six Wildcat détruisent un cargo, un petit caboteur et endommage un navire amphibie, rois avions étant perdus à cause de la Flak.
Septembre 1943 : le Ranger en entrainement avec la Home FleetLe 4 octobre, trois avions allemands attaquent le porte-avions mais la CAP¨descend deux avions et chasse le troisième (le livre de Jean Moulin fait état de la destruction d'un Junkers Ju 88 et d'un Heinkel He 115). Le Ranger rentre à Scapa Flow le 6 octobre.
Le 19 octobre, il couvre avec le cuirassé Anson et le croiseur lourd Norfolk le rétablissement de la base alliée au Spitzberg. Il patrouille ensuite autour des îles britanniques ainsi qu'au large de l'Islande. Après une escale à Hvalfjord, il appareille le 26 novembre et arrive à Boston le 4 décembre.
Le 3 janvier 1944, le Ranger commence un nouveau cycle d'entrainement au large de Quonset Point mais ce cycle est interrompu le 20 avril quand il file vers Staten Island pour embarquer 76 Lockeed P38 Lightning. Quittant New York le 24 avril, il arrive à Casablanca le 4 mai
Avant son retour aux Etats Unis, le Chief of Naval Operations, l'amiral King envisage une refonte du porte-avions pour élever ses capacités au niveau des porte-avions plus récents mais ses officiers lui expliquèrent que ce serait gâcher du temps, de l'argent et des moyens qui seraient plus utiles ailleurs. Le projet est abandonné et les travaux se limitent au renforcement du pont d'envol, à l'installation d'une nouvelle catapulte et de nouveaux radars. Les travaux furent réalisés au Norfolk Navy Yard.
Le 11 juillet 1944, il appareille de Norfolk pour Panama. Franchissant le canal cinq jours plus tard, il embarqua des soldats de l'US Army à Balboa (Panama) pour San Diego où il arriva le 25 juillet. Après avoir embarqué les hommes et les avions du Night Fighting Squadron 102 et du personnel de l'USMC, le Ranger appareilla pour Pearl Harbor le 28 juillet, s'amarrant à Pearl Harbor le 3 août 1944.
Durant les trois mois suivant, le Ranger servit de porte-avions d'entrainement aux opérations de combat de nuit. Le Ranger quitte Pearl Harbor le 18 octobre pour entrainer de jeunes pilotes aux opérations de combat, entrainement qui eut lieu au large de San Diego, terminant ainsi la guerre sans jamais avoir affronté la marine impériale japonaise.
Quittant San Diego le 30 septembre 1945, il embarqua du personnel civil et militaire à Balboa pour la Nouvelle Orleans où il arriva le 18 octobre. Le lendemain du Navy Day (29 octobre) soit le 30 octobre 1945, il quitta la Lousiane pour quelques opérations au large de Pensacola (Floride).
Après une escale à Norfolk, il entra au Philadelphia Naval Shipyard (nouvelle appelation des Navy Yard) le 18 novembre 1945 pour entretien et y resta jusqu'à son désarmement prononcé le 18 octobre 1946. Rayé du Navla Vessel Register le 29 octobre 1946, il est vendu à la démolition à Sun Shipbuilding and Drydock Company de Chester (Pennsylvanie) le 28 janvier 1947.
L'une des dernières escales du Ranger : La Nouvelle Orleans