Les trois pétroliers de la classe Towada sont officiellement appelés « ravitailleurs de combat ». Ils sont souvent présentés comme une amélioration du Sagami (AOE-421).
Quelques lignes permettent de replacer leur construction dans l’évolution qu’a connue la Force Maritime d’Autodéfense du Japon en quatre décennies.
De 1954 (année de sa création) à 1962, la Force n’avait aucun pétrolier. Le premier du genre a été le Hamana (AO 411), commandé au titre du budget 1961, mis sur cale le 17 avril 1961 et en service le 10 mars 1962. C’est le chantier Hitachi de Maizuru qui l’a construit. Comme pratiquement tous les pétroliers de l’ancienne marine impériale, il s’agissait d’un pétrolier civil peint en gris et doté de portiques de ravitaillement à couple, avec passerelle au centre et machines à l’arrière comme ça se faisait à l’époque. Fait intéressant, sa construction a été critiquée par l’opposition qui y a vu une tentative de recréer une force navale capable de porter l’agression loin de ses bases. Ce Hamana est longtemps resté le seul pétrolier de la Force ; une version légèrement améliorée avait été inscrite au budget 1962 mais a attendu plusieurs années avant de voir le jour.
À l’époque, la Force avait pour politique de renouveler ses navires au bout de 25 ans de service (aujourd’hui, c’est 35 ans). Les besoins en ravitaillement de la Force ayant bien évolué depuis les années 1960, le pétrolier prévu en 1962 a finalement été mis sur cales le 18 septembre 1977 : ce sera le Sagami (AOE 421) dont le sigle AOE indique qu’il pouvait ravitailler les autres navires en munitions, en plus du carburant. Lui aussi construit par Hitachi Maizuru, mis en service en 1979, huit ans avant le retrait du service de son prédécesseur (1987), il a profité d’un enseignement : sa vitesse était de 22nd parce que les 16nd du Hamana rendaient les ravitaillements dangereux quand il y a une menace sous-marine. Ce Sagami avait des lignes nettement plus modernes que le Hamana, avec bloc passerelle à l’arrière, pont de ravitaillement à l’avant et plateforme hélicoptère à l’arrière pour un HSS-2 Sea King mais pas de hangar. En plus de ses deux portiques de ravitaillement en carburant, il avait un portique de transfert de charges solides et l’hélicoptère du navire ravitaillé pouvait utiliser la plateforme pour effectuer des transports supplémentaires sous élingue. Bien que n’étant une copie de pétrolier civil, il avait été construit sur des standards de la marine marchande.
La fin de service du Hamana de 1962 a été l’occasion de commander en 1985 une réplique améliorée du Sagami : ce sera le Towada, toujours construit par Hitachi Maizuru, mis sur cale le 17 avril 1985 et en service le 24 mars 1987, jour de retrait du service du Hamana. Il reprend les lignes générales du Sagami. Propulsé par deux diesels Mitsui 16V42M-A de 26 000 cv chacun, il file 22nd comme son prédécesseur. Ses pompes sont beaucoup plus puissantes et débitent 11 000 litres par minute. La menace sous-marine a en effet poussé la Force à modifier sa tactique de ravitaillement à la mer : désormais, les ravitaillements se font à 20nd et ne durent que cinq minutes, ce qui permet de transférer environ 90 tonnes de carburant de chaque bord. La plateforme d'appontage peut recevoir des CH-53.
Ce Towada aurait pu rester unique, comme ses prédécesseurs, mais l’évolution de la politique de défense du Japon en a décidé autrement. Pendant la première guerre du Golfe, les USA ont demandé au Japon d’envoyer un groupe de dragueurs de mines dans le Golfe Persique, mais le gouvernement d’alors a refusé. Au lieu de ça, il a envoyé le Towada, le soutien logistique d’un allié en dehors de la zone des combats étant moins belliqueux que la guerre des mines au cœur de cette zone. Dès 1988, alors même que la guerre était loin d’être finie, Hitachi Maizuru s’est vu notifier la commande de deux répliques : ce seront les Tokiwa et Hamana, mis en service à deux semaines d’intervalle en mars 1990. Ils ont une capacité de stockage un peu supérieure à celle du Towada et calent donc 10cm de plus en tirant d’eau.
Le TokiwaLes caractéristiques des Towada sont les suivantes.
Nom | Hiragana | n° de coque | Date de mise sur cale | Date de lancement | Date de mise en service | Base |
Towada | と わ だ | 422 | 17 avril 1985 | 25 mars 1986 | 24 mars 1987 | Kure |
Tokiwa | と き わ | 423 | 12 mai 1988 | 23 mars 1989 | 12 mars 1990 | Yokosuka |
Hamana | は ま な | 424 | 8 juillet 1988 | 23 mars 1989 | 29 mars 1990 | Sasebo |
- Déplacement : 8 100 t (12 100 t à pleine charge)
- Dimensions : 167 x 22 x 8,10m
- Propulsion : deux diesels Mitsui 16V42M-A de 26 000 cv chacun, deux lignes d'arbres
- Vmax : 22 nd
- Distance franschissable : 10 500 Nq à 20 nd
- Radar : un radar de navigation OPS-18
- Armement : une mitrailleuse de 12,7mm (habituellement démontée), possibilité d'installer un Phalanx qui n'a apparemment jamais été monté
En 2016, le bruit a couru que les trois Towada allaient être remplacés puisqu’ils avaient atteint les 25 ans de service, mais leur durée de vie avait été portée à 35 ans, ce qui fait que leur remplacement ne devrait intervenir que vers 2022-2025.
Quant au Sagami, il a été retiré du service en 2005 après 26 ans de service et à l’occasion de l’admission au service du deuxième ravitailleur de combat de la classe Mashū, version améliorée des Towada et que je présenterai dans un autre sujet.
Il me reste à remercier celui qui m'a expliqué comment utiliser l'éditeur de texte du forum. Je ne vous dirai pas qui c'est.