Pour votre information : COURS SUR LA CHARPENTE DU NAVIRE de l’IC LE CHUITON 1945 ( MARINE NATIONALE)
Ci-joint la table des matières sachant que seul le chapitre VI ( la protection du grand bâtiment de combat) est développé . Si un détail vous intéresse vous dites ! A signaler que les quelques lignes objet de la protection contre le gaz cf chapitre IV sont précurseurs du concept citadelle NBC de nos navires d’aujourd’hui
CHAPITRE VI
LA PROTECTION DU GRAND BATIMENT DE COMBAT Rôles et différents objets de la Protection. Le compartimentage du navire tel que nous l'avons déjà étudié est indispensable pour limiter les conséquences d'une voie d'eau. Les risques de voies d'eau dues à des accidents de navigation sont communs à tous les bâtiments, de commerce ou de guerre. Mais le navire de guerre croit se prémunir en outre contre les engins offensifs employés par l'ennemi. On peut classer ces engins de la façon suivante :
1° Engins, que l'on peut appeler aériens, atteignant le navire dessus ou au voisinage de la flottaison : Obus (explosifs et perforants) — bombes lancées par avions.
2° Engins sous-marins, atteignant le navire au-dessous de la flottaison : Torpilles, mines, grenades.
3° Gaz toxiques.
La défense du navire contre ces engins consiste :
1° A lui maintenir une flottabilité et une stabilité suffisantes.
2° A protéger les installation vitales (Propulsion. Appareil à gouverner. Installations de sécurité (Energie électrique. Epuisement. Installations contre l'incendie). Artillerie principale. Installations spéciales au commandement.
Les moyens dont dispose un grand bâtiment de combat peuvent être classés comme suit :
1° Moyens défensifs directs : Le compartimentage et la protection sous-marine. Le caisson blindé avec blindées (tourelles, blockhaus La protection contre les gaz. Les appareils spéciaux (paravanes filets pare-torpilles , démagnétisation, etc...).
2° Moyens défensifs auxiliaires : La réserve de stabilité. Les moyens d'épuisement des voies d'eau ou d'obturation provisoire des brèches (paillets, madriers, ciment à prise rapide).
Les moyens de redressement (bande et assiette).
Les moyens d'extinction des incendies (et ceux évitant la propagation des incendies (noyage des soutes). Les moyens de repérage (écoute) et de camouflage (fumigènes). Nous n'étudierons dans le présent chapitre que la Protection par caissons ou carapaces blindées, la Protection sous-marine, la Protection contre les gaz. Par ailleurs certaines installations concourant à la Protection sont décrites dans d'autres parties du cours.
II. LA PROTECTION CONTRE LES ENGINS AÉRIENS Notions sur les effets des projectiles
A -- Dispositions d'ensemble de la Protection des œuvres vives.1° Notions sur la nature et les effets des projectiles utilisés contre les blindages. Les projectiles destinés à attaquer les blindages sont les projectiles de perforation (0 P f) ou de rupture (0 R) à parois épaisses. Ces projectiles renferment de 2 à 4 % au maximum de leur poids en explosif (mélinite fondue). Leur poids p en Kg est de l'ordre de 16 fois le cube de leur calibre en dm :
P/a3 = 15 à 16
Ces projectiles subissent un traitement leur donnant une grande dureté à l'ogive (Rr >200 Kg /mm2) et une dureté décroissante le long du corps. Les 0 R ont un tracé permettant de leur adapter une coiffe en acier relativement doux mais dont la pointe est très dure (220 kg /mm2) obus 0 R C. Une fausse ogive en acier à parois minces encapuchonne la coiffe et donne au projectile un profil moins résistant dans l'air en améliorant ses qualités balistiques (gains sur la vitesse restante, sur la durée du trajet et l'angle de chute). Cette fausse ogive est fixée de façon à se détacher au choc sur l'eau et à fortiori au choc contre des tôleries ou des blindages.
Les projectiles 0 P f ou 0 R sont munis d'un amorçage de culot à long retard destiné à les faire exploser après traversée des blindages à l'intérieur du bâtiment.
Les bombes aériennes ont un tracé et subissent un traitement tout à fait comparables à ceux des obus de rupture. Certaines bombes contiennent cependant des poids d'explosifs plus élevés de l'ordre de 10 à 25% du poids de la bombe. Au cours de la récente guerre l'on a utilisé des bombes de poids supérieur à 1.5t -2 t.
Trajectoires des projectiles. — D'une manière générale pour un même projectile tiré à la même vitesse l'angle de chute α croit lorsque la portée augmente (La trajectoire devient moins tendue).
La vitesse restante Vr au point de chute passe par aux environs des 3/4 de la portée maximum. Exemple : projectile de 380 mm
- portée 25 000 m α = 21° Vr = 514 m
- 40 000 m α = 42° Vr = 498 m
Trajectoire des bombes d'avion. Dans le bombardement en vo horizontal, la trajectoire devient rapidement verticale et l'angle d'incident sur tin pont dépasse rarement 10° même en tenant compte du roulis
Les vitesses de chute en fonction de la hauteur de lancement sont peu différentes des vitesses de chute dans le vide jusqu'à 6.000 m. Au-delà de 6.000 m. la résistance de l'air intervient de façon sensible pour limiter la vitesse de chute aux environs de 340 m /sec.
Exemple : Hauteur de chute Vitesse au choc Bombe de 530 kg
1.000 m 100 m /sec
3.000 m 230 m/se c
7.000 m 310 m /sec
10.000 m 340 m /sec
Dans le bombardement en piqué ou semi-piqué, la hauteur de chute est beaucoup plus faible mais la vitesse propre de l'avion se compose avec la vitesse de chute libre. Dans un piqué à 720 km /heure et un lâché à 1.000 m. d'altitude la vitesse au choc sera de l'ordre de 240 m /sec. Les angles d'incidence sur un pont augmentent et peuvent atteindre 30 à 40°
Effets des projectiles sur les blindages. 1° Cas des blindages homogènes, non cémentés.Supposons d'abord un tir normal (incidence nulle). Il existe pou un projectile donné, une vitesse d'impact pour laquelle le projectile reste juste engagé dans la plaque par son corps, ou encore tombe sans vitesse
derrière la plaque. C'est la vitesse de perforation stricte (V S P). Pour une vitesse plus faible, l'obus rebondit sur la plaque sans se briser en laissant l'empreinte de son ogive, ou la fendant, ou détachant des morceaux de plaques, si la vitesse s'accroît.
Au-delà de la V S P le projectile franchit la plaque en général entier en faisant un trou de diamètre sensiblement égal à son calibre. Si ce calibre est nettement supérieur à l'épaisseur «e» de la plaque, le projectile arrache des fragments de la partie arrière de la plaque ou même produit un trou d'un diamètre franchement supérieur au calibre — on dit qu'il y a « défoncement ».
Supposons maintenant que l'incidence augmente (tir oblique). La V S P augmente l'empreinte ou le trou s'ovalise progressivement mais les phénomènes restent très comparables au tir normal. A partir d'un certain angle de la trajectoire avec la normale à la plaque le projectile ne perfore plus, même pour des vitesses très élevées. Il ricoche sur la plaque en faisant une goujure ovale. Pour la vitesse stricte de déchirement (V S d) une déchirure toujours orientée dans le sens du laminage apparaît sur la face arrière de la plaque. Elle va en augmentant avec la vitesse jusqu'à ce qu'il y ait arrachement de métal ou défoncement de la plaque. Le projectile peut se briser en ricochant.
2° Cas des blindages cémentés. Les différences essentielles avec les blindages homogènes sont les suivantes :
En deçà de la V S P en tir normal un obus non coiffé rebondit brisé en avant de la plaque en arrachant la couche cémentée sur une surface plus ou moins grande. Au-delà de la V S P un obus non coiffé perfore en brisant au moins la pointe de son ogive. L'adjonction d'une coiffe au projectile lui permet de traverser en tir normal (au=delà de la V S P) entier une plaque cémentée en projetant une débouchure de la plaque. Ce fait est très important car si le projectile est chargé il explose à l'échéance du retard d'amorçage et la vitesse de projection des éclats est très grande (600 à 1.000 m /sec.) si le projectile n'est pas partiellement brisé. Le souffle dû à l'explosion et à la projection des éclats peut dans ce cas faire des dégâts très importants à l'intérieur d'un bâtiment : charpentes et bordés arrachés, câbles électriques coupés, courts-circuits, incendies, voies d'eau dans les fonds (Cf avaries du DUNKERQUE à MERS-EL-KÉBIR) .
Un blindage d'épaisseur égale au 1/10 du calibre suffit cependant à arrêter les éclats en prenant une déformation d'ensemble (cuvette). L'explosion d'un projectile non entier, ou simplement fendu produit des effets beaucoup moins graves, la vitesse communiquée aux éclats tombant à une centaine de m/sec. Dans le tir oblique sur blindage cémenté, la V S P augmente, les projectile perfore mais brise toujours au moins sa pointe en traversant. Lorsque l'incidence augmente, le projectile ricoche sur la plaque en général brisé en écaillant la face cémentée si V VSd.
Ce qui précède montre la supériorité des obus coiffés. La comparaison des blindages homogènes et des blindages cémentés est assez complexe et sortirait nettement du cadre de ce cours. Elle se base sur des expériences de tirs effectués sur plaques réelles. On peut noter cependant que dans la majorité des cas, l'acier cémenté fournira la protection, de poids minimum, surtout si on peut l'utiliser de façon telle que l'incidence du projectile soit oblique car le projectile sera au moins partiellement brisé. Le choix définitif du genre de blindage fera encore intervenir les difficultés de fabrication et les conditions d'installation à bord (assemblages des plaques entre elles, soudabilité, etc...).
2° Protection des bâtiments de ligne. — (Voir Planche Richelieu nos 1, 2, 3.
Sur les bâtiments de ligne la protection de la flottabilité , de la stabilité et des organes vitaux des fonds est constituée essentiellement par le caisson blindé cellulaire. Ce caisson est constitué, par une cuirasse de ceinture, 2 traverses, le pont blindé supérieur (P B S) et le pont blindé inférieur (P B I). a) Cuirasse de ceinture. La hauteur de cette cuirasse au-dessus de la flottaison doit être suffisante pour conserver au bâtiment, dont les superstructures sont supposées rasées au-dessus du P B S au combat, une stabilité statique et surtout dynamique suffisante. Cette hauteur doit également être suffisante pour parer à la sur-immersion due à une bande permanente ou à un coup de roulis. La hauteur au-dessous de la flottaison est fixée par la nécessité de ne pas découvrir les œuvres vives en cas de roulis ou de grande vitesse (creux des vagues d'accompagnement). La hauteur totale des ceintures des grands bâtiments protégés récents est de l'ordre de 5 m. Les ceintures sont parfois inclinées sur la verticale. On obtient ainsi une augmentation de l'angle d'incidence I = α + B. Par contre, pour une même hauteur de
can supérieur, le can inférieur interceptant la même trajectoire de projectile, on est conduit à des poids voisins pour une cuirasse inclinée (1) et une cuirasse droite de même résistance, la cuirasse droite moins haute pouvant avoir une épaisseur plus grande.
En fait pour une cuirasse en acier homogène les 2 solutions sont à peu près équivalentes. Pour une cuirasse en acier cémenté pouvant briser plus facilement les projectiles en tir oblique, il semble que la solution avec cuirasse inclinée est préférable. Les inclinaisons actuellement admises varient entre 10° (HOOD) et 15° (RICHELIEU). Les ceintures des derniers bâtiments de ligne Français sont en acier cémenté.
L'épaisseur maxima des plaques de ceinture est située aux environs de la flottaison normale et sur toute la longueur contenant les organes principaux (Machines , chaufferies, groupes AV et AR d'artillerie principale avec leurs soutes ) . Les épaisseurs décroissant quelquefois vers les cans
(1) La cuirasse inclinée est plus lourde si l'on tient compte de la complication plus grande de la charpente sous cuirasse
supérieurs et inférieurs — cas du Richelieu, épaisseurs variant entre 177 et 320 mm.
Longueur de ceinture (et du caisson blindé). — Le décuirassement des extrémités auquel on est conduit par économie de poids est avaries de combat. La limité par la nécessité d'assurer la stabilité après longueur du caisson blindé varie entre 0.62 et0,66 L. Sur certains bâtiments il existe une protection de l'appareil à gouverner par ceinture latérale et le prolongement du ler faux Pont (P B I) voir Planche RICHELIEU.
b) Ponts blindés. — Le P B S est destiné à arrêter ou ralentir les bombes (l'avion et à faire ricocher ou ralentir les obus de gros calibres. Le PBI a pour objet principal de limiter les avaries au caisson cellulaire. Le P B S aboutit au niveau du can supérieur de la ceinture. Son épaisseur est calculée de façon qu'il résiste à tel calibre d'obus en deçà de telle distance et à telle bombe lâchée dans telles conditions — cas du Richelieu épaisseurs variant entre 140 et 170 min.
Jusqu'à présent les ponts blindés de tous les bâtiments français sont en acier homogène. L'acier cémenté donnerait lieu à de grandes difficultés pour l'usinage (ouvertures pratiquées sur le pont telles que panneaux) et pour les attaches sur le pont. L'acier homogène qui peut être réalisé soudable permet d'assembler directement les plaques entre elles, par rivetage et soudure, en supprimant ainsi le platelage, ce qui permet d'autre part de faire intervenir les plaques de Ponts dans le calcul de résistance du bâtiment à la flexion longitudinale.
Le P B I joue principalement le rôle de pare-éclats ; en principe il suffirait dans ce but d'une épaisseur égale au 1 /10 du calibre adverse. En fait sur le RICHELIEU l'on a adopté des épaisseurs variant entre 40 et 50 mm. Pour assurer une flottabilité suffisante en cas de surcharge. il est nécessaire que le P B I, dans sa partie centrale, soit au moins à 1 m. au-dessus de la flottaison en charge normale.
Le P B I se raccorde au can inférieur de la ceinture par un talus dont la pente est favorable pour limiter les voies d'eau et la perte de stabilité due à une brèche dans la cuirasse de ceinture. Une pente trop forte est cependant défavorable au point de vue résistance aux projectiles ayant perforé la ceinture (choc normal). Une pente de 45° parait convenable. La liaison du pied du talus avec la ceinture doit être particulièrement robuste.
c) Traverses. — Les traverses forment le caisson blindé à l'avant et à l'arrière. Elles se trouvent en général dans le plan de 2 cloisons transversales étanches qui les prolongent jusque dans les fonds. Etant moins exposées que la ceinture à recevoir des coups sous une incidence voisine de la normale, leur épaisseur n'est que les 6 ou 8/10 de celle de la ceinture.
d) Compartimentage du caisson blindé. — Les cloisons transversales sont toujours prolongées dans le caisson blindé. Il en est souvent de même des cloisons longitudinales principales. En abord on trouve également un certain nombre de cloisons pare-éclats, et un compartimentage assez serré compris entre le vaigre et le platelage sous cuirasse constituant le cofferdam. Le rôle de ce cloisonnement est primordial contre les voies d'eau, l'incendie et la protection des ouvertures que l'on est obligé de ménager dans les ponts.
3° Protection du Croiseur. Le pourcentage de poids alloué à la protection de ce type de bâtiment rend irréalisable l'installation d'un caisson blindé complet. D'autre part l'encombrement de l'appareil évaporatoire oblige à surélever au-dessus de la flottaison le pont blindé protégeant les compartiments correspondants. Le caisson ne comporte donc qu'un seul pont blindé situé au niveau du can supérieur de la cuirasse au-dessus dei compartiments de Machines et chaufferie et quelquefois rabaissé aux extrémités au-dessus des soutes AV et AR. On trouve ainsi 2 types de schémas de protection des croiseurs. Voir planche n° 4.
1° Cas de l'ALGÉRIE. Pont blindé continu, sur toute la longueur de la ceinture. Transversalement le pont blindé présente une partie centrale renforcée limitée à la cloison de protection sous-marine de 40mm (plaques de 80mm) la partie en abord étant constituée de tôles de 30mm.
2° Cas des croiseurs type « LA GALISSONNIÈRE » Le pont blindé est abaissé aux extrémités par un décrochement ce qui lui permet de servir de pare-éclats contre les projectiles ayant traversé la ceinture. Il y a en conséquence 4 traverses, 2 aux extrémités de la ceinture et 2 aux points de décrochement du pont blindé.
B. — RÉALISATION DE LA PROTECTION AÉRIENNE 1° La confection des plaques de blindage — Plaques cémentées et non cémentées — Essais de recette. Les Plaques de blindage sont confectionnées par des Aciéries possédant un outillage approprié :
Fours Martin — Ponts roulants — fours de réchauffage et de traitements, presses ou laminoirs — suffisants pour couler, manipuler, forger, gabarier et traiter des lingots de 80 à 100 tonnes.
Avant la guerre ces aciéries étaient les suivantes :
Ets SCHNEIDER au CREUSOT ;
Aciéries de ST-ETIENNE à St-Etienne ;
Forges et Aciéries de CHATILLON-COMMENTRY à MONTLUCON;
Ets MARREL à RIVE-DE-GIER ; Forges et Aciéries de la Marine et d'HOMECOURT à SLCHAMOND ; Aciéries de FIRMINY à FIRMINY.
La fabrication des plaques homogènes, non cémentées, comporte au minimum les opérations suivantes :
Coulée du lingot — démoulage à chaud.
Laminage du lingot après réchauffage à 1200°environ — chute de 30 % en tête et 5 % en pied - décriquage à l'ébauche.
Laminage de l'ébauche jusqu'à l'épaisseur définitive, après réchauffage éventuel à 1200° environ — éboutage définitif.
Trempe à l'huile après chauffage à 850° (KRUPP) ou à l'eau après chauffage à 8250 (MARREL).
Revenu à des températures de l'ordre de 600° à 650°.
Refroidissement à l'air (MARREL) ou à l'eau (KRUPP).
Essais mécaniques. Usinage.
Les compositions et caractéristiques obtenues sont variables. On a par exemple les suivantes ;
Le rôle de la cémentation est de donner une grande dureté à la face d'impact tout en conservant à la partie arrière de la plaque, ou matelas, de bonnes qualités d'allongement et de résilience. La difficulté consiste précisément à concilier ces qualités contradictoires de dureté et de résilience.
Les aciers employés pour les blindages cémentés sont sensiblement les mêmes que ceux utilisés pour les plaques homogènes. Après laminage et éboutage des cans.de l'ébauche on procède à la cémentation. Celle-ci se fait par deux méthodes :
1° Cémentation au gaz d'éclairage. Les plaques à cémenter formant avec des murettes en briques une enceinte fermée dans laquelle on entretient une circulation de gaz d'éclairage. La température de l'enceinte est élevée progressivement jusqu'à une valeur voisine de 1025° puis maintenue pendant une quinzaine de jours.
2° Cémentation au cément. — On recouvre la surface à cémenter de charbon de bois pulvérisé pendant que tes autres faces sont protégées par un enrobage en terre réfractaire. L'ensemble de 2 plaques ainsi garnies est porté dans un four à température croissante puis décroissante, le maximum étant environ de 1025°, la durée totale de l'opération étant de 6 à 8 semaines suivant les usines.
La cémentation produit une augmentation de la teneur en carbone jusqu'à une profondeur de 25 à 35 mm . Après cémentation, la plaque est gabariée à la presse pour l'amener sensiblement à sa forme finale. Puis la plaque subit un traitement de texture comportant au minimum une trempe à l'eau ou à l'huile, suivie d'un revenu, qui a pour but d'améliorer l'homogénéité du métal et d'affiner le grain.
La trempe finale est l'opération la plus délicate dans l'élaboration es blindages cémentés. La méthode appliquée aux aciers KRUPP est une trempe différentielle à 850° — 900° après enrobage de la face non cémentée dans un massif de terre réfractaire. La trempe est ainsi limitée à la face d'impact qui est seule arrosée à l'eau après chauffage.
Pour les aciers genre MARREL, on utilise la méthode HARVEY consistant à chauffer uniformément la plaque à une température de l'ordre de 800° intermédiaire entré les points de transformation de l'acier cémenté et de l'acier non cémenté. La trempe se fait par aspersion uniforme à l'eau.
Après traitement définitif on procède aux essais mécaniques, aux retouches de gabariage et enfin à l'usinage.
Au point de vue soudabilité, seules les plaques en acier homogène peuvent être soudées : le métal MARREL à l'aide d'électrodes à faible teneur en Ni-Cr — le métal KRUPP, sous réserve d'utiliser des électrodes austénitiques au Ni-Cr (18% Cr — 8% N».
Recette des Blindages. La recette des plaques de blindage comporte des essais de recette en usine, ainsi que des essais de tir au polygone de Gavres.
Recette en usine comprend pour chaque plaque :
a) Des examens de cassure de blocs prélevés à l'extrémité des plaques. Ces examens mettent en évidence les stratifications.
b) Des essais de résilience sur barreaux réglementaires prélevés en long et en travers.
c) Mesure des allongements.
Recette au tir. – Les plaques sont groupées en lots d'un tonnage global de l'ordre de 600 t chacun. Dans chaque lot le Service de la Surveillance choisit une plaque d'essai qui, après montage au polygone subit des tirs normaux ou obliques de projectiles ou de bombes dans les conditions fixées par les marchés. Ces tirs peuvent donner lieu à recette (au pair, avec prime ou avec rabais) ou bien à rebut. Dans ce dernier cas, le fournisseur est autorisé à présenter une 2e plaque d'essai, ou parfois à remanier son lot, c'est-à-dire à reprendre le traitement thermique de toutes les plaques du lot.
2° Les assemblages des plaques de blindage. a) Plaques épaisses Montage sur matelas et platelage.Les plaques de blindages épaisses n'ont jamais entre elles de liaisons directes. Ce sont des éléments fixés individuellement à un support appelé platelage s'appuyant sur la charpente sous cuirasse.
Le support et les moyens d'attache doivent résister au choc direct des projectiles et à la réaction élastique qui tend ensuite à décoller les blindages de leurs appuis.
Matelas. — Pour les plaques de ceinture dont l'épaisseur est supérieure à 12 cm environ, on place un matelas en bois entre les plaques et le platelage pour les raisons suivantes :
Le formage de ces plaques est difficile : elles n'ont jamais exactement la forme prévue, et particulièrement les plaques cémentées, qui subissent à la cémentation des déformations importantes. Si donc on les met en place de manière que leurs faces extérieures constituent une surface continue, leurs faces intérieures présenteront des discontinuités.
De plus, en allant du centre vers les extrémités, l'épaisseur de la ceinture diminue : on opère par diminutions brusques d'une plaque à l'autre, ce, qui simplifie l'usinage, mais exige encore la présence d'un matelas taille à la demande.
Au contraire, pour les blindages minces (cas des ponts) ou les plaques de tourelle, on supprime le matelas. Les erreurs sont en effet moins à craindre sur les plaques minces ou sur les plaques épaisses de forme simple. De même, les ressauts résultant de différences d'épaisseur sont peu sensibles sur des séries de plaques minces,
Le matelas de ceinture est exécuté en tek ou en acajou pour éviter toute attaque du platelage et du blindage. Il est constitué par un plan de bordages longitudinaux juxtaposés ayant 40 à 60 mm d'épaisseur, de 300mm de largeur.
Les virures du matelas, sculpté d'après les plaques, sont tenues par collage (ciment spécial navis) sur la plaque, avant montage à bord (cas des derniers bâtiments de ligne type « RICHELIEU »). Sur les anciens cuirassés, type «LORRAINE » par exemple, la fixation du matelas sur le platelage se faisait au moyen de boulons à têtes noyées dans l'épaisseur du bois. Le perçage du matelas est également effectué avant montage à bord (trous de passage des boulons vis).
Platelage. Nous avons déjà vu que le platelage sous cuirasse a pour but de solidariser les membrures, de soutenir la cuirasse en lui fournissant des points de fixation suffisamment nombreux pour retenir les morceaux séparés par les projectiles ; il fait partie enfin de l'enveloppe étanche du navire.
Sur les bâtiments de ligne les plus modernes, les platelages sont constitués par un seul plan de tôles en acier à 50 kg. supérieur soudable assemblées par soudures à franc bord. Ce platelage est quelquefois continu, et traverse les P B I et P B S (voir Planche RICHELIEU, no 3).
Tenue des plaques de ceinture. La tenue des plaques de ceinture doit être faite avec des précautions spéciales, de manière à offrir une résistance convenable au choc des projectiles.
On fait usage de
boulons-vis mis en place par l'intérieur, traversant le matelas, et vissés dans un trou borgne percé dans la plaque. Ces boulons sont disposés de telle manière qu'ils travaillent exclusivement par traction. Au moment où la plaque est frappée par un projectile, elle tend d'abord à être enfoncée, et ce mouvement est suivi d'un mouvement de rappel dû à l'élasticité de la charpente de soutien. L'attache des boulons est agencée de telle sorte qu'ils n'entrent en jeu que pendant ce mouvement de rappel et qu'ils puissent même céder légèrement, ce qui amortit le choc qu'ils subissent et réduit leurs chances de rupture.
La Planche ci-jointe n° 5 représente le type de boulons d'attache le plus usité. Le boulon se compose d'un fût cylindrique, muni à ses extrémités de filetages à profil semi-circulaire (1), et dont les sections aux divers points sont réglées de manière qu'il agisse autant que possible comme un solide d'égale résistance à la traction ; ainsi le diamètre du fût élégi est légèrement inférieur au diamètre du fond des filets. Le diamètre le plus courant est de 80 mm (ceintures — protection fixe de l'artillerie).
Une des extrémités filetées pénètre dans un trou borgne pratiqué dans la plaque, et ayant juste la profondeur suffisante pour que le nombre de filets en prise, donne une résistance équivalente à celle de la section droite de la partie élégie du fût. L'extrémité filetée du boulon est munie d'un têton qui vient buter contre le fond du trou borgne et assure l'arrêt du filetage dans la position convenable, le serrage étant fait à bloc au moyen d'une clef engagée dans un bout hexagonal ménagé à l'autre extrémité du boulon.
A l'intérieur de la muraille, le boulon reçoit un écrou hexagonal s'appuyant sur une plaque de même forme engagée dans une coupelle-hexagonale, dans laquelle est placée une rondelle de caoutchouc. Celle-ci, fortement comprimée par le serrage de l'écrou, conserve néanmoins une élasticité suffisante pour que le boulon ne se rompe pas dans le mouvement de rappel.
L'étanchéité est obtenue au moyen d'un tube en tôle concentrique au boulon, à chaque extrémité duquel est placée une rondelle de gutta-percha qui se trouve comprimée par le serrage de l'écrou. Ce tube vient remplir aussi exactement que possible, le trou percé dans le platelage et dans le matelas, trou dont le diamètre est légèrement supérieur au diamètre hors filets, de manière à permettre la mise en place du boulon.
Sur les bâtiments les plus récents, ce type de boulon a été remplacé par de simples boulons à têtes soudées sur le platelage. L'étanchéité est assurée par la soudure et il n'est plus nécessaire d'installer un tube à cet effet. Dans les locaux habités, on vient souder quelquefois une coupelle évitant la projection de la tête du boulon, pouvant être cisaillée par le choc d'un projectile.
Les boulons sont exécutés en acier au nickel chrome molybdène à 80 kg de résistance à la rupture.
b) Montage direct sur platelage (Planche N° 5).
On monte ainsi les blindages de protection des tourelles, blockhaus et ceux des traverses.
Sur les derniers bâtiments on utilise des boulons à filets semi-circulaires et à tête soudée sur le platelage. Entre les plaques et le platelage, on interpose une couche de peinture épaisse à base de minium.
On emploie aussi des prisonniers—entretoises, vissés dans des trous borgnes, par exemple pour l'attache d'une plaque de blockhaus sur la cornière de pied où ils sont plus faciles à monter. Ces prisonniers sont à filet semi-circulaire comme les boulons de cuirasse ; ils sont vissés à la fois dans le platelage et dans la plaque.
On s'oppose au dévissage du prisonnier et on assure leur étanchéité en matant le contour de la section du prisonnier qui arase le platelage.
Les prisonniers fatiguent évidemment beaucoup plus que les vis ou boulons à serrage élastique, puisque les filets travaillent par écrasement et cisaillement dans les deux mouvements successifs d'enfoncement et de rappel, d'autre part ils ne produisent pas l'accostage avec pression du blindage et du platelage.
c) Plaques des croiseurs légers protégés (voir Planche DE GRASSE, N°6).
Sur les croiseurs légers protégés, types «t LA GALISONNIÈRE » et « DE GRASSE » les plaques de ceintures en acier homogène (épaisseur 105mm) sont assemblées directement entre elles et avec le bordé et les membrures, sans platelage, ni matelas. Les assemblages sont faits par rivetage. Les abouts de deux plaques successives sont assemblés par écarts longs, rivés comme l'indique la figure. Les membrures sont soudées directement sur le blindage. Les tôles de bordé s'engagent dans des feuillures usinées sur les bords des plaques.
d) Plaques de Pont. — Sur les bâtiments de ligne les plus récents, tes plaques sont assemblées directement entre elles soit à franc-bord avec double couvre-joint, soit à écart long avec simple couvre-joint (cas du P. B. S.) soit sans couvre-joint (cas du P. B. I.). La jonction est faite par rivetage complété parfois par soudure des couvre-joints (voir Planche n° 7).
Ces modes d'attache, très robustes et étanches, permettent de faire intervenir les plaques de pont dans les calculs de résistance du bâtiment à la flexion longitudinale. Elles affaiblissent cependant les joints, au tir oblique, de 20 à 30 % contrairement à l'assemblage par soudure qui offre une résistance très voisine de celle de la plaque pleine. La soudure à' franc-bord des blindages n'est pas entrée dans la pratique pour des épaisseurs supérieures à 50mm.
3° Dispositions en virures des plaques de ceintures et traverses. Sur tous les bâtiments cuirassés du P. N. Français (bâtiments de ligne et croiseurs) la ceinture est constituée par une seule virure continue de plaques dont la plus grande dimension est disposée dans le sens vertical. Sur les cuirassés d'avant 1914, la ceinture est constituée par 2 virures superposées.
Les poids individuels des plaques des bâtiments de ligne dépassent 40 tonnes. Sur ces derniers bâtiments ( « DUNKERQUE» — «RICHELIEU» chaque plaque est logée dans une niche dont le fond est constitué par le platelage et dont les flancs sont des tôleries verticales prolongeant vers l'extérieur les couples du navire. Des tablettes horizontales ferment ces niches aux niveaux des tans supérieur et inférieur de la plaque (voir planche 3).
On cale les plaques dans leur niche au moyen de fourrures en acier doux enfoncées à la masse. Les plaques de traverses sont planes, montées sur simple platelage et butées à leur base contre une grosse cornière d'attache.
Les attaches de la traverse au pont blindé sont spécialement renforcées dans le cas des croiseurs légers type « DE GRASSE » présentant un pont blindé décroché aux extrémités. Il s'agit dans ce dernier cas de plaques assemblées directement entre elles, sans platelage (voir Planche 7 bis).
4° Dispositions spéciales aux ponts protégés. a)Liaisons avec ceintures et bordés. --Ces liaisons doivent être très résistantes pour éviter leur dislocation sous le choc des projectiles.
Pour le P B S, une solution fréquemment adoptée conduit à le faire reposer dans une feuillure usinée sur le can supérieur de la ceinture (DUNKERQUE, STRASBOURG, Croiseurs protégés), l'attache pouvant être complétée par cornière.
Pour le P B I, on peut faire reposer la ceinture sur la partie inférieure du talus, l'attache étant faite par des cornières avec plusieurs rangs de rivets (voir Planche 3) disposition du STRASBOURG.
Sur le RICHELIEU, l'on a adopté une disposition différente, le platelage sous cuirasse étant continu et traversant les 2 ponts blindés. La liaison du P B I avec le platelage et la tablette supportant la ceinture, se fait par l'intermédiaire d'une pièce de jonction assemblée par écart long et rivetage. Au niveau du P B S une cale d'épaisseur égale à celle du matelas est soudée entre le platelage et la ceinture (voir Planche 3).
b) Protection des Ouvertures percées dans les ponts (Planche 8 ). Toutes les ouvertures doivent être fermées au combat.
Ces ouvertures sont fermées par des tapes de même épaisseur que le pont, logées en feuillures. Ces tapes doivent pouvoir faire joint étanche sur la feuillure à l'aide d'une rondelle de cuir ou de caoutchouc, et d'un procédé de serrage, qui doit comporter des organes suffisamment solides, pour empêcher la projection de la tape par suite du choc d'un projectile dans le voisinage. Ces tapes sont placées à l'intérieur d'un tambour étanche, muni d'une porte étanche permettant la communication entre les 2 entreponts, la tape blindée étant ouverte. Le tambour a pour but d'empêcher l'eau circulant sur un pont à la suite d'une avarie d'envahir l'entrepont inférieur supposé resté étanche, au cas ou la tape serait restée ouverte» Ces tapes d'un poids élevé, sont manœuvrées à l'aide de presses à huile.
Certaines ouvertures doivent, par suite de leur rôle, rester ouvertes pendant la navigation (manches à air, conduits de fumée des chaudières, aspiration d'air et évacuation des Diesels) on les munit de plaques à tuyères, en acier à blindage ayant par exemple la forme et les dimensions indiquées sur la Planche 8. Remarquer les jeux nécessaires pour la dilatation dans le cas des conduits de fumées.
Le tracé des tuyères est déterminé de façon à réduire au minimum les pertes de charge et à compenser partiellement la réduction de section dite à la présence des panneaux.
Sur les derniers cuirassés (type « RICHELIEU »), on a cherché à réduire le nombre des ouvertures en réalisant en circuit fermé la ventilation des compartiments de l'appareil propulsif, ce qui cadre d'ailleurs avec les exigences de la protection contre les gaz.
c) Protection de l'ARTILLERIE en TOURELLES. La protection de l'artillerie comprend :
1° Un anneau blindé fixe, protégeant l'assise (voir chapitre « Installation de l'Artillerie »} et s'étendant en hauteur, du P. B. I jusqu'à la carapace mobile de la tourelle. Il est constitué par des plaques courbées au rayon de l'anneau, montées sans matelas, sur platelage simple. Ce sont des plaques cémentées dont l'épaisseur est égale ou légèrement supérieure au calibre adverse envisagé.
Ex : DUNKERQUE 310 contre calibre de 280mm.
Comme nous le verrons plus tard l'anneau blindé ne doit avoir aucune liaison avec l'assise pour éviter le coincement de la tourelle, par déformation de l'assise, lors d'un impact sur l'anneau.
2° Une carapace mobile qui sera étudiée dans le chapitre « artillerie».
D. PROTECTION DU COMMANDEMENT – BLÔCKHAUSS (Planche 9)
Il est indispensable d'abriter au combat le Commandement du navire ainsi que le personnel et les appareils nécessaires a la manœuvre du gouvernail et à la transmission des ordres aux machines, aux chefs de pièces, etc... On établit dans ce but, sur une passerelle, dans une situation où la vue est bien dégagée, un réduit cuirassé appelé blockhaus, relié aux postes centraux situés au-dessous du P. B. I. par un tube cuirassé d'une épaisseur suffisante pour assurer la protection des organes de commande du gouvernail et de transmission des ordres.
La passerelle du blockhaus doit être placée assez haut pour que la vue y soit bien dégagée et que l'on n'y soit pas gêné par la mer en cas de mauvais temps.
Actuellement, les blockhaus sont de dimensions importantes ; ils doivent abriter différents services, entre autres, le service manœuvre et signaux, et un poste de direction de tir. Ils peuvent présenter à cet effet, des dispositions différentes. Par exemple, sur les cuirassés type «LORRAINE», le blockhaus comprend deux compartiments : la partie AV sert à la navigation, la partie AR à la conduite de tir.
Le blockhaus est constitué par des plaques verticales très épaisses (300 à 400 mm pour les cuirassés) appliquées actuellement contre un simple platelage. Ces plaques sont percées de fenêtres de faible hauteur permettant de regarder à l'extérieur quand on se tient debout. Ces fenêtres sont évasées dans le sens de la hauteur et de la largeur, et fermées par des tapes vitrées, étanches à la pluie et aux embruns. La protection est complétée actuellement par un toit formé de plaques. Le plancher du pont sur lequel repose le blockhaus est également renforcé de manière à assurer la continuité de protection.
L'ouverture se ferme par une porte blindée en acier spécial qui s'applique dans une feuillure pratiquée dans la plaque arrière. Le blockhaus est relié aux fonds du navire (poste central) par un tube dit : tube de transmission d'ordres.
Le tube se compose de plusieurs parties successives d'épaisseur constante (160 % sur le RICHELIEU). Le diamètre doit être suffisant pour laisser passage au personnel, compte tenu des nombreuses canalisations de transmetteurs d'ordres qui empruntent le tube (câbles électriques, porte-voix, tubes de transmission pneumatiques...). Le tube de protection des transmissions d'ordres, constitue une épontille concourant utilement à la tenue du blockhaus ; cette tenue est complétée par une charpente rigide reliée aux ponts et aux passerelles et constituée par des membrures verticales rayonnantes en tôle et cornières, reliant le tube de transmission d'ordres à une enveloppe extérieure, qui forme le prolongement du platelage du blockhaus. Entre les ponts, prolongés à l'intérieur de l'enveloppe, des entretoises horizontales en tôle évidée, s'opposent au flambement des membrures rayonnantes et à la déformation de l'enveloppe.
III -- LA PROTECTION CONTRE LES EXPLOSIONS SOUS-MARINES A) Effets des explosions sous-marines Principes de la Protection.La torpille automobile, la mine ou la grenade sous-marine contiennent un explosif puissant en quantité variant de 35 kg (petites grenades), 250 à 300 kg (torpilles) et 1.000 kg (grosses mines magnétiques) et atteignent le navire au-dessous de la cuirasse de ceinture. Les effets destructeurs sont beaucoup plus grands que ceux que donnerait la même charge explosant dans l'air par suite de l'inertie beaucoup plus forte de l'eau qui gêne la détente des gaz vers l'extérieur. Un navire suffisamment cloisonné transversalement pourra ne pas couler, après torpillage, mais on ne peut morceler indéfiniment -l'intérieur du navire, et d'ailleurs les appareils situés dans la tranche envahie sont inutilisables (machines, chaufferies, etc...)
Principe de la Protection : 1° Avec des charges même très inférieures aux 200 à 300 kg d'explosif des mines et torpilles les plus courantes, il est impossible de réaliser une paroi résistant à l'explosion d'une charge détonant à son contact. La cloison de résistance ne peut être efficace que si elle est à une certaine distance du point d'éclatement. L'ordre de grandeur de l'énergie reçue par mg de surface de cloison est en effet inversement proportionnelle au carré de sa distance au point d'explosion. Elle est d'autre part amortie dans les compartiments situés en abord.
2° Le rôle de la protection sous-marine sera donc non d'empêcher l'envahissement d'eau consécutif à l'explosion, mais de le limiter à des compartiments latéraux, de volumes pas trop grands, ne contenant aucun organe essentiel. Elle sauvegardera à la fois la flottabilité et la stabilité du flotteur (dans la limite di la résistance à l'explosion pourra être obtenue sans que le volume envahi produise une bande dangereuse, c'est-à-dire d'autant mieux que ce navire sera plus large) et les installations vitales : machines, chaufferies, soutes à munitions, postes centraux.
3° La protection sous-marine sera complétée par des installations de redressement permettant d'annuler rapidement la bande en admettant de l'eau dans les compartiments du bord opposé à l'avarie, et d'épuisement permettant d'étaler les légères fuites pouvant se produire dans les compartiments adjacents à celui avarié.
B) Réalisation de la Protection (Disposition des derniers bâtiments de ligne).
Sur les bâtiments du type DUNKERQUE, RICHELIEU, ce dispositif de protection s'étend sur toute la longueur du caisson blindé : Il comporte : (voir Planche 2, chapitre Membrures).
1° Un bordé d'éclatement extérieur, dont le seul rôle est d'obtenir à coup sûr l'éclatement à son contact. Sur le RICHELIEU il a 10 mm d'épaisseur, entièrement soudé à franc-bord et il est renforcé par un quadrillage de cornières (voir chapitre Membrures).
L'espace compris entre ce faux bordé et le vrai bordé (prolongement du platelage sous cuirasse) est rempli d'ébonite — mousse en plaques. Ce bourrage a un triple but : arrêter les éclats provenant du bordé d'éclatement — amortir l'onde d'explosion — encombrer les compartiments en diminuant beaucoup l'envahissement par l'eau.
2° Une série de cloisons de déformation, entre lesquelles il y a intérêt à placer des lames d'air et de liquides (mazout).
3
° Une cloison de résistance épaisse (30 à 50 mm) suffisamment éloignée du bordé d'éclatement, destinée à supporter sans se déchirer l'énergie explosive restante, mais qui en se déformant perdra en général son étanchéité. Cette cloison devra d'autre part arrêter les fragments de tôles ou éclats projetés vers l'intérieur du navire depuis le bordé d'éclatement.
4° Une cloison d'étanchéité destinée à arrêter les suintements qui pourront filtrer à travers la cloison résistante déformée. L'ensemble de la protection exige pour être efficace, une largeur totale de 5 à 6 m. au moins.
Elle n'est réalisable que sur des bâtiments d'au moins 10.000 t
Particularités de construction de la cloison résistante (Planche 10). Pour lui permettre d'absorber un grand travail de déformation sans déchirure, cette cloison est constituée en acier à haute limite élastique soudable (acier H. L. E. S.).
Elle est formée de tôles ou plaques (atteignant parfois 50 mm d'épaisseur) placées verticalement et souvent d'une seule longueur entre le R B. I. et le bordé. Les joints verticaux d'une plaque avec les plaques voisines sont soudés à franc bord avec double couvre-joints soudés. Les jonctions avec le bordé et avec le P. B. I. sont soudées et consolidées par des bandes de tôles ployées et rivées. Les montants de cloison en T sont soudés sur la cloison du côté intérieur. Leur écartement est plus grand que l'écartement normal pour ne pas diminuer la flexibilité de la tôle. Il suffit que ces montants soient suffisants pour résister à la pression statique de l'eau en cas d'envahissement. Ils sont reliés entre eux par des serres horizontales. Toutes ces membrures sont fixées par soudure. Le cadre de la cloison doit être aussi rigide que possible.
Vaigre renforcé, Dans certaines régions des bâtiments de ligne modernes (plancher des soutes à munitions, dynamos) le vaigre est constitué par des plaques de 30 mm assurant une certaine protection contre les mines pouvant exploser sous les fonds du bâtiment. Ces plaques sont assemblées entre elles à franc bord avec couvre-j oints soudés, comme les plaques de cloison résistante.
IV. LA PROTECTION CONTRE LES GAZ A) Le mode d'attaque par les gaz. Les gaz de combat sont susceptibles d'être employés par l'ennemi, soit sous forme de nuages, soit sous forme d'obus toxiques, ou à la fois explosifs et toxiques. En l'absence de toute mesure de défense, leur diffusion dans toutes les parties du navire sera extrêmement rapide, grâce à l'intensité de la ventilation artificielle nécessaire à la vie normale d'un navire de guerre, à partir du moment où l'atmosphère sera polluée au voisinage de l'aspiration des ventilateurs.
B) Notions sommaires sur les moyens de protection bâtiments récents. 1° On s'est contenté d'abord d'installer un dispositif de stoppage instantané à distance de la ventilation artificielle, manœuvré de la passerelle, pour tous les locaux pouvant demeurer habitables quelque temps sans renouvellement d'air. D'autre part, les manches d'aspiration d'air à l'extérieur doivent être munies d'une fermeture manœuvrable sur place, étanche à l'air, les gaz toxiques pouvant passer au travers des ventilateurs supposés stoppés. Pour les locaux qui ne pouvaient être privés de communication avec l'air extérieur, avec le type dé ventilation adopté alors de façon générale (machines, chaufferies, tourelles) on a prévu un réseau d'alarme par lampes vertes et klaxons avertissant le personnel d'avoir à coiffer immédiatement son masque de protection individuelle
2° Mais la protection individuelle par masque entraîne une diminution notable du rendement du personnel. On en est ainsi venu à l'idée de la protection collective permettant de travailler sans masque dans les locaux les plus essentiels.
3° Cette protection collective suppose une excellente étanchéité des locaux à protéger. Cette étanchéité est d'ailleurs plus facile à réaliser en construction soudée. Il faut en particulier étancher soigneusement les passages de câbles électriques et tuyaux divers (porte-voix à travers les cloisons de ces locaux. La protection collective nécessite d'autre part la substitution à la ventilation directe par l'air extérieur d'une ventilation filtrée.
Dans l'installation classique, le rôle de la ventilation est double : maintien de la
composition chimique de l'atmosphère nécessaire à la respiration (apport d'oxygène, évacuation du CO2) et
évacuation de l'excès de chaleur, et d'humidité dégagé par certains appareils (machines, chaudières, etc...). Les débits exigés par ce 2e rôle sont en général incomparablement plus grands que ceux nécessaires au premier.
Si l'on veut filtrer, préalablement l'air envoyé aux divers locaux, la réalisation sera d'autant plus difficile que le débit sera plus grand. On a donc été amené à séparer les 2 rôles et à envisager la réalisation :
a) D'une ventilation en circuit fermé non filtrée, à travers des aéroréfrigérants qui reçoivent l'air chaud et humide aspiré dans les compartiments et renvoient à ceux-ci cet air refroidi et débarrassé d'une partie de sa vapeur d'eau.
b) D'une ventilation d'apport (air absorbé à l'extérieur et filtré) limitée au faible débit nécessaire au maintien d'une composition chimique convenable.
4° Les débits considérables nécessaires à l'alimentation des chaudières seront pris directement à l'extérieur, sans filtration, par des ventilateurs spéciaux, et envoyés par des manches étanches spécialisées dans des chaudières « en vase clos » (c'est-à-dire séparées de la chaufferie par une façade étanche à l'air). Cette alimentation en air de chaudières étanches par un circuit spécial était d'ailleurs de règle déjà avant qu'on songe à la protection contre les gaz.