Sous marin Galatée, l'abordage du 20 août 1970

Il y a 50 ans aujourd'hui, l'abordage de la Galatée et du Maria van Riebeeck en rade de Toulon.
Rentrée d'essais en mer dans la journée du 15 août, la Galatée appareille le 20 pour de nouveaux essais. Resté en rade extérieure de Toulon pour procéder à un échange de personnel en fin de journée, le navire est mis en tenue de navigation pour rallier la route normale de sortie du port, à la suite d'un ferry local, aux alentours de 20 h.


La Galatée échouée au pied du Cap Cepet

Le radar en panne, la Galatée se prépare à plonger quand l'officier de quart annonce un sous-marin étranger à proximité. Un choc violent intervient quelques secondes plus tard : le SAS Maria van Riebeeck (en), battant pavillon sud-africain vient d'aborder la Galatée. Une voie d'eau importante est ouverte à l'arrière, et un problème de communication fait que les groupes électrogènes continuent de fonctionner, mettant le bord en dépression : la plupart des marins s'évanouissent par anoxie. Trompé par un baromètre annonçant à tort une situation de surpression, le commandant, vu la gîte de 10°, l'assiette à 5°, et la voie d'eau qui envahit l'arrière, prend la décision de faire échouer le navire. Lorsque celui-ci gîte et menace de se déséchouer, il est amarré à des rochers. L'équipage, qui compte 6 blessés, est alors évacué. Quatre d'entre eux ne pourront être ranimés, et deux membres d'équipage sont également décédés lors de l'inondation du poste arrière.

Des anciens m'avaient raconté que quand le Maria Van Riebeeck (un Daphnée en cours de pris en main par son équipage) est arrivée à quai un comité d'accueil très remonté les attendait ...

20 h le 15 août il fait grand jour ... étrange - radar pas radar la veille à vue doit suffire - à moins que le sudaf ait été en plongée ...

Les deux sous-marins se croisaient en surface, il y a forcément une erreur de navigation pour l'un d'entre eux, les responsabilité auraient du être déterminées par l’enquête, mais on n'en parle pas.

Tout ce que j'ai trouvé, c'est que la Galatée avait été abordée par bâbord arrière

On était en cours de livraison de trois sous-marins de la classe Daphné à l'Afrique du Sud, je pense que si la responsabilité encourait au sous-marin sud africain, pour ne pas risquer de faire capoter la vente, on a étouffé l'affaire, c'est bizarre que l'on ait pas parlé des responsabilités dans la collision.

NIALA a écrit:

On était en cours de livraison de trois sous-marins de la classe Daphné à l'Afrique du Sud, je pense que si la responsabilité encourait au sous-marin sud africain, pour ne pas risquer de faire capoter la vente, on a étouffé l'affaire, c'est bizarre que l'on ait pas parlé des responsabilités dans la collision.

Moins d'émotion que dans la fameuse affaire de la Caravelle Ajaccio-Nice, c'est clair, car dans le cas présent, pas de victime civile.
Et le bilan des victimes était moins dramatique que ceux, tout récents, de la Minerve et de l'Eurydice.

Si nous avions imputé officiellement la responsabilité à la Maria (van Riebeeck) ça n'aurait pas entraîné une dénonciation du contrat : ce n'était pas dû à un défaut de conception. Et l'Afrique du Sud avait besoin de ces sous-marins ; et était en bon terme avec nous (et réciproquement).


Nous nous sommes fâchés beaucoup plus tard.

DahliaBleue a écrit:

Nous nous sommes fâchés beaucoup plus tard.

Fin 1977 de mémoire
A+

Starshiy a écrit:

moi-même a écrit:

Nous nous sommes fâchés beaucoup plus tard.

Fin 1977 de mémoire […]

Oui… ou même 1981, selon d'autres sources. Vraisemblablement après le changement de régime chez nous (celui qui nous a fait passer des Ténèbres à la Lumière).
Une autre idée me vient aussi : en août 1970, la Maria (van Riebeeck) venait tout juste de prendre armement. L'état-major (dont le commandant) sud-africain n'était probablement pas encore (totalement) autonome, et devait être encore cornaqué par des formateurs-entraîneurs français.
Du coup, ça n'aurait pas été très opportun (ni adroit) de mettre nos clients (et amis) en accusation, alors que nous aurions eu une part de responsabilité non négligeable dans l'accident.

DahliaBleue a écrit:

Starshiy a écrit:

moi-même a écrit:

Nous nous sommes fâchés beaucoup plus tard.

Fin 1977 de mémoire […]

Oui… ou même 1981, selon d'autres sources. Vraisemblablement après le changement de régime chez nous (celui qui nous a fait passer des Ténèbres à la Lumière).

Pour les A69, je maintiens 1977, puisque le président Giscard avait ordonné la mesure pendant le week-end et que pour éviter que les Sud-Af prennent le large, on lui avait amarré le PIM à couple pendant le week-end, avant de l'amarrer de l'autre côté du pont le lundi[/quote]

« Une entrée d'eau se déclare par le presse-étoupe de la ligne d'arbre bâbord. L'eau envahit la cale du Poste Arrière.
Le quart à la propulsion prévient le Central. Le commandant applique les consignes en cas de "Voie d'eau" en mettant le bateau au Poste de Combat.  Les panneaux supérieur et inférieur du massif, la coupole d'air frais et le porte-voix sont fermés.
L'officier de quart et un des veilleurs restent dans la baignoire. Tous les panneaux sont fermés et le central donne l'ordre d'arrêter les diesels, mais ces derniers continuent à fonctionner. La mise en dépression augmente les entrées d'eau et la plupart des hommes d'équipage s'évanouissent par manque d'oxygène.
Les diesels finissent par s'arrêter par manque d'air. L'eau continue à arriver dans le Poste Arrière et la porte entre le Poste Arrière et la Propulsion est enfin fermée »

http://sous.marins.disparus.free.fr/index.php/chants/98-galatee?showall=1

pascal a écrit:

[…] 20 h le 15 août il fait grand jour ... étrange […]

Effectivement ; en fait c'était le 20 août, vers 20h30 ; à l'époque (horaires hiver-été pas encore institués) l'heure en service était l'heure "Alfa"
Le coucher a eu lieu à 18h30 Z, soit 19h30 A ; fin du crépuscule : 1900 Z ; donc 2000 A ; fin du crépuscule nautique une demi-heure plus tard (~2030 A). On est donc pile à un instant de transition.
Par ailleurs, je n'ai pas vérifié l'état des quartiers de lune.

Citation :

[…]- radar pas radar la veille à vue doit suffire[…]

Exactement. En plus, la Maria ne devait pas naviguer tous feux éteints.

Citation :

[…]- à moins que le sudaf ait été en plongée ...

C'était à la sortie de la rade des Vignettes ; pas assez de fond pour plonger. Et il a été mentionné que : « Le radar en panne, la Galatée se prépare à plonger quand l'officier de quart annonce un sous-marin étranger à proximité ».
La Galatée ne pouvait pas non plus plonger là ; mais prenait la route pour plonger plus au large.

ARMEN56 a écrit:

[…] « Une entrée d'eau se déclare […] et la porte entre le Poste Arrière et la Propulsion est enfin fermée »

pour ce lien précieux !

Starshiy a écrit:

[…] Pour les A69, je maintiens 1977, puisque le président Giscard avait ordonné la mesure pendant le week-end et que pour éviter que les Sud-Af prennent le large, on lui avait amarré le PIM à couple pendant le week-end, avant de l'amarrer de l'autre côté du pont le lundi

Oui, parfaitement ! [forts de l'expérience des Vedettes israéliennes de Noël 1969, sans doute ?]
C'était donc une conséquence de l'embargo sur les armements décrété par l'ONU en 1977 [Résolutions 417 et 418 de nov. 1977].

L'étape supplémentaire que la Lumière succédant en 1981 aux Ténèbres nous a fait franchir, ce fut la rupture de nos relations diplomatiques. D'où mon expression de fâcherie.

DahliaBleue a écrit:

L'étape supplémentaire que la Lumière succédant en 1981 aux Ténèbres nous a fait franchir, ce fut la rupture de nos relations diplomatiques. D'où mon expression de fâcherie.

Tous les égouts finissent dans les ordures

Citation :

L'étape supplémentaire que la Lumière succédant en 1981 aux Ténèbres nous a fait franchir, ce fut la rupture de nos relations diplomatiques. D'où mon expression de fâcherie.

Cette alternance t'a fait si mal au fondement que çà ?
t'étais pas née !

Citation :

[…] Cette alternance t'a fait si mal au fondement que ça ? : DD t'étais pas née !

Pas spécialement ; et ce n'est que de l'histoire (ancienne).
En plus, ça donnait de la cohérence avec les résolutions onusiennes.

Et puis cette expression du passage des Ténèbres à la Lumière, c'était une boutade plutôt bien vue ! Fallait y penser !  

DahliaBleue a écrit:

Et puis cette expression du passage des Ténèbres à la Lumière, c'était une boutade plutôt bien vue ! Fallait y penser !  

Il faudrait dire cela à mon collègue chef de la section marine qui rendait les honneurs le 7 mai ... et qui s'est fait cracher dessus. Heureusement que son adjoint lui a retenu le bras, sinon, il y aurait brochette partie !

Citation :

Les deux sous-marins se croisaient en surface, il y a forcément une erreur de navigation pour l'un d'entre eux, les responsabilités auraient dû être déterminées par l’enquête, mais on n'en parle pas.

Elles l'ont certainement été ; mais l'enquête a dû rester (hautement) classifiée.

Citation :

On était en cours de livraison de trois sous-marins de la classe Daphné à l'Afrique du Sud, je pense que si la responsabilité [incombait] au sous-marin sud-africain, pour ne pas risquer de faire capoter la vente, on a étouffé l'affaire, c'est bizarre que l'on ait pas parlé des responsabilités dans la collision.

Les conclusions de l'enquête ont dû rester (hautement) classifiées. Et peut-être aussi les responsabilités furent-elles partagées.

Les journaleux étaient - semble-t-il - moins avide (qu'aujourd'hui) de ce genre d'affaire. « O tempora, o mores ». Alors qu'aujourd'hui cinq marins du PAN atteints de la Covid, ça fait les gros titres des actualités pendant deux semaines.

En fait, à supposer que la commission d'enquête (vraisemblablement mixte, franco-sud-africaine) ait conclu à l'unique responsabilité sud-africaine, et que l'Afrique du Sud, outrée d'une telle perte de face, ne l'ait pas supportée et ait décidé de dénoncer le contrat, l'enjeu n'eut pas été si considérable. Il y avait alors douze autres unités en cours de vente (à l'Espagne, au Pakistan et au Portugal). "Trois" sudaf, ce n'était pas le contrat du siècle [quelle différence avec les ATTACK australiens de 2019 !!] ; et ces trois-là auraient (éventuellement) pu être revendus ; ou conservés ? pour remplacer la Minerve et l'Eurydice ?

Bonjour à tous,

La collision et ses suites sont relatées en détail dans le livre de Georges Kévorkian.

Il y a eu en fait deux commissions d'enquête, une française et une sud-africaine. Elles sont arrivées aux mêmes conclusions, et il a été convenu que les torts étaient partagés. Ces conclusions ont été résumées dans un communiqué du ministère français de la Défense, avec référence aux articles concernés du règlement international pour prévenir les abordages en mer.

Le déséchouage de la Galatée, sans être simple, a été rapide. Un film "technique" a été réalisé, je l'ai visionné en 73 ou 74.