Ça fait une trop grosse somme

Les récentes augmentations du cours du brut, des taxes sur les produits pétroliers et de la TVA ont-elles fait grimper le prix de la peinture gris coque ?
La suppression des emplois aidés a-t-elle entraîné celle des officiers de détail sur les bâtiments de la flotte ?


Le contraste est saisissant entre la SOMME et la frégate NORTHUMBERLAND qu'elle ravitaille... La coque de la seconde est pimpante, celle de la première fait peine à voir.

On se demande en effet, d'ou elle sort cette Somme, elle a traversé la planète, essuyé des tempêtes, cela fait vieux baroudeur, un genre à la mode.
C'est comme les garçons dépenaillés et mal rasés, et les filles à pantalons à trous, c'est çà être moderne.

J'aurais, plutôt, tendance à dire que, quand on n'a plus les moyens d'aligner une marine digne de son Histoire, on investit dans les pots de peinture, pour faire illusion!

... Non, pas sur la tête!

Les corvées de peinture se déroulent au mouillage.
Il conviendrait, aussi, de comparer les temps de service à la mer de la Somme et du HMS Northumberland et, accessoirement, les effectifs embarqués par ces deux bâtiments, au prorata de la surface à peindre. La corrosion "superficielle", aussi spectaculaire soit-elle, s'enlève aussi vite, avec une brosse, qu'elle n'a fait son apparition.

Tous ceux qui ont servi dans la Royale, en tant qu'appelés ou engagés, quelque soit leur grade, connaissent l'importance du pinceau et du pot de peinture dans la vie quotidienne du mataf!

Il fallait prendre ma réponse comme une boutade bien sur, en ce qui concerne la Marine Nationale

NIALA a écrit:

Il fallait prendre ma réponse comme une boutade bien sur, en ce qui concerne la Marine Nationale  

Boutade ??... Oui, Bof!  

Ce n'est pas toi, en l'occurrence, que j'ai dans le viseur, car tu as suffisamment de connaissances en la matière, mais ceux qui passent leur temps, par incompétence crasse, à se gausser, sans raisons valables sérieuses, des  incidents mécaniques inévitables que courent tout bâtiment en mer et jugent, un peu trop rapidement, à partir d'une malheureuse photo, de l'état général de la "Royale". Ceux qui étaient, en leur temps, appelés à servir dans l'équipage, étaient les premiers à râler sur "l’inutilité" des corvées de peintures.

Je suis bien placer pour savoir que, dans les tourelles de nos escorteurs, nous nous se contentions, souvent, de balancer un pot de peinture, dont le contenu était étalé, vite fait, à coups de serpillières, avec pour résultat, une épaisseur de peinture, digne d'une moquette de grand luxe! Mais, de manière générale, alors que la manoeuvre de mouillage n'était pas, encore, achevée, on faisait, déjà, la queue devant le local peinture, pour s'y voir attribuer un pinceau et un pot de peinture!  Même motif, même punition, à terre, dans les bases aéronavales, les écoles et les dépôts. En bref, on badigeonnait tout ce qui ne bougeait pas, à l'exception des aéronefs sur le parking et de la voiture du Pacha, que son conducteur s’efforçait de faire circuler pour éviter le pire!  

Après deux ou trois malheureux jours de navigation, dans une mer un peu formée, le bâtiment le plus rutilant donne l'impression d'avoir subi les "derniers outrages".  Nos splendides paquebots de croisière (Costa, etc.) se gardent bien, eux, d'abandonner leurs mouillages abrités, en cas de coup de chien annoncé, sous peine de se cogner un boulot de cinglé pour nettoyer, ne serait-ce que les cabines, les coursives, les restos, etc., sachant qu'ils embarquent, pas loin, d'un millier de salariés en tous genres et que l'entretien extérieure de la coque n'entre pas dans leurs "attributions" contractuelles.

L'explication est comme d'habitude multiple

-long déploiement à la mer
-à cela voir aussi restrictions budgets , manque de bras ....ou SSF statue sur des réfections tous les 5 ans sans refaire des patchs ici ou là etc ...
-les PRE/AOR sont des nids à rouille, pourquoi, ben parce que le meulage de celle-ci ne peut se faire que dans des conditions de sécurité draconiennes, cuves dégazées en arsenal etc etc pour éviter de foutre le feu à d'éventuelles vapeur d'hydrocarbures ... l'entretien extérieur des Pétroliers ravitailleurs n'obéit pas aux mêmes règles que celles de bâtiments classiques

Je pense que l'automatisation des taches à bord, qui réduit de façon drastique les équipages doit avoir un effet sur l'entretien, il y a moins de bras pour les taches les moins nobles!

J'en étais resté à la devise de la Royale: "Ce qui bouge, tu le salues, ce qui ne bouge pas, tu le repeins"

Mais si, comme dit plus haut, il n'y a plus grand monde à saluer, et si de plus, il n'y a plus de sous pour acheter la peinture, c'est sur qu'il y a des traditions qui vont se perdre...

Une fois encore même quand il y avait des pépètes au risque de me répéter, sur les pétroliers ravitailleurs les cycles d'entretien répondent à des conditions draconiennes. Pas question de piquer la rouille à la meuleuse ou de faire de la soudure bref de faire des étincelles en dehors d'installations adaptées et navire dégazé ...
La photos montre la Somme dégueulant la rouille en grande partie parce que les nids à rouille des passavants ne peuvent pas être traités aussi souvent que sur des bâtiments classiques points barre les procédures de soutien sont ce qu'elles sont.

NIALA a écrit:

Je pense que l'automatisation des taches à bord, qui réduit de façon drastique les équipages doit avoir un effet sur l'entretien, il y a moins de bras pour les taches les moins nobles!

Oui mais l'équipage de la Somme (170) n'a pas bougé depuis 28 ans ... l'explication est à trouver ailleurs

La SOMME appartient à une génération de navires français sur lesquels le problème de la rouille n'avait pas été sérieusement pris en compte. Après la guerre des Malouines, à titre d'exemple, les Britanniques avaient adopté l'acier inoxydable pour les ponts supérieurs (au sens : ponts qui ferment le haut de la poutre coque) ainsi que pour plusieurs équipements tels que les pieds de chandelier. Il n'y avait rien de tel dans la marine française vingt ans après les Malouines.

Je me souviens également d'un débat dans les années 2000 sur la qualité des peintures employées dans la Royale, peintures dont la formule n'avait pas changé depuis des décennies et dont la tenue aux intempéries et au vieillissement ne supportait plus la comparaison avec ce qui se faisait ailleurs.

Ce qui n'enlève rien aux problèmes d'effectif et aux contraintes d'exécution des travaux précédemment mentionnés, of course, mais qui aggrave le problème.

Soit dit sans insulter personne.

pascal a écrit:

sur les pétroliers ravitailleurs les cycles d'entretien répondent à des conditions draconiennes. Pas question de piquer la rouille à la meuleuse ou de faire de la soudure bref de faire des étincelles en dehors d'installations adaptées et navire dégazé ...

Le point d'éclair du gazole est supérieur à 55°C. Le gazole est embarqué en grandes quantités sur tous les bâtiments. Ces conditions draconiennes sont-elles complètement justifiées ? Pour mémoire, certaines peintures ou le white-spirit sont, de ce point de vue, plus dangereux que le gazole

Autre chose pour l'essence aviation : j'ai encore en tête "Défense de gratter, piquer, souder, meuler, utiliser des appareils à feu nu dans tout le bord - débarquement d'essence", repété ad libitum, plus de 45 ans après...

pascal a écrit:

La photos montre la Somme dégueulant la rouille en grande partie parce que les nids à rouille des passavants ne peuvent pas être traités aussi souvent que sur des bâtiments classiques points barre les procédures de soutien sont ce qu'elles sont.

Il est curieux que ces passavants, ouverts sur l'extérieur à la mise en service de la Durance et rapidement fermés par la suite, aient été maintenus sur les unités suivantes. Il aurait certes fallu reprendre quelques plans mais cela aurait épargné des travaux de tôlerie inutiles et des difficultés d'entretien.

takagi a écrit:

Je me souviens également d'un débat dans les années 2000 sur la qualité des peintures employées dans la Royale, peintures dont la formule n'avait pas changé depuis des décennies

J'ai entendu dans des discussions techniques dans les années 1980 un plaidoyer en faveur du A13, wash-primer phosphatant : "C'est avec ça que les américains ont gagné la guerre du Pacifique." Pas le genre d'argument qui facilite l'évolution des formulations...

tan qu'il y a de la rouille il y a du métal

C'est la version optimiste. Idem "Si le moteur fait un bruit (bizarre), c'est qu'il marche encore."

Dans l'Armée de l'air
"tant que c'est sale c'est que çà marche"
"tant que çà pisse c'est qu'y en a "