L’École des Aspirants de Marine a été créée en 1957, en même temps que la Force Maritime d’Autodéfense. Elle est installée dans les locaux de l’ancienne Académie Navale de l’ancienne marine impériale, sise à Etajima qui est une île de la baie de Hiroshima.
Elle accueille chaque année environ 450 élèves des deux sexes issus de l’Académie de la Défense Nationale ou d’autres universités. Les cours y durent une année scolaire et s’adressent à des élèves ayant déjà bouclé leur formation universitaire.
Le bâtiment le plus emblématique de l’établissement est sans conteste celui appelé « la brique rouge », bâtiment à deux niveaux qui s’étire sur 140m d’est en ouest et que surplombe, en arrière-plan, le massif verdoyant du mont Furutaka (photo).
Bien qu’étant resté fermé de 1945 à 1957 et ayant fait l’objet de grands travaux de restauration en 2002-2004, le bâtiment a gardé l’aspect qu’il avait à sa construction en 1893. Pour habituer les élèves à vivre près des éléments, il n’a pas de portes, laissant le vent s’engouffrer dans les longs corridors quand la météo se dégrade.
Sur le front de mer, des bossoirs en portemanteaux tiennent huit barques prêtes à être mises à l’eau. Sans préavis, les escouades de la promotion d’élèves peuvent être appelées à les mettre à l’eau pendant les créneaux où elles n’ont pas cours. La « mission », qui est en général une course de vitesse à la rame ou à la voile, n’est annoncée qu’au déclenchement de l’exercice, dont le but est d’habituer les élèves à travailler en équipe dans des situations d’urgence et à faire preuve de leur jugement.
Une autre tradition héritée de l’ancienne Académie Navale est celle du Gosei, les « cinq pensées à méditer chaque jour ». Cette tradition remonte à 1932 et consiste, pour les élèves, à réciter en chœur cinq pensées chaque soir à l’appel. Une de ces pensées demande, par exemple, « As-tu agi contre les principes moraux tels que l’honnêteté et le savoir-vivre ? »
Bien que les missions confiées à la Force Maritime d’Autodéfense soient chaque année plus exigeantes (dragage de mines dans le Golfe Persique, escorte de convois contre les pirates somaliens, intervention humanitaire après les désastres naturels au Japon ou aux Philippines, etc.), le nombre de candidats ne faiblit pas. La formation dispensée à Etajima prépare à faire face à ces situations.
À l’entrée de l’école se trouve le Kyoiku Sankōkan, musée historique dont le fronton en béton armé rappelle un temple grec revisité par un architecte des années 30. Construit en 1936, il a abrité jusqu’à 40 000 objets de marine dont la plupart ont disparu en 1945 dans les bombardements ou ont été détruits pour ne pas tomber aux mains de l’armée d’occupation. Aujourd’hui, il abrite une collection de 16 000 objets dont un millier sont exposés, par roulement. La prise de photographies y est interdite pour ne pas perturber le silence et la quiétude solennelle du lieu.
Juste à côté du musée, il y a un des cinq sous-marins de poche qui ont été engagés dans l’attaque de Pearl Harbor. Les Américains ont relevé son épave en 1960 aux Hawaii et l’ont restituée au Japon l’année suivante.
La première Académie Navale de la Marine Impériale avait été ouverte en 1869 à Tsukiji , qui est aujourd’hui un quartier de Tōkyō. Elle s’est d’abord appelée Centre de Formation de la Marine, avant de devenir l’Académie Navale en 1876. En 1888, le ministère de la Marine a décidé de la transférer à Etajima pour soustraire les élèves à l’agitation de la capitale et pour les rapprocher de la mer. Avant la guerre du Pacifique, elle s’était hissée parmi les trois premières académies navales du monde, avec celles de Dartmouth (Grande-Bretagne) et d’Annapolis (USA).
On accède à l’École des Aspirants de Marine en bus depuis le port de Koyo (10mn), et il faut de 10 à 20mn pour venir à Koyo en transrade depuis Kure. On peut également y aller en voiture depuis Kure en empruntant le pont Hayase-ohashi, mais c’est plus long (compter une heure). D’anciens membres de la Force Maritime d’Autodéfense font visiter gratuitement « la brique rouge » et le musée, trois fois par jour, ou quatre fois les samedis, dimanches et jours fériés. À la sortie, une boutique de souvenirs permet de repartir avec un T-shirt Gosei (en japonais…) ou un superbe mug sur lequel figure « la brique rouge ». Selon l’horaire de visite, le touriste peut parfois croiser une escouade d’élèves en train de se livrer à une de ses activités pédagogiques…