- Bill a écrit:
- C'est siderant le nombre de fois que je suis passes devant le monument de Woerth sans jamais me rendre compte de ces details concernant le canon mitrailleuse !
Est ce que le systeme a ensuite ete repris par l'armee allemande apres 1870 ?
Ou alors la "mitrailleuse" est restes a cet unique exemplaire francais ?
En ce qui concerne les "Prusco", ils ont passé leur temps à affirmer, péremptoirement, que c'était une arme "inutile", sans valeur opérationnelle, mais quand on analyse "finement" les pertes allemandes durant les différentes batailles du mois d'août 1870 (Sarrebrücken, Wissembourg, Froeschwiller, Spicheren, Borny, Vionville, Saint-Privat), il s'avère que ce n'est pas le cas.
Selon les propos du commandant Reboul (
Revue d'Histoire rédigée à l’État-major de l'Armée, disponible en ligne à la BNF-Gallica), qui a publié, entre août 1909 et avril 1910, une étude intitulée "
Les Canons à Balles en 1870" ...
« l’action des canons à balles n’a pu être précisée que dans un certain nombre de cas. Dans d’autres, quoique indéniable, elle est restée indéterminée parce que les Prussiens ont souvent confondu ces salves avec celles de la mousqueterie et surtout parce qu’ils ont de parti pris dénigré cette arme dont ils redoutaient l’effet moral...»... mais quand un de leurs généraux se fait proprement découper par une vingtaine de balles, à plus de 1500 m ! (véridique!), ... il y a matière à réflexion!
Il convient de resituer le contexte; dans les années 1865-1870 :
1) Gatling faisait des effets de manche pour essayer de vendre, à l'exportation, sa "mitrailleuse", deux modèles 1862 et 1865, tous testés par l'armée française et achetés "sous le manteau", puisque le père Gatling faisait le forcing pour essayer de nous en fourguer un lot de 100 minimum, qu'il aurait été bien infoutu de nous vendre, vu que son usine venait de partir en fumée!
2) Montigny, un armurier belge, qui tentait, avec forces publicités, de vendre la sienne à sa Gracieuse Majesté et dont la ressemblance avec le canon à balles de Reffye fera dire à certains que nous l'avions honteusement pompée (affirmation erronée).
3) Les travaux "confidentiel défense" de Reffye, menés à titre personnel, lors de son affectation à l'Arsenal de Tarbes, puis, sur instigation de Badinguet, poursuivis à Meudon, y compris la fabrication des 190 exemplaires - même le Comité d'Artillerie (sauf le maréchal Leboeuf, évidemment!) n'était pas au courant ! -.
La lecture des journaux et revues scientifiques, qui précédèrent sa mise en service (et même après!) est réjouissante, car personne n'était capable, à son propos, d'aligner deux éléments sérieux et fiables de suite, car tous se fondaient sur les travaux des deux premières citées. En ce qui concerne les Gatling et la Montigny, les distances retenues pour les essais de tir ne dépassaient guère 500 m, avec la "Reffye", c'était 3000 m ! - nos pièces de campagne, y compris le "gros" 12 livres, avaient, alors, une portée efficace de 2600 m ! - et elle avait été conçue pour arroser entre 1500 et 2000 m, afin de compléter la zone de travail de nos pièces de campagnes.
Le gros problème du canon de Reffye restera, après la guerre de 1870... Mais à quoi sert-il et que sont ses conditions d'engagement ?
Les décideurs n'étaient pas les officiers subalternes (des capitaines), commandant les batteries, et nos généraux et maréchaux, qui avaient participé aux batailles évoquées, étaient les premiers à méconnaitre son efficacité - Mac-Mahon, par exemple, s'en battait royalement les flancs... c'était un peu comme refiler une paire de bottes en caoutchouc à un mec habitué à pêcher, pieds nus, par basse mer... A quoi çà sert ? -. Ils se débarrasseront du "bébé", en l'affectant comme pièce de forteresse...Amen! Sauf que, à la veille de la guerre de 1914, la France ne disposera que de 2 000 mitrailleuses "totomatiques" (Saint-Etienne & Hotchkiss) aux armées et de 3 000 pour la défense des places fortes, que, seule une dotation de 2 mitrailleuses par bataillon de l’armée d’active sera possible, en oubliant, soigneusement, la réserve!
Comme bien souvent, nous avions un coup d'avance mais nous n'avons pas su l'exploiter.
Côté prussien, si les Bavarois avaient bien une batterie de mitrailleuses, façon
Billinghurst Requa Battery -tubes alignés à l'horizontale -, qui s'avèrera, rapidement, inefficace et finira la campagne en guise de "pots de fleurs", en dépit de leur affirmations et de leurs propos catégoriques, ils s'empresseront d'utiliser quelques pièces, capturées à Sedan, lors des batailles d'Orléans et du Mans, fin 1870.
La production des canons à balles de Reffye se poursuivra, entre le 1er septembre 1870 et le 1er février 1871, à Tarbes et Nantes, mais, sinon, personne n'exploitera, durant une bonne vingtaine d'année, les travaux de Reffye, y compris, lui-même (un peu dégouté, au passage, par le sort réservé à ces "inventions"), qui "défuntera" assez tôt des suite d'un accident de cheval. Dans la Royale, nous opterons pour un canon de type Gatling - pour mémoire, 25 canons à balles lui avaient été réservés, avant juillet 1870, mais les armes seront rétrocédées à l'Artillerie, après la Déclaration de Guerre -.
En ce qui concerne les mitrailleuses Gatling, la plupart des écrits nous rebattent les oreilles à propos de leur emploi, durant la guerre franco-prussienne; en réalité, le gouvernement républicain, issu du "coup d'état" de septembre 1870, en commandera bien un cent, mais il roupillera, aimablement, dans nos dépôts du Havre, jusqu'à la fin de la guerre, à l'exception d'une demi-douzaine, confiée à des marins, qui découvriront son emploi, dans le train qui les achemine au Mans, où elle sera engagée, sans résultat notable, d'autant que la bataille est une superbe veste pour les troupes françaises. Sinon, durant le Siège de Paris, la maison "parisienne" Warral sera attributaire d'une commande pour la fabrication de 405 mitrailleuses "licence Gatling", dont 25 seront acceptées en commission et 7, réellement, livrées à l'Artillerie.