[Aviation maritime] Shinmaywa US-2

J'ouvre ce fil avec une nouvelle étonnante (et dont la concrétisation m'étonnerait !)
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/jean-guisnel/cet-avion-amphibie-que-le-japon-veut-vendre-a-la-france-16-06-2015-1936775_53.php

La société ShinMaywa Industries, Ltd. (新明和工業株式会社, Shin-Meiwa Kōgyō kabushiki-kaisha), dont le siège est à Takarazuka dans la banlieue d’Ōsaka, a été fondée en 1949 à partir des moyens industriels et humains du concepteur et constructeur d’hydravions Kawanishi, célèbre (entre autres) pour ses grands hydravions de patrouille maritime H6K et H8K qui ont constitué jusqu’en 1945 l’ossature des flottilles de reconnaissance à grand rayon d’action de la Marine Impériale.

Elle produit des outillages aéronautiques, des matériels aéroportuaires tels que tracteurs et engins de piste, et des équipements électriques embarqués. Elle fabrique aussi, en sous-traitance, des pièces d’avion pour d’autres constructeurs (Boeing 777 et 787, Airbus A380, Gulfstream G550, Kawasaki P-1). Elle a réalisé la modernisation des cinq avions de transport U4 (version japonaise du Gulfstream G-IV américain) et des quatre U36A d’entraînement (version japonaise du Gates Learjet 36) de la Force Aérienne d’Autodéfense.

Le seul modèle d’avion qu’elle produit est un grand hydravion à coque, quadriturbopropulseur, spécialisé dans les missions de recherche et sauvetage en mer (Search and rescue en anglais, SAR en abrégé).

Le premier modèle, aujourd’hui en fin de vie, a fait son premier vol en 1967. Il avait été développé en deux versions, PS-1 de lutte ASM et US-1 (puis US-1A) de recherche et sauvetage en mer. Le premier, hydravion pur qui transportait un train amovible dans son lot de bord, a été produit en 23 exemplaires et le deuxième, appareil amphibie équipé d’un train d’atterrissage rétractable inspiré de celui du Grumman HU-16 Albatross américain, en 20 exemplaires (six US-1 et quatorze US-1A). La production étant restée très limitée, le coût à l’unité de chacun de ces appareils a atteint des sommets.


Aucun des quatre hydravions de transport de passagers étudiés par ShinMaywa à la fin des années 1970 n’a trouvé de marché et n’a dépassé le stade de la planche à dessin.


Les capacités de déjaugeage et d’amerrissage courts du US-1 par des creux pouvant atteindre 3m ainsi que son grand rayon d’action (2060 Nq, soit 3817 km d’autonomie, ce qui lui permet de réaliser des sauvetages à 1900 km de sa base) lui ont permis d’effectuer plus de 900 missions et de sauver plus de 960 personnes au cours de sa carrière. Sa mission type est de deux heures de recherches puis sauvetage à 1500km de sa base, distance extensible à 1900km quand il n’a pas à patrouiller pour trouver les personnes à secourir.


En 1996, le remplaçant du US-1 a commencé à être étudié sous le nom de US-1 Kai (ce qui signifie « US-1 amélioré »). ShinMaywa, maître d’œuvre, s’associe à Kawasaki Heavy Industries, Mitsubishi Heavy Industries et NIPPI Corporation pour étoffer son bureau d’études et éviter les coûts de développement faramineux de son prédécesseur.

Le cahier des charges du US-1 Kai demande une importante amélioration de la maniabilité lors des décollages et amerrissages, un aménagement intérieur optimisé pour l’équipe médicale (5 personnes) et les personnes secourues, et une augmentation de 400 km du rayon d'action.


Le projet aboutit à un avion dont les lignes générales sont celles du US-1 mais dont la structure a subi une longue campagne d’optimisation des masses et dont toute l’électronique a été renouvelée. Au milieu des années 2000, le projet a été rebaptisé US-2.

Le premier prototype sort des hangars en avril 2003 et fait son premier vol le 18 décembre de la même année. Deux appareils de pré-série (9901 et 9902) sont livrés au ministère de la Défense fin 2004 pour évaluation opérationnelle. La livraison des appareils de série commence en mars 2007 avec l’appareil 9903 (numéroté 03 sur sa carlingue).


Ses principales caractéristiques sont :

• Longueur 33,46m, envergure 33,15m, hauteur 9,80m au-dessus de la mer.
  
• Masse maximale au décollage 47,7 t (depuis une piste à terre) ou 43 t (depuis la mer)
  
• Moteurs : quatre turbopropulseurs Rolls-Royce AE2100J de 3424kW (4590cv) chacun, hélices à 6 pales Dowty Rotol R414
  
• Dispositif ShinMaywa de volets hypersustentateurs, système de contrôle de la couche limite équipé d’une turbine Rolls-Royce & Honeywell LHTEC CTS-800-4K de 1 015 kW
  
• Déjaugeage en 280m, amerrissage en 310m
  
• Capable d’être mis en œuvre par des mers de 3m de creux
  
• Vitesse de croisière 260nd (480km/h), maximale 560km/h
  
• Autonomie 2600Nq (4800km) permettant deux heures de recherches et sauvetage à 1900km de sa base (pour fixer les idées, cela signifie qu’un US-2 basé à Brest pourrait effectuer des sauvetages sur la côte sud de l’Islande ou que, basé à Toulon, il pourrait intervenir dans toutes les îles grecques)
  
• Radar de recherche Thalès Ocean Master 100
  
• Equipage : 2 pilotes + 20 passagers (plongeurs, armement du zodiac, équipe médicale, personnes secourues)
  

Une version de transport de passagers (38 places) existe sur le papier ainsi qu'une version bombardier d'eau (15t d'eau). Elles n'ont pas trouvé de clients à ce jour.


Le Japon n'a encore commandé que quatorze US-2 dont un (le n°9905) s'est écrasé lors d'un vol d'écolage. Des pourparlers sont en cours avec l'Inde qui pourrait devenir le premier client du ShinMaywa US-2 à l'exportation. Le contrat porterait sur 15 à 18 appareils d'une variante export US-2i (la différence avec les US-2 japonais portant sur les appareils radio et IFF militaires, non exportables).



Plaquette commerciale du US-2 en PDF : http://www.shinmaywa.co.jp/english/news/pdf/09-02-19.pdf

Takagi a écrit:

[…] Le premier modèle […] avait été développé en deux versions, PS-1 de lutte ASM et US-1 (puis US-1A) de recherche et sauvetage en mer. […] le deuxième, appareil amphibie équipé d’un train d’atterrissage rétractable inspiré de celui du Grumman HU-16 Albatross américain, […][…]

Plutôt que du pataud Grumman HU-16 Albatross, son inspiration ne serait-elle pas venue de l'élégant Martin P-5 Marlin (avec une paire supplémentaire de moteurs) ?

DahliaBleue a écrit:

Takagi a écrit:

[…] Le premier modèle […] avait été développé en deux versions, PS-1 de lutte ASM et US-1 (puis US-1A) de recherche et sauvetage en mer. […] le deuxième, appareil amphibie équipé d’un train d’atterrissage rétractable inspiré de celui du Grumman HU-16 Albatross américain, […][…]

Plutôt que du pataud Grumman HU-16 Albatross, son inspiration ne serait-elle pas venue de l'élégant Martin P-5 Marlin (avec une paire supplémentaire de moteurs) ?

Les US-1 et US-2 ont un fort air de famille avec le P5M-2 (que le Japon n'a jamais acheté), mais ces appareils n'avaient pas de train d'atterrissage escamotable. Ils n'avaient qu'un train démontable, stocké en cabine pendant le vol et qu'il fallait monter sur les côtés et à l'arrière du fuselage pendant que l'avion était sur l'eau, comme le PS-1 de lutte ASM et les H8K de naguère. C'est la raison pour laquelle ces jambes de train démontables étaient équipées de flotteurs parallélépipédiques.


Pour le train d'atterrissage du US-1 (et du US-2), ShinMaywa s'est inspiré du train de l'Albatross.

Le 28 juin 2015, la marine japonaise a repêché par 300m de fond l'épave de l'US2 qui s'était écrasé en mer en avril.
L'avion a été découpé par les plongeurs pour pouvoir être sorti et posé à plat pont ; lors du crash, il n'avait perdu "que" deux moteurs.

DahliaBleue a écrit:

(...) son inspiration ne serait-elle pas venue de l'élégant Martin P-5 Marlin (avec une paire supplémentaire de moteurs) ?

Takagi a écrit:

Les US-1 et US-2 ont un fort air de famille avec le P5M-2 (que le Japon n'a jamais acheté), (...)

Complément : le Japon n'a jamais acheté de P5M-2 Marlin, mais dans les années 1960 l'entreprise Shin Meywa (devenue Shinmaywa depuis, pour faciliter sa prononciation par les non-nippophones) avait décroché un marché pour effectuer les grandes visites des P5M-2 américains basés au Japon. Les travaux ont été effectués à l'usine Shin Meywa de Konan, près de Kobe. Il s'agissait de l'ancienne usine Kawanishi où avaient été conçus et fabriqués les H6K et les H8K de la Marine Impériale. L'usine (reconvertie lors de son redémarrage en 1949 en usine de moteurs et de machines-outils) avait gardé son plan incliné, son aire de manutention d'hydravions et une partie de ses hangars d'aviation, ainsi que plusieurs ingénieurs de son bureau d'études. Pour faire ces travaux, les ingénieurs et les techniciens ont eu accès à la documentation technique du Marlin, alors vieillissant donc peu sensible au transfert de technologie. C'est probablement ce qui explique l'évidente filiation des US-1 et US-2 avec un P5M-2 quadrimotorisé...

À l’occasion de la visite du premier ministre indien Narendra Modi à Tōkyō le 12 décembre 2015, les gouvernements indien et japonais ont signé plusieurs accords relatifs au « transfert de matériel et de technologies de défense » et à la « protection d’informations militaires classifiées » en prélude à la commande par l’Inde d’hydravions Shinmaywa US-2i.

L’avion est prévu être utilisé pour des missions de recherche et sauvetage en mer, ce qui est aussi sa mission principale au Japon.


La vente de ces avions n’est toutefois pas encore signée : les deux premiers ministres ont juste exprimé leur « intention d’étudier de futurs projets relatifs aux équipements de défense et à la coopération technologique tels que celui de l’avion amphibie US-2. »

Ce jeudi 17 décembre 2015, à l’occasion du sommet 2+2 à Tōkyō, le ministre indonésien de la Défense, Ryamizard Ryacudu, visitera l’usine de Shinmaywa Indsutries Ltd. pour voir un US-2.

Il y a quelques mois, il avait évoqué la possibilité pour son pays d’acheter un certain nombre de ces avions pour renforcer les moyens d’intervention autour des îles Natuna en mer de Chine méridionale.

Une vidéo montrant un entraînement à la recherche et au sauvetage en mer d'un US-2 :


On notera l'exposition de l'engin au brouillard salin lors de l'amerrissage et lors du décollage.
Et aux alentours de la 20^e minute, l'outillage ad'hoc pour le retour à la base.  

Oui, oui, c'est encore le 03

L'Inde pourrait devenir le premier client export de l'US-2 : une commande de 12 appareils pourrait intervenir cet été, après de longues discussions...

Le 20 octobre2016, l'Inde a annoncé que le Japon aurait accepté de baisser le prix de vente de l'US2 aux alentours de 113 millions de Dollars US l'unité. Cette baisse de prix pourrait relancer le projet d'acquisition de douze US-2 par l'Inde, projet enlisé depuis deux ans dans d'interminables discussions.

Le ministère japonais de la Défense vient de lancer une étude pour réduire le coût de fabrication du Shinmaywa US-2 sans en modifier les performances. Le but est d’alléger la charge financière que l’acquisition de ces avions fait peser sur le budget de la Défense, mais aussi de rendre l’appareil plus facile à vendre à l’étranger. En incitant au remplacement de certains équipements de l’avion par d’autres, moins chers, la démarche pourrait déboucher sur un appareil différent pour lequel on avance déjà le sigle de US-3. La démarche vise aussi à améliorer la chaîne de fabrication de manière à baisser les coûts de production. Cette deuxième idée devrait déboucher plus rapidement que la première ; elle pourrait inciter l'Inde et l'Indonésie, qui se sont déclarées intéressées par l'hydravion, à se décider. L'Inde, en particulier, a demandé à ce que le prix de vente du Shinmaywa US-2 lui soit consenti à 113 millions de Dollars US, or il est aujourd'hui aux alentours de 140 milliards de Yens, soit environ 124 millions de Dollars au taux actuel.

Le dernier vol du dernier Shinmeywa US-1 a eu lieu le 13 décembre 2017 à partir d'Iwakuni. A son retour, une petite cérémonie était organisée. L'équipage a accroché sur l'avion une couronne portant l'inscription おつかれさまでした (félicitations pour le travail accompli). Les missions de recherche et sauvetage en mer sont désormais entièrement assurées par les US-2.

Le dernier retour du US-1a n°9090, accompagné du US-2 n°9902 :

Une manchette parue dans le Journal de la Saône et Loire du 21 février 2018 explique que l'US-2 en version bombardier d'eau a la faveur de deux anciens députés pour remplacer les Canadair (dont la firme Bombardier a cessé la fabrication et cédé les droits et responsabilités à Viking Air).


Ils doivent présenter leur projet aujourd'hui à la Sécurité Civile. Reste à savoir s'ils seront suivis, notamment en termes budgétaires, et si Shinmaywa Ltd. saura produire ces avions au rythme souhaité.

Citation :

Une manchette parue dans le Journal de la Saône et Loire du 21 février 2018 explique que l'US-2 en version bombardier d'eau a la faveur de deux anciens députés pour remplacer les Canadair […]. […]. : bounce:

Ça rejoint précisément l'hypothèse évoquée dans l'ouverture du présent sujet :

Citation :

J'ouvre ce fil avec une nouvelle étonnante (et dont la concrétisation m'étonnerait !) […] : bounce:

un peu gros comme avion pour volé entre deux falaise comme ici dans le sud-est de la France

valdechalvagne a écrit:

un peu gros comme avion pour volé entre deux falaise comme ici dans le sud-est de la France

Oui, autant prendre un A380 ...

Ceci dit, je n'ai pas trouvé dans la presse nippone d'hier et d'aujourd'hui le moindre entrefilet qui parle de cette initiative de nos deux ex-députés.

En attendant d’avoir trouvé client pour la version bombardier d’eau du US-2, la société Shinmaywa met au point le réservoir d’eau du futur appareil. Ce réservoir, d’une contenance de 7,5 tonnes, est développé par l’usine de Konan dans le quartier Higashinada de Kobe. Deux de ces réservoirs seraient installés au centre de la version bombardier d’eau du quadrimoteur.

Le développement de cette version du US-2 a commencé en 2008, en réponse à une demande du gouvernement qui voulait se doter d’un appareil capable de faire face aux grands incendies qui ne manqueraient pas de se produire en cas d’éruption volcanique majeure. L’avantage de l’hydravion bombardier d’eau est de rester opérationnel même si les pistes des bases à terre sont endommagées, et d’avoir des performances incomparablement supérieures à celles des hélicoptères.


À Konan, un premier essai sur banc du 水タンク (mizu tanku, c’est-à-dire réservoir d’eau) a échoué le 22 février 2018. L’eau et le produit extincteur ne se sont pas largués correctement. À l’issue de cet essai raté, Gōda Takeshi, directeur du petit bureau d’études de l’usine de Konan, a déclaré que son équipe allait s’employer à résoudre tous les problèmes techniques de manière à ce que Shinmaywa soit prête à démarrer la production du US-2 bombardier d’eau dès que le gouvernement le souhaitera. Gageons que Gérard et Michel Voisin, les deux ex-députés cités dans l'article du Journal de la Saône-et-Loire du 21 février, suivront de près les prochains essais.

Le volume 1 de l’ « Histoire de la conception du navire volant de sauvetage US-2 » a été publié par Tsukishima Fuyuji le 30 mars 2018. Écrit en coopération avec le bureau des relations publiques la Force Maritime d’Autodéfense, l’agence d’acquisition du matériel de la Défense et avec le fabricant Shinmaywa, ce manga de la série ビッグコミックススペシャル (Big Comics Special) de la collection Shogakkan (小学館) raconte ce qu’annonce le titre – du moins dans sa partie communicable.


Prix de vente 880¥ (6,72€) chez tous les bon libraires à partir de la semaine prochaine.  
Une opportunité à saisir pour améliorer votre maîtrise de l'écriture nippone !

Takagi a écrit:

Le volume 1 de l’ « Histoire de la conception du navire volant de sauvetage US-2 » a été publié par Tsukishima Fuyuji le 30 mars 2018. Écrit en coopération avec le bureau des relations publiques la Force Maritime d’Autodéfense, l’agence d’acquisition du matériel de la Défense et avec le fabricant Shinmeiwa, ce manga de la série ビッグコミックススペシャル (Big Comics Special) de la collection Shogakkan (小学館) raconte ce qu’annonce le titre – du moins dans sa partie communicable.

Prix de vente 880¥ (6,72€) chez tous les bon libraires à partir de la semaine prochaine.  
Une opportunité à saisir pour améliorer votre maîtrise de l'écriture nippone !

Pas cher ! mais une langue particulière

Avouez ! Vous n'y croyiez plus !

La firme  新明和 (Shinmeiwa) s'est entendue avec Mahindra Defence Industries pour livrer des hydravions US-2 à l'Inde. Certaines pièces seront construites en Inde et des entreprises locales assureront la maintenance. Le protocole d'accord, annoncé par le ministère japonais de la Défense, doit encore être officialisé par un accord en bonne et due forme. Une chaîne d'assemblage pourrait voir le jour en Inde qui pourrait de doter d'une douzaine d'appareils, devenant ainsi le plus important utilisateur de l'US-2. Le Japon n'en a acheté que six et il ne lui en reste que cinq.
Des variantes à venir de l'US-2 pourraient également être assemblées en Inde, ce qui aurait le double avantage de s'affranchir de la très faible capacité de production de Shinmeiwa (plus spécialisée dans la fourniture d'équipements d'aéroport que dans la construction en série de quadrimoteurs...) et d'en baisser le coût de production. Ce dernier argument n'est d'ailleurs sûrement pas étranger à l'accord, l'Inde ayant traîné les pieds justement à cause du prix élevé de l'engin.

Quatre vues du US-2 n°9901 en opérations :

Statistique : en cinq ans d'opérations de recherche et sauvetage en mer, les US-2 ont sauvé 131 vies.