François Bourgeon a bénéficié de l'aide de Jean Boudriot pour toute la partie technique de son ouvrage et l'on retrouve beaucoup d'informations issues de la monographie de la corvette négrière l'Aurore de cet auteur.
Par nécessité de condenser l'action, toute celle concernant les transactions de traite se situe au comptoir de Juda. Ce n'était pas le cas dans la réalité. Un senaut, comme la Marie-Caroline du récit, peut embarquer 350 captifs (on n'utilise le terme esclaves que lorsqu'ils ont été vendus, au point de destination), une corvette comme l'Aurore, 600.
Il était impossible de les réunir en une fois. Les navires cabotaient donc de place en place, embarquant à chaque fois un nombre très variable de captifs, jusqu'à ce que la "cargaison" soit au complet. Cela pouvait durer plusieurs mois, durant lesquels les premiers embarqués étaient parqués, enchaînés, dans l'entrepont du navire.
A la navigation de place en place, s'ajoutaient les temps d'attente en rade, inhérents aux tractactions, mais aussi au bon vouloir du potentat local. Quand, par exemple, on lui signalait l'approche d'un second navire, il faisait traîner les choses en longueur pour faire jouer la concurrence. Ces mêmes potentats interdisaient également aux négriers de s'approvisionner auprès des peuples voisins avec lesquels ils étaient en mauvais termes, voire en guerre. Et bien entendu, leurs espions leur rapportaient si leurs instructions étaient ou non suivies d'effet.
Le séjour sur les côtes d'Afrique pouvait donc s'éterniser.