Carrière opérationnelleLa bataille du Dogger Bank : baptême du feu pour un croiseur de bataille Le HMS Tiger au mouillageLe Tiger connu son baptême du feu trois mois après son admission au service actif, en janvier 1915, au cours de la bataille du Dogger Bank.
Au début du mois de janvier, les allemands apprirent que les britanniques menaient d'intenses missions de reconnaissance dans la région du Dogger Bank. Le chef d'état major de la Hochseeflot, le contre-amiral Richard Eckermann demanda au chef de la 1ère force d'éclairage de monter une mission de nettoyage ce que le contre-amiral Ingehol accepta avec réticence puisqu'il était privé du Von der Tann alors en carénage.
Le 23 janvier, l'amiral Hipper, chef de la force d'éclairage appareilla à bord du Seydlitz suivit par le Moltke, le Derfflinger et le Blücher suivit par les croiseurs légers Graudenz Rostock Stralsund et Kolberg et 19 torpilleurs de la 5ème flottille et d'une partie des 2ème et 18ème flottilles.
Malheureusement pour les allemands, les britanniques pouvaient décrypter les communications allemandes et connaissaient l'ordre d'appareillage et plus important que tout connaissaient l'objectif à savoir le Dogger Bank.
Pour contrer Hipper, les britanniques firent appareiller le 1st Battlecruiser Squadron (HMS Lion, Tiger et Princess Royal), le 2nd Battlecruiser Squadron (HMS New Zealand et Indomitable), le 1st Light Cruiser Squadron (HMS Southampton, Birmingham, Nottingham et Lowesoft) qui retrouvèrent la Harwich Force (HMS Aurora Arethusa et Undaunted et 35 destroyers) le 24 janvier à 8.00 à 30 miles nautiques au nord du Dogger Bank.
Le lendemain à 7.20 du matin le 24 janvier 1915, le croiseur léger Arethusa repéra son homologue allemand, le SMS Kolberg. Un quart d'heure plus tard, Hipper qui avait localisé la force de Beatty ordonna de mettre cap au sud à 20 noeuds pour échapper aux britanniques, accélérant ensuite à 23 noeuds, la vitesse maximale du Blücher.
Vers 10.00, les croiseurs de bataille britanniques avaient rattrapé le Blücher et ouvrirent le feu, séparé de leur cible par environ 10000m. C'est le HMS Lion, navire de l'amiral Beatty qui est le premier à ouvrir le feu bientôt rejoint par le Tiger et le Princess Royal.
Les anglais sont handicapés par des instruments optiques et une conduite de tir moins performante que leurs homologues allemands tirent de manière imprécise sur le croiseur-cuirassé qui riposte énergiquement.
Le premier obus britannique toucha le Blücher à 10.09 alors que la destination avait augmentée à 16500m. Le Lion fût touché à 10.28 au niveau de la flottaison et une soute à charbon fût noyée par les paquets de mer suivi d'un deuxième impact au niveau de la tourelle avant qui bloqua temporairement le canon de gauche.
A 10.30, le New Zealand ouvrit le feu sur le Blücher et commença alors une véritable exécution avec le tir de quatre croiseurs de bataille sur un croiseur-cuirassé inférieur en vitesse protection et armement.
Le Blücher n'était pas seul, les trois croiseurs de bataille allemands l'accompagnant concentrèrent leur feu sur le Lion qui fût sévèrement endommagé, encaissant au final 16 obus de gros calibre. (Beatty du d'ailleurs gagner le Princess Royal pour pouvoir continuer à commander). L'Indomitable entra en scène à 11.48 et fût chargé par Beatty d'achever le Blücher.
Ce dernier lourdement pilonné commence à chavirer à 13.00 à babord, sa carène rouge et ses hélices apparurent à l'air libre pendant que les marins plongeaient dans les eaux froides de la mer du Nord. Le croiseur-cuirassé disparaît à 13.13, par 54°20' de latitude nord et par 5°35' de longitude est après avoir encaissé entre 70 et 100 obus de gros calibre et des torpilles.
Durant cette bataille, le Tiger fût touché par six obus allemands, les plus gros dégâts ayant été causés par un obus de 280mm qui avait arraché le toit de la tourelle Q, endomageant le canon gauche et mit la tourelle hors service. Dix marins furent tués et onze blessés. Il fût immobilisé pour réparations jusqu'au 8 février 1915. Son action peu efficace fût sévèrement jugée par Lord Fisher, d'autant plus légitimement si on regarde les chiffres : deux coups au but sur les navires allemands pour 355 obus de 343mm tirés.......
Le Tiger au Jutland Depuis le début de la première guerre mondiale, la Royal Navy et la Kaiserliche Marine jouaient au jeu du chat et de la souris. A plusieurs reprises, les deux marines furent au bord de la bataille décisive censée décider qui de Londres ou de Berlin domine la mer du Nord.
Une occasion se présente en mai 1916 quand les allemands sortant de leur tactique de Fleet-in-Being avaient décidé une reconnaissance en force avec toute la Hochseeflot dans le Skagerrak entre la Norvège et le Danemark pour attirer un détachement de la marine britannique et l'écraser.
Malheureusement pour eux, les allemands ignoraient que depuis octobre 1914 et la capture à bord du croiseur léger Magdebourg, des livres de codes par les russes, la Royal Navy et sa Room 40, less britanniques pouvaient décrypter les messages allemands et dès l'annonce de ce plan, les croiseurs de bataille de l'amiral Beatty appareillèrent de la base de Rosyth dans le Firth of Forth pendant que les cuirassés de l'amiral Jellicoe faisaient de même depuis leur antre de Scapa Flow.
Les deux marines ont compris que cette bataille pouvaient décider du sort de la guerre. Aussi, tous les navires disponibles ont appareillé.
Les forces britanniques sont sur zone à 14h mais aussi bien Jellicoe que Beatty, la mer est vide. En réalité, les allemands sont plus à l'est, juste derrière l'horizon, hors de portée visuelle des vigies britanniques.
Comme souvent dans l'histoire de la guerre, c'est un événement d'une banalité confondante qui va provoquer la terrible conflagration. Un vieux cargo danois, le NJ Fjord, lent et rouillé est détecté par les deux flottes qui envoient chacun un bâtiment léger. Le champion anglais est le croiseur léger Galatea pendant que les allemands envoient un torpilleur puis le croiseur Elbing.
Le croiseur anglais repère le torpilleur allemand mais le manque à la différence du croiseur léger allemand qui touche le croiseur léger anglais. L'obus allemand n'explose pas mais ne serra rejeté à la mer que quand il aura refroidit. Cet échange raté marque le début de la bataille du Jutland.
Le torpilleur rejoint ses congénères plus les croiseurs légers qui éclairent les croiseurs de bataille de l'amiral Hipper et le Galatea engage à 14000m les navires allemands. Jellicoe à soixante cinq milles de là pousse les feux pour rejoindre le champ de bataille.
Alexander Sinclair qui commande les croiseurs légers britanniques oblique vers le nord pour tenter d'attirer Hipper vers les croiseurs de bataille de l'amiral Beatty.
Hipper voit le piège et vire vers le sud pour rejoindre Scheer et sans le savoir à le même plan que Beatty : attirer les navires ennemis vers les cuirassés et laisser les «gros» tout écraser sur leur passage.
A 15h48, cap au sud, les deux flottes de croiseurs de bataille sont séparées par dix miles, suivant des routes convergentes. La lumière grise venue de l'ouest découpe la silhouette des navires anglais sur l'horizon tandis que celle des Allemands se fond dans la boucaille.
C'est le Lützow qui tire le premier manquant de peu sa cible et le Lion qui riposte n'est pas plus heureux. Bénéficiant d'une meilleure visibilité et d'instruments de conduite de tir plus performants, les allemands multiplient les coups au but, plaçant en trois minutes huit obus sur les Lion Tiger et Princess Royal. Ce n'est qu'au bout de sept minutes que les anglais parviennent à toucher un navire à savoir le Seydlitz qui perd trois quart de sa puissance offensive suite au noyage des soutes.
La distance tombe à 11800m et suite à un problème dans la conduite de tir britannique, le Derfflinger peut manoeuvrer comme à l'entrainement. L'adresse des cannoniers allemands fait le reste : trois obus touche le Lion qui aurait pu sauter sans le sacrifice du major Harvey qui fait fermer les portes étanches et noyer la soute pour éviter une explosion qui aurait pu provoquer l'explosion du navire amiral, le courageux Royal Marine recevant la Victoria Cross à titre posthume.
L'Indefatigable à moins de chance quelques minutes plus tard puisqu'à 16h05, trois obus de 280mm du Von der Tann touche le croiseur de bataille qui explose ne laissant que deux survivants sur 1017 membres d'équipage.
En «récompense», le Von der Tann encaisse un obus de 380mm mais cela ne l'empêche pas de rester en ligne.Les anglais connaissent une véritable série noire car sous le feu concentré du Derfflinger et du Seydlitz, le Queen Mary explose ne laissant que huit survivants sur un équipage de 1274 hommes.
Ces deux explosions provoquèrent cette réflexion désabusée de l'amiral Beatty sur le Lion. S'adressant à son capitaine de pavillon, A.E Chattfield, le plus jeune amiral anglais depuis Nelson dit «Il semble que quelque chose n'aille pas avec nos sacrés bon dieu de bateaux aujourd'hui».
En dépit de ces pertes, les britanniques ont toujours la supériorité numérique et comme la distance se réduit, les croiseurs de bataille britanniques espèrent pouvoir écraser Hipper mais ce dernier sait que Scheer se rapproche de lui et pour gagner du temps, fait charger ses destroyers et ses croiseurs.
Une charge furieuse oppose entre les deux colonnes de gros, les destroyers et les croiseurs britanniques et allemands. Dans cette mêlée, les deux camps enregistrent des pertes, les anglais perdant les destroyers Nomad Nestor et Shark accompagnés par les torpilleurs allemands V27 et V29 .
C'est alors qu'apparaissent les matures des Scheer et Hipper peut exhulter car son piège à fonctionné. Beatty ne peut tenir face à toute la Hochseeflot et ordonne la retraite pour faire sa jonction avec Jellicoe suite juste derrière l'horizon avec vingt-quatre cuirassés répartis sur six colonnes précédés par les croiseurs légers.
Quand les cuirassés rallient le champ de bataille, on peut estimer que le Tiger est hors de combat puisque les Grosser Kreuzer de l'amiral Hipper ont placé 17 obus, tous sauf un venant du Moltke.
A 17.30, Jellicoe ordonne de mettre cap à l'est, les cuirassés obliquant de 90°. Ils se retrouvent alignés sur une immense file de plus de sept milles qui plonge vers la côte danoise et menace donc de couper la retraite de la flotte allemande. Cette dernière qui risque l'anéantissement parvientà détruire un troisième croiseur de bataille à savoir l'Invincible qui saute ne laissant que cinq rescapés.
Trois quart d'heures plus tard, à 18.16, la manoeuvre anglaise à réussie, Jellicoe barrant le T de Scheer qui attéré voit son horizon bouché par les cuirassés de la Royal Navy. Rapidement le König et le Markgraaf sont touchés mais la météo va sauver encore une fois les allemands.
Le brouillard prive les anglais d'une victoire ineluctable. Scheer ordonne la retraite, retraite protégée par es écrans de fumée des croiseurs légers et des torpilleurs. Les croiseurs cuirassés Defence et Warrior sont coulés et si les croiseurs légers Frauenlob et Rostock ne sont «que» endommagés, ils devront être sabordés au petit matin. Enfin dans la nuit, le croiseur cuirassé Black Prince est coulé par la flotte de haute mer allemande qui l'avait pris pour la flotte britannique.
Lassés de tirer dans la vide, les cuirasés britanniques cessent le feu à 18.45 avant que cinq minutes plus tard, Jellicoe n'ordonne de mettre cap au sud pour couper la retraite allemande mais coup de théâtre, les allemands foncent sur la flotte ce qui permet à Jellicoe de barrer le T une deuxième fois ce qui oblige l'amiral allemand à ordonner la retraite une nouvelle fois, retraite couverte par les croiseurs de bataille et les torpilleurs ce qui oblige Jellicoe à manoeuvrer lui faisant perdre un temps précieux
(Jusqu'à la fin de sa vie, Jellicoe se demandera ce qui se serait passé si au lieu d'ordonner de présenter la poupe pour éviter les torpilles, il aurait paraphrasé l'amiral Farragut qui lors de la prise de la baie de Mobile en mars 1864 s'écria «Au diable les torpilles ! En avant !» même si à l'époque, les torpilles en question étaient des mines).
Les britanniques perdent le contact à 19.45 mais de toute façon vu qu'il ne restait que trente minutes de jour, il était illusoire d'imaginer rattraper les allemands. Habile et chanceux, Scheer réussit à regagner ses bases en passant pendant la nuit derrière Jellicoe qui le cherche trop au sud. Il se faufile par miracle à travers les mines que l'amiral anglais à fait mouiller à l'entrée des chenaux qui mènent à Wilhelmshaven.
Les deux camps revendiquèrent la victoire. Si les allemands pouvaient estimer avoir remporté une victoire tactique (un grand navire coulé _le Lützow_ sabordé contre trois pour les britanniques), la victoire stratégique est britannique car le contrôle de la mer du Nord n'était pas remis en cause et les pertes poussa les allemands à revenir à leur stratégie attentiste.
Pour être plus précis, les britanniques ont perdu les croiseurs de bataille Queen Mary Indefatigable Invincible, les croiseurs cuirassés Defence Warrior et Black Prince ainsi que les destroyers Tipperary Ardent Fortune Sparrowhawk Shark Turbulent Nestor et Nomad provoquant la mort de 6097 marins pendant que 510 étaient blessés et 177 blessés.
Côté allemand, la Kaiserliche Marine à perdu le cuirassé Pommern, le croiseur de bataille Lützow, les croiseurs légers Frauenlob Rostocl Elbing Wiesbaden ainsi que les torpilleurs S-35 V-29 V-27 V-4 et V-48 provoquant la mort de 2550 marins pendant que 496 étaient blessés.
De son côté le Tiger avait survécu à une bataille qui avait détruit trois de ses congénères et porté un coup sévère au concept même de croiseur de bataille (dont on peu se demander l'évolution si il avait été utilisé comme l'avait prévu son concepteur, Jacky Fisher). Mis au bassin à l'Arsenal de Rosyth le 2 juin, il passa près d'un mois en réparation, étant de nouveau disponible le 1er juillet.
Le Tiger avait été touché à dix-huit reprises ce qui avait provoqué la mort de 24 marins tandis que 46 autres étaient blessés. Le croiseur de bataille avait tiré 303 obus de 343mm pour un coup au but sur le Moltke et deux autres sur le Von der Tann. Il avait tiré également 136 obus de 152mm contre le croiseur léger Wiesbaden et des destroyers allemands.
Une fin de guerre monotone et sans gloire Le HMS Tiger au bassinLes réparations achevées, le Tiger fût temporairement navire amiral du 1st Battlecruiser Squadron en raison de l'indisponibilité du Lion qui avait méchament dégusté au Jutland. Le 18 août 1916 au soir, suite à une alerte de la Room 40, la Grand Fleet appareilla pour empêcher le bombardement de la ville de Sunderland prévu pour le 19. Pas moins de 29 cuirassés et 6 croiseurs de bataille avaient quitté leurs ports pour obliger la Hochseeflot à combattre.
Ce qui aurait pu aboutir à la revanche du Jutland ne déboucha sur rien, Jellicoe envoyant sa flotte trop au nord et Scheer averti par un dirigeable de la présence d'une division britannique isolée se lança à la poursuite de la Harwich Force, une unité de croiseurs et de destroyers et quand l'amiral allemand se rendit compte de son erreur, il préféra battre en retraite. Les seules pertes britanniques (deux croiseurs) furent l'oeuvre de sous marins qui avaient été chargé d'éclairer les cuirassés allemands et probablement d'achever les cuirassés britanniques endommagés.
Le Tiger fût immobilisé pour refonte du 10 novembre 1916 au 29 janvier 1917 à l'Arsenal de Rosyth : le pont blindé et les toits de tourelles furent renfonrcées, la conduite de tir augmenté avec l'installation de télémètres supplémentaires. Il passa le reste de la guerre dans d'infructueuses et monotones patrouilles, assistant plutôt que participant à la seconde bataille de la baie d'Heligoland le 17 novembre 1917. Avant l'armistice il subit quelques modifications de structures et reçut une plate-forme sur la tourelle Q pour permettre le décollage d'un chasseur Sopwith Came plus une plate-forme à projecteur sur la troisième cheminée.
Une fin de carrière paisible et sans histoiresLe HMS Tiger au mouillage Maintenu en service après l'armistice de novembre 1918, le Tiger fût néanmoins placé en réserve le 22 août 1921. Refondu en mars 1922 (nouveau télémètre, modernisation de la DCA, débarquement des plate-formes aviation), il fût remis en service le 14 février 1924 comme navire école.
En 1929, le Hood fût immobilisé pour une importante refonte et le Tiger fût remis en service pour le remplacer au sein de la division des croiseurs de bataille composée également du Renown et du Repulse.
Si il échappa au couperet à Washington, il n'échappa pas à celui du traité de Londres de 1930 et le Tiger fût désarmé le 15 mai 1931 après la remise en service du Hood. Il est vendu à la démolition à T.W Ward de Inverkeithing en février 1932 et promptement démantelé.